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Points de vue - Page 86

  • L’Occident comme déclin...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous une nouvelle vidéo d'Ego Non qui évoque l'œuvre capitale de Guillaume Faye, L’Occident comme déclin (Le Labyrinthe, 1984). Dans cet ouvrage, la réflexion de Faye embrasse l’évolution historique de l’Occident, les caractéristiques fondamentales de « l’idéologie occidentale » ainsi que l’épineuse question du déclin, déjà abordée par Oswald Spengler.

     

                                           

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  • Et si on en finissait enfin avec la « Françafrique » ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de François d'Avenel, cueilli sur le site de la revue Eléments et consacré à l'enlisement militaire de la France au Mali et à ses conséquences.

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    Échec militaire au Mali : et si on en finissait enfin avec la « Françafrique » ?

    Ancienne colonie, le Mali, montre une tendance nette à la diminution de ses liens avec la France. Plusieurs responsables français se sont ainsi rendus dans la capitale, Bamako, pour exhorter les Africains à ne pas déployer le contingent de 1 000 spécialistes militaires russes du Groupe Wagner. Comme l’a déclaré la ministre de la Défense Florence Parly, « on ne va pas pouvoir cohabiter avec des mercenaires » [1].

    Défaite au Mali

    Quelques jours plus tôt, les dirigeants maliens avaient quant à eux clairement fait savoir qu’ils ne souhaitaient pas voir un contingent militaire français dans le pays. Comme l’a dit le Premier ministre malien Choguel Kokalla Maïga :

    « Nous sommes obligés aujourd’hui de nous interroger, si de la même façon dont les partenaires ont décidé de quitter certaines localités, s’ils décident demain de partir, qu’est-ce qu’on fait ? On est obligé de nous interroger s’il ne faut pas avoir des plan B. D’autant plus qu’on a vu des pays où on a lâché et les gens se sont retrouvés seuls.

    Le Mali est libre de coopérer avec tous les pays avec lesquels il existe des accords renchérit-il. » [2]

    Les troupes françaises sont présentes au Mali depuis 2013. L’objectif officiel est de lutter contre le terrorisme. En réalité, le Mali et l’ensemble de la zone sahélienne sont devenus une sorte d’Afghanistan pour la France : une guerre contre le terrorisme sans fin et sans perspective d’issue. Cette guerre pompe l’argent et les ressources de la France et détruit de plus en plus l’image de la France dans le monde – tout comme la guerre sans fin en Afghanistan a détruit l’image des États-Unis en tant que superpuissance.

    En juin, Emmanuel Macron a annoncé que France allait réduire sa présence au Mali et au Sahel. Thierry Vircoulon, expert de l’Afrique à l’Institut français des relations internationales (IFRI), a déclaré dans une interview que “c’est une défaite, c’est clair, et que la leçon pour la France est de ne pas se lancer dans des guerres qu’on ne peut pas gagner”. [3]

    Il existe toutefois un autre point de vue : en réduisant le nombre de ses troupes, Paris aurait cherché à faire pression sur le gouvernement militaire récalcitrant du Mali. Il y a un an, les militaires maliens ont évincé le président Ibrahim Boubacar Keita, qui entretenait des liens étroits avec les milieux d’affaires français. En conséquence, les Maliens se sont tournés vers les Russes pour obtenir de l’aide. La tentative de Macron de faire chanter ses partenaires a été un coup humiliant – ses partenaires ont montré qu’ils pouvaient se passer de ses services.

    Un Afghanistan français ou un Irak français ?

    La situation au Mali, les tentatives infructueuses de traiter le djihadisme en Afrique dans son ensemble, sont une défaite non seulement pour Macron, mais pour toute la politique française précédente en Afrique, au moins depuis François Hollande et peut-être même avant. La crise sécuritaire au Mali ne serait pas survenue si Nicolas Sarkozy n’avait pas aidé à renverser le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi en 2011. En conséquence, certaines milices touaregs fidèles à Kadhafi ont été poussées hors de Libye. Les groupes armés se sont établis au Niger et dans le nord du Mali, où ils sont devenus la principale force du mouvement séparatiste local. Avec les islamistes, les Touaregs avaient pris le contrôle de la partie nord du pays. Le déploiement des troupes françaises a suivi. Les militants et les terroristes ont été vaincus, mais la guérilla s’est prolongée pendant plusieurs années.

    Les erreurs de la France en Afrique sont presque identiques à celles des États-Unis et de la Grande-Bretagne au Moyen-Orient et en Afghanistan. Dans les deux cas, les forces occidentales ont vaincu l’ennemi assez rapidement dans les batailles ouvertes, mais se sont enlisées dans la guérilla. Dans les deux cas, le résultat des invasions a été l’effondrement de structures étatiques plus ou moins stables. En Libye, avec la mort de Kadhafi, l’État a disparu en tant que tel. Au Mali, les habitants affirment que la situation est bien pire qu’avant l’invasion : les terroristes sont actifs non seulement dans le nord, mais aussi dans le centre du pays, et des attaques terroristes ont lieu à proximité de la capitale, Bamako.

    Au-delà des comparaisons de terrain entre le Mali et l’Afghanistan, il existe en fait de nombreuses similitudes entre le djihadisme malien et le phénomène « Daech ». En Irak, l’invasion américaine a entraîné l’intégration d’anciens officiers du régime de Saddam et d’islamistes au sein de Daech. Au Sahel, après l’intervention franco-britannique en Libye, les officiers touaregs de Kadhafi se sont alliés aux islamistes radicaux.

    Iyad Ag Ghaly est un leader islamiste au Mali, qui a combattu dans les rangs de Kadhafi et a travaillé comme officier de renseignement libyen en France. Homme politique intelligent et sophistiqué, l’ancien ambassadeur du Mali en Arabie saoudite a fondé le groupe terroriste Ansar Dine en 2012, et est devenu en 2017 le chef du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, une association d’islamistes maliens fidèles à Al-Qaïda. Après l’élimination du chef de Daech, Adnan Abu Walid al-Sahrawi, Iyad Ag Ghaly, par les forces françaises au Mali, il reste le principal chef islamiste au Mali.

    L’intervention en Libye a été le déclencheur de changements radicaux dans la région, la montée d’une insurrection djihadiste soutenue en partie par des dirigeants éduqués et formés politiquement. Dirigeants pour qui le djihadisme était le seul moyen de consolider leur statut dans la société. La même chose s’est produite en Irak.

    Ce parallélisme démontre un problème grave. Comment le gouvernement de la République française peut-il sérieusement penser maintenir sa sphère d’influence en Afrique si ses tactiques et sa stratégie reproduisent les tactiques et la stratégie ratées des États-Unis ? De plus, quel était le but de l’implication de la France dans le changement de régime en Libye ? Intervention qui a fait s’écrouler tout le fragile système de sécurité en Afrique du Nord et au Sahel. Les États-Unis sont séparés par l’océan des régions où leurs politiques ont échoué et ont conduit à la montée de la menace islamiste. Dans le cas de la France, il s’agit de la mer Méditerranée, que les clandestins parviennent à traverser en bateau.

