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Points de vue - Page 87

  • Réquiem pour la démocratie libérale...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de David Engels, cueilli sur Tysol.fr,  qui nous rappelle que la démocratie libérale occidentale est une fiction destinée à masquer la réalité oligarchique du pouvoir...

    consacré au glissement autoritaire de nos sociétés à travers l'exemple de la dénonciation des opposants au « passe sanitaire » comme « parasites sociaux »...

    Historien, spécialiste de l'antiquité romaine, David Engels, qui est devenue une figure de la pensée conservatrice en Europe, est l'auteur de deux essais traduits en français, Le Déclin. La crise de l'Union européenne et la chute de la République romaine (Toucan, 2013) et Que faire ? Vivre avec le déclin de l'Europe (Blauwe Tijger, 2019). Il a également dirigé un ouvrage collectif, Renovatio Europae - Plaidoyer pour un renouveau hespérialiste de l'Europe (Cerf, 2020).

     

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    Réquiem pour la démocratie libérale

    La mort de la démocratie libérale est de plus en plus souvent invoquée, que ce soit de manière apotropaïque par ses partisans, que ce soit avec une certaine satisfaction par ses opposants. Pourtant, la démocratie libérale n'a jamais existé ; en fait, elle est une contradictio in adiectum.

    Tout d'abord, il est très douteux que le mot « démocratie » puisse vraiment s'appliquer aux sociétés occidentales modernes telles qu'elles ont évolué depuis la Révolution française, car le système des partis parlementaires n'a pas grand-chose à voir avec le concept réel de démocratie. À l'origine, la « démocratie » signifiait la tentative de faire exercer le pouvoir non seulement pour le peuple, mais aussi par le peuple, et ce non pas de manière de plus en plus indirecte à travers des étapes complexes de délégation de pouvoir, mais directement, à savoir par des plébiscites et par l'élection directe de tous les magistrats ou, mieux encore, par leur désignation par le sort, comme dans le cas de la démocratie attique. Nous, en revanche, en essayant de mettre en œuvre le concept polybien de la « constitution mixte », nous avons créé un système parlementaire de représentation qui, par le mécanisme des partis, par l'invention du politicien professionnel et par la délégation du pouvoir politique du peuple aux parlements et des parlements à diverses formes d'exécutifs et d'institutions internationales, ressemble le plus à une oligarchie. En outre, si l'on considère également qu'en raison de la polarisation sociale croissante et de l'érosion de l'État-nation classique, le pouvoir réel est plus susceptible de se trouver entre les mains des Big Tech, des Big Data et des Big Business qu'entre celles des politiciens, la marge de manœuvre réelle du peuple pour façonner la politique quotidienne se réduit encore plus.

    Deuxièmement, nous devons discuter de la signification du mot « libéral » et du soupçon que son idéal a peu à voir avec la réalité pratiquée aujourd'hui. Si l'on entend par « libéral » la volonté d'assurer la plus grande liberté possible à l'individu, il faut alors se demander si cette liberté n'existait pas dans une bien plus large mesure au cours des siècles passés qu'aujourd'hui, où un procéduralisme juridique presque maniaque tue dans l'œuf toute initiative, ou plutôt, la réserve à une élite jalousement protégée et à son soutien légaliste. De plus, la surveillance de plus en plus étroite de nos données par l'État et l'économie nous transforme en un peuple transparent, et l'introduction de systèmes de crédit social dystopiques comme ceux en Chine n'est pas seulement possible en Europe, mais est déjà devenue réalité à travers des initiatives comme le passeport covid : sans que nous nous en rendions compte, le prétendu libéralisme occidental s’est transformé en économie planifiée numérique polycentrique. En outre, en ce qui concerne les prétendues « valeurs » libérales, certaines questions gênantes se posent. Car s'il doit être « libéral » d'orienter sa propre vie selon des valeurs morales individuelles arbitraires et relativistes, qui doivent seulement répondre à la condition préalable de ne pas limiter la liberté d'autrui (ou, pour reprendre les termes de Kant, de pouvoir devenir une loi générale), la vacuité de l'idée de « valeurs libérales » apparaît rapidement. En effet, en fin de compte, un tel concept de liberté ne fait que déplacer le dilemme de la prise de décision morale des anciennes communautés de solidarité pré-modernes tels que la famille, l'église, la guilde ou le village vers le législateur étatique. Ce dernier, cependant, est de plus en plus influencé par une attitude résolument anti-traditionnelle et ne compte plus accompagner l’évolution sociopolitique, mais la diriger. Ainsi, en favorisant systématiquement les minorités les plus diverses et contestables tout en critiquant directement ou indirectement les modes de vie traditionnels et majoritaires, le « libéralisme » défendu par l'État moderne correspond de plus en plus à une tentative d’« ingénierie sociale » radicale de gauche. Au terme de cette évolution se trouve, comme on le voit déjà aujourd'hui, l'idéal d'un individualisme extrême et hédoniste-matérialiste, qui n'autorise que d’infimes variations sur le thème de plus en plus étroit de la prétendue « diversité » : ainsi, la réalité quotidienne résultant de cette politique semble collectiviste plutôt que véritablement libérale et a remplacé la liberté réelle et la diversité des styles de vie, comme le connaissait encore le passé pré-révolutionnaire, par un conformisme uniforme, comme le soupçonnait déjà Tocqueville.

