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immigration - Page 76

  • Gauche : comment l'immigré a remplacé le prolétaire...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Robert Redeker, cueilli sur le site du Figaro et consacré à la mutation majeure de l'imaginaire de la gauche...

     

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    Comment l'immigré a remplacé le prolétaire aux yeux de la gauche

    Le vocabulaire de la gauche a profité des trois dernières décennies pour évincer les termes de prolétariat et de prolétaire. Exhumés des souvenirs de la Rome antique, ces mots s'étaient imposés, malgré le dégoût qu'ils suscitaient, dans la langue politique au XIXème siècle. Lamartine, pour qui prolétaire reste un terme «immonde, injurieux, païen» résista à ces dénominations. Aujourd'hui, aucun candidat représentant la gauche à une élection au suffrage universel n'oserait les prononcer. A la fin des années 90, Robert Hue, puis Marie-Georges Buffet, pourtant dirigeants du Parti communiste français, pâles porte-paroles d'un parti en déliquescence, parlaient des «gens» au lieu des «prolétaires». Que s'est-il passé pour que ces mots à haute intensité politique, qui furent un temps des maîtres mots, des mots vaisseaux amiraux de la gauche, sombrent dans la caducité?

    La conscience de classe qui soudait le monde ouvrier s'est évaporée. Elle était conscience que l'avenir sommeillait en réserve dans une partie des peuples laborieux. Il existait déjà, cet avenir, il était là, tout prêt à éclore, au milieu des souffrances et des luttes. Embryon, il se développait dans le ventre du monde ouvrier, préformé, il n'avait qu'à sortir, qu'à devenir le monde. Un grand soir ou un petit matin, il naîtrait. Tel était le songe de l'espérantisme ouvrier! La conscience de classe est, par analogie avec le préformationnisme anatomique, un préformationnisme historique. Mais à la fin, l'accouchement n'est pas venu, le monde nouveau est mort dans le ventre de sa mère, la classe ouvrière, si bien qu'au XXIème prolétaire est un mot qui ne dit plus rien aux prolétaires eux-mêmes.

    La première explication à cette fin du prolétariat tient dans l'épuisement de la croyance en un sens de l'histoire. Est défunte la foi selon laquelle l'histoire s'orienterait dans le temps avec une boussole, qui lui indiquerait son nord et son orient. Elle restait présente jusque dans les pires moments: les révolutions et les guerres. Les fondements philosophiques et scientifiques de la croyance au progrès sont tombés en ruine. L'évolution de l'épistémologie, de l'ethnologie des sciences humaines, et la réflexion spécifiquement philosophique elle-même, ont précipité cette décadence dont Nietzsche le premier, en médecin de la civilisation, avait proposé un pronostic lucide. La découverte de la réalité du stalinisme et l'écroulement du système du communisme historique, ont mis fin à l'opinion selon laquelle le socialisme pourrait remplacer le capitalisme en constituant un progrès par rapport à lui.

    Les mots prolétaire et prolétariat en sont venus à passer de vie à trépas aussi pour une autre raison: les prolétaires - comprenons: les prolétaires autochtones, européens - n'étaient pas au rendez-vous. Dans les années 70 une formule devenue cliché méprisant s'est répandue chez les intellectuels de gauche: «le peuple manque». Il n'est jamais au rendez-vous que la théorie a fixé pour lui. En mai 68, puis dans les années 70, les prolétaires, ces ingrats, ont manqué. On - c'est-à-dire les battus de mai - a commencé dès lors à le haïr, le peuple! On a commencé dès lors à le désaimer, le prolétaire. De héros, d'idole, de substitut du Christ pour assurer le salut de l'homme dans l'histoire, il devint le Beauf, il devint Dupont-Lajoie, il devint le sujet méprisé du populisme. La formule des bourgeois apeurés par les partageux d'autrefois était reprise, implicitement, par ceux qui allaient donner naissance au nouvel antiracisme: «salauds de pauvres!» Salauds de prolétaires au gros rouge qui tache! Salauds de souchiens pue-la-sueur! Ils n'ont pas voulu de la révolution, ces Dupont-Ducon! Eh bien nous nous tournerons vers d'autres! Pourquoi ne pas le remplacer, cet ingrat prolétaire autochtone, par de nouveaux levains de l'histoire? Pourquoi pas par le travailleur immigré? Par le sans-papier? Par le jeune de banlieue? Pourquoi pas par le Rom? L'échec de mai 68 a causé la péjoration du peuple.

