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Points de vue - Page 333

  • Une grande catastrophe...

    Nous reproduisons un point de vue éclairant de la fondation Polémia, cueilli sur son site et consacré aux conséquences de l'immigration de masse que la France subit depuis plus de 40 ans...

     

     

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    Immigration de masse : la grande catastrophe


    L’immigration de masse n’est pas une chance pour la France. C’est une catastrophe. Une grande catastrophe : identitaire, sécuritaire, scolaire, administrative, sanitaire, économique, sociale, budgétaire, environnementale, politique, diplomatique, démographique ; c’est aussi une catastrophe pour les libertés. Il est temps de rappeler les faits, dans toute leur réalité, c’est-à-dire dans toute leur brutalité. Sans haine, bien sûr, mais aussi sans faux semblants, ni tartufferies, ni concessions aux convenances de la bien-pensance.

    – Catastrophe identitaire. Beaucoup de Français de souche européenne se sentent devenir étrangers dans leur propre pays. Dans certains quartiers, ils deviennent une minorité opprimée. Des coutumes étrangères – voile islamique, boubous, djellabas – leur sont imposées dans l’espace public. Des règles alimentaires musulmanes s’implantent dans leurs abattoirs et s’imposent dans leurs assiettes. Les paysages urbains sont transformés par l’édification de mosquées monumentales, expression d’une prise de contrôle symbolique du territoire français. Les programmes scolaires et leurs mises en œuvre sont « adaptés » aux exigences de minorités venues d’ailleurs. Les principes républicains (laïcité, mérite, égalité de droit) sont bafoués. La France devient multiculturelle et donc multiconflictuelle.

    – Catastrophe sécuritaire. Du strict point de vue des faits, il est incontestable que la très grande majorité des trafiquants de drogue sont noirs ou arabes. Les violences faites aux femmes, les agressions dans les écoles, les rencontres sportives entre amateurs qui tournent mal, sont concentrées dans les quartiers de l’immigration et les périphéries qu’ils impactent. Plus généralement, l’explosion de la délinquance, depuis les années 1970, est en relation directe avec la progression de l’immigration. Dans les prisons, de l’ordre des deux tiers des personnes incarcérées ne sont pas des Français de souche. Plus de la moitié des détenus sont musulmans. Près de 800 quartiers sont devenus des zones de non-droit où les pompiers et les SAMU s’exposent à être caillassés et où les médecins hésitent à s’aventurer.

    – Catastrophe pour les libertés. La montée de l’insécurité liée à l’immigration limite dans les faits la liberté d’aller et venir (dans certains quartiers ou moyens de transport) des honnêtes citoyens. La lutte contre l’insécurité n’a pas porté sur ses vraies causes mais a provoqué une multiplication des lois sécuritaires potentiellement dangereuses pour les libertés : inflation du nombre des incriminations pénales, extension des délais de garde à vue, essor de la vidéo-surveillance, développement de la sécurité privée. Pour imposer, sans débat et sans consultation des Français, une politique migratoire insensée les gouvernements successifs ont fait voter des lois liberticides : lois Pleven (1972), Gayssot (1990), Toubon (1994), Taubira (2002) qui sont des atteintes successives à la liberté d’expression, en même temps qu’une véritable régression civilisationnelle.

    – Catastrophe scolaire. Les réformes pédagogiques et le collège unique ont débouché sur une dégradation de l’acquisition des connaissances par les élèves. Ce phénomène est grandement amplifié par l’hétérogénéité croissante des classes en raison d’une immigration qui accentue les différences entre élèves, s’agissant des capacités cognitives, de la maîtrise de la langue française et de l’acceptation du contenu des programmes (histoire, littérature, biologie). L’affectation des enseignants débutants dans les banlieues de l’immigration rend leur recrutement de plus en plus difficile et conduit souvent au découragement de ceux qui ont choisi le métier de professeur. Cet ensemble de faits explique qu’aux tests internationaux PISA, les performances des élèves scolarisés en France déclinent davantage que dans les pays voisins. A contrario, c’est la Finlande, pays européen le plus homogène ethniquement, qui obtient les meilleurs résultats internationaux.

    – Catastrophe administrative. Certains immigrés sont amenés à importer des pratiques frauduleuses souvent jugées normales dans leur pays d’origine : fausses déclarations, corruption active de fonctionnaire ou menaces. Les fonctionnaires de police, des préfectures, des services du permis de conduire, les agents des services sociaux mais aussi les enseignants sont exposés à ces comportements.

    – Catastrophe pour la santé publique. Compte tenu des contraintes budgétaires qui l’encadrent et de l’allongement de la vie, le système sanitaire français est au bord de la rupture financière. L’immigration apporte des déséquilibres supplémentaires : un nombre croissant de bénéficiaires non cotisants (CMU, CMU complémentaire, Aide médicale d’Etat), du tourisme médical offrant l’accès à des lits d’hôpitaux parfois en nombre insuffisant, l’essor de maladies rares en France (tuberculose, SIDA) mais fréquentes dans les départements à forte immigration africaine (93, 95 notamment). L’organisation même des services d’urgence est perturbée par des comportements compulsifs, voire agressifs, de personnes ne suivant pas le parcours de soins habituel. Or cette augmentation de la demande médicale n’ayant été ni anticipée ni financée, les hôpitaux sont conduits à recruter des médecins étrangers sous-payés et parfois sous-qualifiés.

