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heidegger - Page 10

  • A propos de Nietzsche... (2)

    Nous reproduisons ci-dessous les réponses d'Alain de Benoist aux questions posées par le site Nietzsche Académie.Directeur des revues Krisis et Nouvelle Ecole et éditorialiste de la revue Eléments, Alain de Benoist doit prochainement publier aux éditions Pierre-Guillaume de Roux un essai intitulé Les démons du Bien...

     

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    Alain de Benoist répond aux questions du site Nietzsche Académie

    Nietzsche Académie – Quelle importance a Nietzsche pour vous ?

    Alain de Benoist – Je l’ai découvert assez jeune, lorsque j’étais en classe de philosophie, soit vers l’âge de seize ans. Ce fut un éblouissement. Une révélation. C’est ce qui explique que, sur le plan philosophique, Nietzsche soit resté pour moi une référence indépassable pendant près de vingt ans. Autour des années 1980, cependant, c’est à Heidegger que j’ai fini par donner la première place. J’ai en effet été sensible à la critique faite par ce dernier de la philosophie de Nietzsche. Heidegger opère une distinction rigoureuse, qui a pour moi été décisive, entre ontologie et métaphysique. Il montre que, chez Nietzsche, la Volonté de Puissance – en réalité, Volonté vers (zur) la Puissance – est en péril de devenir simple volonté de volonté. Comme Nietzsche, Heidegger accorde une importance considérable à la question du nihilisme, mais il montre aussi que, face au nihilisme, la tâche la plus urgente n’est pas tant de substituer des valeurs à d’autres valeurs, fussent-elles opposées, mais de sortir de l’univers de la valeur, qui est une mutilation de l’Etre. Sa conclusion est que Nietzsche, dans la mesure où il demeure prisonnier de l’univers de la valeur, reste encore dans la métaphysique. Enfin, sur la question de la vérité, question nietzschéenne par excellence, ce que déduit Heidegger d’une méditation sur la notion grecque d’aléthéia, me paraît d’une profondeur inégalée.

    Cela dit, Heidegger n’est pas à ranger parmi les adversaires de Nietzsche. Il le critique, certes, mais il le prolonge aussi. On peut penser qu’il va plus loin que lui. La mise en perspective de la pensée nietzschéenne ne m’a donc pas conduit à l’abandonner, tant s’en faut. Il reste à mes yeux un tournant majeur de l’histoire de la pensée, un immense démystificateur, en même temps qu’un incontestable professeur d’existence. 

    NA – Quel livre de Nietzsche recommanderiez-vous ?

    AdB – Tous, bien entendu. Et l’on est d’autant moins excusable de s’en tenir à la lecture des œuvres les plus connues que l’on dispose aujourd’hui en France d’une excellente traduction de l’édition Colli-Montinari, qui a notamment l’immense mérite de proposer l’intégralité des fragments posthumes. Mais pour aborder Nietzsche, je conseillerais en priorité Le crépuscule des idoles (surtout pour son chapitre « Comment le “monde vrai” devient enfin une fable »), et plus encore La généalogie de la morale. A moins qu’on ne préfère commencer par son premier livre, L’origine de la tragédie (1872), dont il disait lui-même qu’il fut sa « première transmutation de toutes les valeurs ». Il faut en revanche éviter Ainsi parlait Zarathoustra, qui attire toujours le lecteur peu familier de Nietzsche parce qu’il paraît facile à lire, alors que, s’il est en effet « facile à lire », il est aussi très difficile à comprendre pour qui n’a pas déjà pénétré dans les arcanes de la pensée nietzschéenne.

