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Points de vue - Page 157

  • Solidarité stratégique et politiques d’Etat...

    Nous reproduisons ci-dessous un pointe de vue de Christian Harbulot et Didier Julienne cueilli sur Infoguerre et consacré à la question des  la solidarité stratégique. Christian Harbulot dirige l’Ecole de Guerre Economique depuis sa création en 1997, et Didier Julienne dirige un cabinet de stratégie sur les ressources naturelles. 

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    Solidarité stratégique et politiques d’État

    Historiquement, le patriotisme économique est un des éléments structurants de la pensée souverainiste. Il est assimilé aux pratiques protectionnistes et au repli sur soi. Sa formule moderne est plus complexe car elle fait appel à la notion d’intelligence économique offensive et défensive parce que dans la mondialisation des échanges il est devenu nécessaire de tenir compte de jeux d’acteurs aux comportements différents. Ces stratégies prioritaires de conquête de marchés extérieurs sont celles des Etats-Unis depuis 1945, et en Asie, du Japon jusqu’à la fin de l’URSS, de la Corée du Sud à partir des années 60 et enfin de la Chine depuis un quart de siècle. Force est de constater que le patriotisme économique ne couvre qu’une partie de la problématique de la survie ou de l’essor d’un peuple sur un territoire donné.

    Intérêt général et solidarité

    Le progrès et le marché ont dicté la ligne de conduite des sociétés humaines depuis l’ère des révolutions industrielles. Tout au long du XIXe et du XXe siècle, le problème principal a été le développement. Les pays industrialisés étaient le modèle à suivre.  Depuis la chute du mur de Berlin, l’évolution des rapports de force entre les puissances a battu en brèche la croyance en un monde régulé par une mondialisation des échanges bénéfique à tous. Au début du XXIe siècle, des limites sont plus évidentes : la vulnérabilité d’un Etat n’est plus seulement mesurée par ses difficultés à se développer comme c’était le cas lors des débats sur les rapports Nord/Sud. Un Etat peut être menacé par les rapports de force qui existent autour de l’énergie, sur l’accès aux ressources, aux matières premières et à l’eau. Ce sont des sujets quasi permanents de confrontation dans certaines parties du monde. La fragilité du monde actuel et les multiples menaces qui résultent de la confrontation entre différentes forces (puissances, monde financier, firmes multinationales, sociétés civiles) rend l’économie indissociable de la notion de résilience d’un peuple sur un territoire.

    L’intégrité du territoire et la protection des populations ne peuvent plus être considérés comme les deux seules priorités primordiales de la défense de l’Etat de droit. Il serait peut-être utile de réfléchir sur une nouvelle forme de priorité qui renforce la notion d’intérêt général par la solidarité stratégique. Comprenons par solidarité stratégique, des décisions de moyen/long terme pour la préservation du bien commun. Dans le passé, l’Etat s’est construit à partir de ses intérêts vitaux. Dans l’avenir, la seule survie d’une population sur un territoire donné pourra devenir un intérêt vital. Une telle approche dépasse la vision restrictive de la défense économique telle qu’elle a été définie et souligne les imperfections de la définition des intérêts stratégiques validée par la Commission Européenne. Elle sort aussi du périmètre de la pensée souverainiste qui se focalise sur la notion d’indépendance territoriale.

    Au niveau européen, la notion de solidarité stratégique renvoie à la capacité de résilience des Etats membres de l’Union Européenne confrontés non seulement aux crises mais aux limites du progrès (cf. par exemple les effets de la pollution industrielle) et du marché (cf. les risques générés par une situation de dépendance alimentaire ou énergétique).

    Construction des Etats et gestion des rapports de force

    Le principe de solidarité existe depuis des siècles. Sous la monarchie absolue, les provinces riches devaient stocker du blé pour venir en aide aux provinces pauvres en cas d’intempéries, de mauvaises récoltes et de risque de famine. L’enjeu était déjà stratégique pour éviter les jacqueries et les révoltes populaires dans les campagnes. Pour prendre un exemple actuel, l’électricité distribuée dans certains départements français est payée en partie par la contribution de l’Ile de France, donc des citoyens qui vivent sur son sol. Ce principe de solidarité a aussi une dimension stratégique dans la mesure où il contribue au fonctionnement des territoires qui n’ont pas la dynamique économique suffisante pour satisfaire les besoins élémentaires de leurs habitants.

    La prise en compte politique d’un tel concept relève encore du sous-entendu et non d’un corps de doctrine affiché ouvertement. Le débat existe pourtant sur la scène internationale. La province d’Alberta au Canada a affiché des positions de « désolidarisation » en s’enrichissant avec l’exploitation du pétrole et du gaz. Le système de péréquation appliqué par la structure fédérale est un exemple très intéressant de l’application d’un principe qui pourrait être justement assimilé au concept de solidarité stratégique. Certaines provinces comme l’Ontario et le Québec reçoivent de l’argent d’Ottawa depuis des décennies dans le cadre du développement économique ou de la contribution à l’aide des provinces en difficulté. Le gouvernement fédéral est conduit à arbitrer et faire évoluer le système en fonction de paramètres économiques, financiers et fiscaux. Nos Etats se sont construits au fur et à mesure de révoltes, de révolutions ou bien d’évolutions plus pacifiques pour aboutir à des démocraties, des monarchies constitutionnelles, des démocratures, des dictatures.

