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Points de vue - Page 331

  • La criminalité, une conséquence de la pauvreté ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un texte de Laurent Obertone, cueilli sur Atlantico et consacré à l'absence de lien automatique entre criminalité et pauvreté. Laurent Obertone vient de publier La France orange mécanique, aux éditions Ring, une description hallucinante de l'insécurité et de la violence qui règne dans notre pays...

     

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    Non, la criminalité n'est pas forcément liée à la pauvreté

    La criminalité est-elle liée à la pauvreté, à l’environnement ou au chômage ? La Creuse (96e), le Cantal (89e), et le Lot (71e), présentent les PIB les plus bas de France. Ce sont aussi les trois départements les moins criminels et délinquants. On peut les comparer avec trois départements parmi les plus criminels et délinquants, c’est à dire la Seine-Saint-Denis (15e), les Bouches-du-Rhône (11e) et le Rhône (3e).

    Les départements à forte criminalité que sont le Rhône, l’Essonne, le Val-de-Marne, la Seine-et-Marne, ont des taux de chômage beaucoup plus bas que la Creuse, le Cantal, ou le Lot. Selon l’Apce, 8 000 entreprises se créent par an dans le « 9-3 », qui dispose de pôles économiques gigantesques, et où les investissements de rénovation urbaine sont fréquents et sans équivalent (Anru). Le revenu moyen des ménages y est de 2 186 euros par mois, légèrement supérieur à la moyenne nationale. Saisissante est la comparaison avec la Creuse (1 777 euros par mois). Quant aux bénéficiaires du RSA, ils représentent la même proportion en Seine-Saint-Denis que dans l’Aude, les Ardennes ou encore les Pyrénées-Orientales (Insee, 2010). Au niveau régional, l’Île-de-France, région la plus touchée par la criminalité, présente le troisième taux de chômage le plus bas de France.
    « L’exclusion », ce fut d’abord celle des habitants historiques des grands ensembles. Immigrés portugais, polonais, italiens ou manœuvres français, ce sont eux qui ont fui massivement le nouveau communautarisme qui s’installait dans les banlieues dès les années 60. Contrairement à ce qu’affirment certains sociologues, « l’exclusion » est endogame. Tous les plans de mixité sociale, de logements sociaux, de rénovation urbaine et d’aménagement de la ville n’empêcheront jamais les communautés de se regrouper. C’est humain, et on observe ces phénomènes dans tous les pays du monde, quelles que soient les communautés. L’individu n’existe pas sans son groupe. Il ne s’en éloignera que par la contrainte. Les gens ne sont pas figés ou « parqués » dans un environnement soi-disant responsable de leurs déprédations. Un observateur attentif remarquera qu’autour des banlieues il n’y a pas de miradors et de factionnaires prêts à tirer dans le dos des fuyards.
    Qu’est-ce qui empêche ces habitants de partir, comme l’ont fait des milliers de Français, d’Italiens ou de Portugais tout aussi modestes ? Des barrages de police ? Le coût de l’immobilier ? À Bobigny, le mètre carré est à 3 200 euros. Il est en moyenne de 6 000 euros à Paris, mais à 1 700 euros à Brest, ou encore à 2 300 euros dans une ville dynamique comme Dijon. Un studio en Seine-Saint-Denis est beaucoup plus cher qu’en province. Les aides sociales permettent largement de s’y établir, d’autant que les logements sociaux provinciaux et ruraux sont plus accessibles. L’Insee, dans son enquête nationale logement 2006, nous apprend qu’après Paris, « c’est en Seine-Saint-Denis que les ménages consacrent la part la plus importante de leur revenu (13 %) à se loger », y compris en secteur HLM (12 %). Des chiffres comparables à ceux de la France métropolitaine pour la location classique et pour les hlm (12,8 % dans les deux cas). On ne peutdonc pas dire qu’un loyer excessivement avantageux les retientdans le « 9-3 ». Comment nos sociologues expliquent-ils que les parfois très modestes gens du voyage se déplacent et se sédentarisent où bon leur semble ?
    Peut-être n’est-il pas question pour les communautés concernées de se disperser sur le territoire. Peut-être ne veulent-elles pas partir. La Cour des comptes a montré en 2012 que la fameuse mixité sociale n’existait pas, malgré dix années de dispositifs censés la favoriser. « Il ne suffit pas de modifier le visage des quartiers pour modifier les visages des quartiers, qui restent colorés », expliquait le sociologue Renaud Epstein (Le Point, 18/07/12). L’homme n’est pas mû seulement par l’argent ou l’amour de l’Autre. L’attachement de certaines communautés aux grands ensembles est réel. Les barres d’immeuble sont parfois considérées comme un territoire, le substitut d’une identité perdue, qui n’a jamais su se reconstruire.
    Mais le discours médiatique ne veut pas de cette réalité. Lui n’évoque que l’exclusion pour expliquer, justifier, exorciser le communautarisme, et à travers lui les cahots d’une société devenue hétérogène. Comme les problèmes demeurent, s’aggravent, alors que les discours et les analyses restent les mêmes, les gens commencent à se poser des questions. Et si les experts se trompaient ? Et s’ils avaient renoncé à la vérité ? Et s’ils incitaient tout le monde à y renoncer, sous peine de poursuites ? Pourquoi le feraient-ils ? Peut-être bien pour l’égalité républicaine, « âme de la France » selon François Hollande. Tout le monde est égal. Entendez, tout être humain a les mêmes capacités physiques et intellectuelles, tout un chacun peut s’adapter à tout environnement, devenir champion d’échecs, éboueur ou haltérophile, faire la même chose que n’importe qui, ressembler à n’importe quoi, donc se constituer le même patrimoine, éprouver les mêmes satisfactions, vivre les mêmes aventures que celui que l’on choisira de jalouser. 
    Comme de tels décrets ont la fâcheuse tendance à ne pas se réaliser, les égalitaristes ont décidé de favoriser ceux qui n’y arrivaient pas, par l’éducation, l’accès à la culture, les aides sociales, l’invention de droits spécifiques. Et comme ça ne fonctionnait toujours pas, ils ont eu la brillante idée d’accuser ceux pour qui ça fonctionnait d’être de vils spoliateurs. Bien entendu, toute ressemblance avec des situations ayant existé est purement fortuite. 
    De favoriser les faibles on en vient tout naturellement à pénaliser les forts. Lorsque l’on prétend lutter « contre les inégalités », on lutte contre la réussite, c’est-à-dire contre la propriété, le pouvoir, le possédant, le méritant, le riche, l’héritier. Celui qui n’a pas été exclu ou volé, celui qui a été favorisé par sa roublardise, son état-civil, et sûrement ses atteintes aux droits de l’Homme. En clair, le Français qui rapporte de l’argent à la société, qui peut se targuer de sa réussite, de son patrimoine, de son histoire, de sa civilisation occidentale. Pour rééquilibrer les choses, on a décidé de le grever d’un lourd handicap. On a fait en sorte qu’il devienne, par la magie des médias, un salaud de colonialiste, esclavagiste, un pillard trop riche, trop beauf, trop raciste, machiste, homophobe, exploiteur, stigmatisant, même pas de gauche, voilà la conséquence première de la logique de fraternité appliquée au droit. Ces dernières années, l’égalitarisme, un véritable culte de l’envie, a inondé tous les compartiments de la société. Jamais autant de Français ne se sont haïs eux-mêmes. Jamais autant d’esprits a priori normalement constitués ne se sont persuadés que « tout le monde était bon » à part eux, que c’était incroyable qu’il y ait « encore des guerres et des pauvres au xxie siècle », qu’il était urgent de « faire payer les riches », que la criminalité c’est « l’exclusion parce que l’immigration est une chance pour la France”.
    Laurent Obertone (Atlantico, 20 janvier 2013)