    Enfin, on ne saurait aborder Nietzsche sans avoir un minimum de connaissance de la philosophie en général. Certes, Nietzsche n’est pas qu’un philosophe, au sens usuel du terme, mais il est aussi et d’abord cela. Qui n’est pas familiarisé avec l’histoire de la philosophie passera, en le lisant, à côté de bien des choses ou, pis encore, en tirera des conclusions erronées. Le fait que les œuvres de Nietzsche paraissent d’un accès « facile » – elles le sont en effet, comparées à celles de Kant ou de Hegel – explique qu’aucun philosophe, peut-être, n’a été autant que lui victime de contresens nés d’une information fragmentaire ou de lectures trop superficielles. C’est ce genre de contresens, par exemple, que commettent ceux qui voient dans la Volonté de Puissance une exaltation de la force physique, voire de la force brutale, alors qu’elle trouve avant tout chez Nietzsche sa source dans le détachement moral.

    NA – Etre nietzschéen, qu’est-ce que cela veut dire ?

    AdB - Je me le demande parfois, tant il y a chez certains de prétention à se déclarer tels. Henri Birault voyait juste, à mon avis, quand il disait qu’un « nietzschéen » est quelqu’un qui pense avec Nietzsche, et non pas comme lui. Nietzsche nous apprend un certain nombre de choses ; encore faut-il comprendre ce qu’il nous apprend. Etre nietzschéen, par exemple, c’est comprendre ce que signifie l’Eternel Retour, et se conformer soi-même à cette compréhension. C’est comprendre que le non-être n’a aucune teneur ontologique, et que la Vérité à majuscule n’est qu’un moyen de nier la vérité tout court, c’est-à-dire le réel. Avec Nietzsche, nous apprenons en effet à distinguer le « monde vrai » du réel, à faire appel au certum contre le verum. Le « monde vrai » est une fable. Le monde réel échappe à la Vérité dès l’instant que l’on a radicalement récusé l’au-delà : plus de « monde des apparences » s’il n’y a pas de monde des essences. Nietzsche ne récuse pas l’idée qu’il y a des choses véridiques et d’autres qui sont fausses, inexactes ou illusoires. Il dit que la Vérité est mensonge, mais mentir implique encore d’admettre qu’il y ait quelque chose qui soit non mensonger. La « vraie vérité » – la vérité de l’Etre – se moque de la vérité, comme la vraie raison se moque de la raison et la vraie morale de la morale.

    Etre nietzschéen, c’est comprendre ce que veut dire Nietzsche lorsqu’il dénonce ceux qui se veulent porteurs de « la plus longue mémoire », c’est-à-dire les « derniers hommes » (ceux qui « clignent de l’œil »), ces hommes auxquels appartient l’avenir immédiat et auxquels il oppose, dans La généalogie de la morale, la nécessité bienfaisante de l’oubli. La mémoire est le fondement de la morale, l’oubli la condition de l’innocence et de la création. Si Nietzsche se tourne vers les Grecs, ce n’est pas seulement, comme le dira Heidegger, parce que se mettre à leur écoute c’est se donner la possibilité d’un nouveau commencement, mais aussi parce que, pour lui, les Grecs sont ceux qui ont le plus aimé la vie : ils l’ont aimée au point de n’avoir pas eu besoin qu’elle ait un sens.     

    NA – Le nietzschéisme est-il de droite ou de gauche ?

    AdB –  La Vénus de Milo est-elle de droite ou de gauche ? Et la philosophie de Parménide ? Indépendamment du fait que les termes de « droite » et de « gauche » n’ont jusqu’à présent jamais reçu de définition satisfaisante (et qu’ils tendent à perdre aujourd’hui toute signification), il est évident que Nietzsche n’est pas un doctrinaire politique, même s’il s’est exprimé, en diverses occasions, sur un certain nombre de questions politiques (il critique l’idée de progrès, le socialisme égalitaire, le nationalisme allemand, l’antisémitisme, etc.). Nietzsche s’est engagé plutôt sur le terrain de l’anthropologie politique, dans l’intention d’apprendre à agir et penser autrement en politique. Il ne trace pas les contours d’une théorie politique, mais s’interroge sur le fondement de l’ordre politique.

