La matinale de Ligne droite recevait Grégoire Gambier, formateur de l’Institut Iliade et directeur de la collection Iliade aux éditions de la Nouvelle Librairie pour évoquer avec lui la question des vraies racines de l'Europe.
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La matinale de Ligne droite recevait Grégoire Gambier, formateur de l’Institut Iliade et directeur de la collection Iliade aux éditions de la Nouvelle Librairie pour évoquer avec lui la question des vraies racines de l'Europe.
Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Rodolphe Cart, cueilli sur le site de la revue Éléments et consacré aux choix diplomatiques à faire dans le conflit israélo-palestinien...
Collaborateur occasionnel d’Éléments, Rodolphe Cart est l'auteur de deux essais Georges Sorel - Le révolutionnaire conservateur (La Nouvelle Librairie, 2023) et Feu sur la droite nationale ! (La Nouvelle Librairie, 2023).
Conflit au Proche-Orient : peut-on encore défendre le non-alignement ?
Si le conflit russo-ukrainien a donné lieu à des anathèmes, des attaques verbales et des disputes d’une rare intensité, il faut reconnaître que ce n’était qu’un avant-goût en comparaison du climat médiatique actuel. Suite à l’embrasement du Proche-Orient, l’ensemble des boussoles idéologiques, passionnelles et géopolitiques se sont affolées dans un capharnaüm peu commun. Oubliés le cas ukrainien et le nouveau passage en force du gouvernement par le 49.3, et place au conflit israélo-palestinien qui doit servir de vecteur de reconfiguration de la vie politique française. Chacun est sommé de choisir un camp, sous peine d’être considéré comme un « confusionniste », un « lâche » ou même un « collabo’ ». Une chose est certaine, la majorité de la classe médiatique et politique (hors LFI) s’est rangée dans le « soutien inconditionnel à Israël » – même si les bombardements israéliens sur Gaza font émerger des voix discordantes. Toutefois, l’intérêt de la France consiste-t-il à prendre parti pour l’un des deux camps ? Le chamboulement international ne permet-il pas à la France de pouvoir renouer avec le non-alignement ?
Un climat de dénonciation
Ces derniers mois, l’enchaînement des événements dramatiques bouscule le monde politique. Preuve de cet emballement, une expression est revenue dans les débats : « cinquième colonne ». Pour le député franco-israélien Meyer Habib, les réactions d’une partie de la gauche, Insoumis en tête, à l’attaque contre l’État hébreu, confirment l’existence d’une « cinquième colonne » pro-islamiste. Arnaud Robinet, maire de Reims (Horizons), reprend aussi l’expression et appelle même à lever l’immunité parlementaire pour porter plainte contre les députés Insoumis. Comme si cela ne suffisait pas, un groupe de seize sénateurs français, avec en tête le sénateur Stéphane Le Rudulier (LR), a présenté un projet de loi visant à pénaliser la critique du sionisme.
L’émergence de cette expression, dans le débat public, n’est pas anodine. Aussi faut-il rappeler qu’elle nous vient de la guerre civile espagnole (1936-1939). La « cinquième colonne » désigne le traître embusqué à l’intérieur d’un pays ou d’une armée, prêt à se réveiller – ou à pactiser avec l’envahisseur –pour prendre à revers les forces en place. Cette notion est fondamentale pour comprendre la politique moderne, car c’est elle qui permet de faire bloc contre un ennemi clairement désigné. Aussi sert-elle à désigner un « camp » de façon englobante et sans nuances, installant par là une grande confusion intellectuelle au sein de la société. « La manifestation pour la République et contre l’antisémitisme sera un marqueur pour savoir de quel côté chacun se trouve », a estimé le journaliste Pascal Praud sur CNews en évoquant la manifestation du 12 novembre.
