Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Points de vue - Page 160

  • Les salauds...

    Nous reproduisons ci-dessous un texte court et incisif de Xavier Eman qui nous rappelle, sur son site A moy que chault !, qui sont les vrais salauds...

     

    Salauds.jpg

    Les salauds

    Au nom de la « tolérance », du « vivre ensemble » et de l'utopie mondialiste du « village global » :

    Ils ont nié les maux liés à la submersion migratoire et la souffrance des autochtones face à celle-ci, ils récoltent le communautarisme social des riches et les ratonnades des pauvres acculés par la peur et le désespoir...

    Ils ont insulté les patriotes et les nationalistes politiques, ils récoltent des générations de pleutres frustrés, dévorés d'aigreur et de ressentiment, prêts à la haine la plus aveugle à la première occasion « légitimée » et sans risque...

    Ils ont nié les peuples, ils récoltent le sous-tribalisme des quartiers, des cités, des bandes et des ghettos...

    Ils ont nié le mot race, ils récoltent les prémisses de la guerre ethnique...

    Ils ont nié l'attachement à la terre, à l'histoire, à la culture, ils récoltent les exilés fiscaux et les migrants économiques...

    Ils ont nié a transcendance, ils récoltent les drogués de la consommation, les toxicos de l'avoir, les shootés au pognon...

    Ils ont nié la transmission et la recherche de la vérité historique, ils récoltent des troupeaux d'incultes et d'illettrés, de crétins diplômés, d'ignares prétentieux exposés à n'importe quelle manipulation plus ou moins habile (aujourd'hui la leur, mais demain?)...

    Ils ont nié l'intimité et la sacralité d'éros, ils récoltent des hordes de clébards qui ne jouissent que sur écran et baisent moins que leurs grand-parents...

    Ils ont nié la différence et la complémentarité des sexes, ils récoltent des armadas de célibataires névrosés, de familles décomposées et d'ados « Drag Queen » défilant une plume dans le cul sous les applaudissements de vieilles salopes libidineuses...

    Ils ont nié l'inégalité des talents et des mérites, ils récoltent le népotisme bourgeois, le copinage et l'endogamie des privilégiés..

     

    Ce sont des destructeurs, Des semeurs de haine. Des faiseurs de guerres.

     

    Xavier Eman (A moy que chault !, 27 août 2018)

    Lien permanent Catégories : Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • Quand la langue française se communautarise...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous une chronique d'Edouard Chanot sur Radio Sputnik, datée du 23 août 2018 et consacrée à la communatarisation de la langue française...

     

                                              

    Lien permanent Catégories : Multimédia, Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • Le droit moral supranational contre l'Etat de droit...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Jacques Billard, cueilli sur Causeur et consacré à la nouvelle argumentation "juridique" développée par les lobbies immigrationnistes de gauche en faveur de l'accord des immigrés clandestins...

    migrants_Ceuta.jpg

    Ça vient de sortir: l’accueil obligatoire des « errants »

    Après avoir longtemps enseigné que le droit n’était qu’une superstructure au service de la classe dominante pour soumettre les classes exploitées, voilà maintenant que la gauche marxiste ou post-marxiste retourne sa veste et utilise le droit comme arme principale pour contraindre l’adversaire, adversaire qui n’est plus la bourgeoisie, mais l’État.

    La nouvelle stratégie consiste donc à réclamer une loi afin qu’en la respectant, l’État devienne l’instrument de sa propre destruction. La France est déjà l’un des pays qui produit le plus de lois, notamment morales, quoiqu’elle soit également le pays où les lois sont le moins respectées. Exemple de loi morale récente (2016) : il faut protéger les prostituées, on n’interdit pas la prostitution. Mais il faut y mettre fin : on interdit l’achat « des services sexuels ». Le résultat, qui était prévisible, est désastreux, comme toujours lorsqu’il s’agit de lois morales. Le Parlement qui vote ces lois sait très bien que beaucoup d’entre elles sont nuisibles, mais il faut les voter pour satisfaire une opinion publique travaillée par les médias.

    Protéger les « passeurs d’humanité »

    On peut voir un bon exemple de ce mécanisme de préparation de l’opinion publique dans une intervention récente du philosophe Étienne Balibar publiée par Le Monde. Il y réclame, au bénéfice des migrants, renommés « errants », une réglementation internationale calquée sur la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, « obligeant les États » – entendez ceux de l’Union européenne et surtout la France. Obligeant à quoi ? À accueillir les « errants » ? Oui, mais… non. Pas à accueillir, mais à respecter les droits des « errants » à n’être pas refoulés. Saluons ici l’artiste dans sa maîtrise rhétorique et l’on comprend qu’à ce niveau de compétence les universités américaines l’aient déjà coopté !

