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guerre - Page 46

  • Les somnambules...

    Les éditions Flammarion viennent de rééditer dans leur collection de poche Champs, Les somnambules, la brillante étude de Christopher Clarck consacrée à la marche à la guerre de l'été 1914. Un livre sur l'aveuglement des dirigeants politiques européens qui résonne étrangement cent ans plus tard...

    Professeur d'histoire à l'université de Cambridge, Christopher Clark a publié une Histoire de la Prusse (Perrin, 2009).

     

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    " Le 28 juin 1914, dans Sarajevo écrasée de soleil, un certain Gavrilo Princip se réfugie à l'ombre d'un auvent pour guetter le cortège officiel de l'archiduc François-Ferdinand... Cinq semaines plus tard, le monde plonge dans une guerre qui entraînera la chute de trois empires, emportera des millions d'hommes et détruira une civilisation. Pourquoi l'Europe, apparemment prospère et rationnelle, était-elle devenue si vulnérable à l'impact d'un unique attentat perpétré à sa périphérie ? Quels formidables jeux d'alliances géopolitiques toujours fluctuantes et d'intérêts nationaux contradictoires se mêlaient-ils ? Quelles craintes ancestrales, quelles mythologies nationales animaient les opinions publiques et influencèrent les décisions des diplomates ? C'est ce que raconte cette fresque magistrale. Multipliant les points de vue et faisant dialoguer avec brio études classiques et sources inédites (en anglais, allemand, français, bulgare, serbe et russe), Christopher Clark replace les Balkans au cœur de la crise la plus complexe de l'histoire moderne et en décrit minutieusement les rouages. Plus clairement que jamais, il montre que rien n'était écrit d'avance : l'Europe portait en elle les germes d'autres avenirs, sans doute moins terribles. Mais de crise en crise, les personnages qui la gouvernaient, hantés par leurs songes et aveugles à la réalité des horreurs qu'ils allaient déchaîner, marchèrent vers le danger comme des somnambules. "

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  • L'invasion migratoire : un problème militaire ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Yvan Blot, cueilli sur Metamag et consacré à la crise migratoire et aux moyens d'y faire face.

    Président de l'association "Démocratie directe", Yvan Blot a récemment publié L'oligarchie au pouvoir (Economica, 2011), La démocratie directe (Economica, 2012),  Les faux prophètes (Apopsix, 2013), Nous les descendant d'Athéna (Apopsix, 2014) et L'homme défiguré (Apopsix, 2014).

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    L'invasion migratoire - Un problème militaire

