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Points de vue - Page 25

  • La gouvernance par l’hystérie...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Nicolas de Lamberterie, cueilli sur Breizh-Info et consacré à la succession frénétique dans la vie publique française de sujets clivants qui viennent hystériser le débat et empêchent d'aborder les questions de fond.

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    La gouvernance par l’hystérie (Israël, Karabagh, Abaya, Ukraine, Covid, Charlie, etc…)

    Appréhender le pays d’où l’on vient lorsqu’on n’y habite plus depuis plusieurs années présente un avantage et une faiblesse : la faiblesse, c’est que l’on est moins au fait de l’ambiance du moment et des réalités du quotidien ; l’avantage, c’est que l’on peut observer certains phénomènes avec distance et procéder à des comparaisons. J’observe désormais la France avec distance – en l’occurrence, depuis la Hongrie (qui, comme tout pays, a ses atouts et ses défauts ; parmi ses qualités : le fait d’être une société calme et sans problèmes chroniques de sécurité).

    La gouvernance par l’hystérie

    J’observe donc avec une acuité encore plus forte (du fait de la comparaison avec la Hongrie) un phénomène que j’appréhende depuis de nombreuses années, et que j’appelle la gouvernance par l’hystérie : une vie publique française rythmée par une succession de sujets clivants (avec un infernal tandem médias-politiques qui chauffe et entretient le sujet jusqu’à épuisement), systématiquement traités avec hystérie, et qui tournent en boucle dans les médias (en particulier sur les chaînes d’information en continu). Les sujets se succèdent frénétiquement, faisant disparaître le sujet précédent. Dieudo, Charlie, Gilets Jaunes, Covid, Ukraine, Abaya, Karabagh, Israël, et j’en oublie surement en route.

    Je parle volontairement de gouvernance par l’hystérie et non de gouvernement, car régulièrement il me semble que ce n’est pas le gouvernement (indépendamment de ce que l’on peut bien en penser) qui met en musique un sujet, mais le mainstream médiatique ou les réseaux sociaux (cela a notamment été le cas suite à la manifestation du Comité du 9 mai à Paris en 2023, qui a suscité plusieurs jours d’hystérie médiatique et a amené le gouvernement à se lancer dans une logique systématique et souvent illégale d’interdiction de rassemblements – y compris dans des lieux privés – de divers groupes de sensibilité identitaire).

    Dans certains cas, il y a des sujets qui clivent plus ou moins faussement deux opinions (exemple : l’abaya), et on organise de vrais-faux débats en évitant bien souvent les problèmes de fond (dans le cas de l’abaya : l’immigration de masse, mais aussi l’abyssal vide identitaire de la France – dont le président actuellement en exercice disait qu’il n’y existe pas de culture française, et qui n’a rien à offrir à une immigration dont l’afflux dans de telles proportions n’a au demeurant jamais été souhaitée ni demandée par les Français).

    Dans d’autres cas, une seule opinion est permise (Israël 2023, Ukraine, Covid), et on saute à pieds joints sur les rares qui sont assez fous (ou parfois calculateurs) pour évoquer une opinion contraire (ou simplement vaguement divergente). Les termes du « débat » sont posés de manière encore plus simple : on a le « choix » entre être inconditionnellement Charlie ou être partisan des assassins des rédacteurs dudit journal ; on a le « choix » entre être favorable inconditionnellement à un pays étranger (Ukraine, Israël), ou bien être partisan de terroristes ayant assassiné des civils et kidnappé des enfants, etc.. Et voilà que les hommes-soja ont soudainement des pulsions de tortionnaires, appelant à éborgner les Gilets Jaunes, à enfermer et torturer les non-vaccinés, ou à dégommer physiquement ceux qui ont un quelconque « Oui, mais » à proférer au sujet du conflit israélo-palestinien.

    Pour caricaturer et rire un peu, je dirais que lorsqu’il y a consensus, BFM et CNews disent la même chose, tandis que, lorsqu’il y a faux débat, BFM et Cnews se contredisent.

    Le masque de l’impuissance

    Ces hystéries successives sont surtout, je pense, le masque de l’impuissance et de la désunion.

    L’impuissance est évidente : nos économies sont exsangues, la France et les pays européens glissent rapidement vers le sous-développement. Tandis qu’il faut des années (voire des décennies) de procédures et de contre-procédures pour faire un rond-point et construire cinq kilomètres de route nationale pour contourner une petite ville en Alsace, dans le même temps, la Chine construit des centaines de kilomètres de TGV à travers des chaînes de montagnes.

    Faute de disposer des moyens (économiques, diplomatiques, militaires, scientifiques) d’agir sur les événements du monde, les pays européens et les institutions censément européennes pondent à tour de bras des résolutions (dois-je rappeler que le Parlement européen s’était indigné il y a quelques années de la situation des personnes LGBT en Ouganda ?), protestent, s’indignent, couinassent.

    Vendredi encore, à Strasbourg, l’opposition centriste (face à la mairie tenue par les Verts) s’émouvait que l’on ait retiré du fronton de la mairie les drapeaux d’Israël, de l’Ukraine et de l’Arménie. Voilà donc à quoi se résume le débat de l’impuissance : mettre ou non des drapeaux sur le fronton de la mairie, comme d’autres mettent des badges et des drapeaux sur leur photo de profil sur les réseaux sociaux. En clair, plus on est impuissant, plus on est hystérique.

    Le masque de la désunion

    Quant à la cohésion du pays, elle n’est plus qu’un souvenir lointain. Et pas que du fait de l’immigration de masse. En 2007, un auteur brillant et méconnu écrivait ceci : « Même s’ils le désiraient, les immigrés ne pourraient pas s’intégrer à une société elle-même désintégrée et qui se définit justement par son impossibilité à se définir. Face au souvenir fier de leurs origines, la modernité libérale ne sait proposer aux individus que le renoncement à toute mémoire collective pour les enfermer dans une solitaire obsession de soi. Face à l’angoissante solitude de l’individualiste noyé dans l’immensité sociale, le communautarisme s’impose donc de lui-même comme l’ultime cadre collectif encore opérant, et ce non seulement aux populations immigrées mais aussi à tous ceux qui sont habités de perpétuer une mémoire et une identité collective. »

    J’ajouterai, à une quinzaine d’années d’intervalle de cette pensée lumineuse, qu’il me semble que les populations issues de l’immigration ont, pour partie, réussi une synthèse entre, d’une part, le nihilisme et la décadence occidentale, et, d’autre part un souvenir exacerbé et totalement hors-sol d’une pseudo-identité islamique, dernier repère pour des générations de paumés ayant souvent grandi dans des familles monoparentales (ce qui serait le cas de 60% des émeutiers appréhendés lors de l’été 2023).