    – Catastrophe pour l’emploi. Le chômage dépasse le seuil de 10% de la population active, 15% en prenant en compte le chômage partiel. C’est une cause majeure de malaise social et de déficit budgétaire. L’immigration n’est pas seule en cause mais amplifie le phénomène. Le taux de chômage des étrangers africains ou maghrébins est le double du taux français, selon l’INSEE. Le taux de chômage des jeunes issus de l’immigration maghrébine ou africaine est aussi le double de celui des jeunes Français d’origine européenne (1). On connaît l’antienne cent fois répétée : « Les étrangers font le travail que les Français ne veulent plus faire ». Pour être plus exact, il faudrait dire : « …ou plutôt que les étrangers déjà installés et les immigrés de la seconde génération ne veulent plus faire non plus ». Les immigrés qui entrent aujourd’hui en France maintiennent au chômage des étrangers déjà présents ; et ce sont les parents des chômeurs de demain.

    – Catastrophe pour les salaires. Sous l’effet de la poursuite inconsidérée de l’immigration, les salaires baissent dans de nombreux secteurs et métiers : ouvriers du bâtiment et travaux publics, employés de la restauration ou des services d’aide à la personne, artisans mais aussi techniciens et ingénieurs, notamment dans l’informatique, sont concernés. Ce sont les jeunes actifs entrant sur le marché du travail qui sont les premières victimes de ce phénomène. L’ouverture des frontières offre un immense réservoir de main-d’œuvre aux sociétés industrielles capitalistes tandis que l’Etat-providence assure à tous un revenu minimal : d’où le développement simultané du chômage, de la baisse des salaires et de la montée des déficits. Difficile de faire pire !

    – Catastrophe budgétaire. Dans un pays en sous-emploi, l’immigration est un boulet économique : toute entrée de personnes supplémentaires sur le territoire accroît les charges sociales et les frais généraux de la nation, sans recettes correspondantes. En appliquant les modes de calcul du prix Nobel Maurice Allais on peut estimer à 18 milliards d’euros, chaque année, les coûts d’investissement (logements, hôpitaux, écoles, transports, prisons) et les charges de fonctionnement (écoles, aides et prestations sociales) liés à l’entrée de plus de 200.000 étrangers supplémentaires. Ceux qui prétendent, contre tout bon sens, que l’immigration améliore les comptes français oublient deux choses : que la France est en sous-emploi et qu’il est inexact de comparer une population immigrée jeune à une population française âgée puisque celle-ci compte… de vieux immigrés naturalisés. Enfin, une partie des salaires et des aides sociales perçues repart, à hauteur de plusieurs milliards d’euros, vers les pays d’origine, ce qui creuse le déficit de la balance des paiements française.

    – Catastrophe environnementale et pour l’aménagement du territoire. L’immigration de masse aboutit à déstructurer les espaces urbains ; elle provoque le white flight (2) et amplifie la crise du logement et la rurbanisation du territoire ; résultat : l’artificialisation des sols s’accélère ; tous les dix ans l’équivalent de la surface d’un département est artificialisé, ce qui détruit des paysages, fruits d’un équilibre millénaire. La gestion des déchets dans les quartiers de l’immigration et dans de nombreux campements Roms pose des problèmes environnementaux graves.

    – Catastrophe dans les transports. En trente ans, la situation dans les transports publics des grandes métropoles s’est profondément dégradée : d’abord, parce que les réseaux de transport doivent déplacer davantage d’usagers sans disposer pour cela de recettes supplémentaires correspondantes ; ensuite, parce que les comportements irresponsables (blocage des fermetures de portes des trains, descente sur les voies de chemin de fer), les actes de vandalisme et les agressions, particulièrement fréquents sur les lignes desservant les banlieues de l’immigration, se répercutent sur l’ensemble des réseaux, générant des retards à répétition. Les vols de métaux, commis par des mafias souvent venues d’ailleurs, sont une cause additionnelle de perturbations.

    – Catastrophe politique. Selon la Constitution, « la souveraineté appartient au peuple », et « la loi est l’expression de la volonté générale » ; or, pour qu’un groupe humain fasse peuple, il faut qu’il partage des valeurs, des coutumes et des comportements communs. Cela suppose l’assimilation. La communautarisation ethnique et religieuse s’y oppose. Les minorités monnaient leurs voix. Ce qui conduit les maires à « courtiser l’islamisme » (3) et le parti socialiste à fonder sa stratégie électorale sur le remplacement des classes populaires françaises par les minorités étrangères.

    – Catastrophe pour la souveraineté française. A terme, nos options de politique étrangère risquent d’être prises au regard des réactions éventuelles de minorités arabophones ou islamisées présentes sur notre sol ; d’ores et déjà, celles-ci sont la cible de spectaculaires opérations d’influence de la part des Etats-Unis et du Qatar, sans compter le financement de mosquées par l’Arabie Saoudite, le Maroc, l’Algérie ou la Turquie.

    – Catastrophe démographique. A moyen et long terme, c’est à une substitution de population que nous assistons. C’est déjà le cas en Seine-Saint-Denis où plus de la moitié de la population est noire ou maghrébine. C’est aussi le cas dans la grande majorité des 800 quartiers « sensibles ». Ce pourrait être, à terme, le cas de l’ensemble de la France menacée de « grand remplacement », selon la juste expression de l’écrivain Renaud Camus. Ce génocide lent a deux causes : l’arrivée de populations étrangères fécondes, en raison notamment de l’immigration nuptiale (entrée en France de jeunes femmes avec un taux de fécondité élevée) ; mais aussi le découragement de bien des familles de souche européenne qui se heurtent à des difficultés croissantes pour se loger, pour se déplacer et pour trouver des écoles adaptées à leurs enfants. La surnatalité ou la seule irruption étrangère est aussi une cause de la dénatalité française. Ce phénomène a été observé par le passé dans l’effondrement de nombreuses civilisations, notamment méso-américaines. La catastrophe démographique est évidemment de loin la plus grave car elle est potentiellement irréversible.