    Ainsi, l'immigré devint le mime raté du prolétaire. Il en est perçu aussi comme la punition: la promotion de l'immigré est la punition infligée au prolétaire pour avoir manqué à son devoir historique!

    Pour assurer le salut de l'humanité, il y eut, chez Saint-Simon, les savants et les industriels ; les travailleurs et les femmes, chez Auguste Comte ; les prolétaires, chez Marx ; les étudiants, chez Marcuse. Nous rencontrons dans la gauche actuelle les immigrés comme étant la nouvelle figure du groupe chargé d'opérer le basculement de l'histoire. Auprès de ce fantôme de la gauche qu'est la gauche morale et sociétale contemporaine, l'immigré, le sans-papiers, le Rom, endossent le double rôle d'ersatz et de Père Fouettard du prolétaire.

    Robert Redeker (Le Figaro, 18 avril 2014)

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  • La France est-elle une Couveuse à Barbares ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Christian Vanneste, cueilli sur le site des Observateurs et consacré à la question des volontaires djihadistes de nationalité française qui œuvrent en Syrie dans les rangs des rebelles islamistes...

     

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    La France est-elle une Couveuse à Barbares ?

    Sept cents « Français » ou résidents dans notre pays participeraient à la guerre contre le gouvernement syrien. Ils seraient avec près de 2000 Européens enrôlés dans les groupes islamistes plus ou moins liés à Al Qaïda. Près de la frontière turque, une de ces bandes composée de Français et de Belges francophones, et désignée par les habitants terrorisés comme  » la brigade française » aurait mené une répression barbare contre les opposants, y compris les rebelles de l’Armée Syrienne Libre : exécutions publiques, tortures, profanation des cadavres. L’association du nom de notre pays à ces actes éveille d’abord la honte, mais doit surtout susciter la réflexion dans deux directions.

    La première est celle des causes. Comment des jeunes ayant vécu dans notre pays, éduqués au sein de son système scolaire, peuvent-ils se comporter de la sorte  ? L’irresponsabilité criminelle de nos gouvernements y a une lourde part. La plus immédiate réside dans l’aventurisme qui a fait participer notre pays à la déstabilisation et à la diabolisation du régime baasiste syrien : un sésame pour les « djihadistes » en herbe. L’enthousiasme pour le prétendu Printemps Arabe s’est éteint avec l’anarchie libyenne et le coup d’Etat égyptien. On peut s’étonner de la légèreté des gouvernants et de la faiblesse des informations données par les services de renseignement et l’une des diplomaties les plus nombreuses au monde. Ils n’ont pas prévu les « printemps ». On se souvient des vacances tunisiennes de MAM et du séjour égyptien de Fillon. Ils ont encore moins prévu les conséquences : la violente explosion tribale en Libye qui a retenti sur l’ensemble du Sahel et le bras de fer entre l’Armée et les Frères Musulmans en Egypte. La capacité de résistance et le poids des alliés de Assad n’ont pas non plus été anticipés. Alors pourquoi ? Pour servir nos intérêts auprès des pays arabes riches ? Les retombées de notre soutien décisif à la « révolution libyenne » seraient nulles. Notre convergence avec le Qatar, de plus en plus présent en France, et l’Arabie Saoudite sur le dossier syrien devient chaque jour moins honorable. Comment peut-on sans cesse s’ériger en pays des Droits de l’Homme, les évoquer, bien modestement, d’ailleurs devant les Chinois dont la puissance mérite toutes les courbettes, et soutenir l’action offensive de pays qui ne les respectent nullement et financent l’islamisme dans le monde. Ces deux pays ont d’ailleurs les moyens d’être rivaux. L’Arabie Saoudite est le banquier bienveillant de la dictature militaire égyptienne tandis que le Qatar est la base de repli des Frères Musulmans. Que va-t-on faire dans cette galère ? Molière a une fois de plus le mot juste ! S’agit-il de protéger Israël en affaiblissant tous ses voisins arabes par la guerre civile ? Les malheurs de ces derniers sont sans proportion avec un résultat qui peut être obtenu autrement . La réussite d’Israël sur le plan économique, sa puissance militaire, et le soutien indéfectible de ses alliés permettent d’envisager plus facilement une paix définitive avec des régimes nationalistes qu’avec des Etats islamistes. Sadate en avait donné l’exemple. Participe-t-on, comme l’une des pièces, le fou sans doute, au grand jeu d’échecs planétaire auquel se livrent les Etats-Unis ? En Syrie comme en Ukraine, la cible est la Russie. En quoi est-elle l’adversaire de la France ? Qui peut croire sérieusement que Poutine songe à envahir la Pologne ou les Etats Baltes ? Il a réussi son coup en Crimée et il s’y arrêtera. Il n’y a aucune raison particulière de stigmatiser plus Moscou que Ryad ou Pékin.