    Les politiciens civils actuellement au pouvoir sont incapables de répondre au défi de l’invasion migratoire car l’occupation illégale du territoire national par des étrangers est, et a été depuis toujours un problème militaire. Vouloir résoudre un problème d’essence militaire par des moyens civils, c’est aller à l’échec et laisser s’abattre le malheur sur la patrie.
    Il faut donc engager l’armée dans le combat pour la défense du territoire sacré avec l’esprit de résistance et non celui de la collaboration. Certes, l’ennemi n’est pas habillé en soldat. L’ennemi, ce sont les puissants réseaux de passeurs. Avec eux, il n’y a pas d’autre solution que la guerre à outrance. Ceux qui ne veulent pas la guerre avec ces criminels étrangers auront perdu l’honneur par leur lâcheté, et auront perdu la paix car l’échec devant l’invasion migratoire ne peut conduire qu’à la guerre civile, la pire de toute !
    Les partisans de la capitulation devant l’ennemi feront valoir les pleurnicheries habituelles. On ne peut pas abattre des civils même s’ils nous font la guerre, moins par esprit de conquête que par esprit du lucre. Ces partisans qui trahissent la France et son peuple ne semblent même pas penser que les djihadistes extrémistes exploitent l’immigration pour nous affaiblir. Parmi les réfugiés, combien d’islamistes fanatiques cachés au milieu d’eux ?
    Certes, diront certains, combattons les filières de passeurs ! Mais que faire de ces pauvres hères qui ont profité des services des passeurs ? En bon droit, ce sont des complices des passeurs, la preuve en est qu’ils les rémunèrent. Ils doivent être expulsés comme tels sans faiblesse.
    Les pacifistes refuseront ce discours. Ils n’ont toujours pas compris dans leur ignorance de l’histoire la loi d’airain qui régit la nature : la loi de l’unité des contraires, qui fut découverte par le philosophe grec Héraclite. La vie et la mort ne sont pas séparables, pas plus que le jour et la nuit. Qui veut la paix au point de refuser le combat attire la guerre sur lui. Qui veut accueillir les étrangers qui s’installent au mépris de notre loi sur notre sol prépare toutes les conditions d’une future guerre civile.
    Le refus de tuer contrairement aux lois de la vie entraînera des meurtres bien plus nombreux. Avant la deuxième guerre mondiale, les pacifistes voulaient éviter de provoquer Hitler. Ils l’ont aidé à déclencher la seconde guerre mondiale. Ce triste exemple semble aujourd’hui ne pas avoir été pris en compte.
    Nous sommes tellement amollis par la paix dans la prospérité, par la licence accordée à notre cerveau reptilien au profond de nous-mêmes, que toute ardeur guerrière a disparu de nos élites moisies. Les dirigeants politiques issus du monde civil sont pour la plupart incapables de mener une véritable résistance. De Gaulle avait déjà vu cela en 1940 : rares sont les membres de l’élite qui eurent le courage de le suivre. On fit valoir le droit : De Gaulle n’était pas légitime, ce qui est légalement juste au départ. Le droit est souvent au service de la lâcheté. Dans un monde où la lâcheté est non seulement tolérée mais rémunérée et décorée, les vertus militaires ne sont pas simplement ignorées, elles sont honnies. Le peuple est plus sain que ses élites car le poisson pourrit toujours par la tête.
    Il faut donc faire la guerre aux passeurs et donc les tuer comme pendant une guerre on est obligé de tuer son ennemi. Il faut repousser par la force l’invasion qui cessera très vite dès que le monde comprendra que le peuple est résolu. Un référendum légitimera démocratiquement cette guerre qu’il faut mener. Sinon, le pays plongera dans la guerre civile qui fera bien plus de victimes comme toute l’histoire des hommes a pu le montrer. Un pays a besoin des compétences et des vertus les plus diverses. Il ne peut pas se passer des compétences et des vertus militaires. La devise de la marine française résume tout : honneur et patrie, valeur et discipline. La défense de la patrie doit se faire dans l’honneur. Le déshonneur est dans l’abus de la force mais aussi dans l’absence de recours à la force pour protéger notre peuple et nos familles. Honneur et patrie ne doivent jamais être séparés. De même, la valeur et la discipline doivent aller de concert. Aujourd’hui, le mérite individuel est porté aux nues à des fins purement égoïstes. C’est dans la tragédie de l’histoire, tragédie éternelle, qu’apparaît la nécessité de l’abnégation, mère de la discipline. 
    L’invasion migratoire n’est pas un sujet de l’administration civile. Elle ne peut être combattue que militairement. Les exemples historiques montrent que seule l’armée préserve la liberté d’un peuple. Elle est la colonne vertébrale de l’Etat disait De Gaulle dans « le Fil de l’épée ». Aujourd’hui, l’esprit héroïque, le cœur de toute armée, a déserté la politique, aux mains des comédiens, des arrivistes et des escrocs. Il faut redonner à la politique sa dimension militaire, et pour cela, il faut aussi des militaires au sein de l’appareil politique. Un grand pays a accompli pour son bonheur cette mutation, plus à l’est. Mais la France, monarchique comme républicaine, a une longue tradition militaire également. Elle doit la retrouver. C’est une question de survie. Il faut retrouver l’esprit de résistance qui est un esprit de fermeté. Il faut avoir le courage d’appeler un chat un chat, et un traître, un traître.
    La trahison s’appuie sur le droit et sur la propagande. La lâcheté utilise des armes analogues. L’absence de charité envers nos compatriotes et les générations à venir conduit à la stérilité et à la mort.