    L’une de ses caractéristiques, par ailleurs, est qu’il n’a pas seulement influencé des penseurs, mais aussi des écrivains, des artistes, des hommes d’action. La raison tient à sa philosophie, au fait que les concepts à partir desquels il argumente diffèrent complètement, par exemple, du cogito cartésien, de l’impératif catégorique kantien, de l’Aufhebung hégélienne, de la durée bergsonienne, etc. Ce ne sont pas des concepts qui font système, mais des « ferments » qui engendrent avant tout des images. C’est ce qui explique que sa pensée ait pu marquer Thierry Maulnier, Paul Valéry, Roger Caillois, David Herbert Lawrence, Cioran ou Michel Tournier, sans oublier la vaste majorité des auteurs de la Révolution Conservatrice allemande (à la notable exception de Carl Schmitt), tout autant que des hommes « de gauche » comme Georges Bataille, Pierre Klossowski, Jack London, Georges Palante, George Bernard Shaw, Michel Foucault ou Gilles Deleuze (qui, comme Nietzsche, assignait à la philosophie la tâche de lutter contre la bêtise, celle-ci se définissant chez lui comme ce qui réduit les différences au semblable et le singulier au catégorisable). On peut donc très bien être un « nietzschéen de droite » ou « de gauche ». Inversement, la vulgate d’extrême droite sur la « volonté de puissance » et la « grande santé », qui se réclame de Nietzsche (généralement sans l’avoir beaucoup lu) pour légitimer le darwinisme social, la loi de la jungle, la haine de l’Autre et le déchaînement des instincts, n’a d’égale en bêtise que les condamnations haineuses d’une gauche qui confond immoralisme et amoralisme. Les uns et les autres se font d’ailleurs de Nietzsche la même idée fausse, les uns pour l’encenser ou l’embrigader, les autres pour le dénoncer comme un auteur répulsif.

    NA – Quels auteurs sont nietzschéens ?

    AdB - Vaste question. Si l’on s’en tient au champ de la pensée contemporaine, je dirais que, plus que Michel Maffesoli, qui tend à tirer le dionysiaque vers l’orgiaque collectif et l’exubérance sociale, le philosophe français le plus « nietzschéen » est à mes yeux Clément Rosset. Démystificateur tout comme le fut Nietzsche, Rosset a passé sa vie à critiquer la « duplication » du réel, à affirmer le caractère tragique de l’existence et la nécessité de l’éprouver avec allégresse et reconnaissance. Nietzsche dénonçait les « arrière-mondes » d’où proviennent la métaphysique, la religion et la morale. Pour Rosset, le réel est « idiot » au sens étymologique, c’est-à-dire singulier, absolument dépourvu de double ou de miroir. Le monde n’est porteur d’aucun sens global, il n’est redevable d’aucune interprétation morale, il n’est justifiable d’aucun devoir-être, et c’est en le reconnaissant comme tel qu’on accède à la joie. Gai savoir, amor fati : comme chez Nietzsche, pour qui la gaieté était de toute évidence d’essence musicale, le thème central de la pensée de Clément Rosset est la joie, l’allégresse, la jubilation. 

    NA – Pourriez-vous donner une définition du Surhomme ?

    AdB - Deux réponses doivent d’emblée être écartées : celle qui interprète la thématique du Surhomme comme une incitation faite à l’homme de se dépasser lui-même, et celle qui voit dans le Surhomme une sorte de superman, doté de pouvoirs surmultipliées. La première est banale : déjà chez Aristote, l’homme se dépasse lorsqu’il atteint son telos. La seconde est absurde. Nietzsche a d’ailleurs lui-même démenti, non sans rudesse (« d’autres ânes savants m’ont soupçonné de darwinisme »), l’idée que le Surhomme représenterait une race supérieure appelée à supplanter l’espèce humaine, à la suite d’un processus d’évolution ou de mutation ayant un rapport avec les biotechnologies ou la sélection naturelle : « Je ne pose pas ici ce problème : qu’est-ce qui doit remplacer l’humanité dans l’échelle des êtres ? […] mais : quel type d’homme doit-on élever, doit-on vouloir » (L’Antéchrist). On déraille, par conséquent, dès que l’on imagine le Surhomme à l’enseigne d’un quelconque superlatif, d’un simple « plus ». Le Surhomme est Über-Mensch, c’est-à-dire cet homme qui se tient au-dessus de l’homme tel qu’il a été jusqu’à présent, mais qui en même temps accomplit sa vérité destinale. Lorsque Nietzsche dit que l’homme est « quelque chose qui doit être surmonté » (et non pas « dépassé »), il faut mettre ce propos en rapport avec ce qu’il écrit par ailleurs sur la façon dont l’homme s’est institué comme un sur-animal, en surmontant la bête qui était en lui, puis en s’égarant dans l’au-delà (Humain, trop humain, I, 40). La vie elle-même se définit comme « ce qui doit toujours se surmonter soi-même » (Zarathoustra, II).

