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Points de vue - Page 131

  • Silences coupables et mensonges...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Pierre Boisguilbert, cueilli sur Polémia et consacré à l'attentat islamiste qui a fait quatre mort au sein de la Préfecture de police de Paris et à son traitement journalistique.

     

     

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    Attentat à la préfecture de police : silences coupables et mensonges

    « Les pires ennemis de la liberté d’expression sont devenus les journalistes. » Cette sentence de Jean-Yves Le Gallou pourrait être complétée après la tuerie de la préfecture de police par : « Ils sont aussi les pires ennemis de la vérité. » Pendant plus de deux jours, sur toutes les chaines d’info, dans un suivisme servile du ministère de l’Intérieur du préfet de police et de la porte-parole du gouvernement Sibeth, on a tout fait pour expliquer qu’une conversion à l’islam ne voulait rien dire, qu’être musulman ne signifiait pas être radicalisé et qu’il ne fallait donc pas faire d’amalgames. Ceux-là même qui s’indignaient de présumés rétentions d’informations sur l’accident industriel de Rouen redoutaient toute information contraire à leur idéologie. Le devoir d’informer est passé une fois de plus derrière le Journalistiquement Correct. Une fois de trop, sans doute, car ce qui s’est passé donne raison à Eric Zemmour et pourrait lui éviter, d’extrême justesse, le bûcher médiatique.

    Un féminicide terroriste

    Marié à une Marocaine, l’informaticien Mickaël Harpon, 45 ans, était agent administratif au très sensible département du Renseignement à la préfecture de police depuis 2003. Et cela, selon les premiers éléments de l’enquête, malgré plusieurs alertes sur une possible radicalisation après sa conversion à l’islam, qui remonte tout de même à 2008. Son geste est prémédité puisqu’il s’est procuré un couteau en céramique de 33 centimètres de long. A-t-il privilégié les cibles féminines, dont sa supérieure hiérarchique ? L’enquête le dira mais c’est fort possible. On verra alors si les militantes vent debout contre les féminicides montent cette fois au front et dénoncent pour les femmes l’extrême dangerosité d’une lecture radicale du Coran…

    Quant au terroriste, toujours présumé, il était idéologiquement « intouchable » puisque antillais, noir, musulman et handicapé. Le signaler était plus que courageux car c’était s’exposer en une seule fois à être accusé de racisme, d’islamophobies et de discrimination vis à vis des malentendants. C’est pourquoi, bien sûr, les alertes n’ont pas été concrétisées.

    Alors que tout le monde sait depuis des années que les Français des Antilles et de La Réunion (voir les frénétiques frères Clain, « émirs » de l’Etat islamique en Syrie) sont très ciblés en métropole par les salafistes qui jouent sur les frustrations pour les amener à l’islam en instrumentalisant les discriminations réelles ou ressenties dont ils seraient victimes.

    On savait, on n’a rien fait

    Le Parisien donne des détails accablants. Mickaël Harpon, chargé de la maintenance des ordinateurs du millier de fonctionnaires du renseignement parisien, avait accès à des informations ultrasensibles, entre autres celles en lien… avec l’islam radical ! Il disposait d’une habilitation secret-défense, situation qui impose pourtant une enquête administrative approfondie. « Il disposait notamment des adresses de chaque fonctionnaire », s’inquiète aussi un policier qui se souvient sans doute du drame de Flamanville où un couple de policiers fut égorgé devant son domicile. Ces quatre dernières années, le comportement de ce fonctionnaire avait « plusieurs fois attiré l’attention » mais rien n’a été fait. Et le pire est arrivé.

    Le ver est dans le fruit, c’est sûr. Castaner a menti ou alors a révélé une incroyable incompétence. C’est le déni de trop. Les journalistes sont embarrassés et cachent leur mauvaise foi en prétextant du respect de l’instruction — qu’ils foulent au pied quand ça les arranges. Le pouvoir démontre qu’il est tétanisé face à l’islamisme.

    Les Français ne sont pas protégés contre les ennemis de l’intérieur — la preuve par la préfecture de police. Il faut agir, sinon un drame similaire peut se produire dans une caserne… ou à bord de notre unique porte-avions, le Charles De Gaulle, déjà gangrené par des problèmes de drogue fourni par certains matelots venus des « quartiers ».

    Ils ne pourront plus dire en tout cas qu’ils ne savaient pas. Ils savent, bien sûr, mais ne veulent pas admettre pour ne pas donner raison à ceux qui voient clair depuis des lustres et que l’on veut bâillonner. Ils ont plus peur de la vérité que du terrorisme, car la vérité les condamne aux yeux de plus en plus de Français.