    L’invasion migratoire est une question militaire 
    C’est un défi qui permettra à l’esprit militaire français de renaître pour sauver la patrie. L’invasion est provoquée par notre réputation de faiblesse, que nous prenons à tort pour de l’humanitarisme. Ses forces motrices sont les réseaux de trafic de chair humaine, qu’on se garde bien de réprimer comme il se doit par la peine capitale. Celui qui veut protéger toutes les vies, mêmes celles des criminels, met en danger la vie des innocents. 
    La mort peut être au service de la vie. Toute l’histoire des hommes l’a prouvé. Ce fut exactement cette logique qui a permis d’abattre le nazisme. Refuser la guerre est le meilleur moyen de la déclencher avec le temps. Refuser de faire la guerre contre l’invasion extérieure, c’est créer les conditions d’une guerre civile, bien plus meurtrière, que nous léguerons à nos enfants, pour notre honte. Nous perdrons alors la paix, la liberté et la prospérité que nous n’aurons pas su défendre. Comme toujours la voie du combat et celle de l’honneur ne font qu’un ! La France ne sauvera son existence et son honneur qu’en faisant confiance à son armée. Il faut retrouver les vertus militaires sinon la patrie est perdue !

    Yvan Blot (Metamag, 6 septembre 2015)

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  • Le «port d’arme citoyen» et le nouvel équilibre de la terreur...

    En février 2011, les citoyens suisses ont eu à se prononcer sur une initiative populaire visant à réglementer sévèrement, par le biais d'une modification de la constitution, « l'acquisition, la possession, le port, l'usage et la remise d'armes, d'accessoires d'armes et de munitions ».

    A cette occasion, l'universitaire Bernard Wicht a livré une excellente analyse de la question du «port d’arme citoyen» dans la Revue militaire suisse, que nous vous proposons de découvrir. Historien des idées et spécialiste en stratégie, Bernard Wicht a récemment publié Une nouvelle Guerre de Trente Ans (Le Polémarque 2011) et Europe Mad Max demain ? (Favre, 2013).

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    Le «port d’arme citoyen» et le nouvel équilibre de la terreur

    Dans moins d'un mois nous sommes appelés à voter sur une initiative tendant à limiter fortement l'accès et la possession d'armes par les particuliers. La motivation principale des initiants est d'augmenter la sécurité des habitants de notre pays et de limiter les suicides et la violence domestique.

    On peut adhérer ou non à ces arguments, mais force et de constater que la violence fait peur et que nos sociétés contemporaines veulent l'éradiquer du champ des relations humaines. Historiquement les groupes sociaux se sont toujours méfiés de la violence, en particulier intestine, et ont cherché par tous les moyens à la canaliser pour en éviter les débordements[1]. Or c'est là que l'on peut déjà relever une différence importante entre notre comportement actuel vis-à-vis de la violence et celui répertorié aux autres périodes de l'histoire : auparavant on cherchait à la "canaliser" (c.à.d. à en contrôler les effets), aujourd'hui on veut l' "éradiquer" (c.à.d. la supprimer purement et simplement). Nos sociétés post-modernes, post-industrielles et post-nationales ne considèrent plus la violence comme un phénomène social qu'il faut gérer avec la plus grande précaution, mais comme un mal absolu à bannir au même titre que les hérésies au Moyen Age.