Le climat du débat politique actuel nous ramène directement en 2015, lors des attentats commis sur le sol français. Au moment de la commémoration de l’attaque contre l’Hyper Cacher, le Premier ministre de l’époque, Manuel Valls, avait rejeté toute tentative d’explication à la fabrique de jihadistes. « Pour ces ennemis qui s’en prennent à leurs compatriotes, qui déchirent ce contrat qui nous unit, il ne peut y avoir aucune explication qui vaille ; car expliquer, c’est déjà vouloir un peu excuser. » Il avait renchéri devant l’Assemblée en affirmant qu’« aucune excuse ne doit être cherchée, aucune excuse sociale, sociologique et culturelle » ne devait être cherchée au terrorisme. À l’époque, Marcel Gauchet jugeait « particulièrement regrettable » cette phrase. « Pour bien combattre un adversaire, avait rappelé l’historien au micro de France Inter, il faut le connaître. C’est le moyen de mobiliser les esprits et de donner une efficacité à l’action publique. »
Expliquer n’est pas excuser
Si certains intellectuels ou journaux résistent à ces périodes d’émotion, la grande majorité de la classe médiatique – commentateurs de l’actualité, personnalités politiques et chaînes d’information en continu – discrédite ces initiatives d’historiens, de sociologues, de géopoliticiens ou de politologues, qui essaient de comprendre ces situations de crise sans tomber dans le jugement ou la punition. C’est proprement la démarche critique et objective de ces chercheurs qui est niée ; la recherche des causes est alors pointée du doigt comme une attribution des fautes.
Or, nous avons besoin de ces regards critiques sur des phénomènes tels que le terrorisme, l’islamisme, le sionisme et les affrontements armés au Proche-Orient. Sans cela, nous nous empêchons de comprendre ce qui les a rendus possibles et nous tombons dans le travers des explications binaires – comme le « conflit de civilisations » ou autres. Le sociologue Bernard Lahire, dans son livre Pour la sociologie (2016), explique : « Le droit à la connaissance la plus indépendante possible des questions morales, politiques, juridiques ou pratiques, ne devrait jamais être remis en question. Rien, en démocratie, ne devrait faire obstacle à la recherche désintéressée de la vérité. Comprendre n’a jamais empêché par ailleurs de juger, mais juger (et punir) n’interdit pas de comprendre. »
Le lendemain de l’attaque du Hamas, le vice-président des Républicains François-Xavier Bellamy avait dit au micro d’Europe 1 : « C’est un crime injustifiable, indéfendable, que personne n’a le droit de relativiser ». Une fois passée l’émotion des attaques, une telle déclaration, venant d’un homme politique aspirant à de hautes responsabilités, est blâmable pour la raison qu’elle empêche toute explication et suggère un jugement moralisant disant « ce qui est bien » et « ce qui est mal », ce « qu’il faut faire » et ce « qu’il ne faut pas faire ». Pourtant, le réalisme doit être la seule boussole de l’homme d’État – tout particulièrement dans les moments de crise.
Force est de constater qu’une reconfiguration idéologique se produit dans le paysage politique français. Si Serge Klarsfeld avoue que le RN de Marine Le Pen a rompu avec l’antisémitisme de ses origines, il s’inquiète de la résurgence d’un antisémitisme d’extrême gauche. Sur le sujet, l’ancien conseiller de Trump, Steve Bannon, conseillait déjà de toujours soutenir Israël, dans le but de pouvoir avancer sur une ligne dextrogyre sans encourir de reproche – on retrouve cette position à l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), ou encore chez Bolsonaro au Brésil ou chez Orban en Hongrie. Néanmoins, l’assimilation de l’antisionisme à l’antisémitisme impose, de fait, une épée de Damoclès dès lors que la politique de Tel-Aviv est mise en question.
Le Sud se rebiffe
L’offensive dans la bande de Gaza a démontré que la restructuration des relations internationales entre les pays du « Nord » et ceux du « Sud global » s’accélérait. Si le « Sud » désigne traditionnellement les pays de l’ancienne périphérie coloniale en retard vis-à-vis du « Nord » (pays historiquement développés et représentatifs du système euro-atlantique), aujourd’hui, il faut voir que les lignes bougent. Que ce soit aux Nations Unies (ONU) ou lors du cas de la guerre en Ukraine – où de nombreux pays (Brésil, Afrique du Sud ou Inde) ont refusé de condamner l’agression russe et donc sapé les sanctions occidentales –, nous voyons apparaître une opposition à la diplomatie internationale des États-Unis, d’Israël et des « caniches » européens (c’est ainsi que nombre d’entre eux nous désignent).