    Pierre Boisguilbert (Polémia, 6 octobre 2019)

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  • La démocratie ne souffre pas d’un trop-plein de débats, mais de leur rareté...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Olivier Babeau, cueilli sur Figaro Vox et consacré à la réduction progressive de la liberté d'expression. Agrégé d'économie, Olivier Babeau est professeur à l'université de Bordeaux.

     

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    Olivier Babeau: «La démocratie ne souffre pas d’un trop-plein de débats, mais de leur rareté»

    J’avais appris dans mon enfance à considérer la liberté d’expression comme une évidence. Les cours d’histoire nous faisaient découvrir avec stupeur, et non sans quelques frissons, les bûchers du Moyen Âge, le procès de Galilée, les purges totalitaires. Des milliers d’années où avaient dominé, sous une forme ou une autre, des systèmes par lesquels les propositions déviantes étaient interdites, souvent éliminées en même temps que ceux qui avaient osé les formuler. On nous apprenait combien il était formidable de vivre à une époque où plus personne ne pouvait imposer le silence au nom de ses croyances et imposer par la violence son interprétation de la vérité. Une époque où l’on respectait toutes les opinions, pourvu qu’elles acceptent de respecter les autres, et où il n’était pas nécessaire d’être d’accord sur tout pour daigner se parler.

    Nos enfants n’auront pas la même chance. La liberté d’expression, comme la démocratie qui en dépend, risque de n’avoir été qu’une parenthèse bien courte. Le mécanisme est le même depuis des millénaires. Un groupe minoritaire développe une idéologie qu’il parvient à imposer au reste de la société. Cette idéologie définit précisément ce qui peut être dit et ce qui doit être tu. Dans un premier temps elle profite de la tolérance générale pour s’exprimer, dans un second elle disqualifie tout discours déviant, affirmant peu à peu une prétention à détenir le monopole de la vérité. Elle a son clergé, son vocabulaire, ses tabous, ses tribunaux et ses potences.

    Dans Coming apart, le politologue Charles Murray décrit la nouvelle forme de ségrégation sociale qui isole les élites politiques, économiques et intellectuelles aux États-Unis et leur permet de développer une bulle sociale où l’idéologie du puritanisme progressiste est hégémonique. Tous issus des mêmes universités et lieux de formation, ce groupe de milliardaires a les moyens d’étendre son emprise grâce aux entreprises qu’ils contrôlent. Il s’agit aujourd’hui de la plus puissante force de diffusion de la bien-pensance contemporaine. Outre-Atlantique, ce courant fait d’incroyables progrès. Il faut visionner les vidéos sur les dérives de l’Evergreen State College pour comprendre comment le progressisme, dans sa version la plus extrême, impose physiquement le silence à tous ceux qui osent questionner l’orthodoxie ou même ne professent pas le catéchisme du moment avec assez de zèle. Tout est fait pour réduire la moindre interaction sociale au schéma obsessionnel du rapport entre oppresseurs et victimes, chacun appartenant à l’un ou l’autre camp en fonction de sa race, de ses préférences sexuelles ou de son sexe. Les universités devraient être ce lieu surplombant de la société où sont montrées avec courage les ambiguïtés du réel, elles se transforment en camps de rééducation idéologique. Elles devraient être les temples de la rationalité et de la confrontation scientifique, elles deviennent les gardiennes d’un projet politique.

    Les bulles cognitives créées par les réseaux sociaux aidant, toute la société est contaminée. Nous devenons hypersensibles aux divergences d’opinions désormais perçues comme des violences. Elles sont ainsi de moins en moins supportables. John Cleese, le mémorable acteur du groupe des Monthy Python, témoignait en 2016 de son exaspération face à la chape du politiquement correct qui étouffe l’humour. Tout se passe, souligne-t-il, comme si la société voulait nous protéger de toute émotion inconfortable. Il rapporte la phrase d’un psychiatre londonien qui lui a livré une explication éclairante de ce besoin nouveau: «si les gens ne peuvent pas contrôler leurs propres émotions, alors ils doivent essayer de commencer à contrôler le comportement des autres.»

    Nous riions hier des «enfers» des bibliothèques, ces lieux où l’on cachait les ouvrages interdits. Ils ont été rouverts. Tous les livres ne sont plus bons à lire. Plusieurs écoles de Barcelone ont supprimé 200 livres de leur collection, soit un tiers de leur catalogue, dont La Belle au bois dormant et Le Petit Chaperon Rouge, jugés «stéréotypants et sexistes».

