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Points de vue - Page 121

  • Macron ventriloque de la farce masquée...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Maffesoli, cueilli sur Le Courrier des stratèges et consacré à la question de la généralisation du port du masque et à sa signification politique. Penseur de la post-modernité, Michel Maffesoli a publié récemment  Les nouveaux bien-pensants (Editions du Moment, 2014) , Être postmoderne (Cerf, 2018), La force de l'imaginaire - Contre les bien-pensants (Liber, 2019) ou, dernièrement, La faillite des élites (Lexio, 2019).

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    Maffesoli : Macron ventriloque de la farce masquée

    Le poème quelque peu apocalyptique de Lord Byron : Darkness, peut nous aider à comprendre un monde où le chaos tend à prévaloir. En effet, l’empire des ténèbres se répand un peu partout. Et les protagonistes essentiels en sont ceux qui se réclament de la philosophie des Lumières. Ceux qui font la loi. Ceux qui d’une manière hypocrite ne veulent pas reconnaître les conditions troubles de la loi qu’ils imposent en promouvant les défilés de masques, qui outre le caractère ridicule de ces accoutrements, sont l’expression par excellence d’une mise en scène on ne peut plus fallacieuse.

    Mascarade et empire des ténèbres

    Oui, la mascarade généralisée est bien la cause et l’effet d’un empire des ténèbres se généralisant. Mais l’apocalypse n’a pas seulement le sens péjoratif que lui donnent généralement les collapsologues de tous poils. C’est, ne l’oublions pas, stricto sensu, une révélation de ce qui est en train de s’achever et du coup, de ce qui également, émerge. Ce qui est en train de cesser, c’est l’organisation rationnelle d’une société progressiste. Et ce qui émerge, c’est sa caricature : « la société du spectacle » (Guy Debord).

    Il est une phrase bien connue du vieux K. Marx qui garde une étonnante pertinence : « Hegel fait quelque part cette remarque que tous les grands événements et personnages historiques se répètent pour ainsi dire deux fois. Il a oublié d’ajouter : la première fois comme tragédie, la seconde fois comme farce ».

    C’est bien cette farce qui prospère et qui s’exprime dans les lieux communs de l’époque agonisante. Lieux communs répétés, ad nauseam, par les sophistes du moment. Mais lieux communs répétés maladroitement et sur un ton emphatique et n’arrivant plus à cacher l’aspect simpliste et sans profondeur des propos officiels. Ce sont des poncifs hypocrites, de ceux n’ayant aucune assise et n’étant amarrés à rien.

    Stratégie de la peur et gouvernement de la terreur

    Poncif d’une élite en perdition qui, pour perdurer met en scène une stratégie de la peur réclamant l’obéissance en faisant trembler. En la matière en agitant le fantasme d’une « pandémie » dont de nombreux scientifiques soulignent l’inanité, mais qui justifient un gouvernement de la terreur. Ce qui d’antique mémoire est le plus sûr moyen d’infantiliser puis de soumettre le peuple. Ce que résume bien Machiavel en rappelant que « celui qui contrôle la peur des gens devient le maître de leurs âmes ».

    La mascarade généralisée est bien le moyen contemporain de contrôler la peur et, par là, sinon d’empêcher du moins de minimiser la résistance qui semble de plus en plus prête à s’exprimer. Mais revenons à cette dialogie entre le tragique et la farce.

    Souvenons-nous ici du « larvatus prodeo » de Descartes. Il avance masqué par prudence. Pour éviter de donner prise aux tenants du pouvoir contrôlant la pensée et donc l’âme collective, c’est en étant masqué qu’il put élaborer ces écrits qui servirent de fondement à la Modernité qui s’amorçait. Le « doute » et la raison souveraine seront d’utiles et on ne peut plus efficaces instruments pour lutter contre les dogmatismes dominants et ce dans la vie politique comme dans le domaine intellectuel.

    Mais progressivement ce masque ne favorise plus la résistance. Bien au contraire il sert de protection à une bureaucratie voulant à tout prix maintenir son pouvoir et qui, gauche et droite confondues, se sent perdue quand elle ne trouve pas à portée de main ses charentaises et les lieux communs de la bienpensance qui l’accompagnent. Le masque étant pour elle le moyen d’assurer et d’assumer ce que Pascal nomme, judicieusement, le divertissement. La facinatio nugacitalis, cette fascination du frivole ou enchantement de la bagatelle.

    Théâtrocratie et tartufferie

    L’époque s’achevant, il est dans la logique des choses que le tragique devienne farce : la société du spectacle à son apogée. Platon en parlant de « théâtrocratie » souligne bien que ceux qu’il nomme « les montreurs de marionnettes », n’ayant pas un véritable savoir, mais sophistes utilisant une rhétorique abstraite pour manipuler le tout venant.

    Le spectacle politique a maintenant atteint son apogée. Un président de la République, structurellement « théâtreux », exemple achevé d’une tartufferie dont tous les mots d’ordre sont ventriloques. Mais il a fait école. Et tel ministre passe sans coup férir d’une émission à la vulgarité affichée au ministère de la Culture. Malraux doit se retourner dans sa tombe !

    Le cinéaste Cl. Lelouch, quant à lui souligne qu’avec Dupont-Moretti il perd un « acteur formidable ». C’est tout dire. La loi sur la mascarade est entre de bonnes mains. La Justice devient une clownerie dont on n’a pas fini de voir les désastreuses conséquences.

    Intéressant également de noter dans la presse, les radios et même à l’université que c’est la parodie qui tient le haut du pavé. Les billets d’humeur (d’humour ?), la comédie sont les garants du succès et par exemple chaque radio paye à prix d’or le clown qui va, dans la matinale, assurer son audience.

    Depuis ce qui se nomme la « nouvelle philosophie », c’est une pensée du « show-biz » qui donne ses lettres de noblesse à une société du spectacle lisse et complètement aseptisée. Dans les domaines de la politique, de la presse, de la connaissance, le « people » a remplacé le peuple. Confusion révélatrice d’une indéniable décadence en appelant à une renaissance insurrectionnelle.