    Le terroriste de l’attentat de Nice du 14 juillet 2016 en est sans doute la synthèse parfaite : nous sommes censés être confrontés à un individu ayant agi au nom d’une croyance religieuse souvent considérée comme assez rigoriste. Peu de gens se souviennent que ce meurtrier, censé donc avoir agi au nom de l’Islam, avait un amant, qui était à l’époque un homme d’âge mûr (presque septuagénaire !). Bien que n’étant pas théologien, je crois pouvoir affirmer avec certitude que ce type de relations n’est pas permis par la religion au nom de laquelle cet individu aurait agi (j’invite tous ceux qui veulent en savoir davantage à prendre connaissance du perturbant témoignage de l’amant du terroriste de Nice).

    Autre symbole de désunion assez frappant : les récentes manifestations pro-Israël n’ont quasiment rassemblé que des juifs (d’après Sarah Saldmann, pas beaucoup de « goys » à la manif), tandis que les manifestations pro-Palestine n’ont quasiment rassemblé que des gens issus de l’immigration musulmane. Le peu d’implication des Français de souche dans ces rassemblements me fait penser à la question amusante posée par le chroniqueur iconoclaste Modeste Schwartz : « Palestine : combien de téléspectateurs pris en otage ? »

    Même si peu de Français de souche se sentent réellement concernés par certains des sujets qui leur sont déversés avec frénésie, ils ne semblent malgré tout plus disposer des outils et de l’élan vital nécessaires pour renverser la table. Le mouvement des Gilets Jaunes, précédé par celui des Bonnets rouges, était assurément rempli d’admirables et sérieuses intentions, mais a hélas été écrasé dans la violence – le tout, dans une indifférence hélas assez générale.

    Pourquoi je préfère refuser les deux minutes de la haine du moment

    Dans le célèbre roman de George Orwell, 1984, chaque jour, les gens sont rassemblés collectivement devant un écran pour « les deux minutes de la haine » : on leur montre le visage de l’ennemi Emmanuel Goldstein (qui en fait n’existe même pas), et, durant deux minutes, la foule se met à hurler et à devenir folle à la simple vue de son visage.

    Aujourd’hui, c’est LFI qui est provisoirement soumise, au sujet du conflit israélo-palestinien, à une vindicte politico-médiatique allant, pour certaines personnalités publiques, jusqu’à appeller à la violence physique à leur endroit. Étant donné que ces gens n’ont jamais manqué d’appeler à la censure (voire au recours à la violence) contre leurs adversaires idéologiques, je ne verserai certes pas la moindre larme de crocodile pour eux (par ailleurs, il est assez évident que ce positionnement leur est avant tout dicté par la volonté de garder leur crédit auprès de leur électorat immigré).

    Je m’épargnerai toutefois de hurler avec la meute, d’une part parce que le mainstream n’a pas besoin de moi pour ce faire, d’autre part parce que ces gens ne sont pas (autant que je sache) aux affaires, et surtout parce que cela ne ferait que (modestement) contribuer à l’idée qu’il est normal de criminaliser hystériquement toute idée divergente. Dès demain, cette hystérie à laquelle on habitue les masses se retournera contre des valeurs auxquelles je crois.

    On remarquera aussi, et la France est à ce titre particulièrement concernée, que ces moments ridicules de délire collectif comblent chaotiquement l’indépassable besoin de religieux. Cela s’est particulièrement vu durant la période Covid, où tout d’un coup des légions de paumés postmodernes se sont soudainement sentis investis de la mission divine de sauver des vies (par exemple en dénonçant leurs voisins qui se réunissaient, ou en brimant les récalcitrants qui portaient leur niqab facial unisexe sous le nez), tout comme d’autres se couchent à plat ventre sur des routes pour empêcher la circulation des automobiles et ainsi sauver le climat et l’humanité.

    Dans les pays de l’Est de l’Europe et du monde post-soviétique, les mesures Covid ont été globalement les mêmes que dans la France de Macron. Et pourtant, elles étaient moins (voire très peu) appliquées dans la vie quotidienne. En effet, ces sociétés se trouvant dans un état de dissolution moins avancées, assez rapidement, la vie et le bon sens (ainsi que la nécessité de travailler pour survivre, en l’absence d’État-providence) ont repris le dessus, les populations évitant aussi bien d’appliquer des mesures absurdes que de se lancer dans un affrontement (considéré sans espoir raisonnable de succès) avec les autorités émettant lesdites mesures absurdes.

    Faute de mieux, il est préférable, pour reprendre le titre de l’ouvrage de Yann Vallerie, de se positionner en sécession (au moins mentale) sur les sujets qui ne nous concernent pas directement. Et également faire (au moins provisoirement) sécession de la masse lorsqu’elle entre en fusion durant ces minutes de la haine qui lui sont déversées par les ondes et les écrans.

    Mais si, face à la folie et à l’intégrisme, il est sans doute sain de faire sécession, il faut aussi essayer de se prémunir du risque de générer une contre-folie ou un contre-intégrisme.

    Les dangers de l’anti-tout et de la « dissidence de la dissidence »

    En complément de ces considérations, j’aimerais évoquer brièvement ce que j’estime être les dangers de l’anti-tout et de l’anti-anti-tout (qu’on pourrait aussi appeler la dissidence de la dissidence).

    L’anti-tout, pour faire simple, concerne les gens qui sont à juste titre en dissidence à l’endroit d’un système politique qui ne les représente plus, les appauvrit, les avilit, les humilie. Mais qui ont le réflexe instinctif de renverser à 180° toutes les affirmations de la propagande déversée sur à peu près tous les sujets. Voici comment je pourrais formuler caricaturalement la chose : « Si LCI dit à longueur de journée que Vladimir Poutine est le Diable, alors je vais investir le personnage de Poutine de toutes les qualités que j’aimerais voir incarnées dans le chef d’État idéal qu’il faudrait à mon pays, bien que je n’aie jamais mis les pieds dans son pays et que je ne parle pas dix mots de sa langue ».

    Les réseaux sociaux ont ceci de dangereux qu’ils enferment très facilement une personne dans ses opinions, pour la faire tourner en boucle dans ce cercle restreint. Si vous vous abonnez uniquement à des pages qui relaient un message correspondant à votre vision du monde, vous allez rapidement vous enfermer dans une pensée unique (fût-elle en dissidence de la pensée dominante).

