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Livres - Page 456

  • Les gentlemen flingueurs...

    Les éditions Gallimard viennent de publier un premier volume de la Correspondance entre Paul Morand et Jacques Chardonne, deux pestiférés de la littérature de l'après-guerre, suite à leur engagement dans le camp des perdants. Nous reproduisons ci-dessous la présentation faite du livre par Jérôme Dupuis dans L'Express...

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    Paul Morand et Jacques Chardonne, gentlemen flingueurs

    "Nos lettres pourraient être publiées, en l'an 2000, sous le titre "Après nous le déluge", non?" Nous sommes le 12 février 1960, quand Paul Morand, ancien ambassadeur de Vichy à Bucarest, lance cette boutade à Jacques Chardonne, ex-vedette du "voyage des écrivains " dans le Reich hitlérien. Depuis dix ans déjà, ces deux réprouvés s'écrivent chaque jour de longues lettres, dans lesquelles ils ont décidé de tout dire. Une "bombe enfouie pour l'Histoire future", résume Chardonne, qui stocke les missives de son ami dans son coffre-fort, à côté de l'or de son épouse. 

    Ces lettres sentant le soufre, nous en avons enfin sous les yeux une première livraison, parfaitement annotée, de 1100 pages, couvrant les années 1949-1960, en attendant deux autres volumes... 

    Malraux? "Mythomane" Sagan? "Médiocre"

    Après eux, le déluge, en effet. Les deux "tontons flingueurs" des lettres n'ont plus rien à perdre. Le plus brillant est sans conteste Paul Morand : à 70 ans, cet ex-diplomate marié à une princesse roumaine sillonne encore l'Europe au volant de sa Studebaker, toujours entre une chasse à courre dans le Kent et un dîner avec Charlie Chaplin.  

    Ses lettres, sorte d'autobiographie affranchie, sont éblouissantes. Il a tout lu, tout vu, tout bu. Ce ne sont que : "C'est Oscar Wilde qui avait conseillé à mon père de m'envoyer à Oxford..." et autres : "Proust me disait toujours..." Son ami Proust, qui le surnommait "le plus perfide des attachés d'ambassade", comme il le rappelle ici dans un génial pastiche de Balzac. 

    Chardonne, lui, en héritier d'une lignée de producteurs de cognac charentais, savoure, taillant ses chers rosiers dans sa maison de La Frette, sur une boucle de la Seine. Ancien propriétaire des éditions Stock, il joue les agents littéraires pour son ami et distille tous les ragots de Saint-Germain-des-Prés. 

    L'occasion, pour ces deux bannis, de se livrer à un joyeux ball-trap. Mauriac, leur bête noire de L'Express ? "Lançant une grosse erreur, et se mettant, par gaminerie, la main devant la bouche, pour la rattraper et se faire pardonner et se faire pardonner. Malheureusement, il insulte en public et se fait pardonner en privé, ce qui est lâche." Pour les autres, ce sera plus lapidaire. Malraux? "Mythomane." Sagan? "Médiocre." Julien Green? "Pédé-chrétien." Le Nouveau Roman? "Illisible." Mais Morand est aussi capable de s'enthousiasmer pour A bout de souffle...

    Le "traître" de Gaulle

    Et puis, il y a la divine surprise des hussards. Car cette Correspondance est aussi l'histoire de la résurrection littéraire de ces deux "iguanes préhistoriques des Galapagos". Morand et Chardonne sont soudain fêtés par une génération de jeunes insolents - Nimier, Blondin, Déon, Millau... Ils rajeunissent au contact de ces joyeux anti-sartriens, qu'ils retrouvent pour des soirées au champagne et couvent com -me leurs propres enfants (si Nimier a des problèmes cardiaques, ils l'envoient illico consulter l'ancien médecin de... Pétain!). Promus colonels des hussards, les voilà qui découvrent la "jeunesse de la vieillesse". 

    Les épreuves ne manquent pas, pourtant. En mai 1958, Morand, fantôme de Vichy parti à l'assaut du Quai de Conti, échoue d'une voix à l'Académie. Une semaine plus tard, c'est le "traître" de Gaulle qui revient au pouvoir, ce général auquel les deux épistoliers dénient jusqu'à sa particule, l'appelant assez comiquement "Gaulle" dans leurs échanges. C'est que les deux réprouvés n'ont rien abdiqué de leur passé. "Je ne renie rien du Ciel de Niefheim", écrit Chardonne, faisant allusion à son ode à l'Allemagne hitlérienne, parue en 1943. 