    Personnellement, je ne donne pas au Surhomme une place centrale dans la pensée de Nietzsche, dans la mesure où il ne m’apparaît que comme un prolongement, si l’on peut dire, de ce que le philosophe écrit à propos de l’Eternel Retour. C’est ce dernier thème qui est véritablement central, car il constitue la toile de fond sur laquelle s’inscrivent toutes les autres interrogations nietzschéennes. Selon la position que l’on adopte à son endroit, l’Eternel Retour est en effet révélateur de capacité d’affirmation ou de nihilisme. En outre, le Retour du Même est en même temps Retour de ce qui diffère, car « il n’y a que la différence qui se répète » (Deleuze). Avec le thème du Retour, Nietzsche critique bien entendu toute conceptualisation d’un temps linéaire, toute forme de conception linéaire de l’histoire, depuis le monothéisme biblique jusqu’à la philosophie historiciste de Hegel et de ses épigones. Mais il n’en revient pas non plus au temps cyclique des cultures archaïques. A la ligne, il n’oppose pas le cercle, mais la sphère. L’Eternel Retour est éternellement retour, il est éternel commencement. « A chaque instant l’Etre commence », dit Zarathoustra.

    Le Surhomme est d’abord celui qui a acquis la capacité de vouloir l’Eternel Retour, celui qui a réalisé en lui-même une métamorphose de la relation « trop humaine » à la temporalité, une métamorphose de son « voir » qui est aussi une métamorphose de son désir, en ce qu’étant devenu capable de penser, par-delà bien et mal, mais avec un amour joyeux, l’innocence du devenir et la tragédie de l’existence, il s’est aussi délivré du ressentiment. Le Surhomme porte remède au nihilisme en le surmontant (überwinden). Il s’affronte au nihil en mettant en langage le monde de la physis. Ce que Nietzsche définit comme aristocratique par excellence, c’est le « pathos de la distance » (La généalogie de la morale). Le Surhomme est capable de cette distance. Il n’est plus un esclave de l’immédiateté, au sens de la Vorbandenheit (l’être-là-devant) heideggérienne, mais il n’est pas non plus un solitaire. Nietzsche dit très clairement l’importance qu’il attache à la constitution du corps social, et même à l’« ek-stase » du vivre ensemble. Le Surhomme n’est pas un individu, mais un Type, une Forme, et à ce titre il a besoin de la communauté de ses pairs. C’est par là qu’il peut être aussi un pont, un projet, avant de devenir le « sens de la Terre ». 

    NA – Votre citation favorite de Nietzsche ?

    AdB - « Il n’y a pas de phénomènes moraux, il n’y a que des interprétations morales des phénomènes ». Mais j’aime aussi celle-ci : «Veux-tu avoir la vie facile ? Reste toujours près du troupeau, et oublie-toi en lui ».


    Alain de Benoist, propos recueillis par Olivier Meyer (Nietzsche Académie, 14 octobre 2013)

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  • Entendre Heidegger...