    Faire face à la crise existentielle du peuple français

    Certes, l’ensemble des difficultés françaises ne saurait être réduit à l’immigration. La crise existentielle du peuple français est la cause majeure de l’abaissement français. Mais il serait vain d’envisager – par aveuglement, paresse intellectuelle, lâcheté morale, opportunisme médiatique ou cynisme politique – un quelconque relèvement français (ou européen) sans que soit posée la question de l’immigration. Pour une raison simple : oser s’attaquer au problème de l’immigration, c’est la première étape du redressement, car c’est le tabou le plus fort qu’il faut briser : celui de la mauvaise conscience et de la repentance.

    Polémia (30 novembre 2012)

    Notes

    (1) Sources INSEE : Nombre de chômeurs et taux de chômage selon la nationalité, le sexe et l'âge en 2009 : http://www.insee.fr/fr/themes/tableau.asp?reg_id=0&ref_id=NATnon03323 et ministère de l’Intérieur, Infos migrations, mai 2011.
    (2) « White flight désigne la migration des personnes de race europoïde de zones urbaines qui ont vu un taux d'immigration de populations allogènes augmenter significativement. » « L’expression, née aux Etats-Unis, est utilisée pour l’exode des populations blanches des centres-villes américains après la fin de la ségrégation raciale. » (Sources : Wikipedia et Wiktionnaire.)
    (3) Selon le titre d’un livre de Joachim Veliocas, de l’Observatoire de l’islamisation.

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  • Florange, la trahison du socialisme compassionnel...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de l'économiste hétérodoxe Jacques Sapir, cueilli sur son blog Russeurop, qui adresse une volée de bois vert au gouvernement à propos de la reculade piteuse de Florange...

     

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    Florange, la trahison du socialisme compassionnel

    Ainsi, c’était donc ça. L’accord avec MITTAL, sur lequel on pouvait déjà avoir des doutes importants compte tenu de la « réputation » de la société à ne pas tenir ses promesses, se révèle n’être qu’un plan social camouflé. On annonce déjà plusieurs centaines de départs en préretraite. Les investissements promis ne sont que ce qui était prévu avant la négociation, essentiellement pour le partie « froide » du site. Les travailleurs ont été roulés dans la farine par le Premier ministre et le Président. À vrai dire, on s’y attendait. Mais, pas que le vernis craque aussi vite, en moins de 72h. Le problème, en l’occurrence, est que ceci était d’emblée dans la tête de J-M Ayrault, qui semble avoir été plus intéressé à sauver des emplois dans sa région que par le sort des ouvriers de Florange. Tel est le « secret » d’un accord qui n’en est pas un et qui constitue une capitulation en rase campagne de la part du gouvernement.

    Reprenons depuis le début ; MITTAL veut liquider la partie « chaude » du site (les hauts-fourneaux), mais tient à garder la partie « froide » qui fabrique des emballages à partir du métal, et qui gagne de l’argent. MITTAL, par ailleurs, emploie 20 000 ouvriers sur divers sites en France. Le gouvernement a fait l’erreur de traiter ce problème de manière parcellaire, se mettant ainsi lui-même la tête sur le billot, et celle des ouvriers de Florange par la même occasion. On lit sans problème la stratégie de MITTAL, qui consiste à menacer, en cas de nationalisation de l’ensemble du site de Florange, de cesser ses investissements dans le reste du pays, et qui menace donc l’emploi. Cette stratégie est efficace, mais elle ne l’est que parce que le gouvernement ne veut pas traiter du problème dans son ensemble, c’est-à-dire de l’ensemble des installations de MITTAL en France. On dira que le coût serait extrêmement élevé. Non, si on le fait dans une logique où ces activités seraient reprises par un ou plusieurs repreneurs. La question de la gestion et des activités commerciales serait réglée par des sociétés déjà existantes.

    Jean-Marc Ayrault prétend que ce repreneur n’existe pas. Or, les deux sites de Florange sont connus pour intéresser beaucoup de monde, le groupe russe SEVERSTAL entre autres, mais pas seulement. La possibilité de trouver un repreneur était bien présente, mais à la condition d’une reprise globale du site. C’est sur cette ambiguïté qu’a jouée le Premier ministre pour imposer l’accord qu’il voulait. Cet homme, de Notre Dame des Landes à Florange, sera désespérément resté un élu local.

    Le problème fondamental est celui de la logique financière qui est celle du groupe MITTAL. Entendre qualifier « d’entrepreneur » Lakshi Mittal a de quoi faire se retourner dans sa tombe Joseph Schumpeter. Dors en paix, pauvre Joseph, ils ne savent pas ce qu’ils disent. Lakshi Mittal est essentiellement un financier, sans logique industrielle d’ensemble, qui n’est intéressé que par le rendement immédiat de ses entreprises. Il n’a de cesse, pour utiliser une expression un peu vulgaire, que de faire « pisser du cash », et ceci sans souci du moyen ou du long terme. Un entrepreneur, et il faut le rappeler à tous ceux qui n’ont que ce mot à la bouche, y compris au MEDEF et à la sinistre Parisot, est quelqu’un qui entreprend une activité dont il pense que grâce à une innovation de produit ou de procédé, il tirera profit. Un entrepreneur industriel, de plus, a dans la tête la notion de filière et de pérennité de son entreprise. Pas un opportuniste ou un preneur de rente.

