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chine - Page 4

  • Feu sur la désinformation... (398)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un numéro de l'émission I-Média sur TV libertés consacrée au décryptage des médias et animée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, et Jules Blaiseau.

    Au sommaire :

    • 1 - L'image de la semaine
      La nouvelle campagne publicitaire de Balenciaga, la marque de vêtements et de chaussures, a des accents dégoûtants et pédo-criminels. Entre la promotion de déviances sexuelles et d'un artiste aux tableaux très dérangeants : retour sur une polémique de l'image.
    • 2 - Révolte en Chine, "la liberté ou la mort"
      Les sujets internationaux sont le domaine dans lequel nos médias ne brillent pas. Nous vous résumons le début de la vague de révoltes chinoises qui gagne en importance de jour en jour, aux cris de "non aux tests PCR", "Xi Jinping démission" ou encore "la liberté ou la mort".
    • 3 - Revue de presse
      Des affrontements, de la censure, des manipulations et des mensonges : ne ratez rien de l'actualité médiatique de la semaine avec la revue de presse de Jean-Yves Le Gallou.
    • 4 - Coupe du monde : ça dégénère sévère !
      Tensions entre supporters à Bruxelles ou véritables émeutes initiées par les marocains ? Que s'est-il passé en Belgique à l'occasion de la rencontre Belgique - Maroc lors de la coupe du monde de football au Qatar ? Jean-Yves Le Gallou vous explique tout ce qu'il faut retenir sur la coupe du monde et son traitement médiatique cette semaine.

     

                                            

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  • Le déclin d’un monde...

    Les éditions de L'Artilleur viennent de publier un essai de Jean-Baptiste Noé intitulé Le déclin d'un monde - Géopolitique des affrontements et des rivalités en 2023. Docteur en histoire économique, l'auteur est rédacteur en chef de la revue Conflits.

     

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    " L’Occident n’a plus le monopole de la puissance. Le rêve universaliste, en vigueur deux siècles durant, s’estompe, laissant place à un monde fragmenté. En ce premier quart du XXIème siècle, les affrontements et les rivalités sont multiples : militaires et politiques bien sûr, mais aussi économiques et civilisationnels. Luttes pour le contrôle des énergies, guerre des monnaies, militarisation de l’Asie, affrontement de la Chine et des États-Unis, de la Russie et de l’Occident par pays interposés ; partout, les épées sont sorties et l’Europe est déjà l’un des principaux champs de bataille.

    En convoquant la pensée des grands auteurs et stratèges, Jean-Baptiste Noé brosse le portrait d’un ancien monde en déclin qui annonce une nouvelle ère pour l’Occident.

    S’appuyant sur les recherches menées par la revue Conflits et sur 40 cartes qui illustrent ses démonstrations, il propose une analyse novatrice de la géopolitique pour mieux appréhender le nouveau monde qui émerge. "

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  • Chine : un pays au bord de l'abîme ?...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un entretien donné par Pierre-Antoine Donnet à Jean-Baptiste Noé à l'occasion de la tenue du XXe congrès du parti communiste chinois. Journaliste, Pierre-Antoine Donnet a été pendant plusieurs années correspondant à Pékin de l'AFP.

     

    " Si le XXe Congrès a validé le pouvoir de Xi Jinping, la Chine a de plus en plus de mal à camoufler ses faiblesses. Gestion désastreuse du covid, avec enfermement de la population, économie qui tousse et chômage des jeunes qui augmente, répression politique, politique vindicative à l’égard de Taïwan. C’est le portrait d’un pays au bord de l’abîme que dresse Pierre-Antoine Donnet, ancien journaliste à l’AFP qui parcourt le pays depuis plusieurs décennies. "

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  • Après la guerre d’Ukraine, un monde fragmenté...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Pierre de Lauzun, cueilli sur le site de Geopragma et consacré à la fracturation géopolitique du monde provoquée par la guerre russo-ukrainienne. Membre fondateur de Geopragma, Pierre de Lauzun a fait carrière dans la banque et la finance.

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    Après la guerre d’Ukraine, un monde fragmenté. L’aspect monétaire et financier.