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  • Communication de guerre sur le Mali...

    Nous reproduisons ci-dessous une excellente analyse de François-Bernard Huyghe, cueilli sur son site Huyghe.fr et consacré à la communication du chef de l'état et du gouvernement français à propos de la guerre au Mali...

     

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    Communication de guerre sur le Mali

    Dans toute communication de guerre, les constantes tiennent à la nature même d'un conflit où il faut parler de l'ennemi et de la mort.
    De l'ennemi parce que les idées d'État et de souveraineté présupposent la distinction entre l'ennemi contre lequel il faut mobiliser la violence suprême et le rival contre qui on ne recourt pas aux armes ou  le criminel (acteur "privé" soumis à une répression légitime et limitée par la loi interne).
    De la mort, parce que, même si certains ont développé des fantasmes sur des guerres "zéro mort", une guerre qui ne se traduirait pas par des pertes de vies humaines, resterait une manœuvre militaire, une gesticulation ou une menace.

    Il faut donc dire qui l'on affronte, au nom de quoi, quelles sont les pertes et pour quel résultat. Ne serait-ce que pour faire comprendre à sa population les raisons qu'ont ses soldats de tuer ou de mourir en son nom.
    De ce point de vue, la guerre du Mali a encouragé un discours dont les mâles accents font contraste avec la communication antérieure du gouvernement Ayrault (mais beaucoup moins avec les discours tenus par des gouvernements socialistes au moment du conflit du Kosovo ou de l'intervention française en Afghanistan, pour ceux qui ont un peu de mémoire).

    D'abord qui combattons nous ? D'un ministre à l'autre, les "éléments de langage" ont peu varié.
    Pour Jean-Yves Le Drian "Il faut éradiquer le terrorisme où qu'il se trouve" et c'est "contre le terrorisme" que la France est en guerre. Des mauvais esprit ont fait remarquer que cette formule de "guerre au terrorisme" était celle que l'on avait reprochée à G.W. Bush (qui pensait aussi qu'il fallait l'éradiquer partout dans le monde et qu'en le faisant les États-Unis poursuivaient un but universel et non des intérêts particuliers). Depuis, le vocabulaire a un peu évolué. Il n'est plus question que de combattre des "terroristes", des groupes terroristes", des "éléments terroristes" (F. Hollande), des "criminels et terroristes" (L. Fabius). Donc des gens caractérisés par une idéologie et des objectifs politiques et non une méthode de lutte (selon une phrase célèbre : on fait pas plus la guerre au terrorisme qu'on ne la faisait à la BlitzKrieg au début de la seconde guerre mondiale).

    L'emploi du mot "terroristes" a deux avantages :

    - Il désigne des adversaires par la nature odieuse et criminelle de leur activité (ennemis du genre humain), plutôt que par leur stratégie politique (cela souléverait quelques questions délicates comme leurs liens avec des indépendantistes touaregs ou la nature légale et démocratiques des autorités de Bamalo). Qui ne serait d'accord pour combattre des terroristes L'argument qu'il pourraient créer un État terroriste et déstabiliser le monde entier s'ils s'emparaient de tout le pays a été évoqué en des termes rappelant la justification de l'intervention contre l'Afghanistan en octobre 2001. De fait, personne n'a envie de voir des coupeurs de mains s'installer à Bamako, mais à partir du moment où vous descendez conquérir un pays avec des colonnes lourdement armées, où vous entrez dans des villes pour y imposer votre loi et votre autorité, etc, vous vous conduisez comme une rébellion, une armée de guerre civile ou de guérilla, et plus comme des terroristes qui lancent des bombes et es communiqués avant de se cacher.

    - Le mot terroriste évite d'employer "islamiste" et de prêter le flanc à l'accusation d'islamophobie, ou d'amalgame entre l'islam et ceux qui tuent en son nom. Les rares occurrences des expressions "groupes islamistes et criminels" ou "jihadistes" ont fait place dans le discours officiel au mantra : nous repoussons le péril terroriste.