    Quand on a quelques convictions, on n’a a priori pas vocation à considérer que toutes les idées se valent. Mais le dialogue et la confrontation courtoise avec d’autres points de vue ne devraient pas pour autant cesser, ne serait-ce que pour garder la capacité d’appréhender le réel, même lorsqu’il s’agit d’une réalité à laquelle on veut légitimement échapper.

    Faire sécession, rejeter la folie et l’hystérie, c’est aussi (même quand c’est difficile) essayer de ne pas sombrer dans la contre-hystérie, comme cela a pu s’observer par exemple chez des personnes en souffrance qui étaient en légitime rupture avec la folie des mesures Covid.

    D’autant que cela peut donner un prétexte à certains, censés en principe naviguer dans les eaux troubles mais salutaires de la « dissidence », de changer de cap ou de filer à l’anglaise plus ou moins dignement.

    Tout comme les bourgeois versaillais rechignent à voter RN parce qu’ils ne veulent pas se salir les mains en tenant le même bulletin de vote que les prolos de Hénin-Beaumont, certains dissidents de salon s’efforcent de prendre puis de garder leurs distances (gestes barrière !) avec une opposition qu’ils trouvent soudainement excessive et inacceptable, bien qu’au fond d’eux ils en partagent bon an, mal an, les opinions.

    Que mon propos soit clair : chacun a le droit de changer d’avis avec le temps, ou de stratégie (ou les deux, étant donné que les deux choses sont souvent liées). Je n’attends pas que chacun partage exactement mes priorités du moment, ce serait là une grave erreur et un enfermement terrible (j’ai souvent des échanges animés avec des amis dont les vues diffèrent des miennes, ce qui constitue toujours pour moi une grande source d’enrichissement, de compréhension, et même de corrections de certaines de mes erreurs).

    Pour conclure cette tribune, je voudrais citer l’avant-propos de Mario Fantini, rédacteur en chef de The European Conservative, qui a cru nécessaire de se justifier d’avoir osé faire un entretien avec le député néerlandais Thierry Baudet (autrefois véritable Golden Boy des milieux conservateurs, et désormais assez largement pestiféré par ces mêmes milieux depuis que Baudet s’est opposé radicalement à toutes les mesures de type Covid et Great Reset à partir de 2020), et l’a fait avec des propos d’une grande justesse (mes seules réserves personnelles ayant trait à l’usage des mots « gauche » et « droite ») :

    « La politique, disait Bismarck, est l’art du possible. Mais lorsque nous avons tout perdu et que nous ne sommes autorisés à nous exprimer que dans le petit espace alloué par le courant dominant, il est temps pour la droite de se regrouper et de repenser ses tactiques. Quoi que nous ayons fait au cours des dernières décennies, cela n’a tout simplement pas fonctionné. Serait-ce parce que les conservateurs sont, en fait, plus soucieux d’être acceptés par l’establishment dominant – c’est-à-dire par nos ennemis – que de construire une large coalition pour lui résister ?

    La gauche ne désavoue jamais ses propres radicaux ou leurs idées ; au contraire, elle tente d’intégrer ces idées radicales, précisément parce qu’elle est consciente que les radicaux sont ses troupes de choc les plus efficaces et les plus puissantes. En revanche, les conservateurs repoussent systématiquement tous ceux qui se trouvent à leur droite. Mais pourquoi la peur d’être dénoncés par leurs opposants – y compris les médias grand public – est-elle si répandue chez les conservateurs ? »

    Nicolas de Lamberterie (Breizh-Info, 17 octobre 2023)

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  • La Belgique, un laboratoire de l'islamisme ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Alain Destexhe cueilli sur le Figaro Vox et consacré à l'islamisation de la Belgique. Sénateur honoraire belge, Alain Destexhe est l'ex-secrétaire général de Médecins Sans Frontières.

     

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    Attentat à Bruxelles: «La Belgique est devenue le laboratoire de l'islamisme»

    Après Arras, Bruxelles : personne n'aura été surpris. Débouté du droit d'asile, en séjour illégal, condamné en Tunisie, islamiste radicalisé, connu des services de police, le suspect de l'attentat de Bruxelles n'avait rien à faire sur le sol européen. L'État belge a encore failli.

    La Belgique est confrontée aux mêmes problèmes que la France mais, rapporté à sa population, ils sont d'une bien plus grande ampleur. L'immigration y est plus importante (61 % de la population bruxelloise est d'origine extra-européenne), de même que les naturalisations (40 % des Belges de Bruxelles sont d'origine étrangère). Dans la capitale, il n'y a plus que 23 % de Belges d'origine belge, selon la terminologie de Statbel, l'office national des statistiques. Par rapport à la France, deux fois plus de djihadistes ont rejoint l'État islamique et on se souvient douloureusement du rôle de la cellule de Molenbeek dans les attentats de Paris (2015) et de Bruxelles (2016). Cette ville, supposée être la capitale de l'Europe, est en passe de devenir à majorité musulmane !

    Contrairement à la France, c'est au cœur des grandes villes que se concentre la population musulmane, transformant définitivement la physionomie urbaine. Il y a longtemps que toute forme de politique d'assimilation a été abandonnée, et même l'intégration n'est plus vraiment à l'ordre du jour, remplacée par «l'inclusion» qui implique que chaque communauté fasse le même pas vers l'autre.

    C'est à Bruxelles qu'une première femme voilée, Mahinur Özdemir, a siégé dans un parlement en Europe, un tremplin qui lui a permis récemment de devenir ministre d'Erdogan en Turquie, car les Turcs comme les Marocains ne perdent pas leur nationalité d'origine. L'année dernière, la STIB, l'équivalent de la RATP, a été condamnée pour avoir refusé d'engager une femme portant le hijab. Il est question que les conducteurs de métro puissent porter des signes religieux. Depuis des années, les synagogues et lieux communautaires juifs font l'objet d'une protection spéciale permanente. Dans les quartiers musulmans, le voile est omniprésent, la Shoah n'est plus enseignée depuis belle lurette dans les écoles et «juif» est devenu une insulte générique, sans lien avec la qualité de celui qui la subit. Bruxelles compte désormais plusieurs parlementaires, maires et échevins (adjoints au maire) musulmans qui pratiquent un communautarisme effréné. Les campagnes électorales se déroulent aussi en turc, en arabe ou en ourdou.