    Au-dessus de chacune de ces formes d’Etat, il est possible d’identifier des solidarités stratégiques qui sont autant de trajectoires à très long terme auxquelles les administrations et les différents gouvernements qui se succèdent à la tête du pays, ne touchent pas parce qu’elles façonnent la relation particulière entre la population et son concept de nation. Elles sont un prélude à la construction politique et au développement économique d’un pays, elles différencient les Etats les uns des autres, parce qu’elles définissent leurs dépendances, leurs indépendances et leurs interdépendances vis-à-vis notamment de la sécurité, des ressources naturelles, du développement économique, de la santé, de modèle économiques… Elles furent décidées à un instant particulier du pays et la première d’entre-elles est sans aucun doute l’inspiration première de l’Etat, dans sa déclaration des droits de l’homme et du citoyen, dans sa constitution, ou de par la voie tracée dans la matrice idéologique d’un petit livre rouge. En bref, l’évènement intellectuel qui inspire ou conclut, selon les cas, la guerre de libération ou la révolution qui engendra le premier pouvoir en place. Après cette solidarité stratégique intellectuelle et de fondation, viennent des solidarités stratégiques plus tangibles mais qui restent historiques. Depuis l’apparition du pays elles ont été décidées à des moments charnières, fin d’un conflit mondial par exemple. Elles restent peu nombreuses par pays et regroupées en trois familles. Les solidarités stratégiques acquises par un processus de décision par objectif, par accidents et par progrès. Ce processus de décision n’est-il pas par ailleurs différents en fonction des régimes, par exemple entre la dictature et de la démocratie ?

    Solidarité stratégique et nature des régimes

    Dans les pays totalitaires il y a une unique solidarité stratégique, c’est la sécurité. L’étranger y est au mieux un espion et en général un ennemi. Pour atteindre cette solidarité stratégique sécuritaire, celle-ci à une emprise totale sur l’Etat, elle s’y substitue ; sacrifiant tout, elle guide l’ensemble des forces de la nation pour se préserver et atteindre son but. Des services de renseignements jusqu’aux forces militaires, elle rafle les meilleures ressources aux dépens du reste des besoins des populations. Dans le passé, le régime soviétique en fut l’image parce qu’il permettait aux systèmes de forces d’être privilégiés. De nos jours, la Corée du Nord symbolise dans ce registre l’agressivité d’une indépendance nucléaire qui est le pinacle de sa solidarité stratégique sécuritaire déclarée. Secondant la solidarité stratégique de sécurité, et permettant de maintenir sa trajectoire, viennent trois axes de développement de l’État mis en œuvre par des sociétés nationales de manière coordonnée sous forme de plans ou bien désordonnée. Le premier axe concerne à la fois, la doctrine agricole nationale et l’autosuffisance alimentaire. Le deuxième axe porte sur la doctrine énergétique nationale et l’indépendance énergétique. Le troisième axe englobe la doctrine minière et la démarche industrielle nationale outillant les populations. Mais ce ne sont que des utilités, non pas des principes tangibles et durables de solidarités stratégiques qui d’ailleurs n’existent pas dans ces régimes.

    En démocratie, les solidarités stratégiques sont moins apparentes qu’en dictature mais plus nombreuses. C’est ici que la solidarité stratégique d’objectif décrite à l’instant dans la dictature est rejointe par celle de l’accident et celle du progrès.

    • Les objectifs ressemblent aux décisions de l’Etat totalitaire, c’est la décision de l’homme seul qui souhaite une dissuasion nucléaire en France dans les années 60 ou bien la situation exceptionnelle d’après-guerre qui définit un modèle industriel.
    • Les accidents reflètent les soucis du moment : une famine réclame une politique agricole, une pénurie de pétrole exigent une énergie nucléaire, une colonisation conflictuelle au XIXe siècle demande une armée nombreuse, puis lui succède un siècle plus tard une armée professionnelle lorsque la décolonisation est terminée et enfin avons-nous un nouveau changement lorsque l’armée est dans la rue pour contrer la guerre terroriste ?
    • Le progrès apporte des solutions inattendues, c’est la bonne surprise. Par exemple, le progrès dans le traitement des maladies permet d’inscrire une politique sociale et de santé dans le marbre des solidarités stratégiques démocratiques.

     

    La démocratie pilotera les entreprises publiques ou privées chargées des solidarités stratégiques objectifs et les accidents, mais l’Etat démocratique sera opportuniste dans celle du progrès en bénéficiant des initiatives du capital privé et de ses entreprises industrielles et de services démocratie

    À ce stade, employons une métaphore. Si une table nous est nécessaire, l’Etat totalitaire, nous apprendra à nous en passer parce qu’elle n’est pas un élément de la solidarité stratégique. De son côté, il est fort possible que la démocratie demande au capital privé de trouver comment fabriquer cette table ; une fois cet objectif atteint, elle l’inscrira au fronton de ses solidarités stratégiques.

    Comment l’ensemble évolue-t-il ?