    D'où vient ce changement d'attitude, cette idée collective que nous pourrions désormais vivre dans un monde sans violence régie par la tolérance ? Car c'est bel et bien de cela dont il s'agit en l'espèce : alors que l'initiative parle de limiter les suicides, paradoxalement l'idée de suicide assisté (association EXIT) et d'euthanasie active (voir le récent acquittement de la médecin cantonale de Neuchâtel ayant pratiqué un tel acte) se propage et recueille de plus en plus de soutien. Il en va de même de la légalisation croissante de l'avortement depuis quelques décennies. Ces contradictions soulignent ce changement d'attitude de nos sociétés au point qu'il est possible de parler de rupture par rapport au passé : en cherchant à éradiquer la violence, on ne veut pas nécessairement protéger la vie ! Le paradoxe est frappant et semble indiquer qu'à ce sujet, nous nous situons aujourd'hui plutôt dans le domaine de l'émotionnel que du rationnel : un peu selon le refrain "peu importe la mort, pourvu qu'elle soit douce" (on pense ici à la chanson de Georges Brassens, "mourir pour ses idées, oui mais de mort lente").

    A partir de ce premier constat, on débouche sur deux questions : d'une part, comment expliquer cette dérive émotionnelle des sociétés contemporaines et, d'autre part, se dirige-t-on vers un monde sans violence ?

    La première question trouve sans doute une grande partie de sa réponse dans le long drame du court XXe siècle (Verdun - Auschwitz - Hiroshima - le Goulag). Pour comprendre les comportements actuels, leurs tendances auto-destructrices ou excessivement émotionnelles, on ne prendra jamais suffisamment en compte les destructions morales engendrées par les interminables conflits du XXe siècle, de la Première Guerre mondiale à la décolonisation et à l'explosion de l'ex-Yougoslavie. En d'autres termes, une Longue Guerre s'étendant de 1914 à 1991, de Sarajevo à Sarajevo[2]. Cette Longue Guerre a détruit la structure interne des sociétés européennes. Ainsi, l'univers concentrationnaire nazi et communiste, le nettoyage ethnique et les autres génocides ont supprimé la distinction fondamentale entre "genre humain" et "espèces animales". Comme le disait à cet égard Primo Levi, "les nazis vaincus ont néanmoins gagné parce qu'ils ont fait de nous des animaux !" (citation de mémoire). Dans le même sens, les boucheries de Verdun et de la Somme, les hécatombes de Stalingrad, d'Iwo Jima et du Vietnam notamment ont remis en cause les fondements de l'idéal masculin (force, honneur, courage)[3]. Répétons-le, nous n'avons pas encore vraiment pris toute la mesure de cette destruction morale, de cette atomisation du corps social, de cette réduction darwinienne de l'homme à ses seules fonctions animales... et surtout des conséquences d'une telle destruction.

    Autrement dit et pour faire court, le long drame du siècle passé - la Longue Guerre - a détruit deux des principaux remparts sociaux face à la violence : "ne pas se comporter comme des bêtes", "agir avec honneur et courage". Avec pour résultat, d'un côté une violence débridée et anarchique de type testostérone pouvant surgir n'importe où et, de l'autre, une population atomisée et effrayée cherchant à fuir cette réalité avec les réactions émotionnelles que l'on vient de voir.

    Dans ces conditions, faut-il poursuivre l'objectif d'une société sans violence avec notamment comme moyen d'y parvenir, une limitation très stricte de l'accès et de la possession d'armes par les particuliers ? C'est la seconde question. Or, si la réaction émotionnelle y répond par l'affirmative, une analyse historique de la situation débouche sur un tableau assez différent.