    Faire la guerre, ou à un degré plus limité, soutenir l’effort de guerre de quelqu’un, est un acte à la fois coûteux et risqué. D’où l’importance centrale des buts de guerre. Or en l’espèce, au-delà d’un point de départ évident (soutenir un État agressé et envahi),  l’évolution des buts de guerre occidentaux pose bien des questions, car elle remet sur certains points en question l’architecture même du monde que ces mêmes Occidentaux et notamment les Américains prétendent construire. Nous allons le voir sous l’angle monétaire et financier.

    La dérive idéologique occidentale

    J’ai évoqué ce sujet par ailleurs [1].  Je distingue trois grands types de buts de guerre: idéologiques, impérialistes et patriotiques. Je note que les deux premiers types favorisent les options guerrières, la première notamment, car une idéologie n’admet pas de compromis et tend à classer le monde entre bons et méchants. Ce faisant, on favorise l’ascension aux extrêmes que le processus de la guerre tend par ailleurs à produire. La guerre en Ukraine est sur ce plan particulièrement symptomatique. Côté occidental, surtout américain, la dimension idéologique a pris de plus en plus le dessus,  dans un grand récit de lutte des démocraties contre les régimes autoritaires. Cette attitude est dangereuse, notamment au vu de ce que cela signifie pour le monde de demain. Concrètement, sauf issue militaire improbable, la Russie fera partie du paysage international de demain. On peut évidemment désirer que l’issue de la guerre sera le moins favorable possible pour elle, et agir en ce sens. Mais sans de ce fait prendre de risque excessif, sans nourrir l’ascension aux extrêmes, et sans détruire des liens utiles ou des actifs. Déjà il était irrationnel de démanteler toutes les positions des entreprises occidentales en Russie, ou de boycotter sportifs et artistes russes. A fortiori de mettre en place des embargos dont les Européens souffrent au moins autant que les Russes.

    Un monde nouveau fragmenté

    Mais, au-delà de ces faits immédiats, ce qui frappe le plus est l’absence de vraie vision à terme, hors improbable réalisation du scénario dans lequel les démocraties, aidant les Ukrainiens à bouter les Russes hors de leur territoire, provoqueraient un changement de régime à Moscou, montrant par là au reste de la planète qu’il n’y a qu’une voie gagnante pour l’avenir. Nous ne savons pas comment se terminera cette aventure (indéniablement absurde et condamnable dans le cas russe) ; mais nous pouvons voir que, d’ores et déjà, les moyens déployés par les Occidentaux, y compris à travers les sanctions, façonnent en partie appréciable ce monde de demain. Et c’est vrai aussi en matière économique et financière.

    Il y avait déjà avant cette guerre une forte poussée de remise en cause de la conception antérieure, qu’on peut appeler de mondialisme ouvert, notamment du fait de la Covid. Avec la mise en évidence des risques appréciables qu’on pouvait courir, au niveau de la sécurité des approvisionnements, du fait de tels événements naturels, et cela tant au niveau national qu’à celui des entreprises. Mais avec les sanctions contre la Russie, un pas nouveau majeur a été accompli, car cette fois l’interruption résulte d’une volonté politique. et elle bouleverse la logique antérieure tant des échanges que des investissements. Du jour au lendemain, l’approvisionnement pétrolier et gazier d’origine russe s’est trouvé anathème ; de même la présence de la Société générale ou de Renault en Russie. Pour les entreprises, cela veut dire que pour l’avenir, quand vous investissez à quelque part, ou que vous vous y approvisionnez, si vous êtes occidental vous devrez inclure un facteur majeur de risque politique, non plus seulement par changement politique local comme par le passé, mais du fait de décisions des autorités de votre pays d’origine (ou de ses alliés). Bien sûr on en avait eu un petit avant-goût avec l’Iran. Mais les enjeux restaient alors limités : dès lors, on pouvait considérer que ce n’était qu’un cas particulier et que le reste de l’activité obéissait toujours aux règles antérieures. Ce n’est désormais plus le cas, car l’exemple russe est trop massif, trop porteur de précédents. Dit autrement, si le pays avec qui vous travaillez peut d’une façon ou d’une autre déplaire gravement à Washington, vous courez un risque élevé.