    En résumé, en Belgique, toutes les digues de la souveraineté nationale ont cédé face à la pression de l'islam. Les brèches ont été ouvertes par les pouvoirs publics eux-mêmes, surtout à partir de 1999. Pour la première fois, le gouvernement sorti des urnes a proclamé que la Belgique, auparavant francophone, flamande et germanophone, était une société multiculturelle ouverte à tous. Dans un bel enthousiasme et sans opposition, les mesures prises à cette époque ont fait exploser l'immigration, principalement musulmane, et les naturalisations qui ne nécessitaient plus que trois ans de séjour (deux ans pour les réfugiés), sans aucune condition d'intégration, ni même la connaissance d'une des langues nationales. En parallèle, dans un État fédéral faible où les compétences sont morcelées et se chevauchent entre neuf gouvernements, la Belgique est devenue un ventre mou où tous les courants de l'islam se sont implantés, souvent sans contrôle des autorités.

    Dans les années 2000, Bruxelles s'est avérée être une plaque tournante pour la préparation d'attentats terroristes, depuis celui contre le commandant Massoud en Afghanistan en 2001 jusqu'à ceux de 2015 et 2016. Encore davantage qu'en France, politiques, médias et associations ont vécu et vivent encore largement dans le déni des conséquences de cette islamisation progressive, rejetant à «l'extrême droite» et dans l'oubli médiatique, les rares lanceurs d'alerte. Les djihadistes belges de l'État islamique ont même parfois été présentés comme des victimes de la société ! La CEDH, les tribunaux belges et les médias, tous orientés au centre ou à gauche, ont coupé l'herbe sous le pied des maigres velléités politiques de reprendre le contrôle de l'immigration.

    Les réactions aux récents attentats terroristes du Hamas ont montré à quel point la gauche francophone belge était désormais soumise à son électorat musulman. Le PTB, proche de La France Insoumise, a pris parti pour le Hamas. Par une phrase ambiguë, la présidente socialiste de la Chambre des représentants a renvoyé dos à dos le Hamas et Israël en affirmant «Je ne sais pas où qualifier les actes terroristes». Écolo, le second parti à Bruxelles lors des dernières élections régionales, était lui aux abonnés absents. Contrairement à Bart de Wever, le bourgmestre nationaliste flamand d'Anvers, celui de Bruxelles, socialiste, a refusé d'arborer le drapeau israélien sur l'hôtel de ville et a autorisé une manifestation pro-palestinienne où des slogans antisémites ont été scandés. Le seul parti francophone à avoir condamné sans ambiguïté l'attaque terroriste du Hamas est le Mouvement réformateur (MR) proche de Macron et son président George Louis Bouchez, mais il ne représente que 20 % de l'électorat.

    Il en fut de même après l'attentat de cette nuit. Certes, cette fois, le mot terrorisme a été prononcé mais le mot islamisme semble toujours incapable de sortir de la bouche des représentants de la gauche.

    Alain Destexhe (Figaro Vox, 17 octobre 2023)

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  • Action terroriste du Hamas contre Israël : quelles leçons en tirer ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Jean-Yves Le Gallou cueilli sur Polémia et consacré aux lecons à tirer de l'attaque des islamistes du Hamas contre Israël...

    Ancien haut-fonctionnaire, président de la Fondation Polémia, Jean-Yves Le Gallou a, notamment, publié La tyrannie médiatique (Via Romana, 2013),  Immigration : la catastrophe - Que faire ? (Via Romana, 2016), Européen d'abord - Essai sur la préférence de civilisation (Via Romana, 2018) et Manuel de lutte contre la diabolisation (La Nouvelle Librairie, 2020).

     

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    Action terroriste du Hamas contre Israël : quelles leçons en tirer ?

    1– L’action terroriste du Hamas visant des civils israéliens a beau avoir utilisé des moyens modernes (drones, parapentes) elle relève d’un mode opératoire classique dans le monde arabo-musulman, le rezzou, le pillage et l’enlèvement de femmes et enfants. Depuis les batailles du prophète musulman jusqu’aux raids des Touaregs en passant par ceux des pirates barbaresques, rien n’a changé dans l’horrible traitement des mécréants.

    2– Les déclarations complaisantes de La France Insoumise se refusant à condamner clairement une action terroriste de grande ampleur ont choqué, on le comprend, et surpris, on le comprend moins. LFI suit sa base électorale qui se trouve dans les banlieues de l’immigration qui sont globalement solidaires du Hamas comme l’est « la rue arabe » partout dans le monde. Ceux qui ont encouragé ou toléré (le CRIF, le PS, LR, etc.) la venue d’immigrés toujours plus nombreux sont mal placés pour chouiner aujourd’hui : ce sont eux qui ont apporté à l’extrême gauche une base électorale puissante. Et tout cela était théorisé depuis plus de 20 ans.

    3– La vraie question aujourd’hui est de savoir comment éviter d’avoir avec la Seine-Saint-Denis (236 km2) un Gaza (360 km2) aux portes de Paris. Juste pour mémoire, 73 % des nouveau-nés en Île-de-France ne sont vraisemblablement pas d’origine européenne puisqu’ils sont dépistés à la drépanocytose.

    4– Le principe de précaution doit donc conduire à interrompre toute immigration nouvelle et à entreprendre une politique d’éradication des bandes délinquantes. Ce qui suppose de reprendre le pouvoir sur les juges (ce que tente d’ailleurs de faire le gouvernement israélien).

    5– Lors des attentats du Bataclan et de Nice, l’opinion française a été formatée par la propagande autour d’une double réponse : « Pas d’amalgames », « Vous n’aurez pas ma haine ! ». Ceux qui refusaient de rentrer dans ce jeu ont été poursuivis et censurés. Les Israéliens n’ont pas ces pudeurs et ils ont raison. Mais on ne voit pas pourquoi on ne lèverait pas certains interdits idéologiques en France avant qu’il ne soit trop tard.

    6– La réponse israélienne porte un nom : le recours à la force. C’est normal, c’est l’ultima ratio des nations.
    Sans attendre d’être dans une situation critique, les nations européennes devraient utiliser sans tarder un recours proportionné à la force pour stopper l’invasion migratoire. Mieux vaut éliminer des filières de passeurs, arraisonner des bateaux, et expulser des indésirables aujourd’hui qu’avoir à bombarder des immeubles demain.