    En effet, malgré l'injonction de Francis Fukuyama, l'histoire ne s'est pas arrêtée avec la chute du Mur de Berlin. Indépendamment des réactions émotionnelles des populations européennes, le monde a continué d'évoluer. En particulier, la guerre n'a pas disparu; comme le caméléon elle s'est transformée et, avec son corollaire l'équilibre de la terreur, s'est insinuée à l'intérieur des sociétés, en lieu et place des affrontements entre Etats des siècles précédents. Cette transformation, ce passage de la guerre inter-étatique à la guerre intra-étatique est un des caractères majeurs de la période actuelle[4]. Cela signifie que la confrontation armée ne se déroule plus essentiellement sur le champ de bataille entre unités régulières, mais à l'intérieur même du corps social... au milieu des populations. On vient de le dire, les acteurs de ces combats ne sont plus les armées nationales régulières; ce sont de nouvelles entités telles que les différents groupes armés (ETA, Al Quaïda, PKK, FARC, etc.), les mafias et les autres formes de crime organisé, les gangs composés du sous-prolétariat des grandes banlieues urbaines, les anciens services spéciaux de l'ex-bloc soviétique. Contrairement aux armées régulières que l'on peut voir dans leurs casernes ou lors des grands défilés, ces nouveaux acteurs de la guerre restent généralement invisibles, leur financement est indépendant des Etats et repose sur l'économie grise et informelle garantissant de la sorte leur "stabilité" et la poursuite de leur action dans la durée. Etant donné l'invisibilité relative de ces nouveaux acteurs, il importe de donner quelques estimations chiffrées afin de pouvoir prendre un peu la mesure de la mutation intervenue :

    -        le chiffre d'affaires annuel des différents groupes armés équivaut à deux fois le PIB du Royaume-uni[5]

    -        le chiffre d'affaires annuel des activités mafieuses est de plus de 1'000 milliards $[6]

    -        dans les grands Etats européens, l'économie grise et informelle représente 15% à 18% du PNB[7]

    -        environ 500 armes lourdes (mitrailleuse, lance-roquette, explosif, etc.) entrent chaque semaine dans les banlieues des grandes villes françaises[8].

    Bien qu'il ne s'agisse que d'estimations (les nouveaux acteurs de la guerre ne publient pas de bilan), ces chiffres sont néanmoins éloquents et traduisent la réalité de cette nouvelle forme de conflictualité qui avait progressivement disparu en Europe avec l'avènement de l'Etat moderne et des armées nationales. Bien qu'ils n'apparaissent pas sur la place publique, on peut dire que les nouveaux acteurs de la guerre se sont structurés de manière proto-étatique avec, d'une part, les moyens de coercition et, d'autre part, les moyens de financement, c'est-à-dire deux des attributs principaux de tout phénomène étatique. Cette forme de guerre ne poursuit plus des buts politiques mais économiques (prédation, pillage, rançonnement des populations, etc.). Par conséquent, nous ne sommes ni face à un phénomène passager, ni face à des adversaires occasionnels et désorganisés, ni face à une simple recrudescence du banditisme ou de la délinquance : il y a mutation de l'art de la guerre, mutation dont nous commençons à peine à prendre conscience.

    Signalons au passage que l'argument invoqué habituellement à la présentation de cet état de fait consiste à dire que c'est le travail de la police de lutter contre ce type de menaces internes. Cependant, l'argument tourne court étant donné l'affaiblissement général de l'Etat en Europe depuis la fin de la Guerre froide. Ajoutons que la crise financière de 2008 a mis les Etats européens dans une situation encore plus précaire, avec des programmes d'austérité budgétaire affectant fortement les fonctions régaliennes de l'Etat, dont la sécurité. A ce propos, l'exemple français est très parlant : le pays dispose du plus haut taux de forces de police en Europe, pourtant il ne contrôle plus ses banlieues et le gangs qui y sévissent. En ce qui concerne la Suisse, le rapport USIS (Réexamen du système de sécurité intérieure de la Suisse : Forces et faiblesses du système actuel, 2001) avait relevé il y a quelques années qu'il manquait entre 2'000 et 3'000 policiers pour garantir la sécurité du pays. Ce rapport est resté sans suite.