    Réciproquement, du point de vue desdits pays, la possibilité de telles ruptures est désormais avérée. Déjà significatif pour le pays moyen, le virage prend un sens tout particulier dans le cas de la Chine, en outre proche de la Russie. En bonne logique, la jurisprudence russe pourra s’appliquer demain à elle, et elle le sait. Elle ne peut qu’en tenir compte pour l’avenir.

    Le dilemme monétaire

    Il est en outre un domaine où ces considérations remettent tout particulièrement en cause les idées et les usages, qui est le domaine monétaire. On parle depuis longtemps et non sans motif du privilège exorbitant du dollar. Mais il reposait sur une idée implicite : que tout le monde pouvait investir et payer en dollar, et que le dollar était sûr, du moins politiquement. Or voici que non seulement les banques russes ont été exclues du système (et notamment des paiements par Swift, sauf exception), ou que les actifs d’une liste de personnages sont bloqués, mais surtout, les réserves mêmes de la Banque de Russie (en dollars et en euros, situées dans les pays occidentaux) ont été bloquées. Si on admet un ordre de grandeur de plus de 630 milliards (dont 40% au moins étaient dans les pays occidentaux en 2021), on voit l’importance de l’enjeu (le Financial Times parle de 300 milliards bloqués). Il est vrai que la Russie avait en partie prévenu le coup en transférant ses ressources hors d’Occident (où elles étaient à plus de 80 % en 2014) et en augmentant massivement son stock d’or, évalué à quelque 140 milliards de dollars, ce qui laisse au régime une marge de manœuvre, d’autant que le prix de l’or augmente. Mais désormais toute la planète sait que la sécurité des réserves d’un pays détenues dans un pays occidental n’est pas garantie. Certes on en reste à ce stade au blocage. Mais les fonds ne sont dès lors plus utilisables.

    La disruption serait bien entendue a fortiori encore plus grave si, comme certains le proposent (Josep Borrell par exemple), les Occidentaux dans leur escalade décidaient non plus simplement de bloquer, mais de confisquer ces actifs. Or si la chose est compliquée pour les oligarques (sociétés – écrans, questions judiciaires de responsabilité etc.), c’est à première vue plus facile pour les avoirs de la Banque centrale : ce sont des avoirs du pays, et ce pays en a agressé un autre, en lui infligeant des destructions massives. Quoi de plus simple politiquement que de financer en bonne partie la reconstruction de l’Ukraine (ce pour quoi les Ukrainiens par exemple évoquent jusqu’à 5 ou 600 milliards voire plus) avec l’argent de la Banque de Russie ? En clair, on façonne donc un monde dans lequel avoir des réserves dans une devise occidentale n’est plus une question purement monétaire ; ces réserves sont politiquement à risque.

    La même remarque vaut pour les transactions en dollars elles-mêmes. Les États-Unis ont décidé de bloquer les paiements par les Russes des échéances de leur dette extérieure (modeste il est vrai, qui s’élève à environ 50 milliards de dollars) – du moins si le créancier (ou sa banque) est américain. Certes, on savait déjà qu’il n’était pas innocent de faire de simples transactions en dollars : BNPP par exemple avait récemment dû payer une amende énorme pour des financements impliquant le Soudan, qui était alors sous embargo américain mais non européen. Pourtant aucune des parties n’était américaine ; mais la monnaie était le dollar (donc avec en bout de chaîne une compensation à New York). Là encore on pouvait espérer que cela resterait limité. Nous n’en sommes plus là. Maintenant quelqu’un qui a emprunté en dollars peut être déclaré en défaut de paiement (avec tout ce que cela entraîne) non pas parce qu’il n’a pas l’argent ou ne veut pas payer, mais parce que les États-Unis lui interdisent de payer !

    En réalité, c’est le sens même de ce qu’est une monnaie internationale qui change de sens. Ces monnaies (dollar et peut-être euro) ne sont plus neutres même dans leur usage par celui qui les détient. Elles sont en fait dans les mains du pouvoir politique du pays dont elles sont la monnaie, et il peut vous priver de vos actifs si vous lui déplaisez. En un sens, ce ne sont donc plus pleinement des monnaies.