    Vers une société du spectacle et de la surveillance généralisée

    Guy Debord avait bien, prophétiquement, analysé un tel processus. « Un financier va chanter, un avocat va se faire indicateur de police, un boulanger va exposer ses préférences littéraires, un acteur va gouverner » (Commentaires sur la société du spectacle). C’est bien cela qui conduit à se laisser emporter par les engouements du jour en oubliant la riche complexité de la vie quotidienne. La mascarade généralisée n’est que la suite logique d’un monde où le « divertissement » tel que l’a bien analysé Pascal fait florès !

    Dans son livre La bureaucratie céleste, l’historien de la Chine antique, Etienne Balazs, souligne la prédominance des eunuques dans l’organisation de l’Empire. Ne pouvant procréer ils élaborent une conception du monde dans laquelle un ordre abstrait et totalement désincarné prédomine. L’élément essentiel étant la surveillance généralisée. En utilisant, d’une manière métaphorique cet exemple historique, on peut souligner que la mascarade en cours est promue par la « bureaucratie céleste » contemporaine dont l’ambition est stricto sensu d’engendrer une société aseptisée dans laquelle tout serait, censément, sous contrôle. Et en reprenant la robuste expression de Joseph de Maistre, c’est toute « la canaille mondaine » qui sans coup férir s’emploie non pas à faire des enfants, mais à infantiliser la société : il faut en effet noter que pas un parti politique n’a osé s’élever contre le port du masque généralisé.

    Ce qui montre bien, endogamie oblige, que c’est la classe politique en son ensemble, aidée par des médias aux ordres et soutenue par des « experts » soumis, qui est génératrice d’un spectacle lisse et sans aspérités. Mais l’hystérie hygiéniste, le terrorisme sanitaire, ne sont pas sans danger. Car c’est lorsqu’on ne sait pas affronter le mal que celui-ci se venge en devenant en son sens strict pervers : per via, il prend les voies détournées s’offrant à lui.

    Inévitable réaction bestiale de la société

    C’est en niant notre animalité que l’on voit resurgir une bestialité immaîtrisée. J’avais en son temps rappelé cela en soulignant, avant que ce terme ne soit employé d’une manière lancinante et non pensée, que c’est l’aseptie qui aboutit à un « ensauvagement du monde »[1] dont on observe quotidiennement des exemples à foison. Et ce sont les gardiens de l’hygiénisme en cours qui doivent être tenus pour responsables des débordements plus ou moins violents appelés à se généraliser.

    Ce qui est certain, c’est que contre un totalitarisme, plus ou moins « doux », en train de se généraliser, on peut s’attendre à l’émergence d’une multiplicité de révoltes. Alors je « j’avance masqué » de Descartes retrouvera sa fonction originelle : favoriser la résistance contre des élites dont la faillite est maintenant reconnue par tous. Ainsi le masque prévu pour la soumission par la bureaucratie, en une curieuse hétérotélie, c’est à dire avec un but autre que celui qui était prévu, va devenir un moyen de subvertir l’hypocrisie poisseuse de cette bureaucratie. On peut dès lors se demander si le masque prenant le contre-pied de l’infantilisation voulue ne permettra pas l’émergence d’une nouvelle « ère des soulèvements ».

    Soulèvements contre l’économicisme, contre la Foi Progressiste, et contre l’adoration servile de l’argent et de la valeur travail. Paradoxe amusant, faisant du masque une arme efficace pour imposer le retour d’un étalon spirituel comme impérieux moyen de restaurer l’échange, le partage et la solidarité, comme éthique (ethos) de base de tout être-ensemble authentique.

    Michel Maffesoli (Le Courrier des stratèges, 27 août 2020)

    [1] Michel Maffesoli, Sarkologie, pourquoi tant de haine(s) ? , Albin Michel, 2011, p. 147

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  • Le nouveau monde ou l'abêtissement politique...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Maxime Tandonnet, cueilli sur son blog personnel et consacré aux tristes caractéristiques du "nouveau monde" politique. Ancien haut-fonctionnaire, spécialiste des questions d'immigration, et désormais enseignant, Maxime Tandonnet a été conseiller à l'Elysée sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Il a donné un témoignage lucide et éclairant de cette expérience dans Au cœur du volcan (Flammarion, 2014).

     

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    Le nouveau monde ou l'abêtissement politique

    « Nouveau monde » ou « monde d’après », il est utile de se pencher sur la réalité de la vie politique aujourd’hui en France. Elle est dominée par un abêtissement général, perceptible autour d’une dizaine de paramètres:

    • La fin de l’engagement  : les partis politiques supposés, selon la Constitution concourir « à l’exercice de la démocratie », sont en voie de disparition. La dernière enquête CEVIPOF d’avril 2020 sur l’état d’esprit des Français (vague 11bis), montre qu’ils sont devenus l’institution la plus impopulaire (11% de confiance). Les taux d’adhésion s’effondrent. Or, les partis politiques servaient classiquement à faire émerger les projets et à désigner les futurs responsables politiques. Par quoi ont-ils été remplacés?
    • La courtisanerie: elle se distingue de l’engagement par sa motivation: l’intérêt carriériste, la vanité ou simplement l’éblouissement puéril. Notre époque n’a rien à envier à celle de Saint-Simon. Courtisans et lèche-bottes prolifèrent autour du prince, obsédés, au mépris de toute dignité, par leur seule place au soleil.
    • L’incarnation : le sujet essentiel qui domine tout le reste est celui de l'incarnation. La formule est sur toutes les lèvres: « qui pour incarner? » La politique est avant tout affaire d’émotion et d’affect, se limitant au choix d’une idole, un gourou, une vedette médiatique dont la mission est « d’incarner ». Incarner quoi? La question ne se pose même pas, ou à peine. Le chef est une fin en soi, l’incarnation du rêve et de l’illusion à laquelle chaque citoyen est invité à se soumettre. Ce phénomène est le plus symptomatique du climat d’asservissement général.
    • Le grand spectacle: la vie politique a vocation à se muter en spectacle déconnecté de la réalité où s’ébattent des acteurs, des artistes de l’illusion. Faute d’agir sur le monde des réalités et de gouverner, ils se livrent à une surenchère d’annonces spectaculaires, de coups de communication, de slogans et de paroles creuses, de coups de menton, de provocations censées remplir le vide laissé par leur démission. Il n’est pas d’aveu plus évident de l’impuissance et du renoncement politique que les gesticulations d’un fanfaron.
    • La déconnexion: le triomphe du grand guignol  est le signe de l’affaiblissement des courroies de transmission entre le politique et la société. Sur la dette publique, l’évolution des prélèvements obligatoires, la désindustrialisation,  la maîtrise des frontières, la poussée de la violence et de la barbarie, l’effondrement scolaire, l’autorité publique a largement intériorisé le sentiment de l’impuissance publique et de la perte de ses leviers d’action.
    • La post démocratie: le qualificatif de démocratie appliqué à la nation moderne est au cœur de la duperie. Il est admis une fois pour toute que l’élection se résume à une sorte de fête des illusions. Ce que pense le peuple n’a pas la moindre esquisse d’importance. L’avenir se prépare sans lui et en dehors de lui. Il est conçu par des forces et des individus prétendument détenteurs de la vérité, sur l’ Europe, les frontières, la sécurité, la morale, les impôts et la dette publique, l’éducation nationale, c’est-à-dire les grands sujets de l’époque.
    • L’extrémisme ou démagogie:  le néant des idées et des projets n’est en rien synonyme de tolérance, de concorde et de sagesse. C’est le contraire qui se produit. La nature ayant horreur du vide, le nihilisme se traduit par une fuite en avant dans la radicalisation et le sectarisme. Dès lors que le réel n’a plus la moindre importance, la politique devient surenchère de promesses démagogiques nonobstant les conséquences (sortie du nucléaire, revenu universel) et d’affrontement hargneux et sectaires entre fauves hystériques.
    • Le triomphe de l’indifférence: ce grand cinéma ou numéro d’illusionnisme se déroule sur fond d’indifférence générale. L’abstentionnisme (54% aux dernières législatives) est un mouvement de fond qui ne cesse de s’amplifier. La métamorphose de la vie politique en grand spectacle nihiliste pourrait susciter l’indignation et la révolte. Or ce phénomène n’est que sporadique et marginal. Le sentiment dominant est au repli individuel. Le destin collectif s’efface au profit de la quête d’une survie et la chute vertigineuse de la France, comme un radeau en perdition que le torrent entraîne vers le précipice, n’est pas la préoccupation des Français dans leur majorité.
    • L’irresponsabilité: l’indifférence générale est la porte ouverte à toutes les dérives et tous les abus. Les dirigeants peuvent faire absolument n’importe quoi aujourd’hui –  clanisme, copinage, corruption avérée, mensonges, contradictions, fautes monstrueuses aux conséquences tragiques, insultes contre la nation, trahison – les mécanismes de mise en jeu de leur responsabilité (politique, judiciaires) et de sanction sont comme neutralisés. Tout est possible et rien ne semble devoir les arrêter.
    • La culture de médiocrité: dans ce monde nouveau disparaissent les références historiques et intellectuelles. Il en faudrait sans doute peu pour démontrer la vanité, l’absurdité et la dangerosité du grand cirque. Mais elles ont disparu. L’éclat de voix  d’un footballeur, d’un présentateur de télévision d’une actrice de cinéma ou de n’importe quel pitre n’ayant jamais lu un livre vaut plus que la parole d’un écrivain du XXe siècle et n’importe quel tweet méchant écrase d’un coup de talon la pensée de Péguy ou de  Bergson. Sur ce terreau de médiocrité s’enracine le nouveau monde décrit ci-dessus.

    Maxime Tandonnet (Blog personnel de Maxime Tandonnet, 26 août 2020)

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  • Qui ensauvage la France ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Philippe Bilger, cueilli sur son blog Justice au singulier et consacrés  aux responsables de l'ensauvagement de notre pays, ensauvagement désormais évoqué, sinon admis, par les médias. Ancien magistrat, Philippe Bilger est notamment l'auteur de récits ou d'essais comme 20 minutes pour la mort (Rocher, 2011) ou Contre la justice laxiste (L'Archipel, 2014).

     

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    Qui ensauvage la France ?

     
    What do you want to do ?
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    Je l'avoue : j'ai un peu peur de formuler cette interrogation. Je pressens les tombereaux d'insultes qui vont se déverser sur moi, notamment dans ce cloaque qu'est souvent Twitter, et dont la moindre sera l'accusation de penser et d'écrire comme le RN. Ce reproche sera grotesque mais il constituera, comme d'habitude, l'argumentation simpliste de ceux qui n'en ont pas d'autre.

    Mais qu'importe ! L'avantage décisif d'une vie intellectuelle libre et dénuée d'ambition officielle est qu'elle a le droit de tout se permettre et de ne pas récuser l'expression de la vérité au prétexte que celle-ci sera jugée indécente, provocatrice, scandaleuse.

    Laissons immédiatement de côté les débats périphériques qui n'ont généralement pour objectif que de vous détourner du questionnement central, de la problématique radicale.

    L'ensauvagement et le doute lexical s'attachant à ce terme ne seront pas mon sujet.

    Pas davantage que celui de l'existence débridée d'une délinquance et d'une criminalité qui augmentent, notamment dans leurs manifestations quotidiennes de plus en plus liées à une contestation de l'autorité, quelle que soit sa forme. Même les naïfs ou les humanistes en chambre n'auront plus le culot ou l'inconscience de discuter le fléau de cette réalité mais tout au plus celui de son ampleur.

