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  • Le témoignage d'un lieutenant du Baron Ungern...

    Les éditions du Verbe Haut viennent de publier un ouvrage intitulé Baron Ungern : un officier témoigne, un mystérieux témoignage d'un lieutenant de Ungern-Sternberg découvert (?!...) par Paul Serey, avec une préface de Laurent Schang. Ecrivain, Paul Serey est déjà l'auteur d'un roman intitulé Le carrousel des ombres (Équateur, 2019).

     

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    " Voici un livre qui ravira les inconditionnels, et nous les savons nombreux, du « Baron », ainsi qu’ils le nomment entre eux, sans précision supplémentaire, comme on prononce une évidence. Un livre qui en intriguera aussi plus d’un, tant le texte qu’on va lire, surgi de nulle part – quoique, pas tout à fait – alors qu’on avait cessé d’espérer l’exhumation d’un tel trésor, est de nature à susciter la méfiance du lecteur le moins rompu aux subtilités de l’herméneutique.

    Ce livre, unique et inédit, nous le devons à Paul Serey. Sa découverte, aux confins de la Transbaïkalie, tient presque du miracle. Serey raconte :

    « C’est alors que commença une longue discussion. Le Baron… Ce Baron que je traquais depuis des semaines… Oh, il le connaissait bien ! On aurait pu jurer qu’il l’avait rencontré. Il en parlait avec des accents terribles. Il citait des noms, lieux, officiers, soldats… Et les Rouges, et les Blancs… Et la guerre, et le sang… Les massacres, les tortures, et toutes les turpitudes de la guerre civile. 1921, Ungern.

    Je le quittai étourdi… Je revins le lendemain. Il ne semblait pas étonné. L’œil asiate me dévisagea et l’homme prit un air grave. Il se pencha, ouvrit un tiroir et en sortit un document relié. Voilà, me dit-il.

    Tu peux regarder. Je pris le manuscrit et commençai à lire. Noudatoff. L’officier Noudatoff. Russe blanc repenti. L’officier repenti Noudatoff, témoin de l’épopée du Baron fou ! Un témoignage ! »

    C’est le fruit de cette découverte que le lecteur tient actuellement entre ses mains. Un document exceptionnel, répétons-le, un trésor. "

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  • BHL Souverain Pontife...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de l'Observatoire du journalisme cueilli sur son site et consacré à BHL, à l'occasion de sa reconduction, pour un huitième mandat, à la tête du conseil de surveillance d'Arte.

     

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    BHL Souverain Pontife
    BHL Souverain Pontife

    BHL Souverain Pontife

    Habemus Papam ! Vous n’avez pas vu la fumée blanche se perdre dans l’azur franco-allemand ? Certes, la mode est à déboulonner les statues, mais nous pourrions également en ériger. Arte, évitant un tel tapage, et en toute discrétion, a modifié ses statuts afin de pouvoir maintenir à sa tête Bernard-Henri Lévy. Ce dernier, entame ainsi son huitième mandat comme président du conseil de surveillance de la chaîne. Vous reprendrez bien un peu de Bernard-Henri Lévy ? Bernard-Henry Lévy, 75 ans, est président du conseil de surveillance d’Arte, depuis 31 ans soit dit en passant. En quoi ça vous concerne ? Cette chaîne ne doit, c’est vrai, son financement à l’argent public qu’à hauteur de 95%. Autant dire des broutilles…

    Entropie spirituelle

    Nous vivons une époque où tout s’évente vite, se dilue, se perd. Une époque d’entropie spirituelle, une époque « métaphysiquement épuisée » aurait ajouté Spengler. À cela un remède est simple. Les défaillances, versatilités, turpitudes et doutes des hommes peuvent trouver leur refuge et remède dans l’infaillibilité d’un homme, fût-il souverain pontife d’après la mort de Dieu, selon le mot de Nietzsche. Vous pensez que j’exagère sans doute. Ce simple fait vous fera réfléchir : monsieur Lévy a prétendu que des stigmates sont apparus sur son corps, les stigmates du Christ tout bonnement, à l’exemple de Padre Pio, qui doit être flatté – de là où son âme nous surplombe — d’un lien confraternel si sublime.