    De cette brève clarification des termes, qui devrait faire comprendre que les « démocraties libérales » actuelles ne sont en réalité ni libérales ni démocratiques dans le sens où l’on l’entend généralement, mais cachent une gouvernement élitaire de plus en plus matérialiste et collectiviste, découlent quelques conséquences naturelles.

    D'une part, cette évolution, qui s'est fortement accélérée au cours des deux dernières décennies, va certainement se poursuivre encore plus rapidement à l'avenir, rendant ainsi progressivement claires les conséquences ultimes de nos choix politiques, et ce même pour les citoyens qui, pendant longtemps, ont naïvement préférer fermer les yeux face aux réalités. Malheureusement pour nous, il sera probablement bientôt trop tard, du moins pour l'Europe occidentale, pour procéder à des corrections de trajectoire significatives de manière organique et pacifique, car l’enchevêtrement entre politique, grandes entreprises, médias et experts est devenu tel que les pires extrêmes semblent d'abord devoir être atteints avant qu'une véritable remise en question puisse commencer.

    D'autre part, il s'ensuit que tout mouvement dédié à la lutte contre ces conditions ne doit pas être mené au nom d'une simple restitution d'un statu quo illusoire, comme celui des années 1980 ou 1990, qui, rétrospectivement, semblent si enviables seulement parce que les problèmes ancrés dans le système des partis parlementaires ainsi que dans le libéralisme de masse y étaient encore à peu près compensés par un dernier vestige de décence et de moralité enraciné fermement dans l’époque pré-révolutionnaires. Une fois de plus, cela ne fait que démontrer la véracité du fameux paradoxe de Böckenförde, selon lequel l'État moderne vit sur base de conditions préalables qu'il ne peut garantir lui-même - et que, faut-il ajouter, il combat même activement actuellement, sciant ainsi la branche sur laquelle il est assis… et nous tous avec lui.

    Une véritable alternative ne peut donc pas venir, pour le dire exagérément, de l'esprit du « conservatisme », car il ne reste plus grand-chose qui vaille la peine d'être conservé, mais plutôt de celui de la « réaction », dans le sens d'un retour conscient à des cadres et à des conditions politiques d'un tout autre type, et qui doivent bien sûr être adaptés aux réalités de la modernité. Mais cela ne peut se faire, comme je l'ai déjà expliqué avec un collectif d'auteurs venant de toute l'Europe dans mon livre « Renovatio Europae », que par un mouvement politique auquel j'ai donné le nom d'« Hespérialisme ». Ce n'est qu’en combinant le patriotisme culturel occidental avec le désir d'un lien renouvelé avec la transcendance chrétienne qu'il peut y avoir un espoir de survie pour notre civilisation. Et de ce point de vue, le seul point de départ possible pour une Europe alternative ne réside pas dans les États-nations post-révolutionnaires ou même dans les institutions internationales modernes, mais plutôt dans les formes pré-modernes d'Etats et de sociétés comme, par exemple, le « Sacrum Imperium » ou la République polono-lituanienne qui ont tous combiné subsidiarité, pluralisme politique, résilience, patriotisme, tolérance, sécurité juridique avec un ancrage transcendant.

    David Engels (Tysol.fr, 15 septembre 2021)

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  • Libéralisme contre libéralisme...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Hervé Juvin, cueilli sur son site personnel et consacré à la montée en puissance du capitalisme totalitaire.

    Économiste de formation et député européen, Hervé Juvin est notamment l'auteur de deux essais essentiels, Le renversement du monde (Gallimard, 2010) et La grande séparation - Pour une écologie des civilisations (Gallimard, 2013). Candidat aux élections européennes sur la liste du Rassemblement national, il a publié récemment un manifeste intitulé France, le moment politique (Rocher, 2018).

     

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    Libéralisme contre libéralisme

    Libéralisme et capitalisme ont eu partie liée. Ce n’est plus le cas. En Europe comme ailleurs, un capitalisme totalitaire devient la première menace qui pèse sur nos démocraties et restreint nos libertés.

    Un vieux clivage

    Pour deux siècles, Benjamin Constant avait fixé le cadre du débat ; « la liberté politique est la liberté des Anciens, la liberté de l’individu est la liberté des Modernes ». Entre anciens et modernes, entre souverainistes et mondialistes, entre tenants de l’autonomie des Nations à faire leurs lois et à respecter leurs mœurs, et apôtres de l’universalisme du droit et des droits, s’est résumé le débat politique qui nous a si longtemps tenus éveillés. Mais voilà qu’une autre ligne de fracture vient transformer en profondeur le débat. Au vieil affrontement entre le libéralisme politique, celui de la liberté des peuples, exprimé par le principe majoritaire et le suffrage universel accordé à tous les citoyens, et le libéralisme de l’individu, celui des libertés individuelles, exprimé par l’État de droit et les droits de l’Homme, oublieux du citoyen, succède l’affrontement entre le libéralisme et le capitalisme. Un capitalisme sorti des mœurs et des lois, des frontières et des Nations est devenu la plus grande menace qui pèse sur nos libertés publiques comme privées.

    Le capitalisme est sorti de son lit. C’est ce que l’incroyable accumulation de richesse par les géants du numérique américain dit aussi bien que l’ascension, puis la chute, des magnats du numérique et des réseaux en Chine. C’est ce que signifie le privilège insolent du capital, désormais immune du politique, à l’abri du vote comme des décisions gouvernementales, au titre des accords internationaux de libre-échange signés par l’Union européenne qui protègent le capital et son rendement au point de faire porter sur le contribuable le coût de toute décision, par exemple sociale ou environnementale, qui porterait atteinte au rendement attendu d’un investissement. Et c’est ce que nous disent à la fois le grand désordre qui s’étend aux États-Unis, et le grand retour au patriotisme économique qui secoue la Chine et fait rendre gorge à ceux qui ont cru édifier leur fortune sans le peuple, ou contre lui. Qui a dit que l’égalité devait fixer des limites à la liberté économique ?