    7– Ces considérations ne doivent pas interdire de s’interroger sur ce qu’il est convenu d’appeler l’Occident, un ensemble géopolitique dans lequel l’Europe est embarquée sur le porte-bagages des États-Unis, de la Grande Bretagne et d’Israël.
    Un ensemble fragilisé par :

    • une démographie en berne ;
    • des guerres à répétition (Irak, Serbie, Afghanistan, Syrie) ne débouchant pas sur le nation building mais sur l’essaimage de groupes terroristes ;
    • un hédonisme incompatible avec la montée des périls, alors même que les lieux de fêtes sont visés (Bataclan, Rave party du désert du Néguev).

    Les Européens ne s’en sortiront qu’en reprenant conscience de leur identité et en retrouvant les vertus romaines qui ont fait leur force. Une force qui ne doit pas exclure le recours à la force.

    Jean-Yves Le Gallou (Polémia, 10 octobre 2023)

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  • Nagorny-Karabakh : l’union européenne fait le service minimum...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Jean-Claude Rolinat, cueilli sur Eurolibertés et consacré à l'assaut de l'Azerbaïdjan contre la République d’Artsakh. Journaliste, Jean-Claude Rolinat a rédigé les biographies du général Peron (Argentine), du maréchal Mannerheim" (Finlande) et de Ian Smith (Rhodésie), et publié plusieurs ouvrages consacrés à l’histoire contemporaine dont, dernièrement, le Dictionnaire des États éphémères ou disparus de 1900 à nos jours (Dualpha, 2020).

     

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    Nagorny-Karabakh : l’union européenne fait le service minimum

    « Pour l’Azerbaïdjan, le Karabakh est un problème d’amour-propre, pour les Arméniens, c’est une question de vie ou de mort » (Andrei Sakharov, en 1989). 

    Depuis la chute de l’URSS en décembre 1991, et les mauvais partages territoriaux issus de la défunte Union soviétique, toutes les Républiques au début de la période post-communiste, ont connu des tentatives sécessionnistes plus ou moins réussies. En Fédération de Russie même, c’est le Tatarstan et surtout la Tchétchénie qui « ont bougé les oreilles ». Si la première est rentrée dans le rang pacifiquement, il aura fallu deux guerres pour « normaliser » la seconde. Et encore, Poutine a-t-il dû concéder une très grande autonomie au « roitelet » local, Ramzan Kadyrov, que l’on dit au plus mal.

    La Géorgie a récupéré l’Adjarie, qui partait du côté de la Turquie. Mais elle peut faire son deuil, pour l’instant, de l’Ossétie du Sud qui regarde du côté de ses frères séparés du nord, et de l’Abkhazie, deux entités administratives qui se sont proclamées « Etats indépendants ». En fait, ces deux derniers territoires dépendent beaucoup de la Russie pour leur survie, comme la Transnistrie russophone, qui s’est séparée de la Moldavie, alors que cette dernière fut, un temps, tentée de rejoindre la « Mère patrie » roumaine dont elle a été séparée, suite à la deuxième Guerre mondiale. La Moldavie a réglé pacifiquement les revendications irrédentistes de sa minorité Gagaouze – des Turcs christianisés – en lui accordant une large autonomie.

    Un héritage frontalier qui ne passe pas

    L’Ukraine nous offre, avec cette stupide guerre entre deux peuples frères slaves, le triste spectacle d’une profonde querelle de frontières. S‘il est indubitable que la Crimée est majoritairement peuplée de Russes qui ont exprimé leur volonté d’être rattachés à Moscou, la ligne est moins claire dans le Donbass. Justement, les accords de Minsk – non respectés par les Ukrainiens soutenus par les Occidentaux – devaient régler pacifiquement le sort de ces provinces riches en minerais et aux populations mêlées. On attend toujours le référendum d’autodétermination initialement prévu, et on connait la suite qui a été donnée. Angela Merkel s’est même vantée d’avoir parrainé avec Macron, les accords de Minsk pour permettre à la clique de Zelinsky de gagner du temps !…

    L’Azerbaïdjan et l’Arménie, n’ont pas échappé au conflit territorial

    Théoriquement, les États issus de l’URSS devaient garder les frontières identiques à celles qu’ils avaient en son sein. C’est le dogme de « l’intangibilité des frontières » que le droit international prescrivait, comme si ces dernières étaient des « vaches sacrées » ! C’était faire table rase des velléités de peuples à se défaire du carcan stalinien. Ce dernier tyran, pour maintenir un semblant de cohésion dans son vaste Etat multinational, avait appliqué à la lettre la maxime de « diviser pour régner ».

    C’est ainsi que des Arméniens – ceux, justement du Nagorny-Karabakh enclavés en Azerbaïdjan – s’étaient retrouvés « prisonniers » d’un pays musulman, alors que les Azéris de même confession mahométane au sein du Nakitchévan, étaient séparés de leur capitale, Bakou, encastrés eux aussi, dans un territoire étranger, en l’occurrence arménien, jouxtant l’Iran.

    « Pour arranger les choses » si je puis dire, il n’est pas inutile de rappeler que les Arméniens constituent un vieux peuple de religion chrétienne dont l’identité remonte à l’aube des temps, que les Azéris sont sunnites – comme une majorité de Turcs qui les soutiennent –alors que l’Iran est chiite ! Ce démarquage religieux explique en partie, mais pas seulement, le fond du conflit et les jeux d’alliances.

    L’Artsakh proclame son indépendance

    Le 2 septembre 1991, quelques mois avant l’éclatement de l’URSS, le Nagorny-Karabakh proclamait sa souveraineté sous le nom de « République d’Artsakh » (RHK), un nom remontant au Moyen Âge. Le 10 décembre suivant, 99,89% des électeurs se prononçaient en faveur de l’indépendance totale. Aussitôt, la guerre éclatait entre les Azéris et les Arméniens. On assistait, comme en Inde en 1947, à des pogroms et à un vaste transfert de populations. Une petite nation forte de 150 000 âmes s’étalant sur environ 7000 km², arborait son nouveau drapeau aux couleurs arméniennes, rouge, bleu et orange. Pas plus le gouvernement d’Erevan que celui d’aucun autre État, ne reconnaissaient cette RHK, un « État de facto. »

    Si, dans un premier temps, l’armée azérie était bousculée par les troupes régulières de l’Arménie et celles de l’Artsakh, le président Aliev allait prendre sa revanche à l’automne 2020, massivement aidé par la Turquie – usant et abusant de drones et de mercenaires syriens – et, étrangement, par Israël.