    La mise en place d’une logique industrielle d’ensemble cohérente et la seule réponse possible à l’attitude du groupe MITTAL. Les éléments de cette logique existent, ainsi que les partenaires, qu’il s’agisse de sociétés françaises ou de sociétés étrangères. Mais, cette logique étant contradictoire avec celle de MITTAL, il convient donc de se débarrasser de ce groupe, et pour cela d’en nationaliser l’ensemble des établissements sur le territoire français. On fera l’objection des obstacles que pourrait soulever l’Union européenne. Mais, étant contributrice nette à hauteur de 7 milliards d’euros par an, la France peut parler fort à Bruxelles. La véritable réponse à l’arnaque que prépare MITTAL, avec l’assentiment du Premier ministre, est bien une nationalisation d’ensemble, mais accompagnée de la constitution d’un syndicat de repreneurs, appelé à reprendre les diverses activités et à les développer dans la lignée de ce que l’on a décrit dans la première note. Ici encore, cela implique une politique industrielle d’ensemble sur la filière sidérurgique de la part du gouvernement français. Or, c’est bien ce qui manque aujourd’hui.

    Où, plus précisément, c’est bien la volonté de penser le développement d’ensemble de l’industrie, les coexistences de filières sur un même site, qui est aujourd’hui absente dans le pôle libéral de ce gouvernement, représenté par Sapin, l’homme qui accepte le chômage, par Moscovici, l’homme qui accepte l’Euro et les pertes de compétitivité qui en découlent, et par Ayrault, Premier ministre plus attaché à sa circonscription qu’aux intérêts du pays et de l’ensemble de ses travailleurs.

    Oui, le « socialisme » compassionnel a bien trahi les travailleurs de Florange, et d’autres trahisons se préparent, qui laisseront toutes un goût de plus en plus amer. Jusqu’à ce que ce gouvernement soit régurgité par ceux là même qui l’ont élu.

    Jacques Sapir (Russeurop, 3 décembre 2012)

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  • Le CRIF installé à l'Elysée ?...

    Nous vous invitons à lire un article éclairant d'Alain Gresh, cueilli sur le site du Monde diplomatique, dont il est le rédacteur en chef, et consacré à une des plumes du président de la république , dont les liens affichés avec le Conseil représentatif des institutions juives de France interpellent...  

     

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     Richard Prasquier, président du CRIF et François Hollande


    Le CRIF écrit-il les discours de Hollande sur la Palestine ?

    Finalement, le gouvernement français votera en faveur de la reconnaissance de l’Etat palestinien. A reculons, après avoir longtemps hésité, en demandant mille et une garanties à l’Autorité palestinienne. Il est loin le temps où la France défendait une position originale, appelait à l’autodétermination des Palestiniens et au dialogue avec l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), passant outre aux injonctions des Etats-Unis et d’Israël.

    L’information de l’hebdomadaire L’Express ne semble pas avoir suscité de fortes réactions. Dans un article du 8 novembre de Marcelo Wesfreid, « Paul Bernard, la plume de l’ombre de François Hollande », on apprend en quoi consiste le travail de Paul Bernard :

    « De l’ouverture de la conférence sociale à l’anniversaire de la Libération de Paris, de la commémoration du Vél’ d’Hiv à celle de la tuerie de Toulouse, du discours sur l’école à celui sur la mutualité française, il est celui qui rédige les premières trames, amendées ensuite par son supérieur hiérarchique, le conseiller politique Aquilino Morelle, puis remodelées par le président lui-même. Paul Bernard planche aussi sur les interviews télévisées et les Légions d’honneur, quand il ne s’occupe pas d’une préface de livre. »

    Qui est donc cet homme de l’ombre ?

    « Les plumes ne ressemblent jamais aux technocrates qui peuplent les cabinets. Et Paul Bernard n’a pas le parcours type d’une plume. En sortant de Normale-Sup, un DEA sur la littérature de l’époque napoléonienne en poche, il entre chez Publicis comme chargé de mission auprès du magnat de la publicitéMaurice Lévy. Il participe pour le compte de l’homme d’affaires à la rédaction du rapport commandé en 2006 par le ministre des finances Thierry Breton, sur l’“économie de l’immatériel”, cosigné avec Jean-Pierre Jouyet.

    Parallèlement, il rejoint le Mouvement juif libéral de France (MJLF), un courant du judaïsme progressiste qui s’est notamment illustré en menant campagne pour l’accès des femmes aux fonctions du culte. Le touche-à-tout a récemment intégré le comité directeur du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF). »

    Rappelons que parmi les objectifs du CRIF figure celui de soutenir l’Etat d’Israël. Et que, depuis des années, cette organisation a toujours soutenu toutes les aventures militaires israéliennes, de la guerre contre le Liban en 2006 à celle contre Gaza en 2012.

    Mais ne croyez surtout pas que l’homme est de parti pris. Il explique : « Il faut oublier ce qu’on pense et ne pas chercher à peser dans le sens de ses propres idées. »

    Imagine-t-on un instant un citoyen français de confession musulmane, engagé dans une association de soutien au peuple palestinien, chargé d’écrire les discours du président de la République ?

    Je ne sais pas si M. Bernard cherche ou non à imposer ses propres idées sur le conflit, mais comment ne pas remarquer ce que le président français a dit lors de la conférence de presse avec le premier ministre Netanyahou :« Il y a aussi la tentation pour l’Autorité palestinienne d’aller chercher à l’Assemblée générale de l’ONU ce qu’elle n’obtient pas dans la négociation (…).Seule la négociation pourra déboucher sur une solution définitive à la situation en Palestine.  » (Lire, par exemple, « Sur la Palestine, Hollande conforte Netanyahou », L’Humanité, 2 novembre.)