    Néocolonialisme : contre l’Afrique et contre la France

    Quels sont les objectifs réels de la présence française au Mali ? Les Maliens eux-mêmes estiment que les Français cherchent à leur prendre l’or et l’uranium – en affaiblissant l’État et en exploitant des gisements illégaux sous couvert de conflit. Il peut s’agir de rumeurs exagérées ou tout simplement incorrectes. Cependant, elles nous parlent de l’image de la France en Afrique. La même accusation est reprise et répétée par les dirigeants islamistes. Ainsi, selon Iyad Ag Ghaly [4], Paris cherche à coloniser le Mali à tour de bras afin de piller ses richesses : or, cuivre et uranium.

    Les opposants islamistes s’opposent également à la France. Le 16 septembre, un autre rassemblement a eu lieu au Mali en faveur du retrait des troupes françaises et de l’introduction des Russes.

    « Si Wagner est allé libérer la Syrie, si Wagner est allé libérer la République centrafricaine, alors nous accueillons Wagner à Bamako pour libérer le Mali. A la guerre asymétrique, nous proposons une solution asymétrique, qui s’appelle Wagner. C’est la vérité et aujourd’hui c’est la fin de la Françafrique » [5], a déclaré Adama Ben Diarra, porte-parole du collectif Yerewolo, ce qui a organisé l’action.

    La France est désormais perçue comme une puissance coloniale qui poursuit les mêmes vieilles pratiques coloniales dans un nouvel environnement international. Ces pratiques ont pour but de siphonner les ressources des pays africains en imposant des conditions d’interaction économique défavorables et disproportionnées, en soutenant des élites compradores corrompues qui agissent dans l’intérêt des grandes entreprises « françaises » plutôt que dans celui de leur propre peuple.

    À première vue, ce système néocolonial semble profiter à la France elle-même, mais c’est une erreur. Son principal bénéficiaire en est la haute bourgeoisie cosmopolite, qui installe en France les conditions du chaos migratoire et de la destruction économique des classes moyennes et populaires françaises.

    Comme les activités de ces entreprises se déroulent dans une zone grise, sans déclaration (par exemple, l’extraction illégale d’uranium, d’or, de diamants), alors il est bien évident qu’aucun impôt n’est payé à l’État français et que les bénéfices ne sont pas redistribués en faveur des citoyens français. Mais les citoyens français supportent quant à eux les coûts du paiement des opérations à l’étranger, des interventions militaires et de l’établissement de régimes ostensiblement pro-français, mais en réalité liés aux intérêts des grandes entreprises françaises. Des relations malsaines qui en viennent à renforcer l’influence des politiciens africains corrompus sur la politique de la France elle-même.

    Les coûts du néocolonialisme

    Le coût objectif du développement dépendant et de la pauvreté artificielle imposés à l’Afrique – effet directe des politiques néocoloniales – pousse également des millions de personnes à la migration. Des milliers d’Africains fuient ainsi le fléau des guerres à répétition, de l’instabilité et des disparités économiques pour se rendre dans les pays riches d’Europe, en particulier en France, avec laquelle beaucoup sont liés par des liens de parenté historiques et par la langue.

    Ce sont ces politiques néocoloniales qui ont conduit et conduisent à la formation de nombreuses communautés de descendants d’Africains en France et aux problèmes d’intégration de ces derniers dans la société française. À bien des égards, ceux qui considèrent les Français comme une source de leurs maux et de leur propre pauvreté, viennent s’installer en France. Il n’est pas surprenant que cet environnement devienne un terrain propice à la criminalité et au terrorisme. Les coûts du néocolonialisme sont à nouveau répercutés sur le Français moyen par les capitalistes et la bourgeoisie apatride.

    Plus la République utilise l’Afrique, plus il y a de migrants et plus le danger est grand pour les Français eux-mêmes.  Le cas du Mali confirme cet axiome. Les troupes françaises sont entrées dans le pays en 2013. L’objectif officiel était de lutter contre le terrorisme, selon les locaux afin de contrôler l’uranium et l’or. Les troupes au Mali n’ont pas réussi à protéger la France des attaques terroristes à Paris et à Nice en 2015 et 2016.

    En 2015, le Mali est devenu le fournisseur de migrants le plus important vers la France. Déjà en 2015, 619 000 ressortissants africains vivaient légalement en France, le groupe le plus important provenant du Mali (76 500), suivi du Sénégal (67 000) et de la RDC (64 000). [6]

    Selon des données plus récentes de l’Insee pour 2020, la France compte 6,8 millions d’immigrés, soit 10,2% de la population totale. En 2020, 47,5 % des immigrés vivant en France sont nés en Afrique. Principalement d’Algérie, du Maroc, de Tunisie, des Comores, du Sénégal, de Côte d’Ivoire, de RDC, du Mali et au-delà. [7]

    La France, sous-traitante de l’hégémonie américaine en Afrique

    Ainsi, la politique française actuelle en Afrique est un échec total du point de vue des citoyens de la République française : 1/ elle n’élimine pas mais multiplie la menace terroriste, 2/ elle crée des opportunités et des conditions préalables à de nouvelles vagues migratoires, 3/ elle pousse des gens qui détestent la France à venir en France, 4/ elle crée de nombreux problèmes et menaces pour les Français et les Africains au nom des surprofits de quelques personnes.

    Quelle pourrait être une politique française réaliste et responsable en Afrique ?

    En 2017, Marine Le Pen avait par exemple promis d’abolir le franc CFA, élaborant ainsi une politique africaine reposant sur la souveraineté des États. [8] Simple promesse électorale ? En tout cas l’idée participerait d’une renaissance réelle d’un souverainisme français authentique.

    Au lieu de couver des régimes dépendants et corrompus et de le payer par de nouvelles vagues migratoires, la France pourrait échanger le fait de donner plus de souveraineté aux États africains contre des mesures migratoires strictes. Les Africains devraient résoudre leurs problèmes internes et les Français devraient résoudre les leurs.

    Il est certain que la France doit cesser d’être un sous-traitant de l’hégémonie américaine sur le continent africain, un agent des valeurs anglo-saxonnes de libéralisme, de libre marché et de démocratie. C’est un échec et, comme le montre le cas de la Libye, cela conduit à la désorganisation et au chaos et à une menace terroriste croissante. En outre, le nouveau “coup de poignard dans le dos” des alliés anglo-saxons montre que les États-Unis ne récompensent pas les efforts de Paris. La situation dans laquelle l’Australie a décidé de rompre son contrat avec le groupe naval français en faveur d’une coopération avec Washington et Londres montre clairement que les efforts de la France pour contrer l’influence russe et chinoise en Afrique ne sont pas payants. Alors pourquoi persister ?

