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Points de vue - Page 335

  • Le goût et la vitesse...

    Nous reproduisons ci-dessous un excellent point de vue de Romaric Sangars, cueilli sur Causeur et consacré à la question du goût. Romaric Sangars anime avec Olivier Maulin le Cercle cosaque qui se réunit une fois par mois à Paris.

     

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    Le goût et la vitesse

    Le mois dernier se déroula, paraît-il, la « semaine du goût ». Au delà du fait que ce genre d’éphémérides modernes a quelque chose de ridicule et que celle-ci me semble ignominieusement discriminatoire à l’encontre des quatre sens restants, cet événement exprime néanmoins un fait pertinent : c’est que notre époque finit par réaliser qu’elle a tout affadi. Et pas seulement la saveur des pêches, laquelle n’est qu’un symptôme parmi d’autres, mais des sentiments les plus élevés jusqu’aux sensations les plus simples. Ainsi l’homme contemporain fait-il souvent songer à un patient en post-coma amnésique auquel il faut rapprendre chaque évidence.

    Même si la saveur d’une pêche n’est qu’un détail d’un problème infiniment plus ample, les choses concrètes, aussi triviales soient-elles, sont toujours le signe de réalités profondes. Si nous avons perdu le sens du goût véritable, c’est que nos palais ont d’abord été gavés de merde. Et s’ils ont été gavés de merde, c’est tant pour des raisons de gauche – égalitarisme -, que de droite – capitalisme -, c’est parce qu’on a voulu que tout le monde puisse toujours, à moindre frais et sans effort et au bénéfice de grandes entreprises : bouffer des pêches. Résultat : les pêches n’ont plus de goût.

    Ce sur quoi je veux insister, c’est que l’absolue disponibilité de tout pour tous est un fantasme mortifère, parce qu’on abroge les choses au passage. Derrière chaque organe physique, il y a un organe intérieur, et ce qui donne du goût aux choses, c’est leur sens. Or le sens est une question de trajectoire. Un verbe entre le sujet et l’objet qui permet de former une phrase. La dictature de l’immédiat (induite par la consommation de masse) éliminant tout élan, tout effort et tout lien entre le sujet et l’objet, abolit la substance même de l’objet. Or substance, sens, saveur : c’est tout un. Le sujet nourri de telle sorte finit quant à lui – ne serait-ce que mentalement -, impotent, obèse et vide.

    Ce qui fait sens, c’est l’histoire qu’écrit une rencontre entre le sujet et l’objet. Ce peut-être, par exemple, la rencontre amoureuse, et le succès des « sites de rencontres » préfigure simplement un autre affadissement radical  Ce peut-être, encore une fois, le goût de la pêche. Le sens de ce dernier relève de son territoire d’origine, la personne l’ayant vue mûrir, toute l’atmosphère saisonnière à laquelle elle appartient, le respect du cycle, l’envie véritable et non le caprice indécis du consommateur inondé par un raz-de-marée de propositions.

    « I want it all and I want it now ! », ce refrain débile de Queen est le « Sieg heil ! » sucré de cette dictature de l’immédiat. On notera surtout que l’auteur d’une telle phrase ne sait ni ce qu’il veut précisément (de « tout » à « rien », il n’y a souvent pas grand chose), ni se donner les moyens de l’atteindre et souffrir la patience nécessaire pour cela.

    Remarquez que cette dictature de l’immédiat, cette passion inférieure pour la facilité, est également partagée par nos frères djihadistes, lesquels manifestent souvent le pur revers du monde occidental plutôt qu’un parti fondamentalement opposé. Leur « spiritualité » n’implique pas la belle science des derviches tourneurs ou dix ans de jeûne au désert, non, aller au Paradis est devenu pour eux aussi simple que de prendre un vol intérieur aux States.

    Ce n’est pas pour autant que je donnerai ici dans un quelconque « éloge de la lenteur ». Le goût de la vitesse me paraît infiniment respectable. Le problème ne réside pas dans la rapidité à laquelle s’effectue le parcours, le problème c’est l’abrogation de toute trajectoire.

    En attendant, je demeure partisan du coup de foudre comme de la guerre-éclair.

    Romaric Sangars (Causeur, 17 novembre 2012)

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  • En finir avec l'islamocentrisme ?...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un entretien avec Laurent Ozon qui dénonce la focalisation du débat sur la question de l'islam et l'oubli de la question essentielle et première de l'immigration. Une contribution intéressante à un débat important...