    Nous vous signalons la réédition, dans la collection de poche Pocket, d'Entendre Heidegger - Et autres exercices d'écoute, de François Fédier. Professeur de philosophie, élève de Jean Beaufret, lui-même disciple français d'Heidegger, François Fédier est l'auteur de plusieurs ouvrages consacrés à la pensée du grand philosophe allemand. Il s'est aussi attaché à répondre aux détracteurs malhonnêtes de celui-ci dans Heidegger - Anatomie d'un scandale (Robert Laffont, 1992) ou dans l'ouvrage collectif Heidegger à plus forte raison (Fayard, 2007).

     

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    " C'est grâce à Jean Beaufret que j'ai pu entendre. Sans lui, je n'aurais sans doute pas été capable de porter attention au propos de Heidegger : il est au premier abord presque inaudible, tant ce qui y est dit demande qu'on ouvre grand les oreilles. Le renom du philosophe ne vient pas faciliter les choses. La gloire elle aussi est faite de malentendus. Dissiper les malentendus est une entreprise fastidieuse : rien n'est plus obtus qu'un homme qui ne veut rien entendre. Le présent livre ne se propose donc pas ce but. Il lui suffit amplement de mettre autant que possible les lecteurs au contact de ce que montre Heidegger, cette contrée si proche, niais que nous avons les plus grandes peines du inonde à percevoir, et où tant de richesses dorment à notre insu. Les textes ici rassemblés, dont la moitié sont inédits, ont été écrits de 1983 à 2007. Mon souhait le plus cher est que ce livre puisse donner envie d'écouter : un peu comme lors de ces instants d'attente joyeuse - quand, une fois le la donné à l'orchestre, chaque instrument se met pour lui-même à s'accorder dans sa tessiture, au milieu d'un brouhaha croissant, jusqu'a ce que s'installe soudain le silence où le concert peut commencer. "

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  • Dominique Venner, un cœur rebelle...

    « Il faudra certainement des geste nouveaux, spectaculaires et symboliques pour ébranler les somnolences, secouer les consciences anesthésiées et réveiller la mémoire de nos origines. Nous entrons dans un temps où les paroles doivent être authentifiées par des actes. »

     

    Dominique Venner s'est suicidé cet après-midi, à l'intérieur de la cathédrale Notre-Dame de Paris, en se tirant une balle dans la tête. Il avait publié, quelques heures avant, un dernier texte sur son blog, que nous reproduisons ci-dessous.

     

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    La manif du 26 mai et Heidegger

    Les manifestants du 26 mai auront raison de crier leur impatience et leur colère. Une loi infâme, une fois votée, peut toujours être abrogée.

    Je viens d’écouter un blogueur algérien : « De tout façon, disait-il, dans quinze ans les islamistes seront au pouvoir en France et il supprimeront cette loi ». Non pour nous faire plaisir, on s’en doute, mais parce qu’elle est contraire à la charia (loi islamique).

    C’est bien le seul point commun, superficiellement, entre la tradition européenne (qui respecte la femme) et l’islam (qui ne la respecte pas). Mais l’affirmation péremptoire de cet Algérien fait froid dans le dos. Ses conséquences serraient autrement géantes et catastrophiques que la détestable loi Taubira.

    Il faut bien voir qu’une France tombée au pouvoir des islamistes fait partie des probabilités. Depuis 40 ans, les politiciens et gouvernements de tous les partis (sauf le FN), ainsi que le patronat et l’Église, y ont travaillé activement, en accélérant par tous les moyens l’immigration afro-maghrébine.

    Depuis longtemps, de grands écrivains ont sonné l’alarme, à commencer par Jean Raspail dans son prophétique Camp des Saints (Robert Laffont), dont la nouvelle édition connait des tirages record.

    Les manifestants du 26 mai ne peuvent ignorer cette réalité. Leur combat ne peut se limiter au refus du mariage gay. Le « grand remplacement » de population de la France et de l’Europe, dénoncé par l’écrivain Renaud Camus, est un péril autrement catastrophique pour l’avenir.