    Hystérie anti-russe ou anti-chinoise des États-Unis

    La France n’a pas à soutenir les États-Unis dans leur hystérie anti-russe ou anti-chinoise. Au lieu de s’opposer fermement à l’arrivée de Russes ou de Chinois dans les pays africains, elle pourrait essayer de négocier avec eux. En RCA, par exemple, l’entrée des Russes dans la sphère de la sécurité n’a pas annulé la présence économique française dans le pays. Une évaluation solide de qui peut travailler avec qui en Afrique dans un intérêt mutuel est un meilleur support pour élaborer une politique étrangère que la pensée libérale doctrinaire. Paris pourrait travailler avec la même Russie contre l’influence croissante de la Turquie, qui utilise les forces islamistes pour promouvoir son influence en Afrique. Il est clair que ni la Russie ni la France n’ont intérêt à la montée du facteur islamiste. L’exemple de la Libye, où Paris et Moscou ont soutenu le maréchal Haftar contre les islamistes, montre que de telles alliances ponctuelles sont possibles.

    Au Mali aussi – il est clair que la France ne peut pas faire face seule à la situation, la décision de réduire sa présence a été prise. Il y a peu d’options :

    1) Nous pouvons laisser les choses telles qu’elles sont, mais nous devons alors nous attendre à ce que les islamistes prennent le pouvoir directement, comme en Afghanistan. La seule question est de savoir quand cela se produira. Le gouvernement central du Mali ne contrôle pas une partie importante du pays. Compte tenu de la position centrale du Mali dans la géographie du trafic de drogue et des flux migratoires vers l’Europe, tout cela aura des conséquences désastreuses pour l’Europe.

    2) Il est plus probable que l’armée malienne ne veuille pas laisser les choses en l’état et capitule devant les terroristes. Et alors la France n’aura qu’un seul choix : soit négocier avec les Russes, soit pousser les Russes dehors et ainsi ouvrir la voie à la Turquie. Début septembre, le président Recep Tayyip Erdogan s’est entretenu avec Assimi Goita, Président de la Transition de la République du Mali. Le président turc a souligné que la Turquie est prête à partager son expertise avec le Mali dans la lutte contre le terrorisme [9].

    La présence turque au Mali, une expansion de la zone d’influence néo-ottomane en Afrique, signifiera une menace terroriste et migratoire accrue pour l’Europe. Erdogan a longtemps fait chanter l’Europe avec les migrants syriens, maintenant il va pouvoir contrôler le flux de migrants et de drogues en provenance d’Afrique avec un accès direct à la Méditerranée via la Libye.

    Une politique sobre et réaliste à l’égard de l’Afrique nécessite de réévaluer qui, et dans quelles circonstances, doit être considérer comme un adversaire et qui comme un allié. Ainsi que ce qui est possible ou ne l’est pas dans des circonstances spécifiques et dans quelle mesure la poursuite de la tendance néocoloniale est réellement bénéfique pour la France (sans parler de la dimension morale et éthique de la question).

    François d’Avenel (Site de la revue Éléments, 29 septembre 2021)

     

    Notes

    [1] Mali : “La France ne s’en va pas” et refuse la présence Wagner (Florence Parly) 

    [2] Mali must consider its options to “bolster our national defence”, says Prime Minister

    [3] Why France is losing its ‘Great Game’ in western Africa

    [4] Iyad Ag Ghali, le leader d’Ansar Dine, réapparaît et menace la France

    [5] La jeunesse malienne soutient le déploiement de combattants russes alors que la France lance un avertissement

    [6] France Diplomatie : La diaspora africaine en France

    [7] Combien y a-t-il d’immigrés ou d’étrangers en France ?

    [8] Au Tchad, Marine Le Pen rompt avec l’héritage de la figure paternelle Pascal Airault – 23 mars 2017

    [9] Turkey supports Mali’s stability, prosperity, Erdoğan says

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  • Les raisons de la crise franco-algérienne...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Bernard Lugan cueilli sur son blog et consacré à la crise diplomatique entre l'Algérie et la France.

    Historien et africaniste, Bernard Lugan a publié de nombreux ouvrages, dont Histoire de l'Afrique (Ellipses, 2009), Atlas historique de l'Afrique (Rocher, 2018), Esclavage, l'histoire à l'endroit (L'Afrique réelle, 2020) et dernièrement Pour répondre aux « décoloniaux », aux islamo-gauchistes et aux terroristes de la repentance (L'Afrique réelle, 2021).

     

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    Les raisons de la crise franco-algérienne

    L’Algérie vient de rappeler en consultation son ambassadeur à Paris, puis elle a décidé de fermer son espace aérien aux avions français  ravitaillant Barkhane. La raison ? Simple calcul électoral ou véritable et louable prise conscience, le président Macron qui, jusque-là, parlait de la colonisation comme d’un « crime contre l’humanité », vient étonnamment de faire preuve de « virilité » en dénonçant le cœur du « Système » qui pompe la substance de l’Algérie depuis 1962. Deux points de la déclaration présidentielle ont littéralement ulcéré les dirigeants algériens :
     
    1) Les prédateurs qui dirigent l’Algérie survivent à travers une rente mémorielle entretenue par une fausse histoire.
     
    2) L’existence de l’Algérie comme nation est discutable puisqu’elle est directement passée de la colonisation turque à la colonisation française. Or les dirigeants d’Alger ne dénoncent jamais la première.
     
    Le président Macron aurait-il donc lu mon livre Algérie, l’histoire à l’endroit, un livre expédié à l’Elysée au moment de la publication du lamentable « rapport Stora », et dans lequel la fausse histoire algérienne est démontée en dix chapitres ? L’on pourrait en effet le penser puisque, l’Algérie vit effectivement au rythme d’une fausse histoire entretenue par une association sangsue, l’ « Organisation nationale des moudjahidines » (ONM), les « anciens combattants ». Or, comme l’a déclaré l’ancien ministre Abdeslam Ali Rachidi, « tout le monde sait que 90% des anciens combattants, les moudjahidine, sont des faux » (El Watan, 12 décembre 2015). J’ai ainsi démontré, toujours dans mon livre, que les moudjahidine furent en réalité cinq fois moins nombreux que les Algériens combattant dans les rangs de l’armée française.
     
    En 2008, Nouredine Aït Hamouda, député du RCD (Rassemblement pour la Culture et la Démocratie), a lui-même pulvérisé cette fausse histoire et son mythe du 1,5 million morts causés par la guerre d’indépendance. Un chiffre que tous les Algériens sérieux considèrent comme totalement fantaisiste, mais qui permet au « Système » de justifier le nombre surréaliste des veuves et des orphelins, soit 2 millions de porteurs de la carte de moudjahidine et d’ayants-droit, dont les ¾ sont des faux…
    Ces faux moudjahidine qui vivent de la rente mémorielle née de la fausse histoire, bénéficient du 3° budget de l’Etat, juste derrière ceux de l’Education et de la Défense. Car, « originalité » algérienne, et contrairement à la loi naturelle voulant que plus on avance dans le temps, moins il y a de gens qui ont connu Abd el-Kader…, en Algérie, tout au contraire, plus les années passent, et plus le nombre des « anciens combattants » augmente…Ainsi, fin 1962-début 1963, l’Algérie comptait 6000 moudjahidine identifiés, 70.000 en 1972 et 200.000 en 2017…
     
    Comment regarder l’histoire en face quand, en Algérie, six décennies après l’indépendance, l’on obtient encore la carte d’ancien moudjahidine sur la simple déclaration de « faits d’armes » imaginaires ? La raison est que ses détenteurs ainsi que leurs ayants-droit touchent une rente de l’Etat, bénéficient de prérogatives, jouissent de prébendes et disposent de passe-droits. Cette carte permet également d’obtenir une licence de taxi ou de débit de boisson, des facilités d’importation, notamment de voitures hors taxes, des réductions du prix des billets d’avion, des facilités de crédit, des emplois réservés, des possibilités de départ à la retraite, des avancements plus rapides, des priorités au logement etc.
    Dans ces conditions, toute remise en question de la fausse histoire entrainerait la ruine des prébendiers et la mort du « Système ». Voilà donc pourquoi les dirigeants algériens se sont directement sentis visés par les propos du président Macron.
     