    Le coeur de mon billet va concerner cette interrogation dominante mais toujours éludée : qui ensauvage la France ?

    Il me plaît de donner une interprétation élargie de cette dérive car elle ne se rapporte pas qu'à la matérialité d'infractions portant atteinte aux personnes et aux biens mais aussi à des comportements et à des propos qui participent d'une dégradation honteuse et, le pire, revendiquée de la politesse sociale et du respect humain.

    Qui a traité Eric Zemmour de sous-humain avant de retirer son tweet sous l'effet d'une réprobation générale mais de "pisser" sur lui et ses soutiens ?

    Qui a vanté la pratique de la polygamie et insulté la police en prétendant qu'elle massacrait des gens à cause de la couleur de leur peau ?

    Qui a agressé et tué Philippe Monguillot à Bayonne parce que conducteur d'autobus exemplaire, il avait voulu faire respecter l'ordre et la loi ?

    Qui, sans permis, sous l'emprise de la drogue, récidiviste, a été responsable de la mort de la gendarme Mélanie Lemée ?

    Qui à Seynod a insulté et agressé des chasseurs alpins faisant tranquillement leur footing ?

    Qui multiplie les refus d'obtempérer, se soustrait aux interpellations de la police avec des conséquences souvent dramatiques que leur mauvaise foi et le soutien médiatique imputeront systématiquement aux FDO ?

    Qui dans les cités et les quartiers sensibles se livre au trafic de stupéfiants, terrorise les résidents honnêtes, empêche les interventions de la police ou n'hésite pas à exercer des violences de toutes sortes contre elle ?

    Qui tend des guet-apens aux pompiers et à la police ?

    Qui s'en est pris à des citoyens rappelant l'obligation du masque dans une laverie ou ailleurs ? Qui est revenu, après s'être vu interdire l'accès à un bus à cause de ce manque, pour frapper le conducteur ?

    Qui a mis en branle une effrayante bataille de rue à Fleury-Mérogis où deux bandes armées se sont opposées pour une "embrouille" de drogue ?

    Qui sème la panique dans les centres de loisirs, comme à Etampes récemment ?

    Qui commet des cambriolages où on défèque sur le visage d'une victime de 85 ans, comme au Croisic ?

    Qui, en bande, se comporte dans l'espace public comme en terrain conquis, sans souci d'autrui mais avec l'arrogante certitude de l'impunité ?

    Qui vient, jour après jour, remplir la déplorable chronique des transgressions, des plus minimes aux plus graves ?

    Qui, pour tout et n'importe quoi, s'en prend aux maires au point que l'un d'eux, frappé, doit se satisfaire d'un rappel à la loi pour son agresseur campeur violent, l'anonymat systématique concédé aux transgresseurs laissant présumer leur origine ?

    Qui sont ces jeunes Français interdits de revenir à la piscine d'une commune suisse proche de la frontière française, parce qu'ils perturbaient la tranquillité du lieu ?

    Qui, majeurs ou mineurs, se livrent au pire au point que la majorité des citoyens prend acte avec accablement de ce qui se commet sur tout le territoire national et n'espère plus le moindre redressement politique et judiciaire ?

    On comprendra que ces interrogations sont de pure forme puisqu'à tout coup la responsabilité incombe à des fauteurs d'origine étrangère, maghrébine ou africaine, parés nominalement de la nationalité française grâce à un droit du sol qui n'a plus aucun sens puisqu'on l'offre mécaniquement à des générations qui haïssent ce cadeau et dévoient cet honneur.

    Sans oublier les clandestins qui se glissent dans ces bandes ou participent à ces exactions.

    L'infinie pudeur médiatique avec laquelle, dans neuf cas sur dix, on occulte les identités est la preuve la plus éclatante de l'écrasante domination de ces Français dans le tableau pénal national et dans les prisons, notamment en Île-de-France.

    Le refus entêté d'authentiques statistiques ethniques est également un indice capital qui explique la répugnance de la bienséance à prendre la mesure d'une réalité qui démolirait ses préjugés et sa bonne conscience.

    Est-ce à dire qu'il n'existe pas des voyous français de souche ? Assurément il y en a mais leur rareté est démontrée par le fait troublant que, si l'un d'eux est impliqué - une agression contre une mosquée à Bayonne par exemple -, on peut être sûr qu'on aura son identité complète, son âge, son passé judiciaire et sa structure familiale. Ces données sont si chichement communiquées dans les comptes rendus habituels qu'aucune hésitation n'est possible et l'appréciation quantitative vite opérée.

    Qui ensauvage la France ? S'accorder sur le constat que je propose ne permettra pas de résoudre magiquement le problème lancinant causé par ces jeunes Français d'origine africaine ou maghrébine et ces étrangers en situation irrégulière (il va de soi que tous ne sont pas à stigmatiser dans ces catégories) mais au moins ne nous voilons plus la face.

    On a trop longtemps refusé de répondre à cette interrogation, non pas à cause d'une quelconque incertitude mais parce que la vérité nous aurait encore plus confrontés à notre impuissance. Le désarroi d'une démocratie désarmée, répugnant à user de tout ce qu'elle aurait le droit d'accomplir, aspirant à l'ordre mais sans la force !

    Et terrorisée, depuis trop longtemps, à l'idée d'aller sur les brisées du FN-RN... Paradoxalement, et tristement, en refusant de lui donner raison sur ce plan, on ne lui donne pas tort assez vigoureusement pour le reste...

    L'ensauvagement que je dénonce et que j'impute n'est pas relié à la dégradation apparemment paisible mais insinuante, irrésistible, de notre vivre-ensemble à cause d'un séparatisme, caractérisé notamment par le voile et dont la finalité est plus politique que strictement religieuse. Ni à des modalités d'éducation ni à des politiques sans doute critiquables, comme le regroupement familial, qui ont favorisé la concentration de communautés en des lieux qui ont été rendus invivables et délabrés au fil du temps.