    Le communisme en a rêvé, les GAFAM l’ont fait

    Que s’est-il passé ? Ni révolution dans la rue, ni coup d’État à sensation, mais un changement de nature de ce que nous appelons encore démocratie sans mesurer à quel point le mot s’est vidé de son sens. C’est le numérique qui a donné au capitalisme ce caractère totalitaire que les limites des Nations, des ressources et des organisations lui interdisaient de prendre. Deux révolutions sont passées sous silence :

    D’abord, le fait que les techniques de traitement de masse de données pratiquement infinies rendent possible la planification intégrale ; ce que les régimes communistes avaient échoué à faire, faute de moyens techniques adéquats, Amazon ou Google peuvent le faire, mais alors que les régimes socialistes affirmaient le faire au bénéfice du peuple Amazon ou Google le font au bénéfice de leurs seuls actionnaires.

    Ensuite, le fait que la maîtrise de l’information acquise du fait de l’Intelligence artificielle et des algorithmes permet de fabriquer l’opinion, de susciter des états de conscience, bref, de modifier la perception du Bien et du Mal dans un sens unique et facile à identifier — à condition de s’en tenir à distance. Le numérique permet au capital de fabriquer la vérité — d’imposer sa vérité. Résumons en quelques mots ; tout ce qui vient de l’État est mal, tout ce qui vient du privé est Bien.

    Les milliardaires du Net font le Bien de l’humanité ; leurs fondations et les ONG qu’ils financent, généralement avec l’argent accumulé dans des paradis fiscaux ou acquis en ruinant les classes moyennes de leur pays d’origine, ne peuvent être mises en cause. La justice n’a rien à voir avec le capital et les revenus ; les pauvres doivent tout à la charité des riches. D’ailleurs qui n’est pas ému par la bonté d’âme des Soros, Gates et cie ? Les exemples criants de manipulations d’opinion sont partout. Citons seulement les coûts écologiques de ces voyages dans l’espace dont les Branson, Musk et cie semblent faire leur nouveau jouet — et dont personne ne dénonce les impacts désastreux. Citons encore la volonté, affichée par Gates, Bezos et quelques autres, de lancer l’exploitation du Groenland et des terres australes, piétinant un consensus que l’on croyait acquis sur la préservation de ces terres vierges et surtout, fragiles.

    Et citons encore l’extraordinaire impunité dont bénéficient des opérateurs modernes d’une censure dont l’arbitraire n’a d’égale que la partialité, mais dont aucun gouvernement, en dehors de la Chine, n’est parvenu à leur imposer les sanctions qui sauveraient cette condition de la démocratie ; la liberté d’opinion. Pour conclure ; nous vivons un nouveau temps des « robber barrons », ces Vanderbilt, Pierpont Morgan et autres bâtisseurs d’empires par le crime et la fraude, mais pardonnés parce qu’ils construisaient des bibliothèques ! Mais à quand la loi sur l’enrichissement sans cause, qui brisera leurs empires ?

    L’économie emportée par un capitalisme intégral est devenue totalitaire. Elle a plus à voir avec la croyance qu’avec l’économie, la société et bien sûr, la politique. Et c’est bien en cela que cette économie du capitalisme est totalitaire ; elle avale tout ce qui n’est pas elle. L’extension du domaine du marché à tout ce qui vit, de la reproduction humaine à la lutte contre les pandémies, comme l’illustre l’indécente fortune accumulée par les big pharma sous prétexte du Covid, est spectaculaire ; comme est spectaculaire la constitution de monopoles privés qui remplacent les monopoles d’État.

    Pour sortir de cette situation qui menace plus encore que les libertés, la vie elle-même, la première solution est de rendre aux populations leurs biens communs, des autoroutes à La Poste et des chemins de fer aux hôpitaux ; à eux d’en devenir associés propriétaires, à eux de décider de leurs conditions d’exploitation et du rendement qu’ils en attendent. La seconde est d’affirmer la priorité de l’indépendance stratégique, et de la décliner dans tous les secteurs où l’intérêt de la Nation est en jeu. La dernière appelle une tout autre dimension. Celle du sacré. Et comment ne pas paraphraser Heidegger ; face à l’être de la technique déchaîné par la cupidité privée, pouvons-nous faire autre chose que créer les conditions pour qu’à nouveau, le sentiment du sacré nous emplisse de respect, de crainte et de retenue ?

    Hervé Juvin  (Site officiel d'Hervé Juvin, 15 septembre 2021)

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  • Point final au féminisme...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous une intervention de Julien Rochedy dans laquelle il évoque la question du féminisme.

    Publiciste et essayiste, Julien Rochedy est une figure montante de la mouvance conservatrice et identitaire. Auteur d'un essai intitulé Nietzsche l'actuel, il publie un nouveau livre, L'amour et la guerre - Répondre au féminisme.

     

                                             

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  • Habermas et l’hypothèque idéologique allemande

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Gérard Dussouy, cueilli sur Polémia  et consacré à l'influence néfaste de la pensée du philosophe Jürgen Habermas sur la politique allemande. Professeur émérite à l'Université de Bordeaux, Gérard Dussouy est l'auteur de plusieurs essais, dont Les théories de la mondialité (L'Harmattan, 2011) et Contre l'Europe de Bruxelles - Fonder un Etat européen (Tatamis, 2013).

