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Points de vue - Page 328

  • Regard las sur la République Française...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Philippe Grasset, cueilli sur son site De Defensa et consacré au lent déclin de notre pays...

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    Regard las sur la République Française

    Ils pourraient parodier leur mot fameux du temps du sang contaminé et nous dire, comme on présente son coupe-file : “Irresponsables, pas coupables”. Cela sonnerait juste, parce que la France du temps présent, dans le chef de ses élites et de sa direction politique, n’en finit pas de s’effondrer avec une certaine lenteur épuisée, avec contrition proclamée, dénégations, impuissance, soupirs réformistes et discours chantonnant le rythme “sociétal”, les jambes trop courtes pour se retenir de toucher le fond, le souffle si court qu’elle se noierait avant de se noyer.

    On dit bien “la France”, et pas Cahuzac, Ayraud, Hollande & Tartempion, ou bien Libé, Le Grand Journal & Le Figaro, ou bien Copé, Sarko & Compagnie… Il n’y en a pas un pour accrocher le regard et faire naître le goût de la malédiction, pour susciter des réflexions hautes, pour vous plonger dans un abîme de méditation grave et insondable sur la décadence des grandes choses, sur la façon dont les civilisations abandonnent leur histoire, sur le sens de cette civilisation-là devenue contre-civilisation. Il n’y en a pas un qui soit à la hauteur de leur chute et de la Chute.

    On aurait pu écrire ces mots sans nécessité de l’incident du jour, sans l’entraînement du brouhaha absolument indigné de la panique pressante et présente, de toutes ces vertus outragées et soudain érigées en guillotines postmodernes, le verbe moralisant au bout du poing, mais il se trouve que le larron fait l’occasion. Le Cahuzac arrogant et portant beau, brillant et insupportable, et magouilleur en son temps comme il faut, et soudain plongé dans un abîme de désespoir effondré, devenu malheureux homme jusqu’à l’abandon de soi, et pour la vie duquel les rares amis qui lui restent expriment toutes les craintes possibles, c’est bien la triste occasion. Qu’on ne compte pas sur le chroniqueur qui sait ce que mission veut dire pour pilonner le coupable, car ce n’était qu’un irresponsable comme eux tous, qui est aujourd’hui un homme traqué par lui-même, et soumis à sa torture intime. L’indignation qui s’élève, à la hauteur d’une Bastille encore debout et sur les mannes d’une Révolution dont ils ne finissent pas de se parer de la vertu supposée, c’est celle de la panique générale qui s’empare d’eux ; ce que Cahuzac a fait, affichant le soi-disant “mensonge d’État” comme manière d’être, – ce qui supposerait que l’État existe encore, – c’est témoigner symboliquement que le roi devenu République est nu, en symbolisant pour eux tous ce qu’est devenu leur monde.

    Ils ne sont pas “tous pourris”, ce serait leur faire bien de l’honneur et bien mal les considérer, et faussement sans nul doute. Ils sont absolument de leur temps présent, de la même matière folle et médiocre, sans rien qui dépasse, bien en rang, “bien pliés” comme ils disent. Je me demande même s’ils sont aussi vils qu’ils le paraissent, et bien entendu je ne le crois pas une seule seconde. Ils sont aussi bien affreusement prisonniers que médiocres profiteurs, autant absolument angoissés de leur sort qu’avec l’illusion futile de l’impunité du pouvoir. Simplement, ils ont perdu leur colonne vertébrale et ils ont fourré le fameux éclair au chocolat de Teddy Roosevelt à la place.

    Ils n’osent dire tout haut ce qu’ils n’osent même pas savoir avant que le monde le leur fasse connaître. “Je ne savais pas que la crise allait durer si longtemps”, disait ce Président après tout plein de bonnes et vaines intentions, quelques jours avant la crise du jour. Son étonnement discrètement interloqué nous cloue sur notre chaise et suspend un instant notre plume : lui et moi, parlons-nous du même monde ? Il lui a fallu une élection et quelques mois d’exercice de ce pouvoir qu’ils nomment “suprême” pour saisir au vol cette évidence qui écrase notre temps ?