    (Sans doute trop content d’avoir un pays musulman reconnaissant son État, et supportant mal, peut-être, la concurrence mémorielle du peuple arménien, victime, lui, aussi, d’un génocide).

    La superficie du Haut Karabakh se réduisait comme peau de chagrin, la population fuyant les territoires conquis par l’ennemi. De 160 000 habitants, les effectifs étaient réduits à 120/140 000 Arméniens. Le pire allait arriver en ce mois de septembre 2023.

    La Russie, empêtrée dans le conflit ukrainien, oublie ses devoirs

    La Russie était l’arbitre. Un contingent de 2000 à 2500 de ses soldats devait jouer le rôle des « casques bleus » aux limites des zones de combat. Un étroit corridor, celui de Latchin, reliait l’Arménie proprement dîte, à l’enclave. Ce modeste et bien fragile cordon ombilical a été coupé lors de la dernière, brève et violente offensive azérie. La Fédération de Russie, préoccupée par son offensive en Ukraine, a « oublié » son alliée arménienne. Pire, le premier ministre arménien Nikol Pachinian, n’a pas envoyé d’aide à ses frères séparés d’Artsakh, contrairement aux deux guerres précédentes. Il s’est dit, toutefois, prêt à accueillir 40 000 réfugiés.

    Pour ces derniers, comme les Pieds Noirs et les Harkis en Algérie, c’est « La valise ou le cercueil » ! Ilham Aliev, le dictateur azéri, a beau dire que son objectif est une « réintégration pacifique des Arméniens », et « une normalisation des relations avec Erevan », le bilan catastrophique de ces derniers jours de combats – 200 tués et 400 blessés selon les autorités de Stépanakert, la petite capitale  de l’Artshak – n’est pas de bonne augure. Que peuvent espérer ces milliers d’Arméniens affamés, sans médicaments ou presque, dont certains lieux de culte ont déjà été saccagés, alors que les négociateurs de l’Azerbaïdjan, rencontrant les leurs à Yevlakh, à l’ouest de Bakou, exigent purement et simplement une restitution des armes et une reddition sans conditions ?

    L’Europe, aux abonnés absents ?

    L’institution bruxelloise, par l’intermédiaire de Charles Michel, son président – à quoi sert-il ? – et Ursula Von der Layen, présidente de la Commission, se sont bien « fendus » d’un communiqué, comme le Quai d’Orsay d’ailleurs, mais à quoi cela sert-il, si c’est pour acheter gaz et pétrole au sieur Aliev, qui finance avec ces énergies sa guerre d’extermination des Arméniens, sous l’œil bienveillant d’Ergogan ? Il est vrai que, contrairement à l’Azerbaïdjan, l’Arménie n’a pas un sous-sol très riche et que, par conséquent, elle n’offre pas les mêmes conditions satisfaisantes pour investir.

    Un pervers jeu d’alliances

    Le sort de l’Arménie se joue en ce moment. La diaspora est, certes, mobilisée. Mais cela suffira-t-il ? Ces gens-là peuvent être très courageux, il n’empêche que sous le nombre et la modernité des armements qui leur font face, ils peuvent succomber. C’est ce qui vient d’arriver à l’enclave. Sera-ce le sort de l’Arménie toute entière demain ? Pachinian a fait un pas de deux en acceptant des manœuvres militaires conjointes avec les États-Unis, ce qui, en pleine guerre d’Ukraine, n’arrange pas ses affaires avec Moscou ! Erreur diplomatique ou tentative de réalignement ? Pour cette capitale, le front arménien était un front secondaire.

    Demain, la Turquie exigera peut-être une continuité territoriale avec l’Azerbaïdjan, via l’enclave azérie du Nakhitchevan, et une bande à la frontière irano/arménienne. Continuité du monde turcophone, de l’espace ottoman ? La Géorgie, bien que chrétienne, n’est pas très favorable à l’Arménie, pays particulièrement enclavé et, compte-tenu qu’elle considère Moscou comme un envahisseur, en occupant l’Ossétie du sud et l’Abkhazie, elle frappe à la porte de l’OTAN, tout comme l’Ukraine. Seul l’Iran des Ayatollahs, adversaire du monde sunnite et… du monde occidental – dont Israël ! -, pourrait, paradoxalement, offrir un poumon à Erevan, capitale de l’un des plus vieux royaumes chrétiens !

    Des milliards pour l’Ukraine, et rien pour l’Arménie ?

    Pour des raisons historiques, pour des raisons morales, nous devons être aux côtés de l’Arménie…

    Si nos contrées réputées riches déversent des milliards pour permettre au gouvernement de Zelinsky d’ajouter « de la guerre à la guerre », n’y en aurait-il pas quelques-uns, à offrir à l’Arménie pour la sortir du pétrin ?

    Jean-Claude Rolinat (Eurolibertés, 7 octobre 2023)

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  • La liberté académique à l'agonie ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Emmanuelle Hénin, professeur de littérature comparée à la Sorbonne, cueilli sur Figaro Vox et consacré aux pressions idéologiques faites sur les universités pour leur interdire de transmettre et développer librement le savoir.

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    «La liberté académique, victime collatérale de l'idéologie à l’université»

    En cette rentrée universitaire, plusieurs conférences se penchent sur la liberté académique. À l'université Versailles Saint-Quentin, une conférence-débat était intitulée «Savoir et censure, où en sont nos libertés académiques ?». À Bordeaux se sont tenues deux journées de tables rondes sur la question : «Engagement et distanciation. Quelle place pour la liberté académique en sciences sociales ?». Cette liberté exigeante, soumise aux critères de la rationalité, est en effet de plus en plus dévoyée et contestée, comme l'ont mis en évidence les récents travaux d'Olivier Beaud et de Nathalie Heinich. Certains chercheurs sont empêchés de l'exercer tandis que d'autres la pervertissent en substituant l'activisme politique à la quête du vrai. Dès 1997, l'Unesco se disait «préoccupée par la vulnérabilité de la communauté universitaire à l'égard des pressions politiques indésirables qui pourraient porter atteinte aux libertés académiques», et jugeait utile de rappeler : «les universités sont des communautés d'érudits qui ont pour mission de préserver et de diffuser le savoir traditionnel et la culture, d'exprimer librement leur opinion à ce sujet et de poursuivre leur quête de la connaissance sans être entravés par des impératifs doctrinaires».