    C'est la perversion des attitudes individuelles que je mets en cause, au singulier mais le plus souvent au pluriel. La société n'est pas créatrice de ces malfaisances répétées de toutes sortes.

    L'immigration légale n'est pas coupable mais la clandestine contre laquelle jusqu'à aujourd'hui on lutte mal. Et, au sein de la première comme de la seconde, les délinquants déshonorant l'une et profitant de l'autre.

    Les solutions pour combattre cette réalité, après en avoir pris acte sans barguigner, imposeront, outre un courage politique de tous les instants et une politique du verbe sans complaisance, expulsions et éloignements à un rythme soutenu, une action équitable dans sa rigueur, une police et une gendarmerie accordées avec une justice sans faiblesse, une exécution des sanctions efficace et réactive et, surtout, le retour des peines plancher sans lesquelles la magistrature ne tirera jamais assez la conséquence de certains passés judiciaires.

    Rien de plus navrant, en effet, qu'un Etat sans autorité, une justice sans crédibilité et des FDO sans soutien.

    Il conviendra de remettre en discussion, dans un débat honnête, sans excommunication, le droit du sol. Envisager, aujourd'hui, dans une France éclatée, son effacement n'est ni inhumain ni contraire à une tradition dont les effets sont devenus dévastateurs. Ou alors continuons à révérer, contre vents et marées, celle-ci, et laissons l'ensauvagement de notre pays se poursuivre. Notre noblesse abstraite sera garantie mais non la sauvegarde de notre nation.

    On sait qui ensauvage la France. Ne fermons plus les yeux.

    Apeuré légèrement en commençant ce billet, je le termine en le jugeant nécessaire et, je l'espère, convaincant.

    Philippe Bilger (Justice au singulier, 11 août 2020)

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  • Quand l'immigration clandestine repart de plus belle...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Paul Tormenen cueilli sur Polémia et consacré à la hausse des arrivées d'immigrants clandestins en Europe, malgré la crise du coronavirus. Paul Tormenen est juriste.

     

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    Débarquement d'immigrants clandestins sur la côte espagnole (juillet 2020)

     

    Malgré la Covid-19, l’immigration clandestine repart de plus belle

    La reprise des arrivées massives de clandestins en Europe était redoutée avec la fin du confinement. Elle se confirme depuis quelques semaines. Alors que le coronavirus poursuit sa propagation, alors que le chômage et la pauvreté explosent, l’Italie et l’Union européenne se montrent incapables d’apporter une réponse ferme à une immigration hors de contrôle.

    En cet été 2020, vous ne trouverez pas en France de touristes venant des États-Unis ou de Russie. En revanche, en dépit des restrictions de circulation, les clandestins sont de plus en plus nombreux à partir d’Afrique du Nord pour gagner l’Europe.

    Les mises en garde sur un regain possible de l’immigration clandestine à l’issue du confinement n’ont pourtant pas manqué (1). À voir l’accélération des arrivées illégales en Europe, celles-ci sont visiblement tolérées, alors que les arrivées de touristes de certains pays sont fermement refusées, ce qui affecte durement l’économie européenne. Cette immigration clandestine n’est pas le fruit du hasard. Elle résulte de décisions et de choix politiques assumés.

    Le confinement en Europe : le blocus de l’immigration clandestine est possible

     Au début de la période de confinement en Europe, les gouvernements italiens et maltais ont annoncé la fermeture de leurs ports, pour « raisons sanitaires » (2). Le résultat a été immédiat : les bateaux des organisations non gouvernementales (ONG) croisant en mer Méditerranée ont cessé leur activité (3). Les passeurs ont suivi le mouvement. Les arrivées recensées de clandestins en Italie ont été minimes en mars et en avril (4). Les morts en mer Méditerranée n’ont, en mars 2020, jamais été aussi peu nombreuses depuis 2014 (5). Preuve s’il en fallait que le meilleur moyen d’arrêter les noyades est d’organiser un blocus des ports européens aux bateaux des passeurs de clandestins et non de tolérer les arrivées illégales.

    Les arrivées massives de clandestins en Europe reprennent

    Depuis la fin du confinement en Europe, les passeurs et les ONG ont repris du service. Sur l’île italienne de Lampedusa, entre l’Afrique et le continent européen, c’est désormais toutes les heures qu’un bateau chargé de clandestins arrive (6). Les capacités de quarantaine sont au 1er août arrivées à saturation (7). Du 20 au 26 juillet, ce ne sont pas moins de 11 000 clandestins qui sont arrivés en Italie. C’est, en une seule semaine, autant que pendant toute l’année 2019 (8). Cela amène le ministère italien de l’Intérieur à parler d’un « flux exceptionnel de migrants économiques » (9).

    Parmi les clandestins, les Maghrébins musulmans, en particulier tunisiens, tendent à devenir de plus en plus nombreux (10). Les clandestins arrivant en Italie depuis le début de l’année sont par ordre d’importance Tunisiens, Bengalais, Ivoiriens et Algériens (11). Une fois arrivés en Italie, ils vont pour nombre d’entre eux gagner d’autres pays européens. La situation explosive à la frontière franco-italienne en est une illustration (12). La tendance à une augmentation des arrivées de clandestins est observable également en Espagne et en Grèce, comme en témoignent les chiffres du Haut-Commissariat aux réfugiés (13).

    Un risque sanitaire considérable

    De nombreux cas de contamination au coronavirus ont été détectés parmi les migrants arrivant en Italie. Pour ne citer que quelques exemples, fin juin, 28 cas de contamination ont été détectés parmi les migrants présents sur le bateau de l’ONG Sea Watch, stationné près des côtes siciliennes (14). Un bateau dont la capitaine a affirmé qu’il fallait « abattre la forteresse Europe » (15). Début juillet, c’est à bord du bateau de l’ONG Mediterranea Saving Humans que huit cas de contamination ont été détectés sur les 43 migrants débarqués dans la commune italienne d’Augusta (16). Plus récemment, 134 migrants sur les 293 relocalisés dans le nord de l’Italie ont été testés positifs au coronavirus (17).