    La machine à purger les discours tourne à plein. La loi sur les «contenus haineux» votée en France servira de prétexte commode pour interdire toute remise en question des vérités ayant reçu le tampon du camp du Bien. Au nom du respect des opinions, on veut en interdire l’expression. Le puritanisme progressiste ne gagne pas parce qu’il est fort, mais parce qu’il a pour lui la foule immense des gens lâches qui croient éviter la guerre au prix de la honte. Comme pour Munich autrefois, ils auront l’une et l’autre.

    Il y a quelques jours, l’universitaire James Flynn, auteur de l’effet qui porte son nom concernant la hausse du QI dans les sociétés développées, annonçait que son éditeur, Emerald Publishing, venait de lui refuser le manuscrit attendu. Le sujet? La liberté d’expression… L’éditeur explique en substance que le texte traite des sujets sensibles de race, de religion ou de genre, et qu’ainsi «les risques de complications judiciaires sont trop grands». Steven Pinker, le grand penseur contemporain qui insiste sur l’urgence de célébrer et retrouver les Lumières, s’est indigné du refus de publication. Pour ne heurter personne, on tait et on fait taire.

    Si le recul de la liberté d’expression est si dramatique, c’est parce qu’il affaiblit directement le débat politique. L’éthique de la discussion a cédé la place à une éthique de l’anathème, consistant à décerner aux uns des brevets de vertu, aux autres des stigmates d’indignité. On ne doit plus discuter avec untel ou parler de tel sujet. Les groupes politiques se juxtaposent, passant plus de temps à attribuer des étiquettes qu’à parler réellement des faits et des idées.

    Notre démocratie ne souffre pas d’un trop-plein de débats, mais de leur rareté. Comment peut-on espérer se comprendre si l’on refuse même de se parler? Comment dissiper l’erreur, si on se prive du seul moyen de la contredire? Au lieu de suivre le mouvement général des pays qui font progresser la censure, aussi généreuses en apparence que soient les justifications, nous devrions réaffirmer la liberté d’expression comme l’une de nos valeurs non négociables.

    Olivier Babeau (Figaro Vox, 1er octobre 2019)

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  • Remigration : quand la droite comprendra...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Laurent Moreau, cueilli sur le site Les Identitaires, laboratoire d’idée au service de la civilisation européenne, et consacré à la question de la remigration.

     

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    Remigration : quand la droite comprendra

    Depuis 1976, date de la création du regroupement familial, la droite a toujours eu beaucoup d’idées au sujet de l’immigration. Des idées pour, des idées contre, et la plupart du temps des idées pour-contre. Beaucoup de paroles aussi, de discours et de promesses. Et depuis 45 ans, elle n’a jamais cessé de céder face à la pensée de gauche.Julien Aubert ou Guillaume Larrivé rivalisent actuellement d’annonces afin de prendre la tête des LR. C’est à qui reprendra telle mesure du RPR jamais appliquée ou prendra l’accent de Pasqua. Mais qui, sinon quelques militants septuagénaires, cocus professionnels depuis le RPR millésime 76, peut encore les prendre au sérieux ? Et puis, surtout, le temps a couru, nous ne sommes plus au XXe siècle. Il ne s’agit plus d’empêcher ce qu’on annonçait alors comme irréparable mais de savoir comment on va pouvoir en sortir. Dans ce contexte, savoir s’il y aura encore des LR en 2025 n’a d’importance que pour les amateurs de catacombes.

    L’immigration n’est pas un sujet, c’est le sujet

    Le sujet de l’immigration n’est pas un sujet parmi d’autres. Il n’est pas seulement un sujet important. Il est le sujet. En effet, il touche à tous les aspects de la vie d’un peuple, culture, sécurité, souveraineté… et surtout, en fin de course, il pose la question de la vie ou de la mort d’un peuple. Une migration de faible ampleur est un phénomène commun à l’histoire des hommes. Une immigration massive, issue de populations exogènes d’un point de vue civilisationnel, est un phénomène plus rare, mais dont on connait la fin fatale : la disparition du peuple autochtone ou sa libération par la guerre.Qui veut de cette alternative ? Qui ne préfère pas que le problème soit résolu autrement ? La solution s’appelle Remigration. La Remigration relève du soft power. Elle va à l’encontre de l’hystérisation de la question identitaire créée par la gauche.Pour être efficace, la Remigration doit reposer sur une analyse correcte de la situation. La distribution automatique des cartes nationales d’identité a créé des millions de Français qui ne vivent pas comme des Français et qui souvent aussi ne partagent aucune des valeurs « républicaines », cet alpha et omega de la vulgate dominante. La Remigration devra donc être précédée d’une mise au clair de cette question. Le droit est au service du politique qui lui-même sert le peuple. Il est temps de le rappeler.