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  • Petit éloge du long terme...

    Nous vous proposons ci-dessous un point de vue intéressant de Jacques Georges, cueilli sur Polémia et consacré à l'absence de stratégie à long terme de l'Europe. On attend avec impatience le bon médecin qui nous imposera la trithérapie que l'auteur propose !...

     

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    Petit éloge du long terme

    La Chine, le sens du temps long

    Prenons la Chine. Voilà un pays qui depuis 30 ans n’arrête pas de commencer par le commencement : construire pierre à pierre les conditions du développement (maîtrise démographique, priorité aux infrastructures de base et à l’éducation scolaire, technique et civique des citoyens, conception et mise en place d’un système bancaire et financier tourné vers le soutien à la production et l’entreprise, protectionnisme intelligent, maîtrise des parités de change, ordre dans la rue et dans les têtes), pour produire modestement et à bas coûts des articles essentiellement exportés, puis monter progressivement en gamme et en technologie, pour se retrouver, un beau matin, premier producteur industriel et deuxième PIB de la planète. Le tout en ne distribuant en bienfaits salariaux et sociaux, voire en investissements « de confort » de type logement, que ce qui est possible, voire seulement nécessaire. Avec toujours en ligne de mire l’épargne, la compétitivité, le long terme, la réserve sous le pied, et, plus que tout, la préservation de son identité, de sa force, de sa fierté nationale. Une vraie Prusse orientale. Pardon pour ce jeu de mots, qui d’ailleurs va très loin.

    L’Europe ? L’idiot du village global

    Prenons maintenant l’Occident en général, l’Europe en particulier. Un socialiste intelligent a dit qu’elle était l’idiot du village global, ce qui résume bien les choses. Son plus beau fleuron, la Grèce, ne fait que magnifier les exemples espagnol, portugais, italien, français, et, il faut bien le dire, en grande partie aussi bruxellois : optimisme marchand, mondialisation heureuse, ouverture à tout va, liberté de circulation des marchandises, des services et des hommes, substitution de population et libanisation joyeuses, rationalisation marchande extrême de la fonction agricole, abandon implicite de l’industrie au profit d’un tas appelé « services », joie du baccalauréat pour tous, protection du consommateur, développement de la publicité et du crédit à la consommation, distributions massives de pains et de jeux, relances keynésiennes perpétuelles, endettement privé et public poussé à l’absurde, promesses électorales qui n’engagent que ceux qui les prennent au sérieux, yeux perpétuellement rivés sur les sondages. Le résultat, totalement prévisible, est là, sous nos yeux. Au bout du compte, la chère France, pour prendre son glorieux exemple, en est, à fin octobre 2012, à se poser avec angoisse la question existentielle de savoir si le taux de croissance du PIB en 2012 sera de 0,8 ou de 0,3, ce qui change tout.

    La misère intellectuelle et morale de l’Europe

    On nous dira : et l’Allemagne, la Finlande, l’Autriche, et quelques autres ? Certes, ils sont un peu chinois de comportement ! Leur comportement garde un zeste de sérieux, de sens du long terme et de séquence logique des priorités qui font chaud au cœur à quelques-uns, dont, on l’a deviné, le rédacteur de ce petit billet. Que dit Angela ? Que rien ne sert de consommer, il faut produire à point ; que quelqu’un doit bien finir par payer les dettes ; que la malfaisance du capitalisme, ou du marché, ou des banques, ou de tous les boucs émissaires du monde, n’explique pas tout ; que le vernis sur les ongles vient après une bonne douche, et autres commandements dictatoriaux du même acabit. Intolérable, clament en chœur les cigales indignées : les Allemands doivent coopérer en lâchant les vannes, en consommant davantage, en faisant un minimum d’inflation, bref, en s’alignant enfin sur les cancres majoritaires ! A défaut, l’Allemagne paiera, ce qui n’est que justice ! Sur ce point, extrêmes droites européennes, qui depuis peu méritent effectivement ce nom, et extrêmes gauches, toujours égales à elles-mêmes, sont d’accord. La misère intellectuelle et morale de l’Europe, en ce début de siècle, est immense.

