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  • La dynamique chaotique de l'été 2011...

    Nous reproduisons ci-dessous une analyse de Bernard Wicht, cueillie sur Le Polémarque, le site de Laurent Schang, et consacrée aux évolutions chaotiques de la crise en cours. Spécialiste des questions stratégiques, Bernard Wicht est l'auteur de L'OTAN attaque (Georg, 1999) et de Guerre et hégémonie (Georg, 2002). Il a aussi publié récemment un court essai intitulé Une nouvelle Guerre de Trente ans ? - Réflexions et hypothèses sur la guerre actuelle (Le Polémarque, 2010). 

     

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    La dynamique chaotique de l'été 2011

    L'été 2011 a été riche en péripéties à l'échelle mondiale. Dans l'ordre économico-financier, on a assisté successivement au quasi-défaut de paiement du trésor américain, à un quasi-krach boursier et à la poursuite de la chute vertigineuse de la monnaie européenne. Dans un ordre plus politique, on a assisté à l'escalade de la violence dans le monde arabo-méditerranéen, aux protestations massives en Espagne et en Israël, aux émeutes en Grèce et aux révoltes à Londres. L'été touchant à peine à sa fin, on peut s'attendre peut-être encore à d'autres événements de cette envergure.

    Alors que dire ? Peut-on dégager une interprétation d'ensemble de ces événements au-delà des commentaires déjà fournis par la presse ? Un tel exercice semble difficile. Car, finalement ces événements ne font que confirmer ce que nous savions déjà, c'est-à-dire l'instabilité des États (y compris les plus avancés) et la fragilité croissante de leur base. La confirmation de cette analyse est sans doute un élément important qui valide la pertinence des réflexions antérieures et de l'approche développée à ce sujet[1]. On pourrait ainsi se contenter d'un « je vous l'avais bien dit ! » et de toute l'autosatisfaction l'accompagnant.

    Mais, en matière de prospective stratégique, l'autosatisfaction est généralement mauvaise conseillère ; c'est un oreiller de paresse particulièrement pernicieux en période de transformation rapide. Essayons donc de dépasser cet état d'esprit. Que peut-on déceler derrière les événements de cet été ? De notre point de vue, ceux-ci mettent en évidence trois paramètres de base : 1) la théorie du chaos, 2) la réduction du citoyen, 3) l'effondrement de l'espace méditerranéen.


    1. La théorie du chaos

    Cette succession d’événements en l’espace de moins de quatre semaines nous renvoie à la théorie du chaos telle que formulée par les scientifiques depuis quelques décennies. Cette théorie postule en effet que le chaos n’est pas si « chaotique » et qu’il recèle son ordre propre qu’il convient de découvrir[2]. Cet ordre n’étant pas donné a priori, les scientifiques l’appréhendent de la manière suivante : 1) les phénomènes apparaissent à première vue aléatoires, sans lien les uns avec les autres, 2) seule une observation attentive permet de distinguer, à la longue, la mise en place d’une certaine logique, 3) l’accumulation de ces phénomènes finit par atteindre un seuil critique, au-delà duquel une simple perturbation peut entraîner des conséquences disproportionnées (effet papillon).

    À la lumière de cet été 2011, on saisit immédiatement tout l’intérêt de cette théorie. Dans la série d’événements susmentionnés, il ne semble pas y avoir de liens ni de corrélations les reliant les uns aux autres : la chute de l’euro n’est apparemment pas reliée aux révoltes de Londres, elles-mêmes n’ayant semble-t-il aucun lien avec le printemps arabe, et ainsi de suite. On comprend en revanche, dans ce contexte, combien une « perturbation mineure » pourrait déclencher…. une catastrophe !

    Pour le stratège, c’est une situation très difficile à gérer. Le déclencheur peut paraître insignifiant, anodin… et pourtant se révéler décisif, si le seuil général des perturbations a atteint un niveau critique : on serait donc tenter de faire référence à la formule biblique, « sois prêt car tu ne sais pas quand le jour viendra ».


     

    2. La réduction du citoyen ?

    Dans le monde occidental, que ce soit les émeutes grecques, le mouvement espagnol des indignés, les manifestations israéliennes ou les révoltes londoniennes, grosso modo deux types d'acteurs semblent se dessiner dans ces affrontements. D'un côté, on voit des couches de populations sans participation effective au pouvoir, aspirant à une « vie meilleure » mais sans projet ni ambition politiques. Leurs rassemblements sont spontanés, endémiques, au gré de l’actualité – vite réunis, vite dissous. C'est un peu ce que certains sociologues nomment des « mobilisations dans l'urgence » sans véritable plan ni programme[3], c’est-à-dire des agitations, des affoulements ou encore des éclatements tels que ceux que l’on retrouve dans les sociétés postmodernes, en matière musicale notamment (techno, metal, rave party). Les révoltes de Londres indiquent également qu’une partie de ces populations est très volatile et que l'embrasement peut intervenir de manière presque instantanée, sur la base d'un simple incident (par exemple un contrôle policier qui tourne mal). De l'autre, c'est l'État et son appareil sécuritaire « musclé » ; à Londres comme ailleurs la logique n'est pas celle de la négociation, du dialogue social et des réformes mais bel et bien uniquement celle de la répression. Dans tous les cas, l'essentiel des forces policières et militaires est déployé à l'intérieur du pays. Ce redéploiement en direction de la sécurité intérieure caractérise l'évolution générale de l'État moderne depuis la fin de la Guerre froide: c'est le passage de l'État militaro-territorial (orienté vers l'ennemi extérieur commun) à l'État pénal-carcéral (tourné vers le maintien de l'ordre à l'intérieur)[4]. En Europe occidentale ce schéma semble devoir se solidifier au gré des manifestations, des protestations violentes, des émeutes et des révoltes, conduisant à une centralisation accru de l'appareil étatique, au renforcement de son pouvoir coercitif au nom du maintien de l'ordre tandis qu'à l'opposé, une partie de la population va échapper de plus en plus à son contrôle en s'enfonçant dans les labyrinthes de l'économie grise et informelle, des zones de non-droit et des autres formes de marginalité.

    Cette dérive vers l'État policier et son affrontement avec les strates sociales précitées pose la question du citoyen. Qu'advient-il de lui dans cet affrontement ? Certes ce dernier attend de l'État qu'il garantisse l'ordre afin de pouvoir vaquer à ses activités quotidiennes. Mais au-delà de ces préoccupations immédiates, qu'en est-il de sa liberté : il semble évident que sa marge de manœuvre se réduise à celle d'un simple contribuable sous le regard des caméras de surveillance. Dès lors quid de son avenir en tant qu'acteur politique ? Pour reprendre une image cinématographique, c'est un peu le Troisième homme, après l'État et ses adversaires précités.