     

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    Habermas et l’hypothèque idéologique allemande

    Angela Merkel prend sa retraite et il est probable que le SPD va remporter les législatives ou fédérales du 26 septembre 2021. Que le résultat soit celui-là ou qu’il soit autre, cela ne changera pas grand-chose. En effet, l’Allemagne est depuis plus de cinquante ans recouverte par la même chape idéologique qui l’inhibe sur le plan politique et qui, du même coup conditionne l’action politique de l’Union européenne. Cette idéologie qui explique, quels que soient les partis ou les coalitions au pouvoir, que sa politique extérieure demeure fixe, c’est-à-dire systématiquement alignée sur les États-Unis, et qu’elle se fasse le porte-drapeau de tous les desiderata onusiens. Elle explique aussi pourquoi, bien que l’Allemagne soit la puissance industrielle et financière qu’elle est, elle ne fait guère entendre sa voix sur la scène internationale, et surtout pourquoi elle ne l’élève jamais quand il s’agit de revendiquer une émancipation de l’Europe.

    Bien entendu, pour comprendre cette apathie, il faut compter avec le statut international de l’Allemagne depuis 1945 qui est celui d’une « souveraineté limitée », comme on le disait des Démocraties Populaires à l’époque de l’Union soviétique, ou si l’on préfère « surveillée ». Cependant, comme l’a dénoncé le philosophe Peter Sloterdijk il y a quelques années déjà, le consensus idéologique allemand, tel qu’il a été imposé, vient principalement de ce que « dans les années 1970 lorsque Habermas a pris le pouvoir, […] l’anti-nietzschéisme de la Théorie critique, de l’École de Francfort, est devenu la tonalité dominante en Allemagne. La Théorie critique […] montant une espèce de « garde sur le Rhin », elle a tout fait pour minimaliser la pensée française en Allemagne qu’il s’agisse de gens comme Deleuze, comme Foucault ou d’autres »[1]. A tel point que, selon Sloterdijk, la philosophie désormais dominante en Allemagne est devenue productrice d’une « hypermorale » (selon le concept d’Arnold Gelhen) qui s’oppose à toute pensée critique, et qui exerce son interdit sur toute orientation politique non conforme avec le statuquo établit.

    Il faut savoir que la majeure partie de l’œuvre de Jurgen Habermas est consacrée à la récusation du paradigme de la domination présent dans presque tous les courants de la philosophie politique. Dans l’étude qu’il a consacrée à ce philosophe, Arnauld Leclerc en arrive à la conclusion suivante :  « premièrement, contre Arendt, Habermas fait valoir l’impossibilité de penser le pouvoir en excluant la domination ; deuxièmement, contre Hobbes, Schmitt et Weber, Habermas fait valoir l’impossibilité de réduire le pouvoir à la domination qui peut, certes, être rationalisée, mais jamais être légitime ; troisièmement, contre les théories critiques de la domination, allant de Marx à  Bourdieu, en passant par l’École de Francfort et Foucault, Habermas fait valoir l’impossibilité absolue de faire de la domination un paradigme de la théorie politique »[2]. C’est à ce titre qu’il prône le passage à l’ère postnationale, qui fait des Allemands des citoyens du monde et non plus un peuple en soi, et qu’il veut voir dans la mondialisation un « horizon sans domination » par suite de l’homogénéisation des hommes. Il faut dire que ce nouvel état des choses a plutôt été facilement accepté par les Allemands, sachant que leur économie, remarquablement spécialisée, a profité à plein de la mondialisation.

    Afin de dissoudre l’ethnocentrisme inhérent à chaque individu et à chaque peuple, Habermas entendait faire appel à la « raison communicationnelle » qu’il interprète, note le philosophe pragmatiste américain Richard Rorty, « comme l’intériorisation de normes sociales, plutôt que comme une composante du « moi humain ». Habermas entend « fonder » les institutions démocratiques ainsi que Kant espérait le faire ; mais il ambitionne de faire mieux en invoquant, à la place du « respect de la dignité humaine » une notion de « communication exempte de domination », sous l’égide de laquelle la société doit devenir plus cosmopolite et démocratique »[3]. L’objectif de Jurgen Habermas est que l’action communicationnelle, couplée à une sphère publique bien structurée, puisse conduire l’homme à se débarrasser de son identité nationale, romantique, et autoriser l’humanité à s’unir dans une paix perpétuelle en dépassant les souverainetés et en écartant ainsi toute velléité de conflit[4].

    Dans les faits, le triomphe d’Habermas et l’adoption de ses idées par les milieux officiels (tel celui de l’éducation) ont abouti à l’hégémonie communicationnelle et idéologique de son camp en Allemagne, avec l’aval de ses « alliés » satisfaits de la passivité politique induite, plutôt qu’à un dialogue digne de ce nom. A la suite du contrôle de l’information, des médias et des différents processus de socialisation, a été possible le formatage de la représentation collective, jusqu’à changer radicalement la culture politique de la nation allemande. Analysant le programme de rééducation politique et historique dont ont été gratifiés les Allemands, mais aussi les Japonais, Thomas U. Berger n’hésite pas à écrire « qu’ils furent bombardés par une propagande antimilitaire qui fut au moins aussi violente que la propagande de la période de la guerre qui l’avait précédée »[5].

