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france - Page 49

  • La France de Nicolas Sarkozy...

    Les éditions Desclée de Brouwer publient cette semaine La France de Nicolas Sarkozy, un recueil des chroniques de François Taillandier publiées dans le quotidien L'Humanité entre 2007 et 2011. Auteur de plusieurs essais, comme Les parents lâcheurs (Rocher, 2001), François Taillandier est aussi romancier et a, notamment, écrit une magnifique fresque romanesque en cinq volumes, intitulée La grande intrigue, parue chez Stock (mais en cours de publication en poche dans la collection Folio), que nous vous recommandons.

    Métapo infos a reproduit deux textes de cet auteur, «Pass contraception : just do it» et «Le bruit des baskets», que nous vous invitons à découvrir...

     

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    "2012 est une année d’échéance électorale importante pour la France : présidentielles, légistlatives, avec peut être une alternance en vue. C’est aussi l’occasion de bilans d’ordre politique, économique ou de société. À la croisée des chemins, notre société s'interroge sur ses options fondamentales.
    Mais qu’est donc devenu la France au cours du quinquennat de Nicolas Sarkoy ? En quoi a-t-elle changé ? Est-ce le pays du « Président des riches » pour reprendre le titre d’un récent best-seller ? Quelles sont les valeurs et les mentalités de ceux qui l’habitent ?
    En reprenant et relisant ses chroniques écrites pour le quotidien L’Humanité durant toute cette période, François Taillandier dresse un tableau vif et suggestif de notre société contemporaine."

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  • Afghanistan :le service inutile ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Lhomme, cueilli sur Metamag et consacré à l'impasse de l'engagement français en Afghanistan au service des intérêts américains...

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    Afghanistan : le service inutile

    Quatre nouveaux morts en Afghanistan et douze blessés rapatriés à l’hôpital militaire de Clamart, dont cinq dans un état grave. Le bilan est préoccupant pour l’armée française. Dès le vendredi, le Ministre de la Défense, Gérard Longuet ne mâchait pas ses mots et qualifiait la dernière attaque d’« assassinat ». On susurrait même la remise en cause de notre présence à Kaboul.

    Les quatre militaires français ont été abattus à l’intérieur de leurs bases, alors même qu’ils faisaient leurs exercices physiques du matin. Ils n’avaient donc ni armes, ni gilets pare-balles lorsqu’un homme, habillé en soldat afghan, a tiré à l’arme automatique dans la cour. Il s’agirait d’un élément taliban infiltré récemment, d’un opposant à la coalition, qui n’aurait pas supporté la vidéo récente (sur Liveleak) de marines américains urinant sur les cadavres d’insurgés, une bouteille d’eau placée même, de manière très équivoque, entre les cuisses d’un des corps.


    L’armée française assure la formation de ces recrues afghanes en les entraînant au maniement des armes, à l’usage des explosifs. Mission risquée puisque, parmi ces soldats, comme dans toute guerre de partisan, des éléments hostiles peuvent être infiltrés. Le mois dernier déjà, au moment où nous procédions à une analyse géopolitique du conflit, deux légionnaires français étaient tués, dans le dos  et à bout portant, par un afghan portant l’uniforme.

    « Plus question d’aller au contact de ces militaires ». C'est la mesure immédiate prise par Nicolas Sarkozy, le matin même de la nouvelle qui tombait très mal; c’était le jour où il adressait ses vœux au corps diplomatique. «Toutes les opérations de formation et d’aide au combat sont suspendues ». Et Nicolas Sarkozy de rajouter comme à son habitude, dans l’émotion et la précipitation, « si les conditions de sécurité ne sont pas clairement établies, se posera la question du retour du contingent français en France ».