    Soyons un instant sérieux, car le sujet l’est extrêmement. Le sens du long terme a quelque chose à voir avec l’état, disons la santé, des peuples. C’est une affaire ancienne, délicate, complexe. Sparte contre Athènes, la Prusse contre l’Autriche, la cigale contre la fourmi, le modèle rhénan versus le modèle anglo-saxon, la primauté de l’économique sur le social, c’était déjà un peu ça. La gauche s’identifie assez naturellement avec ce qu’il y a de pire à cet égard, quoique avec des nuances, voire des exceptions (on cite à tort ou à raison Mendès-France, Delors ou Schröder comme contre-exemples). La droite, par nature portée aux horizons longs, mais ayant besoin d’être élue, et n’étant souvent pas de droite, a rivalisé souvent avec succès en démagogie avec les meilleurs démagogues de l’équipe adverse. Le ludion Sarkozy, sympathique et actif par ailleurs, comme son excellent et populaire prédécesseur, illustrent bien cette dérive. Sans parler des collègues grec ou italien.

    Pour une trithérapie des nations européennes

    Comment commencer à s’en sortir ? A notre avis, par une trithérapie mêlant : 1/ acheminement ordonné vers un protectionnisme continental identitaire intelligent de type Paris-Berlin-Moscou-Vladivostok, 2/ inversion vigoureuse mais juste et astucieuse des flux migratoires, et, last but not least, 3/ réforme intellectuelle et morale : réhabilitation de l’identité des Européens, du sens collectif, du long terme et de l’effort, réexamen profond et/ou remisage de l’idéologie des droidloms aux orties, réexamen honnête de l’histoire du XXe siècle défigurée dans les années 1960 sur les fondements datés de Nuremberg et Bandoeng. Joli programme ! Avec un peu de chance, en 100 ou 200 ans à peine, c’est plié !

    Jacques Georges (Polémia, 13 novembre 2012)

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  • Israël et les patriotes français...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Claude Bourrinet, cueilli sur Voxnr et consacré à l'attaque de la bande de Gaza par l'armée israëlienne...

     

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    Israël et les patriotes français

    Encore une fois, « l'Etat hébreux », comme disent avec gourmandise les journalistes, agressent, à l'heure où ces lignes sont écrites, le petit territoire de Gaza, d'une largeur de six à douze kilomètres, d'une superficie de 360 km2, où s'entassent, comme dans un camp de concentration, 1,6 millions de réfugiés.


    Cette offensive musclée rappelle celle perpétrée fin 2008 – début 2009, nommée par les Israéliens « Opération Plomb fondu », qui fit, d'après un bilan dressé le 19 janvier, 1 315 morts parmi les Palestiniens, dont plus de 410 enfants et 100 femmes, et 5 285 blessés, tandis que, du côté des assaillants, on comptait 3 civils et 10 soldats tués, ainsi que 113 soldats et 84 civils blessés. C'est dire la disproportion manifeste entre les forces en présence.


    Israël invoque toujours la « légitime  défense" pour justifier ses actions meurtrières, que ce soit pour des « assassinats ciblés », des destructions méthodiques, des opérations de plus vaste envergure, argument repris en boucle par les médias occidentaux, qui mettent en avant, de façon quasi mécanique, comme s'ils obéissaient à une consigne, le refrain des « milliers de roquettes » tirées de la bande de Gaza. Ces mêmes « commentateurs" ne rappellent jamais que ces tirs sont la plupart des fois inopérants, qu'ils n'occasionnent presque jamais de mort ni même de dégâts matériels conséquents, tandis que les missiles lancés par avions, hélicoptères, ou du sol, ruinent complètement les infrastructures palestiniennes, et tuent de nombreuses personnes, combattants ou civils. De même, ces spécialistes de la « communication » ont l'art de tourner une situation pourtant claire (un gros écrase sans pitié un petit) en faveur des agresseurs, en reprenant la vision israélienne, et en donnant largement la parole à ses représentants. Or, ce qu'on avance comme étant des actes « terroristes » ne sont pas des « provocations » auxquelles il serait justifié de répondre, mais des actions de résistance à une situation d'oppression et de colonisation dont l'exemple devrait passer pour passablement suranné de nos jours, puisque manifestement, un peuple a résolu de s'emparer par la force des terres d'un autre peuple. L'emploi d'un lexique connoté est une clé majeure de la manipulation des esprits, comme le terme « terroriste » l'indique suffisamment. J'écoutais tout à l'heure un présentateur de France inter évoquer la lutte d'Israël contre les « groupes armés », ce qui, finalement, revient à placer l'entreprise belliqueuse de l'Etat sioniste sur le même plan (intérieur) que la traque, par des services de polices, de noyaux particulièrement dangereux d'activistes politiques, sans compter le mépris affiché pour la violence qui n'est pas étatique, laquelle, étrangement, paraît beaucoup plus « propre » et admise. Ce qui donne une idée de l'engagement idéologique de ceux qui sont censés nous informer, et de l'intégrité éthique de ces personnages.


