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Points de vue - Page 296

  • La liberté de s'exprimer et de rire ne se partage pas !...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Alain de Benoist, cueilli sur Boulevard Voltaire, dans leque il s'exprime sur l'affaire Dieudonné, le rire et la liberté d'expression ...

    Alain de Benoist vient de publier un essai intitulé Les démons du Bien aux éditions Pierre-Guillaume de Roux.

     

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    La liberté de s'exprimer et de rire ne se partage pas !

    Les médias s’excitent sur le phénomène Dieudonné, l’artiste qui a vendu le plus de billets en 2012. D’ailleurs, est-ce que monsieur M’Bala M’Bala vous fait rire ?

    Parfois, pas toujours. Je dois dire que ma conception de l’humour se situe quelque part entre Buster Keaton et Raymond Devos. Les comédies me font rarement rire, et je déteste Louis de Funès. Le style pamphlétaire me fatigue vite, lui aussi. Cela dit, Dieudonné a du talent. Il n’a pas de mal à surclasser les autres humoristes actuels, qui sont presque tous nuls. Facteur aggravant : il a du succès et ses partisans, qui sont en majorité « hors système », ne sont pas du genre à se laisser intimider.

    Mais savoir ce que l’on pense de Dieudonné est tout à fait secondaire par rapport au projet de Manuel Valls de l’empêcher « dans le cadre de la loi » de s’exprimer. La seule vraie question qui est en cause est évidemment, comme d’habitude, celle de la liberté d’expression. Dans Le Nouvel Observateur, Laurent Joffrin, coutumier du genre, expliquait récemment que la liberté d’expression a des limites. La démocratie ne saurait accepter que s’expriment des opinions antidémocratiques. On pourrait dire aussi que sous le nazisme, toutes les opinions étaient admises à condition de ne pas être antinazies, sous les régimes communistes qu’elles étaient toutes autorisées à condition de ne pas être anticommunistes, etc. De ce point de vue, la démocratie selon Laurent Joffrin ne me paraît pas représenter un grand progrès. Je crois au contraire que la liberté d’expression n’a de sens que pour autant qu’elle est indivisible, et qu’en matière d’opinions, elle ne tolère par principe aucune dérogation. La liberté d’expression – faut-il le rappeler ? – n’a pas pour vocation de protéger les opinions convenables ou consensuelles, et moins encore celles qu’on partage ou qu’on approuve, mais au contraire celles qui nous choquent et que nous trouvons détestables. Voltaire se disait prêt à mourir pour permettre à ses adversaires de s’exprimer. C’est cette phrase qui a inspiré les fondateurs de Boulevard Voltaire (mais visiblement pas les aboyeurs de commentaires).

    Les mêmes médias n’en finissent plus de célébrer le culte de Pierre Desproges et de Coluche, alors que la plupart de leurs sketches seraient aujourd’hui censurés, pour racisme notamment…

    Il ne fait pas de doute que Dieudonné tient souvent des propos qu’on peut considérer comme inacceptables, voire odieux. Ceux qui s’indignent des caricatures de Mahomet les considèrent elles aussi comme inacceptables, voire odieuses. Pour tout un chacun, il y a des choses inacceptables, voire odieuses. Toute la question est de savoir si le fait de blesser gravement les sentiments ou les convictions d’une catégorie de personnes justifie une interdiction. La perception subjective que l’on se fait d’une opinion peut-elle constituer le fondement de la loi ? Si l’on estime que Dieudonné blasphème, ne faut-il pas considérer plutôt que le droit au blasphème ne se partage pas ?

    L’idéologie dominante a su tourner la difficulté grâce à une invention remarquable : pour faire disparaître les opinions détestables (il y en a), il suffit de décréter qu’elles ne sont plus des opinions mais des délits. Il suffisait d’y penser. Mais a-t-on bien mesuré les conséquences ? D’abord, on crée un abominable refoulé, que l’on se condamne à voir exploser un jour ou l’autre sous une forme elle aussi abominable (plus on pourchassera le « sexisme », plus il y aura de femmes battues ; plus on dénoncera « l’homophobie », plus se multiplieront les « ratonnades de pédés »). Serait-ce l’effet recherché par ceux qui sont tentés de « gouverner par le chaos » ? Ensuite, on introduit une distinction désastreuse entre des groupes protégés, bénéficiant grâce à la loi d’une sorte de statut privilégié les immunisant contre les critiques dont ils pourraient faire l’objet, et des groupes non protégés, dès lors fondés à dénoncer cette nouvelle discrimination. Situation malsaine.

    Et toujours la même rengaine : on peut rire de tout, mais pas de n’importe quoi et surtout pas avec n’importe qui. Et surtout, l’esprit de dérision permanente, incarné par les Guignols de l’info – pour ne citer qu’eux –, ne serait-il pas mortifère à long terme, les hommes politiques étant résumés à de simples marionnettes en latex ?

    Le rire implique la connivence et peut avoir un effet cathartique. Je pense que dans une société normale on devrait pouvoir rire de tout, de n’importe quoi et avec n’importe qui. Des mecs et des nanas, des Blacks et des Toubabs, des juifs et des goyim, des homos et des hétéros, des Amerloques et des Ritals, des Boches, des Gaulois et des Espingouins. Pas de discrimination ! Mais bien entendu, nul n’est obligé de trouver ça drôle. L’esprit de dérision auquel vous faites allusion est autre chose. Au-delà de ce qu’elles peuvent dire des hommes politiques actuels, qu’on a d’autant moins envie de défendre qu’ils font eux-mêmes preuve d’une incroyable complaisance envers leurs caricatures, les émissions du type des Guignols de l’info contribuent de manière incontestable à ridiculiser la chose publique, à désacraliser ce qu’il peut rester de sacré dans l’exercice du pouvoir. Certes, les politiciens actuels méritent rarement le respect, mais en les tournant tous en dérision, on décrédibilise aussi les fonctions et les institutions qu’ils représentent. L’esprit de dérision systématique est un poison de la vie sociale. Les « petits malins à qui on ne la fait pas », qui ne sont émus par rien, qui ne respectent rien, pour qui rien ne saurait être noble ou sacré, cachent leur impuissance derrière leur cynisme. Ils avouent par là même qu’ils ne sont pas grand-chose.

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  • L’immigration humanitaire, Némésis d’une Europe compatissante...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue du démographe et économiste, Yves-Marie Laulan cueilli sur son blog et consacré à l'immigration "humanitaire".