    Le jeune Emile Michel Cioran écrivait en 1941, et peut-être pour la dernière fois en roumain avant de passer au français, un texte court et fulgurant (*) qui est un paradoxe même pour le jugement courant, mais qui est si évident pour qui mêle l’intuition à l’intelligence ; un texte débordant d’amour et d’estime haute pour la France, et d’un accablement désolé et irrépressible de devoir éprouver un tel mépris désespéré pour la France, – en un seul souffle, en une seule émotion, ceci et cela… Le jeune Cioran mesure avec minutie et sans ciller bien que les larmes ne soient pas loin, ce qui fut et ce qui est. Auparavant dans son texte, avant la citation qui nous importe, il avait observé que l’un des deux Moments de la France, où la Gloire de la grande Nation fut la plus haute, se trouvait dans cette «époque de la construction des cathédrales», ce que Georges Duby nomma le “Temps des cathédrales” ; il y revient indirectement plus loin, au constat de la désolation de la France, et du monde avec elle. (…Puisque la France reste exemplaire dans la décadence et l’effondrement, même inspiratrice de cela pour les autres, et Cioran en lui lançant cette terrible accusation du déclin ultime scellait en même temps son amour nouveau et désormais irréfragable pour elle, – vous voyez bien qu’il ne faut jamais désespérer d’elle, même dans le paradoxe de la gloire et de la chute mêlées. Disant “pays avancé” dans l’extrait ci-dessous, Cioran disait “avancé dans la civilisation”, très développé et longtemps considéré comme la référence de cette civilisation, “avancé” jusqu’au-delà de la civilisation, jusqu’à représenter la décadence terrible de cette civilisation, quand toutes les amarres sont rompues...) :

    « Un pays avancé ne souffre d’aucune complicité avec un quelconque idéal. Il rassemble en lui tout ce qui pourrait constituer une négation du gothique, c’est-à-dire de l’élan, de la transcendance, de la hauteur. Son énergie ne tend pas vers le haut, elle penche. La France est Notre-Dame reflétée dans la Seine – une cathédrale refusant le ciel. »

    L’argument péremptoire et terrible de ce pamphlet d’amour désespéré de Cioran, c’était “la France abaissée, humiliée” de la défaite et de la capitulation. Sa réelle portée transcendante fait que c’est aussi, et même bien plus encore, la France de notre temps. Un autre poète embastillé avant d’être fusillé pour avoir été du parti de cette “France abaissée, humiliée” et s’en être trouvé satisfait jusqu’à l’outrecuidance et l’inhumanité, disait du fond de sa cellule de Fresnes, et montrant en cela qu’il restait d’une humaine nature, revenu de sa faiblesse coupable pour affronter le martyre : «Mon pays m’a fait mal.» C’est qu’il faut savoir souffrir pour lui, selon ce que l’on fut et selon ce que l’on fit. On ne parle pas ici de la justice des hommes, on parle de la tragédie de l’Histoire et de la transcendance du monde.

    La question qui nous dévore devant cette France du temps présent, cette France des restes de ce qu’elle fut, est bien celle-ci : tous, ceux-là qui manigancent, qui discourent, qui paniquent, qui moralisent, qui s’égaient, qui s’affolent, qui se tordent les mains d’une angoisse soudaine, soudain horrifiés et dérangés dans leurs discours quotidiens, tous ceux-là savent-ils encore souffrir avec et pour leur pays et savent-ils encore ce qu’est la souffrance du monde ? … Cioran écrit “une cathédrale refusant le ciel” ; pour épouser notre temps courant et parce que 2013 n’est pas 1941, l’on dirait plutôt mais bien plus lourdement, mais logiquement cette lourdeur certes, – Notre-Dame “embrassant le ciel faussaire reflété dans la Seine par l’illusion de l’inversion”. Sauront-ils, en même temps que découvrir la souffrance du monde, en même temps que leur propre souffrance, sauront-ils déchirer le voile qui les bâillonne, qui les aveugle, qui les subvertit et les invertit, et qui les emprisonne ? Questions sans réponse, tout cela, ce qui n’est même pas façon de répondre, ce qui est suspendre le temps et son vol, – et attendre le verdict…

    Que dire encore ? Le Sénat continue à travailler sur le mariage pour tous. La République fonctionne, que diable ; la dérision lui répond en écho : au travail la belle, et plus soft sera la chute vertigineuse… Pas si sûr d’ailleurs, car l’on annonce que le vote sera si serré qu’on n’est plus sûr du tout qu’il soit acquis ; et certains de dire, dans ces temps du soupçon, que cela répercute à la façon démocratique et postmoderne ce qui semblerait finalement bien être une crise ; parce qu’un échec même temporaire du vote sur le mariage pour tous, voyez-vous, ce serait pour tous ces gens un symbole terrible et le signe ultime dans le ciel vertueux de la République laïque. Pas si soft, finalement, la chute ? Ces temps-là sont sans pitié...