    - Cela va de pair avec la volonté ostensible de rappeler que nous ne sommes pas seuls, que nous sommes tout au plus l'avant-garde ou les plus réactifs d'un mouvement international. On redit que l'on verra de plus en plus intervenir l'armée malienne (que nous ne faisons que seconder), des troupes africaines de la Misma et si possible d'autres nations tout aussi soucieuses que nous de l'application de la résolution de l'Onu. Elles ne vont pas manquer de nous aider, même si elles n'envoient pas forcément de troupes combattantes. Ce discours à la fois modeste et légaliste transparaît dans le moindre communiqué de l'état-major qui ne cesse de reprendre ces éléments (nous agissons en appui, en coopération, dans le cadre..). Surtout, la communication est très largement remontée au ministère et à l'Élysée - l'état-major étant préposé au factuel minimal - et les politiques répètent sans se lasser ces éléments propres à renforcer l'unanimité des partis et à repousser le moindre soupçon de retour à la FranceAfrique honnie. Au risque que cette communication minimale sur les engagements ouvre le champ à d'autres sources d'information et à des légendes comme celle de nos troupes "combattant au corps à corps" les terribles terroristes (pourquoi pas les chargeant à la baïonnette ?).

    Autre élément de la communication officielle : le ton ferme voire martial interdit de faire l'impasse sur les pertes de cette guerre. Des gens vont mourir, on assume. Contrairement à la stratégie de relative discrétion sur nos soldats tombés en Afghanistan, l'enterrement du lieutenant Damien Boiteux, notre premier mort au Mali tombé le 11 janvier, a donné lieu à une importante cérémonie. C'est très heureux pour le proches du lieutenant, qui est effectivement mort pour son pays et mérite énormément de respect, mais c'est aussi un signal politique. Au moment où François Hollande tente de faire passer une image de décision et d'autorité, il n'est plus question que le président normal devenu chef de guerre refuse d'assumer la dimension tragique du rôle. Plus questions d'euphémismes et de délicatesses, plus de mines pincées. Ce changement de tonalité (F. Hollande parlant de "détruire les terroristes" lors de sa visite aux Émirats Unis) appelle des termes que l'on croyait plus réservés à G.W. Bush ou à Poutine qu'à des socialistes. Cet effet de contraste ou de contradiction est un prix modeste à payer si l'affaire ne dure pas trop longtemps et si elle confirme l'idée de cette mue présidentielle. Ce sont deux points que nous pourrons bientôt vérifier.

     En attendant, cette rhétorique martiale contraste avec une certaine modestie dans la façon officielle  de parler des événements de Somalie ou d'Algérie
     Entre une opération militaire qui a échoué et une prise d'otages qui a tout pour inquiéter l'opinion, il y a moins matière pour une mise en majesté du chef de l'État ou pour l'autosatisfaction. L'Etat algérien a choisi la démonstration de force sans phrases, afin de décourager ceux qui auraient le moindre espoir de le faire céder, et sans souci des réactions des capitales étrangères. Du coup Paris, tenu pour quantité négligeable n'ose pas protester aussi fermement que le Japon quelques semaines après le voyage du chef de l'État sur place, sensé avoir réconciliés les eux rivés de la Méditerranée.
    Le discours du chef de guerre est un exercice difficile dont on mesurera le vrai résultat dans quelques semaines.

    François-Bernard Huyghe (Huyghe.fr, 19 janvier 2013)

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  • Tartarin de Brégançon !...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue décapant de Michel Geoffroy, cueilli sur Polémia et consacré à l'engagement militaire de la France au Mali décidé par François Hollande...

     

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    Tartarin de Brégançon

    Dans son film satirique Des hommes d’influence, Barry Levinson met en scène un président impopulaire qui lance son pays dans une guerre montée de toutes pièces – qui ressemble fort à celle du Kossovo – pour essayer de regagner les faveurs de l’opinion en vue des prochaines élections. 
    Dans le film, le président est américain. Mais en France la réalité dépasse la fiction cinématographique !

    Francois Hollande est enfin populaire !

    Voilà en effet François Hollande, le plus impopulaire des présidents de la Ve République, saisi à son tour par la fureur guerrière : les opérations au Mali contre les « islamistes » ont opportunément été déclenchées au moment où près de 1 million de personnes descendaient dans la rue contre le mariage des homosexuels. Un pur hasard évidemment.

    Et puis les médias s’empressent de nous dire que depuis cette initiative, François Hollande deviendrait très populaire… à Bamako (par exemple LeMonde.fr du 15 novembre 2013), et qu’il va rebondir bientôt. Il paraît même qu’une majorité de nos concitoyens approuveraient cette intervention militaire. En particulier à Montreuil, où il y a beaucoup de… Maliens.

    Mais de qui se moque-t-on ?

    C’est une intervention ? Non : une gesticulation

    Sur le fond il faut sans aucun doute combattre l’islamisme. Mais encore faudrait-il le combattre aussi à Londres, à Madrid, à Toulouse, à Marseille ou en Seine-St Denis. On ne peut pas dire que les initiatives des socialistes aillent dans ce sens.

    Et puis cette intervention au Mali ne s’attaque pas aux racines de l’islamisme ni à ses soutiens réels au Pakistan ou dans les pétro-monarchies, par exemple, que l’on ne cesse au contraire de courtiser. Sans parler de l’effet des révolutions arabes sur la promotion d’un islam radical. Il faut redouter malheureusement que cette intervention militaire ne soit qu’une tartarinade de peu d’effet durable.

    En outre, les gesticulations militaires françaises au quatre coins du monde masquent le piètre état réel des forces armées françaises et la nullité de la prétendue défense européenne.