    L’anecdote a été confiée au micro de Christophe Barbier pour L’Express le 8 février 2010. Barbier qui suggère à Bernard-Henri Lévy qu’un tel événement doit changer un homme, le rendre mystique, croyant à tout le moins, s’entend rétorquer pour toute réponse : « non ». Puis un développement verbeux, une logorrhée sur l’essence de l’homme qui réside non dans la chair, les muscles et autres propriétés secondaires, mais dans le signifiant. L’homme est fait de mots, et ces mains du philosophe qui saignent, ce sont des mots qui saignent. Au regard de ces révélations, je suis tenté de corriger : Habemus Christum convient sans doute davantage que le trop modeste Habemus Papam.

    BHL « des lueurs plus qu’humaines », alchimiques ?
     
    « Il y a de la chimie qui est passée par là » commentait Arielle Dombasle à propos de son mari, plongeant dans ce regard habité, chargé de lueurs « plus qu’humaines » pour parler à la manière de Descartes. L’alchimie de Bernard-Henry Lévy est mille fois plus intéressante. Son corps, son âme – il en a une ! -, son esprit – tortueux et lyrique – sont à classer parmi les monuments qui font honneur au patrimoine français, sinon mondial, lui-même appartenant sans fausse pudeur aux élites mondialisées, dilatant son être dans toutes les directions qu’indique la rose des vents. Bernard-Henri Lévy se situe dans les interstices du monde. Indéchiffrable, insituable, il vogue quelque part entre Francis Huster et Louis Althusser, entre Michel Drucker et Karl Popper, à qui nous devons, entre autres, la notion de « société ouverte ».

    Un peu de Stefan Zweig

    Il me fait, parfois, penser à Walther Rathenau qui s’échinait à vouloir jeter un pont entre la mystique et les affaires, portraituré par Stefan Zweig, dans Le monde d’hier dans des termes qui pourraient s’appliquer, avec les transpositions nécessaires et sur certains points seulement – que je vous laisse le soin d’identifier — à Bernard-Henri Lévy :

    « Toute son existence n’était qu’un seul conflit de contradictions toujours nouvelles. Il avait hérité de son père toute la puissance imaginable, et cependant il ne voulait pas être son héritier, il était commerçant et voulait sentir en artiste, il possédait des millions et jouait avec des idées socialistes, il était très juif d’esprit et coquetait avec le Christ. Il pensait en internationaliste et divinisait le prussianisme, il rêvait une démocratie populaire et il se sentait toujours très honoré d’être invité et interrogé par l’empereur Guillaume, dont il pénétrait avec beaucoup de clairvoyance les faiblesses et les vanités, sans parvenir à se rendre maître de sa propre vanité. »

    « Une certaine idée de la France », mais vomissante

    Comme de Gaulle – le rapprochement est certes audacieux – Bernard-Henri Lévy s’est fait une certaine idée de la France. Elle ne lui évoque pas, sans doute, « la madone aux fresques des murs » que la Providence a créée pour « des succès achevés ou des malheurs exemplaires ». Le philosophe en a horreur et, l’examinant, elle le dégoûte, c’est pourquoi il s’en purge. Léon Bloy, reprenant un conseil de Barbey d’Aurevilly : « Il faut se vomir » complétait par un charmant « sur les autres ». Bernard-Henri Lévy a la nausée instinctive, il sait sur quoi vomir comme un virtuose de l’improvisation sait quelle note frapper :« Je ne dirais pas, nous confie-t-il, que j’ai pris plaisir à cette descente aux abîmes de l’idéologie française. J’ai eu peine, parfois, à réprimer une nausée face à ce que j’y découvrais et aux vapeurs qu’il m’y fallait respirer. »

    Idéologie française quand tu nous tiens…

    Dans sa préface à la seconde édition (janvier 1981) de L’idéologie française, Bernard-Henry Lévy expose son projet, sa thèse :

    « Le problème, à la limite, ce n’était même pas l’antisémitisme comme tel ; ce n’était pas l’énoncé de la thèse et, pour ainsi dire, le passage à l’acte ; c’était, en amont de l’énoncé, dans ce secret nocturne des textes où se fomentent les actes de pensées, l’identification d’une matrice, à la fois philosophique et littéraire, dont la plupart des éléments se perpétuent jusqu’aujourd’hui et qu’il suffit de synthétiser pour qu’apparaisse, sinon le pire, du moins son site : culte des racines et dégoût de l’esprit cosmopolite, haine des idées et des intellectuels dans les nuées, anti-américanisme primaire et refus des « nations abstraites », nostalgie de la « pureté perdue » ou de la « bonne communauté » — telles étaient les pièces de la machinerie qui, lorsqu’elle tourne à plein régime et lorsqu’elle vient, aussi, au contact de l’événement, dessine la forme française du délire, et l’accouche. »

    Et de conclure – prêtez attention à cette impayable forfaiture-boursouflure ! :

    « L’idéologie française était un livre, non d’histoire mais de philosophie. C’était un livre qui, lorsqu’il disait « pétainisme », entendait une catégorie, non du temps, mais de la pensée. »

    Filousophe or not filousophe ?