« La Chine est profondément préoccupée par l’intensification des tensions et la montée de la violence entre la Palestine et Israël, et elle est profondément attristée par les pertes civiles causées par le conflit », a déclaré le 9 octobre le ministère chinois des Affaires étrangères, appelant à un cessez-le-feu immédiat et à une désescalade. Le 1er novembre, la Russie a même haussé le ton, par la voix de son représentant permanent à l’Assemblée générale des Nations Unies (Vassili Nebenzia), en expliquant que l’État hébreu peut faire la guerre aux terroristes, mais pas à l’ensemble des Palestiniens. Ces positions marquent bien une affirmation du Sud, notamment sur la critique récurrente du « deux poids deux mesures » dans la condamnation des crimes commis de part et d’autre. Si la Chine ne figure plus dans « Sud » économiquement parlant, il faut aussi constater que ces pays rejettent de plus en plus l’autorité morale et politique occidentale – notamment la distinction entre autoritarisme et démocratie.
En accueillant six nouveaux membres lors du sommet de Johannesburg, les Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) ont affirmé cette volonté des pays émergents d’œuvrer au rééquilibrage planétaire en créant des réseaux de puissance diversifiés. On retrouve plusieurs signes de l’influence grandissante des pays émergents sur la scène mondiale. Tout d’abord, le « club des cinq » produit un quart du PIB mondial et rassemble 42 % de la population du globe. Avec l’entrée de l’Arabie saoudite, de l’Iran et des Émirats, les Brics contrôlent dorénavant 54 % de la production mondiale de pétrole. Ce n’est pas tout puisque, comme le souligne le chercheur Sébastien Abis, les Brics « représentent désormais 23 % des ventes mondiales agricoles (en valeur), contre 16 % au début du siècle ». Et cela sans parler des métaux rares, où des gisements sont présents en Russie, au Brésil et en l’Afrique du Sud – à noter aussi que la Chine qui détient déjà les deux tiers des terres rares sur la planète.
Les intérêts géopolitiques et stratégiques sont déterminants dans les élargissements des Brics. Pour preuve, bien que Alger et Moscou entretiennent des rapports cordiaux, l’Algérie ne fut pas acceptée lors du dernier élargissement – sûrement à cause des tensions avec le Maroc. Aussi la cooptation de l’Égypte se fit sur insistance de la Chine pour s’assurer une influence le canal de Suez par lequel transite une grande partie du commerce international. Malgré des divisions internes, les Brics n’hésitent alors plus – surtout la Chine – à se poser en faiseurs de paix contre le bloc occidental (sous domination américaine) assimilé au désordre, à la guerre et aux rapports de domination.
L’Occident en perte de vitesse
La restructuration du système international penche vers le polycentrisme. Alors qu’ils avaient dominé pendant un siècle et demi sur les plans économique, technologique et politique, les pays euro-atlantiques ne sont plus dans une position de prédominance – ce qui va augmenter les dangers de collision et les potentialités de conflits. À ce titre, il faut se souvenir que la gestion de la crise de 2008 provoqua un impact profond pour des pays comme la Chine. Maintenant détenteurs de moyens économiques, financiers et militaires importants, ces pays s’opposent à cet ancien ordre qu’ils considèrent comme profondément injuste et en décadence.
Les signes de l’affaiblissement de l’Occident sont multiples. Bien que le dollar reste dominant, les pays des Brics insistent pour encourager les monnaies nationales dans le commerce international et les transactions financières entre elles et leurs partenaires commerciaux. Aussi malgré l’intégration, dans le G20, de l’Union africaine, cet essoufflement se voit jusque dans les promesses occidentales faites auprès des pays pauvres. Dernièrement, la proposition, avancée par le président Joe Biden, de créer un « corridor » – pour contrer la Chine et sa « route de la soie » – reliant l’Inde et l’Europe via les Émirats arabes unis, Israël et la Jordanie, n’a pas été à la hauteur de ses promesses. Les dollars promis n’étaient pas là ; ce qui contraste avec la concrétisation d’autres corridors (comme l’International Nord-South Transport Corridor reliant la Russie, l’Inde, l’Iran, etc.).
