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Livres - Page 496

  • Printemps syrien ?...

    «En arabe, révolution se dit thawra. Il n’est pas certain que ce mot y ait la même valeur eschatologique qu’en Occident. La Révolution française et ses échos historiques continuent donc à fausser la vision de ce qui se passe dans le monde arabe, dont le moins qu’on puisse dire, mais qui n’est pas dit, est que les peuples qui le constituent ne sauraient désirer ni la terreur robespierriste ni l’hiver soviétique. Se ranger à l’idée que ce sont les peuples qui ont chassé les dictateurs de Tunisie, d’Égypte, du Yémen, de Libye est en réalité aussi niais que de soutenir que l’intervention américaine en Irak était réclamée à cor et à cris par le peuple irakien ou que les Serbes désiraient à tout prix être délivrés de Milosevic grâce au bombardement massif de leur territoire par les avions de l’OTAN – deux exemples de crimes de guerre que l’histoire officielle n’enregistrera jamais comme tels.»


    Les éditions Fata Morgana viennent de publier un petit texte superbe de Richard Millet intitulé Printemps syrien. Un point de vue à contre-courant de l'opinion dominante comme on pouvait l'attendre de l'auteur de L'opprobre ou de Fatigue du sens...


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    "Plus acerbe que jamais, Richard Millet s’insurge contre l’actuel discours journalistique – consensuel, mou et édulcoré – au sujet des insurrections en Syrie, et nous donne à voir son appréhension, à contre-courant de la doxa occidentale, quant à la portée des événements qui frappent le Proche-Orient."

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  • Du surréalisme au fascisme...

    Les éditions Via Romana publient Jean Fontenoy, aventurier, journaliste et écrivain, une biographie signée par Philippe Vilgier. Docteur en sciences politiques, Philippe Vilgier a publié plusieurs ouvrages consacrés à la droite avec Francis Bergeron (dont un réjouissant Paris by right - Guide de l'Homme de droite à Paris, au début des années 90 !...).

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     "Journaliste et écrivain, homme d’action aussi à l’aise avec une machine à écrire qu’avec un pistolet-mitrailleur, Jean Fontenoy (1899-1945) a participé aux convulsions révolutionnaires de la première moitié du XXe siècle : avant-garde littéraire, Grande Guerre, Russie bolchevique, Chine de Chiang Kaï-chek et des Seigneurs de la guerre, drogue, engagement sur le front finlandais en 1939 contre l’URSS, enfin adhésion militante à la politique de Collaboration avec l’Allemagne nationale-socialiste.
       Fidèle à ses origines modestes, il est cependant toujours resté hanté par la question sociale dans les tours et détours souvent complexes de sa vie.
       Correspondant de presse, responsable d’agence, fondateur et directeur de journaux, auteur d’articles et de livres remarqués, Jean Fontenoy a participé, avec une réelle indépendance d’esprit et le souci d’être au cœur des événements, à la vie politique et culturelle de son temps, et notamment à l’évolution du nationalisme français de l’entre-deux-guerres.
       Voici la première biographie non romancée de cet étonnant personnage, fondée sur une documentation ample et précise, et présentée du point de vue de l’histoire des idées politiques."

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  • Sur quelques antimodernes...

    Pierre Le Vigan vient de publier aux éditions de La barque d'or, Ecrire contre la modernité, un essai consacré à quelques auteurs antimodernes, de Montaigne à Jean-Claude Michéa. Collaborateur des revues Eléments, Krisis et Le Spectacle du monde, il a notamment publié Inventaire de la modernité avant liquidation (Avatar, 2007) et La banlieue contre la ville (La barque d'or, 2011).

    Le livre peut être commandé à l'adresse suivante, pour la somme de 18 euros 50, port compris :

    Editions La Barque d'Or

    35 avenue Ferdinand Buisson

    75016  Paris

     

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    "Les philosophes des Lumières n'ont pas inventé la modernité mais ils l'ont ramenée à une religion du progrès. De ce point de vue, Rousseau se distingue de ceux qui croyaient au progrès comme règlement du problème de l'homme. Les philosophes des Lumières, contrairement à Rousseau, ont amené l'idée que l'homme améliore sa nature même - et pas seulement ses outils - en s'accomplissant dans la « liberté» entendue en un sens nouveau : la désinsertion de l'individu par rapport aux héritages culturels et à l'idée même de transmission. Ils ne croient pas seulement dans des progrès et des libertés mais dans Le Progrès et La Liberté, ce qui est tout autre chose et constitue un bouleversement. C'est pourquoi le début de cet ouvrage présente une étude sur la philosophie des Lumières.

