"Avec les hold-up financiers, l’on assiste à une inversion totale de polarité. En l’espèce, ce n’est plus un citoyen qui braque une banque, mais la banque qui braque l’ensemble des citoyens. Et, alors que le hold-up traditionnel était illégal, et pouvait être à certains égards - et c’est ainsi que le présente le cinéma - légitime, le hold-up des financiers en est la parfaite image inversée. Totalement légal - puisque ce sont les acteurs du système financier qui édictent leurs propres règles sous le regard approbateur de l’Etat - mais illégitime, car les seuls à en payer le prix sont les citoyens. Si le braqueur à l’ancienne était hors la loi, les braqueurs de la finance sont confortablement installés au-dessus des lois. Cyniques et iniques, favorisant leur caste, les banques se comportent en Robin des Bois à rebours : elles volent les pauvres pour donner aux riches."
Les éditions Mille et une nuits viennent de publier un essai de Paul Vacca intitulé La société du hold-up. Philosophe de formation, Paul vacca est scénariste et essayiste.
"Le hold-up, forme illégale d’appropriation apparue aux États-Unis au lendemain de l’Indépendance, raconte depuis deux siècles notre société capitaliste.
Autrefois, en marge, magnifié par le cinéma – aux temps héroïques des ennemis publics nº 1 et des « casses du siècle » –, il se posait en défi au capitalisme, refusant ses règles.
Aujourd’hui, c’est au cœur même de la machine capitaliste que le hold-up prospère : dans les banques où les « déréglementeurs » engrangent profits par millions ; dans les entreprises, où les adeptes de la disruption braquent les marchés pour se constituer en monopoles, à l’instar d’Apple, de Google ou de Facebook ; ou dans l’industrie du spectacle et de l’information qui se repaît de blockbusters et de buzz… Devenu paradigme absolu, il tend à régir notre société mondialisée où tout se vit dans l’immédiateté. Désormais chacun rêve de « faire son coup » pour se mettre à l’abri de la précarité…
Paul Vacca explore avec originalité cette histoire jalonnée de faits divers, de films et de crises et décrypte, exemples à l’appui, la montée inexorable de la logique de hold-up dans notre société."