     

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    L’immigration humanitaire, Némésis d’une Europe compatissante

    Le fameux Camp des Saints, roman d’anticipation qui a eu le succès que l’on sait, est plus que jamais d’actualité. A ceci près qu’il ne s’agit plus de malheureux Bangladais, toujours confinés dans leur Bengale lointain à moitié envahi par les eaux, mais de Maghrébins, d’ Africains malins, et maintenant de Syriens, en fait, d’un peu partout dans le monde. Tous les prétextes sont bons pour émigrer en Europe : persécution, insécurité, discrimination insoutenable, niveau de vie jugé inacceptable. Ils sont tous candidats à une installation confortable dans une opulente Europe au grand cœur et à la mauvaise conscience. Mauvaise conscience de quoi ? Mais d’exister tout bonnement à côté d’une insondable misère à laquelle elle ne peut rien, qu’elle n’a nullement contribué à créer mais qui la tourmente malgré tout.

    Les chemins de l’immigration humanitaire

    Le conflit en Syrie, à lui seul, a généré, en deux ans, un exode de plus de deux millions de personnes, dont la moitié d’enfants, qui sont allées pour la plupart, dans un premier temps, en Turquie, Jordanie et Liban, avant de se tourner naturellement vers l’Europe. Le Liban a ainsi accueilli 700 000 Syriens et la Jordanie à peu près autant. Encore aujourd’hui, ces deux pays reçoivent environ 500 immigrés par jour.

    Pour l’émigration en provenance de la Syrie, en plein essor, le cheminement passe par l’Egypte puis par Lampedusa. En effet, cette petite île, à peine italienne, véritable oasis de l’immigration clandestine, n’est guère qu’à une centaine de kilomètres de la Libye ou de la Tunisie.

    En une seule nuit, les bâtiments italiens ont recueilli plus de 700 personnes, avec femmes et enfants, au large des côtes italiennes. En conséquence, les Lampedusiens, dont les journalistes vantaient la générosité à qui voulaient les entendre, commencent à se sentir fatigués de ces flots humains sans cesse renouvelés et s’efforcent à regarder ailleurs. Mais ils sont avantageusement relayés par les touristes, italiens ou étrangers qui viennent assister au débarquement des immigrés à Lampedusa comme on va à un spectacle gratuit. Il faut bien meubler ses loisirs en vacance. Et cela profite aussi au commerce local.

    L’immigration humanitaire connait des point de départ multiples dont les principaux centres sont localisés en Europe centrale, en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, en Afrique noire et maintenant, en Syrie. Ces immigrés viennent, parfois seuls ou par familles entières d’un peu partout dans le monde, d’Albanie, du Kosovo (avec la Grèce comme point d’entrée), mais aussi du Bangladesh, de l’Érythrée ou de la Somalie.

    Les points d’entrée sur le périmètre européen privilégiés par les immigrés clandestins sont la Grèce, et la Bulgarie (pour l’immigration venue de l’Europe de l’Est), l’Espagne aussi, mais surtout aujourd’hui, l’Italie.

    Selon l’ONU, depuis le début de 2012, ce ne sont pas moins de 32 000 immigrés qui ont débarqué en Italie ou à Malte. De quoi peupler chaque année une petite ville de taille moyenne. D’après FRONTEX, l’agence européenne chargée de la sécurité aux frontières, pendant la seule année 2011, pas moins de 60 000 immigrés ont traversé la Méditerranée.

    Il en ressort que plus l’Europe étend son périmètre, plus elle devient poreuse à l’immigration clandestine, faute de moyens, mais aussi et surtout de motivation

    Le désordre européen

    En effet, les directives européennes prévoient bien que, dès leur entrée dans l’espace européen, les immigrés doivent laisser les autorités prendre leurs empreintes digitales sur le lieu même de leur point d’entrée, à des fins d’identification bien sûr. Mais aussi, et c’est là que le bât blesse, la loi européenne prévoit également que les demandes d’asile doivent être traitées par les autorités du lieu..

    Les Syriens, par exemple, prévenus et malins, se refusent énergiquement avec un bel ensemble à cette prise d’empreintes. Car ils savent fort bien, compte tenu du désordre administratif italien bien connu, ce qui se passerait : rien. D’autant plus que, cerise sur le gâteau, les douaniers ou le policiers italiens, bons princes, se gardent bien d’insister pour exécuter cette mesure et se contentent benoîtement de leur conseiller d’éviter de se faire « pincer » dans les trains ou les autoroutes. Et qu’ils aillent se faire pendre ailleurs, ailleurs qu’en Italie, bien sûr. Avec cela, le territoire européen est bien protégé.

    Mais, en réalité, les immigrants n’envisagent guère de rester en Italie, qui n’a pas le RSA ou le fameux Revenu d’attente, que la République française, généreuse avec l’argent des contribuables, a mis en place, sans doute pour encourager de nouveaux courants migratoires. De toute façon, pour gagner la France toute proche, il suffit de prendre le premier train venu.

    Ceci étant, pour l’heure, entre 2012 et 2013 la France n’a accueilli que 3 700 immigrés syriens par le truchement de l’Opfra. Mais nul doute que ces flux ne soient appelés à grossir rapidement

     

    Les coûts de l’immigration

    Pour un candidat à l’émigration, il coûte entre 1000 et 3500 dollars par personne pour aller, par exemple, de l’Egypte en Sicile. Le trafic est fort bien organisé et lucratif. Les candidats à l’émigration embarquent sur des bateaux d’une contenance pouvant aller jusqu’à 500 personnes. A proximité des côtes italiennes, ils sont transférés sur d’autres petites embarcations. Comble de prévenance, on leur fait même cadeau d’un téléphone satellite avec lequel ils peuvent appeler des numéros de téléphone d’urgence en Italie. Le scénario est bien au point. Et le tour est joué. Jusqu’à la prochaine fois.

    Comment les candidats à l’émigration parviennent-ils à financer leur projet ? Le plus simplement du monde : par la vente de possessions personnelles, bijoux, meubles, vêtements, instruments domestiques, voitures éventuellement, ou tout simplement par recours à la solidarité de la famille ou des voisins. Apparemment, le manque de ressources ne constitue guère un frein significatif à l’émigration. Le cas de la France mérite d’être examiné à part en raison de ses particularités.

    Le cas français : le droit d’asile

    Le droit d’asile est devenu de nos jours une fenêtre béante largement ouverte à l’immigration clandestine ou si l’on préfère, une machine à fabriquer des immigrés clandestins appelés, bien sûr, à être régularisés au bout de quelque temps.