    Ce n’est pas tout. Accueillir les « errants », mais aussi protéger ceux qui les aident et qu’on appelle maintenant les « passeurs d’humanité ». Grandiloquence ! On se demande bien de qui il peut s’agir, surtout dans un discours prononcé dans la vallée de la Roya. Cédric Herrou ?

    Ce n’est toujours pas tout, car le droit d’émigrer ne doit pas s’opposer à un autre droit tout aussi essentiel, celui du « droit au retour ». Car la défense des « errants » ne doit pas faire passer au second plan la défense des Palestiniens de Gaza, qui doivent pouvoir rentrer chez eux, en Israël.

    Tour de passe-passe 

    Et puis il faut veiller à rester subtil, faute de quoi on risque de se faire démasquer. D’où la dose d’amphigouri : il s’agit d’un droit « de » l’hospitalité et non d’un droit « à » l’hospitalité, de sorte que l’obligation d’accueillir soit une conséquence de principes humanitaires universellement reconnus, du moins chez nous. On ne demande donc pas directement d’accueillir, ce qui serait rejeté par les populations, mais d’adopter un droit dont les conséquences seraient l’accueil. Puisque vous êtes d’accord pour A et que A entraîne B, alors vous êtes d’accord pour B. Voilà une bonne stratégie, toute syllogistique, pour détruire les démocraties libérales en retournant contre elles les principes sur lesquels elles sont construites.

    Nos marxistes continuent donc leur combat non plus par la lutte des classes devenue impossible, mais en utilisant les points faibles de l’État de droit : l’autorité de la loi et le respect des droits de l’homme. Le monde islamiste l’avait déjà bien compris qui exige des démocraties libérales ce qu’elles doivent donner en vertu de ses lois, mais que lui-même doit refuser en vertu des siennes. D’où l’islamo-gauchisme où islamistes et marxistes se retrouvent dans un adversaire commun alors qu’ils sont, idéologiquement, à l’opposé l’un de l’autre.

    Droit moral, mode d’emploi

    Mais revenons au texte du Monde, exemplaire dans sa manœuvre, par le moyen utilisé. Ce moyen, c’est le droit fondé sur le sentiment moral. Suivons l’argumentation.

    1. Éveil du sentiment moral par la mise en avant de la souffrance individuelle. Voilà qui appelle une loi. C’est ainsi que la morale se substitue à la politique. Car qui peut accepter la souffrance ? Qui peut refuser de venir la soulager ?
    2. Un tour de passe-passe concernant l’État. On en fait une entité indépendante, sans lien avec le suffrage universel. Or, justement, ce ne sont pas les États qui renâclent à propos de l’immigration, mais les peuples ! Les États, eux, seraient plutôt favorables à une immigration massive, à la fois pour la maîtrise des salaires et pour apporter une solution aux questions démographiques. Les peuples sont en revanche plutôt réticents à une telle immigration, surtout lorsqu’elle est massivement islamique, apportant d’autres us et coutumes. Mais de cela, pas un mot.
    3. Pas un mot non plus sur le phénomène lui-même de la migration, ici renommé, subtilement, « errance ». Il y a dans l’humanité, nous explique-t-on, une partie errante. Pourtant, il est facile de se rendre compte que ces personnes n’errent pas du tout. Elles savent d’où elles viennent et où elles veulent aller, jusqu’à refuser d’être débarquées dans un pays qui n’est pas celui qu’elles souhaitent. Et elles ne sont pas des apatrides (problème qu’il fallait résoudre par la Déclaration de 1948).
    4. Pas un mot non plus sur les États d’origine, lesquels, généralement, refusent de reprendre leurs propres nationaux. Ni non plus sur les guerres qui sévissent dans ces pays. Il nous est simplement commandé de faire les frais des Seigneurs de guerre, massacreurs de populations des pays africains ou du Proche Orient. Ni non plus sur les dommages que cette migration cause à certains pays d’émigration. Ni non plus sur les stratégies migratoires ou fantasmes de conquête par le déferlement migratoire qu’il est pourtant facile de percevoir derrière tous ces mouvements.
    1. Dernière étape : la culpabilisation des populations des pays d’accueil, auxquelles on va reprocher de ne pas respecter la dignité et la sécurité des « errants »: l’article parle d’ « un droit de l’hospitalité, dont le principe est que les errants (et ceux qui leur portent secours) peuvent obliger l’État ‘souverain’ lui-même, de façon que leur dignité et leur sécurité ne soient pas, comme aujourd’hui, systématiquement foulées aux pieds. »