    L’ankylose idéologique dont souffrent les partis politiques allemands explique notamment le peu d’entrain de l’Allemagne à suivre Emmanuel Macron quand il parle de « souveraineté européenne » et qu’il propose des avancées en matière de défense communautaire ou d’armée européenne. Le président français, adepte lui-même des thèses d’Habermas qu’il est allé visiter au début de son quinquennat, aurait pourtant dû s’y attendre.

    Or, le dilemme est d’autant plus difficile à résoudre que dans le même temps plusieurs pays partenaires de l’Allemagne, notamment ceux du sud de l’Union européenne dont la France,  demeurent tributaires d’elle dans la mesure où elle leur sert de « parapluie monétaire » ; et qu’en cas de désaccord profond ou de séparation, c’est la banqueroute qui les menace. Il faudra donc attendre que des événements exceptionnels se produisent pour que l’hypothèque idéologique allemande soit levée.

    Gérard Dussouy (Polémia, 19 septembre 2021)

     

    Notes :

    [1] Sloterdijk Peter, Le Magazine Littéraire, entretien, n°406, février 2002, p.34.
    [2] A. Leclerc, « La domination dans l’œuvre de Jürgen Habermas. Essai sur la relativisation d’une catégorie », Politeia, N°1 Politique et domination à l’épreuve du questionnement philosophique, Novembre 1997, p. 53-85.
    [3] R. Rorty, Contingence, ironie et solidarité, Paris, Armand Colin, 1993, p. 205.
    [4] J. Habermas, La paix perpétuelle. Le bicentenaire d’une paix kantienne, Paris, Le Cerf, 1996.
    [5] T. U. Berger, « Norms, Identity and National Security in Germany and Japan », Peter J. Katzenstein, The Culture of National Security, New York, Columbia University Press, 1996, p. 317-356.

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  • Afghanistan : une débâcle militaire et idéologique qui doit nous faire réfléchir...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Caroline Galactéros, cueilli sur Geopragma et consacré à la débâcle américaine en Afghanistan.

    Docteur en science politique, Caroline Galactéros est l'auteur de  Manières du monde, manières de guerre (Nuvis, 2013) et de Vers un nouveau Yalta (Sigest, 2019). Elle a créé en 2017, avec Hervé Juvin, entre autres, Geopragma qui veut être un pôle français de géopolitique réaliste.

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    Quand le dernier avion américain quitte l'aéroport de Kaboul...

     

    Afghanistan : une débâcle militaire et idéologique qui doit nous faire réfléchir

    Beaucoup a été dit sur le retrait désastreux des forces américaines d’Afghanistan, après 20 ans d’une présence massive et dispendieuse qui a échoué à construire, ou même à ébaucher, un État, des institutions, une armée afghane, moins encore à homogénéiser une société civile autour de valeurs et pratiques occidentales avec lesquelles la structure tribale et clanique du pays comme sa géographie cloisonnée sont par essence incompatibles. Le « cimetière des empires » porte décidément bien son nom.

    Mais l’Amérique, qui depuis des années déjà, sentait le vent tourner et la nécessité croissante de concentrer ses efforts sur la zone indopacifique – épicentre de sa confrontation avec Pékin – préparait sa reddition déguisée en changement de pied. Ses émissaires discutaient plus ou moins discrètement avec les Talibans. Elle se retire aujourd’hui dans un savant désordre, sans aucun scrupule ni gêne « morale » particulière vis à vis du peuple afghan dont la « libération » n’aura, comme ailleurs, été qu’un prétexte à une ingérence aux objectifs infiniment plus vastes et concrets.

    En effet, la grande question que personne ne pose jamais, c’est : pourquoi les USA sont-ils restés 20 ans en Afghanistan ? Pas pour les femmes afghanes ni pour le Nation building, ni même pour la traque de Ben Laden (auquel on laissa néanmoins, comme à son beau-père le Mollah Omar, chef des Talibans d’alors, un bon mois pour s’échapper …)

    Ce retrait chaotique est un écran de fumée qui permet, en mettant le focus sur l’aspect humanitaire certes préoccupant, de faire passer les Américains pour les (anciens) garants de l’évolution sociale et de la libération des femmes, escamotant du même coup le caractère profondément illégitime de cette ingérence occidentale et ses motivations éminemment prosaïques parmi lesquelles :

    • Étendre le spectre d’intervention de l’OTAN en Asie centrale avec pour une fois un vrai mandat puisque les membres de l’Alliance avaient alors pour la première fois, invoqué l’article 5 du Traité de l’Atlantique Nord après les attentats du 11 septembre ;
    • Gêner la Russie en favorisant l’éparpillement djihadiste en Asie centrale ;
    • Gêner l’expansion de l’influence iranienne (qui a déjà plus de 3 millions d’Afghans sur son sol et dont on peut gager que la cacophonie actuelle risque de projeter une nouvelle masse vers le territoire iranien, contribuant à aggraver la crise économique) ;
    • S’appuyer sur le Pakistan contre l’Inde soutenue par la Russie ;
    • Contrôler la production de Lithium (alors indispensable à la croissance chinoise via la fabrication des smartphones).

    La crise actuelle n’est donc pas qu’une opération de retrait mal préparée et précipitée. C’est avant tout la démonstration grandeur nature du cynisme total de la politique étrangère américaine.