    La situation économique, sociale, politique et morale de l’Algérie est à ce point catastrophique que des milliers de jeunes sans espoir tentent l’aventure mortelle de la haraga, la traversée de la Méditerranée. Quant au « Système », totalitaire et impuissant tout à la fois, acculé par la rue dans une impasse, il est aux abois.  Réduit aux expédients et aux basses manœuvres, afin de tenter de faire diversion, voilà pourquoi, totalement isolé diplomatiquement et coupé de sa propre population, il a ordonné une double offensive, à la fois contre le Maroc, d’où la rupture des relations diplomatiques avec Rabat (voir le numéro d’octobre de l’Afrique Réelle), et  contre la France. Une fuite en avant suicidaire.

    Bernard Lugan (Blog de Bernard Lugan, 3 octobre 2021)

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  • (In)dépendance(s)...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Jean-Philippe Duranthon, cueilli sur Geopragma et consacré à la question de l'indépendance nationale. Jean-Philippe Duranthon est haut-fonctionnaire et membre fondateur de Geopragma.

     

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    (In)dépendance(s)

    Au moment où certains, grâce à Joe Biden, découvrent l’évidence, à savoir que les États font prévaloir leurs intérêts sur les liens qu’ils ont noués avec leurs alliés, il peut être utile de réfléchir au concept d’indépendance nationale.

          La notion a bien sûr une connotation militaire : est indépendant le pays qui peut se défendre seul contre des attaques ennemies. A cet égard la France peut se prévaloir d’une armée aguerrie, de matériels modernes et d’un « parapluie » nucléaire : peu d’États peuvent en dire autant. Mais pour certaines opérations, la surveillance par drone par exemple, elle dépend de ses alliés américains ; par ailleurs, selon certaines études récentes elle ne serait pas en mesure de soutenir longtemps un conflit de haute intensité sans faire appel à eux [1] ; enfin, l’appartenance à l’OTAN, où les États-Unis ont clairement plus de poids que les autres membres, réduit singulièrement son autonomie. Notre indépendance militaire ne va donc pas sans une certaine dépendance.

          Mais le pays pourra-t-il continuer à maîtriser les technologies de pointe, à mener à bien les programmes de R&D et à se doter des matériels de dernière génération ? Cette question dépasse bien sûr le seul domaine militaire et concerne l’ensemble de l’économie, sous ses diverses composantes. La prospérité économique repose en effet sur  des grands programmes industriels nécessitant des investissements rarement à la portée d’un seul État et dont le temps de retour excède les attentes d’un marché de plus en plus court-termiste : la solution réside dans des conglomérats industriels multinationaux dont on ne sait plus bien s’ils sont dominés par une logique industrielle ou nationale-bureaucratique mais où l’on constate que chacun est sous la dépendance des autres ; l’impossibilité d’exporter des matériels français comportant des composants venant d’entreprises de pays faisant des choix différents en matière de contrôle des exportations (États-Unis, Allemagne) l’a clairement montré. Mais la prospérité économique suppose aussi des innovations qui sont souvent le fait de start up constituées autour d’entrepreneurs dynamiques, sachant maîtriser le fonctionnement dit « agile » et capables de séduire des investisseurs aimant le risque : il n’est pas certains que les efforts récents consentis pour transformer la France en une start-up nation suffisent à empêcher les jeunes pousses de se tourner vers des fonds américains, chinois ou moyen-orientaux qui les placent sous leur dépendance.

          Les choix industriels ont à l’évidence une importance capitale. A cet égard la décision de diminuer la part du nucléaire dans le mix énergétique au profit de celle du solaire et de l’éolien consiste à préférer des technologies aux mains d’industriels généralement asiatiques et dépendant de terres rares inconnues dans nos contrées à une filière dont nous maîtrisons toutes les étapes : cela ne va pas dans le sens d’une indépendance énergétique accrue. L’étrange abandon, en catimini de surcroît, du programme Astrid de réacteur à neutrons rapides, qui aurait permis de quasiment se débarrasser de la problématique des déchets nucléaires, concourt à la même évolution mettant l’approvisionnement énergétique du pays sous la dépendance de tiers.

          Mais le débat ne concerne pas que les pouvoirs publics : il est à cet égard frappant de constater que les grands capitalistes français investissent dans le luxe et l’art contemporain « globalisé » alors que leurs homologues américains investissent dans les technologies d’avenir, énergétiques, numériques ou spatiales. Or, s’il ne suffit pas d’acquérir un sac pour perdre son indépendance, être l’usager des GAFA, forcé de surcroît, faute de vraie concurrence, oblige à communiquer une foultitude de données qui placent les consommateurs européens sous la dépendance d’entreprises d’un pays étranger et peut-être, à travers elles, de leurs services de renseignement, le RGPD n’y changeant pas grand-chose.

          Un autre risque de dépendance technologique résulte des opérations de M&A réalisées à l’échelle mondiale qui découpent et redécoupent à l’envi les périmètres des entreprises pour générer de nouvelles synergies et des gains de structure ou d’échelle : il peut en résulter un transfert d’une entité stratégique. Les turbines Arabelle, qui équipent les centrales nucléaires terrestres ou embarquées et qui sont passées entre des mains américaines en 2014 lorsque GE a acheté la division énergie d’Alstom, sont emblématiques d’une telle perte d’indépendance, alors étrangement acceptée par les pouvoirs publics.

          C’est en fait la mondialisation qui est, de manière plus générale, en cause, même s’il ne s’agit pas ici de nier ses bienfaits, pour le pouvoir d’achat des consommateurs des pays clients comme pour l’emploi et le développement économique des pays producteurs. Les tergiversations et palinodies auxquelles la crise sanitaire a donné lieu pour de simples masques et tests, puis l’actuelle pénurie de semi-conducteurs, montrent les conséquences d’une division internationale du travail non construite ni maîtrisée et révèlent que l’interdépendance théorique entre pays n’est qu’un synonyme de la désindustrialisation et peut cacher une dépendance à sens unique. Aucune réflexion sérieuse n’a été menée pour déterminer les technologies et les produits qu’un pays doit conserver pour demeurer indépendant : le fait que la tâche soit malaisée ne la rend pas moins nécessaire.