    Je dis ça, je dis rien

    On croyait qu’en Europe, tout au moins, cette question ne se posait pas. Dans nos pays, qui sont des États de droit, les migrants sont traités conformément aux lois républicaines et démocratiques. Ils sont défendus par des associations qui ne sont nullement interdites et sont correctement entendus par des juges qui peuvent contraindre l’administration, ce dont, par ailleurs, ils ne se privent pas. En fait, la manœuvre consiste à laisser entendre que la souffrance des migrants est moins le fait des pays traversés, comme la Libye, mais bien de la France ou de l’Italie qui ne font rien pour les en sortir. Nous sommes ainsi coupables des exactions libyennes, aussi est-ce à nous de réparer ces souffrances.

    On notera au passage que le mot souverain est entre guillemets, pour laisser entendre que les États sont abusivement souverains. Mais sans vraiment le dire, car c’est une telle contre-vérité qu’il serait alors facile de le voir. Les États sont évidemment souverains, d’une souveraineté qui, chez nous, leur a été déléguée par un vote constitutionnel des peuples. Mais si on le disait, on verrait aussitôt qu’aucune loi supranationale n’a de valeur supérieure à la décision nationale et la manœuvre tournerait court. Or la loi supranationale vise à empêcher l’expression démocratique pour imposer aux peuples des mesures dont ils ne veulent pas. Elle ne sert qu’à cela.

    Les experts présidents

    Laissons là cette intervention bien relayée par le journal Le Monde pour remarquer que le droit évolue spontanément vers une forme de pouvoir confiée à des experts. Toujours. Le professeur Balibar, premier de la classe, reçu premier à l’agrégation, ne manque pas de saluer au passage un autre expert, Jacques Rancière, reçu second à cette même agrégation. À eux deux, à eux tous, on n’a plus besoin du suffrage universel. Les experts sont là, et veillent à tout pour nous. Voici le Conseil constitutionnel qui tente de donner un sens normatif à la « fraternité ». Voici le Comité des droits de l’homme de l’ONU qui reproche à la France ses décisions dans l’affaire Baby Loup.

    Le droit supranational ? C’est la fin de la démocratie puisque les lois les plus importantes n’émanent plus du peuple, mais des experts. C’est aussi la fin de la République, car rien n’est plus dangereux pour les libertés que ces lois morales.

    Mais lorsqu’on n’est plus en république (État de droit) à fondement démocratique (suffrage universel), on est en… théocratie – car c’est l’une ou l’autre – et ces experts ne sont guère plus que les grands prêtres inspirés.

    Jacques Billard (Causeur, 27 août 2018)

     

    Lien permanent Catégories : Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • L'Europe en "multicrise"...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Richard Dessens, cueilli sur Eurolibertés et consacré à la crise de l'Europe politique... Docteur en droit et professeur en classes préparatoires, Richard Dessens a notamment publié La démocratie travestie par les mots (L'Æncre, 2010), Henri Rochefort ou la véritable liberté de la presse (Dualpha, 2017) et La démocratie interdite (Dualpha, 2018).

     

    Europe en multicrise.jpg

    L'Europe en "multicrise"

    La mondialisation heureuse des idéologues du bonheur universel et surtout paradis de la haute finance elle aussi apatride, est en berne. L’euphorie du début des années quatre-vingt triomphantes prend fin progressivement depuis les premières années du XXIe siècle. Le cycle fou trentenaire s’est heurté aux réalités politiques, humaines, écologiques et morales qui remettent en cause de manière encore ténue et peu visible les diktats du tout économique. Si la puissance divinisée des GAFA et de leurs nouvelles sœurs chinoises est encore évidente, on ne peut plus aujourd’hui parier sur leur pérennité tant leur fragilité est désormais palpable malgré les apparences. Géants aux pieds d’argile.