    Ils savent mais ne font rien

    Nous sommes convaincus que dans leur for intérieur militants et chefs de la droite, LR et assimilés, savent tout cela. Mais ils n’osent l’exprimer, sinon entre eux, car toute leur vie politique est guidée par la terreur que leur inspire la gauche. C’est là une des raisons qui explique leurs échecs électoraux de ces dernières années. Les droite italienne ou autrichienne savent, elles, tenir un discours fort sur l’immigration, puis le traduire en actes une fois au pouvoir.S’écharper sur les plateaux des chaînes d’infos au sujet de l’AME, c’est mener des combats d’hier. Le problème n’est pas de soigner gratuitement des immigrés illégaux, mais de les laisser entrer et ne pas les expulser aussitôt.

    La remigration, un sujet porteur politiquement

    Les situations changent, se tendent ; les solutions aussi. La Remigration ouvrirait un boulevard politique à ceux qui oseraient s’en saisir. Dans le champ des idées, la Remigration n’est pas une défense, mais une offensive. La Remigration est également un retour à l’ordre normal des choses. Bref, la Remigration, c’est la paix, l’immigration, c’est la guerre… ou la soumission.Mais est-elle possible ? Techniquement, oui. Des pays d’Asie ou d’Afrique l’ont mise en œuvre. L’Australie a pris des mesures en ce sens. Mais cette question du possible n’est pas essentielle. Elle n’est qu’un argument de rhétorique pour dire : je suis contre. La vraie question est : la Remigration est-elle nécessaire ? Une large majorité de Français le pense. Pour nous, c’est suffisant.
     
    Laurent Moreau (Les Identitaires, 27 septembre 2019)
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  • La droite a-t-elle perdu la bataille culturelle ?...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous une analyse de Vincent et Nicolas sur Sunrise consacrée à l'imposition du modèle cosmopolite grâce à la pop culture...

     

                                          

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  • Protectionnisme : le péché n’empêche pas la vertu...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Christopher Coonen cueilli sur Geopragma et consacré à l'urgente nécessité de la mise en œuvre d'une politique protectionniste intelligente pour la France et l'Europe. Secrétaire général de Geopragma, Christopher Coonen a exercé des fonctions de directions dans des sociétés de niveau international appartenant au secteur du numérique.

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    Protectionnisme : le péché n’empêche pas la vertu

    Nous assistons depuis une dizaine d’années à la refonte de l’ordre économique et monétaire mondial. Le point de bascule a entamé son renversement avec la crise financière des Sub-primes en 2007 aux Etats-Unis, suivi d’un enchaînement de cracks boursiers et de faillites bancaires en 2008. C’était le retour de bâton d’une mondialisation débridée.

    Les Etats-Unis et les BRICS (Brésil, Russie, Inde, et Chine) ont alors tous progressivement mis le cap sur des politiques protectionnistes dont le but était de protéger et renforcer leurs souverainetés respectives, tout d’abord dans leurs marchés domestiques, mais avec l’objectif de plus en plus explicite d’assoir dans la durée leur projection de puissance au niveau régional et mondial. Ces gouvernements ont donc défini une stratégie aussi étendue que possible pour inclure dans cet élan de renationalisation les domaines stratégiques et inextricablement interconnectés de l’industrie, du numérique et de la monnaie. Les leaders et gouvernements de ces cinq pays ont depuis tous accéléré ce mouvement, prônant une politique de préférence nationale, « repliant » leurs champions industriels sur une ligne politique de consolidation pour mieux conquérir ensuite d’autres marchés.  Reculer pour mieux sauter en somme.

    Sans prendre la mesure politique et stratégique de ce mouvement profond, ni en admettre le sens et la légitimité, l’Europe quant à elle s’est contentée de poursuivre sa politique d’élargissement sans garde-fous et de signature d’échanges commerciaux mondiaux tous azimuts, plus récemment avec le Canada et le Mercosur. Elle a poursuivi ainsi ses objectifs louables en théorie mais bien naïfs d’une vision pour un continent appelé à l’emporter commercialement du simple fait de son génie industriel, de sa démographie, et de son poids économique cumulés. L’intégration politique s’est donc poursuivie mais sans mise en place de son indispensable ferment : une structure économique et fiscale pensée et concertée. Face notamment au combat de titans entre les Etats-Unis, l’empire installé depuis 1945, et l’empire montant du Milieu, la Chine, l’Europe et la France en particulier ont continué de leur ouvrir leurs marchés sans contrainte et avec une absence totale de stratégie industrielle et économique.