    Pour mémoire, dans l'histoire de l'État moderne le citoyen s'est vu reconnaître des droits et des libertés généralement « par négociation », c'est-à-dire lorsqu'il a pu représenter une force économique (pas d'impôt sans représentation) ou militaire (citoyen-soldat) dont l'État ne peut se passer et pour laquelle il est prêt à faire des concessions. C'est ce marchandage, selon le principe do ut des (impôt) ou do ut facias (service militaire), qui est au fondement de la participation politique du citoyen au pouvoir. Par conséquent, on peut se demander quel est le marchandage que le citoyen peut faire fonctionner aujourd'hui pour re-trouver ses droits et ses libertés politiques. Là aussi, la réponse n'est pas aisée parce que, si le citoyen paie toujours ses impôts, l'élite politique au pouvoir censé le représenter a d'ores et déjà quitté le cadre national pour rejoindre l'espace global de l'hyper-classe mondiale. Désormais, les préoccupations de cette élite ne sont plus celles du citoyen ; ce sont celles de sa propre image médiatique, de sa place sur le marché global que ce soit en tant que leader d'opinion, « faiseur de roi », top manager, « touche-à-tout génial », courtisan de haut vol et autres nouveaux métiers de la communication (au sens large) créés dans le sillage de la mondialisation[5]. Quant au service militaire, il n'est pas réaliste d'envisager le retour des armées de conscription ; aujourd'hui pour faire la guerre l'État n'a plus besoin du citoyen, il recourt à des professionnels... tour à tour commandos ou gendarmes.

    Dans ces circonstances, la question de la liberté citoyenne est posée. Précisons que nous entendons ici par « citoyen » non pas un cortège ou une foule défilant dans les rues de la capitale pour demander l'augmentation des allocations chômage, la limitation du temps de travail ou le respect des conventions salariales. Dans notre perspective, de telles démarches s'apparentent à celles de sujets réclamant « du pain et des jeux » à leur souverain et obtenant de celui-ci la réponse bien connue, « le peuple n'a plus de pain, qu'il mange de la brioche ». La notion de citoyen à laquelle nous nous référons ici est celle liée à la res publica, la participation effective à la gestion des affaires communes. Où se trouvent aujourd’hui les réactions citoyennes de cette sorte ?

    Cette question demeure pour l’instant sans réponse.

     


    3. L’effondrement de l’espace méditerranéen

    À la faveur de l’été, le printemps arabe semble s’être transformé en automne, voire en hiver ! Il ne s’agit pas là, malheureusement, d’une simple formule de style mais d’une réalité qui risque de toucher, au-delà du monde arabo-musulman, l’espace méditerranéen dans son ensemble. En effet, alors que la façade sud de la Méditerranée s’enfonce dans une anarchie durable (on ne distingue aucun élément structurel – économie, commerce – susceptible de donner à ces sociétés une stabilité et une durabilité minimales), la façade nord « ne va pas mieux » : Portugal, Espagne, Italie, Grèce (sans parler de l’espace balkanique) sont en pleine déconfiture, au bord de la faillite. Certes, les plaies de la façade nord ne sont pas liées à celles du sud, mais la conjugaison des deux peut provoquer l’effondrement de toute la zone : non pas une crise, une urgence complexe que l’on peut résorber à court terme moyennant interventions et programmes internationaux d’assistance, mais un marasme persistant s’étalant sur plusieurs décennies et transformant l’ensemble de cet espace en une vaste « Somalie »[6]. Car, que ce soit la banqueroute des États de la façade nord ou la déliquescence du printemps arabe, cette double évolution est de nature historique et institutionnelle : dans le cas du nord, la fin du cycle de l’État-nation ; dans le cas du sud, la fin sans lendemain des nationalismes arabes nés de la décolonisation.

    Il convient donc de s’interroger sur la signification d’un tel effondrement du point de vue historique. On a tendance à l’oublier, l’équilibre de l’espace méditerranéen est d’une grande importance pour l’Europe et les historiens s’en sont périodiquement fait l’écho dans leurs travaux. Or, dans cette optique, il est intéressant de se remémorer l’ouvrage de l’historien belge Henri Pirenne, Mahomet et Charlemagne[7]. Quelque peu éclipsée par les travaux de Fernand Braudel, l’étude de Pirenne mérite néanmoins toute notre attention dans le climat actuel. L’historien avance en effet que la conquête arabe au temps de Mahomet a provoqué la fermeture de ce qui constituait jusqu’alors le centre de gravité du monde de l’époque. Cette fermeture conduit alors l’Europe à se détourner de la Méditerranée pour regarder vers le nord et commencer à construire ainsi les bases de son identité occidentale : selon Pirenne, Charlemagne – le grand empereur d’Occident – ne se comprend pas sans Mahomet et la fermeture de l’espace méditerranéen engendré par celui-ci. En l’occurrence, la question intéressante soulevée par Pirenne n’est pas tant celle de la conquête arabe ou du grand empereur d’Occident, mais la mise en évidence de l’interaction géo-historique existant entre l’Europe et la Méditerranée, la dépendance géopolitique de l’Europe vis-à-vis de cet espace et l’impact que sa transformation peut avoir sur l’évolution de notre continent.

    C’est cette relation qui nous intéresse ici : que peut signifier de nos jours une telle fermeture ? On objectera sans doute qu’à notre époque la Méditerranée ne revêt plus du tout la même importance qu’elle pouvait avoir au début du Moyen Âge, notamment en matière d’échanges économiques et commerciaux ; elle n’est pas non plus le pivot géographique de la globalisation. Mais la question qui nous intéresse n’est pas celle-ci, à savoir l’importance économique et commerciale de cet espace pour l’Europe contemporaine. C’est en revanche celle de la transformation de cet espace en une vaste zone de chaos avec la coupure que cela implique. La réflexion de Pirenne prend donc tout son sens. Selon lui en effet, c’est précisément cette coupure qui provoque la naissance de l’identité occidentale, voire la renaissance carolingienne. En d’autres termes, Pirenne voit dans cette coupure, à terme plutôt une naissance, un nouveau départ et non un repli.

    La rupture de la zone méditerranéenne qui se profile aujourd’hui à l’horizon, laisse-t-elle entrevoir un nouveau départ pour l’Europe ? A première vue, on serait tenter de dire non : la crise de la monnaie unique et les difficultés qui en découlent pour les grands États (France, Royaume-Uni, Italie, Espagne), le risque de désindustrialisation de l’Europe que comporte cette crise ne devraient pas s’améliorer avec l’écroulement de la façade sud de la Méditerranée… au contraire ! L’afflux de réfugiés, l’économie grise et les trafics de tous ordres qui se mettront immanquablement en place devraient représenter un défi et une charge supplémentaires pour les États européens déjà gravement affaiblis. Dès lors, l’affaissement du sud de l’espace méditerranéen devrait surtout accentuer celui de l’Europe occidental… dans un premier temps en tout cas ! Mais ensuite… ?

    Le monde occidental est probablement à la veille d’un changement macro-historique d’outil de production : le passage de la société industrielle (en crise depuis les années 1970) à la société de l’information. Or une telle transition signifie également la mutation des modes d’organisation sociale, économique et sans doute politique ; la fin des grandes structures hiérarchiques au profit de structures plus petites, plus flexibles, moins hiérarchisées dans lesquelles l’individu peut à nouveau avoir le sentiment de jouer un rôle, de s’engager en faveur d’une cause, de participer à la promotion d’une idée ou d’un projet… bref, de re-prendre son destin en main. On pense ici notamment au système open source, au travail coopératif de type wiki, aux formes d’organisation « sans tête », à l’importance du story telling au détriment de la gestion proprement dite. C’est le rapport homme-machine qui change radicalement et, comme le dit Karl Marx, lorsque l'outil de production se transforme, « ce sont tous les rapports de production qui changent, donc les rapports des humains entre eux, et c'est en définitive, la vision (Weltanschauung), bref les valeurs de base et les structures de la société qui se transforment »[8].