    La chute de l’URSS, la domination monopolistique des USA, unique gendarme du monde dans les années quatre-vingt-dix, puis le 11 septembre, puis la crise économique de 2008, le terrorisme, la très inquiétante puissance chinoise tentaculaire, les grandes migrations, les mutations climatiques, tout concourt à remodeler un nouveau monde, de nouveaux équilibres précaires – car les équilibres ne sont que des déséquilibres provisoirement stabilisés –, de nouvelles valeurs ou tout du moins un rejet des valeurs droit-de-l’hommiennes et économiques qui dirigent le monde occidental depuis 1945. Nous assistons aux troubles générateurs d’un nouvel ordre mondial, qui risque de voir s’affronter un jour la Chine et l’Asie au reste du monde.

    Dans ce bouleversement insidieux d’un ancien monde onirique auquel s’accrochent encore nos élites, l’Europe confirme son effacement en réalité commencé après la Seconde Guerre mondiale. Le fol espoir de l’Union européenne n’a fait que renforcer, contrairement à toute sa logique économique, sa disparition d’un leadership international. Empêtrée dans un apparent progrès fait d’entêtement dans ses erreurs d’appréciation, l’Europe vit toujours dans les conséquences de la IIe Guerre mondiale et dans sa course pour rattraper une mondialisation… qui est déjà en train de tourner la page dans ses formes actuelles. L’Europe a encore une fois une guerre de retard et en porte les terribles stigmates.

    Crises politique, économique, morale, humaine, sont le quotidien de cette Europe dévastée par son « Union » idéologique déconnectée des nouvelles réalités mondiales. Incohérence de ses membres, chocs de valeurs contradictoires, replâtrages de façade, absence d’unité politique à l’international. Même sa « puissance » économique qui en fait, sur le papier, le premier PIB mondial, ne signifie rien et ne produit aucun impact sur son rayonnement international. L’Europe est un astre éphémère éteint avec lequel les véritables puissances souveraines peuvent jouer à leur gré : USA, Chine, Russie, pour des motifs et intérêts d’ailleurs différents.

    Les partisans du « plus d’Europe » pensent donc avoir trouvé la solution, sans tenir compte du fait que leurs « valeurs » et leur idéologie trouvent de moins en moins d’écho dans la volonté des peuples européens, et sans admettre que les seules puissances qui peuvent survivre sont celles dotées de la souveraineté et d’un sentiment fort d’appartenance à une histoire et à une culture propres. Tout ce qui constitue donc cette « identité » rejetée, voire soigneusement détruite depuis des décennies, par nos élites dont les velléités cosmopolites généreuses sont déjà dépassées, après avoir tant affaibli les peuples européens.

    Coincée entre le sillage américain, auquel adhèrent encore la grande majorité des États européens, et ses atermoiements ambigus avec la Russie, l’Europe ne sait plus à quel saint se vouer, puisqu’elle a perdu depuis déjà longtemps son identité propre. L’Europe a besoin économiquement de la Russie mais la déteste politiquement. L’Europe a besoin des USA économiquement et militairement mais déteste Trump, mis dans le même sac que Poutine. Ces positions amènent à des politiques incompréhensibles, contradictoires souvent, en ordre dispersé toujours, qui font de l’Europe un partenaire sans aucune fiabilité pour des États sérieux et sûrs de leurs intérêts. Quant à la France, à l’Angleterre ou à l’Allemagne, seules puissances économiques encore identifiables, la condescendance amusée de la Chine, de la Russie ou des USA est à peine camouflée derrière les sourires de façade et le respect de principe dû à quelques vieilles dames à la gloire passée. Il n’y a plus que M. Macron pour faire croire qu’il est important. Affligeant.

    Richard Dessens (EuroLibertés, 13 août 2018)

    Lien permanent Catégories : Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • Retour sur ces années-là...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous les meilleurs moments de l’émission “Cette année là”, diffusée sur TV Libertés. Patrick Lusinchi et les journalistes du magazine Eléments reviennent sur les événements culturels marquants des dernières décennies.

    Au programme,

    - 1973, le livre de Robert PaxtonLa France de Vichy”,

    - 1975, le film “Dupont Lajoie” d’Yves Boisset,

    - 1977, la chanson “Lily” de Pierre Perret,

    - 1981, le livre “L’idéologie française” de Bernard Henri Lévy,

    - 2008, le livre de Sylvain GouguenheimAristote au Mont st Michel”.