    Je ne vais pas débattre ici du bienfondé de ces démarches, ni de leur efficacité. Je voudrais noter qu’on est là dans la construction d’un monde pour demain qui, hors le scénario improbable de la victoire totale, sera un monde plus fragmenté et politiquement polarisé, soit le contraire exact du monde défendu par ailleurs par les Occidentaux, Américains en tête. On risque alors de répéter la situation de 1945 : les démarches s’inscrivant pendant la guerre dans une logique de victoire ont alors débouché sur un rideau de fer – que les Alliés ne voulaient pas. De même ici : Russes et Chinois, et à leur suite bien d’autres, vont comprendre qu’ils ne pouvaient se fier aux outils communs que les Occidentaux présentaient comme mondiaux. Ils ont dès lors un intérêt majeur à développer les leurs, le plus découplé possible du reste. Quitte à continuer à jouer par ailleurs avec ces derniers lorsque le risque est jugé acceptable.

    La prétention universaliste de l’idéologie débouche donc sur l’effet contraire, celui d’un monde fragmenté, qui en matière monétaire est sans précédent dans l’histoire.

    Pierre de Lauzun (Geopragma, 13 juin 2022)

     

    Note :

    [1] Aide à l’Ukraine : quels sont nos buts de guerre ?

     

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  • La guerre des puissants...

    Les éditions VA viennent de publier un ouvrage collectif, préfacé par Nicolas Moinet et intitulé La guerre des puissants - Stratagèmes de domination de la Chine et des États-Unis, . Nicolas Moinet est un universitaire français spécialisé dans l'intelligence économique et les sciences de l'information.

     

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    " La Chine et les États-Unis se livrent à une guerre économique ouverte depuis les années 2010. Les présidents Obama, puis Trump et désormais Biden cherchent à restaurer la suprématie américaine émoussée dans tous les domaines tout en tenant une position protectionniste. En parallèle, le président chinois Xi Jinping érige en priorité d’État tous les facteurs de puissance possibles avec pour objectif de rendre la Chine prépondérante à l’horizon 2050. Ces confrontations économiques et industrielles ont bien évidemment des répercussions sur tous les champs d’affrontement que sont la politique et la diplomatie, la R&D, la finance, les territoires et le militaire, champs qui ne sont que peu visibles ou partiellement traités dans les médias occidentaux, mais qui sont inextricablement liés. Cet ouvrage vous propose de dépasser une lecture classique partielle par une vision systémique du prisme d’accroissement de puissance. Il est ainsi le seul à décrypter de manière globale l’affrontement actuel entre la Chine et les États-Unis sur l’ensemble des échiquiers économique, politique et militaire. Ces deux puissances sont souvent analysées en parallèle, mais jamais dans le cadre d’une confrontation forte et directe. Au travers d’exemples pragmatiques et récents, notamment dans le secteur des télécoms, les auteurs relatent et détaillent l’enchaînement des nombreux mécanismes et leviers mis en place et utilisés par les deux protagonistes afin d’obtenir l’ascendant sur le monde matériel et immatériel. Cet ouvrage permet de mesurer l’étendue de la confrontation qui oppose les États-Unis et la Chine, et que chaque événement n’est pas le fruit du hasard, mais bien celui d’une stratégie pensée et réfléchie avec des enjeux longtemps restés cachés. C’est une plongée éclairée qui permet de découvrir la partie immergée de l’iceberg ! "

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  • Les Chinois, grands gagnants de la guerre en Ukraine...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Renaud Girard cueilli sur Geopragma et consacré à la position chinoise concernant la guerre russo-ukrainienne. Grand reporter au Figaro, Renaud Girard est membre du comité d'orientation stratégique de Geopragma.

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    Les Chinois, grands gagnants de la guerre en Ukraine

    « L’Amitié entre le peuple chinois et le peuple russe est solide comme un roc et les perspectives de coopération future sont immenses » a affirmé devant la presse, le lundi 7 mars 2022, le ministre chinois des Affaires étrangères. C’est une inflexion majeure de la politique chinoise qui, jusqu’à présent considérait le respect de l’intégrité territoriale des États comme la pierre angulaire des relations internationales. 

    En leur for intérieur, les dirigeants communistes chinois n’approuvent pas l’invasion de l’Ukraine décidée par Vladimir Poutine. La séquence russe actuelle contre l’Ukraine leur rappelle trop la séquence japonaise contre leurs grands-parents. Le Donbass de 2014 leur rappelle l’invasion de la Mandchourie de septembre 1931. L’invasion générale de l’Ukraine leur rappelle l’agression japonaise de 1937 et la prise de Pékin dès le mois d’août 1937.