    Cela rappelle d’ailleurs furieusement la politique américaine en son temps au Kosovo : à partir de l’été 1998, les États-Unis avaient, sans crier gare, rayé l’UCK (armée révolutionnaire albanaise du Kosovo) de la liste des organisations terroristes alors que celle-ci était aux mains de véritables criminels qui semaient la terreur dans la province serbe (Hacim Thaci et ses sbires Ceku, etc..). Soudainement légitimes et fréquentables, les leaders de l’UCK furent institués par les Américains en interlocuteurs privilégiés à même de discuter des conditions de la paix (c’est-à-dire de la guerre contre la Serbie récalcitrante et soutenue par Moscou) qui seront plus tard imposées à toutes les autres chancelleries occidentales. Ça a donné les pseudo « Accords de Rambouillet », évidemment inacceptables pour Belgrade, et le prétexte au lancement des frappes de l’OTAN en mars 1999. Le cynisme de la manœuvre américaine est plus manifeste encore dans le cas Afghan, si l’on considère que le retrait a été négocié en contrepartie de l’abandon aux Talibans d’une quantité impressionnante d’armements, vestiges des 85 milliards de dollars d’équipements déversés dans le cadre des programmes US « train, advise and assist » de l’armée et de l’administration afghanes durant 20 ans. Un ancien responsable américain du « Procurement program » mentionnait récemment (certes à visée partisane) les 75 000 véhicules légers et lourds (60 chars légers, 12 lourds), les 50 canons ou mortiers lourds, les 7 drones militaires, les 200 avions et hélicoptères (24 dont nombre de Black Hawk et les 600 000 armes légères abandonnés aux nouveaux maitres de Kaboul). Mais le pire est ailleurs. Les Talibans se sont vu concéder les technologies (lunettes de vision nocturne, de Scanners des yeux et d’empreintes digitales) et les bases de données biométriques et biographiques américaines dernier cri leur permettant de cibler et réprimer tous les Afghans (et ils sont des centaines de milliers) qui ont de près ou de loin collaboré avec les Américains depuis 20 ans ! Les USA leur donnent ainsi ni plus ni moins les clefs de la maitrise et de la surveillance de la population, la liste de tous ceux qu’il faut éliminer ou marginaliser !

    Le Nation building est une utopie une fois encore consacrée dans les faits. Il n’y a plus rien à gagner pour Washington à demeurer dans ce pays et à risquer un nouvel enlisement humiliant… si ce n’est à favoriser désormais la déstabilisation du pays en comptant sur les forces de résistance diverses au pouvoir Taleb (cf. le fils du commandant Massoud et d’autres) et en s’appuyant parallèlement sur le Pakistan. Il s’agit désormais pour Washington de gêner Russes, Iraniens et Chinois qui ont, eux, tout intérêt à stabiliser le pays (donc le pouvoir Taleb) afin de contrôler les agissements des groupuscules islamistes (EI-Khorassan et Al Qaida) pour éviter les transferts de djihadistes en Asie centrale (pour Moscou),  de contrôler l’instrumentalisation des Ouighours (pour Pékin) et de limiter l’afflux de réfugiés chiites afghans (pour Téhéran). Ces considérations sécuritaires nourrissent le pragmatisme de ces puissances régionales.

    Le fiasco humanitaire sur lequel les médias mondiaux se sont concentrés n’est donc que l’arbre qui cache une forêt profonde et dangereuse : celle des influences multiples, convergentes ou parfois antagonistes de voisins qui jouent dans ce pays et à ses dépens ultimes, une partie mondiale.

    Il est remarquable de constater que Iraniens comme Russes, Chinois, et même Turcs et Qataris (qui ont accueilli les Talibans à Doha depuis des années), entretiennent des relations éminemment pragmatiques avec les Talibans.

    Tandis que la Russie renforce son contrôle sécuritaire régional dans une stratégie d’interdiction sur sa façade occidentale, en réponse aux manœuvres militaires de l’OTAN , ainsi que de réassurance de ses alliés centre asiatiques comme en témoignent les manœuvres militaires Zapad et Rubezh en cours, L’Iran est sans doute le principal bénéficiaire du retour des Talibans au pouvoir en terme d’influence régionale mais aussi dans le cadre de son alliance de plus en plus structurante avec Pékin qui d’ailleurs renforce singulièrement la main du nouveau président, à l’heure actuelle, dans le cadre de la renégociation voulue par les USA du JCPOA.

    Dans ce contexte, les déclarations fracassantes de John Bolton au Washington Post, qui appelle désormais à frapper préventivement le Pakistan car il craindrait qu’ils ne se servent des 150 têtes nucléaires, … que les USA leur ont permis d’acquérir, semblent une mauvaise farce, à moins que ce ne soit le comble du cynisme.

    Quand on l’entend aujourd’hui oser s’insurger contre le Pakistan, sembler découvrir le pouvoir tenu par les services secrets pakistanais et l’armée, s’inquiéter de la bombe pakistanaise et appeler à des frappes préventives, on croit rêver. « The Chicken Hawk » (surnom donné par Trump à Bolton car « planqué » pendant le Vietnam mais fana de toutes les guerres) exploite l’ignorance et la mémoire de poisson rouge des opinions et leaders occidentaux. C’est juste inaudible !  Il vient nous expliquer aujourd’hui qu’il aurait « découvert et enfin compris que les Pakistanais étaient de dangereux extrémistes, que le pays était aux mains de l’ISI (Services de Renseignement pakistanais) et des militaires, et jouait un double jeu !!!! Ce n’est pas un scoop !