    Il ne suffira pas d’organiser de gentilles manifestations de rue pour l’empêcher. C’est à une véritable « réforme intellectuelle et morale », comme disait Renan, qu’il faudrait d’abord procéder. Elle devrait permettre une reconquête de la mémoire identitaire française et européenne, dont le besoin n’est pas encore nettement perçu.

    Il faudra certainement des geste nouveaux, spectaculaires et symboliques pour ébranler les somnolences, secouer les consciences anesthésiées et réveiller la mémoire de nos origines. Nous entrons dans un temps où les paroles doivent être authentifiées par des actes.

    Il faudrait nous souvenir aussi, comme l’a génialement formulé Heidegger (Être et Temps) que l’essence de l’homme est dans son existence et non dans un « autre monde ». C’est ici et maintenant que se joue notre destin jusqu’à la dernière seconde. Et cette seconde ultime a autant d’importance que le reste d’une vie. C’est pourquoi il faut être soi-même jusqu’au dernier instant. C’est en décidant soi-même, en voulant vraiment son destin que l’on est vainqueur du néant. Et il n’y a pas d’échappatoire à cette exigence puisque nous n’avons que cette vie dans laquelle il nous appartient d’être entièrement nous-mêmes ou de n’être rien.

    Dominique Venner ( Blog de Dominique Venner, 21 mai 2013)

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  • Les faux prophètes...

    Les éditions Apopsix publient cette semaine Les faux prophètes, un essai d'Yvan Blot. Enarque, Yvan Blot anime l'Institut Néo-socratique ainsi que l'Association pour la démocratie directe. Il a récemment publie L'oligarchie au pouvoir (Economica, 2011).

     

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    " Tout le monde connaît la chanson de Gavroche : « je suis tombé par terre, c'est la faute à Voltaire, le nez dans le ruisseau, c'est la faute à Rousseau ». Pour l'auteur, Voltaire, Rousseau, mais aussi Marx et Freud nous ont entrainés sur de mauvais chemins. Ce sont de faux prophètes qui ont cru libérer l'humanité et qui ont déchaîné des forces de destruction, d'où les guerres révolutionnaires, la Terreur, les totalitarismes, la dissolution des valeurs morales après Mai 68.

    Pourquoi ont-ils eu tant de succès ? Parce que ce sont des séducteurs qui ont fait croire aux hommes qu'ils allaient réaliser leurs plus chers désirs. Pas besoin de Dieu, vous êtes Dieu grâce à votre raison, dit Voltaire. Pas besoin de roi, vous êtes vous-mêmes roi grâce à la démocratie, dit Rousseau. Pas besoin de patrons, vous serez tous riches et tous patrons grâce au communisme, fait croire Marx. Pas besoin de morale, soyons tous des Don Juan grâce à la révolution sexuelle, suggèrent Freud et surtout ses disciples.

    En fait, tous avaient une vision de l'homme comme étant essentiellement un animal. Animal certes doué de raison, mais animal tout de même, dans son essence. Freud déclare dans « Malaise dans la culture » : "l'homme est un être à l'intelligence faible, qui est dominé par ses souhaits pulsionnels". 

    L'ouvrage livre une autre façon de voir l'homme : chacun des faux prophètes se voit opposé un adversaire : Pascal pour Voltaire, Nietzsche pour Rousseau, Kierkegaard pour Marx et Heidegger pour Freud.

    Il faut donc aujourd'hui se libérer des faux prophètes et des illusions dont ils nous ont intoxiqués. L'auteur propose de suivre plutôt le chemin des philosophies existentielles plus proches de la réalité humaine, plus respectueuses des individus dans leurs différences et leurs identités et ouvertes à la transcendance et au mystère de notre existence, afin d'échapper à la dictature de l'utilitarisme et du matérialisme. "

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  • La danse de Nietzsche...