Cette mise en concurrence internationale oblige les États à repenser leurs intérêts propres et les coopérations à même de pouvoir répondre à leur position stratégique. La fin du « moment unipolaire » signifie, comme le rapporte le professeur John Mearsheimer, la fin de l’imposition d’un « ordre planétaire fondé sur les valeurs de la démocratie libérale – État de droit, économie de marché et droits humains, sous la bienveillante autorité de Washington ». Cette reconfiguration internationale dévoile au grand jour la compétition ouverte entre les États, mais aussi les questions d’autonomie et de souveraineté. Exemple : la liberté de décision nationale de choisir ses fournisseurs et ses clients pour vendre, dans le cas français, des Airbus et acheter du gaz à l’Iran ; ou encore celle d’investir et d’utiliser ses capitaux sans tomber sous les sanctions du Trésor américain et de la dépendance à l’égard du dollar.
Dans ce genre d’« interrègne », le réalisme politique le plus froid impose cette seule ligne directrice : il n’y a aucun protecteur vers lequel se tourner en cas de menace de la part d’un État rival. Chaque État ne doit prendre soin que de lui-même – ce qui revient à s’assurer qu’il n’est pas faible. Née sous la protection américaine, l’Union européenne de la défense est un piège pour la France et la fin d’une politique de puissance et d’autonomie stratégique. L’intérêt français consiste à s’éloigner de cette dépendance pour devenir cette puissance régionale souveraine et dominatrice du continent, car « les ententes entre grandes puissances se nouent toujours à l’ombre d’une rivalité relative à leur sécurité » (Mearsheimer). Une France qui se maintient dans l’OTAN, c’est une France amoindrie, dominion et qui sort de cette compétition entre États.
La France à la croisée des chemins
La grande majorité des politiques et des médias s’est focalisée sur les crimes de guerres commis par le Hamas pour se ranger du côté de l’État hébreu. Si Von der Leyen affirma que « l’Europe soutient Israël », la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braund-Pivet déclara « au nom de la représentation nationale » un « soutien inconditionnel » à Tel-Aviv. Le Président Macron, toujours si prompt au dilettantisme, et même s’il parle dorénavant de cessez-le-feu (9 novembre), avait émis l’idée de transposer à la lutte contre le Hamas, la coalition internationale mise en place en 2014 pour détruire l’État Islamique. De son côté, Éric Zemmour, en déplacement dans le pays meurtri, n’hésita pas à associer la France et Israël – qu’il qualifie d’avant-poste civilisationnel – dans le même bloc occidental « en danger de mort ».
La politique française a depuis longtemps basculé vers une position pro-israélienne, héritage d’une diplomatie résolument atlantiste, otanienne et suiviste des Américains. Pourtant, au moment de la guerre des Six Jours de 1967, la France, si elle avait toujours soutenu Israël, critiquait aussi son appétence territoriale – De Gaulle désirant proposer aux pays arabes une alliance de rechange à l’influence soviétique. Si Giscard d’Estaing (action européenne de reconnaissance de la Palestine) et Mitterrand (deux fois des forces françaises sont envoyés pour sauver la direction de l’OLP au Liban) emboîtent le pas du général, une rupture intervient avec Sarkozy. Ce dernier purge les discours officiels des mots « occupation » et « colonisation » ; et Hollande poursuit la voie de son prédécesseur – on se souvient de son « chant d’amour pour Israël et pour ses dirigeants » à l’État juif lors de sa visite d’État hébreu.