    Mais l’engagement de « Français » dans ce triste combat vient aussi de l’abandon de notre politique d’assimilation des immigrés. Parce que notre démographie et notre économie réclamaient de l’immigration selon les penseurs de salon qui inspirent nos dirigeants, on a ouvert les portes et, avec elles, la boîte de Pandore. Regroupement familial, distribution gratuite et indolore de la nationalité, constitution de « banlieues » majoritairement peuplées d’immigrés non-européens, discrimination positive, accommodements raisonnables, soutien à la multiplication des lieux de culte financés par l’étranger et incontrôlables, discours de repentance, et censure du patriotisme : la liste est longue des erreurs dénoncées par la courageuse Malika Sorel. Ajoutez-y les paraboles, la facilité des voyages, les multi-nationalités, le laxisme judiciaire notamment à l’égard des mineurs,  l’absence de service militaire et vous avez des barbares de l’intérieur à qui on a appris à détester notre pays et sa culture et qui trouvent plus de plaisir à fantasmer leur prétendue appartenance religieuse qu’à exercer un rôle social positif mais modeste. Certes le chômage n’arrange rien, mais ce n’est pas un contrat d’avenir qui pourra rivaliser chez un jeune  vidé de tout élan par une éducation insipide avec la fièvre que fait naître un prêche enflammé ou les images venues d’ailleurs, comme un film ou un jeu video dans lesquels il peut, là, s’insérer. C’est aussi vrai pour l’immigré que pour le converti. Ce phénomène est le symptôme d’un pays qui ne parvient plus à transmettre des valeurs si tant est qu’il en ait encore. Le malade belge, ce « paradis » du progrès sociétal, est encore plus touché que nous. Lorsqu’on fait le vide moral, il ne faut pas s’étonner que n’importe quoi vienne le remplir.

    Cette « politique » tellement absurde qu’elle n’en mérite pas le nom privilégie des intérêts économiques pour les uns, électoraux pour les autres, à court terme. Les seconds sont déjà déçus. Les autres le seront aussi lorsque la destruction du tissu social coûtera plus cher que l’illusoire bonus démographique. Dans l’immédiat, vont revenir en France des fanatiques qui voudront faire payer à notre pays la défaite de leur prétendue guerre sainte en Syrie. Ils auront appris à utiliser les armes et en rapporteront peut-être. Notre réflexion doit donc aussi porter sur l’avenir plein de risques que les dirigeants irresponsables qui sont à la tête de notre pays depuis si longtemps  ont construit pour ses habitants. Le regroupement familial date de 1976 sous la présidence de Giscard d’Estaing, Chirac étant Premier Ministre. Il est imposé par Bruxelles depuis 2003. La gauche au pouvoir facilite de toutes les manières l’immigration.  Le suicide culturel n’est pourtant pas la meilleure réponse à la stagnation démographique et économique, mais c’est celle des technocrates et des politiciens dont il est vital de se débarrasser !