    En régime totalitaire comme en démocratie, une fois atteintes, les solidarités stratégiques sont oubliées. Faisant partie du décor étatique, chacun est presque surpris de s’apercevoir qu’elles existaient lorsqu’elles sont remises en cause sans que l’on s’en rende compte. Lorsqu’il touche à la solidarité stratégique de fondation, ce retour sur soi peut provoquer des séismes.  Avons-nous connu de tels évènements en occident en 1968 ? Le PC chinois avait-il atteint un point tel de rupture avant l’arrivée de Xi Jinping, qu’il se soit engagé non seulement dans une course globale contre la corruption (alors que c’est l’une des caractéristiques de la Chine éternelle) mais que le président chinois ait entreprit une fuite identitaire vers l’image de Mao afin de restaurer la solidarité stratégique de fondation de la Chine révolutionnaire ?

    Côté solidarité stratégique sécuritaire, l’atteindre est en général un mythe de Sisyphe. Elle est inatteignable en dictature, car il semble que dans la course à la sécurité et aux armements, la démocratie fait toujours mieux. Dans les démocraties, lorsque la solidarité stratégique sécuritaire est prise en défaut, par exemple lorsqu’un attentat révèle une faillite de l’Etat, il se peut qu’à ce moment-là, la catastrophe affaiblisse puis renverse le pouvoir, voire provoque un profond changement dans la démocratie. Pour les solidarités stratégiques d’accidents et de progrès, si un tsunami bouscule la solidarité stratégique consacrée à l’énergie, que des suicides d’agriculteurs questionnent celle de l’autosuffisance alimentaire, que le chômage de masse remette en cause celle du modèle industriel, que la gestion d’une épidémie affaiblisse celle de la santé, qu’un vote provoque un Brexit, que le réchauffement climatique propulse des énergies renouvelables …, il est probable que la démocratie coupable de ces faillites subisse de profonds changements. En revanche, simplifions en disant que ces mêmes causes n’auront aucun effet en dictature car elles n’affecteront nullement des solidarités stratégiques qui n’y existent pas.

    Allons plus loin. Chacun de son côté s’aperçoit que décider la nature des solidarités stratégiques dans les pays totalitaires, là où un homme seul décide, devrait être un processus plus agile que dans les démocraties. Chez nous, le choix des solidarités stratégiques doit être celui de l’expression de l’intérêt général, mais cristalliser cette expression devient rapidement une illusion lorsqu’il est impossible d’imposer qu’une trajectoire de très long terme survole sans fin les rapides changements politiques démocratiques. En ce sens, la démocratie participative, c’est-à-dire la politique de l’instant présent, est à l’extrême inverse du temps long des solidarités stratégiques.

    Progressons dans le processus de décision. Depuis peu, un élément nouveau bouscule les solidarités stratégiques. La doctrine environnementale visant à réguler le climat et protéger la biodiversité s’impose comme une solidarité stratégique hexogène au lieu d’être le fruit d’un choix endogène. Elle s’impose à tous indistinctement, en démocratie et en dictature, quasiment par décret avec la COP 21, en Chine avec l’arrêt des industries polluantes l’hiver, en France en Angleterre et à Paris lorsque la vente de voiture à essence et diesel est interdite avant même que les sciences et les entreprises disposent sur étagère de voitures électriques bon marché de substitution. Ce phénomène pose une contre-question iconoclaste : puisque nous décidons d’une solidarité stratégique environnementale à la manière d’une dictature sommes-nous toujours une démocratie, et vice versa ?

    Comme le rappelait l’écrivain et pilote Saint-Exupéry « la liberté c’est choisir son maître ». Être indépendant, c’est choisir librement ses dépendances sans en souffrir, donc rester souverains sur ses choix de solidarités stratégiques.

     

    Christian Harbulot et Didier Julienne (Infoguerre, 29 mars 2019)

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  • Quand les dirigeants oublient que c'est le peuple qui est souverain...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Jean-Michel Naulot, cueilli sur Figaro Vox et consacré à la question de la souveraineté du peuple. Ancien membre du Collège de l’Autorité des marchés financiers, Jean-Michel Naulot est l’auteur d’Éviter l’effondrement (Seuil, 2017).

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    Brexit, référendum de 2005...: «Nos dirigeants ont oublié que c’est le peuple qui est souverain»

    Au Royaume-Uni, la démocratie est en crise. Theresa May a fait voter trois fois les parlementaires sur le même texte, comme si un dirigeant politique était libre d’ignorer un vote lorsqu’il ne lui est pas favorable. Les parlementaires eux-mêmes, majoritairement hostiles au Brexit, ont le plus grand mal à accepter le vote populaire de 2016. Enfin, situation surréaliste dans une démocratie, les perdants du Brexit manifestent pour demander l’organisation d’un nouveau référendum. Ne craignant pas de s’ingérer dans les affaires britanniques, le Président français a même été jusqu’à dénoncer récemment les «mensonges» qui avaient permis aux partisans du Brexit de gagner. Qu’auraient dit en France les partisans du oui à Maastricht si les tenants du non avaient exigé de revoter au prétexte que des mensonges avaient été énoncés par les partisans du oui? À l’époque, cette idée n’a traversé l’esprit de personne.