    En contrepoint s'imposait le portrait de quelques penseurs guéris des illusions du progrès. Rebelles à la modernité ou en tout cas réactifs à celle-ci, les auteurs que nous évoquons - à l'exception notable de Pascal - affirment que l'essentiel reste de penser la limite de l'homme, la finitude de son histoire, et le tragique du monde. Loin de se laisser intimider par l'injonction d'être moderne, ils voient au-delà."

     

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  • Kubark : la manipulation mentale pour les nuls...

    Les éditions La Découverte, dans la collection Zones, publient dans une édition commentée Kubark, un manuel de la CIA, datant des années 60, consacré à la pratique de la manipulation mentale et de la torture psychologique...

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    "En pleine guerre froide, la CIA, sous le nom de code "Kurbak", rédige un manuel d'interrogatoire secret destiné à ses agents. Mobilisant les résultats de recherches en psychologie expérimentale, les auteurs formulent les principes d'une pratique scientifique de l'interrogatoire à la violence aseptisée. Au-delà des coups ou de la douleur, il s'agit de
    manipuler le psychisme du sujet pour le faire craquer. A cette fin, ils énoncent, à l'échelle individuelle, les principes de ce que Naomi Klein a appelé la "stratégie du choc", ensuite
    appliquée par le néolibéralisme à l'échelle des sociétés: provoquer brusquement chez le sujet un état de régression psychique afin de le placer sous emprise. Cette doctrine
    contre-insurrectionnelle a ensuite inspiré, au travers de la School of Americas de triste mémoire, les tortionnaires des dictatures sud-américaines, mais aussi plus récemment les pratiques d'interrogatoire américaines à Abou Ghraib et Guantanamo. Ce document confidentiel, rédigé en 1963, fut tenu secret jusqu'en 1997, date à laquelle des journalistes américains purent obtenir sa déclassification au nom de la loi sur la liberté de l'information. De nombreux passages demeurent cependant censurés. Il s'agit de la première traduction française de ce texte, jusque-là inédit. Connaître les principes d'un pouvoir, ses stratagèmes et ses tactiques est la première des conditions pour qui veut le déjouer."

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  • La fabrication de l'ennemi...

     «Sans ménager, ce qui va de soi, les dictatures, Pierre Conesa examine sans indulgence les « deux poids deux mesures » si souvent utilisés par les démocraties qui se prétendent les plus moralement respectables. En chemin, il rappelle que l’idée reçue, d’ailleurs fort récente, selon laquelle celles-ci seraient, par nature, pacifiques, est largement détrompée par les faits.» Gérard Chaliand

    Nous vous signalons avec retard la parution de La fabrication de l'ennemi, un essai de Pierre Conesa publié aux éditions Robert Laffont. Agrégé d'histoire et énarque, Pierre Conesa a fait partie dans les années 90 de la Délégation aux affaires stratégiques du Ministère de la défense. Il est l'auteur de plusieurs essais, dont Les Mécaniques du chaos : bushisme, prolifération et terrorisme (L'Aube, 2007) et d'un excellent polar géopolitique, intitulé Dommages collatéraux (Flammarion, 2002) .

     

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    "Comment les hommes en viennent-ils à se massacrer légalement ?

    « Nous allons vous rendre le pire des services, nous allons vous priver d'ennemi ! », avait prédit en 1989 Alexandre Arbatov, conseiller diplomatique de Mikhaïl Gorbatchev. L'ennemi soviétique avait toutes les qualités d'un « bon » ennemi : solide, constant, cohérent. Sa disparition a en effet entamé la cohésion de l'Occident et rendu plus vaine sa puissance.
    Pour contrer le chômage technique qui a suivi la chute du Mur, les États (démocratiques ou pas), les think tanks stratégiques, les services de renseignements et autres faiseurs d'opinion ont consciencieusement « fabriqué de l'ennemi » et décrit un monde constitué de menaces, de risques et de défis.
    L'ennemi est-il une nécessité ? Il est très utile en tout cas pour souder une nation, asseoir sa puissance et occuper son secteur militaro-industriel. On peut dresser une typologie des ennemis de ces vingt dernières années : ennemi proche (conflits frontaliers : Inde-Pakistan, Grèce-Turquie, Pérou-Équateur), rival planétaire (Chine), ennemi intime (guerres civiles : Yougoslavie, Rwanda), ennemi caché (théorie du complot : juifs, communistes), Mal absolu (extrémisme religieux), ennemi conceptuel, médiatique...
    Comment advient ce moment « anormal » ou l'homme tue en toute bonne conscience ? Avec une finesse d'analyse et une force de conviction peu communes, Pierre Conesa explique de quelle manière se crée le rapport d'hostilité, comment la belligérance trouve ses racines dans des réalités, mais aussi dans des constructions idéologiques, des perceptions ou des incompréhensions. Car si certains ennemis sont bien réels, d'autres, analysés avec le recul du temps, se révèlent étonnamment artificiels.
    Quelle conséquence tirer de tout cela ? Si l'ennemi est une construction, pour le vaincre, il faut non pas le battre, mais le déconstruire. Il s'agit moins au final d'une affaire militaire que d'une cause politique. Moins d'une affaire de calibre que d'une question d'hommes."