    Les demandes d’asile atteignaient tout juste 2 000 avant 1980. Elles ont littéralement explosé pour s’élever à 70 000 en 2013. En parallèle, les régularisations d’immigrés clandestins ont bénéficié à 46 000 personnes en 2013.

    Cela se comprend bien. Car la France fait de son mieux pour encourager l’immigration clandestine. Elle a, non seulement créé le RSA mais, comble d’aveuglement, le RTA, le Revenu Temporaire d’Attente. Attente de quoi, il est permis de se le demander ? Un emploi tombé du ciel dans une économie qui compte plus de 2 millions de chômeurs. En attendant, le RTA procure aux bénéficiaires 336 euros par mois pour un coût global qui a bondi de 47 millions d’euros en 2001 à 147 millions en 2012. Ce n’est pas le Pérou mais cela est suffisant pour vivoter quelque temps.

    Il faut aussi prendre en compte les dépenses de santé. En 2012, plus de 305 000 « sans papiers » ont bénéficié de l’Aide Médicale Gratuite par la CMU ou la CMU C pour un coût proche de 1 milliard d’euros.

    Cerise sur le gâteau, Nicolas Sarkozy, toujours malin, a cru bon de départementaliser Mayotte (200 000 habitants, pratiquement tous Musulmans, souvent polygames) petite île heureuse où débarquent chaque année environ 13 000 immigrés clandestins venus des Comores toutes proches. Il y a là un inépuisable vivier d’immigration clandestine.

    Rappelons pour conclure sur ce point que, chaque année, l’Etat distribue 200 000 cartes de séjour. En outre, en 2013, plus de 46 000 immigrés clandestins seront régularisés, de quoi faire monter d’un cran supplémentaire le chômage en France et creuser davantage le gouffre de comptes sociaux (rappelons pour ceux qui l’auraient oublié que la dépense sociale en France représente 58 % de la dépense publique soit 600 milliards d’euros)

    L’immigration clandestine, un puits sans fond

    Une des causes majeures d’une poussée migratoire qui ne se dément pas est le différentiel démographique entre l’Europe, le Maghreb et surtout l’ l’Afrique noire : en l’an 2100, environ un homme sur trois sur la planète sera d’origine africaine selon les projections de l’ONU : de quoi peupler effectivement une Europe à la démographie anémiée.

    Mais, en dehors de ce facteur démographique qui constitue la toile de fond de l’émigration, pourquoi les migrants émigrent-ils ? Les motifs sont multiples. Au de- là de la crainte de l’insécurité, le désir d’aller en Europe pour y vivre mieux se ramène pour l’essentiel à la recherche de quatre objectifs constituant une sorte de quadrilatère sacré : l’aide alimentaire, le logement, la scolarisation et la santé. Chacun de ces postes comporte évidemment des coûts spécifiques fort lourds pour les pays d’accueil

    L’insécurité liée à un conflit local joue souvent un rôle déterminant dans la décision de quitter le pays. C’est évidemment le cas pour la Syrie bien sûr. Mais, en outre, la recherche d’une vie meilleure vise la possibilité d’une scolarisation gratuite pour les enfants et l’accès à des soins de santé gratuits et de qualité.

    On a jusqu’ici insuffisamment porté attention au problème de la scolarisation des enfants d’immigrés clandestins. L’affaire Leonarda a jeté la lumière sur ce phénomène. Grâce aux orientations idéologiques de certains enseignants et des responsables d’établissements scolaires, la scolarisation est en passe créatrice d’un nouveau droit d’asile. Tout enfant scolarisé en France ouvre quasi automatiquement un droit à l’émigration sur le territoire, pour lui-même bien sûr dans l’immédiat, et, à terme, pour sa famille. Toute tentative pour les expulser soulève dans l’instant un tonnerre de reproches et d’invectives de la part des bien pensants.

    L’aide à l’immigration clandestine repose sur un singulier principe, qui est celui du tout gratuit. Aucune disposition administrative ne prévoit la moindre contrepartie à l’aide reçue sous la forme de prestations de services par exemple. Cette particularité ne peut manquer d’encourager les immigrés à considérer que toute aide leur est naturellement acquise sans contrepartie, ce qui n’est pas une forte incitation à aller sur le marché du travail pour y gagner de quoi vivre. L’Europe fabrique ainsi à la chaîne des assistés à perpétuité.

    A dire vrai, ces dispositions sont plus caractéristiques de l’Europe du Sud, France, Italie et même Grande Bretagne que de l’Europe du Nord, Allemagne en tête, beaucoup plus stricte sur le contrôle du montant des aides consenties et plus regardante sur leur utilisation. On constate ainsi un clivage au sein de l’espace européen entre l’ Europe du Sud, qui est largement victime de l’immigration clandestine, notamment du fait de sa localisation géographique, et l’Europe du Nord mieux protégée par la distance et aussi ses orientations politiques. Ainsi en témoignent abondamment les prises de positions publiques de la Chancelière Angéla Merkel, assez peu portée à s’apitoyer sur le sort des malheureux immigrés venus du Sud.

    Les moteurs de l’immigration clandestine

    A l’heure de la communication mondiale instantanée, les mécanismes de l’immigration humanitaire sont naturellement le bouche à oreille mais aussi et surtout le téléphone satellite qui permet de communiquer instantanément avec n’importe quel point du globe et cela pour un coût mineur. En dehors de cela, les images sur internet et la télévision sont devenus, comme on s’en doute, des fabricants de rêve en projetant sur écran des images paradisiaques de la vie en Europe. Le rêve nourrit l’immigration. Le contact avec la réalité n’en est que plus douloureux.

    Parmi les autres facteurs qui concourent à soutenir l’immigration clandestine, il faut naturellement mentionner les associations de soutien aux immigrés, et elles sont nombreuses, au premier chef Amnesty International. Cette ONG a depuis longtemps débordé son objectif d’origine qui était de dénonce les abus et les exactions dont certaines populations sont victimes pour devenir un sorte de « lobby » de soutien permanent à l’immigration.

    Les organisations internationales jouent également un rôle qui n’est pas à négliger dans les encouragements à l’immigration. On mentionnera les organisations satellites des Nations Unies, mais aussi Bruxelles qui déverse sans cesse un flot d’instructions à l’usage des gouvernements pour les remettre dans le droit chemin en cas d’écart et les piloter vers le chemin à suivre. Viviane Reding, la célèbre Commissaire européenne, (ancienne journaliste de gauche nommée par le Luxembourg, patrie comme on sait des fraudes fiscales en gros et en détail), s’est fait remarquer par ses injonctions tonitruantes adressées aux gouvernements de l’ Union européenne, lesquels font le dos rond devant cette redoutable égérie.