    En France, le référendum de 2005 avait déjà constitué un tournant inquiétant. La manœuvre qui avait consisté à faire adopter par le Parlement français le texte rejeté par le peuple n’avait pas été glorieuse. Elle montrait qu’en France et à Bruxelles, comme aujourd’hui au Royaume-Uni, certains dirigeants ont un peu de mal à accepter le vote populaire lorsqu’il leur est défavorable.

    Au Royaume-Uni, chacun savait, depuis le début des négociations, qu’aucun accord vraiment satisfaisant ne peut être trouvé. L’accord signé en 1998 avec l’Union européenne interdit en effet de rétablir la frontière entre les deux Irlande. La seule manière de résoudre ce problème, c’est le «no deal», à moins de donner un petit coup de canif dans la souveraineté britannique en prévoyant un statut spécial pour l’Irlande du Nord. Le «no deal» a l’avantage, si l’on peut dire, de rétablir la frontière sans que personne n’en assume la responsabilité…

    Lors du Sommet du 10 avril, si certains dirigeants de l’Union européenne étaient tentés d’accorder un long délai aux Britanniques pour négocier un nouvel accord sur le Brexit, avec l’arrière-pensée de laisser le temps aux Britanniques de revenir sur le choix de 2016, ils rendraient un bien mauvais service à la cause européenne et à la démocratie. Mais, dans le climat actuel, on ne peut exclure que certains dirigeants ne soient tentés de prendre prétexte de l’organisation de nouvelles élections britanniques ou de la nécessité d’ouvrir les élections européennes aux Britanniques pour accepter la solution d’un long report du Brexit. Ils confirmeraient alors que les propos tenus par Jean-Claude Juncker au lendemain de l’élection d’Alexis Tsipras - «Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens» - constituent désormais l’ADN de l’analyse politique de certains dirigeants.

    En pleine crise des Gilets jaunes, certaines leçons du Brexit et du référendum de 2005 peuvent d’ores et déjà être tirées en vue des réformes institutionnelles qui suivront le Grand Débat. La revendication d’une plus grande participation des citoyens aux décisions est légitime. Le dispositif organisant le référendum d’initiative partagée doit ainsi être assoupli pour permettre à un nombre significatif de citoyens de soumettre un texte au vote populaire. Cette réforme pourrait être l’occasion d’ajouter deux règles simples au fonctionnement du référendum. Aucun référendum ne devrait pouvoir être organisé sur un texte qui a déjà été soumis à référendum si un délai raisonnable, par exemple cinq ans, ne s’est pas écoulé entre la mise en application de la décision référendaire et le nouveau référendum. Cela pour éviter que l’on ne soit tenté de faire revoter le peuple jusqu’à ce qu’il change d’avis sans avoir préalablement respecté sa décision. Par ailleurs, aucun vote parlementaire ne pourrait défaire ce que le peuple a décidé. Cela, afin d’éviter un véritable déni de démocratie.

    Ces règles vont presque de soi dans une démocratie bien vivante mais, dans le climat des dernières années, elles gagneraient à être écrites. Quant aux traités, ils ne peuvent en aucun cas être opposés à la volonté populaire. Le peuple est souverain. Les traités sont faits pour évoluer. Comme le disait De Gaulle, «Les traités sont comme les jeunes filles et les roses: ça dure ce que ça dure!».

    Le passage de la démocratie représentative à une démocratie semi-directe, amorcé par la Cinquième République en 1958 (référendum) et en 1962 (élection du Président au suffrage universel), exige qu’une place plus importante soit faite à l’expression de la volonté populaire. Mais il exige aussi que de nouvelles règles soient posées pour nous protéger des résistances d’une élite qui a parfois un peu de mal à accepter cette évolution. Un nouvel équilibre doit être trouvé, à moins de prendre le risque d’aller vers une crise démocratique beaucoup plus grave.

    Jean-Michel Naulot (Figaro Vox, 2 avril 2019)

     

     

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  • Le pape François ou l’apologie des migrations...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Benoît Dumoulin cueilli sur le site de L'Incorrect et consacré aux récentes prises de position du pape François en faveur de l'accueil des migrants en Europe.

     

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    Le pape François ou l’apologie des migrations

    Est-ce parce qu’il est issu d’une famille de migrants piémontais installés en Argentine que le pape François prend si à cœur la question migratoire ? Il est vrai que la situation s’est dégradée en Méditerranée où l’on dénombre près de 17 000 personnes décédées depuis 2014. Personne ne peut rester insensible à cette tragédie humaine et accepter que la mare nostrum devienne un cimetière, comme l’avait expliqué le pape devant le Parlement européen en 2014.

    Mais, au Maroc où il s’est rendu les 30 et 31 mars derniers, c’est un discours bien plus politique qu’il a tenu, notamment lors d’une visite d’un centre de la fondation Caritas qui abrite des migrants africains. Dans le prolongement de ses précédentes prises de position, le pape François se fonde sur le pacte de Marrakech approuvé par les représentants de 160 pays en décembre dernier, pour exiger « une migration sûre, ordonnée et régulière » qui profitera aux sociétés des pays d’accueil. Celles-ci « en seront enrichies si elles savent valoriser au mieux la contribution des migrants, en prévenant tout type de discrimination et tout sentiment xénophobe ». L’idée est de pouvoir construire « une société interculturelle et ouverte », avec « des villes accueillantes, plurielles et attentives aux processus interculturels, capables de valoriser la richesse des différences dans la rencontre de l’autre ».