    Les Américains bloquent notre départ

    Le lendemain, Gérard Longuet n’en dit pas un seul mot devant les corps de nos cinq soldats à Kaboul. C'est qu’entre temps et très rapidement, la réponse américaine n’avait pas tardé et pas par la bouche de n’importe qui. Par celle de Hillary Clinton. C’est-à-dire directement en provenance du clan pro-guerre et sioniste de la Maison Blanche : « Nous n’avons aucune raison de penser que la France ne va pas continuer à prendre part au processus délicat de transition » déclara, dans une posture très solennelle, Hillary Clinton. La menace clintonnienne, qualifiée hypocritement d’ « injonction courtoise », est transparente : il n’est pas question, pour les Etats-Unis, de se retrouver seuls en Afghanistan.

    Un autre, en France, avait déjà fait le boulot atlantiste, c’est le soi-disant « spécialiste de la défense », en réalité porte-parole servile et notoire du contre-espionnage français, Pierre Servent. Pour lui, les conséquences d’un retrait de nos troupes d’Afghanistan avant 2014, date officiellement retenue, seraient catastrophiques.

    Cela donnerait un signe négatif à la coalition, en adressant un message indirect aux autres pays membres de s’en retirer. Et second signe, qui serait pire sur le terrain, selon lui, c’est que cela conforterait les Talibans dans leur stratégie de déstabilisation, les encouragerait à poursuivre ce type d’opérations. Pierre Servent feint d’ignorer la débandade occidentale sur place, la fragilité des positions françaises et l’évolution négative de la situation.

    En attendant, Paris vient d’envoyer une délégation ministérielle à Kaboul. Elle doit y évaluer les conditions de sécurité de nos troupes. Un retrait d’Afghanistan est-il possible ou sommes-nous pris dans un bourbier, enserrés dans un piège ? Et quel bourbier ? Quel piège ? Le piège géopolitique de la vision « démocratique » de la gouvernance mondiale. Pourtant, le retrait est peu sûr, voire improbable. Pourquoi ? La guerre d’Afghanistan a été perdue.

    Nicolas Sarkozy ment: nous avons perdu la guerre

    La guerre en Afghanistan est une guerre perdue pour le camp occidental. On ne fait aujourd’hui qu’y chercher une sortie honorable, pour éviter le même type d’humiliation subie par les soviétiques, il y a 23 ans. L’opinion publique américaine ne voit plus l’intérêt de maintenir des troupes là-bas et le retrait est planifié pour fin 2014. En France, alors que cette opération extérieure coûte la bagatelle de un million d’euros par jour, seuls quelques nationalistes défilent dans la rue, à Lyon, pour réclamer la fin de la guerre. L’opinion publique est amorphe. Puis, il y a la surenchère électoraliste d’un François Hollande promettant, s’il est élu Président, de retirer, avant la fin de l’année, une partie de nos troupes.

    Nicolas Sarkozy, au plus bas dans les sondages, a peut-être cru qu’il fallait, là-aussi, prendre le train en marche. Il aurait eu au téléphone, vendredi, son collègue Obama qui lui aurait promis de lui laisser toute l’initiative de prendre une décision. C’est oublier qu’en politique étrangère et dans le domaine de la Défense, Obama ne tient rien du tout et qu’il est même ligoté, depuis le début, par l’accord passé au moment des primaires de 2008 avec les clintonniens.

    Il est vrai qu’un retrait français, dans la situation actuelle, serait un coup dur, voire fatal pour la coalition et qu’il n’est donc pas envisageable puisqu’il hypothéquerait, de fait, toutes les chances de stabilisation de la région. Car, dans quel état se trouve maintenant le pays ?

    Le Président Hamid Karzaï est un homme corrompu et l’Afghanistan se prépare à vivre des lendemains d’autant plus sombres que les Talibans gagnent du terrain partout. Ils ont infiltré les services de sécurité afghans et le tiers de l’armée pakistanaise voisine. Toute la région afgho-pakistanaise est devenue une poudrière et l’Inde est de plus en plus inquiète et menacée à l’Ouest mais aussi d’ailleurs à l’Est par les rébellions maoïstes. Elle s’attend, d’ailleurs, à des attentats ou à des opérations sur son territoire et ses services secrets sont, comme toujours, en état d’alerte maximale. L’Inde, dont l’Afghanistan constitue un état tampon pour sa sécurité, semble perdre ses appuis tribaux officieux sur le terrain.