    On ne saurait terminer ce chapitre sans souligner le rôle particulièrement nocif joué par le traité de Schengen instituant une totale liberté de circulation sur tout le territoire de l’Union européenne : débarquer à Lampedusa, c’est pourvoir aller, en principe, jusqu’à Berlin ou, plus précisément, en France, à cause de aides multiples aimablement fournies par notre pays, bien sûr.

    Que deviennent les immigrés une fois qu’ils ont réussi à s’implanter sur le territoire de l’Europe ?

    Mystère. Nulle statistique, nulle étude, nulle recherche ne viennent jeter quelque lumière sur cette question. Comme si les immigrés clandestins disparaissaient mystérieusement dans l’ensemble de la population d’accueil, comme un sucre se dissout dans une tasse de café.

    Tout ce que l’on peut supposer est que ces immigrés, sans formation ni qualification, connaitront fort longtemps une existence précaire, rendue d’autant plus difficile à supporter qu’ils pourront comparer leur sort avec celui de la population d’accueil, naturellement plus prospère. Même s’ils font l’objet d’une régularisation administrative, ils ne peuvent trouver dans une Europe frappée par un chômage chronique que des emplois mal rémunérés sur le marché du travail associés à des conditions de vie précaires. Si bien qu’ un certain nombre d’entre eux ne pourront pas résister à la tentation de sombrer dans la petite délinquance ou les petits trafics. Il faut bien vivre.

    Un contexte idéologique porteur : la compassion

    Le rôle porteur de la presse et des médias ne peut manquer d’être souligné. Les journalistes ne se lassent pas de s’extasier à tout propos sur le courage des immigrés affrontant d’un cœur ferme les éléments déchaînés. Ou ils se lamentent sur leur triste sort sans se poser une seconde la question de savoir si leur présence est légitime ou non. Comme si l’immigration devenait une zone de non droit régie par le bon cœur, la compassion, les bons sentiments en l’absence de tout bon sens.

    On peut évoquer aussi les directives de Bruxelles qui enjoignent benoîtement les gouvernements de bien traiter les immigrés clandestins qu’il faut accueillir comme des hôtes. Amnesty International de son côté ne cesse de plaider inlassablement pour une ouverture toujours plus grande des frontières européennes courants migratoires venus du monde entier, tout en préconisant un meilleur accueil, sans doute pour encourager de nouveaux arrivages.

    Le dilemme européen

    Au début d’octobre 2013, un naufrage près de l’île de Lampedusa a provoqué la mort de de 360 personnes, ce qui a soulevé une forte émotion médiatisée, vite retombée d’ailleurs, en Europe. Ce drame a-t-il en quoi que ce soit provoqué une prise de conscience collective de la nécessité de prendre des mesures propres à prévenir le retour de semblables tragédies ? Evidemment que non. La réponse des gouvernements à cette tragédie s’est bornée à proclamer l’urgence de mettre en service davantage d’avions et de bateaux, pour organiser davantage de patrouilles en mer.

    Mais pour quoi faire ? S’agit-il de mieux accueillir et protéger les candidats à l’immigration ou les prendre à bord afin de les ramener chez eux ? Cette question, pourtant fondamentale, n’a nullement été tranchée comme si l’Europe comptait hypocritement sur les éléments naturels, le froid, la faim, et la tempête pour limiter « naturellement », et sans se salir les mains, l’afflux d’immigrés considérés indésirables sur le territoire européen. L’Europe présente ainsi le triste spectacle de la lutte entre la compassion et la raison, sur fond d’hypocrisie et d’égoïsme.

    Les remèdes sont dérisoires. Pour l’instant on ne fait rien ou pas grand-chose. C’est du bricolage administratif. Comme si l’administration n’osait pas soulever un sujet trop brulant pour ne pas risquer de s’exposer aux retombées médiatiques redoutables que les associations préposées à cet effet ne manqueraient pas de provoquer.

    Pour ce qui concerne le droit d’asile, l’administration française se contente simplement (la circulaire Valls de novembre 2012) d’autoriser les déboutés d’une première demande à se présenter à un second guichet « exceptionnel » pour obtenir réexamen de leur demande. Bel exemple administratif d’un emplâtre sur une jambe de bois.

    On se propose aussi de raccourcir les délais de traitement des dossiers, proches de 600 jours aujourd’hui, pour les ramener à 6 mois. Mais qu’est-ce que cela pourrait bien changer ? Les déboutés du droit d’asile, quelques 50 000 à 70 000 par an, se contenteraient de passer plus rapidement de l’autre côté de la barrière, dans la clandestinité, et gonfleraient d’autant les flux de l’immigration clandestine en devenant des « sans papiers » supplémentaires.

    Quoiqu’il en soit, il est difficile de ne pas percevoir un durcissement progressif des opinions publiques dans les pays d’accueil, durcissement en partie lié à la paupérisation latente et à la crise. L’immigration provoque ainsi un phénomène de rejet ou de « ras-le-bol » combiné à une exaspération croissante de l’opinion publique devant les abus provoqués par une politique d’accueil aux immigrés excessivement complaisante. Cette hostilité à l’immigration est naturellement associée à la montée du populisme.

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    En conclusion, pour sortir de l’impasse actuelle, la mise en mettre en œuvre d’une nouvelle politique de l’immigration fondée sur des principes nouveaux au niveau français, et aussi européen, ne peut manquer de s’imposer.

    A cette fin, il faut « changer de paradigme », c’est-à-dire changer les valeurs de référence actuelles. Il importe de remettre clairement remettre en question le droit des migrants implicitement accepté, droit à s’installer comme ils l’entendent, où ils l’entendent, au moment où ils l’entendent. Il convient de reconnaître clairement le droit des populations d’accueil à préserver leur l’identité, leur niveau de vie et leur mode de vie. Les gouvernements doivent enfin conserver le pouvoir de contrôler les mouvements de leurs populations et les flux d’immigration qui les concernent.

    C’est donc à une véritable révolution culturelle qu’il faut convier l’Europe.

    Yves-Marie Laulan (Le blog d'Yves Marie Laulan, 16 décembre 2013)

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  • Affaire Dieudonné : l'impuissance absolue du système....

    Vous pouvez découvrir ci-dessous, dans une vidéo de l'agence Info libre, les commentaires de Francis Cousin sur l'affaire Dieudonné. Docteur en philosophie, praticien du « logos radical », Francis Cousin est l'auteur de Critique de la société de l'indistinction (Editions Révolution sociale, 2007) et de L'être contre l'avoir - Pour une critique radicale et définitive du faux omniprésent (Le Retour aux Sources, 2012).