     

     

                                    

    Lien permanent Catégories : Multimédia, Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • En finir avec la russophobie pavlovienne...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Joachim Imad cueilli sur Figaro vox et consacré à la russophobie maladive qui sévit en Occident. Dernier épisode en date : utilisant les "analyses" d'une officine de  désinformation, EU Disinfo Lab,  partiellement financée par les réseaux Soros,  nos russophobes obsessionnels ont voulu voir la main de Moscou dans le fort retentissement de l'affaire Benalla sur les réseaux sociaux. Une affirmation tellement grotesque que même les Décodeurs du journal Le Monde ont tenu à la démonter...

     

    Russophobie.jpg

    «Bots russes» dans l'affaire Benalla : en finir avec la russophobie pavlovienne

    Dans «The Manchurian Candidate», chef-d'œuvre du réalisateur américain John Frankenheimer sorti en 1962, des experts soviétiques élaborent une machination sournoise pour déstabiliser les États-Unis et y faire triompher l'idéologie communiste. Ceux-ci prennent en otage Raymond Shaw, un soldat américain combattant en Corée, et recourent à l'hypnose et aux drogues afin de le conditionner et de l'inciter à assassiner le président américain. Ce film est profondément révélateur de la paranoïa anti-russe qui sévit alors dans une Amérique tout juste sortie de l'épisode de la chasse aux sorcières sous le sénateur McCarthy.

    Malgré le tournant historique de la fin de la guerre froide, les angoisses liées à la Russie persistent et l'époque tend à se prendre pour une autre. Dans le discours dominant, la Russie est ainsi très souvent présentée comme une puissance tentaculaire, toujours encline à conspirer contre des démocraties occidentales fragiles et fatiguées. La question des prétendues ingérences de Moscou se pose continuellement et les accusations sont légion: soutien à Donald Trump, contribution à la victoire du Brexit et à la montée des velléités indépendantistes en Catalogne, interférence dans la campagne présidentielle française en défaveur d'Emmanuel Macron, etc. À la suite de la publication d'une étude par l'ONG EU DisinfoLab, l'emballement autour de l'affaire Benalla a même été cette semaine imputé à l'activisme numérique de la Russie et d'une «sphère russophile» désireuse de gonfler artificiellement la polémique. Toutes les turpitudes qui frappent les élites occidentales et l'ordre néolibéral seraient ainsi la conséquence de manœuvres russes particulièrement sournoises.

    Il ne s'agit pas évidemment d'être naïf et de nier l'existence de réseaux d'influences russes en Europe ou aux États-Unis. Cela serait d'autant plus absurde que toutes les grandes puissances s'appuient sur leur soft power pour défendre leurs intérêts vitaux à l'étranger et recourent pour cela à des procédés divers. Le problème n'est pas là.

    Il réside tout d'abord dans le fait que les accusations pavloviennes envers la Russie sont souvent malhonnêtes. La capacité d'influence de la Russie, et plus largement sa puissance, sont en permanence surévaluées par les élites occidentales. Celles-ci font fi de toutes les limites de la Russie: budget militaire près de dix fois inférieur à celui de l'OTAN, déclin démographique, économie insuffisamment diversifiée et trop dépendante des hydrocarbures, etc. La Russie n'a ni les ambitions impérialistes qu'on lui prête trop souvent, ni les moyens de ces ambitions. Elle pratique plutôt une politique de défense de ses intérêts dans son voisinage et se veut une puissance d'équilibre dans l'ordre international actuel. D'autres pays vont par ailleurs bien plus loin qu'elle dans l'ingérence à l'étranger, dès lors qu'ils jugent que la direction prise par tel ou tel gouvernement est contraire à leurs intérêts, et ne reculent devant rien, pas même devant le droit international. Les exemples de l'invasion de l'Irak et du renversement de Kadhafi en Libye l'ont bien montré. Mais la force du deux poids deux mesures est telle que les élites occidentales sont plus enclines à fermer les yeux sur certains pays que sur la Russie.

    Si l'on s'arrête par exemple sur la dernière campagne présidentielle américaine, il est raisonnable de penser que la Russie avait intérêt à ce que Donald Trump l'emporte. Son projet d'approfondir et de pacifier les relations russo-américaines contrastait drastiquement avec l'hostilité manifestée par Hillary Clinton à l'encontre de Moscou. Certains réseaux russes ont certes œuvré en faveur de la victoire du candidat républicain mais cela n'a eu qu'une incidence infime sur le résultat final. Rien qui justifiait en tout cas le poids politico-médiatique que l'affaire a pris. Comme le note le chercheur François-Bernard Huyghe, la seule conséquence de la diffusion de supposées «fake news» anti-Clinton a été de conforter dans leur intention de vote des électeurs qui étaient de toute manière déjà en rupture avec l'establishment américain et la candidate démocrate.