    C’est que le peuple afghan, il faut bien le dire, est un peuple noble, guerrier, mais aussi tortueux. Les mallettes de dollars, l’héroïne, les promesses chinoises, sont autant de raisons de trahir, aujourd’hui, les amis d’hier. Comment les occidentaux pourraient-ils leur faire confiance ? Les Américains, souvent ignorants de l’Orient, y ont peut-être cru; pas les Français.

    L’Asie centrale est, avec l’Irak où Obama a retiré ses troupes, l’échec cuisant de la géopolitique mondialiste. Croire qu’on pourrait contenir la puissance chinoise par l’Orient était déjà un rêve chimérique, le résultat d’une vision cartographique quelque peu dépassée à l’ère satellitaire et cybernétique. Les Talibans vont devenir les maîtres de l’Afghanistan et, en Irak, l’Iran a tous les atouts pour actionner ses alliés chiites et faire, de ce pays, une énième république islamique.

    Ainsi, l’échec de l’intervention afghane est un double échec pour les Occidentaux. Que Longuet rectifiasse le tir sarkoziste maladroit en n’évoquant plus, sur place, le retrait ou l’accélération du retrait anticipé de nos troupes ne changera rien. Nous continuerons d’essuyer des pertes et nous partirons, comme les Anglais de Gandarak, comme les Soviétiques, la queue entre les jambes.

    Un soldat afghan simplement résistant

    Le soldat afghan qui a tiré à l’arme automatique sur nos soldats avait 21 ans. Soyons franc et juste. D’un point de vue patriotique, son parcours est exemplaire : il avait déserté de l’armée nationale de collaborateurs en s’en faisant renvoyer, était parti compléter sa formation au Pakistan pour se réengager dans l’armée officielle d’un point de vue résistant. Nous savons bien, depuis les guerres d’Indochine et d’Algérie, que n’importe quelle armée régulière, aussi performante technologiquement parlant, ne peut rien contre le sentiment national d’un peuple, la fierté identitaire d’un soldat-militant. C’est le propre des sales guerres de partisan que de n’être jamais loyales. Il est évident que les officiers français, sur le terrain, sont déstabilisés et ont perdu la confiance qu’ils avaient pu avoir –si tant est qu’ils l’ont eu! – avec l’armée afghane.

    Le ministre de la Défense, Gérard Longuet, a rencontré samedi un général afghan pour déterminer les circonstances de la mort des Français et pour adresser un message de fermeté. Il lui aurait demandé de s’engager sur la loyauté de ses troupes et de faire des contrôles internes pour contrer toute infiltration terroriste. C’est un peu croire au Père Noël.

    Déjà, pour connaître personnellement le terrain, la loyauté n’a pas du tout le même sens en français et en urdu. Les soldats français, indéniablement, se sentent trahis. Un entretien est prévu entre le Ministre français et le Président Karzaï. Longuet devrait rentrer avec un rapport sous le bras pour établir la sécurité de nos 3 600 soldats sur place et en parler avec Nicolas Sarkozy de retour de Guyane.

    Dès le samedi 21 janvier, soit le lendemain de l’attaque du camp français de Fob Gwan, les Talibans revendiquaient l’attaque et avouaient avoir recruté des militaires dans l’armée nationale afghane. Qu’il y ait diversifications des interventions terroristes en Afghanistan ne fait aucun doute sans compter que l’armée afghane recrute à la va vite et très largement des éléments, pas forcément talibans mais hostiles –ne serait-ce que par le fait religieux – aux forces occidentales.

    Combien de sympathisants talibans parmi les quatre-vingt mille hommes qui constituent aujourd’hui l’armée nationale ?  La question hante forcément les états-majors occidentaux et personne n’a la réponse. Ce qui est certain, c’est que ce type d’opérations s’est multiplié l’année dernière dans les bases militaires américaines mais que, jusqu’alors, l’armée française avait été épargnée. De plus, à partir du moment où les troupes de l’Otan ne sortent plus ou sortent moins et se replient sur leurs bases, ce type d’opérations sera de plus en plus courant.