     

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  • Dieudonné, un héros de l’art contemporain ?...

    Alors que le ministre de l'intérieur, pourtant en charge des libertés publiques, envisage de faire interdire les spectacles de Dieudonné, l'inventeur de la célèbre quenelle "anti-système", l'équipe d’Éléments a eu la bonne idée de mettre en ligne sur son blog, l'article de François-Laurent Balssa lui avait consacré dans le dernier numéro de la revue...

     

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    Dieudonné, un héros de l’art contemporain?

    « Les deux situations, aussi critiques et insolubles l’une que l’autre : celle de la nullité de l’art contemporain, celle de l’impuissance politique face à Le Pen ». Ainsi commençait le dernier papier de Baudrillard à Libération, qui provoqua un beau tollé et valut à son auteur de quitter le quotidien. Nous étions en 1997. Rien n’a changé depuis, sinon que Dieudonné s’est invité dans la danse. L’art contemporain est plus nul que jamais et rien ne semble en mesure d’arrêter Dieudo, qui fait un diable aussi beau que Le Pen. C’est le virus Ébola de l’humour : il s’insinue partout en dépit du cordon sanitaire dressé autour de lui. On « résissssste » tant qu’on peut, comme dans la chanson de France Gall, mais seulement dans les salles de rédaction. Partout ailleurs, la « dieudonnisation » des esprits est en marche, un phénomène aussi contagieux que la lepénisation. La mise en quarantaine médiatique ne change rien à l’affaire, elle produit même des effets contraires à ceux recherchés selon la logique des modèles d’identification négative. Puisque c’est interdit, c’est désirable, comme au bon vieux temps du samizdat. Depuis Mes excuses (2004), les spectacles de Dieudo sont devenus des mots de passe, des codes de reconnaissance que l’on échange dans la semi-clandestinité. Ecce Dieudo, aussi fort que Cartouche, Mandrin et Fantômas.

     

    La quenelle, du body art

    Entrer dans la culture populaire, l’art contemporain en rêve depuis cinquante ans (l’art pour tous). En vain. Dieudo l’a fait avec sa désormais fameuse quenelle – du body art passé dans le domaine public. On ne compte plus les quenelliers qui postent leurs œuvres sur le Net et les réseaux sociaux, de la petite quenelle de 14 cm à la quenelle géante de 175. Quenelliser, c’est tout un art. Le bras gauche tendu vers le bas et le bras droit qui remonte, la main à plat, jusqu’à hauteur de l’épaule (là, on parle de quenelle épaulée). Un geste qui n’est pas sans danger. Deux militaires en ont récemment fait les frais pour avoir mimé en godillots-treillis une quenelle martiale devant la synagogue Beth David à Paris. Quoi ! Comment ? Une nouvelle affaire Carpentras ! Tout l’appareil d’État mobilisé : le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, l’état-major au complet, la patrie en danger, Hitler aux portes de Paris. Mais la quenelle, c’est comme l’hydre de Lerne, vous lui coupez la tête, cent queues repoussent (ou l’inverse). Et que dire des si rafraîchissants Tony Parker et Boris Diaw (deux magnifiques quenelliers au passage) levant le doigt vers le ciel sur le perron de l’Élysée avec l’équipe de France championne d’Europe de basket. « Au-dessus, c’est l’soleil » (le soleil, ici, s’appelle Jordan, comme l’a rappelé Dieudo). Branle-bas de combat. Les éditorialistes qui nous rejouent la grande peur des bien-pensants, du nom de l’hommage de Bernanos à Drumont.

     

    Seul Ubu peut renverser Tartuffe

    Dieudo revient de loin. C’était le Noir rêvé, militant des droits de l’homme, universaliste, antifasciste, fruit de la bienheureuse « diversité ». La gauche adore. Elle voit les Noirs comme si elle les avait affranchis au dernier congrès du PS. Idéalement, ils devraient tous ressembler à Harlem Désir. Dieudo a choisi de ressembler à Jean-Marie Le Pen (« Jean-Ma », pour les intimes). L’imprévu dans l’histoire, comme disait Dominique Venner, l’accident industriel, une sorte de Seveso pour l’antiracisme : la rencontre d’un griot africain et du dernier menhir d’Occident, borgne de surcroît. À partir de cette date, Dieudo entrait dans la cour des grands, désertée depuis la mort de Céline (le premier nom venu à la bouche des spectateurs de Mes excuses, le plus beau bras d’honneur – ancêtre de la quenelle – au système). Dix ans après, Dieudo est devenu champion du monde des happenings politico-loufoques. Quel artiste contemporain peut aligner un pareil palmarès ? Le prix de l’infréquentabilité à Robert Faurisson. Le voyage en Orient façon circuit touristique du Hezbollah : étape au Sud-Liban, pèlerinage à Téhéran, conférences de presse à Damas et Alger. L’amitié avec Soral (la soralisation, elle aussi, est en marche – voir Le Monde diplomatique d’octobre). Une fille, Plume, portée sur les fonts baptismaux par « Jean-Ma ». La participation, à titre de témoin, avec Ilich Ramírez Sánchez, dit Carlos, à la prison de Poissy au mariage gay de deux codétenus qui revendiquent la paternité de la fille de Rachida Dati : Alfredo Stranieri, surnommé « le tueur aux petites annonces », et Germain Gaiffe, condamné à trente ans de prison pour avoir assassiné et démembré un homme. Hénaurme.

    Que pèsent les provocations Dada et les enfantillages surréalistes à côté de la chanson « Shoananas » (sur l’air de « Chaud Cacao » d’Annie Cordy) ? C’est la technique du ready-made – l’audace en plus – appliquée à l’« industrie de l’Holocauste », pour reprendre l’expression de Norman Finkelstein. Moralité : seul Ubu peut renverser Tartuffe. Au regard des interdits contemporains, il n’y a pas de transgression plus forte. Dieudo délivre l’art contemporain du mal, il le renvoie à son impuissance vertueuse. À tout prendre, c’est le seul artiste d’avant-garde. La raison à cela ? Il renoue avec le geste inaugural du premier modernisme en se servant de la boîte à outils de l’art contemporain : l’intervention dans le champ public, le happening, la performance, le scandale – tout ce que le slavisant Gérard Conio a appelé la « théologie de la provocation ». On peut trouver à redire sur cette théologie. Il n’en demeure pas moins qu’elle a été pratiquée avec éclat par quelques grands noms, le premier et plus grand d’entre eux, Rimbaud, qui en a touché rapidement les limites. Une fois Rimbaud mort, tous les Duchamp du monde se sont mis à danser sur son cadavre immense. La théologie est devenue farce et la provocation mondaine. En labellisant ses urinoirs et en ajoutant des moustaches à La Joconde, Duchamp inventait la provocation anodine, qui ne demandait qu’à passer à l’état de procédé publicitaire. Ce qui ne manqua pas d’arriver. Depuis lors, le mode d’intervention préféré des « artisses » (Louis-Ferdinand Céline), c’est le simulacre de la provocation. Cela donne de légers émois sexuels à toutes les Marie-Chantal de l’art contemporain. Des provocations éventées et convenues qui fonctionnent comme des coups marketing à la manière des publicités Benetton. Zéro risque, la signature du niveau zéro de l’art. Des petits pets dans l’eau, des éviscérations en 3D, des automutilations pour rire, des installations ineptes situées quelque part entre le stade banal et le stade anal. Le charlatanisme, mais sans l’humour. La provocation, mais sans la prison. Le mal, mais sans la damnation éternelle. Le saut dans le vide, mais du haut d’un tabouret.