     

    Philippe Grasset (De Defensa, 5 avril 2013)

     

    Note

    (*) De la France, republié à L’Herne en 2009.

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  • Faut-il renoncer à la démocratie ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un excellent point de vue d'Alexandre Latsa, cueilli sur le site de La Voix de la Russie et consacré aux projets de l'oligarchie tels qu'ils sont présentés par le doucereux Jacques Attali, un de ses porte-parole...

     

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    Faut-il renoncer à la démocratie ?

    « Faut-il supprimer la démocratie » est une citation du « sage et démocrate » Jacques Attali. Celui-ci a en effet le 18 mars dernier signé un article absolument incroyable où il pose la question de l’opportunité de songer à appuyer, aider et compléter les structures et institutions démocratiques afin de pérenniser leur efficacité.

    Jacques Attali prend l’exemple de l’élection verticale et à vie du pape, puis de l'élection de la nouvelle présidence chinoise pour 10 ans, en remarquant que les deux fonctionnent selon le principe du parti unique, en portant au pouvoir quelqu'un du sérail sans consulter le peuple. Ensuite, il constate les échecs du système démocratique italien incapable de permettre l’émergence d’un gouvernement stable après les élections législatives du mois dernier. L’Italie serait d’après lui l’exemple type de l’échec du fonctionnement des systèmes démocratiques, le politique étant contraint de sacrifier l’avenir à long terme du pays (en aggravant la situation économique) pour assurer sa réélection.

    Serait-il tombé sous le charme des partis uniques parce que la démocratie montre ses limites?

    Pas du tout, il propose une troisième voie. Construire (en parallèle des institutions démocratiques) de nouvelles assemblées consultatives, composées de gens choisis, qui nommeraient des responsables à des niveaux plus élevés, ces derniers constitueraient une assemblée consultative nationale, en charge de conseiller les pouvoirs démocratiques. Ces assemblées seraient toujours selon lui destinées à équilibrer des pouvoirs politiques qui seraient mieux en mesure d’exécuter leur mission: la gestion de la « cité ».

    Il ajoute qu'il y a urgence à ce que des gens (des « sages » n’en doutons pas NDLR) prennent le relai des politiques élus car les risques seraient réels puisque « les multiples fondamentalismes sont présents et ils rodent autour du lit de la démocratie ». Il conclut: « Si on veut sauver l’essentiel de la démocratie, c’est à de telles audaces qu’il faut commencer à réfléchir ».

    Il faut peut-être lire entre les lignes et traduire: Nous (l’oligarchie) allons devoir un peu plus confisquer la démocratie et permettre à des gens mieux « choisis » de diriger nos pays.

    Utopie? Usine à gaz avec de nouvelles assemblées commissions et comités divers salariés par les états démocratiques ? Il faut prendre très au sérieux les « audaces » proposées par Jacques Attali, parce qu'il existe déjà des comités qui pensent et décident à la place des élus du monde occidental.

    Le 29 mars 2013, le président de Goldman Sachs a confirmé que le problème principal de l’UE était non pas Chypre (ou un pays comme la Grèce dans lequel le peuple est simplement en train de mourir NRDL) mais l’Italie d’aujourd’hui avec le facteur Grillo. Le troublant italien, sorte de Coluche politique, empêcherait en effet l’honnête establishment financier international d’achever sa prise de contrôle des états en faillite. Un processus qui comme on peut le voir ici est pourtant bien entamé et démontre, s’il le fallait, que c'est un comité d'anciens employés de la banque Goldman Sachs qui a pris les commandes des centres de décision du monde de la finance en Europe. Est-ce la meilleure des solutions pour l’Europe? Le pauvre Beppe Grillo avait même eu droit au début de ce mois à un billet corrosif à son égard sur le blog de notre « sage » dans lequel il était montré du doigt comme un danger pour l’avenir de l’Europe.