          La diplomatie bilatérale ou multilatérale, bien sûr, n’a pas les mêmes conséquences puisqu’elle repose sur des bases volontaires. Mais la « démocratie planétaire », consistant à traiter de manière équivalente tous les États, indépendamment de leur population, leur richesse, leur poids géopolitique, place chaque pays sous la dépendance d’une « pensée mondiale » dont on ne sait pas trop qui la forme ou la manipule. A cet égard le poids pris par certaines ONG peu soucieuses d’avoir pour elles-mêmes la transparence qu’elles exigent des autres et dont on sait les liens avec certains intérêts publics ou privés, peut faire douter que les débats soient tous fondés sur une indépendance réelle de tous les intervenants.

          Dans ce jeu international, l’Europe tient une place particulière. Elle est une condition d’indépendance pour que ses pays membres puissent avoir un peu de poids face aux États-Unis et à la Chine. Mais elle est aussi un facteur de dépendance dont l’actualité récente fournit maints exemples. La difficulté à obtenir la prise en compte du nucléaire dans la « taxonomie » des activités « vertes » dans le même temps où le gaz, qui émet 40 fois plus de CO2, y serait inclus ressemble furieusement à une volonté de remettre en cause le modèle énergétique français et à faire de l’allemand, malgré les échecs de l’energiewende, désormais reconnus par tous, le parangon. Le Green Deal bruxellois revient à priver les États de la possibilité de définir eux-mêmes la politique énergétique qu’ils comptent mener pour atteindre les objectifs climatiques qu’ils se sont fixés conjointement. Dans un autre domaine, l’arrêt rendu le 15 juillet dernier par la Cour de Justice de l’Union Européenne interdit aux États de décider la durée de travail de leurs militaires, remettant en cause un élément basique de leur souveraineté, voire de leur légitimité.

          Le problème est que, si les États ont accepté de se placer ainsi sous la dépendance des institutions européennes, il n’en est pas résulté le gain attendu : l’Europe n’a toujours aucun poids dans les débats internationaux, et le récent pied de nez offert par la nouvelle internationale anglo-saxonne dévoilant l’AUKUS au moment où l’Europe annonçait sa stratégie pour la région indo-pacifique en est une illustration lumineuse.

          L’indépendance, les ados le savent, est aussi une question financière. Or l’endettement de la France est élevé, proche de 120 % du PIB, et croissant ; le besoin de financement de l’Etat sur les marchés sera l’an prochain de peu inférieur à 300 Md€, ce qui place le pays à la merci d’une remontée des taux et de modifications des marchés financiers rendant plus malaisés les refinancements. D’autre part, les créances sur l’État français sont, selon l’Agence France Trésor, détenues pour 51 % par des non-résidents : le pays est donc sous la dépendance, au moins partielle, d’étrangers. Enfin, l’accroissement de notre déficit extérieur fait qu’en vingt ans notre position extérieure nette, c’est-à dire la différence entre la valeur de ce que les Français détiennent à l’étranger et celle de ce que les étrangers détiennent en France, est passée de – 40 à – 695 Md€ ; cela signifie que, « ne vendant pas assez de produits à l’export pour payer ses importations, (la France) se vend pour maintenir son train de vie » [2] ; se vend, donc se place sous la dépendance des détenteurs de capitaux étrangers, publics ou privés.

          De même, avec le quantitative easing aux États-Unis puis en Europe, les politiques économiques nationales dépendent désormais entièrement du bon vouloir des banques centrales qui, en achetant des titres publics et privés, permettent le financement des divers « quoi qu’il en coûte » nationaux. Dès lors, si la BCE bénéficie d’une indépendance que son statut lui reconnaît expressément, les gouvernements européens sont dans la dépendance de la même BCE dont l’action, voire seulement les déclarations, conditionne leur politique.

          Par ailleurs, la part du dollar dans les transactions internationales est telle que les États-Unis ont pu en faire le support, ou le prétexte, d’une extra-territorialisation de leur règles juridiques aboutissant à ce que leurs choix politiques, les embargos notamment, s’imposent aux entreprises étrangères et à ce que celles-ci sont justiciables des tribunaux américains, dont elles dépendent désormais au moins autant que de ceux de leur pays.

          Enfin, l’indépendance suppose une certaine autonomie de la vie intellectuelle, une capacité à ne pas suivre aveuglément les modes étrangères, la volonté de défendre les principes qui fondent la communauté nationale et de montrer ses acquis. Or le Global art fait la part belle aux artistes anglo-saxons et désormais chinois et l’idéologie woke ainsi que la cancel culture, bien qu’elles n’aient pas grand-chose à voir avec la tradition intellectuelle française et qu’elles ne concernent guère les principaux problèmes auxquels le pays est confronté, irriguent désormais les débats dans les universités françaises et s’invitent dans celui de l’élection présidentielle.

          Ces quelques réflexions montrent que :

    • l’indépendance est loin de n’être qu’une question militaire ; s’en soucier suppose une réflexion de plus grande ampleur et devrait mobiliser non seulement les pouvoirs publics mais aussi les détenteurs de capitaux, voire les intellectuels et « influenceurs » de toutes natures ;
    • il est illusoire de rechercher une indépendance absolue et générale ; l’important est de choisir ses dépendances, de déterminer dans quels domaines les dépendances sont acceptables, et de qui l’on accepte de dépendre.

          Si l’on rapproche cette analyse de nos récents malheurs à Kaboul et à Cambera, la morale de l’histoire est que l’Histoire n’a pas de morale. Les relations internationales ne sont pas guidées par les grands sentiments, mais par les intérêts et par la capacité des différents protagonistes à défendre leurs intérêts respectifs. La France, depuis bien des décennies, et à part quelques moments de lucidité, veut l’ignorer. Puissent les évènements récents lui ouvrir les yeux et la faire agir avec moins de naïveté.

    Jean-Philippe Duranthon (Geopragma, 27 septembre 2021)

    Notes :

    [1] Voir “A strong allied stretched thin, an overview of French defense capabilities from a burdensharing perspective”, Rand Corporation, juin 2021.

    [2] Jean-Marc Daniel, Les Echos du 15 septembre 2021.

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  • Face au bloc anglo-saxon, n’est-il pas temps pour la France de changer de politique étrangère ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de François Chauvancy cueilli sur le site Theatrum Belli et consacré à ce que révèle la crise des sous-marins australiens. Ancien officier général de l'Armée de Terre, François Chjauvancy est un spécialiste des questions stratégiques et a enseigné dans plusieurs universités.

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    Face au bloc anglo-saxon, n’est-il pas temps pour la France de changer de politique étrangère ?

    Le 4 juillet 1999, au grand déplaisir des militaires britanniques présents à Tirana (Albanie), les militaires français dont je faisais partie comme adjoint à la cellule « communication » de l’AFOR, une opération humanitaire de l’OTAN sous commandement britannique (moins d’une centaine de personnels sur 8 000 militaires) trinquaient chaleureusement avec les représentants des États-Unis à leur ambassade pour célébrer leur fête nationale. Très clairement, les relations particulières et historiques entre la France et les États-Unis s’exprimaient dans cette célébration de la défaite du Royaume-Uni lors de la guerre d’indépendance. Le ferions-nous aujourd’hui ?