     

    Dieudo, enfant de Loki, le dieu fripon

    Tout le contraire de Dieudo, lui l’enfant de Loki, le dieu fripon de la mythologie nordique, ce « mal né contestataire » auquel Dumézil a consacré un ouvrage. On a l’impression que c’est une rémanence du carnavalesque médiéval. Il conjugue deux formes de transgression : celle, politisée, de l’art moderne et celle, gullivérienne, ogresque et histrionique, du Moyen Âge, quand le bouffon était élu pape à Mardi gras et que la messe était dite par un âne, une mitre pontificale plantée sur les oreilles. À lui seul, c’est le refoulé du monde contemporain qui surgit d’abord sous un mode parodique. Shakespeare nous a embrouillé l’esprit avec ses fous dansants et ses plaisantins virevoltants. Le vrai bouffon vaut mieux que cela, lui qui payait au prix fort sa liberté de parole. Car on ne dit pas impunément au roi qu’il est nu, comme dans le conte d’Andersen – non pas seulement nu, mais aussi nul. Cette impertinence a un prix : le roi vous coupait la langue. Les démocraties n’agissent pas différemment : elles débranchent le micro.

    Pendant que ces Messieurs de l’art contemporain finissent accrochés aux murs des Guggenheim du monde entier, à Beaubourg, dans les fonds pensionnés des FRAC, célébrés par les médias, adulés par les galeristes, plébiscités par les maisons de vente, Dieudo se voit interdit de spectacle, convoqué devant la 17e chambre correctionnelle, boycotté par les journalistes. Cherchez l’erreur. La « tradition du nouveau » décrite par Harold Rosenberg apparaît désormais pour ce qu’elle est : un conformisme de l’anticonformisme – l’académisme de l’anti-académisme, une sorte d’institutionnalisation à l’envers. La vérité, c’est que les provocations de l’art contemporain ne provoquent plus rien. Coitus artisticus interruptus.

    « La barbarie plutôt que l’ennui ! », disait Théophile Gautier. Maintenant, on a la barbarie et l’ennui. Il n’y a guère plus que la SPA et l’Église catholique pour élever, de loin en loin, une protestation. Il y a quelques mois, un amoureux de la gente féline a giflé Jan Fabre quand le plasticien belge a organisé son lancer de chats dans l’Hôtel de ville d’Anvers (il n’y a que dans l’art contemporain que l’on trouve des initiatives aussi tartes, aussi communément indigentes, puériles et frelatées. De quasi-équivalent en nullité, on ne voit guère que les cadavres si peu exquis des surréalistes et les programmes de MTV à l’époque de Jackass, le crapoteux en plus, la prétention en moins. Au moins les animateurs de Jackass ne demandaient pas au bourgmestre d’Hollywood sa bénédiction et son argent). Tout aussi insignifiant : le « Piss Christ » d’Andres Serrano – une photo d’un crucifix immergé dans la Sainte Urine de l’Artiste – a été « vandalisé » par un catholique qui a pris au pied de la lettre les recommandations de Duchamp. On ne saurait trop l’en féliciter.

     

    Talmudisme et scolastique

    On peut s’indigner des prix atteints par l’art contemporain, trouver indécente la spéculation sur les tableaux, être choqué par la prodigalité des collectionneurs milliardaires, certes, mais tout cela n’est ni plus ni moins obscène que la valeur marchande des footballeurs, les salaires des journalistes de Canal+, la rapacité des fonds d’investissement ou la connerie de Cécile Duflot. Le mystère de l’art contemporain est ailleurs. Il tient à son insignifiance. Tout ça pour ça ! Avec en option la prétention discourante, les explications de texte sentencieuses, la phraséologie emphatique de Bernard-Henri Lévy et les ratiocinations grammatologiques de Derrida. Talmudisme et scolastique, barbouillage et verbiage. Le verbalisme est la maladie infantile de l’art contemporain. L’œuvre est dévorée à l’avance par son commentaire. Un désert de signification et une inflation d’interprétations. La théorie a pris le pas sur la praxis. Un formalisme informe, à la façon des amibes, s’est diffusé partout. Baudelaire disait du peintre qu’il a tué la peinture. L’artiste contemporain a fait mieux : il a tué l’art. Le refus de la représentation devait bien aboutir un jour ou l’autre à ce que l’art ne représente plus rien. Nous y voilà. L’art n’a plus rien à cacher et plus rien à montrer. La part maudite s’est dégradée en part ludique. Qui voudrait être le contemporain de ce contemporain-là ?

    On est désarmé face à autant de vacuité. Que dire ? Comment appréhender le néant ? C’est si arrière-gardiste, si pompeux, si pompier. C’est le triomphe du kitch et du latex, du mauvais goût siliconé et des dorures sur béton, de Lady Gaga et des gender studies, de la musique techno et des mangas psychédéliques, de la Gay Pride et du CAC 40, des OGM et de la pornographie. L’art, c’est désormais tout ce qui n’en est pas. Un ensemble de dispositifs, de « concepts », de postures, d’impostures, de subventions, de discours auto-légitimants. Après la banalité du mal, la banalité de l’art. Ni beau, ni laid. Rien, nothing, nada. Le vide à l’état chimiquement pur, un trou noir sur fond noir. « Le rien est parfait puisqu’il n’a rien à perdre et ne dérange personne », selon les mots mêmes de Warhol, la vacuité en personne.