    Ce déni de justice, pourtant ne suscite pas la révolte de gouvernements, qui, pourtant, n'ont pas de mots assez outranciers pour condamner un Etat légitime comme celui de la Syrie, accusé de tous les crimes contre l'humanité. Or, Israël n'a rien à envier aux régimes les plus durs, lui qui, non seulement se réclame d'une appartenance confessionnelle, voire ethnique, ce qui est pour le moins singulier en regard des normes contemporaines des convenances internationales , mais présente à sa tête un gouvernement qui, sur le spectre politique, serait situé franchement à l'extrême droite, ce qui ne semble pas déranger outre mesure nos « champions de la liberté ». Les derniers sondages organisés sans la population israélienne, et certains pogroms xénophobes, n'indiquent-ils pas des tendances racistes ?


    Au contraire : on voit les ministres de cet Etat scélérat parader avec tout ce que l'Europe et l'Amérique comptent d'officiels, on prend acte que ses structures participent aux instances d'une Europe qui, nonobstant, ne cesse de faire la leçon au monde entier, et on apprend même que Tsahal s'entraîne sur le sol de notre continent, notamment en Roumanie. Ce n'est d'ailleurs guère un secret qu'Israël jouit de nombreux soutiens au sein des sphères dirigeants des nations européennes, et au cœur même de l'Union. On s'explique mieux que des facilités commerciales, des relations culturelles, des cadeaux diplomatiques, militaires et politiques lui soient offerts de plus en plus ouvertement, sans soulever de protestations. Aucun autre pays, si l'on prenait n'importe quelle mesure politique disqualifiante, ne se conduirait ainsi sans essuyer l’opprobre universelle. La pauvre Serbie a fait bien moins, et a cependant payé le prix fort de la terreur atlantiste. Et pourtant Israël agit comme il veut, quand il veut, où il veut. Les exemples ne manquent pas de connivence, ni de complicités au plus haut niveau, et de façon militante, comme l'a montré, sous Sarkozy, la véritable épuration dont a fait l'objet le personnel des Affaires étrangères, et, sous Hollande, les louanges hyperboliques qui couvrent cette « grande démocratie que le monde entier envie », et qui suscite tant de « jalousie ».

    Quelle attitude à avoir face à une situation qui dure depuis plus de soixante ans et pourrit les relations internationales, au point qu'une troisième guerre mondiale est ouvertement envisagée, avec l'usage de l'arme nucléaire, qu'Israël possède sans que des remous se fussent manifestés dans la conscience des puissants du Nouvel Ordre mondial ?

    D'aucuns, parmi les nationaux, avancent que le conflit proche-oriental ne concerne pas la France. Ce n'est certes pas l'avis de ceux qui la gouvernent, puisqu'ils se donnent corps et âme à l'un des belligérants. Du reste, le reproche fait aux pro-palestiniens d'importer les querelles des bords du Jourdain sur les rives de la Seine relève de la plus pure hypocrisie, car le crif, la LDJ, le Bétar et les « amis d'Israël » ne manquent jamais une occasion d'intervenir en faveur de leur champion. D'autres soutiennent carrément l'entité sioniste, en raison du danger islamiste qui minerait la France et ses banlieues.

    Or, ces arguments sont incohérents et inefficients de notre point de vue. Non qu'il faille absolument s'attacher, en matière de politique et de guerre, à la morale. Comme nous le montrent les dirigeants occidentaux, la morale ne vaut que comme rhétorique. Pour le reste, c'est-à-dire l'action, on se comporte comme n'importe quel barbouze. Admettons qu'Israël ait le droit d'user de tous les moyens. Encore s'agit-il tout de même de préciser que, même jadis, où l'on était moins regardant, l'utilisation de la force sans entrave n'était, à la longue, pas très bien considérée. Comme le faisait remarquer Machiavel : « Il y a deux manières de combattre, l'une avec les lois, l'autre avec la force. La première est propre aux hommes, l'autre nous est commune avec les bêtes. » Or, il semble évident qu'Israël se fout de la loi internationale, et a fait de la force brute sa philosophie dans ses relations avec ses voisins (hormis quand il les achète).