    Dans le cas de l'affaire Benalla, les réactions de certains hommes politiques accusant la Russie, à l'image du groupe de centre droit «Agir», ont été tellement virulentes que EU DisinfoLab, l'ONG belge à l'origine de l'affaire, a tenu dans une étude définitive à nuancer ses conclusions initiales et à expliquer qu'il n'y avait pas de preuve d'une ingérence organisée.

    Dans des situations si confuses, la stratégie d'accuser le Kremlin de tous les maux qui minent les «démocraties libérales» est extrêmement dangereuse. Cette propension vise souvent, par le recours à une grille d'analyse du réel bien commode, à absoudre les élites de leurs torts et à éviter que l'on s'interroge sur les conséquences des choix politiques faits par celles-ci au cours des dernières années. Le Brexit découle par exemple de problèmes très profonds et inhérents à la société britannique et à la structure de l'Union européenne: paupérisation de la classe moyenne et mécontentement face aux inégalités, insécurité culturelle et désarroi face à l'immigration, volonté de retrouver une indépendance politique dans une nation construite autour de la souveraineté du Parlement, etc. L'expliquer à travers le prisme des manœuvres russes, c'est faire preuve d'une malhonnêteté confondante.

    Cette russophobie primaire pose enfin un dernier problème majeur dès lors qu'elle justifie que l'on s'attaque à nouveau à une liberté d'expression déjà fortement fragilisée en France depuis quarante ans. La proposition de loi sur les fausses nouvelles prévoit par exemple, dans son troisième article, de permettre au Conseil supérieur de l'audiovisuel de sanctionner, notamment à coups de retraits de licences, les médias étrangers qui pratiquent la «désinformation». Il est évident que cette mesure n'a pas pour cible al-Jazeera mais bien RT et Radio Sputnik, c'est-à-dire des médias subventionnés par le Kremlin avec qui Emmanuel Macron a un contentieux personnel. Le président français les accuse en effet d'avoir comploté afin d'enrayer son ascension au pouvoir. Ainsi, à cause d'une paranoïa anti-russe et au nom d'un concept de «fake news» aux contours extrêmement flous, c'est à l'édifice permettant le débat démocratique et l'exercice des libertés fondamentales que l'on s'attaque. Alors même que le réel ne se laisse jamais saisir à travers un angle unique, des désaccords sur des faits et sur leur interprétation servent de prétexte au pouvoir en place pour incriminer une vision du monde ou pour disqualifier un adversaire idéologique. La politique est ainsi réduite à une lutte entre le camp du vrai, le fameux «cercle de la raison» d'Alain Minc, et des foules manipulées, par Moscou et plus largement par les populistes, et coupables de mal voter.

    Ce dernier point est fondamental car la russophobie presque systématique qui se manifeste aujourd'hui en Occident nous raconte ce qu'est devenue la politique: un affrontement manichéen entre l'humanité et ses ennemis. Parer la Russie des attributs du mal dans sa forme chimiquement pure revient à nier à la fois l'essence de la politique et le fait que la tension entre le bien et le mal se manifeste de façon universelle. C'est peut-être d'ailleurs le penseur russe, Alexandre Soljenitsyne, qui retranscrit le mieux les dangers de cette dérive dans son œuvre L'archipel du Goulag: «Peu à peu, j'ai découvert que la ligne de partage entre le bien et le mal ne sépare ni les États ni les classes ni les partis, mais qu'elle traverse le cœur de chaque homme et de toute l'humanité.»

    Ceux qui nient la complexité du monde, par inquiétude sincère sur l'avenir du libéralisme dans leurs sociétés ou par incapacité à supporter le fait que la Russie se soit relevée de la dislocation de l'URSS, ne servent donc pas le débat démocratique qu'ils prétendent aimer. Ils l'empêchent et contribuent par conséquent à rendre le réel plus obscur.

    En 1991, le conseiller diplomatique de Gorbatchev, Gueorgui Arbatov avait mis en garde les Occidentaux avec la prédiction suivante: «Nous allons vous rendre le pire des services, nous allons vous priver d'ennemi!». Arbatov s'est trompé. L'ennemi russe est encore là. Le complotisme l'est aussi, et pas toujours là où on l'attend.

    Joachim Imad (Figaro Vox, 9 août 2018)

    Lien permanent Catégories : Points de vue 0 commentaire Pin it!