    À quoi bon l’art contemporain, a-t-on envie de leur dire ? Alphonse Allais n’a-t-il pas tout dit avec sa série de toiles monochromes. Mon préféré : le bleu sur fond bleu baptisé : Stupeur de jeunes recrues apercevant pour la première fois ton azur, ô Méditerranée ! (à faire bleuir les monochromes de Klein). Alphonse enfonce Kasimir. Ce qui ne retire rien au génie de Malevitch, mais rendons grâce aux bolcheviks de lui avoir imposé le retour à la figuration. En sont sortis ses moujiks iconiques et christiques qui évoquent la célèbre nuit d’Arzamas où Tolstoï dit avoir éprouvé une terreur « rouge, blanche, carrée ».

                Nul n’a mieux décrit ces gens-là qu’Aragon en ces vers :

    Ils écrivent un braille à l’aveugle inconnu

    Ils parlent un langage étrange et convenu

    Où trois ou quatre mots font le bruit de la mer […]

    Mais le mot-clef le mot qui les laisse béants

    Pareil au coquillage où ronfle l’océan […]

    Le mot géant qui les culbute c’est néant […]

    Quel drame de titans miment-ils ces pygmées

    On dirait à les voir et leurs verres fumés

    Qu’ils attendent toujours une éclipse totale.

     

    Sortez vos carnets de chèques !

    Des pygmées, des nains, des grossistes de l’insignifiance. Jugez-en et sortez vos carnets de chèques (« Quand j’entends le mot culture, je sors mon carnet de chèques », Jean-Luc Godard). Les bandes rayées de 8,7 cm de Buren. Les feuilles de métal rouillé de Richard Serra. Les balafres sur peinture laquée de Lucio Fontana. Le crâne serti de diamants de Damien Hirst, vendu 100 millions de dollars (une « réflexion sur la vanité de la vie » – mais pas de l’artiste). Les pochoirs de Banksy qu’on arrache des murs de Londres pour les vendre à prix d’or. Les collages aurignaciens de Jean-Michel Basquiat qui font exploser les enchères. Le noir zébré de Soulages, l’artiste français vivant le plus cher, qui, non content d’avoir endeuillé Conques, va avoir son musée en tôle fuligineuse à Rodez. Et le château de Versailles ? De Jean-Jacques Aillagon à Catherine Pégard, du « homard géant » botoxé de Jeff Koons – alias « Mickey l’ange » – aux motifs criards et phosphorescents de Takashi Murakami, le Monsieur Louis Vuitton de l’art contemporain. Et maintenant Giuseppe Penone et ses arbres desséchés et minéralisés, aussi liposucés que la Cicciolina (ex-épouse de Jeff Koons), qui évoquent des termitières vitrifiées et des cendriers anorexiques sur pied tubé en imitation bois. L’Arte Povera ? Art de la misère, misère de l’art, comme eût pu dire Marx, l’accumulation primitive du capital en sus. On en vient presque à regretter que Dame Pégard, ordonnatrice du domaine de Versailles, ait dû déprogrammer, sous la pression du public (ô censure!), l’immense lustre en tampons hygiéniques, « œuvre » de la plasticienne portugaise Joana Vasconcelos (si le ridicule pouvait tuer, l’art contemporain serait mort-né). Aillagon a montré la voie à suivre, mais du moins faisait-il, lui, fructifier les placements de son ancien patron, ami et mandant François Pinault, grand collectionneur de jeff-kooneries. C’est l’avantage avec le marché de l’art, pas de délit d’initiés ici, pas d’appel d’offres. Les copains d’abord.

    Peu importe qu’ils soient millionnaires ou prolétaires, surcotés ou déclassés, les artistes contemporains ne sont plus que des animateurs culturels, GO du capitalisme avancé, qui gèrent avec d’autres (la chanson pop, le foot business, les people) les temps libres (morts ?) des sociétés post-historiques. Professionnellement parlant, ce sont des agents d’ambiance. Ils chauffent la salle. Dieudo l’électrifie. Naguère, on allait chez les marchands forains voir la femme à barbe à titre de divertissement dominical. Aujourd’hui, on va voir en famille des « installations » éphémères, même si elles sont constamment renouvelées. Rien ne les distingue d’un show-room d’Ikea, d’un vide-greniers ou d’un terminal d’aéroport. Elles font partie du mobilier urbain. Il n’y a que les enfants qui s’y reconnaissent. Ils retrouvent un mélange qui leur est familier, fait de mikados géants, de vitrines de Noël, de gadgets numériques, de formes synthétiques. Quelle différence entre un Miró et un barbouillage d’enfant fixé sur un frigo ? Les aimants et dix millions d’euros. Rien de plus. Tous enfants, tous artistes. Les « adultes accompagnants », comme on dit dans les classes maternelles, sont pris à l’avance d’une lassitude monochrome. Déjà vu, déjà lu, déjà entendu. C’est tout le problème de l’œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique.

    On pourrait se croire chez les fous, on trône chez les escrocs. Il y a toute la gamme, du virtuose au médiocre, suivi par l’armée habituelle des imbéciles. Le virtuose, c’est Andy Warhol, le meilleur élève de Duchamp – plus pâle que Woody Allen, plus affligé que Droopy, plus dépressif que Houellebecq. C’est la tête de gondole de l’art contemporain. Il sérigraphiait des billets de banque, sa fausse monnaie a fait de lui un Crésus exténué. C’est le visage du turbo-capitalisme, son plus parfait produit dérivé. Design, sérigraphiable à l’infini et déductible des impôts. François Derivery a montré dans ses livres et ses chroniques combien l’art contemporain est un avatar du néolibéralisme (mais il n’est pas que cela). Sa fonction : légitimer l’univers de la marchandise fétichisée en affectant de la dénoncer (et cela ne change rien à la chose si, en France, on a choisi de fonctionnariser l’artiste. Au final, on a deux formes d’institutionnalisation, par l’État ou par le marché).