    Le rythme et le nombre des arrivées de clandestins en Italie ne permettent pas de contenir le risque sanitaire. Ainsi, en Sicile, plus de deux cents migrants ont récemment enfreint la quarantaine à laquelle ils étaient soumis (18).

    L’île de Malte a également rouvert ses ports aux bateaux chargés de clandestins. Fin juillet, 65 des 95 migrants arrivant de l’un d’entre eux ont été testés positifs au coronavirus, ce qui serait la proportion habituellement constatée selon un journal hongrois (19).

    Vieilles recettes pour pérenniser l’immigration de peuplement

    Le ministre italien des Affaires étrangères, Luigi Di Maio, appelle l’Union européenne à se saisir de cette question immédiatement et à organiser entre pays européens une répartition des migrants arrivés dans son pays (20). Un accord dans ce sens, similaire à celui conclu à La Valette en septembre 2019, serait en négociation (21). Ce sont toujours les vieilles recettes qui sont préconisées : accueillir indépendamment de toutes considérations sociales, culturelles et économiques, répartir encore et toujours les migrants entre pays européens. Sachant que, selon un récent rapport, la grande majorité de ceux qui font l’objet d’une obligation de quitter un pays européen reste sur le continent, c’est un sauf-conduit qui est donné à nombre de clandestins qui foulent la terre européenne (22). Dans ces conditions, l’appel d’air à l’immigration clandestine n’est pas près de s’estomper.

    Une immigration incontrôlable

    Face à ces flux incessants, l’ancien ministre italien de l’Intérieur, Matteo Salvini, accuse le gouvernement italien d’« importer le coronavirus ». Il prend pour exemple la récente fuite de près de 700 clandestins de centres de rétention (23).

    Il est utile de rappeler que l’action de Matteo Salvini au gouvernement en 2018 et 2019, en imposant un blocus aux bateaux des passeurs et des ONG, a permis une baisse considérable des arrivées de clandestins en Italie. Mais cela a déchaîné le camp des immigrationnistes. L’immunité parlementaire du leader de la Lega vient d’être levée, afin de permettre son jugement pour avoir refusé en août 2019 de laisser débarquer sur les côtes italiennes 80 clandestins à bord d’un navire. Peu avant le vote du Parlement italien, la presse italienne s’est fait l’écho de révélations selon lesquelles les poursuites ont été engagées contre l’ancien ministre de l’Intérieur bien que des magistrats italiens considèrent son action au gouvernement comme justifiée et légale (24). On peut se demander s’il ne s’agit pas de faire payer à Matteo Salvini d’avoir rompu un consensus délétère concernant l’accueil des clandestins en Italie et plus largement en Europe…

    L’économie de l’immigration clandestine : un secteur florissant

    Comme Alexandre Del Valle le démontre récemment dans les colonnes de Valeurs actuelles, l’immigration clandestine représente un business florissant (25). C’est tout un secteur économique, parfois financé par l’impôt, qui a été mis à l’arrêt pendant le confinement. Les clandestins, les passeurs et les ONG ont attendu avec impatience la reprise du trafic en Méditerranée, où chacun semble avoir un rôle convenu.

    Selon un journal allemand, un rapport du centre allemand d’analyse de l’immigration illégale rattaché au ministère de l’Intérieur, publié ces dernières semaines, mentionnerait que des passeurs présents en Libye détecteraient activement la présence des bateaux des ONG au large des côtes libyennes et leur enverraient des migrants, voire les contacteraient par téléphone. Le rapport parle même de « départs concertés » à partir des côtes libyennes (26).

    Une seule solution : le blocus de l’immigration clandestine

    Face à une situation qui ne cesse de se détériorer, un ancien officier de la marine italienne préconise qu’un blocus naval des zones côtières libyennes et tunisiennes soit mis en place et que les navires des ONG impliqués dans la traite des êtres humains soient confisqués (27).

    Mais si de telles mesures ont montré leur efficacité, elles nécessitent réalisme, courage et conviction. Or ces trois conditions semblent faire défaut tant de la part des responsables actuels des autorités italiennes que des dirigeants européens.

    Ainsi, la commissaire européenne aux Affaires intérieures, Ylva Johansson, déclarait récemment, à l’occasion de la présentation des objectifs du prochain pacte sur les migrations et l’asile, que les migrants « font partie de nous et nous faisons partie d’eux » (28). Elle ajoutait qu’« il est crucial d’ouvrir autant de voies de migration légales que possible ». On ne peut être plus explicite : toute dimension sociale et culturelle de l’immigration issue d’Afrique est évacuée. Seule compte l’immigration de peuplement. Comme s’il fallait en ajouter, en début d’année, l’opération Sophia, initialement chargée de lutter contre les passeurs convoyant des migrants de Libye en Italie, a été réorientée au contrôle de l’embargo sur l’importation d’armes en Libye (29).

    Crise sanitaire, crise économique, crise sociale, crise identitaire : c’est au pire moment que de nombreux clandestins affluent de nouveau en Europe, face à des gouvernements tétanisés.