    Etonnante similarité de point de vue, non?

    Il y a pourtant, en dehors de la troisième voie proposée par Jacques Attali, une autre solution que la confiscation des élections par des « sages », au cœur de social démocraties dont les élites appartiennent à des corporations financières étrangères, et dont les politiciens sacrifient leurs peuples et leurs pays au nom de futiles réélections.

    Dans des pays comme par exemple la Chine de Jintao et Jinping, la Russie de Poutine, la Turquie d’Erdogan ou le Venezuela de Chavez, des élites « d’un autre genre » jouissent majoritairement du soutien de leurs peuples pour accomplir la mission qui est la leur: faire de leurs pays des états puissants et souverains, capables de résister tant aux déstabilisations financières que militaires tout en poursuivant et assurant leur développement économique.

    La solution en Europe n’est sans doute pas la confiscation d’une démocratie déjà en phase terminale, mais sans doute plutôt de procéder démocratiquement à un changement radical d’élites, afin de sortir d’un système d’exploitation qui ne fonctionne manifestement plus et de pouvoir enfin rendre aux peuples d’Europe ce qui leur a été confisqué : le pouvoir de décider de leur propre destin.
    Alexandre Latsa (La Voix de la Russie, 1er avril 2013)
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  • Sommes-nous devenus américains ?...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous la chronique d'Éric Zemmour sur RTL, datée du 5 avril 2013,  dans laquelle il nous livre son point de vue sur l'affaire Cahuzac...

     


    "La Chronique d'Eric Zemmour" : sommes-nous... par rtl-fr

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  • Américains et Européens : deux mondes séparés ?...

    Nous reproduisons ci-dessous l'éditorial de Dominique Venner, tiré du dernier numéro paru de La Nouvelle revue d'histoire (n°65, mars-avril 2013) et consacré à la différence de vision du monde entre les Européens et les Américains.

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    Américains et Européens : deux mondes séparés

    Longtemps, le regard des Européens sur les États-Unis a dépendu de la guerre froide (1947-1975), de l’occupation soviétique d’une moitié de l’Europe et des menaces très réelles planant sur l’autre moitié. Durant une bonne partie de cette période, les Etats-Unis ont été perçus comme le rempart de notre liberté face à une Armée rouge surpuissante. Ces années-là ont enfanté plusieurs mythes reposant sur une réalité biaisée, le mythe du « monde libre » face au communisme, celui encore d’un « Occident » qui n’était plus celui de Spengler, et qui se confondait avec la puissance américaine.

    Tout en étant fort conscient des menaces de guerre dans les années 1950, le général de Gaulle commença de donner quelques coups de canif dans l’américanophilie de la France non communiste. Mais c’est le soudain basculement du monde après 1990 et la volatilisation de l’URSS, puis l’affirmation de l’hégémonie américaine, qui ont changé notre regard sur les Etats-Unis. Ils apparurent alors pour ce qu’ils étaient, un impérialisme idéologique, politique, militaire et financier qui s’était construit sur le rejet fondamental de l’Europe. Une Europe déjà célébrée comme une entité spécifique par Voltaire en 1751 dans son introduction au Siècle de Louis XIV(1).

    La réélection récente du président Barack Obama est venue nous rappeler que les États-Unis, ce mystère, pèsent sur notre destin d’Européens, depuis que, par notre faute, nous sommes devenus dépendants  soumis et modelés. Cette puissance étrange est issue de nous comme un bâtard enrichi et renégat. Un immense paradoxe historique a voulu que les États-Unis aient été à la fois le prolongement de l’Europe et sa négation. Une partie (pas tous) des premiers immigrants du XVIIe siècle, victimes de persécutions religieuses, fuyaient l’Europe et s’en détournaient. Ce sont eux, à la fin du XIXe siècle, après la guerre de Sécession, qui ont fini par imposer aux autres leur “vision du monde”. À cette époque, de nouvelles vagues d’immigrants fuyaient également l’Europe : Juifs victimes des pogroms russes, catholiques irlandais, anarchistes allemands et miséreux de tout le continent qui répondaient aux promesses du nouveau monde.