    En effet, la trahison, car la dénonciation du contrat sur les sous-marins vendus par la France n’est pas qu’un « simple coup de poignard dans le dos », de l’Australie, sinon des États-Unis et du Royaume-Uni, constitue l’affirmation d’un nouvel acteur international, le « bloc anglo-saxon ». En perte de puissance, cet ensemble civilisationnel reconstitue sa cohérence. Il vise à réorganiser les relations internationales en établissant pour son seul profit un nouveau rapport de forces au niveau mondial, certes pour répondre à la menace chinoise mais aussi pour retrouver une puissance sinon une hégémonie que le Royaume-Uni hier, les États-Unis aujourd’hui ont perdue.

    Après avoir manœuvré pour demeurer le leader de l’Occident, le monde anglo-saxon s’érige désormais comme un acteur indépendant qui conduit la France à redéfinir une politique étrangère plus pragmatique et moins confiante dans ses alliés.

    Une stratégie des Anglo-saxons visant à garder le leadership des relations internationales

    Depuis 1945, succédant au Royaume-Uni, les États-Unis ont conduit les relations internationales de l’Occident. Ils ont entraîné derrière eux notamment les démocraties européennes au modèle politique similaire. Pourtant les Anglo-saxons ont multiplié les entorses à la souveraineté de leurs alliés. Aujourd’hui, face à la remise en cause de l’hégémonie américaine, le monde anglo-saxon fédère ses intérêts stratégiques pour affirmer son unité dans le jeu des relations internationales au prix d’une trahison qui redonne en particulier au Royaume-Uni un rôle à la hauteur de ses ambitions et au détriment de la France.

    Les entorses au respect dû à leurs alliés ou leurs partenaires ont été nombreuses.

    Elles ont bénéficié d’une grande complaisance notamment de la part des européens en termes de rétorsion, situation qui exprime bien la faiblesse ou la soumission des États de l’Union européenne. Ainsi, les relations transatlantiques ont été l’objet de nombreuses tensions avec les États-Unis comme les lois d’extraterritorialité ou les normes ITAR qui soumettent au veto de Washington toute exportation de matériel d’armement contenant un composant américain. L’exportation du Rafale a été retardée pendant trois ans jusqu’à ce que l’unique pièce américaine soit remplacée. L’espionnage a aussi été de rigueur. E. Snowden a dénoncé en 2013 l’ampleur des renseignements collectés par les services secrets américains et britanniques : programme PRISM de collecte des informations en ligne, espionnage des câbles sous-marins de télécommunications intercontinentales, du Conseil européen à Bruxelles, de l’ONU. Les dirigeants européens y compris la chancelière Merkel ont été écoutés par la NSA. Les multiples critiques de l’ancien président américain Donald Trump à l’encontre de l’Europe pendant quatre ans ont aussi accru les tensions entre les États-Unis et leurs alliés européens.

    De fait, les principales puissances de l’ancien empire britannique ont recréé une unité de vue stratégique.

    Jusqu’à aujourd’hui, le monde anglo-saxon a soutenu un occident conforme à sa vision du monde et à ses ambitions. Désormais, dans une approche civilisationnelle, une unité de vue stratégique s’affirme sans complexe au détriment même de ses alliés les plus fidèles. Outre le fait que cet objectif a été favorisé par une culture et une langue communes, celle-ci étant d’ailleurs imposée à leurs alliés dans l’OTAN et donc les opérations, l’Union européenne ou à l’ONU, elle a été renforcée notamment par cette organisation du renseignement anglo-saxon depuis plus de soixante-dix ans au sein des « five-eyes only » qui réunit États-Unis, Australie, Royaume-Uni, Nouvelle-Zélande et Canada. Cette convergence des intérêts s’exprime désormais avec ce pacte de l’AUKUS qui, certes, vise d’abord à faire face aux ambitions régionales de Pékin mais prévoit aussi une collaboration en matière de cyberdéfense, d’intelligence artificielle et de technologies quantiques.

    Enfin, le pacte AUKUS et l’affaire des sous-marins vendus par la France à l’Australie ont concrétisé la fondation d’un acteur international aux valeurs et aux intérêts partagés.

    Les États-Unis reconstituent un front uni sous leur autorité malmenée depuis plusieurs années. L’Australie se repositionne sous la protection américaine. Le Royaume-Uni, un passager clandestin, peut revendiquer une puissance retrouvée par ce succès diplomatique. Dans son histoire, la culture « anglaise » qui irrigue ces États a rarement eu l’ambition de coopérer dans la défense d’intérêts communs qui ne soient pas dans leur approche civilisationnelle. Le rôle des États-Unis est connu. L’Australie est fortement liée au Royaume-Uni et aux États-Unis rejetant aujourd’hui la stratégie franco-australienne lancée en 2012 qui devait lui donner une certaine liberté d’action dans la zone indo-pacifique. Cependant, le rôle du Royaume-Uni doit être mis en exergue et la France ne doit pas oublier la stratégie immuable de la « perfide Albion ». Les entraves britanniques pour affaiblir l’Union européenne, y compris dans le domaine de la défense, ont été systématiques. Elles ont été poursuivies après le Brexit pour modifier des conditions pourtant acceptées, certes encouragées par la complaisance de l’Union européenne toujours à la recherche de compromis bien souvent à son détriment. Dans le domaine de l’armement, peut-on oublier le fiasco de la construction en commun de porte-avions (Cf. La Tribune du 10 février 2014) entre la France et le Royaume-Uni, affaire qui rappelle bien étrangement ce qui vient de se passer avec l’Australie, symbolisant cette naïveté bien française de faire confiance au monde anglo-saxon ? Le choix britannique du F-35B américain confirmera la préférence indéfectible donnée à ce lien avec les États-Unis. Enfin, peut-on se fier aux affirmations du Premier ministre britannique le 19 septembre sur son « indéfectible amitié pour la France », chacun sachant que ses propos sont rarement fiables ? Enfin, la préméditation du pacte AUKUS et la duplicité de l’Australie ont été confirmées. Dès mars 2020, le Premier ministre australien organisait la trahison (Cf. Le Figaro du 21 septembre 2021).

    En bref, le monde anglo-saxon a l’objectif stratégique aujourd’hui de retrouver collectivement une puissance perdue face aux nouvelles puissances, sans doute pour ne pas dépendre de décisions multilatérales par exemple des Européens dont l’efficacité est souvent mise en échec. Cette situation apparue brutalement impose une analyse de ses conséquences.

    L’unité du monde occidental fracturée par cette stratégie anglo-saxonne

    La nouvelle stratégie au premier abord concentrée sur la zone indo-pacifique n’est que le long aboutissement d’une dégradation de l’unité de l’Occident que ce soit dans les domaines économiques, militaires, juridiques. Cette dégradation est désormais actée avec la signature du pacte stratégique de l’AUKUS. Celui-ci consacre la distanciation entre le monde anglo-saxon et le monde occidental « européo-centré » qui paie lourdement ses faiblesses géopolitiques. Pour sa part, la France se trouve mise en échec dans son ambition d’être un acteur majeur de la sécurité internationale notamment dans la zone indo-pacifique.