    La France fait croire qu’elle joue encore dans la cour des grands, alors qu’elle engage en réalité une très grande part de ses maigres ressources militaires dans des opérations à l’utilité stratégique douteuse, voire, dans le cas du Kossovo, à la nocivité certaine. Nos avions de transport sont à bout de souffle. En Afghanistan, au début, nos militaires achetaient des téléphones portables pour communiquer : plus efficaces que les moyens militaires ! Et les opérations aériennes en Libye ont vite épuisé notre stock de missiles. Sans parler du choc auquel sont confrontés nos matériels et nos soldats, propulsés dans une vraie guerre face à de vrais combattants : dur apprentissage, comme en attestent, hélas, le nombre de nos morts.

    Mais en réalité tout cela importe peu aux politiciens.

    Honni soit qui Mali pense !

    Comme disait Tocqueville dans une formule célèbre, « Les démocraties ne règlent guère les questions du dehors que pour les raisons du dedans. »

    En France les mauvaises nouvelles s’accumulent et l’image du gouvernement et du président socialistes ne cesse de se dégrader. Elle atteint un niveau de défiance inégalé sous la Ve République. Le projet de mariage homosexuel a en outre dressé la France réelle contre l’oligarchie. Et ce n’est pas fini car la crise économique continue et plus rien ne marche vraiment dans notre pays.

    Ces opérations viennent à point nommé pour détourner l’attention sur une réalité française peu brillante et pour faire croire aux Français qu’ils ont encore un chef d’Etat. 
    Comme dans le film de Barry Levinson, nos stratèges en communication ont sans doute pensé qu’en faisant voler une fois encore nos Mirages et nos Rafales, nos gouvernants auraient quelque répit bienvenu. 
    Certains rêvent même d’une union nationale autour de Flanby, devenu dieu de la guerre. Il suffit de voir les premières pages du Monde, de Libération ou du Parisien, ou d’écouter la télévision ces derniers jours, pour comprendre quel jeu cynique certains jouent.

    Mais ils prennent leurs désirs pour des réalités. Le Mali passera comme le reste : mais le chômage, les petits boulots précaires, les impôts, la délinquance, l’immigration, les initiatives « sociétales » farfelues de nos édiles ne passeront pas mieux.

    Le Monde écrit : « L’offensive française sauve un pouvoir en pleine déroute » (leMonde.fr du 15 janvier 2013), mais, hélas, pas au second degré : le journal évoque le Mali, pas le gouvernement français…

    Michel Geoffroy (Polémia, 17 janvier 2013)

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  • Le fatalisme, jusqu'où ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un bon point de vue de Bertrand Renouvin, cueilli sur son blog et consacré à la présidence de François Hollande. Une analyse que le (modeste) sursaut dans l'affaire malienne ne remet pas fondamentalement en cause...

     

     

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    Le fatalisme, jusqu'où ?

    L’optimisme et le pessimisme sont des humeurs individuelles qui ne devraient pas affecter le jugement et la volonté politiques. Variables selon les jours et les saisons, l’état de santé et les heures de sommeil, ces états d’âme sont d’ordinaire dominés chez les politiques – pas seulement chez eux – par l’ambition, les convictions, les projets, en somme par des espérances ou une espérance.

    Répondant à « l’appel, impératif, mais muet, de la France», Charles de Gaulle fit renaître l’espoir de la nation parce que lui-même ne cessa d’espérer dans les moments qui incitaient au pessimisme le plus noir. Cette espérance tenait au caractère de l’homme et à ses certitudes de politique et de stratège, mais plus encore : « Pas un illustre capitaine qui n’eût le goût et le sentiment du patrimoine et de l’esprit humain. Au fond des victoires d’Alexandre, on retrouve toujours Aristote… » écrivait-il dans Le fil de l’épée.

    Tout homme d’Etat, aujourd’hui, devrait se souvenir avec Charles de Gaulle que «la véritable école du commandement est celle de la culture générale » et que le salut public exige la rectitude des convictions. Hélas, c’est le contraire que nous constatons. La culture générale s’est perdue dans les faux-semblants de la communication et il est recommandé, pour réussir, de répudier les idées non conformes.

    François Hollande aurait pu rompre avec le prétendu réalisme des aventuriers politiques. Certains discours, de belle allure, le donnaient à penser. L’espoir était ténu. Il s’est amenuisé lorsqu’Eric Dupin nous expliqua, en juin, que le président de la République n’avait aucune vision de l’avenir et qu’il agirait selon les rapports de force (1). Les observations de notre invité, point hostile à François Hollande qu’il connaît depuis fort longtemps, sont maintenant prolongées dans un article qui précise le portrait (2). A l’inverse de la célèbre formule de Gramsci, François Hollande aurait « l’optimisme de l’intelligence et le pessimisme de la volonté ».

    Cela signifie que nous sommes dirigés selon des humeurs. Eric Dupin décrit un homme d’une « sérénité à toute épreuve » et protégé par son humour, ce qui pourrait être positif. Cependant, « intimement persuadé que tout finira par s’améliorer en un juste retour des choses, il se garde de chercher à forcer le destin. Cet optimiste congénital laisse le volontarisme aux visionnaires naïfs et aux décideurs aventureux ». Pire : il s’est fabriqué une « philosophie benoîtement cyclique » qui procède de sa belle humeur et la conforte. D’où ses déclarations sur la fin de la crise de la zone euro et le retour de la croissance en 2013. D’où un « réalisme » tissé de concessions majeures aux banquiers, aux patrons, à la chancelière allemande - à tous ceux qui montrent ou montreront les dents. « Au final, l’optimisme bonhomme de Hollande fait le lit d’un fatalisme arrangeant » conclut Eric Dupin qui nous permet de comprendre ce qui nous arrive.