    « Ne jamais séparer le corps de l'esprit. Apprendre par son corps la joie d'être vivant. Apprendre par les mouvements de son corps à libérer son esprit. N'est-ce pas la première loi du danseur? »

    Les éditions Verdier viennent de rééditer dans leur collection de poche La danse de Nietzsche, un essai de Béatrice Commengé paru initialement aux éditions Gallimard en 1988. Auteur de romans, mais aussi danseuse et voyageuse, Béatrice Commengé est une lectrice passionnée de Nietzsche, d'Heidegger et d'Anaïs Ninn, notamment, et a raconté dans Voyager vers des noms magnifiques (Finitude, 2009) et Flâneries anachroniques (Finitude, 2012) ses voyages sur les traces de ses auteurs préférés.


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    " Sur le sentier qui longe le lac de Silvaplana, à Sils-Maria, Nietzsche s'est brusquement arrêté : de l'ombre de ses yeux malades, de la fatigue de ses nuits blanches, de la douleur de ses migraines, de ses longues marches dans le froid ou dans la lumière, va naître Zarathoustra, le danseur.
    Il ne le quittera plus. Avec lui, il marche. De Sils à Gênes, et de Gênes à Nice, à la recherche d'un ciel plus pur et d'un air plus léger. Il le trouve parfois, l'espace d'un chant, sur les hauteurs d'Èze ou sur la presqu'île de Portofino, dans les ruelles de Venise ou sous les arcades de Turin. Un «dieu danse à travers lui».
    Ce livre, on l'a compris, est aux antipodes du commentaire universitaire; à l'opposé de l'univers sombre et glacé de la philosophie allemande. Voici un Nietzsche grec, italien, français - comme il se voulait."


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  • La guerre de demain ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Xavier Raufer, cueilli dans Le Nouvel Économiste et consacré à la montée en puissance de la cybercriminalité...

     

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    La guerre de demain

    Dans le cours qu’il lui consacre à la fin des années 1930, Martin Heidegger commente ainsi la formule de Nietzsche “Dieu est mort” : “Les vieilles coulisses du théâtre du monde pourront bien pour un temps demeurer les mêmes, la pièce qui se joue en est une déjà nouvelle.” Une remarque aujourd’hui pertinente sur la scène de la sécurité globale où, sous nos yeux – mais le voyons-nous vraiment ? -, s’amorcent, pour le crime organisé et le terrorisme, les séismes les plus énormes depuis un demi-siècle.

    D’abord celui-ci : le terrorisme est à l’agonie. Non seulement il disparaît, et vite, de l’Union européenne, mais ailleurs, surtout dans le grand “arc islamique” qui s’étend de la Mauritanie à Mindanao, le voici désormais en pleine dégénérescence criminelle. Ces jours-ci, Europol publie son rapport (TE-SAT 2012) consacré au terrorisme dans l’Union européenne (UE) et ce qu’on y lit est sensationnel. En 2007, l’UE subissait quelque 600 attentats (réussis ou déjoués). En 2011, on n’en compte plus que 174 et parmi eux – lisez bien -, pas un seul attentat islamiste. Sur ces 174 attentats, 158 en France, en Espagne et en Grande-Bretagne – ailleurs dans l’UE, 24 pays sur 27, plus de terrorisme du tout. Et ces ultimes terrorismes sont d’affligeants “Derniers des Mohicans” : bandes séparatistes ou anarchistes, solitaires psychotiques.

    Ainsi, certains chefs de services de renseignement mal renseignés, experts incompétents ou journalistes myopes, qui serinaient hier encore l’air du toujours terrible danger terroriste, avaient tort. Non seulement le jihad type Ben Laden est-il aujourd’hui en coma dépassé, mais on peut douter de l’avenir du terrorisme lui-même, qui, sous divers avatars, perturbe le monde depuis les années 1960 : communiste-combattant (Brigades rouges, Action directe…), séparatiste (IRA, ETA, FLNC…), moyen-oriental (Abou Nidal, Commandement des opérations spéciales à l’étranger du FPLP…), salafi-jihadi (“al-Qaida”).