L’intérêt de la France est-il de pousser à cet affrontement de « l’Ouest et le reste », entre le Nord et un « Sud global » ? La France doit-elle continuer à inscrire son destin dans celui de l’Union européenne quand 19 pays de l’Union sur 27 refusent de soutenir une résolution équilibrée des Nations Unies, présentée par la Jordanie, demandant un cessez-le-feu humanitaire à Gaza ? Doit-elle s’aligner derrière Israël et accepter cette promotion du choc de la civilisation occidentale, dominante mais contestée, contre la civilisation musulmane ou islamique, dominée mais montante ? En tout cas, le gardien mais aussi geôlier du Vieux Continent, l’Empire Américain, après 70 ans de domination sans partage sur le monde, perd petit à petit de son hégémonie. Pour les États-Unis qui ont le regard tourné vers le Pacifique et le Proche-Orient, l’Europe ne compte plus autant qu’auparavant. Dernier exemple en date, les députés républicains du Congrès rechignent à financer la résistance de Kiev, mais soutiennent Israël, qui est un vrai partenaire stratégique et commercial.
Le narratif opposant un Occident représentant du « monde libre » contre celui de la « jungle » – selon le mot du chef de la diplomatie de l’Union européenne Josep Borrell – est une bêtise caractéristique de la « géopolitique » libérale ainsi qu’une insulte pour le reste du monde. La France doit avant tout penser à sa survie ; seuls ses intérêts doivent prévaloir. L’unipolarité cédant de plus en plus à la multipolarité, Paris doit refuser l’engrenage des rivalités géopolitiques que les États-Unis et ses alliés engagent.
À l’horizon 2100, l’Allemagne va perdre 10 millions d’habitants, passant de 81 à 71, pendant que l’Hexagone la dépassera avec 74 millions d’habitants. Deux autres grands pays européens, l’Italie et l’Espagne, vont voir leur population fortement baisser – l’Espagne va passer de 46 à 36 millions d’habitants et l’Italie qui va perdre 12 millions d’habitants. Malgré des problèmes évidents (religion, type de population, pyramide des âges, etc.), ces données nous donnent à penser que la France a l’opportunité pour devenir la future grande puissance régionale européenne. Encore faut-il qu’elle s’en donne les moyens (non-alignement, politique de puissance, réindustrialisassion, maintien de sa population autochtone, politique familiale, etc.).
Les éditions Synthèse viennent de publier un ouvrage de Gabriele Adinolfi intitulé Le défi au futur.
Essayiste, théoricien et ancien activiste politique italien, Gabriele Adinolfi, qui est l’auteur notamment des Pensées corsaires (Editions du Lore, 2008) et de Années de plomb et semelles de vent (Les Bouquins de Synthèse nationale, 2014), est rédacteur en chef de la revue Polaris et dirige le centre d’études éponyme.
“ « Nous sommes parvenus à une ère de léthargie angoissée, caractérisée par des. abstractions en forme de slogans au sein desquelles tout ce qui était le fruit d’une pensée vivante a été comme gelé ».
Ainsi s’exprime Gabriele Adinolfi au début de ce livre dans lequel il explique comment, dès les premières années de son exil, dans les années 1980, il a travaillé de manière très différente des pratiques habituelles, en mettant en place des réseaux politiques et méta politiques internationaux, composés de centres d’études italiens et européens, de Rome à Bruxelles, d’associations, de média en ligne, en se concentrant sur la formation et l’innovation, tout en veillant à ce que les fondamentaux de l’Idée du Monde dont l’auteur est issu soient toujours respectés. De cette volonté, naquirent Les Lansquenets d’Europe…
L’auteur ajoute : « Avec ce livre, j’ai voulu expliquer ce que sont et ce que doivent devenir les Lansquenets, au cœur d’un projet de Réseau Impérial avec toutes ses composantes telles qu’elles sont produites par tout ce à quoi nous sommes liés, ou se formant d’elles-mêmes au sein d’un même courant en vue d’objectifs communs poursuivis indépendamment (…) Nous ne pouvons pas dire que le rôle joué par les Lansquenets soit devenu décisif, car en réalité il l’a toujours été.
Aujourd’hui, cependant, la nécessité de ce rôle commence à être comprise, et c’est la raison pour laquelle il est opportun qu’ils gagnent en nombre et en visibilité par rapport au passé » . "
Les éditions de La Nouvelle Librairie viennent de publier un essai polémique de Rodolphe Cart intitulé Feu sur la droite nationale ! . Collaborateur occasionnel d’Eléments, Rodolphe Cart est l'auteur d'un essai intitulé Georges Sorel - Le révolutionnaire conservateur (La Nouvelle Librairie, 2023).