    Avouons que cette perspective du changement d’outil de production éclaire d’un jour nouveau la rupture de l’espace méditerranéen : non plus uniquement un défi supplémentaire mais aussi en quelque sorte une opportunité, celle de se re-construire, par exemple en termes d’identité et de dynamique nouvelle.

    Précisons notre propos. Institutionnellement les États européens sont dans l’impasse ; ils sont incapables de se réformer et restent prisonniers des structures et des formes de gouvernance héritées de l’ère industrielle, en particulier tout l’appareil bureaucratique lié à l’État-providence. Cependant, à l’intérieur de cette instance, de ce cadre étatique apparemment figé, la substance se recompose : des bassins de dynamisme et de prospérité économiques et commerciales se distinguent grâce au patient développement d’un dense réseau de PME tournées vers la qualité et l’innovation, de banques privées de taille moyenne, de petits instituts de recherche. On trouve de tels pôles de croissance principalement en Italie du Nord, en Alsace, en Flandres, en République tchèque et en Suisse. Alors que les États cherchent désespérément à conserver les acquis du passé, les sociétés précitées vivent déjà dans le monde de demain. Pour elles, l’ère de l’information avec ses structures souples est déjà une réalité. De notre point de vue, ces sociétés sont annonciatrices d’une renaissance[9] !

    Paradoxalement cependant, ces pôles de dynamisme et d’innovation tournés vers l’avenir sont aussi les principaux foyers de ce qu’on appelle de nos jours le « populisme » et que l’on qualifie habituellement comme une réaction de repli identitaire face à la mondialisation, une volonté de retour à un passé idéalisé. Mais ce paradoxe n’est qu’apparent et cette qualification du populisme est trompeuse : car pour pouvoir se projeter ainsi dans l’avenir, pour affronter avec succès le jeu « sans pitié » de la globalisation, pour avoir la volonté de gagner et d’avancer sans cesse, ces pôles ont besoin d’un projet collectif fort, apte à les mobiliser et à les distinguer des « autres ». Or avec la disqualification des valeurs nationales et l’omniprésence des références globales dominées par le « politiquement correct », un tel projet collectif doit forcément rechercher ses repères à l’échelle locale : d’où le recours à une langue (respectivement un dialecte), une culture et des traditions régionales. Ceci d’abord – comme c’est le cas de tout projet collectif – dans le but de se distinguer des « autres », de désigner un « extérieur » vis-à-vis duquel on pourra ensuite se rassembler. Dans le contexte de la mondialisation, de la californisation des goûts et des terroirs, de l’uniformisation des valeurs, il faut donc considérer que la « fermeture » et plus encore la recherche d’autonomie ne sont pas les caractéristiques des sociétés qui se replient et reculent, mais plutôt de celles qui avancent et se positionnent pour l’avenir. Pas étonnant dès lors que la plupart de celles-ci soient animées, culturellement ou politiquement, de sentiments séparatistes ou, dans le cas de la Suisse, d’un refus d’adhérer à l’Union Européenne[10].

    Si maintenant, on met cette dynamique en parallèle avec l’effet exposé par Pirenne quant à la fermeture de l’espace méditerranéen, alors on pourrait bel et bien obtenir, ce retournement, ce « nouveau départ » que l’historien belge mentionne dans son analyse de la relation Mahomet-Charlemagne…, par exemple une entrée décisive dans l’ère de l’information et, par ricochet, une opportunité nouvelle pour le citoyen actuellement réduit à sa fonction de simple contribuable…

    …dans quel délai ?

    L’été 2011 n’est-il qu’une répétition générale, les grands bouleversements sont-il à venir ? Difficile de se prononcer, on peut néanmoins garder à l’esprit l’équation suivante : les sociétés complexes sont fragiles, les sociétés fragiles sont instables et les sociétés instables sont imprévisibles.

    Bernard WICHT

    Privat-docent, Institut d’études politiques et internationales

    Université de Lausanne

    [1]Cf. notamment nos études intitulées : « Une révolution militaire en sous-sol : le retour du modèle Templiers », Stratégique, no 93-96, avril 2009, p. 709-731 ; « État failli et faillite de l’État », G. Csurgaï ed., Les enjeux géopolitiques des ressources naturelles, Lausanne, l’Âge d’Homme, 2006, p. 34-68

    [2]Pour un bref aperçu, cf. James GLEICK, La théorie du chaos : vers une nouvelle science, trad., Paris, Flammarion, 1988.

    [3]Cf. en particulier, Michel MAFFESOLI, La part du diable : précis de subversion postmoderne, Paris, Flammarion, 2002.

    [4] Sur la recomposition de l’État moderne, cf. notamment, Michel FORTMANN, Les cycles de Mars : révolutions militaires et édification étatique de la Renaissance à nos jours, Paris, Economica, 2010 ; Loïc WACQUANT, Punir les pauvres : le nouveau gouvernement de l’insécurité sociale, Paris, Agone, 2004.

    [5]L’affaire DSK en fournit une bonne illustration.

    [6] Cf. en particulier, « La Libia può diventare una nuova Somalia », Limes : rivista italiana di geopolitica, http://temi.repubblica.it/limes/la-libia-puo-diventare-una-nuova-somalia/24408?printpage=undefined (consulté le 29 septembre 2011).

    [7]Henri PIRENNE, Mahomet et Charlemagne, Paris, PUF, 2005 (Quadrige). Sur les controverses qui ont entouré cet ouvrage, voir l’entrée « Henri Pirenne » sur Wikipédia.

    [8] Cité chez, Marc LUYCKX GHISI, Surgissement d’un nouveau monde, Monaco, éditions Alphée, 2010.

    [9]Il faut s’être promené une fois sur le campus de la société Novartis à Bâle pour prendre conscience que le terme « renaissance » n’est pas utilisé à la légère : près de 8'000 chercheurs de toutes nations s’y côtoient dans un espace de plusieurs km², dessiné par les plus grands architectes, où chaque bâtiment fait l’objet d’une conception spécifique tout en s’harmonisant avec le plan d’ensemble. En d’autres termes, une sorte de « cité idéale » au service de la science, du savoir et de l’innovation. http://www.novartis.ch/fr/about-novartis/basel-campus/index.shtml

    [10]En particulier, Hervé JUVIN, Le renversement du monde : politique de la crise, Paris, Gallimard, 2010 ; cf. également Alain TOURAINE, Après la crise, Paris, Seuil, 2010. Il est intéressant de relever que deux auteurs, l’un américain et l’autre israélien, aboutissent à des conclusions très similaires lorsqu’ils s’interrogent sur les causes du développement exponentiel des start-up de très haut niveau en Israël plutôt que dans d’autres pays développés plus grands et mieux équipés : leur réponse principale touche la culture d’un petit pays constamment en lutte et sous pression. C’est ce « climat » et cet état d’esprit qui constitue, selon eux, le moteur de la compétitivité, de l’innovation et de l’esprit d’entreprise. Si l’étude comporte certes un certain plaidoyer pro domo, les facteurs culturels qu’elle met en évidence sont pleinement pertinents (ennemi commun, nécessité de survie stimulant l’esprit de compétition, étroite imbrication des modes de vie civile et militaire). Dan SENOR/Saul SINGER, Start-up Nation : The Story of Israel’s Economic Miracle, New York, Twelve, 2009.