    Christian Vanneste (Les observateurs, 28 mars 2014)

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  • L'Europe colonisée ?...

    Les éditions Apopsix viennent de publier un essai d'Yvan Blot intitulé L'Europe colonisée. Président de l'association "Démocratie directe", Yvan Blot a récemment publié L'oligarchie au pouvoir (Economica, 2011), La démocratie directe (Economica, 2012) et Les faux prophètes (Apopsix, 2013).

     

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    " L'Europe qui a colonisé le Monde, est aujourd'hui colonisée par ses anciennes colonies. Ce fut prévu par le président russe Vladimir Poutine. La colonisation démographique vient surtout du Sud. Elle prend la forme d'une immigration de masse peu qualifiée et incontrôlable, contre la volonté des majorités démocratiques impuissantes. Mais il y a aussi une colonisation par le haut, politique, militaire, économique et financière. Celle-ci, depuis 1945, vient de l'Ouest. Elle est relayée, comme l'avait dénoncé de Gaulle, par les oligarchies politiques, notamment socialistes. Elle s'accompagne d'une colonisation culturelle : l'anglais et l'esprit anglo-saxon dominent tant nos élites que nos banlieues. L'Amérique aussi nous a colonisés.

    Enfin, nos peuples subissent une colonisation intérieure : la démocratie est une façade qui masque le pouvoir réel d'une oligarchie d'Etat qui impose une pression fiscale insupportable et un endettement public catastrophique.

    Comment sortir de ces colonisations multiples qui sont autant d'amoindrissement de nos libertés ? L'auteur trace des pistes de résistance en s'inspirant aussi bien de la Suisse que de l'exemple russe, très méconnus en France. Il faut ouvrir la classe politique à des catégories sociales nouvelles et utiliser le référendum pour faire participer le peuple aux décisions. Ainsi, nous retrouverons notre souveraineté perdue, notre croissance face aux puissances émergentes et notre identité nationale menacée. "

     

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  • Français de souche ? Présent !...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Aristide Leucate, cueilli sur Boulevard Voltaire et consacré à la polémique lancée par les médias du système contre Alain Finkielkraut à la suite de son utilisation de l'expression "Français de souche"...

    Aristide Leucate a récemment publié un essai intitulé Détournement d'héritage (L'Æncre, 2013).

     

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    Français de souche ? Présent !

    Il y en a assez, de ces théologiens de l’aberration cosmopolite, transgenre et transfrontière, qui prodiguent, du haut de leur chaire subventionnée, des leçons de rééducation morale aux « déviants » populistes et forcément racistes. Le nouvel oukase sémantique tient, désormais, dans l’impérative proscription de se réclamer de souche française. Alain Finkielkraut vient ainsi d’être dénoncé auprès du CSA, pour avoir osé défendre les « Français de souche », de même que Denis Tillinac, à l’occasion de son jubilatoire éloge de la liberté intitulé Du bonheur d’être réac. Dans l’émission « On n’est pas couché » de l’inoxydable Ruquier, Denis Tillinac a été sommé, séance tenante, de se justifier devant le Kommissaire stalinien, Aymeric Caron, quant à son appartenance « souchiste » !