    D'un point de vue « égoïste », c'est-à-dire qui concerne les Français, et, plus largement, les Européens, nous avons tout à perdre dans une politique internationale qui appuierait le sionisme. Le problème palestinien n'est pas seulement un problème "arabe", mais il est - surtout- un problème "national", identitaire, et singulièrement celui d'un peuple qui, qu'on le veuille ou non, tente de résister à l'empire (dont Israël est le fer de lance dans la région). A ce titre, nous, Français patriotes, "identitaires" etc., nous nous devons d'être solidaires avec lui, car nous avons les mêmes ennemis qui tentent de nous déraciner.

    Claude Bourrinet (Voxnr, 15 novembre 2012)

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  • La crise cachée...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous une intervention de l'écrivain Renaud Camus pendant l'émission du 13 novembre de Ce soir ou jamais, au cours de laquelle il dénonce le silence des médias et des intellectuels sur le phénomène qu'il appelle "le grand remplacement", c'est-à-dire le changement de civilisation que connaît l'Europe au travers du changement de sa population par l'immigration.

    Renaud Camus est l'auteur, notamment, de plusieurs essais importants comme Le grand remplacement (David Reinharc, 2011), Décivilisation (Fayard, 2011) ou Le communisme du XXIème siècle (Xenia, 2007).

     

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  • La « post-démocratie » ethnique en marche ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un excellent point de vue de Michel Geoffroy, cueilli sur Polémia et consacré aux logiques politiques de la post-démocratie...

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    Barack Hollande et François Obama : la « post-démocratie » ethnique en marche

    La réélection de Barack Obama et l’élection de François Hollande présentent d’inquiétantes similitudes malgré la dissemblance des systèmes et des traditions politiques respectives.

    Où sont les électeurs ?

    Tant la victoire de Barack Obama que celle de François Hollande s’inscrivent d’abord dans une participation électorale faible : estimée pour le moment à 60% aux Etats-Unis. En France au second tour de l’élection présidentielle le taux d'abstention a atteint 19,66%, soit un taux de participation meilleur qu’aux Etats-Unis. Mais, si l’on y ajoute les votes blancs ou nuls qui représentent 5,80% des votants, on obtient un total de 25,46%, soit un quart de l’électorat qui n’a pas voulu choisir entre Sarkozy et Hollande. Au second tour des législatives françaises 47,6% de l’électorat s’est en outre abstenu ou a voté blanc ou nul : un record.

    L’élu minoritaire

    Ensuite, dans les deux cas l’élu est minoritaire auprès du groupe électoral central autochtone.

    Barack Obama n’a recueilli que 39% des voix des électeurs blancs non hispaniques. Par contre, 93% des Noirs et 71% des Hispaniques auraient voté pour lui (Le Monde du 9 novembre 2012).

    François Hollande n’a pas obtenu la majorité des voix des votants, mais seulement 48,6% ; par contre, il aurait obtenu 86% des voix des électeurs musulmans au second tour des présidentielles selon l’IFOP (Les Echos du 20 juillet 2012). Il a aussi obtenu une très large majorité des voix dans les DOM : les Antilles et La Réunion lui ont apporté 600.000 voix. Alors que son écart en voix avec N. Sarkozy était relativement faible, ces très bons scores dans ces populations ciblées ont fait la différence.

    L’élu des minorités : post-démocraties et niches ethniques

    Barack Obama avait l’avantage d’incarner dans sa personne même les « minorités » américaines et le rêve américain, des « minorités » qui dans certains Etats représentent cependant une proportion significative de l’électorat désormais. François Hollande est un Français de souche mais qui a touché les dividendes électoraux de la posture pro-immigrés de la gauche. Le fait que le nouveau secrétaire général du PS soit un Antillais, ancien fondateur de SOS Racisme, est d’ailleurs significatif. Le cheminement est différent mais le résultat politique, identique.

    En d’autres termes la victoire électorale dans les post-démocraties se gagne désormais sur les marges dans une stratégie de niches électorales qui se trouvent aussi être principalement des niches ethniques, immigration de peuplement oblige.