    Cela ne nous rendra pas compréhensifs ! Avec François Hollande, nous sommes à l’opposé des chefs d’Etat et de gouvernement qui ont constitué notre pays, des premiers rois de France à Charles de Gaulle. Tous avaient la volonté de ne pas consentir aux rapports de force existants – ce qui leur permettait d’en créer de nouveaux, qui confortaient le projet commun. Tous refusaient les fausses figures de la fatalité. En ce début de siècle nous sommes passés de l’activisme de Nicolas Sarkozy - qui masquait la soumission aux financiers, l’alignement sur l’Allemagne et le retour dans l’OTAN - au fatalisme de François Hollande qui se contente d’entériner les mêmes dépendances. Nous sommes seuls, face à un président et un gouvernement qui ne veulent pas utiliser les pouvoirs considérables qu’ils détiennent selon la Constitution. Si rien ne s’arrange dans la crise de l’ultralibéralisme, nous irons vers une violence que François Hollande prévoit mais que nulle bonne étoile ne peut arrêter… De quels malheurs la France devrait-elle être frappée pour que le président de la République prenne les décisions salutaires ?

    Bertrand Renouvin  (Le blog de Bertrand renouvin, 13 janvier 2013)


    Notes :

    (1) Sa conférence aux « Mercredis de la NAR » a été publiée sous forme d’entretien dans « Royaliste », n° 1018, 17-30 septembre 2012. Cf. Eric Dupin, La victoire empoisonnée, Seuil, 2012.

    (2) Cf. Slate.fr : http://www.slate.fr/story/66543/hollande-optimisme-pessimisme-volontarisme-strategie

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  • Droit du travail : socialisme ou barbarie ?...

    Nous reproduisons ci-ddessous un point de vue de Claude Bourrinet cueilli sur Voxnr et consacré à la politique libérale, à peine masquée, menée par le gouvernement socialiste...

     

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    Droit du travail : socialisme ou barbarie

    La pensée unique consiste à rendre naturelle une évidence, au point que, comme Monsieur Jourdain, on fasse de la prose sans le savoir. C’est tout l’art d’une propagande protéiforme, mais univoque : une seule voix se propage (d’où la propagande), comme un bruit de fond, une musique lancinante qui imprègne les cervelles sans qu’on y prenne garde, et d’autant plus persuasive qu’elle s’écoule par mille bouches, celles des responsables politiques, des journalistes, des « experts », du MEDEF, en somme, des autorités. Il n’en faut pas davantage pour qu’une doxa, une opinion d’ensemble s’impose, marginalisant toute contestation authentique, considérée comme farfelue ou dangereuse.

    L’une de ces vérités patentes, outre le métissage de la société, l’abolition des frontières ou l’égalitarisme pour tous, consiste à présenter la loi des marchés et l’adaptation de la société, notamment du code du travail, comme des nécessités contraignantes, dont l’on ne peut s’abstraire. Hors de là, point de salut. C’est en quelque sorte notre destin.

    Le fait vaut le droit. « C’est comme cela » équivaut à une loi. Il est vrai que le libéralisme s’est toujours voulu naturel, la main du marché étant l’analogie d’un mécanisme universel dont la dynamique aboutirait à un équilibre, un peu comme dans une jungle.

    Tout ce qui gêne le mouvement vers le progrès, la liberté de traiter, de produire et de manœuvrer, doit un jour disparaître. La Commission de Bruxelles ne cesse de donner le la de cette symphonie mondialiste, en écho aux organisations qui régissent l’ordre économique international, et surtout en réponse aux marchés financiers dont les oracles sont les agences de notation.

    Il est donc entendu qu’un salarié doit se laisser licencier avec bienveillance, presque avec des remerciements, que la population doit, avec la même gratitude, se voir déposséder de ses droits sociaux, de ses protections, parce que les charges qui en sont la source, les dispositifs législatifs, qui les pérennisent, constituent une gêne pour nos champions de l’industrie, du commerce, et surtout des affaires. Un kit lexical est à la disposition de tous les agents d’endoctrinement, qui usent volontiers, pour enfumer, comme des charlatans de foire, de termes comme « moderniser », « bouger », « archaïsme », « rigidité », « adapter », « flexibilité » etc. Tout responsable qui adopte ce jargon doit être considéré, par les classes populaires, comme leur pire ennemi.

    Comme nous ne sommes plus dans un système politique autoritaire et répressif, toute la maestria de la gauche et de la droite consiste à faire passer la pilule en douceur. L’arnaque, en ce qui concerne les négociations sociales qui se sont achevées le vendredi 11 janvier, a consisté, de la part de certains syndicats, du patronat et du gouvernement, à présenter leur conclusion comme un accord « gagnant-gagnant. En réalité, il s’agit d’une régression sociale, sans doute la pire depuis 1945, car les décisions qui ont été prises démantèlent les principes affirmés par le Conseil National de la Résistance.

    La tromperie vise à faire croire que la « sécurisation » regarde autant les employeurs que les employés. En réalité, ce qui est présenté comme avancée (extension des complémentaires santé, « portabilité » des droits en cas de changement d'entreprise, amélioration de la formation et de l'information des salariés sur la stratégie de l'entreprise, droits des chômeurs renforcés, taxation des emplois précaires …), pour autant qu’il en résulte des changements substantiels dans le sort des salariés ou des chômeurs, ne suffit pas à masquer l’essentiel, à savoir que, désormais, les patrons ont le droit de licencier à volonté. Mieux, ou pire : il n’existera plus de CDI. Le CDD deviendra la norme dans le secteur privé, et dans celui du public soumis aux règles contractuelles. Ce dont rêvait Sarkozy vient de se réaliser sous un gouvernement « socialiste ».

    Nous savons tous que la rhétorique contemporaine relève du théâtre. On fait croire que l’on s’affronte, et l’on se répartit les tâches : une équipe entame le travail, que l’autre, après alternance, achève. Le jeu est de faire croire à l’existence d’une gauche, qui critique l’ « injustice » d’une droite au pouvoir, quitte à appliquer son programme une fois au gouvernail, ce que n’a pas manqué de faire le parti socialiste depuis trente ans, ou, pour la droite, de marquer aux talons une gauche trop « timorée » dans les « réformes indispensables », et que l’on taxe de « socialiste », de « fiscaliste », de façon à se donner des raisons de démolir encore plus le modèle français, considéré comme périmé.