    Français de souche. Voilà un syntagme qui, aussi longtemps que l’auteur de ces lignes s’en souvienne, ne faisait guère débat, ni polémique, il y a encore quinze ou vingt ans. L’on pouvait se dire Breton, Périgourdin ou Vosgien de souche, sans que de sournois Torquemada aux petits pieds balancent l’épuré à la vindicte politico-médiatique. D’ailleurs, quoi de plus naturel que de revendiquer une appartenance à un territoire déterminé, surtout lorsque ses aïeux s’y sont fixés depuis des lustres au point, précisément d’y faire souche ? Mais voilà ! Ce qui serait bon pour l’horticulture ne le serait pas pour l’écologie humaine et des civilisations, pour reprendre la belle formule de l’essayiste Hervé Juvin dans son dernier opus sur La Grande Séparation.

    Pourtant, au fond, qu’est-ce qu’un Français de souche, si ce n’est une personne dont les origines familiales, géographiques et historiques sont suffisamment anciennes et lointaines pour qu’avec le temps, l’on ait fini par en oublier la provenance initiale ? Bien plus, si certaines vieilles familles françaises, grâce au carbone 14 d’une généalogie bien tenue et suivie de génération en génération, sont à même de dater leur implantation dans telle ou telle région ou terroir, d’autres, par l’effet d’un lent processus d’assimilation, ont pu se forger les mythes fondateurs nécessaires à leur enracinement.

    Remonter à Henri IV ou se réclamer d’une présence permanente et continue en France depuis Napoléon III met chaque Français en résonance avec son histoire. Se l’appropriant et la métabolisant, sa destinée se confond alors inexorablement avec celle de son pays. Celui-ci devient « patrie », ou terre des pères, c’est-à-dire foyer originel de ceux qui ont fait souche avant soi, tandis qu’il se subsume en « nation », berceau de notre « nascio » ou naissance. Ce faisant, chaque Français se trouve littéralement incorporé au sein de cet héritage indivis qu’il se doit, humblement mais fièrement, de transmettre tout en l’enrichissant de ses propres apports.

    Empêcher de penser, de dire et donc de vivre cette réalité revient à faire de la France, non point ce jardin agrémenté de mille et une espèces enracinées dont la sève se nourrit de l’humus de la terre ensemencée par les anciens, mais un supermarché de monades déboussolées.

    Français de souche ? Présent !

    Aristide Leucate (Boulevard Voltaire, 6 mars 2014)

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  • Quelle idée saugrenue de vouloir rester suisse !...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous une chronique d'Éric Zemmour sur RTL, datée du 14 février 2014 et consacrée aux résultats du référendum suisse contre l'immigration massive ...

     


    Ah, quelle idée saugrenue que de rester suisse ! par rtl-fr

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  • La démocratie suisse n’est pas un virus mais un antidote !...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de David L'Epée, cueilli sur le sit Les Observateurs et consacré au référendum suisse contre l'immigration de masse. Journaliste indépendant, David L'Epée collabore à la revue Éléments.

     

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    La démocratie suisse n’est pas un virus mais un  antidote !

    Lorsqu’on lui montre la lune, l’imbécile regarde le doigt, dit l’adage populaire. Je dois faire partie de la catégorie des imbéciles parce que quand on me montre le problème migratoire tel qu’il a été mis en lumière par le scrutin du 9 février dernier, j’ai tendance à regarder la démocratie directe qui a permis de le désigner. Cette dernière, pourtant, ne semble pas peser bien lourd dans les considérations dont la presse nous abreuve depuis quelques jours, considérations marquées très majoritairement par le dépit, à l’image d’un milieu – les médias, l’intelligentsia, la classe politique – massivement opposé à cette initiative. « L’aveuglement anti-européen qui domine le pays l’a emporté » nous explique le socialiste Roger Nordmann, tandis que Pascal Couchepin, depuis l’autre face de la même pièce libérale, assombrit le tableau et parle d’ « économie de guerre ». Cette fracture entre électorat et “experts” est une constante dans l’histoire politique suisse de ces dernières années, mais elle prend aujourd’hui une autre dimension du fait, comme l’écrivait Le Temps du 10 février, que cette fois « le tremblement de terre est continental ». Les médias de notre pays ne sont plus les seuls à stigmatiser l’électeur suisse, ils sont rejoints dans ce travail de réprimande morale par de nombreux médias européens, à commencer par Libération qui titrait sa une d’il y a quelques jours « Le virus suisse ». A la condamnation des grands fait écho le soutien des petits : les peuples membres de l’UE sont nombreux ces jours-ci à envier la souveraineté populaire helvétique et à se demander ce qu’ils auraient fait à notre place si on leur avait donné la parole, ce que leurs gouvernants s’abstiennent bien de faire, et pour cause ! En France, deux sondages, effectués respectivement par Le Point et par Le Figaro, révèlent que les Français auraient été entre 88 et 92% à soutenir une initiative semblable à celle qui nous a été soumise.