    Or c’est, au mot près, ce que disent les dirigeants israéliens depuis des mois (« Statements by Israeli leaders », ministère israélien des affaires étrangères), et qui est repris par le CRIF. On peut aussi se reporter à la déclaration de M. Netanyahou l’an dernier (« B. Netanyahu : “La vérité c’est que les Palestiniens bloquent les négociations” », RTBF, 18 septembre 2011) :

    « Mon voyage [aux Nations unies] a un double objectif : faire en sorte que la tentative [des Palestiniens] de contourner des négociations directes échoue(...) La vérité, c’est qu’Israël veut la paix et que les Palestiniens font tout leur possible pour bloquer des négociations directes (...). Ils doivent comprendre que la paix ne peut être obtenue que par des négociations, et non en essayant de les contourner par la voie de l’ONU. »

    Une simple coïncidence ? Sans doute, et le réalignement de la politique française sur la Palestine dépasse, bien évidemment, le travail de tel ou tel homme de l’ombre.

    M. Bernard a aussi rédigé, si l’on en croit L’Expressle discours de Hollande du 1er novembre, lors de la cérémonie d’hommage aux victimes de l’attentat du 19 mars 2012 (Ecole Ohr Torah - Toulouse). La cérémonie s’est tenue en présence de M. Netanyahou.

    « Ces enfants de la France reposent aujourd’hui à Jérusalem. Nos deux pays, nos deux peuples, sont réunis autour de leur souvenir. Monsieur le Premier Ministre, vous représentez un pays créé, au lendemain de la Shoah, pour servir de refuge aux juifs. C’est pourquoi chaque fois qu’un juif est pris pour cible parce que juif, Israël est concerné. C’est le sens de votre présence. Je la comprends, je la salue, je vous accueille. »

    Il est donc normal qu’Israël soit concerné par la situation des juifs de France ? A-t-on demandé leur avis aux juifs de France qui ne veulent rien avoir à faire avec Israël et qui ne se reconnaissent pas dans cet Etat ? A-t-on demandé leur avis aux juifs de France qui ne se reconnaissent pas dans un premier ministre qui mène une politique d’oppression des Palestiniens ?

    Il est paradoxal que ceux-là même qui dénoncent l’importation du conflit israélo-palestinien en France invitent le premier ministre d’Israël à une telle cérémonie, favorisant les amalgames nauséabonds entre juifs, sionistes et Israël. Les mêmes qui dénoncent la mobilisation des banlieues ou des musulmans de France en faveur des Palestiniens soutiennent celle des juifs de France (ou de certains d’entre eux) en faveur d’Israël.

    Ce « deux poids deux mesures » encourage la montée d’un antisémitisme stupide, qui veut faire croire que les juifs de France disposent d’un statut différent de celui des autres citoyens.

    Dans une déclaration du 22 novembre, l’Union française juive pour la paix (UJFP) s’interrogeait aussi pour savoir « Qui représente les Juifs et la “communauté juive” en France ? » et s’inquiétait du soutien inconditionnel du CRIF à l’Etat d’Israël dans son attaque contre Gaza. Cette prise de position contribue davantage à la lutte contre l’antisémitisme en France que toutes les déclarations du CRIF ou de certains de nos responsables politiques (lire aussi la lettre du grand rabbin à l’organisation et la réponse de celle-ci).

    Lorsque l’on a un ministre de l’intérieur, Manuel Valls, qui peut proclamer que, par sa femme,« il est lié de manière éternelle à la communauté juive et à Israël », nous pouvons nous inquiéter. Valls a tenté d’obtenir la suppression de cette citation, notamment dans sa biographie sur Wikipedia et en demandant à la radio de Strasbourg, sur laquelle il a proféré ces insanités, de les retirer au nom du droit d’auteur. Mais la censure ne peut rien contre Internet.

    Dans une tribune publiée par l’hebdomadaire Marianne (22 novembre), « Un citoyen étonné », Pierre Conesa s’étonne que le président français n’accorde aucune place à certaines des victimes non juives de Merah.

    « Avant les assassinats de l’école juive, Mohamed Merah avait exécuté de sang-froid trois parachutistes (le maréchal des logis Imad Ibn Ziaten, 30 ans, et deux militaires du rang, Abel Chennouf, d’origine algérienne, 26 ans, et Mohamed Legouad, Français musulman d’origine algérienne, 24 ans) et avait blessé grièvement à la tête un quatrième (Loïc Liber, 28 ans) les 11 et 15 mars à Toulouse et à Montauban. Aucun membre de ces familles n’a été associé à la visite présidentielle à Toulouse. Qu’en est-il de ces victimes aujourd’hui ?

    Le ministre de l’Intérieur avait reçu en octobre, à la préfecture de Haute-Garonne, Hatim Ibn Ziaten, frère aîné du premier soldat tué, à Toulouse, la sœur de Mohamed Legouad et le père d’Abel Chennouf, et leurs avocats. L’avocate Me Maktouf a évoqué “un ras-le-bol, un mal-être insupportables”. L’un de ses clients, Albert Chennouf, perçoit 700 euros de retraite et a déjà dû faire l’avance de 1 700 euros de frais en tant que partie civile. Les avocats de ces soldats veulent avec raison faire reconnaître que les quatre militaires visés sont “morts pour la France”, permettant ainsi une prise en charge partielle de leurs frais de justice et une aide à leurs familles. Ce serait là un signe à l’égard de la communauté maghrébine qui, à travers ces jeunes engagés, a démontré son attachement à la France et a payé un très lourd tribut.

    Pour l’heure, le président Hollande n’a pas jugé bon de les recevoir, leur faisant répondre par un courrier d’un conseiller. Sarkozy s’était au moins senti obligé de leur adresser une lettre manuscrite... »

    Alain Gresh (Le Monde diplomatique, 27 novembre 2012)

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  • A qui profite le déclassement de l'économie française ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de C. Martin, cueilli sur Voxnr et consacré à la dégradation de la "note " de la France par l'agence de notation américaine Standard & Poor's...

      

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    A qui profite le déclassement de l'économie française par Standard & Poor's ?