    S’il rappelle « le droit d’émigrer » comme « celui de ne pas être contraint à émigrer », le pape voit avant tout dans l’immigration une source d’enrichissement mutuel. Il n’a probablement pas à l’esprit le déracinement des immigrés ni les difficultés d’intégration qu’engendre une immigration de masse, surtout quand l’immigré porte une culture différente de celle du pays d’accueil. Il s’agit, pour lui, d’une obligation morale qui ne souffre aucun doute. D’ailleurs, il culpabilise ceux qui s’opposent à la pression migratoire, en expliquant qu’ils cèdent à « la peur » qui fait le lit « des populismes » qui, par le passé, ont pu conduire Hitler au pouvoir. On croirait entendre un dignitaire du parti socialiste ; mais non, il s’agit du pape.

    Une donnée principale doit lui échapper, celle du nombre. Engels disait qu’« à partir d’un certain nombre, la quantité devient une qualité ». De fait, s’il est possible d’assimiler des individus ou des familles, la même entreprise devient beaucoup plus problématique avec des masses. Or, le pape néglige la question des équilibres démographiques. Il voit d’ailleurs comme un signe positif la situation minoritaire des chrétiens au Maroc car « notre mission de baptisés, de prêtres, de consacrés, n’est pas déterminée particulièrement par le nombre ou par l’espace que nous occupons ».

    Dans ces conditions, pourrons-nous toujours rester chrétien demain en Europe si l’on accueille autant de migrants musulmans qui gardent leur culture et forment des poches de contre-sociétés au cœur du monde occidental ? Quelle « culture de la rencontre » pour les « petits blancs » obligés de quitter leur quartier pour ne pas subir la pression de l’islam, majoritaire dans certains pans du territoire ?

    Pour celui qui considère l’Europe comme « une grand-mère fatiguée » (discours au Parlement européen, novembre 2014) et se méfie de l’invocation des racines chrétiennes qui peuvent porter en elle des relents de « colonialisme » (La Croix, interview du 19 mai 2016), « l’Europe a été formée par les mouvements migratoires et c’est sa richesse », comme il l’affirme lors de la conférence de presse tenue dans l’avion qui le ramenait du Maroc.

    Pas étonnant, dès lors, qu’il prône le multiculturalisme puisqu’il ne voit aucun socle culturel commun qui unifie l’Europe. C’est peut-être là l’omission la plus grave. Certes, l’Europe est, à bien des égards, une société post-chrétienne qui a renié son héritage chrétien mais celui-ci reste ancré au cœur de sa culture. Que la culture chrétienne n’intéresse pas le saint Père, voilà qui est particulièrement préoccupant !

    Car si le christianisme est avant tout une relation personnelle à Dieu, il s’enracine aussi dans une culture qui forme un socle commun permettant à tous de pouvoir échanger et se comprendre quelles que soit sa religion. Si ce socle commun disparaissait sous la poussée de l’islam, nos sociétés deviendraient éclatées et ce serait probablement la fin de la civilisation européenne qui a porté le christianisme au cours de son histoire pendant plus de deux mille ans. Est-ce cela que souhaite le pape argentin ?

    Benoît Dumoulin (L'Incorrect, 5 avril 2019)

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  • Quand l’État organise lui-même sa submersion migratoire...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Etienne Lahyre, cueilli sur Polémia et consacré à la délirante politique d'immigration de l'Etat. Haut-fonctionnaire, Etienne Lahyre est un énarque dissident, contributeur habituel de Boulevard Voltaire.

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    « Mineurs isolés » : l’État organise lui-même sa submersion migratoire

    C’est le 16 juillet 1971 que tout a commencé. Le père de la constitution de la cinquième république mort depuis plus de six mois, on pouvait commencer à danser sur son cadavre.

    Bal tragique rue de Montpensier : une morte, la Constitution de la Cinquième République

    De la promulgation de la constitution jusqu’au début des années 1970, le Conseil constitutionnel s’en tenait à la lettre et à l’esprit des institutions gaulliennes : sa principale mission se bornait à garantir la constitutionnalité des lois. Il était, pour le Général de Gaulle, un outil parmi d’autres, contribuant à la « rationalisation » du parlementarisme. Ces parlementaires dont de Gaulle s’était toujours méfié. Il était hors de question pour le Conseil d’envisager une seule seconde de déboulonner la statue du commandeur.

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  • Pourquoi la technologie n’avance plus...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue cueilli sur Rage et consacré à l'étrange ralentissement du progrès technique. Rage est un site culturel se réclamant d'une esthétique euro-occidentale de droite. Vous pouvez découvrir l'entretien donné à l'OJIM par l'un des animateurs du site : Rage, un nouveau site jeune et anti conformiste

     

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    Pourquoi la technologie n’avance plus

    Pour un amoureux de technologie, les cinquante dernières années ressemblent à une longue et ennuyeuse traversée d’un océan de fades innovations incrémentales, magnifiées par un marketing inventif mais incapables de transformer nos vies.