    « Tout Américain est un orphelin », proclamait l’écrivain John Barth. Un orphelin volontaire aurait-il dû préciser, c’est-à-dire un parricide. La plupart des Américains se voient comme le produit d’une rupture avec le passé européen, libres de mener la quête du bonheur matériel qui est, selon la Déclaration de 1776, l’un des droits naturels de l’homme. Cette quête de bonheur au sens matérialiste du mot, par le confort et les dollars, a suscité les sarcasmes de nombreux Européens, comme Stendhal ou Kipling. Mais cette idée du bonheur faisait partie du bagage des Lumières, donc d’une part de la culture européenne. L’Amérique est également redevable à l’Angleterre de sa langue, bien sûr, mais aussi de l’importance sociale attribuée au contrat, aux libertés et à l’équilibre des pouvoirs, en un mot des fondements de son modèle politique et économique. On voit donc que la prétention américaine à refuser le legs de l’Europe est excessive. Pourtant, la rupture est indiscutable.

    Cette rupture s’est faite dès l’origine. Les fondateurs des colonies de la Nouvelle Angleterre étaient des puritains extrémistes fuyant l’Europe, Bible en main. La rupture a été favorisée par la longue traversée de l’Atlantique, assimilée par les puritains du Mayflower à celle de la mer Rouge par les Hébreux fuyant l’Egypte avant d’aborder la Terre promise. Dans leur identification au peuple de la Bible, les Pères Pèlerins et leurs successeurs étaient persuadés que l’Amérique était la nouvelle Terre promise, un espace vide et riche, offert par Dieu à ses enfants préférés. Ils revendiquaient à leur profit la prétention hébraïque d’être les « élus » choisis par Dieu.

    Les premiers arrivants s’émerveillèrent de ce monde vide qui s’offrait à eux telle une page blanche. Monde vide, la formule est un peu rapide. Elle fait peu de cas des Indiens qui occupaient, de façon éparse le territoire, et qui furent génocidés sans complexe. Les Français et les Espagnols, ces autres Européens qui prétendaient à l’héritage commun, furent également évincés à la suite de guerres acharnées. En 1853, le territoire des États-Unis était définitivement constitué. Hors l’Alaska et Hawaii, ses limites ne changeront plus. Vastes espaces, fécondité des sols dans les Grandes Plaines, richesse en matières premières. Un Eldorado !

    Cet espace immense, vierge et riche répondait aux attentes de ceux qui voulaient fonder un monde nouveau échappant aux perversions supposées de la vieille Europe. L’espace apparemment vierge de l’Amérique était le paradis de l’innocence que le péché n’avait pas contaminé. Il portait la marque simplificatrice du Dieu biblique. On était donc à l’opposé de l’esprit de conquête et d’aventure des colonisateurs grecs et romains de l’Antiquité ou même des colonisateurs européens de l’époque moderne qui assumaient leur héritage. Cette différence décisive, avec toutes ses conséquences anthropologiques, pèse aujourd’hui sur nous.

    Dominique Venner (La Nouvelle revue d'histoire n°65, mars-avril 2013)


    Note :

    1 J’ai cité les propos de Voltaire à la première page de mon livre Le Siècle de 1914 (Pygmalion, 2006).

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  • L'extrémisme, c'est eux !...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Claude Bourrinet, cueilli sur Voxnr et consacré à la colère politique et sociale qui monte dans notre pays à l'encontre des représentants du système...

     

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    L'extrémisme, c'est eux !

    Faute de restaurer un lien de confiance avec le peuple français, l'aile californienne de l'UMPS use d'un stratagème rodé jusqu'à la corde : la diabolisation. Les opposants au mariage gay seraient donc devenus des extrémistes, optant " pour une stratégie de la tension". Les années de plomb à l'italienne ne sont probablement pas loin, et, si les forces de l'ordre n'y mettent pas un terme, nous assisterons bientôt à un déferlement de sang et de larme.

    Outre l'atteinte implicite à la liberté d'expression, celle, en l'occurrence, jamais désavouée quand les agités étaient de gauche, qui débordait un peu les limites fixées par la loi – et il ne faut pas oublier que ce « parti du mouvement » s'est toujours appuyé sur la transgression, notamment en ce qui concerne ce fameux mariage homo (souvenons-nous d'act-up et de sa violence, des coups de la LGBT, de Mamère et de sa perfide et tenace trahison des lois qu'il devait défendre en tant que maire...) - on prend la mesure de la menace. Les chiens aboient avant que la caravane n'écrase toute les résistances qui tentent d'arrêter son irrésistible marche vers le désert...