    L’usure internationale ne désarme pas, et c’est désormais au tour de la France, deuxième économie européenne, d’en faire les frais. L’agence privée étasunienne Standard & Poor’s a ainsi confirmé la dégradation des notes à long terme AA+ et à court terme A-1+ de la France. Cette décision intervient quatre jours à peine après le déclassement opéré par Moddy’s, une autre agence de notation. « Après la stagnation de 2012, a déclaré Standard & Poor’s, nous nous attendons à ce que la croissance de l’économie française ne dépasse pas 0,4% en 2013 ».

    Après avoir durement frappé les économies de la Grèce, de l’Espagne, de l’Italie, de l’Irlande et du Portugal, les financiers britanniques et étasuniens s’en prennent aujourd’hui à la France. Et ce, dans la continuité de la une de l’hebdomadaire The Economist du samedi 17 novembre (sept baguettes de pain entourées d’un ruban tricolore, reliées à une mèche allumée telles des bâtons de dynamite), pour lequel « la France pourrait devenir le plus grand danger pour la monnaie unique européenne »… La « perfide Albion » aura pour le coup été parfaite dans son rôle de soutien à l’Oncle Sam, toujours ravi de voir les ennemis du dollar se prendre les pieds dans le tapis.

    La première des conséquences de la parte du triple A, c’est l’augmentation du taux d’intérêt exigé par les créanciers. Dans le contexte actuel, la France sera ainsi obligée d’emprunter moyennant des taux d’intérêt encore plus élevés. Quand on sait qu’environ 70 % des créances sur les dettes publiques sont possédés par les 10 % les plus riches de la population (qui touchent de facto 70 % des intérêts), on comprend aisément que le système de la dette publique enrichit les plus riches au détriment des plus pauvres.

    Par effet domino, la note des entreprises nationales, des banques et surtout des collectivités territoriales sera remise en cause. Les collectivités dépendant en grande partie des transferts financiers de l’État, elles ne peuvent pas bénéficier d’une meilleure note que lui. Or, une fois leur note dégradée, elles devraient faire face à des créanciers plus méfiants, qui leur réclameraient des taux d’intérêt plus élevés. Cela alourdirait le coût de leur dette et apporterait fort opportunément de l’eau au moulin des thuriféraires du démantèlement des politiques publiques.

    Enfin, si les marchés continuent à imposer à la France des taux d’intérêt toujours plus élevés, alors des répercussions en chaîne sont à redouter, des finances de l’État jusqu’au porte-monnaie du consommateur.

    Au moment où notre ministre de l’économie et des finances se transforme en VRP du pacte de compétitivité devant des chefs d’entreprises, il est probable qu’un nouveau tour de vis fiscal, voire une baisse sensible des dépenses de l’État, soit nécessaire afin de rassurer les marchés et les emprunteurs.

    Vous l’aurez compris, nous ne sommes pas prêts de voir le bout du tunnel. La crise semble totale et s’accompagne d’une exigence de destruction de tout ce qui entrave la concentration des richesses par les grands possédants. Ils appellent cela « déréglementation », « privatisation » ou « libéralisation ».

    L’idée selon laquelle il pourrait y avoir sortie de crise sans sortie du système qui l’engendre est une hérésie. Autant vouloir soigner une grippe sans tuer son virus. Cette chimère ne vise, une nouvelle fois, qu’à berner le peuple en lui faisant croire que l’avenir sera meilleur s’il accepte de nouvelles mesures antisociales. Souvenons-nous toutefois que l’histoire a montré que les révolutions ne sont pas prévues dans les calendriers électoraux de la bourgeoisie.

    C. Martin (Voxnr, 1er décembre 2012)

     

     

     

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  • La Russie, incarnation du rêve gaulliste au 21ème siècle ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Alexandre Latsa, cueilli sur le site de l'agence de presse russe Ria Novosti et consacrée à la politique souverainiste de la Russie de Vladimir Poutine...

     

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    La Russie : incarnation du rêve gaulliste au 21ème siècle ?

    Un ami m’a récemment confié sa déception face au renvoi de Nicole Bricq par le nouveau président François Hollande. Celui-ci, m’a-t-il dit, aurait à ses yeux cédé aux pressions du lobby économique et énergétique.

    Cet ami en tirait la conclusion que le monde politique français n’a finalement plus les moyens de résister, face à l’influence d’un lobby économique.

    Cette discussion a eu lieu il y a quelques semaines et récemment, un débat très intéressant a eu lieu dans l’émission ce soir ou jamais de Frédéric Taddei m’a rappelé cette discussion que j’avais eue dans un petit café près de la place Troubnaia.

    L’une des invitées de l’émission en question était Marie France Garaud, gaulliste historique. Elle a expliqué à sa manière la brève histoire politique française de l’après guerre. Son explication avait sans doute de quoi étonner les jeunes générations. D’après elle les notions modernes de droite et gauche actuelles n’existent que depuis peu de temps. Avant, il y avait d’une part le parti du président (l’union de tous les français qui faisaient confiance au général De Gaulle), et d’autre part un certain nombre de nostalgiques des petits partis de la 4° république.

    Plus tard, la scène politique s’est scindée entre partisans et adversaires de l’économie marxiste sous Pompidou notamment puis encore sous Giscard. Le patriotisme gaulliste s’est lentement estompé, au fur et à mesure de la construction de l’Union Européenne. C’est en 1981 avec l’élection de François Mitterrand que l’idée d’un rassemblement des gauches marxistes et post marxistes est apparue, le parti communiste ayant entre temps renié l’héritage soviétique lors du congrès de 1972 et fortement baissé électoralement. L’émergence d’un bloc de gauche va en conséquence directe entraîner l’ancrage d’un bloc de droite, rassemblé autour du rassemblement pour la République, le RPR, qui deviendra en 2002 l’union pour la majorité présidentielle, ou UMP.