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  • Ainsi parlait Zarathoustra : une lecture...

    Les éditions Kimé ont récemment publié un livre de Pierre Héber-Suffrin en trois volumes intitulé Lecture d'Ainsi parlait Zarathoustra (tome 1 : De la vertu sommeil à la vertu éveil ; tome 2 : A la recherche d'un sauveur ; tome 3 : Penser, vouloir et dire l'éternel retour) . S'appuyant sur une nouvelle traduction d'Ainsi parlait Zarathoustra, par Hans Hildenbrand, publiée elle-aussi chez Kimé, l'auteur nous livre un commentaire de plus de 700 pages, fruit d'une intense rumination, de l'oeuvre célèbre, belle et énigmatique de Friedrich Nietzsche.

    Nous reproduisons ci-dessous le commentaire que Michel Onfray a fait du livre dans le magazine Le Point.

     

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    Faire la révolution avec Nietzsche

    Ainsi parlait Zarathoustra est, Nietzsche l'a suffisamment dit, "un livre pour tous et pour personne". Longtemps, il est resté un livre pour personne - ou si peu de lecteurs ; désormais, grâce au travail gigantesque de Pierre Héber-Suffrin, il devient un livre pour tous. Ce livre dont Nietzsche affirmait qu'il était "le vestibule de (s)a philosophie" est un temple païen crypté et quiconque ne dispose pas des codes se perd dans ce labyrinthe. Il faut le méditer longuement, "ruminer", pour le dire avec un mot du philosophe lui-même, s'en imprégner, vivre avec au long cours et, un jour, parce qu'on l'aura mérité, avec force patience intellectuelle, on découvre le fil d'Ariane.

    Pierre Héber-Suffrin, auquel on doit déjà un petit livre introductif intitulé Le Zarathoustra de Nietzsche, offre au lecteur du XXIe siècle un trousseau de clés pour ouvrir la forteresse avec, excusez du peu, une nouvelle traduction et trois volumes de commentaires, soit plus de 700 pages : De la vertu sommeil à la vertu éveil, À la recherche d'un sauveur et Penser, vouloir et dire l'éternel retour.

    Philosophante

    Dans une lettre à son ami Overbeck, Nietzsche signale que les quatre parties d'Ainsi parlait Zarathoustra se sont vendues entre 60 et 70 exemplaires... Il décide de publier à compte d'auteur. Lors de la guerre de 14-18 (Nietzsche est mort en 1900), on dit que le livre est mis dans la musette des soldats qui partent au front. Pendant la Seconde Guerre mondiale, des Français patriotards font du surhomme un surboche... Quelques commentateurs estampillés par l'institution philosophante contribuent à propager encore aujourd'hui ce genre de boniments. Jamais malentendu ne fut plus grand à propos d'un livre de philosophie.

    Camus dédouanait le texte de Nietzsche de toute responsabilité dans la récupération qu'en firent les nazis, mais il reprochait au philosophe allemand de n'avoir rien écrit qui interdise ce détournement. N'entrons pas dans le détail polémique, mais la haine qu'avait Nietzsche de l'État, son mépris des médiocres qui font carrière dans la politique, sa détestation des antisémites doublée d'un éloge du génie juif, sa lutte perpétuelle contre le ressentiment qui est le moteur du national-socialisme, son combat contre l'idéal ascétique paulinien consubstantiel à tout fascisme témoignent contre un usage de Nietzsche à des fins de justification du régime hitlérien.

    Littéral

    La responsabilité du mésusage de Nietzsche en revient d'abord à Elisabeth Förster-Nietzsche, sa soeur, qui fut une antisémite notoire, une amie de Mussolini, une affidée du parti nazi, une complice personnelle d'Adolf Hitler, qui lui rendit un hommage national lors de sa mort, en 1935. On doit à cette vipère la constitution d'un faux livre, La volonté de puissance, un collage de textes qu'elle récrivit dans le but militant de montrer que son frère philosophe aurait soutenu les aventures fascistes... Nombre de philosophes contemporains souscrivent encore à ce détournement fasciste de l'oeuvre d'un mort.

    D'où l'intérêt de lire vraiment ce livre compliqué parce que lyrique, poétique, ironique, rempli de références, de clins d'oeil bibliques, de citations mythologiques occidentales et orientales, de renvois à tel ou tel passage du restant de son oeuvre. On y trouve de l'autobiographie travestie : l'écho de relations avec Richard Wagner ou Lou Salomé, la permanence de sa souffrance, qui mélange une fragilité psychique et les atteintes progressives de la syphilis, l'art de lire ou d'écrire, un commentaire permanent de vingt-cinq siècles de philosophie, des jeux de mots, des allitérations productrices de sens, etc. Pierre Héber-Suffrin dégage des pistes et taille des sentiers dans cette forêt primitive.