    « Tension » ! « Extrémisme » ! De la part d'un parti qui a toujours défendu le brigadiste assassin Battisti, singulièrement grâce à l'intervention de son plus éminent représentant, François Mitterrand lui-même, et qui l'a probablement aidé à fuir la France, voilà qui ne manque pas de sel. Et quand on sait que l’état-major du parti est peuplé de créatures directement issues des rangs de l'extrême gauche trotskiste, on saisit toute la tartuferie d'une telle déclaration, qui équivaut à mettre en scène un tueur en série aux mains sanglante beuglant « à l'assassin ! ».

    Quant à l'extrémisme qu'on fait mine de combattre, cela vaut le coup d'y regarder de plus près. Nous ne nous attarderons pas sur le soutien armé – approuvé quand il s'agissait de Sarkozy aidant les salafistes libyens à prendre le pouvoir, ou diligenté actuellement en faveur des groupes qui sèment la terreur en Syrie, sans oublier toutes les entreprises de déstabilisation qui visent à semer le chaos au Proche et au Moyen Orient, en reprenant explicitement ou implicitement les récriminations de cet Etat voyou qu'est Israël, et en sous traitant l'entreprise criminelle de l'Etat maquereau américain – tout cela, c'est de la politique étrangère !, mais nous prendrons au sérieux le projet utopiste d'éradiquer toute légitimation biologique à l'identité de la personne (bizarrement, personne au parti socialiste ne remet en cause la filiation juive par la mère – ce qui est manifestement une contradiction par rapport à des principes constructivistes hautement proclamés, et une incohérence non moins éclatante par rapport à la dénégation du concept de race).

    Comment qualifier en effet la main mise d'un Etat censément « républicain » - donc « neutre » - empreint pourtant d'une idéologie manifestement partisane, qui manœuvre pour laver les cerveaux de toute cette poussière ancestrale, vieille de plusieurs centaines de milliers d'années, coupable de laisser croire, contre toute évidence, que l'on puisse – horreur ! - naître homme ou femme, comme cela, naturellement. Il fallait rectifier la nature – et c'est en voie. Dès l'Ecole maternelle, on pourvoira à la déficience éducative des familles, et on inculquera les saines écritures. Et on ouvrira les écluses pour que le marché – pourtant prétendument « naturel », lui ! s'engouffre dans le commerce de la procréation artificielle.

    L'artifice : voilà qui sonne bien ! Laissons entrer la cybernétique dans les classes d'école, les cerveaux, les chairs, les cellules, les instincts ! C'est cela, la libre disposition des cœurs et des esprits ! Foin des vieilles balivernes morales, si artisanales du bricolage pour curé archaïque ! Le monde est un pousse au jouir massif, que seuls les coincés peuvent encore refuser. Des vioques qui, de toute façon, disparaîtront... Bougeons ! Néologeons !

    Qu'on se le dise : la liberté est au centre de l'individu qui naît.

    C'est-à-dire, rien.

    Nous naissons rien, il faudra donc devenir tout. Par choix, caprice, volonté.

    Rien d'aussi stupide et criminel n'a été soumis à l'intelligence de l'homme. Outre l'invitation à tous les crimes – puisque par définition, cette liberté ne saurait souffrir de limites, elle est unilimited – comme on dit dans le marketing – et l'on sait que la « loi », pure convention, est malléable, et, désormais, qu'elle peut être promulguée par des dirigeants irresponsables, nihilistes et complètement détachés de toute certitude morale – on place l'être humain devant une impossibilité quasi ontologique de se réaliser. Si tout est le fruit de mon choix, sur quoi donc le faire reposer ? Sur le caprice, ce vent ? N'est-ce pas la plus singulière violence faite à une personne en devenir, que de lui demander d'oublier ses filiations, ses héritages, ses appartenances naturelles, ses appuis, ses protections, le sol où il pouvait croître, pour lui ordonner, sous peine un jour de sanction – sans doute quelque chose d'équivalent à la loi Gayssot – de devenir ce qu'il est censé être, c'est-à-dire, somme toute, une sécrétion onirique de son cerveau ? Quel poids pour un enfant ! Quel terrorisme !