    Article publié sur le site Le Polémarque (15 octobre 2011)

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  • Théories de la mondialité...

    Nous vous ignalons la parution récente aux éditions L'Harmattan d'un ouvrage de Gérard Dussouy intitulé Théories de la mondialité. L'auteur est professeur de géopolitique à l'université Montesquieu de Bordeaux.

    Il est possible d'écouter ci-dessous une interview récente de Gérard Dussouy donné à Novopress.

     

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    La mondialité est un fait social total.
    Cela est le résultat du progrès des communications et de la mondialisation du capitalisme. Un système mondial s'est mis en place, mais dont on a du mal à dessiner les contours et à en préciser le fonctionnement. C'est pourquoi dans ce livre, et dans la continuité épistémologique des deux premiers tomes de son traité, Gérard Dussouy, dissèque les théories que la mondialité engendre. En premier lieu, celles qui traitent du pouvoir de l'économie de fixer un ordre marchand mondial qui dépasse les Etats.
    En second lieu, celles qui postulent une société mondiale cosmopolite, bâtie sur les réseaux d'acteurs et soumise à des régulations transnationales. A cette occasion, il mène une analyse théorique des réseaux de pouvoir qui faisait défaut jusqu'à aujourd'hui. Dans les deux cas, l'auteur n'a pas de difficulté à mettre en évidence divers enjeux rédhibitoires qui renvoient au concept de puissance : le changement hiérarchique au sein d'une globalisation économique chaotique : les défis de la démographie, de la culture et de l'écologie dans l'hypothèse de la société mondiale.
    Face à ces théories impuissantes à rendre la complexité du monde, Gérard Dussouy insiste sur la nécessité de penser une herméneutique de la mondialité dont il précise ici certains fondements. Au final, les analyses de l'auteur s'avèrent très préoccupantes pour les Européens. La récession née du krach de l'été 2008 pourrait être le début d'une crise structurelle et existentielle profonde.
    • L'ORDRE MARCHAND
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    • La théorie des régimes internationaux et son contexte
    • Le pouvoir économique dans la globalisation, objet central de l'Epi
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    • L'HYPOTHESE HASARDEUSE DE LA " SOCIETE MONDIALE "
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    • Transnationalisme et vision réticulaire du monde
    • Une société globale de bientôt neuf milliards d'individus ? les défis de la démographie, de la culture, de l'écologie
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    • CONCLUSION DU TRAITE : UNE HERMENEUTIQUE DE LA MONDIALITE
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    • Complexité et pragmatisme méthodologique
    • La géopolitique systémique en tant qu'herméneutique
    • Les conséquences géopolitiques de la globalisation
     
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  • Le plus nouveau des philosophes !...

    Nous reproduison ci-dessous un article d'Alain de Benoist consacré à Clément Rosset et son livre intitulé Le réel - Traité de l'idiotie, ouvrage qui est régulièrement réédité aux Edistions de Minuit. Cet article a été publié initialement dans le Figaro magazine en 1978...

     

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    LE PLUS NOUVEAU DES PHILOSOPHES

    Clément Rosset et la réalité des choses

     

    « Au centre du cosmos, le pouvoir n'est plus souverain, mais anonyme ». On pense à cette phrase de Jünger en lisant le très remarquable ouvrage que vient de publier le jeune philosophe Clément Rosset, professeur à la faculté de Nice, ouvrage dans lequel il approfondit des thèses déjà présentées dans La philosophie tragique (PUF, 1960), Logique du pire (PUF, 1971), L'Anti-nature (PUF, 1973) et Le réel et son double (Gallimard, 1976), En s'efforçant – vingt siècles après les Grecs – de penser le monde comme chaos. Et en affirmant que toute réalité est « idiote », c'est-à-dire, au sens étymologique premier, unique et singulière, sans double ni reflet.

    Les hommes ont toujours eu du mal à accepter que les choses soient ce qu'elles sont – et non ce qu'elles « pourraient » ou « devraient » être. « L'homme est mauvais conducteur de la réalité », disait Reverdy. Aujourd'hui plus que jamais, nombreux sont ceux qui disent : « L'utopie ou la mort! » – sans voir que c'est la même chose. Loin de remédier à ce penchant, les philosophes s'y sont précipités. Dans L'île de la raison, de Marivaux, tout le monde finit par quitter ses illusions et se rendre à l'évidence. Tous, sauf un : le philosophe. C'est que le philosophe, trop souvent, ne peut s'empêcher, soit de récuser le réel, soit de l'assortir d'une projection, d'un miroir, d'un double (on connaît le « mythe de la caverne », chez Platon.) Toujours le sollicite l'idée d'une « valeur ajoutée », permettant l'interprétation d'un sens supposé. En donnant au monde une « signification » imaginaire, en y voyant la manifestation d'un « ordre » ou l'ébauche d'une « direction », le philosophe croit élucider l'énigme par excellence. Il croit enrichir le réel, alors qu'il le dévalue subtilement – en l'aliénant au sens propre, c'est-à-dire en l'assujettissant à une autre chose que ce qu'il est.

    Dans cette recherche d’un sens global, Clément Rossé voit une « maladie endémique ». Le philosophe qui disserte sur le sens des choses, dit-il, révèle seulement, par sa dévotion pour le « double » qu'il accole au réel, son incapacité profonde à affronter la réalité de l'absence de sens. La vérité est que le monde est chaos. Il ne contient de sens que celui que nous y mettons. Il n'y a pas de sens de l'histoire, pas de clef universelle du devenir, pas de secret des choses. Ou plutôt, le secret des choses, c'est qu'il n'y a pas de secret. Le monde, comme l'inconscient, ne cache qu'une chose : il cache qu'il n'a rien à cacher.

    La question de savoir si le monde relève du hasard ou de la nécessité n'est pas moins oiseuse, car ces deux termes ne sont que deux façons de désigner une même chose. Toute réalité, est in-signifiante parce qu'elle est à la fois fortuite et déterminée. Là où il y a une volonté, dit-on, il peut y avoir un chemin. Oui, mais là où il y a un chemin, il ne peut qu’y avoir une volonté. « Il suffit, pour s'en rendre compte, d'essayer de marcher au hasard – tâche impossible s'il en est. On peut bien, il est vrai, se déplacer sans intention déterminée ou tituber d'un pas d'ivrogne : l'itinéraire qu'on aura suivi en fin de compte n'en aura pas moins tous les caractères de la détermination ». Autrement dit : « On peut faire tout ce qu'on veut, on ne pourra jamais pour autant faire n'importe quoi ». Quoi qu'on fasse, ce sera toujours quelque chose. Tout ce qui est hasardeux est en même temps nécessaire, car rien n'échappe à la nécessité d'être quelque chose. La faculté d'exister n'importe où ne dispense pas de la nécessité d'exister quelque part. Bref, écrit Clément Rosset, citant le romancier Malcolm Lowry, tout ce qui advient se fait somehow anyhow : « De toute façon d'une certaine façon ». Conclusion : de ce que les choses sont (inévitablement) comme elles sont (et non autrement), on ne peut tirer l'idée qu'elles ont un sens.