    Je connais des mauvaises langues qui dénient à Bernard-Henry Lévy la qualité de philosophe sous prétexte qu’il n’a inventé aucun concept de toute sa vie. Nous voyons ici à quel point ces critiques se fourvoient. C’est à lui qu’on doit l’élévation à la hauteur d’une catégorie philosophique le concept de « pétainisme » qui n’a plus besoin d’être référé à une réalité précise. De quoi rassurer notre cher député Delogu qui n’aura plus à se sentir ignare sur cette question. L’ignorance historique est permise puisqu’il s’agit d’une catégorie de l’esprit, désormais applicable à tant de réalités diverses et rétroactives qui plus est. Nous apprendrons qu’elle s’applique même à Charles Péguy. Salir la mémoire et l’œuvre de Péguy, tué le 5 septembre 1914, c’est-à-dire tout au début de la première guerre mondiale, dans un livre qui traite du fascisme et du pétainisme, donc de phénomènes bien postérieurs à sa mort héroïque sur le champ d’honneur, c’est un exercice conceptuel qui exige une rare maîtrise de la logique et une absence d’inhibition morale presque complète.

    Bernard-Henri Lévy nous a rendu cet immortel service de nous apprendre à renier, voire haïr notre patrie, sans fard ni complexe. Mettre une claque à sa grand-mère est devenu une activité philosophique comme une autre, une praxis salubre de défascisation, de dénazification. Pourquoi ne pas le récompenser ? À défaut de déterrer nos ancêtres pour les balancer à la fosse commune, nous pouvons au moins modifier les statuts d’une chaîne. C’est même le minimum. Lui élever une statue suggérez-vous ? C’est à l’examen.

    Confondre pour salir

    Jacques Maritain dans Les degrés du savoir, s’employait à « distinguer pour unir », Bernard-Henri Lévy, plus aguerri, s’évertue à confondre pour salir. Voici comment il s’y prend, en évoquant la figure trouble de Mitterrand :

    « Nous avons eu un président de la République qui a pu revendiquer à la fois, et sans contradiction, son passé de pétainiste et de résistant : je l’ignorais à l’époque – mais quelle leçon ! Quelle improbable, mais implacable, illustration de ma thèse ! »

    En somme, ce qu’il fallait démontrer : résistants, collabos, tous les mêmes, parce que tous salauds. Oh, n’allez pas croire que « salaud » est une insulte, c’est une catégorie philosophique, sartrienne par surcroît. Nous avons eu vent du fait que Bernard-Henri Lévy détestait les slogans populistes du type « tous pourris » à destination des élites, qu’elles soient politiques, médiatiques ou financières. « Tous des salauds » à destination du peuple français semble le troubler beaucoup moins. Pour donner bonne mesure à cette œuvre de diabolisation qui fera des émules, le chapitre 2 s’intitule tranquillement « La patrie du national-socialisme ». Oui, vous ne rêvez pas, il parle bien de la France. Mais quand on vous dit que ce n’est pas une étude historique mais une thèse philosophique, qui peut, par là-même s’autoriser toutes les distorsions, toutes les fantaisies qui sont du goût de l’auteur et qui peuvent servir son propos, fût-il absurde et insultant par-dessus le marché… Arte, plateforme culturelle européenne, vous le voyez, a fait le bon choix…

    Observatoire du journalisme (OJIM, 20 septembre 2024)

     

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  • Plus de pardons pour les Bretons...

    Les éditions Auda Isarn viennent de rééditer un roman de Saint-Loup intitulé Plus de pardons pour les Bretons. Aventurier, journaliste engagé et écrivain, Saint-Loup, de son vrai nom Marc Augier, est l'auteur de nombreux récits et romans dont Face nord, La peau de l'Aurochs, La nuit commence au Cap Horn (Transboréal, 2015), La République du Mont-Blanc (Auda Isarn, 2020) et Nouveaux Cathares pour Montségur (Auda Isarn, 2020).