    Le résultat ne s’est pas fait attendre : des pans entiers de nos industries, stratégiques ont été bradés et constituent une perte irrattrapable pour le savoir-faire, l’innovation, l’avantage concurrentiel et la projection de puissance européens. Citons les abandons désinvoltes des Français aux Américains : Alstom à General Electric (GE), et Technip à FMC. Arrêtons-nous sur le cas d’Alstom, devenu un acteur mondial incontournable dans le domaine des turbines nucléaires. Avec 178 turbines installées, il couvre 30 % du parc nucléaire mondial. Ses nouvelles turbines, Arabelle, sont considérées comme les plus fiables du monde assurant 60 ans de cycle de vie aux centrales nucléaires et elles équipent les futurs EPR. Alstom a également des contrats avec Rosatom en Russie et avec la Chine pour la livraison de quatre turbines de mille mega-watts. Ce fleuron stratégique français est donc maintenant dans l’escarcelle de l’américain GE : c’est désormais le groupe américain qui décidera à qui vendre les turbines et aura le dernier mot sur la maintenance du parc nucléaire en France !  Au gré de mensonges éhontés de l’Elysée et de Bercy, bien d’autres douloureuses prétendues fusions « entre égaux », se sont révélées être de gravissimes chimères pour notre souveraineté en lambeaux.

    Alors que l’Europe devrait se doter de géants industriels capables de gagner des contrats et des parts de marché contre ses concurrents américains et chinois, voilà que Bruxelles refuse d’avaliser la fusion d’Alcatel avec l’allemand Siemens au prétexte parfaitement spécieux et suicidaire d’une possible « domination non-concurrentielle ». Mais justement, nous avons besoin de tels champions pour notre « marché unique ». Nous marchons sur la tête ! La France se doit de préserver et d’assurer le développement de l’industrie qui lui reste : « nationaliser » les appels d’offres dans l’Hexagone en privilégiant nos champions et aussi les TPE et PME françaises. Les Allemands le font sans états d’âme, en faisant « fi » de la bureaucratie européenne et de ses diktats normatifs qui visent son affaiblissement et sa vente progressive à la découpe ! Pas plus tard que la semaine dernière, la SNCF a annoncé qu’elle préférait l’espagnol CAF à Alstom pour l’achat de vingt-huit rames Intercités.

    Dans le domaine numérique, après 25 années d’existence du e- et m- commerce, force est de constater que les titans mondiaux sont là aussi américains et chinois. Encore une fois il y a une absence de représentation totale de géants du net européens. Dans le contexte de l’affrontement qui s’intensifie entre les Etats-Unis et la Chine, nous parlerons bientôt non seulement des « GAFAM » américains mais de plus en plus aussi des « BAXIT », les chinois Baïdu, Alibaba, Xiaomi, et Tencent. A l’instar de Washington, le gouvernement chinois déploie son appareil juridique et ses politiques d’investissement derrière ses champions, enrayant le développement de concurrents américains tels que Google ou Facebook. En Russie, Facebook est absent, c’est son équivalent local V Kontakte qui domine ce marché.

    Les dépenses des ménages et des entreprises européens vont donc tout droit enrichir nos concurrents étrangers qui pour la plupart ne s’acquittent pas de leur juste part d’impôts. Pire, la sensibilité et la richesse de nos données personnelles qui profitent au développement d’algorithmes d’intelligence artificielle toujours plus performants tombent aussi dans des mains adverses.

    L’Europe se retrouve donc complètement dépendante et démunie. Une esclave consentante, stockholmisée par son maitre américain qui par ailleurs décide même désormais de ses projets commerciaux légitimes en lui dictant via l’extraterritorialité juridique, les frontières de son licite et illicite…en fonction des intérêts nationaux américains. Une notion aux contours extensibles…

    Enfin, cette offensive de « renationalisation » active se joue également dans le domaine monétaire. D’abord, la « dédollarisation » de l’économie mondiale est en route : la Russie a largement vendu des Dollars depuis 2018, qui ne représentent plus que 27% de ses réserves, derrière l’Euro (39%) – source Banque Centrale Européenne. Sa Banque centrale a aussi acheté l’équivalent de quelques dizaines de milliards de dollars du Yuan convertibles chinois. La Chine et la Russie ont en parallèle massivement acheté de l’or ces dernières années afin de soutenir leurs devises, avec l’objectif pour les Chinois de détrôner à terme les Américains et pour les Russes d’échapper à la pression de Washington. La solidité de leurs devises repose aussi sur leur faible taux d’endettement. La Russie est quasi à l’équilibre. La Chine elle fait face à une situation plus complexe :  le taux d’endettement du gouvernement central et des collectivités locales est estimé à 37%, loin derrière celui du Japon (240 %), la Grèce (181,1 %), l’Italie (132,2 %), le Portugal (121,5 %), les États-Unis (107,2 %), ou encore la France (98,4 %) – source ministère français de l’Economie et des Finances, CEIC Data.