    Cette réforme du code du travail est, en vérité, une hypocrisie de plus, car loin d’ouvrir des perspectives à un patronat soi-disant étouffé, elle ne fait que rendre visible légalement l’état de fait qui meurtrit et déprime la société française : car de nos jours déjà, lorsque l’on n’est pas au chômage, si l’on cherche un travail, on a désormais toutes les chances de n’obtenir qu’un emploi précaire, dont le taux est même supérieur à celui de l’Allemagne. L’intérim a explosé, les CDD de moins d’un mois ont quasiment doublé. Du reste, la Grande Bretagne, en stagnation, comme d’autres pays engagés profondément dans le libéralisme, montrent que la flexibilité n’entraîne pas forcément une amélioration de la situation économique. On risque même d’assister à une surenchère dans le dumping social, chaque pays voulant s’aligner, dans un système ouvert, sur ceux qui proposent les moindres coûts du travail. Ainsi, face à la menace d’une perte d’emploi, que le patronat peut décider sans mesure, le salarié n’a plus guère le choix que d’accepter une baisse de salaire, une mutation, ou un temps partiel.

    Laurence Parisot, présidente du MEDEF, peut prétendre alors que cet accord « marque l'avènement d'une culture du compromis après des décennies d'une philosophie de l'antagonisme social », il s’agit plutôt d’une victoire patronale totale.

    Plus personne n’est surpris par la politique d’une gauche qui ne cache même plus son libéralisme enthousiaste. Les coups de gueule de Mélenchon ou de Pierre Laurent sont des pétards mouillés : tout devrait rentrer dans l’ordre au moment des élections municipales de 2014… Au demeurant, leur seul rôle est de donner l’impression qu’il peut exister encore une vraie gauche, ce dont seuls les journalistes, qui sont payés pour cela, font mine de croire.

    Un satisfecit patronal pour Chérèque, secrétaire de la CFDT, un de ces traîtres de théâtre de boulevard comme on n’en fait plus, est aussi à mettre à l’ordre du jour. Il a d’ailleurs si bien rempli son devoir, depuis tant d’années, qu’il a été récompensé par son ami Hollande, qui l’a nommé à l’Inspection générale des affaires Sociales (8 000 € d’émoluments pour se rouler les pouces). Par la même occasion, il devient le président de la strauss khannienne Terra Nova (comme Nicole Notat avait présidé le très élitiste Dîner du Siècle), qui promeut frénétiquement l’idéologie californienne, combat qu’avait mené jadis Rocard, aux dernières nouvelles filant le grand amour avec Sarkozy.

    Il est vrai qu’il est des marqueurs infaillibles. Il n’est pas anodin de désigner le « coût du travail » comme la source des difficultés économiques, tout en occultant les méfaits des licenciements boursiers, provoqués par les fonds de pension américains, ou les délocalisations, qui ne touchent pas seulement les entreprises employant de la main d’œuvre bon marché, mais aussi des savoir faire, des techniques, des industries de pointe et des secteurs de recherche.

    La « gauche » française (nous mettons maintenant les guillemets qui s’imposent) s’insère sans complexe dans une « troisième voie » européenne, qui n’est en fait qu’une variante du libéralisme le plus cynique. Que ce soit avec Tony Blair, qui a suivi la politique thatchérienne, Schroeder (avec sa réforme du marché du travail dite Harz IV), Zapatero, pour qui abaisser les impôts est de gauche, Papandréou, dont on vient d’apprendre qu’il a reçu ses trente deniers pour avoir trahi son peuple, le social libéralisme, de moins en moins social, est devenu un recours capital pour le capitalisme en crise.

    Le gouvernement Hollande n’a, par exemple, rien fait de mieux que de poursuivre, avec une célérité stupéfiante, et sans état d’âme, la politique entamée par son prédécesseur de « droite ». On n‘a même pas fait semblant d’œuvrer pour les plus pauvres. Le premier janvier, le smic a été augmenté de … 3 centimes de l’heure ! Quant à la mesure « emblématique » de la taxation des hauts revenus à 75%, projet qui a été invalidé par le Conseil constitutionnel, il paraît pour le moins étrange que des énarques, épaulés par une cohorte de spécialistes, ne se soient pas rendu compte du défaut incapacitant de cette loi. Tout laisse à croire que cet « échec » était prémédité, préparé avec la complicité de la droite, et qu’au fond, en cachette, la satisfaction est assurée de voir une mesure, qui aurait risqué de déplaire aux marché, renvoyée aux calendes grecques seule demeure.

    De toute façon, cette réforme n’aurait touché que 3500 contribuables, et n’aurait presque rien rapporté à l’Etat. Le symbole était destiné en revanche à dissimuler une vilénie d’ampleur !

    Dernièrement, le projet de « relance de la « compétitivité », présenté le 6 novembre 2012, s’est vu gratifié de la brillante étude d’un gestionnaire que la droite envie à la gauche, Louis Gallois, lequel considère le CDI comme obsolète. Le résultat fut un cadeau fiscal de 20 Milliards aux grandes entreprises, et une hausse de la TVA de 0,4%. Mais non, ce n’est pas la TVA sociale chère à Sarkozy, si décriée par la « gauche »… quand elle était dans l’opposition , le 30 janvier 2012 : « L’augmentation de la TVA est inopportune, injuste, infondée et improvisée. »

    « Une révolution copernicienne ! » s’écrie le lyrique Moscovici. Et pour cause !

    Sarkozy avait préparé la signature du Pacte de stabilité budgétaire, assorti d’une « règle d’or », qui consistait, à terme, à ne pas dépasser un déficit de 0,5%. Hollande et Moscovici ne firent pas mieux que de s’empresser de le signer, malgré ce qu’avait affirmé Hollande, le 17 mars 2012 : « J’aurai le devoir de renégocier ce traité » européen. » Mesure libérale, s’il en est. Les rentes financières seront consolidées, tandis que, par la force des choses, il faudra trouver des économies un peu partout. C’est la fonction publique qui est visée, les subventions sociales, enfin la vision keynésienne de l’Etat providence.