    Saint-Loup_Plus de pardons pour les Bretons.png

    " Traqué par les Anglais, Cian, le héros de la guerre de libération irlandaise (1919-1921), s’est réfugié en Bretagne. C’est là qu’il rencontre la fille aux cheveux rouges des légendes celtiques, incarnée par la mystérieuse Morigane. De leur union vont naître deux fils, l’un savant et l’autre fort, qui soutiendront leur père dans son combat pour la libération de leur patrie charnelle : la Celtie.

    Dans ce livre, conte moderne autant que roman historique, Saint-Loup a su recréer avec bonheur l’atmosphère enchantée des mythes celtiques en nous décrivant l’épopée des combattants bretons de la révolution européenne. "

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  • La guerre en Ukraine et le logiciel impérial russe...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous l'émission Passé présent de TV Libertés, diffusée le 18 septembre 2024, dans laquelle Guillaume Fiquet reçoit Jean-Robert Raviot pour évoquer avec lui le conflit russo-ukrainien à travers son essai récent intitulé Le logiciel impérial russe (L'Artilleur, 2024).

     

                                             

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  • L'empire contre-attaque...

    Le magazine trimestriel d'enquêtes et de reportages Omerta, dirigé par Régis Le Sommier, vient de sortir son numéro 6 sur le thème des États-Unis. On pourra y trouver, outre des articles sur les élections présidentielles de l'automne, sur les réseaux d'influence américains, sur les opérations d'infiltration et de guerre économique menées par les Etats-Unis ou sur le rôle de l'OTAN, des entretiens avec Alain de Benoist, Pierre Conesa, Alain Juillet, Bernard Squarcini, Loïk Le Floch-Prigent ou Eric Branca.

     

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  • Le spectre de l'article 16...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Georges Feltin-Tracol, cueilli sur Euro-Synergies et consacré à l'arme de l'article 16 de la Constitution, que Macron peut utiliser pour dénouer à son profit la crise politique qu'il a provoqué...

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    Le spectre de l'article 16

    Les 19 juin et 2 juillet derniers, en pleine campagne électorale législative anticipée, Le Journal du Dimanche (JDD) envisageait la possibilité qu’Emmanuel Macron appliquât l’article 16 de la Constitution. Cet article confère au chef de l’État des pouvoirs exceptionnels qui ne sont pas explicités.

    Il n’a pour l’heure servi qu’une seule fois. Le 23 avril 1961, au moment du putsch d’Alger, le général de Gaulle déclenchait cette option qu’il maintînt en vigueur jusqu’au 30 septembre 1961. À cette occasion, un décret présidentiel étendit la garde à vue à quinze jours ainsi que les conditions d’internement administratif à l’égard de tous les partisans, armés ou non, de l’Algérie française. Il prolongea en outre la compétence du haut tribunal militaire.

    À la sortie de cette information, le camp macroniste et l’Élysée ont aussitôt hurlé à la fausse nouvelle et à la désinformation. Deux activités consubstantielles selon eux de la part de l’hebdomadaire dominical désormais aux mains de Vincent Bolloré. Le complotisme dominerait sa rédaction ! En réalité, le complotiste anticipe ce qui va globalement se passer.

    Cette éventualité institutionnelle a néanmoins été reprise par d’autres titres de presse tout aussi conspirationnistes. Passons rapidement sur le numéro estival de juillet – août 2024 de L’Incorrect qui interroge un constitutionnaliste chevronné, Frédéric Rouvillois, sur l’imminence ou pas de l’article 16. Le Point du 15 août 2024 l’évoque sans trop commenter. Sur Polémia à la date du 31 août, Michel Geoffroy n’écarte pas ce cas de figure. Mieux encore, un mois auparavant, Le Monde, quotidien bien connu pour tordre les faits, livrait dans son édition du 27 juillet 2024 un excellent entretien avec Alexandre Guigue, professeur en droit public à l’université Savoie – Mont-Blanc, encore sûrement un repaire d’« allumés » délirants…