" On dit que le poisson pourrit par la tête. Ce livre propose de la trancher avant que l’infection ne se propage. Mais de quelle maladie parle-t-on au juste ? De celle qui tue la France à petit feu et fait le lit de l’islamisme : l’élite mondialisée et les puissances d’argent. Au détour d’une réponse à Daniel Conversano et aux identitaires, Rodolphe Cart ampute le mal. Car il ne s’en cache pas : il est souverainiste. Et ce n’est pas selon lui l’identitarisme qui viendra à bout de cette maladie…
Pour l’auteur, l’identitaire croit au sang que l’on reçoit et le souverainiste au sang que l’on verse. L’un honore l’Europe, l’autre chérit la France. Deux points de vue qui s’affrontent: la civilisation ou la nation. Le débat est ouvert. "
Pour cette nouvelle édition de Cette année-là, sur TV Libertés, Patrick Lusinchi, avec François Bousquet, rédacteur en chef d’Éléments, David L'Epée, Christophe A. Maxime et Rodolphe Cart, remonte à la plus haute Antiquité avec la domestication du cheval en Europe, il y a 5 000 ans, phénomène central dans le processus civilisationnel, et égrène les grandes dates qui ont rythmé notre histoire, jusqu’à la date fatidique de 1976, année où le regroupement familial a été instauré. Onze dates qui ont changé la face du monde, à tout le moins de l’Europe.
Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Julien Dir cueilli sur Breizh-Info et qui évoque la sortie de l'histoire des Européens...
Israël, Palestine, Gaza… et nous et nous et nous... les Européens ?
On le sent depuis plusieurs années déjà, mais on en a la preuve très récente avec les évènements en Israël et à Gaza. Les Européens sont sortis de l’Histoire. Ils n’existent plus, aux yeux du monde, comme par rapport à eux-mêmes. Depuis plusieurs semaines, tout le focus médiatique, politique, en France notamment, a été mis d’abord sur l’attaque massacre du Hamas contre Israël, puis sur la riposte d’Israël contre Gaza.
Tout ça pour ce qui s’apparente à une guerre sans fin entre deux mondes qui ne peuvent pas vivre ensemble, et donc il parait même difficile qu’ils parviennent à vivre côte à côte dans deux États séparés sans poursuivre la guerre qu’ils se mènent depuis le milieu du 20e siècle.
Des Européens réduits au silence…
Mais c’est leur histoire. Celle des Israéliens, celle des Palestiniens. Pas la nôtre. Et nous avons un peu tendance à l’oublier ces derniers temps, alors que chaque plateau télévision est transformé en champ de bataille médiatique.
Un champ de bataille à sens unique tout de même, toute objection faite à la riposte sanglante d’Israël vis-à-vis de Gaza et de ses habitants — qui ne sont pas tous des membres du Hamas — étant balayée d’un revers de la main, par des chroniqueurs et des journalistes qui semblent totalement sortis de leur rôle et de leurs gonds.
Une attitude que l’on ne voit jamais, ou pas à cette intensité, lorsque des évènements sanglants frappent la France, ou lorsque des Français subissent au quotidien les conséquences de décisions politiques criminelles, et cela depuis des lustres.
Ce champ de bataille médiatique — et la guerre politique parallèle, qui conduit à qualifier de « soutien au terrorisme » tous ceux qui émettent des objections, sur les termes employés, sur les mots choisis, ou tout simplement sur la conduite d’un gouvernement qui, comme ceux qui l’ont précédé, ne respecte même pas les recommandations de l’ONU, est révélateur de notre effacement.
Tout comme sont révélatrices de notre effacement ces manifestations spontanées, à Londres, Paris, Berlin, ou même à Istanbul (rappelons que certains veulent faire entrer la Turquie dans l’UE), en solidarité avec la Palestine, avec Gaza, et très souvent contre Israël et son peuple, manifestations qui témoignent de l’ampleur d’une immigration extraeuropéenne que les décideurs politiques coupables ont laissée s’installer depuis 50 ans maintenant sur notre sol.