    Lumineux

    Les malentendus procèdent également de traductions fautives : le maître d'oeuvre de ce travail gigantesque propose celle de Hans Hildenbrand, traducteur par ailleurs de Marx, Freud, Adorno, Fink, Sloterdijk. Pierre Héber-Suffrin ne souhaite pas proposer une nouvelle lecture, une énième thèse qui renseigne plus sur l'exégète que sur le philosophe. Il souhaite juste, ce qui est effectivement la véritable thèse de Nietzsche, attirer l'attention sur le fait qu'Ainsi parlait Zarathoustra propose une sagesse.

    Loin des commentaires qui obscurcissent le texte de Nietzsche et qui constituent l'essentiel de la bibliothèque nietzschéenne, Pierre Héber-Suffrin le rend limpide, clair, lumineux par son commentaire littéral. Aux antipodes du penseur clinquant sous l'armure médiévale, le surhomme apparaît comme un compagnon de route des sages de l'antiquité gréco-romaine - héraclitéens, épicuriens, stoïciens, pyrrhoniens -, mais aussi des sages orientaux - shivaïtes, brahmanes, mazdéens...

    Prototypique

    Qui est Zarathoustra ? Le prophète du surhomme. Quel est son message ? Il annonce la mort de Dieu, le ciel vide de toute idole, la terre devenue le seul espace pour une vie surhumaine ; il enseigne les pleins pouvoirs du vouloir vers la puissance, autrement dit de la force qui, dans la vie, veut la vie ; conséquemment, il affirme l'inexistence du libre arbitre ; il professe l'éternel retour de ce qui est, et cela, à l'identique : nous vivons ce que nous avons déjà vécu et nous le vivrons éternellement dans les mêmes formes ; il invite à savoir ces vérités et à les aimer, amor fati, autrement dit : aime ton destin. Si l'homme suit cet itinéraire intellectuel, alors il devient un surhomme - il connaît la béatitude, la joie du pur plaisir d'exister. Précisons que cet homme peut être bien sûr une femme : le surhumain n'est pas une affaire de mâles ou de virilité, mais de genre humain.

    Pierre Héber-Suffrin débarrasse Nietzsche de toutes les scories accumulées sur son nom depuis plus d'un siècle. Ce philosophe longtemps présenté comme préfasciste, antisémite, belliciste, nationaliste, pour le dire en deux mots qui n'honorent pas leurs utilisateurs, en Allemand prototypique, apparaît enfin et vraiment pour ce qu'il est : un maître de vérité et de lucidité, de sagesse pratique et de probité intellectuelle, un contemporain capital, un inactuel d'une cruelle actualité !

    Bible athée

    Dans notre époque nihiliste, dont Nietzsche a d'ailleurs raconté les symptômes, la lecture révolutionnaire de Pierre Héber-Suffrin présente ce livre majeur à un public qui ne sera pas celui des philosophes professionnels - et c'est heureux. Car, de Karl Jaspers à Luc Ferry et André Comte-Sponville, en passant par Heidegger ou Deleuze, la lecture professorale du Zarathoustra passe sous silence cette évidence que ce grand oeuvre est tout bonnement un livre de morale pratique. Cette bible athée propose en effet au lecteur de mener une vie philosophique, autrement dit de faire du texte une occasion de vie transfigurée. Nietzsche aspirait à de nouvelles possibilités d'existence, le surhomme en est la figure, ce commentaire, le mode d'emploi.

    Ce livre n'était pas un livre pour les professeurs, dont les lectures ont faussé le message nietzschéen pendant plus d'un siècle. La glose universitaire a tenu à distance ces pages d'un philosophe-artiste qui ne s'adressait pas aux fonctionnaires de l'État payés pour enseigner ce qu'ils présentaient comme sa pensée - et qui était souvent la leur... Dans l'esprit de la philosophie antique, Nietzsche souhaitait que la philosophie, sa philosophie, ne soit pas une affaire de professeurs, mais une aventure humaine. Qu'elle suscite moins le commentaire que la conversion, un mot malheureusement dérobé par le christianisme à la philosophie païenne par la patristique.

    Voici donc, pour notre plus grand bonheur, un commentaire qui propose la conversion. Ces quatre ouvrages fonctionnent comme un manuel du surhumain à mettre dans toutes les mains. L'heure est venue où l'on peut enfin lire et comprendre Nietzsche. Gageons qu'il aurait aimé cette exégèse minutieuse du poème dans lequel il avait concentré toute sa philosophie - pour la partager.

    Michel Onfray (Le Point, 12 avril 2012)

     

     

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