    Ces «pressions indésirables» se multiplient pourtant dans le monde académique. Apparues en Amérique du Nord, elles y ont pris une ampleur sidérante. L'Association américaine d'anthropologie (AAA), reconnue comme la plus grande société savante américaine dans ce domaine, travaillant en partenariat étroit avec plusieurs départements universitaires, vient d'annuler au dernier moment une conférence intitulée : «Let's talk about sex baby» et sous-titrée : «Pourquoi le sexe biologique reste une catégorie d'analyse indispensable en anthropologie». Dans la foulée, l'Association a promis de «s'assurer que de tels débats à propos de la réalité et de l'importance du sexe ne pourront plus être approuvés à l'avenir». En effet, explique le site, l'existence du sexe heurte le premier principe éthique de l'Association : ne pas blesser (do no harm). Quand la vérité blesse, le mensonge est donc le premier devoir du savant, peu importe que l'on offense, que l'on meurtrisse même l'objectivité scientifique puisqu'elle n'a pas de larmes pour pleurer.

    Cet aveuglement se développe aujourd'hui en France, pays qui fut longtemps, pour le monde, celui de la liberté de l'esprit. Là aussi, souvent, la subjectivité prend le pas sur la rationalité, l'affirmation brutale des droits piétine la liberté d'expression et violente la réalité. Depuis un an, tous les colloques et conférences visant à porter un regard scientifique sur le phénomène transgenre ont été annulés ou perturbés, telle la journée d'études du 22 juin dernier où plusieurs juristes de Paris I et Paris II ont essuyé des jets de peinture et de clous. Les activistes se sentent d'autant plus dans leur droit qu'ils obéissent à l'idéologie imposée au sein des départements de sciences humaines par le zèle intolérant des «académo-militants».

    La Sorbonne, censée mettre en valeur et déployer le génie de notre langue, s'attaque à elle. Oubliant qu'elle est au principe de l'esprit et de la liberté, elle ne veut y voir qu’un vecteur d'oppression et concourt ainsi à la dévaluer autant qu'à l'enlaidir. Elle se targue en effet, sur son site, d'adopter «l'écriture égalitaire», ce bégaiement inclusif («les étudiantes et étudiants présentes et présents») fondé sur une pseudo-linguistique qui attribue au langage le pouvoir magique de penser à notre place et de déterminer les faits sociaux. Le même déni de réalité la conduit à promouvoir l'idéologie du genre ; le site insiste sur la nécessité de «lutter contre les stéréotypes de genre», c'est-à-dire contre l'étrange lubie consistant à attribuer aux hommes et aux femmes «des caractéristiques supposées “naturelles”».

    De même, la Mission égalité – qui combat à juste titre toute forme de harcèlement – organise des formations et des spectacles interactifs dont les participants sont invités à se demander «Comment interroger les assignations de genre», ce concept militant soutenant que le sexe est attribué arbitrairement à la naissance, ou à «identifier la confiscation de la prise de parole des femmes» – en Iran ? En Afghanistan ? Non, non : en France, bien sûr. De même, un petit film, chef-d’œuvre de démagogie, a été réalisé pour alerter sur les biais sexistes dans le recrutement des universitaires. Les présidents de tous les comités de sélection sont vivement incités à le projeter avant chaque élection ; peu importe que dans les départements de sciences humaines, la proportion de femmes varie de la moitié aux trois quarts, voire davantage.

    Certaines universités tendent ainsi à renier leur mission pour s'enrôler dans une guerre idéologique, visant à imposer l'idée que les rapports sociaux se résument à la domination des ci-devant «hommes» sur les ci-devant «femmes» et à détruire tous les repères anthropologiques en portant aux nues les hommes enceints et les femmes à pénis après avoir banni les mots «père» et «mère». Comme dans le lexique du Planning familial, les termes «Monsieur» et «Madame» peuvent être considérés comme des injures : pour les avoir prononcés en saluant son jury, un brillant candidat a été saqué au concours d'une grande école, et les cas se multiplient de discrimination pour pensée non conforme. Le simple fait d'organiser un colloque hétérodoxe et de publier dans Le Figaro peut vous valoir un rappel à l'ordre pour infraction à la déontologie, faux nez de l'idéologie.

    La conception du monde qui anime toutes les dérives précitées, le wokisme, est une idéologie en ce qu'elle est essentiellement incohérente : elle croit voir, elle s'aveugle, elle croit émanciper, elle aliène, elle croit libérer, elle censure, elle croit inclure, elle divise. Au lieu de voir le mur auquel aboutit l'impasse post-moderne, elle fonce dedans tête baissée. Les universités ont été créées pour transmettre et faire avancer le savoir, pas pour promouvoir la servitude volontaire. Il est temps que la liberté académique reprenne tous ses droits.

     

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  • Mainmise mondialiste, magouilles, incendies… Sale temps pour la Grèce !

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Françoise Monestier, cueilli sur Polémia et consacré à la situation de la Grèce...

     

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    Mainmise mondialiste, magouilles, incendies… Sale temps pour la Grèce !

    Après les incendies catastrophiques qui ont transformé la Grèce et ses îles en un gigantesque brasier et les inondations qui ont détruit la Thessalie, terre nourricière du pays, Athènes se remet mal d’un été particulièrement cruel qui s’est soldé par une cinquantaine de morts, qu’il s’agisse de victimes des inondations ou des incendies. La gestion de ces deux phénomènes par le gouvernement Mitsotakis a certes été désastreuse, mais il paie surtout l’impéritie socialiste qui l’a précédé. La gauche grecque, qui se remet mal de son échec aux dernières législatives de juin dernier —17 % seulement pour Syriza, le parti de l’ancien Premier ministre Alexis Tsipras qui a choisi de poser le sac comme un certain Jospin en 2002 — tente bien que mal de renaître de ses cendres et attend la Nouvelle Démocratie au coin du bois.

    Un futur Macron grec ?

    À l’issue des élections organisées pour assurer la succession du démissionnaire, un ancien banquier de Goldman Sachs devenu armateur est sorti du chapeau mondialiste. Son nom ? Stephanos Kasselakis, jeune bipède de 35 ans qui a passé plus de vingt ans aux Etats-Unis, s’est engagé en 2008 comme volontaire de la campagne d’un certain sénateur Joe Biden et revendique son attachement à la gauche en ces termes : « Si je n’avais pas travaillé pour le capital, je n’aurais pas compris son arrogance. » Entré chez Goldman Sachs — établissement soupçonné d’avoir aidé la Grèce à camoufler ses montagnes de dettes au moment de son adhésion à la zone euro en 2001 — en 2009 comme analyste financier, Kasselakis devient armateur en 2014. Marié à un infirmier américain, il revendique haut et fort son homosexualité. Figurent dans le programme de celui qui n’a aucune expérience électorale (comme un certain Macron en 2017) la suppression du service militaire, la séparation de l’Église et de l’État et la défense des droits LGBT. Bien que contesté par de vieux militants socialistes, il plait à ceux qui rêvent d’une société grecque à l’heure du wokisme.