    A ce stade, il convient de faire intervenir la notion d'équilibre de la terreur. Car, si la guerre s'insinue dorénavant dans le corps social, son corollaire  - l'équilibre de la terreur - change également d'échelle. Alors qu'au XXe siècle il se situait entre les Etats, notamment avec l'équilibre nucléaire entre les grandes puissances, il redescend aujourd'hui directement au niveau des individus. Ce changement d'échelle, aussi difficile soit-il pour nous de le concevoir et de l'accepter, est pourtant une des principales conséquences de la transformation de la guerre. Au même titre que l'Etat devait protéger sa souveraineté par la dissuasion armée, l'individu doit aujourd'hui veiller à sa propre sécurité, à celle de ses biens inaliénables que sont la vie, l'intégrité corporelle, la liberté et la propriété[9]. Comme l'Etat se dotait des outils propres à garantir sa souveraineté, l'individu doit pouvoir - s'il le souhaite - disposer des armes nécessaires. C'est là la conséquence pratique de ce changement d'échelle de l'équilibre de la terreur.

    A l'appui de cet argument, il est intéressant de se remémorer les limites que Hobbes fixe lui-même à son Léviathan : l'individu abandonne sa liberté au profit de l'Etat en contrepartie de la sécurité, mais cet abandon ne dure que tant que l'Etat peut garantir cette sécurité, lorsque ce n'est plus le cas l'individu récupère immédiatement son droit à l'autodéfense parce que c'est un droit naturel qui n'est soumis à aucune convention.

    Dans un tel contexte, il apparaît donc peu rationnel de vouloir "désarmer" les citoyennes et les citoyens pour tenter de vivre dans une société sans violence. Pour paraphraser une formule connue, "si vous ne vous intéressez pas à la guerre, la guerre en revanche s'intéresse à vous". En témoigne la tuerie programmée (heureusement déjouée) de Copenhague, les attaques de supermarchés à l'explosif et à la kalachnikov, les rezzous nocturnes sur les dépôts et les magasins.

    A la lumière de ces quelques éléments, on constate qu'en dépit des réactions émotionnelles des individus, l'histoire continue : une fois de plus l'Europe se recompose à l'échelle macro-historique, une fois de plus cette recomposition se déroule de manière hautement conflictuelle, une fois de plus les individus seront amenés à défendre leur vie et leurs biens.

    Bernard Wicht (Revue militaire suisse, janvier 2011)

    [1] Cf. notamment René GIRARD, La violence et le sacré, Paris, Grasset, 1972. Dans son explication de ce qu'il appelle l'économie de la violence, l'auteur insiste sur le nécessaire exutoire dont celle-ci a besoin : « Quand elle n'est pas satisfaite, la violence continue de s'emmagasiner jusqu'au moment où elle déborde et se répand aux alentours avec les effets les plus désastreux » (p. 21).

    [2] Les historiens de la longue durée considèrent la suite presque ininterrompue de conflits entre 1914 et 1991 comme le véritable moteur de l'histoire au XXe siècle : d'où l'expression de Longue Guerre. Cf. notamment Philipp BOBBITT, The shield of Achilles : war, peace and the course of history, Londres, Allen Lane, 2002.

    [3] C'est  le constat de George L. MOSSE, L'image de l'homme : l'invention de la virilité moderne, trad., Paris, Abbeville, 1997. L'auteur relève, après 1945, ce passage de l'idéal viril vers des contretypes (androgynie, mouvement gay). De son côté, la psychologie détecte dans le même sens l'émergence de ce qu'elle appelle le „mâle doux" en lien avec cette transformation de l'idéal masculin, cf. notamment Robert BLY, L'homme sauvage et l'enfant : l'avenir du genre masculin, trad., Paris, Seuil, 1992.

    [4] Cf. en particulier Martin VAN CREVELD, La transformation de la guerre, trad., Monaco, éditions du Rocher, 1998.

    [5] Loretta NAPOLEONI, Terror Inc : tracing the money behind global terrorism, Londres, Penguin Books, 2004.

    [6] Thierry CRETIN, Mafias du monde : organisations criminelles transnationales, actualité et perspectives, Paris PUF, 3e éd., 2002.