    Nos véhicules dépendent toujours du pétrole, nos réacteurs nucléaires reprennent les concepts des prototypes des années 1950 et l’agriculture s’embourbe entre marketing de la peur et OGM gadgets. Nos foyers bénéficient du confort des années 60, l’électroménager a peu changé, les robots censés nous libérer des corvées sont tout juste capables d’assurer un service minimum d’entretien des sols en conditions standard. Les technologies numériques semblaient échapper au phénomène, du moins jusqu’en 2010 pour les ordinateurs et 2015 pour les téléphones portables. Les futurologues qui ont bercé notre enfance n’ont pas anticipé la phase de timidité technologique que nous subissons.

    Comment expliquer ce ralentissement du progrès technique ? Ce n’est pas une crise de la méthode scientifique, comme le clament les relativistes. Quand la recherche est libérée de toute contrainte, le progrès peut reprendre son rythme normal et défier les diagnostics des déclinistes. Sans la volonté de génies visionnaires comme Elon Musk et He Jiankui, la voiture électrique serait encore un objet de curiosité et les bébés génétiquement améliorés, un pur fantasme de science-fiction. Les quantités sans précédent de publications scientifiques et de dépôts de brevets, l’augmentation de l’effort de recherche, publique comme privée, devraient générer des ruptures technologiques bien plus fréquentes. Quelque chose cloche, non pas dans la doctrine de la science, mais dans la société qui finance et encadre l’activité scientifique.

    Cette situation perd de son mystère à la lumière de l’analyse archéofuturiste. La coïncidence de l’inhibition de notre force prométhéenne et de la perte de nos repères anthropologiques ne peut être fortuite. Si la science patine, c’est que la société n’est plus capable d’offrir à l’animal humain européen les conditions de son épanouissement. Pour défendre cette thèse, je vais m’appuyer en grande partie sur un article publié dans Quillette par Hans Peter Dietz, professeur d’obstétrique et de gynécologie à l’Université de Sydney.

    À force de nous spécialiser nous devenons plus vulnérables… et c’est la mort

    La raison d’être des civilisations est la résolution de problèmes. Elles seules sont capables de former et d’entretenir des spécialistes de plus en plus performants et de les regrouper dans des organisations. L’accumulation de compétences et de moyens d’action au sein des organisations améliore leur efficacité, mais au-delà d’un certain seuil de spécialisation des agents et d’accumulation d’effectifs, l’inertie de l’ensemble finit par réduire son rendement. Concrètement, les fonctions de contrôle et de régulation deviennent trop efficaces et trop envahissantes pour laisser les fonctions d’exécution travailler ; c’est la masse critique paralysante.

    Les grandes organisations, que ce soient les administrations, les entreprises et les ONG, sont toutes affectées par ce phénomène. Pour sortir de cette impasse, les libéraux proposent une recette simple : la privatisation/externalisation. Le New Space (Space X, Blue Origin) peut apparaître comme un exemple réussi d’externalisation d’une activité entravée par la lourdeur bureaucratique, mais cette solution est illusoire si l’entreprise privée qui reçoit le marché a elle aussi dépassé sa masse critique paralysante. Les résultats lamentables de la privatisation de la fourniture en eau potable en France (augmentation du montant des factures et baisse du niveau de service ) illustrent parfaitement l’impasse d’une simple libéralisation. Confier un service gérable par une petite entité locale à une grande organisation multinationale n’apporte pas les gains de productivité attendus, même dans le cadre d’une privatisation.

    Les laboratoires de recherche occidentaux ont atteint depuis bien longtemps leur masse critique paralysante. Conscients du problème, les technocrates se sont inspirés du secteur privé et ont imposé la recette faussement éprouvée de la privatisation/externalisation. Des laboratoires regorgeant de physiciens et de techniciens de maintenance sont contraints, par contrat, de faire appel à des entreprises de prestation de services pour installer de simples prises de courant. Surcoûts, retards et malfaçons viennent ralentir le travail des chercheurs.

    En Europe les fonctionnaires ont rivalisé d’imagination pour inventer un système particulièrement lourd. Depuis le début des années 80, les laboratoires ne reçoivent plus qu’une partie de leur budget. Pour obtenir le reste, ils sont contraints, sous prétexte d’interdisciplinarité et de lien avec la société civile, de déposer des demandes de financement dans le cadre de projets. Ces derniers sont analysés et sélectionnés par leurs pairs, le tout étant validé par les bureaucrates d’agences comme l’ANR .

    À ses début, le système des appels à projets aboutissait à l’acceptation de plus de la moitié des dossiers, mais avec le temps, il a sans surprise atteint sa masse critique paralysante et les chercheurs doivent aujourd’hui déposer une dizaine de dossiers pour obtenir un financement. Le temps qu’ils consacrent à préparer, suivre et évaluer des projets est délirant. J’ai moi-même dû subir ce processus de sélection dans le cadre d’un projet de recherche collaboratif public-privé. La rédaction de ma part du dossier m’a occupé pendant trois mois. Ces projets de recherche encadrés sont par la force des choses à court terme (5 ans maximum, plutôt 3 en pratique), marginalisant de fait la recherche fondamentale aux résultats plus aléatoires mais dont le potentiel disruptif est incommensurablement supérieur.