    Or dans l’histoire, le terrorisme a toujours frappé par vagues : anarchiste (avant la Première Guerre mondiale), balkanique (avant la Seconde), moyen-oriental (décennies 1970 et 80), jihadi (1979 à environ 2011). Là, il semble qu’une vague, naguère énorme, retombe et même, selon nous, s’écroule. Que restera-t-il du terrorisme à l’“horizon maîtrisable” (2017) ? C’est désormais la seule question stratégique qui vaille.

    Mais fuyons conceptuellement ces “vieilles coulisses du théâtre du monde”, pour scruter plutôt la nouvelle pièce qu’on y répète – voire qu’on y joue déjà. Deuxième nouvelle énorme des années 2010-2011 : dans toute l’Europe, la forte baisse de l’usage de stupéfiants par les toxicomanes les plus jeunes (17 à 20 ou 24 ans, selon les comptages nationaux). Qu’un marché soit délaissé par ses consommateurs les plus jeunes n’augure donc rien de bon pour celui de la drogue d’ici cinq ou dix ans.

    Et voici que s’esquisse la nouvelle pièce du théâtre du monde, côté sécurité globale : les grandes sociétés criminelles mondiales semblent avoir bien perçu cette baisse de tonus du marché des stupéfiants – pourtant leur fonds de commerce depuis un demi-siècle – et arbitrent désormais en faveur de nouveaux “relais de croissance” : contrefaçons, cybercriminalité notamment. Ce que la Commission européenne constate déjà puisque, dans un récent rapport, elle estime le chiffre d’affaires mondial annuel du cybercrime à 388 milliards de dollars soit, souligne-t-elle, “plus que ceux de la cocaïne, du cannabis et de l’héroïne réunis”.

    Ainsi, la prédation criminelle se déplace vers le cybermonde. Contrefaçons (faux médicaments, pièces détachées, etc.) et cybercriminalité sont les marchés porteurs pour le crime organisé comme pour la force criminelle montante, celle des terroristes dégénérés passés à l’enrichissement personnel. Falsification de cartes de crédit, fraudes identitaires : tout cela rapporte, et vite, beaucoup de cash, partant de techniques simples et sans risques pénaux réels – un rêve pour les bandits – faute de conventions internationales efficaces.

    Que la cybercriminalité, naguère hobby pour hackers ou ados facétieux, soit désormais sous la coupe du crime organisé est désormais avéré. Faite à partir de 7 000 cas divers, une récente étude du centre criminologique de la London Metropolitan University démontre que 80 % des infractions commises dans le cybermonde britannique sont liées au crime organisé. Et dans ce cybermonde, les criminels progressent vite : selon une récente enquête australienne, certaines mafias piratent désormais les logiciels de suivi en ligne des transporteurs internationaux (colis, conteneurs, etc.). Ils voient si ceux renfermant leurs produits illicites sont fouillés par les douanes – et évitent donc d’aller les récupérer ! Sociétés-écrans, piratage : la belle vie pour les grands trafiquants transcontinentaux.

    Et les fausses identités, pour opérer en toute sérénité ? Pas de problème. Des faussaires chinois vendent désormais d’impeccables permis de conduire, cartes d’identité, etc. à 200 dollars pièce. Hologrammes et codes-barres quasi parfaits, disent les experts officiels américains – certains passent sans encombre les sourcilleux contrôles des aéroports de Washington.

    Toutes ces grisantes technologies font l’effet d’hormones de croissance sur les sociétés criminelles, notamment asiatiques. L’une d’entre elles, repérée – mais pas démantelée – depuis deux ans par des services officiels anglo-saxons (“Opération Dayu”), brasse chaque année 4 milliards de dollars minimum, entre l’Australie, le Canada, Hongkong et Macao. Cette méga-holding mafieuse associe des triades à des gangs de motards criminels. Sur trois continents, elle a corrompu des policiers, des politiciens, des douaniers.Telles sont les vraies menaces stratégiques des années 2013-2020. Intéressons-nous à elles assez tôt pour éviter de futurs drames. Préparons la guerre de demain et non, comme d’usage, celle d’hier.

     Xavier Raufer (Le Nouvel économiste, 7 mai 2012)

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