    L'armée française victime de l'atlantisme et de l'Etat major

    C’est la logique de la guerre et du combat comme est naturelle la haine grandissante dans le camp afghan des soldats occidentaux, de ces marines américains urinant sur les cadavres. Les soldats afghans le disent : ils ont de plus en plus le dégoût et le rejet de l’armée américaine et de ses méthodes : paroles humiliantes, opérations nocturnes contre les civils. Tout cela finit forcément par s’accumuler dans le sentiment anti-américain. Or, pour un soldat afghan de base, il n’y a guère de différence entre un soldat américain et un militaire français.

    Pourtant, il y en a bien une, qu’on ne relèvera jamais. Les hommes qui périssent en Afghanistan sont des militaires chevronnés et formés. Nous pouvons même dire que ce sont les meilleurs d’entre eux. L’armée américaine a beaucoup moins de scrupules pour ceux qu’elle envoie au front. Ce sont des haïtiens, des latinos en quête de papier. Nous avons suivi le parcours d’un d’entre eux pour la carte verte, après le tremblement de terre de Port-au-Prince. Engagé en août 2009, six mois de formation aux Etats-Unis, six mois sur la base d’Okinawa au Japon et le voilà arrivé, la semaine dernière en opération en Afghanistan, la tête bourré de préjugés, à peine formé au maniement des armes et sans aucune notion de civilisation.

    Ces soldats américains, qu’on rencontre sur le terrain, n’ont donc rien à voir avec l’intelligence et la formation morale de nos soldats avec lesquels, par la faute de la haute hiérarchie militaire, ils seront pourtant confondus. C’est à ce titre que l’amiral Edouard Guillaud, toujours à la remorque des politiques, y compris comme artisan de la charia-cratie en Libye, peut être considéré comme responsable de l’aveuglement stratégique de la position française, à la différence du général Desportes. Le patron de l’Ecole de Guerre avait, à l’été 2010, tiré la sonnette d’alarme dans Le Monde, en un texte incisif mais clairvoyant, pour lequel le pacha Guillaud, dans une colère noire, s’empressa de le limoger avec fracas, puisque Nicolas Sarkozy, en lisant l’article du Général Desportes, était rentré dans un état sauvage !

    La fin de la France en tant que nation? Ce n’est pas seulement les échecs de la politique de la ville en banlieue, la désindustrialisation de l’économie. C’est aussi la dépendance stratégique dans lequel la lâcheté de l’état-major français et les  diplomaties atlantistes de nos politiques nous ont conduits. Un constat pour l’armée française amer, violent et sans concessions de la fin de la « France ».

    Michel Lhomme (Metamag, 25 janvier 2012)

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  • Les écrivains et l'occupation...

    Alors que les éditions Gallimard doivent publier au mois d'avril un volume d'oeuvres de Pierre Drieu la Rochelle dans la collection de la Pléiade, le Magazine Littéraire consacre le dossier de son numéro de février 2012 aux écrivains pendant la période de l'occupation. 

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    "Tandis que le monde affronte l’une des plus grandes crises économiques de son histoire, la période de l’Occupation en France offre le meilleur terrain d’étude et de méditation. Comment les écrivains ont-ils réagi ? Claire Paulhan nous guide dans les archives où se reflète la complexité des options pour les écrivains de l’époque. Le Magazine Littéraire revient sur le difficile cas Drieu la Rochelle, avant de tracer l’itinéraire de ceux qui ont fui outre Atlantique comme Saint-Exupéry ou Saint-John Perse. Sous forme de courts portraits, le Magazine Littéraire décrit le parcours de onze auteurs (Cocteau, Giono, Guitry, Sartre…) durant les «années noires», de lignes droites en zigzags, d’attentismes en revirements.