    Semblable à un certain Saakachvili, pur produit lui aussi de l’American way of life et éphémère président de Géorgie , l’ex-banquier connaît toutes les ficelles du monde financier et du cosmopolitisme marchand. Mitsotakis a du souci à se faire….

    Magouilles en tous genres

    Ancienne vice-présidente du Parlement européen, la socialiste grecque Eva Kaili déchue à la suite du scandale du Qatargate tente le tout pour le tout : faire annuler la procédure. Fin 2022, alors qu’elle est soupçonnée d’avoir intercédé en faveur du Qatar, une perquisition menée dans son appartement permet la découverte de 150 000 euros en billets de banque et des sommes encore plus importantes chez ses parents et son compagnon, attaché parlementaire du groupe socialiste. Ce système d’échanges en espèces aurait impliqué le Qatar et le Maroc afin d’influencer l’élaboration de la politique européenne. Elle faisait régulièrement les éloges du Qatar, affirmant par exemple que cet émirat « est un chef de file en matière de droit du travail » et que la Coupe du monde de football a provoqué une « transformation historique du pays ». Après plusieurs mois de prison, une assignation à domicile et une exclusion du parti socialiste grec, Eva Kaili retrouve son siège et toute sa superbe. Ses avocats invoquent une immunité parlementaire qui n’a pas été levée en bonne et due forme. Quant aux diplomates qatariotes désignés par la police belge, aucun d’entre eux n’est poursuivi car ils bénéficient tous de l’immunité diplomatique.

    Pendant ce temps, le Parlement européen vient d’adopter une réforme interne visant à durcir les règles éthiques, nouveau cautère sur une jambe de bois, destiné à faire croire que Bruxelles veille au grain.

    Turquie et incendies

    Nombreux sont les Grecs qui accusent à demi-mot Ankara d’avoir souvent joué un rôle dans le déclenchement des incendies en Grèce, en particulier au cours des années 90 qui ont vu de nombreux feux ravager le pays.  Des soupçons confirmés en 2011 par le journaliste turc Enver Aysever qui rapportait dans les colonnes du journal Burgun les confidences d’un ancien ministre de l’Intérieur confirmant que les services secrets turcs auraient été à l’origine d’importants feux de forêts survenus en particulier en Crète et à Rhodes et jamais élucidés. Ces actions auraient été menées dans le but de déstabiliser le gouvernement grec de l’époque, Ankara n’admettant pas qu’Athènes ait donné asile à des membres de la rébellion kurde et n’ait jamais critiqué les terroristes communistes du PKK. Stupeur dans la capitale grecque : le ministre des affaires étrangères de l’époque demande des explications et se fait gentiment renvoyer dans ses buts. Pourtant, les journalistes du quotidien Millyet et du journal Vatan confirment ces rumeurs et affirment qu’un rapport de douze pages sur les incendies a été pondu par les services turcs. Plus de trente ans après les faits, ce rappel a de quoi faire frémir.

    Impéritie du gouvernement

    Le cyclone Daniel a littéralement « noyé » la Grèce centrale. Les conséquences des catastrophes climatiques sur la production agricole du pays sont incalculables puisque que la majeure partie de la plaine de Thessalie (plus de 15% des terres arables du pays) mais également les cultures des villages montagnards de Magnésie ont subi des dégâts importants ou ont été complétement détruites. Autre catastrophe, la majeure partie du cheptel est morte, ce qui aura des conséquences sur la production de viande et des produits et fromagers. Des pénuries alimentaires qui affecteront les producteurs et les consommateurs avec une nouvelle vague d’inflation se profilent à l’horizon, ce qui ne manque pas de rappeler l’époque où la Grèce a connu un début de famine, en 1941/1942 notamment.

    Quant aux incendies, ils ont conduit à la destruction de tout un écosystème plus particulièrement en Thrace dans la région de l’Evros frontalière de la Turquie et nombreux sont les Grecs qui évoquent la responsabilité des migrants dans leur déclenchement. Mais également près d’Athènes et bien sûr à Rhodes. Absence de politique forestière, désarmement de la protection civile, déplacement des services publics, tout a concouru à ce drame qui rappelle d’ailleurs, dans sa gestion par le gouvernement Erdogan, le tremblement de terre survenu en Turquie au printemps dernier.

    Mitsotakis, comme d’ailleurs le président turc avant lui, s’est bien gardé de mettre les pieds dans les zones sinistrées, laissant les autorités locales gérer une situation dramatique. Il a promis le renforcement du rôle de l’armée dans les secours, annoncé que la réserve spéciale consacrée aux incendies serait doublée et évoqué l’instauration d’une taxe sur les hôtels de luxe. Enfin, au grand dam de ses compatriotes, il a déclaré que son gouvernement allait offrir, en 2024, une semaine de vacances gratuites aux touristes qui ont dû écourter leur séjour. Le surinvestissement touristique, en particulier dans l’île d’Aphrodite, explique la gestion désastreuse des feux qui ont détruit plus de 15 % de sa superficie. Président des hôteliers de l’île, le maire de Rhodes a tout misé sur le tourisme et, sur ordre de Bruxelles, a procédé à un regroupement de communes, contraintes de renoncer à une gestion municipale de l’eau confiée à une entreprise privée qui a privilégié son usage au profit des piscines des hôtels et au détriment des villages alentour.

    Ajoutez à cela que, depuis vingt-cinq ans, la gestions des incendies de forêts est aux mains des seuls sapeurs-pompiers au détriment des service forestiers chargés auparavant de l’indispensable prévention et de la maîtrise de ces catastrophes.

    Douze ans d’austérité économique n’ont pas permis au pays de renouveler la flotte des bombardiers d’eau et des hélicoptères de la protection civile. Au moment où l’État grec est touché financièrement de plein fouet par l’eau et le feu, l’agence Morning Star accorde à la dette de l’Hellas la note BBB, lui faisant réintégrer la catégorie des emprunteurs les plus solides. De quoi réjouir l’ancien conseiller de Goldman Sachs qui se verrait bien jouant un rôle majeur dans un proche avenir.

    Françoise Monestier (Polémia, 1er octobre 2023)

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