    Clément Rosset dénonce donc, avec bonheur, ceux pour qui l'histoire s'explique par un facteur priviligié (la classe, le sexe, l'économie, la race, la « nature », etc.) ; ceux pour qui le monde n'est qu'un aperçu (mineur et parfois illusoire) de ce qui existe vraiment ; ceux qui s'imaginent que le monde devrait être autre chose que ce qu'il est (et que notre rôle est de le « changer »). Et il décrit deux types de théoriciens particulièrement courants aujourd'hui : l'« illusionniste » et l'« inguérissable ».

    L'« illusionniste » est celui pour qui le sens du réel réside dans un « objet manquant » – « manquant à sa place » – qui se dérobe toujours, et qu'il fait « voir » (en coulisse) par simple pouvoir de suggestion. Parmi les « illusionnistes » modernes, on pourrait citer Kafka et la « Loi », Georges Bataille et le « désir », Jacques Lacan et le « signifiant », Jacques Derrida et la « différence ». L'« inguérissable », quand à lui, est ce type de dévot qu'aucun démenti ne décourage, car s'il admet que le monde puisse ne pas avoir tel ou tel sens, il n'admettra jamais qu'il puisse n'en avoir aucun. Il remplace alors les certitudes du dogme par une dogmatique de l'incertitude. « En principe général, écrit l'inguérissable Gilles Deleuze, on a d'autant plus raison qu'on a passé sa vie à se tromper ». « Ainsi, commente Rosset, se déplace l'apparence du sens, c'est-à-dire le non-sens, au long du fil d'une interminable circulation de la folie : la “vérité” était hier à Moscou, elle est aujourd'hui à San Francisco, elle sera demain dans la philosophie chinoise, l'écologie ou l'alimentation macrobiotique ».

    Face aux doctrines « déréalisantes », Clément Rosset recommande d'admettre le monde comme il est. Non seulement de l'admettre, mais de le vouloir comme il est. Non seulement de le vouloir, mais de chercher à le renforcer dans ce qu'il est. Il préconise donc l'amour du réel, cette « grâce » qui prend la forme d'une allégresse – cet amour qui n'est pas seulement l'amour de la vie ni l'amour des autres, ni l'amour de soi, ni l'amour de Dieu, mais qui est, d'abord et avant tout, l'amour de ce qui est. L'amour, l'acceptation et le désir, sans aucun double « correctif », de ce miroir unilatéral qu'est la réalité.

    Une telle démarche, jubilatoire et tragique, n'équivaut nullement à un refus d'agir sur le monde, ni à une quelconque résignation. Elle est même au contraire la condition sine qua non d'une action efficace. C'est en effet dans la mesure où rien n'est prévu, où rien n'est joué, que tout reste possible. Rendre le réel au « non-sens », ce n'est pas le dévaluer ni le décrire comme absurde ou comme inintéressant, ou encore comme anodin, mais le rendre riche de toutes les possibilités. Le monde, en fin de compte, n'est riche que de son absence de signification grâce à laquelle il peut être le lieu de toutes les significations. Il est riche en tant que chaos, parce qu'à ce chaos l'homme – le seigneur des formes – peut à chaque instant donner sa marque. C'est peut-être en renonçant à trouver du sens dans le monde que nous aurons quelque chance, un jour, de pouvoir en mettre.

    Alain de Benoist (Le Figaro magazine, 4-5 février 1978)

     

    Clément Rosset, Le réel. Traité de l’idiotie, Minuit.

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  • Vers la revanche du réel...

    Nous reproduisons ci-dessous une excellente analyse de William Léonard, cueilli sur Scriptoblog, le site qui a donné naissance aux éditions le Retour aux Sources.

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    Vers la revanche du réel

    Aux alentours du 28 juin, plusieurs journaux de la presse régionale se firent l'écho d'un fait-divers particulièrement intéressant, dont je citerai quelques extraits, tirés de l'édition en ligne du Progrès, feuille lyonnaise :

     

    "Ce matin à 10H30, notre camion chargé de livrer le lait à une association de femmes en difficulté s'est retrouvé bloqué devant la cité par des poubelles remplies de sable et une bande de jeunes", a déclaré Jacques Ansquer.

    "Ils ont dit qu'ils faisaient la vérification du chargement, ils ont ouvert les portes, sont rentrés dans le camion, soi-disant pour vérifier qu'il n'y avait pas de policiers à l'intérieur", a-t-il ajouté. "Les bras nous en tombent. Aujourd'hui c'était du lait, donc ça ne les a pas intéressés, mais demain on se fera dépouiller d'autres choses si ça les intéresse".

    Une réunion extraordinaire du bureau de l'association est prévue mercredi pour déposer plainte auprès du procureur de la République.

    "Nous ne sommes plus dans une situation de non-droit, il y a désormais des zones régies par un autre droit que le nôtre", a dénoncé M. Ansquer, ironisant sur "les nouveaux octrois". "On s'attaquait aux policiers, aux pompiers, aux chauffeurs de bus, maintenant on s'en prend aux gens qui viennent aider les plus démunis", a-t-il déploré. "Mais il n'est pas question pour nous de renoncer à notre mission".

     

    Qu'un tel récit ne figure qu'à la rubrique des faits-divers est en soi quelque chose de suffisamment amusant et significatif pour être de suite signalé. Fidèles à leurs habitudes, et à la culture de l'euphémisme qui est l'appanage de leur profession lorsqu'il s'agit de traiter d'un événement se déroulant dans, selon l'expression consacrée, “un quartier sensible”, les journalistes ont en effet accordé à cet acte de guérilla – appelons les choses par leur nom – une importance comparable à celle du premier chien écrasé. Circulez, braves gens, tout va bien ! Nous savons cependant que nous ne pouvons pas compter sur les gens de presse : leur métier, peut-être depuis toujours, consiste davantage à vêtir la réalité d'un masque pudique qu'à, comme ils disent, “décrypter l'information”. Lire un journal intelligemment est un périlleux exercice d'exégèse, digne d'un Kabbaliste émérite : chaque mot exhibe le mensonge et dissimule la vérité. C'est pourquoi il convient ici de ne s'en tenir qu'aux faits : un camion de la banque alimentaire a été fouillé par des individus ne s'autorisant en cette occasion que de leur force, à l'entrée d'un territoire dont ils semblaient devoir assurer la sécurité, un peu à la manière des douaniers qui, jadis, gardaient les frontières nationales.

     

    Les éternels ravis de la crêche se demandent bien sûr comment nous avons pu en arriver là, alors même que très nombreux sont ceux qui, sans prendre trop de risques avec la postérité, avaient déduit il y a parfois fort longtemps les événements auxquels nous sommes aujourd'hui quotidiennement confrontés. Il est vrai qu'ils étaient nantis d'une qualité qui prête particulièrement au lynchage : la lucidité. Le mythe de la Caverne platonicienne ne révèle-t-il pas, en sa conclusion, que l'homme à qui est donné de contempler la vérité dans sa pleine splendeur est tué dès lors qu'il prétend la révéler à ceux qui rêvent encore ?

     

    Sachant que ceux qui liront ce texte sont pour la plupart des observateurs avertis, souffrant suffisamment, d'ailleurs, d'être traités en Cassandre à la moindre remarque trop peu élogieuse pour des temps irascibles, il me semble inutile de retracer la généalogie de ce désastre : nous savons pourquoi, nous savons comment, et malheureusement, nous conjecturons bien souvent une amère fin.