    Dossier coordonné par Maxime Rovere, avec Claire Paulhan et les contributions de : Laurent Jeanpierre, Gisèle Sapiro, Emmanuelle Loyer, Hélène Baty-Delalande, Olivier Barbarant, David Alliot, Dominique Fernandez et Pierre Assouline."

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  • Le soulèvement ou l'effondrement...

    Vous pouvez regarder ci-dessous une intervention particulièrement percutante de l'économiste hétérodoxe Frédéric Lordon à l'occasion d'une table-ronde organisée par l'association ATTAC.


    "Leur dette, notre démocratie" : Frédéric Lordon par BTrenaissance

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  • On peut endiguer la violence !...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Xavier Raufer, cueilli sur le site de Valeurs actuelles et consacré à la criminalité de rue et à la possibilité qui existe de la combattre efficacement sous réserve d'en prendre , et d'en assumer, la décision politique...

     

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    On peut endiguer la violence !

    Au foot, on appelle classico un match événement rituel, attendu, presque inévitable. Eh bien, voilà un classico de tout début de campagne électorale, version droite : l’oubli de la sécurité. Cela ne rate jamais : dès que s’amorce une campagne majeure, présidentielle ou législative, la droite parlementaire, qui pourtant ne devrait pas avoir à rougir de son action – surtout par rapport à la gauche –, occulte les pro­blèmes criminels.

    Prolixe sur tout le reste – chômage, pouvoir d’achat, certes importants, nul n’avancera le contraire –, elle ne pipe mot sur ce sujet stratégique.

    Tout aussi classiquement bien sûr, la réalité insupportable (mais « irrémédiable », ajoute le philosophe Clément Rosset) se rappelle vite et fort aux oublieux qui, en matière criminelle, bricolent alors dans la panique une stratégie de communication sur ce dossier pourtant incontournable. In­contournable car, dit l’Insee, 15 des 63 mil­lions de Français habitent les « espaces pé­riurbains », banlieues, quartiers et cités souvent marqués par le crime et les violences urbaines, ce qui fait, excusez du peu, 10 millions d’électeurs. Des territoires soit ravagés par le crime – Marseille et sa région, la Seine-Saint-Denis –, soit craignant de subir bientôt de telles violences : tout l’environnement urbain du millier de “quartiers sensibles” recensés en France.

    Rappelons qu’à Marseille la police a confisqué 72 fusils d’assaut Kalachnikov de janvier à novembre 2011, ce qui signifie clairement, au rythme où vont les saisies d’objets illicites, qu’il en circule des centaines d’autres, toujours aux mains des bandits. Sans oublier ce que, sur place, on appelle gentiment un “barbecue” : une tuerie entre gangsters qui voit un véhicule incendié avec son ou ses occupants. Or ces “barbecues” se font désormais non plus à l’unité mais en gros, par deux ou trois voyous assassinés, victimes d’une constante et féroce guerre des gangs.

    Mais il n’y a pas que les “barbecues”, ni que Marseille : la criminalité en col blanc sévit aussi. Là, fleurissent les escrocs financiers : les Madoff éclosent comme cham­pignons après la pluie, devenant une sorte de spécialité rurale, type crêpes ou fromages : après “le Madoff du Chinonais”, voici celui “du Boulonnais”, etc.

    Il y aurait donc à dire sur les diverses criminalités affectant la France – mais hélas, les ténors de la droite parlementaire se taisent ! Retroussons donc nos manches et rappelons ici quelques fondamentaux en matière de sécurité. En France, la “criminalité des rues” – braquages, agressions, violences, cambriolages, incendies volontaires, etc. – affecte surtout 26 départements métropolitains. Les “noyaux durs”, acteurs essentiels de cette criminalité, sont peu nombreux : de 3 000 à 4 000 individus pour toute la France. Si peu ? Oui, car la criminologie contemporaine a isolé et défini un type criminel original, le “prédateur violent”, qui, seul ou en groupe, commet une énorme masse d’infractions. On estime ainsi – ce que confirment des statistiques d’Île-de-France – que 5 % des malfaiteurs accomplissent la moitié des méfaits ; à 18 ans, ces hyperactifs du crime sont déjà connus pour 50, voire 100 infractions ! Cela, le réel criminel le confirme : voici trois ans, en grande banlieue parisienne, le décès (accidentel) de deux caïds a permis de voir la criminalité locale diminuer de moitié.