    En 1848, Victor Hugo écrivait : « Le jour où la misère de tous saisit la richesse de quelques-uns, la nuit se fait, il n’y a plus rien. Plus rien pour personne. » Cela pourrait avoir été écrit aujourd’hui…

    Paul Tormenen (Polémia, 06 juillet 2020)

     

    Notes :

    (1) « Après le confinement, la submersion migratoire ? ». Paul Tormenen. Polémia. 19 mai 2020.
    (2) « Le Covid-19, nouveau danger pour les migrants en Méditerranée ». Libération. 10 avril 2020.
    (3) « Secours aux migrants : les ONG reprennent la mer en Méditerranée ». France Info. 18 juin 2020.
    (4) Operational Portal, Refugee Situation. UNHCR. Consultation le 1er août 2020.
    (5) Operational Portal, Refugee Situation. UNHCR. Requête « Dead and Missing at Sea – March 2019 ».
    (6) « Italian island overwhelmed as migrants boats arrive every hour on average ». Breitbart. 27 juillet 2020.
    (7) « Italian island of Lampedusa runs out of room to quarantine arriving migrants ». Breitbart. 1er août 2020.
    (8) cf. (4)
    (9) Communiqué de presse du ministère italien de l’Intérieur. 29 juin 2020.
    (10) « Lampedusa fait face à un nouvel afflux de migrants tunisiens ». InfoMigrants. 24 juillet 2020.
    (11) cf. (4)
    (12) « Ventimiglia, il limbo dei migranti respinti dalla Francia e costretti a dormire in strada ». Il Fatto quotidiano. 29 juillet 2020.
    (13) cf. (4)
    (14) « Un focolaio sulla Moby Zaza Da Sea Watch 28 contagiati ». Il Giornale.it. 24 juin 2020.
    (15) « EU wants migrants to drown, says German captain Carola Rackete ». InfoMigrants. 30 juin 2020.
    (16) « Bufera sul numero dei migranti contagiati. Il Viminale dica la verità ». Il Giornale.it. 2 juillet 2020.µ
    (17) « Il governo spedisce i migranti al nord e crea un maxi focolaio di Covid ». Il Giornale.it. 30 juillet 2020.
    (18) « Italie : plus de deux cents migrants bravent la quarantaine en Sicile ». Le Figaro. 27 juillet 2020.
    (19) « Nearly 70% of illegal migrants arriving in Malta have Coronavirus ». Remix News. 30 juillet 2020.
    (20) Intervention de Luigi Di Maio sur Facebook. 1er août 2020.
    (21) cf. (3)
    (22) « Fewer than 40% of migrants given deportation orders actually leave Europe ». Remix News. 31 juillet 2020.
    (23) « Italy: Salvini accuses left-wing government of importing coronavirus after over 700 migrants escape quarantine ». Remix News. 28 juillet 2020.
    (24) « Migrants : scandale en Italie après la divulgation d’échanges entre magistrats sur Salvini ». Valeurs actuelles. 24 mai 2020.
    (25) « L’incroyable business de l’immigration clandestine ». Alexandre Del Valle. Valeurs actuelles. 10 février 2020.
    (26) « NGO-Schiffe geortet – Konzertierte Abfahrten aus Libyen festgestellt ». Die Welt. 7 juillet 2020.
    (27) Interview du contre-amiral Nicola De Felice par Breizh Info le 27 juillet 2020.
    (28) « New EU migration pact set for start of summer ». EUobserver. 19 mai 2020.
    (29) « L’UE va remanier l’opération Sophia pour faire respecter l’embargo sur les armes en Libye ». EURACTIV. 22 janvier 2020.

     
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  • 20 mots clés du monde d'après...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Maxime Tandonnet, cueilli sur son blog personnel et consacré au "monde d'après" macronien. Ancien haut-fonctionnaire, spécialiste des questions d'immigration, et désormais enseignant, Maxime Tandonnet a été conseiller à l'Elysée sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Il a donné un témoignage lucide et éclairant de cette expérience dans Au cœur du volcan (Flammarion, 2014).

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    20 mots clés du monde d'après

    Annonces: la valse des annonces: à la différence de l’action ou de la décision, « l’annonce » n’engage que ceux qui l’ont entendue.

    Brouillage des esprits : la destruction des repères  (droite/gauche, débat d’idées, partis, etc.), engendre un terreau de confusion ou s’enracine le culte narcissique.

    Courtisanerie: partout, dans la presse, les administrations ou les médias, les lèche-bottes prolifèrent comme une sorte d’anti peuple réfractaire.

    Culot (« plus c’est gros plus ça passe »): copinage et clanisme nonobstant les mises en examen de source judiciaire: rien ne doit donner le sentiment de les faire reculer.

    Don d’ubiquité: être partout à la fois courir du matin au soir, démultiplier les apparitions, et gesticuler comme des pantins pour donner l’illusion de l’action.

    Déconnexion: la question n’est pas de régler les sujets mais de les nier, les effacer (dette, chômage, violence, migrations, pauvreté), en évitant tout ce qui s’y rapporte.

    Démultiplication des « petits pains« ou des milliards: on ne sait d’où ils sortent mais ils prolifèrent 12, 70, 100; à chaque apparition son bouquet de milliards distribués.

    Grands mots vides: « le nouveau monde, la transformation, la refondation , la réinvention, le monde d’après »: en compensation de l’immobilisme et l’impuissance.

    Incantation: il suffit de pavoiser, claironner, pour prétendre avoir traité un problème: proclamer « ceci est intolérable! » en guise de mesure pour la sécurité.

    Irresponsabilité: déclencher les pires calamités commettre les fautes les plus monstrueuses n’a pas la moindre conséquence: j’y suis, j’y reste.

    Jupitérisme: où l’autorité verticale, d’autant plus implacable sur la forme que dépourvue de prestige et de confiance populaire, tourne à vide et brasse le néant.

    Mépris:  des « sans dents » aux « Gaulois réfractaires »: il est entendu une fois pour toute que la « vile populace » ne mérite que la chicote, doit être matée (avec le sourire).

    Narcissisme: le principe « d’incarnation » devenu fou quand la vie publique se confond toute entière avec l’image médiatique d’un individu.

    Nihilisme: l’ère du vide, rien ne compte, rien n’importe, ni le bien commun, ni l’intérêt public ou national, en dehors d’une fin suprême: la réélection comme but en soi.

    Provocation et polémiques: déclencher l’excitation médiatique ou l’hystérie pour donner l’illusion du mouvement et de l’action.

    Sensationnel: noyer la médiocrité, les souffrance, les préoccupation de l’époque dans une surenchère de coups médiatiques, d’événements et d’apparitions providentiels.