     

    La question qui m'importe ici est la suivante : pourquoi ces faits se multiplient-ils sans que l'Etat, en principe garant de la sureté générale, n'amorce le moindre début de réaction pour les faire cesser ?

     

    Ma réponse aura au moins le mérite d'être simple : parce qu'il ne le veut pas.

     

    Et pourquoi ne le veut-il pas ?

     

    Parce qu'il ne le peut pas.

     

    L'Etat est impuissant face aux gens qui, aujourd'hui, se conduisent dans certains territoires du pays comme s'ils en assumaient la souveraineté. La politique, disait Gambetta, c'est “l'art du possible”. Le Politique fait ce qu'il peut, en quelque sorte. S'il ne fait rien, c'est qu'il ne peut pas, et le verbe pouvoir est ici à prendre au sens le plus essentiel. Les idéologies contemporaines (mondialisme, ultra-libéralisme, relativisme absolu et universalisme tyrannique, hystérie shoatique, etc.) et les Puissances qui lui accordent foi pèsent si lourd qu'il est inimaginable qu'un Etat, leur jurant allégeance chaque jour que Dieu fait et tirant sa légitimité transcendantale de cette servitude absolue, soit en mesure d'agir indépendamment des forces qui le guident. Cela n'enlève rien, bien sûr, à la responsabilité de ceux qui, aujourd'hui, assument des tâches publiques : il suffirait en effet qu'ils rompent avec ces sinistres donneurs d'ordres pour que le pays recouvre une souveraineté pleine et entière sur son territoire. Mais nos dirigeants sont à ce point pleutres et clientélisés, leurs intérêts personnels seraient à ce point mis en danger par une telle démarche, que jamais ils n'oseront faire vaciller sur leur socle les idoles grâce auxquelles, rappelons-le, ils prétendent exister aux yeux du monde. Cela leur est littéralement impossible.

     

    Le socle métaphysique de cette impuissance, aussi branlant et ruiné soit-il (car personne n'est dupe, à part bien sûr les illuminés, les salariés du Désastre payés pour s'extasier, et les sans-défense, enfants et esprits malléables), ce sont les romanciers qui en parlent le mieux. Une oeuvre en particulier, rééditée ces derniers mois (et même disponible en supermarchés !), jette une lueur foudroyante sur le chapelet de “faits-divers” auxquels les média nous exposent quotidiennement. Le Camp des Saints, de Jean Raspail, roman extralucide rédigé en 1972, a cette immense qualité que, plus que la succession des événements qu'il présente à la manière d'une narration historique, il dresse le portrait fantastique d'un personnage immatériel tenant sous sa botte les puissances du monde. Rappelons, pour ceux qui ne l'auraient pas lu, l'intrigue de cet ouvrage : au tournant du siècle, une flotte de plusieurs centaines de milliers de réfugiés du tiers-monde se dirige vers les côtes françaises. Faut-il repousser les nécessiteux, les abattre, ou les accueillir ? La réponse de l'Occident gavé de moraline est aisée à deviner, et à la fin, rien n'est entrepris contre les envahisseurs pacifiques : le pays est pris.

     

    “Conscience globale” est le nom donné par Raspail à ce démiurge tyrannique, dont les oukazes sont appliquées dans l'instant par des hommes qui, pourtant, savent qu'en obéissant à ce maître despotique, ils signent leur arrêt de mort. Cette belle “Conscience” somme les puissants de s'agenouiller devant tout ce qui paraît petit, misérable, exploité, souffrant, et enjoint tout ce qui est enraciné, solide et fier, à dénigrer ce qui fait sa force, à se haïr jusqu'à souhaiter sa propre disparition, au nom du Bien. C'est, en quelque sorte, la figure allégorique de l'idéologie développée par Sartre dans la préface des “Damnés de la Terre”, plus la mystique raciale indexée sur l'égalitarisme le plus rigoureux, avec comme horizon final la régénération morale de l'humanité à travers le métissage, c'est à dire l'arasement des différences biologiques.  Ce Prince est néanmoins un Janus. Car la “Conscience”, dans le roman de Raspail, c'est aussi “la Bête”. En lecteur avisé du Nouveau Testament, l'écrivain met en scène ce “dragon” qui “parle comme un agneau” (Apocalypse 13 – 11), cette bête qui voudrait faire “l'Ange”, et qui, derrière son parler de miel, dissimule de bien coupables intentions.

     

    Cette allégorie, en plus de peindre à merveille l'Idéologie Mondiale, mélange de “morale de midinette” comme le disait Montherlant et de délire eugéniste New-Age franchement prométhéen, voire satanique, nous aide à comprendre pourquoi, dans la situation qui est la notre et qui ne tardera pas, sauf miracle, à s'aggraver, nous ne pourrons compter sur aucun Etat dit moderne, libre et démocratique pour assurer la sûreté des citoyens : la “Conscience Globale”, Princesse de ce Monde, veille au grain.

     

    Car ses principes sont simples et lumineux : ils sont partout, ils règnent, ils s'épanouissent, ils sont heureux. Que ceux qui m'accuseraient d'exagérer lisent les présentes lignes, tirées de la profession de foi du Syndicat de la Magistrature français, et qui en résument l'esprit : “Ayez un préjugé favorable pour la femme contre le mari, pour l’enfant contre le père, pour le débiteur contre le créancier, pour l’ouvrier contre le patron, pour l’écrasé contre la compagnie d’assurance de l’écraseur, pour le malade contre la sécurité sociale, pour le voleur contre la police, pour le plaideur contre la justice. “. J'ajoute : pour le non-Blanc contre le Blanc... Par extension, il s'agit de protéger les criminels contre les honnêtes gens. René Gallinier pourra témoigner de la toute puissance de ces lois qui, ne figurant dans aucune constitution, exercent pourtant leur empire sur tout et tous.

     

    Un autre exemple particulièrement frappant de ce délire fut trouvé ce matin même par votre serviteur, sur le site “Rue 89”. Le rédacteur reprenait un certain nombres d'arguments pondus par d'éminents sociologues anglo-saxons pour justifier l'abandon du combat contre le trafic de drogue par les autorités de police : “les minorités ethniques sont les principales victimes de la prohibition car « le pouvoir blanc » utilise le prétexte de lutte contre la drogue pour contrôler les populations considérées comme anxiogènes et à vocation carcérale depuis l'esclavage. La guerre à la drogue se déroule principalement sur le territoire des minorités qui doivent gérer à la fois le champ de ruines laissé par les guerres de gangs, et les ravages dus à l'abus de substances très toxiques”.

     

    Jusqu'à présent, le commentaire le plus éclairant face à la fouille sauvage du camion marseillais me paraît le fait d'un autre écrivain, Renaud Camus, qui, depuis quelques années, a essuyé plusieurs campagnes de calomnies de la part des gardiens du Temple. Par chance, il bénéficie de soutiens puissants, qui lui ont épargné jusqu'à maintenant la proscription.

     

    L'auteur ne m'en voudra sans doute pas de reproduire ici quelques unes des vérités qu'il énonce avec une très-louable lucidité : “la prétendue “mixité” et le non moins mensonger “multiculuralisme” ne sont que les noms que les lâches, les aveugles et les aveugleurs donnent à la colonisation en cours, laquelle se présente et se présentera de plus en plus en termes de territoires à soumettre, à défendre, à interdire et à exploiter, autant dire en termes militaires”.