    Allons plus loin : ces quelques milliers de bandits sont-ils inconnus ? Vivent-ils dans la clandestinité ? Au contraire ! À domicile, ils sont célèbres, passant leur vie au commissariat (“Encore toi, Momo !”) ou chez le juge. À force de rédiger des procès-verbaux à leur propos, les brigades anticriminalité (Bac) de banlieue en savent localement la liste par cœur.

    Enfin, on sait que ces criminels hyperactifs sont imperméables à tout travail social – ils récidivent d’usage, à peine sortis de réinsertion. En revanche, un renseignement criminel ciblé et précis les neutralise efficacement, dans le plus strict respect des lois en vigueur. Un précédent existe, parfaitement datable : celui de l’année 2000. Deux ans avant le passage à l’euro et ses multiples convois de billets de banque qui sillonnent le pays, la police cible précisément les gangs de braqueurs de fourgons ; elle anticipe leurs actions, les “marque à la culotte”. Résultat (sans nul travail social associé ni subventions généreuses, insistons bien) : un braquage de fourgon dans toute l’année, contre en moyenne… deux par mois.

    Mais alors, s’indigne le lecteur, qu’attend-on ? Si la police sait faire, si la cible est connue, si l’on peut vraiment réduire la “criminalité des rues”, que ne le fait-on ? C’est que, dans un État de droit, la police n’agit pas d’initiative. Elle obéit aux ordres de l’exécutif – et la décision de faire de ces prédateurs violents une priorité est éminemment politique – premier cours de Sciences Po, “Est souverain celui qui désigne l’ennemi”.

    La campagne présidentielle commence – là encore, rien de plus politique. Le candidat qui saura emprunter la voie réaliste, celui qui garantira à la France périurbaine le retour à la paix et au calme, fera un grand pas vers la victoire.

    Xavier Raufer (Valeurs actuelles, 12 janvier 2012)

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  • La grande démolition...

    Les éditions Buchet-Chastel  publient cette semaine un essai de Roland Hureaux intitulé La grande démolition - La France cassée par les réformes. Haut-fonctionnaire de sensibilité souverainiste, Roland Hureaux collabore régulièrement à Valeurs actuelles et au site de l'hebdomadaire Marianne. Il est, par ailleurs, l'auteur de nombreux essais d'analyse politique.

     

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    "La réforme ! Quel politique ne s’est pas fait élire autour d’un programme réformateur ? C’est même sur ce seul mot, en guise de rupture, que Nicolas Sarkozy a fondé sa campagne de 2007. En fait de rupture promise, nous n’avons eu que la plus parfaite continuité. Et Nicolas Sarkozy n’est finalement que la version gesticulatoire de la logique perverse dictée par l’esprit idéologique qui sévit depuis une vingtaine d’années. Différentes réformes passent ainsi sous la plume critique de l’auteur : éducation nationale, réforme des communes, fusions-acquisitions de différentes administrations, logique de l’entreprise appliquée à l’État… Derrière cette maladie de la réforme, se cache l’idéologie libérale qui, comme toute idéologie, demande sa ration quotidienne de réformes, de mouvements, de bruits… Par paresse intellectuelle, par manque d’envergure politique, les gouvernants ont préféré nourrir le monstre plutôt que de construire pierre à pierre un système stable. Finalement, la véritable réforme ne serait-elle pas d’abolir la majeure partie de celles qui ont été menées durant ces dernières années afin de revenir aux bases solides et simples de la Ve République ? À l’approche d’élections décisives, alors que la crise économique fait rage depuis déjà trois ans, il est temps de montrer à quel point les réformes coûtent au pays en cassant peu à peu ce qui fait sa richesse et sa stabilité."

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