    Soit cet homme est affligé d’une cécité meurtrière soit « Il nous prend pour des truffes ». C’est lui-même, alors au Département d’Etat en charge des questions de désarmement qui poussa George Bush junior, quelques semaines après le 11 septembre, à quasi effacer la dette pakistanaise, poussant les membres des Clubs de Paris et Londres à en « restructurer » une partie considérable, à inonder le pays d’aides multiples notamment bilatérales à hauteur de 6 milliards de dollars au prétexte d’en faire un « allié stratégique » de l’Amérique dans sa « War on Terror » …. Alors que le Pakistan était le sanctuaire de croissance et de protection des Talibans (et l’est resté jusqu’à aujourd’hui), à coopérer étroitement avec l’ISI (les Services secrets pakistanais), et last but not least, à trouver normal que le pays soit devenu atomique avec l’argent de son allié saoudien et l’appui indirect des technologies occidentales (depuis des années déjà pour gêner à l’époque Moscou qui appuyait Dehli.). L’imposture est énorme. Mais nul ne se risque naturellement à en piper mot dans les médias européens, et « ça passe crème ».

    La réalité, c’est que les USA ont bloqué la Russie et l’Iran depuis 40 ans en se servant notamment de l’extrémisme sunnite partout dans le monde, c’est qu’ils sont les concepteurs et les auxiliaires (avec l’argent Saoudien et la CIA) du djihadisme mondial depuis les Freedom fighters afghans des années 80, mais que cela ne peut durer éternellement. Ils ont désormais mieux à faire, et partent en essayant indirectement de montrer au monde combien leur départ est un drame pour la population afghane…dont ils n’ont jamais eu rien à faire ! Le sort tragique des femmes afghanes est un leurre finalement peu coûteux qui cache sans vergogne la forêt d’un accord parfaitement assumé avec les Talibans. Cette déroute humiliante n’en est donc que partiellement une. Les US s’en vont et changent de braquet tout simplement, ils lâchent leurs alliés comme ils l’ont fait partout ailleurs. Car l’idée de la manœuvre US de retrait en désordre n’est autre que de laisser s’égailler les islamistes en Asie centrale pour gêner Moscou et Téhéran. « ISIS-K » est le nouveau monstre, en fait de la résurgence de l’EI dans les provinces afghanes.

    Comme nous l’avons vu, Les gagnants sont, au plan stratégique, les Russes, les Iraniens et les Chinois, qui vont remplir le vide laissé par les États-Unis, et qui vont pouvoir monitorer de près les islamistes locaux.  Mais les gagnants de second rang sont aussi les Turcs et Qataris (qui ont hébergé et financé les Talibans depuis toujours).

    Au-delà, Cette déroute est aussi celle, magistrale, de l’occidentalisme déjà mis à mal et lourdement décrédibilisé par les ingérences désastreuses, sous la bannière cynique d’une modernité ignorante, présomptueuse, aveugle et violente en Syrie, en Libye et jusqu’au Yémen.

    Même si, sous l’effet d’un sortilège puissant, l’humilité et le remords saisissaient aujourd’hui les politiques américains et leurs vassaux européens, le mal semble fait, et la bascule des forces et des influences s’est produite. Le vide moral, éthique, politique et désormais militaire, laissé par l’interventionnisme américain a ouvert de vertigineux espaces aux influences iranienne, russe, et chinoise. Il est bien trop tard pour battre notre coulpe et demander pardon aux peuples martyrisés au nom de « la guerre contre la terreur » et contre une engeance islamiste sous ses divers avatars dont nous avons été les concepteurs et les parrains.

    Que fait et qu’a d’ailleurs fait la France dans cette galère ? Rien, comme dans les autres ! Le Nation building est idiot, illégal et illégitime. Il ne fait que nourrir la dynamique terroriste. Pour la France, il est grand temps d’ouvrir les yeux sur notre politique étrangère suiviste, dépourvue de vision et de prise en compte de nos intérêts stratégiques et sécuritaires propres. Elle est un désastre pour notre crédibilité et notre influence. L’ingérence militaire ne produit plus d’influence, tout au contraire. L’OTAN va se redéployer en fonction du nouvel agenda de sécurité US orienté vers la Chine et la Russie. Qu’avons-nous à faire et à gagner dans ces impasses ? Rien. Juste une marginalisation accrue sur la scène mondiale et une incapacité à mesurer et gérer l’enjeu sécuritaire d’un afflux de réfugiés afghans sur le territoire national, qui n’est pas négligeable. Comme on l’a déjà vu depuis quelques semaines, il y a des djihadistes en puissance parmi ceux qui sont récupérés et sans doute aussi des « crypto-Talibans » habilement mêlés, sous couverture de « réfugiés », à ceux qui voulaient fuir le pays (employés locaux de notre ambassade, d’ONG, interprètes). N’oublions pas que ce sont les Talibans qui faisaient le tri à l’entrée de l’aéroport en vertu d’un accord avec les USA… ! Ils peuvent avoir mis des « bombes à retardement-cellules dormantes » en France et en Angleterre notamment. Il est probable que nous soyons à la veille d’une campagne d’attentats en Europe et même aux USA. La campagne présidentielle en France constitue à cet égard une sanglante fenêtre d’opportunité. L’Afghanistan va redevenir un vivier de terrorisme islamiste et de renaissance de l’Etat-islamique version locale. L’ONU estime que 15 des 34 provinces afghanes sont infestées par Al Qaida ou ISIS-K.