     

    Involontairement, l'articule de Rue 89 lui donne raison : lorsqu'on utilise l'expression “territoire des minorités”, c'est que l'on a déjà intégré, inconsciemment ou non, la logique sécessionniste qui les structure.

     

    Cela dit, par le jeu d'une dialectique qu'avait déjà entrevue Tocqueville, lorsqu'il prophétisait que la constitution d'un Etat composé d'ensembles régionaux ou provinciaux artificiellement fédérés autour d'un pouvoir central aurait pour conséquence la recomposition du territoire en divisions organiques de type communautaires, l'affaire du camion marseillais, symptomatique de l'aveuglement de nos élites politiques, médiatiques et intellectuelles, me permettra de compléter ce qu'écrit très justement  Renaud Camus .

     

    Alors que l'on a persuadé, usant pour ce faire d'une sirupeuse propagande, les braves citoyens européens de la nécessité d'abolir les frontières et les postes douaniers, alors que l'on a fini par faire avaler au vulgus pecum que cette oblitération de tout ce qui pouvait rappeler la riche histoire politique du continent constituait la garantie d'une paix durable (Michel Rocard est l'un des plus ardent défenseurs de l'idée selon laquelle seule une Europe sans frontières ni identité historique, culturelle et charnelle, une pure idée en somme, peut assurer la concorde), alors que l'on s'est obstiné à gaver l'homme moyen de chimères universalistes, afin qu'il accepte docilement l'idée selon laquelle la société multiethnique, multiconfessionnelle et multiculturelle dévoilait l'horizon radieux d'une humanité réconciliée avec elle-même, alors que l'on a guidé le troupeau vers les verts paturages des songes Kantiens et des rêves New-Age - Société des Nations, Paix Perpétuelle, Fin de l'Histoire, Harmonie, Ere du Verseau - voilà que ressurgissent, comme par malice, des frontières, des clivages, des “solutions de continuité” diraient les cuistres. A dire vrai, il n'y a que dans la glossolalie des élites que la Politique et l'Histoire ont cessé d'exister. Les hommes sont naturellement des animaux politiques, et la nature, c'est un cliché, a horreur du vide. Une table-rase ne reste pas longtemps vide : ce qui disparaît aux marges réapparaît au centre.

     

    Plus important, et surtout bien plus inquiétant : ce “fait-divers” démontre que nos dirigeants ont substitué à l'administration des choses (laissée aux gangsters) le gouvernement des coeurs et des esprits : à la multiplication des “zones de non-droit” (comprendre, des territoires sur lesquels s'exercent un autre droit que celui que l'Etat est censé faire respecter) a correspondu une gargantuesque inflation législative chargée d'inventer, puis de “surveiller et punir” de multiples délits de conscience : lois Pleven, Gayssot, et nous en passons, subventions léonines accordées à diverses officines de persécution et de “vigilance”, véritable inquisition commissionnée pour identifier et dénoncer les comportements, propos et pensées inconformes aux canons de la “Conscience Globale”. Au sens institutionnel, il n'y a donc plus de politique. Elle a été remplacée par l'ingénierie des perceptions et des émotions, la gestion biologique du “parc humain”, comme l'écrit Sloterdijk, la mise en conformité avec des règles de fonctionnement techniques et économiques, ce que certains ont pu appeler un “capitalisme cognitif”, encore que l'expression paraisse quelque peu restrictive.

     

    Or, là gît le paradoxe. Nous savons, grâce à Carl Schmitt et Julien Freund, que  l'essence du politique, tel qu'au moins la pensée classique la définit, réside dans “la distinction entre l'ami et l'ennemi”. Les “jeunes” qui ont établi une frontière à l'entrée de leur quartier pratiquent donc la politique éternelle : ils exercent une souveraineté qu'ils entendent faire respecter par la force, et cette souveraineté s'exprime à travers la désignation de l'adversaire : le policier, l'Etat. Si nos institutions, officiellement, n'ont plus d'ennemis (elles n'ont que des idées à combattre et des “bêtes immondes” à exterminer, ce qui n'est pas la même chose) – d'ailleurs, leur “lutte” insensée contre toutes les “discriminations” montre assez que la moindre distinction essentielle (homme/femme, adulte/enfant, autochtone/étranger, intérieur/extérieur) leur fait horreur – elles sont elles-mêmes les ennemis identifiés et revendiqués par ce sous-prolétariat gangstérisé qui, sur le vide du Droit, a reconstitué des entités politiques de type féodales, claniques et/tribales.

     

    On peut, certes, s'inquiéter d'une telle situation. Il apparaît en effet évident que, depuis les émeutes de 2005 et les gages donnés par les politiques et l'hyper-classe à la “jeunesse des banlieues” (l'expression désigne bien entendu la composante prédatrice de cette jeunesse), de la création de la HALDE à un énième “plan-banlieue” surmédiatisé, de la généralisation des pratiques de discrimination positive raciale camouflée derrière des critères sociaux à la multiplication des chartes de la “diversité” mises en place dans les grandes entreprises, et visant à discriminer les blancs (ainsi que l'a avoué Anne Lauvergeon), les voyous que Nicolas Sarkozy promettait de karchériser sont employés comme alliés de revers du Système. On le remarque désormais à chaque manifestation de la jeunesse issue de la classe moyenne blanche. De manière tristement répétitive, les cortèges estudiantins ou les fêtes publiques auxquelles se livre cette autre jeunesse sont attaquées par des hordes de bandits tout droit venues des banlieues ethniques pour “bolosser” du petit blanc “à tête de victime”, dépouiller, piller, voire lyncher pour le plaisir, sous l'oeil impavide de CRS à qui ordre est donné de n'intervenir que pour la forme.

     

    Le Système a tout intérêt à laisser faire : d'une part, face à certaines formes de contestation sociale, il se paie à peu de frais un service de “maintien de l'ordre” non tenu par les règles du droit auquel il doit soumission permanente et absolue, sous l'oeil vigilant de la “Conscience Globale” et ses caméras de surveillance journalistiques; d'autre part, en permettant aux “casseurs” d'infiltrer les cortèges, il décrédibilise les manifestants et recouvre leurs revendications d'un bavardage médiatique sensationnaliste qui les rend inaudibles. C'est la raison pour laquelle les identitaires lyonnais, ayant marché en février dernier “contre la racaille”, ont été beaucoup plus encadrés et inquiétés par les autorités que les gangsters de cités qui avaient semé le chaos la veille : il faut que les mouvements collectifs dégénèrent et s'abîment dans l'anarchie, sans quoi ils pourraient être en mesure de rassembler autour d'eux une unanimité dangereuse pour le Système.

     

    Le rôle de cette racaille clientélisée avait été parfaitement identifié et défini par Marx et Engels – ce que semble avoir oublié la Gauche révolutionnaire, tendance NPA et PC, qui a passé ces trente dernières années à la draguer, révélant par là son absolue duplicité : « Le lumpenproletariat – cette lie d’individus déchus de toutes les classes qui a son quartier général dans les grandes villes – est, de tous les alliés possibles, le pire. Cette racaille est parfaitement vénale et tout à fait importune. Lorsque les ouvriers français portèrent sur les maisons, pendant les révolutions, l’inscription : « Mort aux voleurs ! », et qu’ils en fusillèrent même certains, ce n’était certes pas par enthousiasme pour la propriété, mais bien avec la conscience qu’il fallait avant tout se débarrasser de cette engeance. Tout chef ouvrier qui emploie cette racaille comme garde ou s’appuie sur elle, démontre par là qu’il n’est qu’un traître. » (Marx/Engels : « La social-démocratie allemande »)

     

    Nous pourrions même aller plus loin. Comme le constate Renaud Camus, les institutions contemporaines, fidèle à leur mystique mélangiste et à leur projet d'übermensch métissé, entendent utiliser ces “forces vives” pour “régénérer” le pays.