    La création de l’AUKUS crée une fracture dans le monde occidental en faisant évanouir l’illusion de la défense d’intérêts communs au sein de la zone indo-pacifique.

    Toutes les démocraties occidentales ont pourtant senti le danger de la montée en puissance de la Chine dans cette région. Cette convergence aurait dû conduire à une forte coopération. Au contraire, le bloc anglo-saxon a créé une fracture stratégique. En 2011, Obama avait lancé l’axe indo-pacifique qui a été prolongé par une stratégie développée par D. Trump en 2018. Le Quad ou dialogue quadrilatéral pour la sécurité (Cf. The Quad in the Indo-Pacific : What to Know), sans être une alliance, a été mis en place et comprend les États-Unis, l’Australie, l’Inde et le Japon. Il vise à s’opposer à l’expansionnisme chinois. La France refuse cependant de s’y associer mais publie sa propre vision stratégique (Cf. Ministère des armées, « La France et la sécurité en Indo-pacifique », 2019).

    En mars 2020, Downing Street avait publié pour sa part la « revue intégrée de défense, de sécurité et de politique étrangère » qui dressait les priorités du Royaume-Uni pour les dix prochaines années. L’importance géopolitique désormais centrale de la zone indo-pacifique, et sur les conséquences à en tirer était soulignée, et le pays devait y renforcer considérablement sa présence. Faisant suite au pacte AUKUS, le Premier ministre rappelle donc  la « nouvelle manifestation de l’engagement britannique de long terme dans la zone indo-pacifique et de sa volonté d’aider un de ses plus anciens alliés à préserver la stabilité régionale. »

    Pour sa part, le Premier ministre australien a justifié sa décision pour ce nouveau pacte et pour la dénonciation du marché d’armement en raison d’une part d’un intérêt limité de la France pour les enjeux stratégiques de la région, d’autre part de besoins militaires n’étant plus les mêmes. Il s’appuie par ailleurs sur des problèmes techniques et des retards de mise en oeuvre du marché. Cela ressemble pourtant bien à une campagne de désinformation préparant ce coup de Trafalgar si l’on se réfère au calendrier politique de l’opération qui se dévoile peu à peu. Le jour même de la déclaration de l’annulation du contrat le 15 septembre, un courrier de satisfaction australien était reçu par Naval Group selon le porte-parole du ministère des armées français.

    L’Union européenne est pour sa part peu impliquée collectivement dans l’Indo-pacifique.

    Comment s’étonner que d’Obama à Biden en passant Trump, les États-Unis n’ont cessé de montrer leur désintérêt pour un acteur international aussi peu crédible en termes de sécurité ? L’Union européenne n’est pas réellement affaiblie dans cette crise car elle n’existe pas dans la zone indo-pacifique. Elle n’a pas été informée de la signature du pacte de sécurité AUKUS et ses membres ont été particulièrement silencieux face à l’affront fait à la France. Seule Ursula von der Leyen a exprimé clairement un mécontentement européen. Pourtant, le manque de fiabilité de l’allié américain devrait faire réagir l’Union européenne. L’abandon brutal de l’Afghanistan par les États-Unis suite aux accords de février 2020 à Doha signés uniquement entre Talibans et Américains, sans consultation de leurs alliés, qu’ils fassent partie de l’OTAN et/ou de l’Union européenne, a été le dernier signal d’alerte après bien d’autres. Les capacités militaires restreintes britanniques sont désormais focalisées sur l’Indo-pacifique et devraient peu participer à une défense de l’Europe. Reste le débat renouvelé sur une force de réaction rapide européenne (Cf. Mon interview sur RT du 3 septembre 2021) pour assurer une défense militaire crédible y compris dans l’espace hors-européen. L’interview de Josep Borrel publiée le 14 septembre (Cf. Le Monde, « Une Europe de la défense plus forte est dans l’intérêt de l’OTAN ») prend ainsi une autre dimension avec l’annonce du pacte AUKUS ce 15 septembre.

    Puissance moyenne mais non négligeable, la France doit modérer son anglophilie.

    La diplomatie française a-t-elle subi un échec dans la vente des douze sous-marins ? Certes, la déconvenue est forte mais que peut-on faire contre la trahison d’alliés de longue date ? Surtout, comment comprendre que les diplomates n’aient rien vu venir ? De même, la DGSE n’a-t-elle pas cette mission de renseignement y compris envers les alliés ? Certes on n’espionne pas les alliés mais la DGSE est-elle si naïve ? Nous pouvons en douter d’autant qu’elle est aux ordres du pouvoir politique … (Cf. Le Monde du 26 juin 2015)

    Sans doute que la diplomatie, à force d’être « diplomate » s’illusionnait sur le fair-play anglo-saxon, valorisant les dirigeants démocrates américains par opposition aux Républicains. Ainsi, s’opposer à Bush et à Trump et porter au pinacle B. Obama puis J. Biden était sans doute enthousiasmant mais c’est bien Obama qui, en 2013, a rendu l’action militaire française impossible contre Bachar Al Assad et J. Biden qui, sans consulter ses alliés, a quitté l’Afghanistan laissant aussi bien l’OTAN que ses alliés face à la débâcle du retrait.

    Il en est de même pour les relations entre la France et le Royaume-Uni. Il est en effet temps pour une partie de l’élite française de modérer son anglophilie et donc son aveuglement. Il est vrai que lorsque la France peut commémorer Trafalgar, une défaite navale française et non une victoire comme Austerlitz, tout est dit. Or, ces relations bilatérales ont toujours été empreintes d’hypocrisie et notre histoire commune le prouve. Que ce soit l’économie ou les contrats d’armements, « Britain first » a toujours été la règle pour le Royaume-Uni. Peut-on dans ce cas faire confiance aux Britanniques pour un engagement commun pour ce grand projet de corps expéditionnaire franco-britannique lancé en 2010 et dans lequel les forces armées françaises sont très engagées ?

    La réalité de cette nouvelle fracture occidentale est désormais une faiblesse grave. L’AUKUS et le contrat dénoncé des sous-marins français remettent ou devraient remettre en cause notre stratégie.

    La nécessité de reconstruire une politique étrangère conforme à nos intérêts

    Félicitons-nous du geste symbolique du rappel pour consultation de nos ambassadeurs en Australie et aux États-Unis. Certes, dans nos calculs diplomatiques, toujours dans le ménagement de nos alliés même déloyaux, l’ambassadeur de France au Royaume-Uni a été « oublié ». Témoignage encore de notre aveuglement sinon d’une anglophilie illusoire et persistante. Un nouveau rapport de force s’est installé avec ce bloc anglo-saxon dont il faut extraire des conclusions pour notre politique étrangère et la défense aussi de notre souveraineté dans le Pacifique. La France doit retrouver sa place de puissance, notamment à travers les organisations que ce soit l’OTAN ou l’Union européenne. Elle doit enfin renforcer sa puissance militaire dans la zone indo-pacifique.