    Enfin, et plus largement encore, la nullité spectaculaire des Américains pour organiser un retrait pourtant prévu depuis des mois, est de bon augure du point de vue chinois en cas de crise à Taiwan : si Taiwan était envahie ou prise par Pékin, comment voudrait et pourrait réagir Washington ? Tous les alliés africains et asiatiques des États-Unis doivent se poser la question en ce moment.

    Nous assistons à une bascule considérable des rapports de puissance et d’influence, en germe depuis déjà 20 ans mais qui s’accélère dangereusement. Ce n’est pas Berlin en 1989, mais on n’en est pas si loin non plus. Avec la démonstration inverse : la déroute occidentale s’aggrave. Le déni aussi. Et la France doit d’urgence recouvrer sa souveraineté de pensée et de décision pour ne pas être embarquée dans cette chute vertigineuse.

    Caroline Galactéros (Geopragma, 6 août 2021)

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  • Ego Non en questions...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous une nouvelle vidéo d'Ego Non qui répond aux questions posées par ces auditeurs. Clair, lumineux et profond, comme toujours...

     

                                         

    Au sommaire :

    Partie 1 : Questions autour de la chaîne

    2:27 - Quelle est la signification de « Ego Non »

    3:47 - Combien de temps prenez-vous en moyenne pour réaliser une vidéo ?

    5:37 - Pourquoi se limiter à la droite alors que le clivage gauche/droite est obsolète aujourd’hui ?

    14:04 - Beaucoup de youtubeurs de droite font référence à Nietzsche aujourd’hui. Pourquoi ne pas en avoir vous-même parlé jusqu’ici ? Est-ce pour des raisons pratiques ou philosophiques?

    19:03 - Comptez-vous évoquer les quelques penseurs/politiciens nationalistes qui ont fleuri dans notre pays (De Man, Pierre Daye, Degrelle, Pierre Nothomb, etc.) ?

    20:16 - Que pensez-vous de l’œuvre du philosophe Joseph Mérel? Comptez-vous réaliser une vidéo sur son dernier ouvrage "Comme un agneau muet" ?

    22:35 - Envisageriez-vous d’organiser de petites conférences/soirées/débats ici ou ailleurs afin de pouvoir partager votre pensée avec votre public ?

    24:04 - Comptez-vous faire une vidéo sur Oswald Spengler ? Une réédition de son œuvre phare vient de paraître.

    26:50 - Ferez-vous un pas dans l’édition de livres ? (Certaines œuvres que vous présentez sont introuvables à des prix raisonnables)

    27:56 - Comptez-vous nous faire profiter de vos connaissances en philosophie médiévale ? Pensez-vous que la philosophie médiévale soit encore utile actuellement ? Et si oui de quelle manière ?

    Partie II : Questions générales

    36:44 - Que pensez-vous de l’Action Française, de sa doctrine et de sa progression actuelle ?

    41:48 - As-tu des pistes de réflexion pour mettre les idées anti-égalitaires au pouvoir ?

    46:21 - Quelles sont pour vous les classiques de la philosophie contre-révolutionnaire ? Je parle ici des auteurs.

    49:07 - J’aimerais savoir en quoi la révolution conservatrice allemande n’est pas un national-socialisme et également pourquoi Julius Evola n’a point trouvé d’écho chez les proches de Mussolini ?

    57:35 - Envisagez-vous la possibilité d’un retour de l’homme moderne européen vers ses racines traditionnelles ? Est-ce encore possible ? Si oui, comment ?

    58:46 - Comment avez-vous découvert Philippe Baillet que vous citez régulièrement ? Quels livres avez-vous lus de lui, lesquels recommanderiez-vous et qu’appréciez-vous ou pas dans ses ouvrages ?

    1:00:33 - Que pensez-vous de l’école techno-critique ? Possible alliance avec les anti-égalitaires ?

    1:03:18 - Que pensez-vous des religions en général, et de l’islam en Europe ?

    1:11:03- La littérature collaborationniste n’est-elle pas la dernière grande période littéraire ? Que pensez-vous de Michel Houellebecq ?

    1:15:21 - La France n’a été grande que sous deux régimes, la monarchie et l’empire. N’est-il pas temps d’en finir avec la Gueuse ?

    Partie III : Questions personnelles

    1:18:36 - Quel est ton top 5 des livres ? Tous genres confondus.

    1:20:16 - Pourrais-tu nous parler de ta méthode de travail ? Comment procèdes-tu pour synthétiser un ouvrage ou la pensée d’un auteur ?

    1:27:01 - Tes vidéos sont emplies de combativité et d’espoir. On peut se demander d’où te vient une telle force de vie, serait-ce une certaine vision de l’histoire qui te l’apporte ? Si oui, laquelle ?

    1:28:23 - Pensez-vous que votre environnement social a joué un rôle important dans votre éducation et de quelle façon ?

    1:31:38 - Si vous deviez vous expatrier dans un pays en accord avec vos convictions, lequel serait-il ?

    1:33:31 - Quel philosophe, quel maître, guide aujourd’hui le mieux votre vie grâce aux principes de sa pensée ?

    1:34:24 - Quelles sont les 3 plus belles villes d’Europe selon vous ?

    1:34:38 - Quels sont vos styles de peintures favoris ?

    1:35:21 - Quels sont vos compositeurs favoris ?

    1:35:56 - Quelles sont vos œuvres littéraires favorites ?

    1:36:45 - Quelles sont vos citations favorites ?

    1:37:14 - Comment résumeriez-vous votre ligne politique/idéologique?

    1:38:45 - Fin

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