    Pour briser la paralysie des institutions, il convient de leur rendre une dimension humaine en les divisant en sous-unités autonomes avec des effectifs inférieurs au nombre de Dunbar. La gestion ascendante doit être la norme, pas l’exception. Même de grandes organisations comme Toyota sont parvenues à introduire avec succès la gestion ascendante locale : près de 700 000 idées sont adoptées chaque année par l’entreprise. Initier la même démarche dans la recherche paraît encore plus simple et prometteur que dans l’industrie. Les chefs (ou les comités de direction) des laboratoires recevraient des budgets garantis sur des périodes longues (5 ans minimum), une large autonomie dans leurs thématiques de recherche, leur management (y compris le recrutement), leurs investissements et leurs politiques coopérations avec d’autres laboratoires, le secteur privé et les échelons administratifs. L’évaluation se ferait à la fin de la période de financement, sur leurs réalisations concrètes (publications, brevets, problèmes résolus). Les scientifiques sont des gens intelligents et autonomes. Ils n’ont pas besoin d’une superstructure qui vérifie leurs faits et gestes (comme leurs dépenses de fournitures), ils sont déjà jugés par la qualité de leurs publications ou l’expertise qu’ils apportent directement à la collectivité.

    La rupture de l’équilibre entre les valeurs masculines et féminines

    Le second frein est la « féminisation » de la société. Dans les États occidentaux modernes, les valeurs de la troisième vague du féminisme (aversion au risque, culte de la victime, inclusivité) dominent les valeurs masculines (performance, prise de risques, hiérarchie). Cette idéologie politique s’est introduite dans les sciences via la superstructure bureaucratique. Largement féminisée, elle s’inscrit dans le cadre des effets de la masse critique paralysante.

    Les grandes découvertes impliquent de grandes prises de risques. Pasteur serait aujourd’hui jeté en prison, ou au mieux, traîné devant un comité d’éthique soucieux de protéger les virus et les bactéries. Le torrent d’indignation qui a sanctionné les exploits de He Jiankui est symptomatique d’une société qui a peur de résoudre ses problèmes (l’inégalité génétique face au QI et aux maladies), confortablement installée dans l’immobilisme et la victimisation.

    Après avoir ravagé l’éducation, l’obsession de l’inclusivité s’attaque maintenant aux laboratoires et aux universités. Le recrutement est conditionné à l’allégeance du candidat à l’idéologie dominante (marxisme culturel) ou à son appartenance à une minorité sexuelle ou raciale. En Australie, les universitaires hommes cisgenres blancs hétérosexuels sont contraints de rédiger des « déclarations de diversité » dans lesquels ils doivent rapporter leurs actions passées en faveur des femmes, des LGBT et des non-blancs. À la baisse du niveau de recrutement dénoncé par Alessandro Strumia viennent s’ajouter des activités de militantisme inclusifs obligatoires et chronophages. Cette politique est en tous points comparable à la science prolétarienne imposée en URSS sous le règne de Lyssenko. Ces échecs cuisants sont autant d’alertes pour l’avenir de la science occidentale.

    Pour liquider ces entraves, nous devons libérer la recherche de toute tentative de profilage idéologique, sexuel ou racial du recrutement. Seules les qualités scientifiques des chercheurs et techniciens doivent rentrer en ligne de compte. Le principe de précaution doit être aboli et les laboratoires protégés efficacement des activistes. La destruction d’équipement et de matériel de recherche doit être très durement sanctionnée, tout autant que doivent l’être les campagnes de diffamation. L’asymétrie entre le discours prudent et réaliste des scientifiques et les déclarations hystérisantes des anti-sciences doit être combattue en exigeant des preuves de danger (on ne milite pas sur des hypothèses) et en sanctionnant les discours fallacieux. La fraude scientifique, comme les falsifications de Pr Federico Infascelli, doit faire l’objet de sanctions exemplaires, comme un bannissement à vie de toute activité de recherche et d’enseignement. Dans l’éducation, les valeurs masculines de rigueur, de travail et de discipline doivent reprendre une place centrale, car ce sont des facteurs de performance incontestables, à l’inverse des délires comme la lutte contre le « racisme institutionnel ».

    La science n’est plus qu’un instrument de gestion du stress social

    Les humains, comme tous les animaux sociaux, tolèrent un niveau limité de stress social. Nos sociétés occidentales modernes, qui regroupent des millions d’individus génétiquement et culturellement diversifiés, imposent à leurs citoyens un niveau de stress social trop élevé. Pour ne pas s’effondrer sous le poids de ces divisions internes, elles sont contraintes de consacrer une part grandissante de leurs moyens financiers et humains pour acheter la paix sociale via des mécanismes de redistribution fiscaux, des quotas ethniques et des actions de communication inclusive.