    Le bipartisme droite / gauche qui est apparu va dès le début se fonder sur une simplification quasi unique: la gauche serait ouvrière et populaire tandis que la droite serait bourgeoise et conservatrice. Pourtant dès 1999, l’évidente trahison de l’héritage Gaulliste via le bradage de la souveraineté française notamment par l’intégration dans l’Europe, va entraîner des premiers couacs. Une nouvelle ligne de fracture est apparue, et elle fractionne la droite aussi bien que la gauche. Dans chacun des deux blocs, il existe un courant européiste majoritaire, et un courant souverainiste minoritaire qui cohabitent chaotiquement.

    Les souverainistes, de droite comme de gauche, s’expriment en gros de la même manière: Un bipartisme institutionnel de convenance, permettant une alternance totalement factice (les leaders des principaux partis de droite et de gauche étant d’accord sur presque tout) s’est mis en place pendant que les transferts de souveraineté de l’état français, se sont accentués en direction des instances communautaires, que ce soit sur un plan politique, économique, financier ou encore de contrôle des frontières. Tout cela a contribué à ce que la France d’aujourd’hui ne puisse finalement plus être considérée comme une nation, tant elle est désormais totalement dépourvue de souveraineté, et ce alors que la souveraineté est l’attribut le plus essentiel de l’état. Peut-on imaginer une nation souveraine sans état souverain?

    La France de De Gaulle avait pourtant parfaitement traduit la parfaite et réalisable alchimie entre le maintien de la souveraineté nationale et la constitution d’une Europe forte: l’Europe des nations et des états. Le Général souhaitait une Europe des patries centrée sur le couple franco-allemand et tournée vers la Russie et non pas vers le binôme Anglo-saxon, Amérique / Angleterre. L’idée de De Gaulle était simple : l’Europe devait se baser sur la coopération et sans organe supranational et reposer sur la totale souveraineté des états, en clair l’opposé absolu du processus fédéral d’intégration en cours via l’Union Européenne.

    La plupart des droits souverains des états sont en voie de totale disparition en Europe. Lesquels? Tant celui de contrôler ses frontières, de battre monnaie, de rendre justice ou de décider de faire ou non la guerre. Malheureusement pour les peuples européens, leurs élites politiques se sont volontairement engagées dans un système politique où elles n’ont même plus la maîtrise de leurs budgets. On pourrait longuement discuter du pourquoi et comment en est-on arrivé la. De Gaulle avait pourtant résumé la situation, alors qu’à la fin de sa carrière ce bipartisme impuissant se profilait déjà. Il avait dit: "le drame de la France c’est que la gauche n’est plus populaire, et que la droite n’est plus nationale".

    Alors que l’intégration européenne s’est faite en dissolvant la souveraineté des états, la Russie depuis le début de ce siècle semble pour l’instant suivre une autre voix. On a beaucoup parlé dans les médias étrangers de la "méthode forte à la Russe", du non respect des droits de l’homme et aussi de la violence avec laquelle l’état a fait la guerre en Tchétchénie. Mais on a peu parlé du fait que cette guerre était avant un conflit interne et régional de restauration de la souveraineté fédérale pour écraser le risque séparatiste. Un risque séparatiste qui guette nombre d’états européens aujourd’hui. On parle également trop peu de la politique économique russe avec son refus obsessionnel de l’endettement extérieur, pourtant nul ne doute que les générations futures en Russie sauront remercier leurs élus politiques d’aujourd’hui, au moins à ce sujet.

    Quand aux hommes d’affaires emprisonnés pour des détournements (certains des fameux oligarques), ils illustrent un message assez clair: en Russie aujourd’hui, malgré tous les travers que cela peut engendrer, c’est le politique qui prime sur l’économie et non l’inverse. A ce titre, la leçon de Pikalevo de 2009 pourrait faire office de Jurisprudence. Les gigantesques plans de restructuration de l’armée ou le fait que les deux plus grosses compagnies énergétiques de la planète soient nationalisées traduisent du reste bien le fait que l’état russe souhaite rester entièrement souverain face aux capitalistes russes mais aussi face aux compagnies multinationales. Quand au "multipartisme à la russe", qui se traduit par la gouvernance d’une seule structure politique, trans-courants, mais que l’on pourrait appeler le parti de la majorité, on pourrait le comparer au parti Gaulliste en France, au moment de la fondation de la 5° république.

    Une comparaison qui n’est pas nouvelle, car le visionnaire Emmanuel Todd envisageait dès 2002 cette perspective d’un gaullisme à la russe dans son ouvrage Après l'empire: "A l’heure du débat sur la globalisation et l’interdépendance universelle, la Russie pourrait émerger, selon un scénario intégrant toutes les hypothèses les plus favorables, comme une démocratie immense, équilibrant ses comptes extérieurs et pourvue d’une autonomie énergétique, bref, dans un monde dominé par les États-Unis, l’incarnation d’un rêve gaulliste".

    Alexandre Latsa (Ria Novosti, 21 novembre 2012)


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  • Cohen et Péan plongent dans le ventre de la bête....

    "[...] le livre «Le Pen, une histoire française» est avant tout une tentative de célébration politique et de blanchiment idéologique du leader d'extrême droite." Maurice Szafran (Marianne, 24 au 30 novembre 2012)


    Les éditions Robert Laffont viennent de publier Le Pen, une histoire française, une enquête signée par Pierre Péan et Philippe Cohen. Les deux auteurs, qui ont cherché à traiter leur sujet avec objectivité, ont, bien évidemment, provoqué la colère des bien-pensants...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue sur ce livre de Jean-Claude Lauret, cueilli sur le site de Boulevard Voltaire.