     

    Les gangsters allogènes sont, plus qu'une force d'occupation, une force de substitution : leurs comportements incivils sont encouragés, leur agressivité n'est jamais réfrênée ni condamnée car elle est la garantie de leur valeur militaire.  Lorsqu'à la télévision, la “Bouche d'Ombre” du Système, l'on diffuse des clips de rap misogynes exaltant les corps bodybuildés d'allogènes roulant des mécaniques, clips sur lesquels Caroline Fourest n'écrit étrangement aucun livre,  lorsque Joey Starr, bien connu pour sa tendresse envers les femmes, est invité chez Drucker, lorsque les charmants bambins impliqués dans des affaires de viols en réunion écopent de peines symboliques, on constate que le modèle d'une virilité belliciste, celle du champ de bataille, est exagérément valorisée lorsqu'il s'agit des “jeunes”, tandis que dans le même temps, les hommes de souche européenne subissent le rouleau-compresseur de la vulgate féministe. L'homme honnête, lit-on, entend-on, doit “retrouver sa part de féminité”, cultiver la douceur et le pacifisme, éviter de se mettre en colère, consacrer une moitié de sa vie aux tâches ménagères, s'accomplir à travers le passage de l'aspirateur, etc.

     

    Les attributs d'une virilité classique caricaturée en brutalité primitive sont ainsi systématiquement portés au crédit des “bad boys” allogènes. Mais parce qu'il institue un rapport de force brute défavorable pour l'autochtone, il est possible de trouver à ce double discours une assez effrayante cohérence : certains sont en effet enjoints à s'affaiblir tandis que les autres reçoivent la permission d'user impunément de la force.

     

     

     

    Cependant, ce simple fait-divers, cet acte de guerre, c'est à dire donc ce phénomène politique, devrait pouvoir constituer un indice d'espérance. Malgré la volonté absolue de retirer du monde tout ce qui pourrait le ramener au réel, les faits restent têtus : la disparition des frontières, des communautés naturelles, du droit, ne peut avoir pour conséquence que la reconstitution d'autres communautés organiques, d'autres droits. La conception politique classique n'est pas morte, et elle risque même de se rappeler bien cruellement à notre souvenir.

     

    Il n'est pas du ressort de ce texte d'analyser dans le détail cet “autre droit”, et le caractère tribal et clanique de ces communautés sécessionnistes que l'impuissance de nos institutions laisse prospérer, bien souvent au dépends même de ceux qui vivent sous la coupe de caïds et de mafieux. Cela dit, il n'est pas douteux que les modèles d'organisation de la vie publique, dans ces espaces, sont incompatibles avec la manière dont nous concevons l'existence.

     

    La bonne nouvelle, c'est que ces phénomènes iront en s'amplifiant au point où chacun sera tenu d'opérer un aggiornamento dans ses conceptions politiques, de déterminer et, enfin, d'adandonner toutes celles qui l'auront conduit à supporter une invivable oppression. Tous les hommes ont en partage un sens aigu de l'injustice : si les mirifiques “valeurs”, quelles que soient les oriflammes trompeurs qu'elles exhibent, accroissent l'iniquité en ce bas monde, les hommes, espérons-le, les brûleront aussi vite et haineusement qu'ils les ont vénérées.

    William Léonard (Scriptoblog, 8 juillet 2011)

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  • Un autre monde ?...

    Alain Chauvet, consultant et professeur à l'Ecole centrale de Paris et à l'Essec, vient de publier aux éditions Lethielleux, Un autre monde - Protectionnisme contre prédation, un essai dans lequel il préconise la réorganisation du monde en grands espaces politiques économiquement autocentrés. Il avait déjà publié en 2009 Après l'Occident - Pour un protectionnisme intelligent aux éditions Desclée de Brouwer.

     

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    "Est-on au bord d'un effondrement de la civilisation occidentale ? La disparition des Etats-providence est elle inéluctable ?

    Comment arrêter les guerres, remettre l'argent à sa place, et éviter le chaos auquel nous destinent les prédateurs financiers ?

    Peut-on rompre la fatalité du cycle millénaire des civilisations grecque, romaine et chrétienne ?

    Comme dans « Après l'Occident » (2009), Alain Chauvet fournit une lecture nouvelle de la mondialisation et de la crise, à partir d'une analyse de l'histoire de l'Humanité.

    Constatant l'impossibilité de mettre en place un gouvernement mondial qui régulerait la planète et éliminerait la prédation, il propose une solution contre-dogmatique : découper le monde en dix grandes civilisations totalement protectionnistes. Dix petits mondes se partageraient la planète et réguleraient chacun l'économie et la vie politique de leur territoire.

    Seule l'Europe, avec son passé social-démocrate et sa puissance économique, peut réussir la première dans cette voie."

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  • Chaos ?...

    "Par opposition au Kosmos, ordonné et d'essence divine, les Anciens Grecs nommaient « Chaos » un état de l'univers dépourvu de forme et indifférencié, où rien n'est déterminable ni concevable. pour la pensée grecque, le Kosmos nait de «la mise en forme » du Chaos. Toujours susceptible de reprendre le dessus, le Chaos n'est donc pas un état antérieur mais un état intérieur. Il perdure à l'intérieur du Kosmos."

    Jean-Sylvestre Mongrenier, Dictionnaire géopolitique de la défense européenne

     

     

    Le numéro 35 de la revue Krisis, dirigée par Alain de Benoist, vient de paraître. Le thème retenu est celui du chaos... Le sommaire est, comme toujours, particulièrement riche.

    Le numéro est disponible à la commande sur le site de la revue Eléments ou sur le site des Amis d'Alain de Benoist.

    Bonne lecture !

     

     

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    Au sommaire :

    • Jean-François Gautier / « Khaos », l’impensable fondamental

    • Pierre Le Vigan / Empédocle et la systémique du chaos

    • Document : Jaime Semprun / L’abîme se repeuple (extraits)

    • Alain de Benoist / Multitude ou chaos ? Sur les thèses de Michael Hardt et Antonio Negri

    • Eric Werner / Jusqu’où ne pas aller trop loin : sur l’avant-guerre civile

    • Entretien avec Alain Bauer / Chaos, insécurité et décèlement précoce des menaces

    • Document : Georges Sorel / La violence révolutionnaire : de la paix sociale au chaos régénérateur (1908)

    • Michel Drac / Le chaos monétaire

    • Entretien avec Philippe Simonnot / L’étalon-or pour sortir du chaos monétaire ?

    • Jean-François Gautier / De « Khaos » à « Chaos »

    • Jean-Louis Harouel / Le chaos du modernisme artistique

    • Entretien avec Bernard Lugan / L’Afrique noire est-elle vouée au chaos ?

    • Le texte : Martin Heidegger / Critique de la volonté de puissance. À propos du nihilisme

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