    Renforcer la singularité française

    Le bloc anglo-saxon prétend défendre la paix et la sécurité face à la Chine sans finalement rendre de compte. L’AUKUS montre à l’évidence que la France notamment n’est pas un allié suffisamment fiable pour l’associer à cette stratégie. Affichons donc désormais nettement que nous ne nous impliquerons pas dans une quelconque action internationale engagée par ce bloc en cette zone indo-pacifique (Cf. Mon interview du 16 septembre 2021 sur RT). Une diplomatie active vers d’autres d’acteurs régionaux doit être entreprise sans nier le fait qu’elle sera entravée par le bloc anglo-saxon. La France a des relations privilégiées avec l’Inde. Poursuivons avec d’autres Etats asiatiques.

    Cela ne signifie pas que la menace chinoise soit ignorée. Elle existe mais proposer une voie moins anglo-saxonne mais déterminée qui s’appuie sur une force militaire crédible, notamment navale sans doute à accroître, peut inciter des États à rejoindre une alliance spécifique ou à améliorer des partenariats sous la forme de relations bilatérales. La duplicité du bloc anglo-saxon est suffisamment visible et persistante pour inciter des États à se tourner vers un État plus fiable d’autant qu’il peut mobiliser une entité économique et politique, pourquoi pas militaire comme l’Union européenne. Ce que le bloc anglo-saxon a accompli aujourd’hui se reproduira demain, ne nous faisons aucune illusion.

    Reconfigurer les alliances et engager l’Union européenne dans la zone indo-pacifique

    Afin d’avoir une influence sur les relations internationales, il est donc temps pour la France de redevenir cet allié exigeant tel que le général de Gaulle l’était dans cette logique de la troisième voie. Elle peut agir notamment au sein du conseil de sécurité des Nations unies. Les cinq membres permanents constituent désormais trois entités : un bloc des États autoritaires (Chine et Russie), un bloc anglo-saxon (Etats-Unis et Royaume-Uni) et la France qui peut aussi bien défendre les intérêts français que les intérêts de l’Union européenne.

    Concernant la défense de l’Europe, le président Macron avait évoqué la mort cérébrale de l’OTAN. Il s’agit aujourd’hui de prendre nos responsabilités dans l’OTAN et de diminuer l’emprise anglo-saxonne. Instrumentalisant des alliés peu méfiants et tellement heureux du retour des Etats-Unis à des relations apaisées, la décision d’inscrire la Chine comme une menace dans le communiqué final du sommet de l’OTAN du 14 juin 2021 à Bruxelles (Cf. Le Monde du 16 juin 2021) peut aujourd’hui être interprétée comme l’anticipation du pacte AUKUS du 15 septembre. Or, la Chine ne devient une menace pour l’OTAN que lorsqu’elle se déploie ou agit dans la zone géographique définie par le traité de l’Atlantique Nord (articles 6 et 14). Ainsi, si elle en a la volonté, seule l’Union européenne est légitime en termes de sécurité pour agir hors de cette zone. Ce n’est en revanche pas une mission de l’OTAN et la France doit s’y opposer.

    Enfin la France est-elle capable de provoquer cette distanciation avec les Anglo-saxons et d’entraîner derrière elle des Etats européens, y compris dans la zone indo-pacifique ? Nos intérêts économiques sont convergents notamment dans le domaine maritime et la protection de nos voies de communication. L’Union européenne peut à ce titre avoir un rôle sécuritaire. La création d’une réelle force navale dans le cadre de la coopération renforcée, donc avec les États qui veulent bien s’engager, serait un projet marquant et significatif. Elle pourrait s’appuyer du point de vue logistique notamment sur les territoires français du Pacifique.

    Renforcer nos moyens militaires dans l’Indo-Pacifique

    En effet, la France doit réorganiser sa sécurité dans cette zone : diplomatie, moyens navals, terrestres, aériens et sans aucun doute renseignement et guerre de l’information. En son temps, l’Australie a bien tenté de déstabiliser la Nouvelle-Calédonie dont l’avenir sera clarifié le 12 décembre 2021. N’étant plus intégrée dans la stratégie anglo-saxonne de containment, donc en première ligne, la France est désormais en seconde ligne dans l’objectif de défendre ses intérêts de souveraineté et en limitant à ce seul objectif ses engagements notamment militaires par exemple dans le cas d’exercices militaires communs.

    La France a identifié mais d’une manière dogmatique les défis sécuritaires en Indo-pacifique qui ne pouvaient être surmontés que par la voie de la coopération, avec une vision pacifique pour bénéficier de la prospérité économique de la région. Cette approche s’appuyait bien entendu sur un autre dogme, celui du multilatéralisme qui ne doit pas faire oublier ce que la France représente. Elle possède la deuxième zone économique exclusive au monde (11 millions de km²) après celle des États-Unis, pour l’essentiel située dans le Pacifique (67 %) et dans l’océan Indien (26 %), contrôle 465 422 km² (avec la Terre Adélie) en océan Indien et dans le Pacifique. 200 000 expatriés sont présents dans les États de l’Indo-Pacifique. En 2017, 33,7 % de ses exportations hors Union européenne étaient destinées à cette région et 41% de ses importations en provenaient.

    Comme l’évoquait le document « La France et la sécurité en Indo-pacifique » (2019), l’établissement d’une relation de confiance entre la France et ses partenaires constituait « un préalable nécessaire aux contrats d’armement qui engagent les parties sur une longue durée et impliquent pour l’importateur un investissement budgétaire, technique et humain souvent élevé. L’objectif recherché est de créer un lien étroit, destiné à s’inscrire dans la durée afin de créer des conditions favorables à la conclusion d’accords commerciaux structurants pour la relation bilatérale ». L’échec est donc flagrant et elle ne peut plus compter sur des alliés peu fiables qui n’hésiteront pas à faire disparaître la France de cette zone d’avenir s’ils en ont l’opportunité.

     

    Pour conclure, agir comme une puissance

    La trahison des Anglo-saxons a déchiré le voile de l’illusion qui satisfaisait nombre d’Etats. En paraphrasant ce qu’exprimait jadis un homme politique, « Quand on a des alliés comme cela, on n’a pas besoin d’ennemi ». Il faudra sans aucun doute une longue période avant que la confiance ne revienne. Dans l’immédiat, il est temps de comprendre que nous avons des ennemis, des adversaires, des compétiteurs. Il est temps de changer de paradigme et de modèle géopolitique pour faire face aux nouvelles menaces dans notre environnement.

    La France doit revoir ses alliances et avoir plus le souci de ses intérêts nationaux que des intérêts internationaux pour lesquels elle se sent concernée par solidarité comme elle l’a fait pour l’Afghanistan. Ses moyens sont limités mais loin d’être négligeables. Si elle a la volonté et la capacité de persuasion d’entraîner dans une stratégie constructive ses partenaires européens, sinon même asiatiques, elle peut constituer un bloc qui peut modérer les ambitions de puissance aussi bien du bloc anglo-saxon que de la Chine tout en préservant ses intérêts et ceux de l’Union européenne.

    François Chauvancy (Theatrum Belli, 22 septembre 2021)

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  • La dissociété, morcellement de la société...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous une nouvelle vidéo d'Ego Non qui évoque la question de la dissolution de la société moderne autour des réflexions de Marcel de Corte, philosophe belge aristotélicien.

     

                                            

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