    On se souvient des drapeaux africains et maghrébins brandis Place de la Bastille au soir de l’élection de François Hollande. Les images de la jubilation des partisans de Barack Obama au soir des résultats renvoient un spectacle comparable outre-Atlantique, avec une surreprésentation des Afro-Américains.

    Mais les niches ne sont pas seulement ethniques. Elles peuvent être de toute nature : sexuelles, écologistes, économiques, religieuses, etc.

    La victoire de la stratégie des niches

    En post-démocratie la théorie du marché politique s’applique pleinement, en effet : il est plus rentable de capitaliser sur des groupes ciblés que l’on peut mobiliser que de tenter de séduire tout le monde par un programme forcément complexe, voire contradictoire.

    Aux Etats-Unis, le vote blanc s’est dispersé entre démocrates, républicains et abstentionnistes, alors que les minorités se sont concentrées sur le candidat démocrate. En France, les Français de souche se sont dispersés entre l’abstention et les différentes familles politiques, alors que les personnes d’origine allogène se sont concentrées sur le vote socialiste.

    La niche ethnique est particulièrement avantageuse en outre. En effet, les personnes d’origine immigrée, ou afro-américaine pour les cas des Etats-Unis, ont naturellement tendance à constituer des groupes homogènes, conscients de leur identité et de leur solidarité, quand elles sont nombreuses, ce qui est le cas aujourd’hui : soit parce qu’elles proviennent de cultures où les solidarités familiales sont fortes car elles n’ont pas encore été touchées par l’individualisme narcissique, à la différence des Européens de souche ; soit parce qu’elles ont été instrumentées par l’idéologie victimaire dominante. C’est justement l’effet, sinon la fonction, du discours « antiraciste » sur les droits civiques et les discriminations dont seraient victimes ces populations, que de les constituer en groupes de victimes homogènes et solidaires.

    La démocratie à la niche !

    Des deux côtés de l’Atlantique, cette stratégie de niche a permis à des candidats d’être élus malgré une absence de dynamique en leur faveur, car dans un régime de bipolarisation, de droit comme de fait, il n’y a pas de raz de marée électoral : les élections se gagnent, au contraire, à très peu de voix.

    Aux Etats-Unis le bilan de Barack Obama était décevant et l’hypothèse d’un score égal avec Mike Romney n’était d’ailleurs pas écartée. En France, comme le déclarait significativement François Rebsamen, « la gauche a remporté une victoire électorale grâce à son unité et au talent de François Hollande, mais elle est minoritaire idéologiquement. La droitisation de la société française est une réalité qui s'accélère » (Les Echos du 26 octobre 2012) : en d’autres termes, un président de gauche a été élu dans une France autochtone de droite.

    Grâce à la mobilisation des niches minoritaires Barack Obama et François Hollande ont quand même été élus.

    Vive la post-démocratie !

    L’immigration arbitre des élections

    Dans les deux cas, enfin, leurs adversaires ont été handicapés électoralement par la question de l’immigration et sans doute plus gravement en France qu’aux Etats-Unis.

    Les minorités ont choisi manifestement, en effet, le candidat qui tenait le discours le plus laxiste vis-à-vis de l’immigration, ce qui témoigne d’une préférence communautaire évidente mais que l’idéologie dominante, individualiste et « antiraciste », refuse de reconnaître comme telle.

    Le candidat républicain a tenu un discours de fermeté vis-à-vis de l’immigration pour obtenir l’investiture, discours qui l’a desservi ensuite dans certains Etats où les Hispaniques sont nombreux.

    L’image de Nicolas Sarkozy brandissant un kärcher dans les banlieues l’a desservie vis-à-vis des électeurs d’origine immigrée, même si elle n’était que pure communication politique vis-à-vis des Français de souche. En France, ce handicap a été d’autant plus prononcé qu’il se doublait de la fracture entre une droite dite « républicaine » et le Front national précisément sur la question de l’immigration. Cette fracture a renforcé en retour l’efficacité de la stratégie de niches conduite par la gauche.

    Le moteur de la post-démocratie, dans un monde occidental ouvert à l’immigration de peuplement, est de substituer, à la dynamique majoritaire « un homme une voix », une logique oligarchique d’affrontement de niches minoritaires. La droite en France n’a aucun avenir si elle ne s’adapte pas à cette nouvelle règle du jeu. A elle la responsabilité de mobiliser la niche des Français européens et blancs.

    Michel Geoffroy
    13/11/2012

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