    Spectacle : la vie politique présentée en grand spectacle autour d’un héros de légende, Jupiter ou archange Saint Michel pour combattre les démons (« populistes »).

    Table rase: un événement chasse l’autre, la roue médiatique tourne, la mémoire se rétrécit à vue d’œil: il suffit de quelques jours pour faire oublier les pires sottises.

    Transgression: ne reculer devant rien, aucune aberration, aucune contradiction: un jour post national, le lendemain souverainiste. Et alors?

    Vanité: principe fondamental du nouveau régime narcissique, équivalent de ce qu’est   la vertu à la démocratie, l’honneur à l’aristocratie, et la crainte à la monarchie (selon Montesquieu).

    Maxime Tandonnet (Blog personnel de Maxime Tandonnet, 8 août 2020)

     
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  • L'Europe verte des bisounours...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Renaud Girard cueilli sur Geopragma et consacré au plan de relance européen... Renaud Girard est correspondant de guerre et chroniqueur international du Figaro.

     

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    L'Europe verte des bisounours

    A Bruxelles, le 21 juillet 2020, après une longue et dure négociation, les dirigeants des Etats membres de l’Union européenne (UE) ont adopté un plan de relance économique sans précédent dans l’histoire du vieux continent. Fondé, pour la première fois, sur un emprunt commun, il prévoit d’accorder pour 750 milliards d’euros de prêts et de subventions aux économies de l’UE. La Commission européenne lui a donné le nom de « Next Generation EU ». Il s’agit d’« investir pour la nouvelle génération », c’est-à-dire de préparer un avenir meilleur aux enfants de cette Europe qui a été affaiblie, depuis le début du millénaire, par un triple déclin relatif face aux autres continents (démographique, industriel, technologique). Ces sommes considérables s’ajouteront au budget pluriannuel de l’UE, qui prévoit de dépenser quelque 1100 milliards d’euros de 2021 à 2027.

    La légitime ambition de ce New Deal enfanté à Bruxelles est de rendre le vieux continent plus « résilient ». Les peuples européens réclament de l’UE davantage de protections. Ils ont été choqués de constater qu’elle s’était montrée incapable d’anticiper, et ensuite de bien gérer, trois grandes crises successives :  la crise financière de 2008 venue des Etats-Unis ; la crise migratoire de 2015 venue des rives arabo-islamiques de la Méditerranée ; la crise sanitaire de 2020, venue de Chine.

    Sur le principe d’un sursaut de l’Europe, nous ne pouvons qu’être d’accord. Mais sur la forme et sur le fond, on est en droit de questionner le travail réalisé pour le moment par la Commission et le Conseil européens. Sur la forme : qu’est ce qui nous garantit que l’argent ira dans des infrastructures pérennes et non dans des actions de saupoudrage destinées, en bout de ligne, à camoufler des régimes sociaux structurellement déséquilibrés ? Sur le fond : l’UE a-t-elle dessiné une hiérarchie crédible de ses priorités ?

    Le document de la Commission sur lequel ont travaillé les dirigeants européens dit que la stratégie de relance de l’UE est, en premier, fondée sur un « pacte vert européen ». Qui ne serait d’accord avec la « vague de rénovationde nos bâtiments et de nos infrastructures » que propose le pacte ? Ou avec ses « projets d’énergie renouvelable » et son « économie de l’hydrogène propre » ? Ou avec ses « transports et une logistique plus propres, y compris l’installation d’un million de points de recharge pour les véhicules électriques » et son « coup de fouet au transport ferroviaire et à la mobilité propre dans nos villes et régions » ?

    Il n’y a aucun mal à vouloir faire de l’Europe un paradis vert. Mais cette action doit être le résultat, et non la prémisse, d’une réelle stratégie de relance. Laquelle doit viser à renforcer la recherche et l’innovation, à restaurer l’industrie européenne, à lui redonner une compétitivité pérenne, afin de créer la prospérité qui permettra, dans un second temps, de financer la révolution verte. L’objectif prioritaire de l’Europe aujourd’hui devrait être de construire chez elle un modèle productif ouvert, horizontal, supérieur en efficacité au modèle chinois vertical. S’ils veulent être pris au sérieux à Washington, Pékin, Tokyo, Delhi ou Moscou, les Européens ne peuvent se borner à faire de leur continent un gigantesque parc d’attractions décarboné.

    Il est grand temps que les Européens se convertissent au réalisme et qu’ils regardent le monde tel qu’il est. C’est un univers de compétition impitoyable pour la suprématie technologique et industrielle, laquelle finit toujours par se transformer en suprématie politique. Dans ce gigantesque combat, la Chine, l’Inde, la Russie – et même leur alliée l’Amérique – ne leur feront aucun cadeau.

    A travers ce « Next Generation EU », on ne voit hélas pas l’UE investir massivement dans les biotechnologies, dans l’intelligence artificielle, dans l’espace, dans la défense. On ne voit pas de relance proprement industrielle. L’Allemagne est-elle indifférente, parce qu’elle a déjà son propre programme, excellent, intitulé Industrie 4.0, où elle va produire les usines connectées de demain, avec des machines intelligentes coordonnant de façon autonome les chaînes de production ?

    A écouter les interventions récentes des dirigeants français, on les sent sous l’emprise d’une nouvelle idéologie verte. Une sorte de maoïsme écologique. Déjà, il y a eu des décisions aberrantes, comme la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim. Veut-on à présent construire l’Europe verte des bisounours ? 

    L’UE grignote ses dépenses de défense. Cela ne correspond pas à la réalité conflictuelle de notre nouvelle décennie. Le virage néo-ottoman de la Turquie devrait nous faire réfléchir. L’Union soviétique est morte des excès de son idéologie rouge. Notre Europe doit se sauver des excès de son idéologie verte. 

    Renaud Girard (Geopragma, 31 juillet 2020)

     

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