     

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    Cohen et Péan plongent dans le ventre de la bête

    « Le diable de la République », tel est le titre d’un documentaire consacré à Jean-Marie Le Pen et diffusé en 2011 sur France 2. Les rayonnages des bibliothèques ploient sous le poids des ouvrages consacrés au président d’honneur du Front national. Certains sont de véritables hagiographies dues à des admirateurs zélés et militants et sont de ce fait des armes destinées au combat idéologique. A côté de ces textes engagés, on dénombre une multitude de livres dont les auteurs, encore plus militants, s’évertuent de dénoncer tous les méfaits et nuisances d’un « monstre » accusé de tous les péchés du monde. Pour tous ses détracteurs, Le Pen était tour à tour pétainiste, antisémite, tortionnaire… A les entendre, il fallait sans cesse dénoncer cet être malfaisant, véritable menace contre la démocratie. L’affaire était jugée. La sentence rendue. Le Pen était condamné et expédié en enfer. N’est-ce pas la place du Diable et de ses lieutenants ?

    Philippe Cohen et Pierre Péan, peut-être agacés d’un tel déferlement de clichés et de caricatures, ont décidé de se pencher sérieusement sur ce satané bonhomme, objet de tant de haines. Il faut toujours se méfier lorsqu’on est confronté à la loi du lynch. L’un et l’autre sont le contraire d’apprentis journalistes. Ils ont derrière eux un long passé qui peut se caractériser par un regard iconoclaste et souvent bien acide sur notre société contemporaine. Par delà la diversité des thèmes, leurs textes se caractérisent par un constant souci de traquer au plus près la vérité. Nos deux compères en investigation se doutent naturellement de la levée de boucliers que leur ouvrage va susciter. Ils affrontent le diable. Ils l’interrogent. Ils expriment leurs doutes et ne manquent pas, devant cet inculpé accusé de toutes les turpitudes, de noter que Le Pen se dérobe, glisse dans le silence ou se livre à quelques pirouettes où il fait preuve d’une belle agilité. Lorsqu’une question le gêne, notent les auteurs, il nie, dément ou déclare ne plus se souvenir. La mémoire peut toujours connaître des éclipses, même à géométrie variable.

    Le Pen prend très vite la Corpo de la Fac de droit et en devient le président. Il est beau, a de la gueule, de la gouaille. Il aime la rhétorique et ne dédaigne pas bousculer ses adversaires, au besoin à coups de poing. Au Quartier latin, les empoignades sont tour à tour verbales et physiques. Le Pen n’est pas un trublion, c’est un ruffian, un corsaire et un réfractaire à toute autorité. Un chef de bande ou, mieux encore, un mâle dominant. Il règne sur sa bande.

    Narrant l’histoire de cet énergumène, Cohen et Péan ont le mérite de plonger leur lecteur dans l’ambiance d’une époque révolue. Au Quartier latin, en ces années de l’après-guerre, se déroule autour de la Fac de droit tout un folklore se voulant rabelaisien. On boit, on entonne des chansons paillardes, on se livre à de provocantes bacchanales, on bouffe du curé, on trousse allègrement les jupes des jeunes bourgeoises. Toutes ces frasques ne doivent pas occulter l’histoire. Le Parti communiste, fort de récolter lors des élections autour de 25 % des suffrages, se targuant d’être le parti des 75 000 fusillés, impose sa rugueuse et austère vision du monde. Deux univers se heurtent. Viscéralement anticommuniste, Le Pen attire autour de lui les réprouvés, sinon les damnés de la terre. Voici donc les parias au passé sulfureux : ils viennent de la LVF, de la Waffen SS, sont des collabos, d’anciens pétainistes, des barbares nostalgiques de Thulé et des Vikings. Ils sont bientôt rejoints par de fervents patriotes nostalgiques de la grandeur de l’Empire en train de se fracturer. Puis, au fil des ans, viendront les rescapés de l’Indo, des soldats perdus de l’Algérie, des insurgés du putsch, des membres de l’OAS, des pieds-noirs condamnés à devoir choisir entre la valise et le cercueil, des catholiques intégristes et des orphelins du Roi de France. Un inventaire à la Prévert.

    En suivant la longue histoire de cet histrion de la politique, Cohen et Péan racontent une histoire française qui fut souvent occultée pour des raisons partisanes et idéologiques. Suivant ce parcours chaotique, ils abordent des sujets extrêmement brûlants. Ils livrent sans complaisance leur analyse en explorant des dossiers aussi chauds que la torture, l’antisémitisme, les rapports de Le Pen avec sa fille Marine et sa petite-fille Marion…

    Cette biographie serrée, en dépit d’une certaine empathie pour ce diable d’homme, montre le côté obscur du personnage, véritable figure de notre histoire contemporaine. L’homme est violent, impulsif, parfois vulgaire, emporté par un ego démesuré. Il peut être injuste, vindicatif, et se laisser aller à des provocations inutiles. Lui qui a assisté, en y participant pleinement, à toutes les guerres de toutes les droites, peut se laisser embarquer en un méchant conflit familial quand un père prend trop d’ombrage du succès de sa fille et joue, par la bande, avec les conflits de génération. Ce faisant, les auteurs ne déboulonnent pas la statue d’un héros pour les uns, d’un monstre pour bien d’autres. Cette longue narration va sans aucun doute scandaliser des furieux qui ont la prétention d’être les champions du combat de la lumière contre les puissances du mal.

    On plonge sans hésiter dans cette histoire d’une passion française. Voici le portrait d’un homme, rien que d’un homme. Une figure incontournable peut-être à l’image d’un monde qui a disparu.

    Jean-Claude Lauret (Boulevard Voltaire, 26 novembre 2012)

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