    Ce même Etat n’est pas en odeur de sainteté. Ayrault fait l’apologie des marchés et du mondialisme, appelant de ses vœux un gouvernement planétaire. Ce ne serait pas lui, affirme-t-il, qui diaboliserait les patrons ! A Pessac, Hollande, répudie l’aide publique aux entreprises et vante les investissements privés

    Il faut rappeler que l’une des stratégies de la « gouvernance » postmoderne est de présenter le socialisme étatique comme l’unique alternative, nécessairement discréditée par l’Histoire, au libéralisme. Ce qui est un mensonge, comme nous le verrons.

    Souvenons-nous aussi : il était question, parmi les promesses du candidat Hollande, de séparer les activités de banque de dépôt et de banque d’investissement. Résultat ? Néant !

    Il faut dire que le beau monde se bouscule autour du président. Tous des libéraux, qu’on a quelque peine à créditer de quelque souvenir socialiste : le sulfureux, douteux J. Cahuzac, accusé par Médiapart d’avoir dissimulé en Suisse, puis dans un paradis fiscal, une somme importante, et qui nie farouchement que la lutte de classe existe, JP Jouyet, D.G de la CDC, H. Lavenir, patron de la CNP, Moscovici,  Villeroy de Gallot, de la BNPP, H. de Castries, d’Axa,  Jean Hervé Lorenzi, de la banque  Rotschild, le déjà nommé Louis Gallois, ex de la SNCF puis d’EADS,  Pascal Lamy, secrétaire de l'OMC (qu’a dit Lamy au président, le 27 décembre 2012, à l’Elysée, pour que Jean-Marc Ayrault publie dans Le Monde du 3 janvier, un article intitulé « Pour un nouveau modèle français » ?),  et last but not least, Emmanuel Macron, un ancien de la banque Rotschild, qui conseille le président sur toutes les questions économiques.

    On est loin du discours du Bourget, du 22 janvier, où Hollande désignait la « finance » comme l’ « adversaire ». Il est vrai que quelques jours après, à Londres, il disait exactement le contraire.

    Combien d’exemples encore pourrions-nous donner, comme le refus de supprimer la défiscalisation des investissements dans les DOM-TOM, malgré les promesses électorales ?.

    La « gauche » actuelle ne fait que poursuivre une stratégie lancée, dès 1985, par des dirigeants comme Delors (dont Pascal Lamy était le bras droit), puis Fabius etc. Les privatisations, qu’accéléra Jospin, allaient s’avérer catastrophiques pour le pays. Les capitaux privés ont été massivement délocalisés, avec des technologies industrielles importantes.

    Les finances publiques, exsangues, obligées de s’en remettre au marché financier, véritable usurier, devaient nécessairement entrer en déficit, entraînant chômage et endettement, ruine accrue par une ouverture des frontières déraisonnable, à la mesure d’une idéologie libérale bruxelloise, enivrée par le dogmatisme.

    On doit donc rembourser la dette. La spéculation a le dernier mot. La volonté politique est à son service. Pauvre Jaurès … La nation est devenue l’esclave des agences de notation, de Goldman Sachs, qui impose ses pions, un à un, dans les pays d’Europe.

    Et pourtant, l’Argentine et l’Islande ont réussi ce qui semble impossible, envoyer balader cette dette, reprendre les rênes du pays, et se libérer. Pourquoi pas nous ? N’y a-t-il pas des raisons inavouables ?

    Contrairement à ce que prétend l’infâme Cahuzac, la lutte de classe existe bel et bien. Non pas uniquement parce que les Français l’affirment à 64% (40% le jugeaient ainsi en 1964, et 44% en 1967), mais parce que c’est le capital qui fait la guerre au peuple. Ce dernier n’en a pas toujours bien conscience, même si, pourtant, la trahison des ouvriers de Florange montre pour qui roule le gouvernement.

    Du reste, il ne s’agit pas de critiquer, en soi, un gouvernement qui prend des mesures impopulaires pour redresser le pays.

    Mais le pays ne se redressera pas, car ces mesures obéissent à une logique qui a fait ses preuves, celle du libéralisme mondialiste, tombeau des peuples et de leur prospérité. Les règles déloyales de concurrence, qui mettent face à face des aires de civilisations complètement différentes, et de niveaux de vie inégaux, ne peuvent que nuire aux pays développés, sans garantir un progrès social et politiques chez ceux qui en profitent. En vérité, le libéralisme sème le chaos et la destruction, est facteur de conflits, de guerre, et déracine les traditions, au point que l’absence de repères jette les peuples dans le doute et le trouble, voire le désespoir.

    Comme le rappelle opportunément Jean-Claude Michéa, le choix politique est avant tout une option morale. Ce n’est certes pas un critère que retiennent les thuriféraires du marché et de l’économie, les adulateurs du profit, de la spéculation et de l’argent-roi.

    Et pourtant c’était ainsi que nos ancêtres voyaient la chose politique. Le socialisme n’avait alors rien à voir avec l’Etat ou la politique politicienne, encore moins avec le libéralisme. A l’époque de Pierre Leroux, inventeur du mot « socialisme », en 1832, auteur, en 1848, de la Ploutocratie ou le gouvernement des riches, pamphlétaire dont nous reproduisons la photographie, les souvenirs étaient encore vivaces, dans le peuple, des solidarités paysannes ou artisanales, des fraternités villageoises et des unions corporatives. Contre l’avidité d’une classe bourgeoise vulgaire et rapace, qui dénigrait autant la vieille France ancrée dans les traditions, que le peuple, troupeau digne d’être exploité, on estimait que certains comportements ne devaient pas exister.