    Ensuite, afin d’assainir ses finances et parer à la crise de 2007, Pékin a lancé un plan de relance en novembre 2008 visant à injecter sur le marché 4 000 milliards de yuans (586 milliards de dollars) afin de stimuler la demande intérieure face au ralentissement de la croissance et à la stagnation de ses exportations. Elle investit massivement dans ses différents projets des Routes de la Soie en Asie Centrale, en Europe, en Afrique, et en Amérique Latine afin d’augmenter la croissance de son économie et de lui donner un avantage géopolitique de puissance « tranquille » mais incontestablement en projection. Elle crée son « contre monde » et déjà ses contre standards. Les Chinois voient loin, très loin, au-delà des péripéties immanquables de leur stratégie à l’échelle d’un siècle entier. Cette vision leur confère un avantage certain par rapport à des politiques très court-termistes en Europe et d’une certaine manière aux Etats-Unis.

    Finalement la politique du « quantative easing » de la Banque Centrale Européenne affaiblit à terme l’euro, sachant que l’injection massive de liquidités dans le système financier européen au travers du rachat de Bons du Trésor et autres obligations équivaut à faire tourner la planche à billets sans croissance réelle de l’économie. Une vulnérabilité mortifère dans un contexte de très forts taux d’endettement de certains pays membres dont la France.

    L’impact économique et social, mais aussi politique de ces inquiétants développements sera très concret et massif. Pour en prendre la mesure, l’analyse du PIB par le biais du pouvoir d’achat par parité ou PPP est intéressante car elle permet de comprendre l’état réel de la puissance économique via la richesse créée concrètement pour les citoyens des pays concernés. Si nous prenons les projections du FMI, de la banque Standard Chartered, d’Oxford Economics, et du Brookings Institute sur le classement des dix plus grandes puissances économiques au regard du PIB en termes de PPP en 2030, nous constatons plusieurs choses :

    1. Sur les dix pays, quatre seront asiatiques.
    2. La Chine et l’Inde seront respectivement au premier et deuxième rang, reléguant l’actuel numéro un, les Etats-Unis, au troisième.
    3. Les BRICS y figureront tous, avec d’autres pays « émergents » d’aujourd’hui – l’Indonésie (4ème), la Turquie (5ème) et l’Egypte (7ème).
    4. L’Allemagne clôturera la liste
    5. La France sera absente !
    6. L’Union européenne pourrait et devrait y figurer mais, au vu des politiques et interférences désastreuses de ces dix dernières années mentionnées supra et en l’absence d’une politique économique et industrielle cohérente, elle manquera également à l’appel.
    7. Le G7 dans son actuel format sera devenu complètement caduque, réclamant sans doute l’arrêt de ce forum pour privilégier le format du G20…

    Nous sommes donc devant deux visions apparemment en opposition mais qui peuvent en fait se rejoindre : un libre-échangisme mal-pensé et un protectionnisme pondéré et assumé. Il serait temps que l’Europe et la France fassent une correction de cap courageuse, décisive et retentissante. Pécher par prudence et engager une politique visionnaire et stratégique nationale et communautaire claire sur l’industrie, le numérique, et la monnaie, afin que nos champions puissent tout d’abord exister et qu’ensuite ils puissent sortir gagnants de la nouvelle concurrence mondiale.

    Christopher Th. Coonen (Geopragma, 23 septembre 2019)

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  • Les pervers du PAF...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous le point de vue des rédacteurs du site Idiocratie sur l'affaire Yann Moix, dont le déroulement est symptomatique de la perversité du système médiatique.

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    Les pervers du PAF

    Si les perturbations météorologiques de plus en plus visibles font planer au-dessus de nos fronts inquiets le spectre du dérèglement climatique, l'immuable régularité avec laquelle le cycle des saisons littéraires s'accomplit est propre à nous rassurer. A la manière des tempêtes qui reviennent inlassablement ravager les Tropiques, le monde des lettres connaît lui aussi, à la même période, une saison cyclonique. Celle-ci ne fait cependant pas de victimes, ce n’est qu’une tempête dans un verre d’eau. Un verre d’eau servi au prestigieux Café de Flore, avec un café à cinq euros par un serveur désagréable, mais un verre d’eau tout de même. Cette année l’ouragan qui frappe le microcosme des lettres françaises se nomme Moix. Apparemment c’est un cyclone de force 5 capable de faire souffler les vents mauvais de l’antisémitisme et de déchaîner avec une force jamais vue auparavant les courants du narcissisme et du voyeurisme dans les hautes couches de l’atmosphère littéraire.