    M. Fabius se rend-il bien compte de cette fracture lorsqu’il appelle l’UE à pénaliser la Suisse ? Et M. Cohn-Bendit, qui, invité par l’émission Forum du 10 février, comparait la situation actuelle de notre pays à celle de 1933 ? Lors de cette même émission, la députée européenne Astrid Lulling se montrait encore plus explicite. Se réjouissant que son pays à elle ne soit pas perverti par l’infâme institution du référendum populaire, elle s’est écriée : « C’est à désespérer du droit de vote si les citoyens sont aussi bêtes ! »

    Ces réactions à chaud ont le mérite de faire tomber quelques masques et de révéler que ce n’est pas uniquement la nouvelle politique migratoire de la Suisse qui est remise en cause par ce qu’il faut bien appeler les technocrates européens mais bien le principe même de la démocratie directe ! Un discours menaçant aux accents autocratiques qui se trouve soutenu et relayé par un certain nombre de nos politiciens, à la défaite amère, pour qui la souveraineté populaire n’a de valeur que lorsqu’elle valide leurs propositions. Le politologue Antoine Chollet l’explique bien dans son livre Défendre la démocratie directe (collection Le Savoir Suisse, 2011) : « Les élites suisses, dans leur grande majorité, nourrissent à l’égard de la démocratie des sentiments pour le moins mitigés et se font bien souvent les avocates de positions anti-démocratiques plus ou moins savamment camouflées. » Le camouflage a tendance ces derniers jours à s’effriter on découvre alors des figures franchement inquiétantes.

    Alors que les “commissaires politiques” cités plus haut appellent ouvertement à des mesures de rétorsion de l’UE à notre encontre, quelques-uns parmi nos compatriotes semblent s’en réjouir. Lorsque des citoyens attendent d’un pouvoir étranger qu’il punisse leurs propres concitoyens, il n’est pas exagéré de parler de collaboration, au sens le plus méprisable que ce terme a pu prendre à travers l’histoire. Qu’importent qu’ils le fassent au nom d’une morale transcendante mais ô combien relative, la leur, qui leur donne l’assurance d’avoir raison contre tous ! Avoir raison contre la majorité est une prétention indéfendable dans un Etat démocratique puisque la démocratie est à elle-même sa propre mesure. Elle ne reconnaît pas les notions de tort ou de raison en soi, elle ne reconnaît que la légitimité d’une décision populaire, légitimité acquise par la majorité des votes.

    Libération ne s’est pas trompé en parlant de virus suisse. L’épidémie risque, ces prochaines années, de surprendre et de bousculer de nombreux gouvernements parmi nos voisins européens. La maison Bruxelles se fragilise un peu plus chaque jour tandis que l’aspiration souverainiste, un peu partout, se fait jour et tente de s’exprimer, dans les urnes lorsque c’est possible, sinon dans la rue. Comme le disait Victor Hugo, il n’est rien au monde d’aussi puissant qu’une idée dont l’heure est venue, et cette idée-là pourrait bien être celle de la démocratie directe. Nous nous apercevrons peut-être alors qu’il ne s’agissait pas d’un virus mais bien d’un antidote.

    David L’Epée (Les Observateurs, 15 février 2014)

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