    Mais toute cette bouillie pour apprenti sorcier n'est rien à côté du méga terrorisme que nous concocte, dans sa marmite diabolique, le libéralisme mondialiste, qui reprend, en gros, ce que le mariage homo nous propose en détail. Il faut d'abord bien préciser que les distinctions sophistiquées entre libéralisme et ultra-libéralisme ne sont que des billevesées à l'usage des nigauds et des escrocs. Le libéralisme est une doctrine anglo-saxonne d'économie politique, qui a réussi à conquérir les esprits depuis deux siècles, et qui ambitionne de transformer la civilisation en marché.

    Comme l'on sait, le marché, c'est en principe la libre disposition du consommateur face au vendeur. Il n'existe plus alors ni femme, ni homme, ni français, ni quoi que ce soit, hormis les signes fluctuants que le désir marchant provoque et instrumentalise dans le champ de perception de l'acheteur, et dans ses rêves. Comme Karl Marx l'affirmait dans le Manifeste du parti communiste, le capitalisme ne connaît aucune frontière, au propre comme au figuré, et l'argent n'a ni odeur, ni couleur, ni origine : il court, il circule, il est comme un fluide qui dilue tout dans un immense océan de non sens et de « liberté » absolue.

    La devise du capitalisme conquérant est : « Rien ne s'oppose à ma liberté ! »

    Autrement dit : « Il est interdit de s'interdire quoi que ce soit ».

    Sauf quand il s'agit des règles drastiques imposées par la loi du travail. Puritanisme, efficacité, productivité obligent. On ne fumera pas, on ne boira pas, on nous imposera tous les préservatifs possibles, car faire le contraire coûte trop cher.

    L'idéal du capitalisme est le noceur qui n'oublie pas sa capote. On peut être dépravé, on n'en reste pas moins boureois, c'est-à-dire, in fine, épicier (et l'on sait combien le petit commerçant calcule et se méfie des petits matins blêmes...). Le stupre et la fornication, oui, mais dans l'Ordre.

    Pour le reste : Fay ce que voudras ! Et surtout consomme.

    C'est pourquoi le gouvernement actuel, cette bande de roublards au fond de culotte tapissé de dollars, raminagrobis de jeux vidéos, chattemites douceâtres quand le rôle l'impose, greffiers sournois quand il le requière, est, comme son prédécesseur, une cellule terroriste manigançant ses coups et les assénant par traîtrise (« Hollande, où sont tes promesses ? »).

    Ce gouvernement promulgue toutes les lois, tous les décrets visant à déréglementer, à soumettre l'économie nationale, – la gestion de notre maison commune, en grec- aux intérêts financiers internationaux, à la bureaucratie libérale et américaine de Bruxelles, à livrer la personne humaine au chaos économique, à l'exploitation la plus crue, au désespoir le plus profond en lui interdisant d'avoir une vie de famille normale, stable et solidement établie sur des protections viables. Le démantèlement du droit du travail, qui a son équivalent dans la suppression des règlement empêchant les promoteurs de faire n'importe quoi (dès qu'on s'attaque à la « bureaucratie » « lourde » et « tatillonne », dites-vous qu''il y a toujours un libéral qui pointe son sale pif), la tentative d'imposer l'anglais – langue de l'ennemi anglo-saxon, de l'économisme, du déracinement, langue du tarmac et des bourses – à l'enseignement supérieur (avec pour finalité, un jour, de substituer notre langue à celle du marché) – ce qui vaudra à aux responsables d'un tel terrorisme, d'une telle atteinte à l'intégrité du patrimoine culturel français, à sa force scientifique et intellectuelle, à son indépendance, un procès pour haute trahison, de même d'ailleurs qu'à ceux qui ont livré l'armée à l'Otan américaine et qui s'apprêtent à noyer le pays, à l'occasion du Traité de libre-échange transatlantique, dans l'empire yankee – ce qui est aux trois-quarts fait – la mise sous tutelle du budget national – tout cela (et nous en oublions) est purement et simplement l'expression la plus paroxystique du terrorisme.

    Comment appeler autrement ce qui s'avère être l'entreprise la plus totalitaire de destruction de ce qui fonde l'humain ?

    C'est pourquoi il est impossible de ne pas combattre cette conspiration criminelle. Le devoir est de se battre. Il y va non seulement de notre vie biologique, mais aussi de tout ce qui légitime l'existence. Nous n'avons plus le choix. Ce n'est pas une option politique, comme jadis entre droite et gauche (c'est fini, cela!), mais le choix entre le zéro et l'infini.