D’un côté, ceux qui donnent le la politique et médiatique ne tolèrent rien d’autre qu’un soutien inconditionnel à Israël, parfois sans la moindre mesure, parfois avec des dérapages verbaux sur les plateaux TV qui auraient envoyé n’importe quel Européen devant les tribunaux s’il les avait tenus pour dénoncer l’immigration et ses conséquences ici, chez nous.
De l’autre, des rues de grandes métropoles européennes qui, spontanément encore une fois, se transforment en « rue Arabe » si l’on peut s’exprimer ainsi, avec des manifestations de colère qui devraient d’ailleurs inciter les autorités à la plus grande prudence quant à la capacité de mobilisation, mais aussi de violences inhérentes à ce conflit qui ne devrait pourtant pas nous regarder, si nous étions encore en Europe, sur la terre des Européens.
Dressons un parallèle très simple : Les dirigeants occidentaux s’évertuent (et dans l’indifférence d’Israël et de son peuple pour le coup) à imposer depuis 50 ans une immigration extraeuropéenne de plus en plus importante. Une immigration extraeuropéenne qui n’est plus individuelle, mais collective, populaire, et qui provoque dans tous nos pays des changements culturels, ethniques, religieux, tribaux. Et qui a des conséquences lourdes sur le « vivre ensemble à l’Européenne ».
Les exactions visant nos populations se sont multipliées de manière exponentielle. Les chiffres de la délinquance confirment ce que tout le monde pense, voit, mais n’ose pas dire. Combien d’Européens tués ces 20 dernières années par des individus qui n’avaient rien à faire sur notre sol, ou dont les familles ont bénéficié des largesses du droit du sol ? Combien d’agressions, de viols, de cambriolages, d’exactions, en lien avec des individus qui n’auraient jamais dû venir ici, chez nous ? Et enfin, combien d’enfants européens, blancs (n’ayons pas peur des mots), qui naissent ou à naître sur cette terre d’Europe, et combien d’extraeuropéens ?
Et pourtant, malgré ces injustices, malgré ces crimes, malgré cette dépossession progressive de la souveraineté des peuples Européens, malgré leur disparition démographique programmée… combien de manifestations massives, réunissant des dizaines, des centaines de milliers de personnes, spontanément, dans les rues des grandes métropoles, pour dire stop à des dirigeants de plus en plus mal élus, de moins en moins légitimes, mais qui se reproduisent socialement et qui règnent en maîtres sur notre continent ? Vous ne voyez toujours pas le problème ? Vous ne voyez pas que pendant que des masses défilent dans nos pays, pour soutenir leurs frères — puisqu’ils s’identifient aux Palestiniens comme leurs frères, eux qui ont des consciences raciales, ethniques, culturelles et religieuses ne souffrant d’aucun sentiment de culpabilisation, sentiment dont nous sommes pétris — nous en sommes rendus au silence ? Même les urnes ne servent plus de défouloir, puisque moins de 50 % de la population française en âge de voter a voté aux dernières élections.
Nous sommes à terre. Non pas par la faute des millions de défenseurs de la Palestine qui habitent aujourd’hui en Europe (et à qui il faudrait tout de même poser la question de savoir pourquoi ils ne vont pas en terre palestinienne aider leurs frères, puisque la question leur tient tellement à cœur). Mais par notre faute. Par notre aveuglement. Par notre recul permanent. Par notre culpabilisation permanente aussi, que nous devons y compris à des gens qui défendent aujourd’hui « le droit inconditionnel d’Israël à se défendre », et donc à quasiment éradiquer Gaza.