    De ces efforts pour contenir le stress social émerge un mélange étrange de libre-échange mâtiné de normalisations frénétiques, de militantisme d’État LGBTQQ soutenant activement la bigoterie islamique au nom de la convergence des luttes, et d’État-providence soutenant l’immigrationisme absolu. L’idéologie du vivre-ensemble est creuse, sans esthétique, sans volonté commune, incapable de s’inscrire dans le temps long. Elle n’a d’autre but que sa survie au jour le jour. L’absence d’activation des chaînes de conduction du stress l’empêche de mobiliser les masses dans la résolution de ses problèmes collectifs, ce qui ne l’empêche pas d’aligner de vaines promesses de lendemains qui chantent.

    L’idéologie du vivre-ensemble ne supporte pas la critique. Toute contestation de ses dogmes est sanctionnée par la mort sociale, le licenciement (Alessandro Strumia suspendu du CERN, James Damore licencié de Google) et la censure dans les outils de communication numériques (Génération Identitaire exclu des réseaux sociaux). Cette politique du bouc émissaire est indispensable pour maintenir la société en équilibre, car non seulement elle brise la résistance de la majorité européenne, mais surtout, elle soude des minorités qui n’ont fondamentalement rien en commun.

    Dans de telles conditions, la paralysie de la recherche n’a rien d’étonnant : elle n’est plus qu’un instrument de gestion du stress social. Cette situation est particulièrement flagrante dans la recherche agronomique et énergétique. L’ADEME produit des rapports aisément débunkables, mais conformes aux promesses populistes d’un monde sans nucléaire et sans énergies fossiles. L’INRA n’est plus quant à elle qu’une centrale de promotion de l’agriculture biologique, ratant par la même occasion la révolution de l’agriculture écologiquement intensive.

    Une société stable

    La force des Européens est notre capacité à nous remettre en cause, à analyser nos erreurs, à renverser les vieilles traditions et les idées reçues. La société du vivre-ensemble, handicapée par son instabilité fondamentale, dépend de l’uniformité idéologique de surface. Dans ce cadre, nos qualités naturelles n’ont plus d’espace pour s’exprimer, car elles contredisent le software qui soutient à grand peine la société. L’analyse archéofuturiste amène à soutenir le modèle inverse : une société doit bénéficier d’une stabilité fondamentale et hardware, d’une identité, et ensuite seulement elle pourra supporter la conflictualité idéologique et spirituelle au niveau software, d’où elle puisera son dynamisme.

    Répartir l’humanité en unités homogènes concurrentes ne sera en rien un frein au progrès. Dans son livre « De l’inégalité parmi les sociétés », Jared Diamond explique le retard technologique et industriel de la Chine à partir du 16ème siècle par un excès d’unité politique en Asie. Sans État concurrent (les seules puissances susceptibles de la bousculer, le Japon et la Corée, avaient choisi l’isolationnisme total après la guerre de 1592-1598), l’État impérial chinois, sous l’influence des eunuques, a fait le choix de maximiser sa stabilité interne (55 minorités ethniques doivent cohabiter au sein de la Chine contemporaine) au détriment de son dynamisme économique et technologique. À la même époque, l’Europe était divisée en une dizaine de nations concurrentes soumises à une rude compétition militaire et économique, qui interdisait toute politique d’isolement et de statu quo technologique. Le projet mondialiste censé libérer la croissance et l’innovation place l’Occident dans la situation de la Chine du 17ème siècle. Géant bedonnant, castré, l’Occident est confortablement étourdi dans son espace de confort mental. Espérons que nous n’ayons pas à attendre un sac du Palais d’Été pour nous réveiller.

    Techno-prêtre Liet-Kynes (Rage, 28 mars 2019)

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  • Ces frontières qu’on n’attendait plus…

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Hervé Juvin, cueilli sur son site personnel et consacré au retour des frontières.

    Économiste de formation, vice-président de Géopragma, Hervé Juvin est notamment l'auteur de deux essais essentiels, Le renversement du monde (Gallimard, 2010) et La grande séparation - Pour une écologie des civilisations (Gallimard, 2013). Candidat aux élections européennes sur la liste du Rassemblement national, il a publié récemment un manifeste intitulé France, le moment politique (Rocher, 2018).

    Alpes_Génération identitaire.jpg

    Ces frontières qu’on n’attendait plus

    Des peuples en quête de liberté, des Nations en quête de sécurité, redécouvrent la vertu de la frontière. Elle sépare de l’extérieur, elle unit à l’intérieur. Elle assure la liberté de mouvement dans le territoire qu’elle contrôle. Sans elle, pas de liberté politique, pas de souveraineté nationale, et pas de démocratie. Nous n’en sommes plus à « L’éloge des Frontières » (1) nous en sommes à l’urgence de définir, renforcer et défendre nos frontières nationales et européennes.

    Le temps de la séparation

    Barrières, murs, fossés, partout s’élèvent, se construisent ou se creusent, partout l’idéologie de l’ouverture, de la mobilité infinie et de l’unité planétaire bat en retraite, et partout vient le temps de la séparation. La frontière est la figure du monde de demain, un monde qui ne ressemble pas à ce qui nous était annoncé. Et tant pis pour qui répète les clichés hérités des années 1990, du temps où la « fin de l’histoire », le modèle de «  l’open society » et la berceuse du multiculturalisme s’enseignaient partout, de l’ENA au festival de Cannes.

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