    Claude Bourrinet (Voxnr, 31 mars 2013)

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  • Le système pourrit par la tête !...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Laurent Pinsolle, cueilli sur le Blog gaulliste libre et consacré à l'affaire Cahuzac...

     

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    Cahuzac, Guérini : le PS pourrit par la tête

    Quelques jours après la mise en examen de Jean-Noël Guérini, c’est au tour de l’ancien ministre du budget, Jérôme Cahuzac d’être sous les feux des projecteurs médiatiques et judiciaires avec ses aveux concernant ses comptes en Suisse et à Singapour.

     

     

    Les tourments judiciaires de la majorité

     

     

    C’est une véritable bérézina judiciaire qui rappelle la fin de règne mitterrandienne d’il y a plus de vingt ans, quand Edwy Plenel multipliait, dans le Monde, les révélations sur les pratiques obscures du Parti Socialiste et de l’entourage du président de la République. Tout d’abord, le sénateur et président du conseil général des Bouches du Rhône, Jean-Noël Guérini, a été mis en examen sur des passations de marchés publics.

     

     

    Mais si cette affaire n’a pas trop occupée les unes des médias, il n’en va pas de même avec les aveux de l’ancien ministre du budget, Jérôme Cahuzac, qui, après avoir nié pendant quatre mois de manière catégorique, a fini par admettre avoir eu un contact de 600 000 euros dans une banque suisse, UBS, transféré dans un second temps à Singapour, dans une illustration parfaite de ce que permettent les parasites fiscaux quand les capitaux peuvent circuler librement.

     

    Cette révélation est d’autant plus choquante que l’ancien ministre était en charge du budget, et donc en charge de la lutte contre l’évasion fiscale. Nicolas Dupont-Aignan a bien raison de souligner que « le capitaine de la caserne de pompiers était le pyromane ». Malgré tout, on peut croire que François Hollande et Jean-Marc Ayrault n’étaient pas au courant, tant un tel scandale est suicidaire pour la majorité. Et tout ceci s’ajoute aux tourments judiciaires de l’ancien président de la République et aux révélations sur l’élection de l’UMP.

     

     

    Le PS suit le chemin du PASOK

     

     

     

    Le Parti Socialiste est nu aujourd’hui. François Hollande semble être sur un radeau à la dérive sur un océan déchainé, où il ne maîtrise absolument rien, et pas seulement sur les sujets économiques, puisqu’il a admis la semaine dernière avoir eu une mauvaise surprise sur la croissance, comme si cela était un élément totalement extérieur sur lequel il ne pouvait rien. Quand il cherche à reprendre l’initiative sur un plan politique, cela échoue, comme lors de son déplacement de 48 heures en province ou avec son intervention télévisée.

    Cette affaire est d’autant plus grave pour le PS qu’elle synthétise tout ce qui va de travers dans ce parti. En effet, si Jérôme Cahuzac a bien faire de l’évasion fiscale, c’est en bonne partie parce que le gouvernement de Michel Rocard a instauré le libre-circulation des capitaux. Bref, outre la faute morale abracadabrantesque d’un homme qui ose prendre la tête du fisc alors qu’il le fraude, cela symbolise également la démission des socialistes à l’égard de la mondialisation, de l’anarchie économique et du règne de l’argent fou.

     

    Du coup, on se demande ce qui pourrait bien permettre à la majorité actuellement au pouvoir d’échapper au destin du PASOK grec, qui, de plus de 40% des voix aux élections législatives de 2009 qui lui avait permis d’accéder au pouvoir, est tombé à 12% deux ans après. Etant donné la rapidité de la descente aux enfers du président et du gouvernement et l’avalanche de mauvaises nouvelles actuelles et à venir, un tel scénario reste une vraie possibilité, comme en 1993 et en 1994 avant.

     

    Toute la question est de savoir si l’effondrement de plus en plus probable de la maison socialiste provoquera seulement un mouvement de balancier vers l’UMP ou si nous entrerons dans une phase plus radicale de recomposition politique. Les circonstances présentes plaident (heureusement) pour la seconde option.

    Laurent Pinsolle (Blog gaulliste libre, 3 avril 2013)

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