    [7] Jean-Paul GOUREVITCH, L'économie informelle : de la faillite de l'Etat à l'explosion des trafics, Paris, Le Pré aux Clercs, 2002.

    [8] Estimation de la police française

    [9] Ces biens inaliénables de l'individu sont ceux définis par la philosophie politique moderne à partir des travaux de John Locke et des Lumières, qui constituent la base des droits fondamentaux de l'individu.

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  • L'art du combat...

    Les édition du CNRS viennent de publier Le Livre de l'Art du Combat, un ouvrage du XIVe siècle consacré aux techniques de combat à l'épée et au bouclier et illustré par de nombreuses gravures. L'ouvrage est traduit pour la première fois en français et commenté par deux historiens Frank Cinato et André Surprenant, le premier étant, par ailleurs praticien des Arts Martiaux Historiques Européens. A découvrir...

     

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    " Le plus ancien livre de combat connu en Occident. Un manuscrit unique, composé d'aquarelles dessinées à la plume let commentées en latin : la leçon d'un maître d'armes au tournant des XIIIe et XIVe siècles, enseignant à ses élèves une synthèse originale des pratiques de combat ancestrales de l'Europe romane, germanique ou celtique. Une oeuvre inachevée, énigmatique, traversée d'un souffle puissant. Voici la première édition critique, traduite en français et enrichie d'une analyse pluridisciplinaire éclairante, de cette œuvre déjà célèbre sous le nom de Royal Armouries MS. I.33. Le maître d'armes est un ecclésiastique, héritier d'une pensée scolastique qui déborde sur l'éducation du corps. Centré sur le maniement raisonné de l'épée et du bouclier, son enseignement renverse les préjugés relatifs à la brutalité des pratiques de combat médiévales. Et montre que l'escrime de cette époque n'a rien à envier, en termes de richesse, aux arts martiaux traditionnels d'Orient."

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  • Dans les pas de Dominique Venner...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un numéro spécial de l'émission Passé - Présent, diffusée sur TV Libertés le 7 juillet 2015 et consacré à la Nouvelle Revue d'Histoire, revue fondée par Dominique Venner, et tout particulièrement à son numéro hors-série (n°10, printemps - été 2015) sur le thème de la guerre. Philippe Conrad, directeur de la publication, est interrogée par Elise Blaise...

     

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  • Dans les laboratoire du dieu de la guerre...

    Le magazine Sciences et Avenir vient de publier un numéro hors-série (n°182, juillet-août) sur le thème « Science et guerre, nouveaux conflits, nouvelles technologies. Cyberguerre, Drones, Soldat du futur, Propagande, Nucléaire, Robots...

     

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    Au sommaire :

    Édito

    Une paix traversée de guerres 

    Rencontre

     « Le champ de bataille classique disparaît »

    Propagande

     Internet, arme de persuasion massive

    Drones

    L'envol de l'avion sans pilote

    Tuer n’est pas jouer

    Cyberguerre

    L’armée des nombres

    Le cyberespace sur écoute

    La France a son Pentagone 

    Armée high tech

    Le pari du soldat augmenté

    La tenue de combat du futur

    Les robots montent au front

    La guerre à la vitesse de la lumière 

    Espace

    L’œil infaillible des satellites espions

    Guerre froide sur orbite 

    Nucléaire

    Simuler ... pour mieux dissuader

    Trente ans d’hiver ... 

    Agents toxiques

    Le spectre de l'attaque biologique

    Quarante-huit heures pour administrer un antidote

    « Le risque: qu’une forme virale dangereuse échappe au contrôle »

    Un héritage empoisonné

    De l’eau qui vaut de l’or

    Le ciel nous tombera-t-il sur la tête ?

    « Les modifications climatiques vont exacerber les conflits » 

    Cinéma

    La guerre dans le viseur des cinéastes

     

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