     

    L’école du monstrueux ridicule

    Une hypothèse ? Et si l’art contemporain n’était qu’une resucée outrée de la préciosité qui a sévi au XVIIe siècle, dont le grand Molière a recueilli la sottise dans Les femmes savantes, Les précieuses ridicules et L’école des femmes. Il suffit de retourner le primat de l’élégance. Pour le reste, c’est la même surenchère dans le vide et la même esthétique du faux, de l’apprêté et du simulé. À ce compte-là, les acteurs de l’art contemporain seraient les nouveaux Trissotin ; et les plasticiennes et autres bas-bleus les nouvelles Bélise et Philaminte. Au XVIIe siècle, on échangeait des madrigaux grandiloquents et des galanteries au kilomètre, on se pâmait devant la carte de Tendre et les valets jouaient aux petits marquis poudrés. Rien de nouveau sous le soleil. On n’a aboli ni l’affectation ni le maniérisme, mais ils ne s’exercent plus dans les mêmes registres. Le fond de la préciosité, c’était « le retranchement de ces syllabes sales » (Molière). Celui de l’art contemporain, c’est l’ajout de syllabes sales et équivoques. À plus de trois siècles de distance, le sordide et le morbide donnent ainsi la réplique au tendre et au doux. À la panoplie du raffinement, s’est substituée celle du pourrissement ; à celle du rare, celle du banal. Hier, une hystérisation du beau ; aujourd’hui, une hystérisation du laid. Ce qui demeure, c’est l’expression perruquée, superlative et hermétique du vide. « Quel diable de jargon entends-je ici ? » (Gorgibus, le père, incarnation du bon sens dans Les précieuses ridicules). Le précieux s’est fait monstrueux. C’est l’école du monstrueux ridicule. Femmes savantes et hommes pédants. Christine Angot est la nouvelle Mme de Scudéry et Virginie Despentes la nouvelle Mme de Rambouillet. On ne couvre plus ce sein qu’on ne saurait voir, on vous le jette à la figure en exhibant ses tampons hygiéniques usagés. Quant au bourgeois gentilhomme, il n’aspire plus qu’à la bohème : il fait de l’art contemporain sans le savoir. Indémodable Molière, plus neuf aujourd’hui qu’hier et bien moins que demain, en butte aux réincarnations successives de Tartuffe. Ni plus ni moins que Dieudo.

    François-Laurent Balssa (Éléments n° 149, octobre - décembre 2013)
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  • Vladimir Poutine, l'homme de l'année 2013 !...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous une chronique d'Éric Zemmour sur RTL, datée du 24 décembre 2013 et consacrée à Vladimir Poutine et à ses succès politiques de l'année 2013...

     


    Vladimir Poutine, l'homme de l'année 2013 par rtl-fr

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  • Centrafrique : le bourbier ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Bernard Lugan, cueilli sur le site de Boulevard Voltaire et consacré à l'évolution de la situation en Centrafrique...

     

    Bangui.jpg

    Centrafrique : l'inconséquence de François hollande

    Avec les socialistes, nous vivons un éternel recommencement : les moyens militaires sont toujours amputés, le réel n’est jamais pris en compte et les interventions sont décidées au pic des crises… L’exemple de la RCA illustre cette constante. À l’heure où ces lignes sont écrites, la situation y est la suivante :

    1) La France a contre elle la minorité musulmane vivant dans le sud du pays. Instrumentalisée par la Séléka, elle accuse l’armée française de partialité. Quant à la majorité sudiste chrétienne, elle reproche à nos forces soit de ne pas la protéger, soit de ne pas lui permettre de se venger…

    2) Le conflit qui était ethnique au départ devient peu à peu religieux, engerbant, en quelque sorte, les composantes ethniques régionales avec tous les risques internationaux qu’une telle évolution implique.

    3) Une guerre dans la guerre menace, car le contingent tchadien réprime les chrétiens cependant que les contingents issus d’autres parties de l’Afrique matraquent les musulmans…

    L’erreur de François Hollande est triple :

    1) La nécessaire intervention française devait se faire il y a un an quand, avec peu de moyens, il était possible de « traiter » rapidement et efficacement les coupeurs de route de la Séléka. Au contraire, l’Éysée laissa à ces derniers tout loisir de prendre Bangui. Puis, devant l’ampleur des massacres, le chef de l’État ordonna à nos forces d’intervenir. Mais il était bien tard…

    2) Cette décision d’intervenir fut prise au nom de l’humanitaire – comme si l’Élysée craignait d’avoir une approche trop militaire de l’opération –, et sans qu’il ait été tenu compte des réalités ethno-politiques locales. De plus, aucun règlement politique ne fut prévu en dehors d’un mirage électoral pour l’année 2015. Élections qui ne seront d’ailleurs qu’une nouvelle illustration des rapports de force ethniques puisque l’ethno-mathématique électorale montrera ce que tout le monde sait : les ethnies qui composent la Séléka ne représentent qu’environ 5 % de la population du pays. Rien n’aura été réglé pour autant.

    3) Pour cette intervention, nos forces n’ont pas eu d’objectif clair. Entre l’humanitaire et le désarmement des milices, quelle était leur mission ? De plus, comment prétendre rétablir la paix dans un pays plus vaste que la France avec seulement 1 600 hommes dont plusieurs centaines affectés à la garde de l’aéroport ?

    Alors qu’il fallait donner aux militaires les moyens de sidérer l’adversaire et de saturer l’objectif, les chiches moyens qui leur furent alloués ne leur permirent, dans un premier temps, que de lancer des patrouilles, non de quadriller, donc de tenir le terrain, seul moyen d’empêcher les massacres. De plus, au moment où l’opération était lancée, il fallut sécuriser la visite du président Hollande en ramenant l’essentiel des troupes dans le secteur de l’aéroport. Des quartiers qui venaient de voir passer des soldats français et dont la population pensait qu’elle était désormais sauvée furent donc de nouveau le champ d’action des tueurs…

    L’impression d’impuissance a été accentuée par le fait qu’au lieu d’être désarmée – but premier de l’opération –, la Séléka a au contraire bien voulu accepter d’être cantonnée – du moins pour le moment –, mais en conservant ses armes…

    Pour sortir de ce bourbier, il n’y a que trois issues, toutes trois mauvaises :

    1)Un retrait de nos forces ; mais, outre le fait que la France perdrait toute crédibilité, elle serait plus tard accusée d’avoir laissé se commettre un « génocide ».

    2) Le recours à un volapük militaire international permettant à Paris de « diluer » les conséquences de l’opération. Outre le fait que les massacres ne cesseront pas, la France sera, quoi qu’il en soit, considérée comme la vraie responsable d’un éventuel échec.

    3) Le choix d’une option résolument militaire avec envoi de renforts, objectif clairement défini, désignation de l’ennemi et de l’ami, donc emploi de la force contre la Séléka à l’origine du chaos. L’inconvénient de cette option est que les islamistes mondiaux parleront d’une nouvelle « croisade » française contre des musulmans. Par ailleurs, étant donné qu’une grande partie de la force de frappe de la Séléka est composée des Janjawid soudanais de sinistre mémoire, les risques de contagion seront réels.

    Une situation à suivre, en souhaitant un bon Noël à nos soldats.

    Bernard Lugan (Boulevard Voltaire, 25 décembre 2013)

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