    Yann Moix a donc commis un roman intitulé Orléans, dans lequel il raconte avoir été un enfant battu et dépeint le tableau cauchemardesque de son enfance martyrisé, entre une mère Folcoche et un père Tenardier. Il faut croire que la mise à mort des géniteurs par voie de littérature est devenue un lucratif fond de commerce. Edouard Louis a rencontré le succès en descendant sa famille de prolos dans En finir avec Eddy Bellegueule en 2014, Yann Moix a décidé de réitérer l’exercice en 2019 avec Orléans. Il ne s’agira pas ici de discuter de la véracité des faits relatés par Moix dans Orléans. La polémique autour du livre a commencé quand les principaux intéressés – le père, la mère, le frère de Yann Moix – ont protesté face au traitement qui leur était réservé dans le vrai-faux roman, de la même manière que la famille d’Edouard Louis avait émis quelques réserves vis-à-vis de la manière dont leur fils les avait traité dans son roman. Les deux ouvrages présentent certaines qualités littéraires. Quant aux querelles de familles, elles sont, comme les viscères, inextricables et vouées à rester cachées. Quand on les étale au grand jour, elles puent et répugnent au commun des mortels. On ne sait par quel bout s’en saisir et on n’y peut trouver aucune vérité. Souhaitons bon courage aux juges qui sont parfois chargés de les examiner de près. Quand un écrivain décide d’étaler ses viscères au grand jour et que la machine médiatique s’empare de la tragédie familiale pour en faire le scandale de la rentrée littéraire, elle n’en devient que plus incompréhensible. Le vrai sujet de l’affaire Moix, c’est Moix lui-même. Yann Moix. Yann MOI. 

    Au crapoteux étalage des tourments familiaux c’est ajoutée la révélation des frasques antisémites du jeune Moix. Le 26 août 2019, un article de L’Express a révélé les publications produites par Yann Moix il y a trente ans, dans un sympathique fanzine antisémite finement nommé Ushoahia, le magazine de l'extrême. Pris dans la tourmente médiatique, l'auteur d'Orléans a courageusement affirmé que, s'il était bien l'auteur des (très mauvaises) caricatures publiées dans Ushoahia, les textes tout aussi affligeants signés « Auschwitz Man » avaient pour auteur trois anciens camarades de Sup de Co. Il ne fait visiblement pas bon être l'ancien camarade de Yann Moix. La défense de l'écrivain s'est effondrée face aux nouveaux documents à charge publiés dans les jours suivants par L'Express et Moix a dû se résoudre à laisser en paix ses anciens camarades de Sup de Co, assumer son lourd passé et reconnaître ses « erreurs de jeunesse ». Après la tragédie familiale romancée et les révélations du passé antisémite, le troisième acte de ce soap opera littéraire et médiatique commençait. Intitulons-le « Yann Moix à la recherche du Grand Pardon ». 

    C'est sur le plateau de On n'est pas couché que l'ancien chroniqueur de Laurent Ruquier est venu jouer la scène la plus importante de la comédie de la rédemption pour laquelle, à défaut d'obtenir un jour le prix Goncourt, on lui accordera peut-être le César du meilleur acteur. Face à un Ruquier partagé entre gêne et complaisance et à des invités dont pas un ne semble vraiment au courant de l'affaire ou n'a jeté même un œil sur les fameuses caricatures, Moix surjoue le repentir, clame face caméra que « l'homme de cinquante ans que je suis crache au visage de celui de vingt ans », admet sa faute, bat sa coulpe, endosse le rôle de victime, puis retrouve rapidement ses réflexes de procureur médiatique. Il a fauté, certes, il y a trente ans, mais il s'est repenti et il porte depuis le poids de cette faute qui l'a amené à devenir un justicier, à traquer partout les salauds qui ont failli enfermer le jeune homme de vingt ans mal dans sa peau dans la nasse de l'antisémitisme, du racisme et de la haine. «J’étais un impuissant, j’étais un raté et j’étais un faible. Toute ma vie, j’ai essayé de m’arracher à ce trou noir, à cette espèce d’attraction maléfique. » Le diable s'est emparé il y a trente ans de la plume de Yann Moix, le forçant à écrire, sous la dictée de la dépression les horreurs que d'ailleurs ni Ruquier, ni aucun des invités de l'émission ne prend soin de rappeler. Ce n'est pas Yann Moix qui écrivait en 1989 dans Ushoahia « un noir qui chie, c'est la figure emblématique de la génération spontanée », c'est le mal-être. Et ce mal-être, instrumentalisé par l'extrême-droite, a failli faire de Yann Moix un sale bonhomme. Alors Yann Moix a changé, il a retrouvé le bon en lui, grâce à Bernard-Henri Lévy, « l'ange de lumière » qui lui pardonna de l'avoir traité de « youppin dont le crâne n'a hélas pas été rasé par les amis d'Adolf » et l'arracha à l'emprise de Satan pour l'élever, lui aussi, vers la lumière. Celle des spotlights, celle que Yann Moix révère entre toute. 