    Quoi de commun par exemple entre un ouvrier, un employé actuels, et un bobo enrichi, un parvenu de la politique qui a triché durant toute sa carrière, et a profité de manipulations propagandistes pour se faire un petit nid douillet ? Quoi de commun entre le chômeur ou le travailleur précaire, et le représentant syndical qui profite des dessous de table du patronat et roule dans une grosse voiture avec chauffeur ? Quoi de commun entre le SDF et le propriétaire de « gauche » d’un palais au Maroc ?

    Le libéralisme est un utilitarisme qui place l’humain au service de la chose, de la consommation, de la production. Le progrès qu’il loue est l’accroissement des rentes versées aux actionnaires, l’augmentation du capital financier, seule forme de relation économique en adéquation totale avec l’abstraction universelle, la déterritorialisation, le déracinement, tous si bien incarnés par le nomadisme professionnel présenté sous le terme « flexibilité ». C’est le métier qui est nié, l’attachement à un travail qui humanise et intègre à la communauté, au profit du job, du boulot, de l’ « employabilité » fonctionnelle et condamnant à l’errance perpétuelle. Le système économique et social actuel est l’ennemi direct, mortel, du socialisme authentique, qui valorise la solidarité, la décence des relations, l’honnêteté et la vertu. L’individualisme en est la base, ainsi que l’atomisation forcée des personnes, devenues des individus réduits en esclavage.

    Claude Bourrinet (Voxnr, 12 janvier 2013)

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  • Le glas de l'Europe de la défense ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Martin Winter, journaliste allemand du Süddeutsche Zeitung, cueilli sur Presseurop et consacré à la faillite de l'Europe dans l'affaire malienne...

     

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    Guerre au Mali : c'est aussi l'Europe de la défense qui est en jeu

    S’il n’était question au Mali que du Mali, les militaires français n’auraient sans doute pas été engagés dans la guerre contre les milices islamistes. Et les intérêts de l’ancienne puissance coloniale sur le continent africain ne permettent pas d’expliquer une intervention aussi risquée.

    Si la France intervient, c’est parce que l’Etat sahélien menace de devenir un danger pour l’Europe. Et si elle s’est engagée seule, c’est parce que les autres pays européens se sont défilés. Cela en dit long sur l’état de la politique de sécurité et de défense commune. Et cela ne dit rien de bon.

    Le fait que Paris ne reçoive pour toute aide de ses partenaires européens que des félicitations cordiales et une poignée d’avions de transport montre que quelque chose ne tourne pas rond dans l’Union européenne. Barrer la route aux islamistes et aux terroristes dans leur conquête du Mali est véritablement dans l’intérêt de l’Union européenne. L’UE connaît l’existence de cette menace depuis plus d’un an. Entre les mains d’Al-Qaïda et de ses sympathisants, le Mali se transformerait en un Afghanistan bis aux portes de l’Europe, servant à la fois de point de départ, de zone d’entraînement et de base arrière au terrorisme international.

    L'UE dépassée par la situation

    Si elle a pleinement reconnu ce danger, l’UE n’est jamais parvenue à y apporter une réponse commune. Tout ce sur quoi elle a été capable de s’entendre est l’envoi d’une petite mission de formation pour aider l’armée malienne. La volonté commune européenne trouvait là sa limite et l’UE n’a pas été capable d’élaborer un plan d’action préventif en vue de réagir à une urgence militaire comme celle à laquelle réagit aujourd’hui la France.

    Le fait que l’on veuille aujourd’hui accélérer le calendrier de la mission de formation confine au ridicule. D’abord, parce que cette mission ne change rien au fait que les autres pays européens restent les bras croisés à regarder les Français se mouiller pour défendre les intérêts européens. Ensuite, parce que les soldats maliens n’auront sans doute guère de temps à consacrer à leurs formateurs européens tant qu’ils seront empêtrés dans les combats contre les milices dans le centre et le nord du pays. La situation a fini par dépasser l’Union européenne.

    A l’heure qu’il est, l’UE doit plutôt se demander si elle compte sérieusement se doter d’une politique de sécurité commune. Laquelle impliquerait de ne pas laisser la France se débrouiller seule militairement au Mali. L’ancien ministre des Affaires étrangères français Hubert Védrine a récemment prononcé un jugement lapidaire sur la politique de sécurité et de défense commune, à laquelle œuvre laborieusement l’UE depuis vingt ans.

    La guerre est une option

    Si les responsables politiques des pays membres de l’UE ne sont pas capables de trouver rapidement un terrain d’entente sur les fondements de leur coopération, l’aspiration européenne à devenir une puissance mondiale n’aura aucune chance d’aboutir. Hubert Védrine n’avait sans doute pas imaginé que l’Europe serait mise à l’épreuve aussi rapidement et que le test décisif se jouerait dans la région du Sahel.

    Tout porte à croire que l’Europe va mordre la poussière dans cette affaire. Car, en matière de politique étrangère et de sécurité, les intérêts des pays membres de l’UE sont encore trop éloignés les uns des autres. Le Mali en est la preuve : les Européens sont d’accord pour reconnaître la menace, mais ne sont pas d’accord sur les moyens de la combattre. Ni sur le fait que, dans ce cas de figure, il faut se préparer à tout, y compris à la guerre. La politique sécuritaire de l’UE souffre d’un manque d’unité, d’aptitude et de volonté. Des carences qui ne disparaîtront pas de sitôt.

    Pourtant, il faut que les autres Européens épaulent aujourd’hui militairement la France. C’est une question de solidarité, mais aussi de bon sens à long terme : si l’on veut laisser la porte ouverte à une politique de sécurité européenne digne de ce nom, il faut éviter que Paris se retrouve contraint de faire appel à l’OTAN en cas de blocage de la situation militaire. Ce serait en effet la preuve ultime que les Européens ne sont tout simplement pas à la hauteur.

    Martin Winter (Presseurop, 16 janvier 2013)

    traduction Jean-Baptiste Bor

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