    Mais les hiérarques chinois taisent leur réprobation, afin de s’enfoncer dans la brèche stratégique que leur a ouverte le président russe. Les sanctions générales décidées par les Occidentaux contre la Russie vont à moyen terme faire d’elle un vassal économique de la Chine. Les stratèges de Pékin ne pouvaient pas laisser passer une pareille aubaine.

    Quand vous entrez dans un grand magasin à Moscou, les étalages sont parfois mieux garnis qu’à Paris. Mais la plupart des produits sont importés d’Europe, d’Amérique du nord ou de Chine. Le problème pour les Russes est désormais qu’ils n’ont plus accès aux services financiers de l’Occident (paiements Swift, cartes de crédit internationales, prêts en euros et en dollars, virements sécurisés, etc.). Donc ils devront passer par la Chine pour importer les produits qui leur manqueront. Les Russes rêvent d’un système financier mondial qui ne soit plus sous la coupe des États-Unis. Ils veulent créer, avec les Chinois, un système de paiements internationaux alternatif à l’hégémonie du dollar. Mais ce nouveau système sera forcément chinois. 

    En attendant, les grandes banques chinoises se montrent courageuses, mais pas téméraires. Comme elles ne veulent pas prendre le risque d’être interdites d’accès aux marchés du dollar et de l’euro, elles ne contournent pas au profit de la Russie les interdictions décidées à Washington et à Bruxelles.

    Les Chinois utiliseront la Russie comme leur premier fournisseur d’énergie et de métaux. Ils la gaveront de produits manufacturés. Ils feront de grandes réceptions diplomatiques pour louer leur partenariat avec Moscou. Mais ils auront l’intelligence de ne pas mettre tous leurs œufs dans le même panier. Pour les hydrocarbures, ils garderont des liens d’approvisionnement avec l’Iran et avec les pétromonarchies arabes du Golfe Persique. Les Émiratis font de moins en moins confiance aux Américains. Voilà pourquoi, aujourd’hui, ils ont choisi la France comme plan B en matière de sécurité, et la Chine comme nouveau client privilégié de leur pétrole et de leur gaz.

    Sur le long terme, la colonisation chinoise de la Sibérie continuera. Il sera en effet très difficile à Vladimir Poutine de refuser des visas aux Chinois désireux de résider en Russie.

    Bref les Chinois sont les grands gagnants de cette guerre absurde entre frères russes et ukrainiens. Ils l’observent calmement, constatant qu’elle n’est pas guerre de civilisation mais plutôt sanglante querelle de famille. 

    Les Chinois sont heureux de tirer toutes sortes de leçons. Ils voient la difficulté qu’a l’armée russe à avancer dans les villes face à un adversaire déterminé à se battre. Ils admirent le talent des Ukrainiens dans la communication. Ils constatent la capacité de l’Occident à resserrer les rangs dès lors qu’il est menacé. Ayant étudié tout cela, ils vont se montrer très prudents avant d’envahir Taïwan.

    Les Chinois sont les grands gagnants de cette affaire et ils sont les seuls. Les autres acteurs géopolitiques sont tous perdants, à des degrés divers et sous des formes diverses. Les Ukrainiens ont gagné la sympathie du monde occidental, mais ça ne leur rendra pas leurs morts, ni leurs immeubles détruits. Les Russes sont d’ores et déjà de très grands perdants car occuper un champ de ruines n’a jamais rien rapporté à personne. Leur économie va prendre un retard qui sera très difficile à rattraper par les jeunes générations post-Poutine. 

    Les États-Unis sont de très petits perdants, car ils pourront vendre du gaz de schiste à l’Europe. Plus que jamais guidés par leurs émotions, les Européens seront de grands perdants car ce sont eux – pas leurs alliés américains – qui faisaient beaucoup de commerce avec les Russes.

    L’imprudence des Occidentaux à n’avoir pas fermé définitivement, en avril 2008, l’accès à l’Otan, et l’agression folle de Poutine apparaissent comme un cadeau du ciel aux Chinois. Ils ne s’y attendaient pas le moins du monde.

    Renaud Girard (Geopragma, 9 mars 2022)

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