    Car de la pathétique « affaire » Yann Moix et de son larmoyant repentir télévisuel, répété à l'envi presque mot pour mot à la radio et dans les journaux, ressort le portrait d'un petit arriviste balzacien, prêt à faire feu de tout bois pour obtenir son quart d'heure de gloire littéraire. Accroché aux basques de Marc-Edouard Nabe quand celui-ci profite encore d'une certaine notoriété, faisant sa cour à Dieudonné ou Alain Soral puis répudiant ses anciennes amours pour embrasser enfin la notoriété dont il rêvait, Yann Moix a par la suite endossé avec bonheur l'uniforme du croisé de l'antiracisme, seyant mieux à sa nouvelle carrière d'écrivain et de chroniqueur à succès. Aujourd'hui mis en cause pour ce péché de jeunesse dont il a attendu durant trente ans avec terreur – dit encore Moix avec des larmes dans les yeux – qu'il soit révélé, l'écrivain s'imagine néanmoins au centre d'une nouvelle machination de l'extrême-droite. C'est elle qui a révélé à L'Express l'existence des textes et caricatures d'Ushoahia, c'est elle qui, à travers le scandale, cherche encore une fois à l'atteindre. Et celui qui aide l'extrême-droite à accomplir ses basses œuvres, c'est son frère, Alexandre Moix. CQFD.

    Yann Moix n'est pas seulement un ambitieux qui passe d'un mensonge à un autre pour sauver sa carrière. Moix semble bien au contraire croire que cette succession de fables racontées à lui-même et aux autres, de l'antisémitisme hystérique du jeune homme de vingt ans à la croisade obsessionnelle du chevalier de l'antiracisme qui siège trente ans après en procureur du petit écran, tisse un patchwork qui peut passer pour la vérité. Les vrais menteurs ne mentent pas pour cacher la vérité. Ils utilisent la vérité pour camoufler leurs mensonges. Après avoir imploré le pardon, s'être abaissé sans retenue jusqu'aux limites extrêmes de l'humiliation publique, Yann Moix conclut en posant à nouveau en victime et en pointant du doigt un complot d'extrême-droite dirigé contre sa personne. Le tout nappé de moraline télévisuelle et entrelardé des bienveillantes remontrances du père Ruquier compose un ahurissant numéro de repentance médiatique. Pour un peu on imaginerait Ted Bundy se livrant à une séance d'autocritique dans l'URSS de Brejnev. 

    Le visage que Yann Moix offre à la critique dans les médias n'est rien d'autre que celui du système médiatique qu'il a embrassé. La rhétorique de Moix est perverse mais elle reflète la perversité de la société spectaculaire qui lui donne asile. Cette société-là cultive un antiracisme pavlovien et très sélectif qui distingue soigneusement ceux qui doivent être condamnés sans pitié et ceux qui bénéficieront de l'absolution médiatique. Au temps où Yann Moix posait encore en justicier du PAF, il s'était attaqué en 2017, sur le plateau d'On est pas couché, à Renaud Camus, accusant l'auteur de Du sens de racisme et d'antisémitisme. Renaud Camus, depuis bien longtemps ostracisé et étiqueté comme écrivain d'extrême-droite, a gagné son procès en diffamation contre Moix en 2018. Aujourd'hui c'est l'auteur d'Orléans qui est dans la tourmente pour de bien plus substantielles raisons que celles qui ont valu sa déchéance à Renaud Camus. Ce dernier, pourtant l'un des écrivains français contemporains les plus talentueux, ne reviendra sans doute jamais de l'exil médiatique. Moix, faiseur brillant, a peut-être plus de chances de s'en tirer à bon compte, quand la tempête dans un verre d'eau se sera apaisée. On verra alors si la sentence de Jean de La Fontaine se vérifie toujours : « Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir. »

    Des idiots (Idiocratie, 19 septembre 2019)

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