    Quant à Morand, il ne manque jamais une occasion de dénoncer les "judéonègres". (Pas un seul mot sur la Shoah en 1100 pages, chez ces deux intellectuels qui refont le monde de l'après-Yalta.) "Il faut faire attention à ce que l'on écrit. Il y a des mots qui ne s'effacent pas", prévient pourtant Chardonne. Ils n'en ont cure. Le déluge peut commencer.

    Jérôme Dupuis (L'Express, 1er décembre 2013)

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  • Un homme dans l'empire...

    « Nous n’étions pas qu'une machine à faire la guerre mais nous prétendions édifier un empire qui civiliserait peu à peu le monde connu ou, du moins, celui que nos armes pourrait forger, et c'était cet idéal que je souhaitais servir. »

    Les éditions L'Age d'Homme viennent de publier Un homme dans l'Empire de Dominique Inchauspé. Avocat, auteur de plusieurs essais, comme L'erreur judiciaire (Puf, 2010) Dominique Inchauspé nous livre un roman qu'on peut placer dans la lignée du Désert des Tartares (1940) de Buzzati, d'Héliopolis (1949) de Jünger ou du Rivage des Syrtes (1951) de Gracq...

     

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    " Dans un bastion en face du fleuve Bellore, le capitaine Varlien écrit, des semaines durant, à une femme dont il a divorcé. Lertère Varlien sert dans l’armée d’un empire intemporel, mélange de l’Algérie de la conquête française, de celle des opérations de maintien de l’ordre et aussi des frontières nord de l’Empire romain. Académie militaire puis première affectation dans les Provinces archaïques à feu et à sang, le jeune homme mûrit vite. De retour à la capitale, il est entraîné dans un jeu mondain qui le séduit et où il séduit une femme d’une beauté hors du commun. Ils s’épousent puis divorceront. Ses lettres dont il retarde l’envoi deviennent une sorte de journal de marche de son esprit : anecdotes de guerre atroces, interrogations sur la cruauté, méditations sur la chose militaire et sur l’idée impériale… Au printemps, l’Armée combattante passera sur la rive barbare du Bellore et cherchera à y venger une défaite cuisante.

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  • Critique de la bien-pensance...

    Les éditions Jacob-Duvernet viennent de publier un essai de Muriel de Rengervé, intitulé L'affaire Richard Millet - Critique de la bien-pensance. Normalienne, agrégée d'histoire, Muriel de Rengervé est romancière.

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    " A peine quelques jours après la parution par l'écrivain Richard Millet du court texte Eloge littéraire d'Anders Breivik, le 24 août 2012, un emballement médiatique s'est déclenché. Tout ce que Paris compte d'intellectuels, d'écrivains, grands et petits, de penseurs, de critiques littéraires, de censeurs autoproclamés, s'est mobilisé pour organiser la mise à mort sociale, littéraire, intellectuelle, de Richard Millet. Qui a vraiment lu le texte de Millet ? Très rares ont été ceux qui ont accepté de débattre avec lui. Le Clézio, Annie Ernaux, à l'origine d'une pétition, Bernard-Henri Lévy, et d'autres participent à la curée. Ils auront gain de cause : le 13 septembre 2012, Richard Millet doit démissionner du comité de lecture de Gallimard, tout en continuant son travail d'éditeur. Les pressions médiatiques et les réactions individuelles l'ont emporté. Dans la France du début du XXIe siècle, le débat d'idées serait-il devenu impossible ? L'autre, celui qui professe une opinion différente, est refusé, rejeté, mis au ban, considéré comme un menteur et, insulte devenue courante, comme un fasciste. Une chape de plomb semble s'être abattue sur la vie intellectuelle et littéraire, où toute idée dissonante, tout propos dérangeant est immédiatement disqualifié. Le moralisme et l'antiracisme, nouveaux dogmes imposés à toute la société, se sont mués en maccarthysme. La France est-elle entrée dans l'ère du terrorisme intellectuel ? "

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  • Laurent Dandrieu fait son cinéma...

    Les éditions de L'Homme nouveau viennent de publier un Dictionnaire passionné du cinéma établi par Laurent Dandrieu. Journaliste et critique de cinéma à Valeurs actuelles, Laurent Dandrieu était, dans les années 90, un des animateurs de la revue Réaction, remarquable revue de la droite littéraire de conviction. Il a récemment publié Woody Allen - Portrait d'un antimoderne (CNRS éditions, 2012).