Nous disparaissons de l’histoire parce que nous ne pouvons même plus exprimer notre colère sous peine d’être dissouts, arrêtés, jugés, condamnés, d’après des lois qui n’ont pas été votées en Palestine ou en Israël, mais bien ici, chez nous. Nos élites médiatiques, politiques, institutionnelles, ont obligé les Européens, depuis le nazisme, à ne plus se penser différents du reste de la planète. À croire que chacun est l’égal de l’autre, que tout se vaut, que nous serions tous des frères sur cette planète. Alors que la réalité, le quotidien, montre justement que partout où sur la terre, des hommes et des femmes aux religions, cultures, nationalités, ethnies, couleurs de peau différentes, se côtoient de manière trop massive, il y a la guerre.
…Ou à n’être que des supporteurs d’une équipe de football !
C’est ainsi qu’est l’Homme. On ne peut pas se reprogrammer. Certains voudraient bien en finir avec l’Homme, virer de cap vers le transhumanisme, ou le voir disparaitre dans une Apocalypse environnementale que certains anxiologues professionnels prédisent. Mais les faits sont têtus. L’Homme est toujours là. Et depuis des siècles, il conquiert des territoires, il fait la guerre, il fait la paix, il cherche le meilleur, d’abord pour lui, puis pour son foyer et sa famille, être social qu’il est, puis pour ses amis, puis pour ceux qui lui ressemblent et avec qui il a fondé une tribu, un clan, une ethnie. Puis éventuellement, s’il y a encore un peu de la place et de temps dans ses préoccupations, il s’intéresse à l’autre, le distant, le trop différent pour lui. Un trop différent qui raisonne de la même façon. C’est ainsi, c’est la vie, l’Histoire se répète.
L’Histoire se répète, mais sans nous. Nous en sommes rendus à être non pas les arbitres — les voix diplomatiques y compris françaises font rigoler toute la planète — mais les supporteurs d’une équipe ou d’une autre. Des supporteurs qui, et c’est le principe, n’ont ni objectivité, ni compassion, et, lâchés en meute, se révèlent être parfois de fieffés salopards, chacun sachant ici comment une meute peut rendre con et barbare y compris le plus gentil des personnages de cette planète.
Ce n’est pas ce destin que je souhaite pour mes enfants, ni pour tous ceux de mon peuple. J’aimerais d’abord que mon peuple puisse abolir les lois et les constitutions qui empêchent nos peuples d’Europe de faire le travail nécessaire pour ne pas disparaitre ethniquement et civilisationnellement. J’aimerais en finir avec l’immigration, et mettre en place la remigration massive d’une partie des populations qui ne sont pas Européennes (par exemple tous ceux qui aujourd’hui, se sentent supporteurs d’une des deux équipes qui se mènent une sale guerre sur un territoire martyr). Et qu’importe les chouineries de l’ONU, du FMI, de l’OTAN, ou de quelconque organisation non élue par mon peuple qui prétendrait vouloir lui dire ce qui est bon ou pas pour lui.
J’aimerais que les Européens puissent s’exprimer librement, sur tous les sujets. Et s’affranchir des diktats d’organisations, de lobbys, de castes politiques, médiatiques, économiques, qui ne représentent que leurs intérêts propres. J’aimerais que les Européens réapprennent qui ils furent, qui ils sont, et qui ils doivent devenir. J’aimerais voir un sourire sur le visage de mes enfants, et ne pas lire en eux la peur de l’avenir, y compris de disparaitre englouti par les eaux parce que des faux prophètes leur lavent le cerveau.
Et quand tous ces problèmes seront réglés, quand notre civilisation aura enfin redressé la tête, quand elle aura compris qu’on peut vivre, de façon quasi autarcique, comme l’Inde, sans emmerder ni se laisser emmerder par le monde entier, alors effectivement oui, je pourrais me poser, et accepter que les grands débats du moment puissent être, le cas échéant, la question israélo-palestinienne, ou le conflit religieux à l’ouest de la Chine, ou encore le devenir des Aborigènes d’Australie.
En attendant, nous avons des peuples et une civilisation à défendre, qui n’est pas la civilisation occidentale comme voudraient nous faire croire ceux qui nous poussent sans jamais prendre de risque à la guerre des civilisations, mais bel et bien l’Europe.
« Ni kippa, ni Keffieh » qu’ils disaient dans les années 80. Et Européen d’abord !
Julien Dir (Breizh-Info, 1er novembre 2023)