     

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    " Comment s’y retrouver dans une production cinématographique surabondante, et de plus en plus accessible au gré des rééditions vidéo, mais aussi de la multiplication des chaînes de télévision ? Comment distinguer ce qui vaut la peine d’être vu de ce qui est une simple perte de temps, les films qui élèvent de ceux qui dégradent, ceux qui ouvrent au spectateur de nouveaux horizons de ceux qui l’enferment dans une vision négative de l’existence ?
    Offrant une sélection très large du cinéma récent, mais aussi des grands classiques, chefs-d’œuvre, curiosités ou fausses valeurs que le septième art a produits depuis l’origine, Laurent Dandrieu présente 6000 films à regarder ou à éviter. Par rapport aux autres dictionnaires existants, son Dictionnaire passionné du cinéma offre la singularité de voir un même et unique critique analyser un très large éventail de films, en toute indépendance de jugement, sans égard pour les notoriétés établies et les admirations obligatoires.
    Au passage, ces pages sont l’occasion de décrypter le monde tel qu’il va ou tel qu’il ne va pas ; à travers le miroir qu’en fournit la production cinématographique du monde entier, c’est ainsi un état des lieux de la modernité, de l’esprit du siècle et de sa conception de l’homme qui se dessine. "

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  • Ernst Jünger : nouvelles du front...

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    Les éditions Christian Bourgois doivent publier début janvier les Carnets de guerre 1914-1918 d'Ernst Jünger. Publié en Allemagne en 2013, ce document constitue la matériau brute qu'a utilisé Ernst Jünger pour écrire Orages d'acier, Le boqueteau 125 et Feu et sang.

    Il restera encore à traduire ses Ecrits politiques ou sa volumineuse correspondance avec des auteurs comme Carl Schmitt, Gottfried Benn ou Friedrich Hielscher...

    On annonce également pour le mois de janvier chez Fayard la publication d'une biographie d'Ernst Jünger sous la plume de Julien Hervier. Ce dernier, déjà auteur de Deux individus contre l'histoire - Pierre Drieu la Rochelle - Ernst Jünger, et responsable de l'édition des Journaux de guerre de Jünger dans la Pléiade, peut être considéré comme l'un des meilleurs spécialistes français de l'auteur des Falaises de marbre.

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  • Radicalité : 20 penseurs vraiment critiques !...

    Les éditions L'échappée viennent de publier un recueil collectif coordonné par Cédric Biagini, Guillaume Carnino et Patrick Marcolini et intitulé Radicalité : 20 penseurs vraiment critiques. On y trouvera la présentation de l’œuvre d'auteurs comme Zygmunt Bauman, Jacques Ellul, Christopher Lash, Dany-Robert Dufour, Bernard Charbonneau, Pier Paolo Pasolini, Georges Orwell ou Jean-Claude Michéa... On trouve parmi les contributeurs des plumes comme celles de Charles Robin ou d'Olivier Rey.

     

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    " Notre époque a la critique qu’elle mérite. Les pensées des intellectuels contestataires convoqués par les médias, révérés à l’université, considérés comme subversifs dans le monde militant – de Gilles Deleuze à Alain Badiou en passant par Toni Negri – participent au déploiement du capitalisme avancé. En s’acharnant à détruire les modes de vie et de production traditionnels, en stigmatisant tout lien avec le passé, en exaltant la mobilité, les processus de modernisation incessants et la puissance libératrice des nouvelles technologies, cette fausse dissidence produit les mutations culturelles et sociales exigées par le marché. Percevoir le libéralisme comme un système foncièrement conservateur, rétrograde, autoritaire et répressif entretient le mythe d’une lutte entre les forces du progrès et celles du passé.

    A contrario, d’autres penseurs conçoivent le capitalisme comme un fait social total qui développe l’esprit de calcul, la rationalité instrumentale, la réification, l’instantanéité, le productivisme, la dérégulation des rapports humains, la destruction des savoir-faire, du lien social et de la nature, et l’aliénation par la marchandise et la technologie. Ce livre nous présente, de manière simple et pédagogique, les réflexions de vingt d’entre eux. Il nous fournit ainsi les armes intellectuelles pour ne pas servir le capitalisme en croyant le combattre, et pour en faire une critique qui soit vraiment radicale. "

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