    Malgré la nomination de Michel Barnier à Matignon, le risque de blocage perdure. L’activation de l’article 16 se conçoit avec l’échéance budgétaire prochaine (financement de l’État et de la Sécurité sociale). L’absence de toute majorité claire à l’Assemblée nationale incite les personnes intéressées à lire avec attention la Constitution et la loi organique relative aux lois de finances. Le Parlement est contraint de débattre dans une période limitée: soixante-dix jours pour le budget et cinquante pour la Sécurité sociale. Si ce temps est dépassé, le gouvernement aurait le droit d’utiliser des ordonnances soumises au seul avis du Conseil d’État. Auparavant, l’exécutif pourrait tout aussi recourir au douzième, c’est-à-dire appliquer chaque mois de 2025 l’équivalent budgétaire de 2024 afin de faire fonctionner les services publics.

    La mise en pratique de l’article 16 transférerait les prérogatives ministérielles au seul président de la République. En raison du chaos parlementaire et de la menace qui plane d’une mise en tutelle par la Commission de Bruxelles, le président français jugerait alors que « les institutions de la République [...] ou l'exécution de ses engagements internationaux sont menacés d'une manière grave et immédiate et que le fonctionnement régulier des pouvoirs publics constitutionnels est interrompu ». Après en avoir informé la nation par un message audio-visuel, le chef de l’État signerait un décret d’adoption du budget de l’État et de la Sécurité sociale dans un sens austéritaire. Excessif ? Dans La démondialisation (Le Seuil, 2012), l’économiste souverainiste Jacques Sapir proposait la sortie de l’euro au moyen de l’article 16...

    Pendant toute la durée des pouvoirs exceptionnels, l’Assemblée nationale ne peut être dissoute. Le 18 septembre 1961, le président gaulliste de l’Assemblée nationale, Jacques Chaban-Delmas, distinguait la session de plein droit de la session normale. Il estimait que durant la période correspondant à la réunion de plein droit des chambres sous l’article 16, les travaux du Parlement ne pouvant pas avoir d’aboutissement législatif, le gouvernement est privé du droit de poser la question de confiance sur un projet de loi, ce qui signifie que les députés ne peuvent pas déposer de motion de censure.

    Par ailleurs, depuis la révision constitutionnelle sarközyste de 2008, « après trente jours d'exercice des pouvoirs exceptionnels, le Conseil constitutionnel peut être saisi par le président de l'Assemblée nationale, le président du Sénat, soixante députés ou soixante sénateurs, aux fins d'examiner si les conditions énoncées au premier alinéa demeurent réunies. Il se prononce dans les délais les plus brefs par un avis public. Il procède de plein droit à cet examen et se prononce dans les mêmes conditions au terme de soixante jours d'exercice des pouvoirs exceptionnels et à tout moment au-delà de cette durée ». Mais ce garde-fou est-il solide ? Pas sûr quand on sait que le Conseil constitutionnel se compose de personnalités macronistes et qu’il a déjà entériné sous l’hystérie covidodinguienne l’ensemble des mesures liberticides.

    Fin stratège élevé par le lambertisme trotskyste et le mitterrandisme, Jean-Luc Mélanchon prévoit à court ou moyen terme son utilisation, d’où sa proposition récente de destitution de Macron au moyen de l’article 68 de la Constitution. C’est une mise en garde implicite. Cet article permet difficilement la destitution présidentielle par un parlement constitué en haute-cour et sur un vote des deux tiers difficile à obtenir, mais pas impossible si se construit dans les faits une coalition momentanée entre le Nouveau Front pseudo-populaire et le bloc national RN – UDR (Union des droites pour la République ciottiste).

    Outre l’adoption forcée d’un budget de rigueur ultra-libéral, l’article 16 pourrait-il offrir à Emmanuel Macron le pouvoir de modifier la Constitution en contournant le Parlement via l’article 11 ? Pas forcément. Sur une saisie des sénateurs gaullistes à propos de l’inconstitutionnalité du traité de Maastricht,  le 2 septembre 1992, le Conseil constitutionnel interdit à la considération 19 de la décision 92 – 312 l’usage de l’article 16 dans l’engagement d’une révision constitutionnelle en contournant l’article 89. Or l’article 11 n’est pas mentionné et le Conseil constitutionnel, jouet de l’Élysée, pourrait très bien se raviser.

    En s’affranchissant de la décision de 1992 dans le cadre de l’article 16, le président de la République soumettrait aux Français au moins un référendum. Si jamais il n’ose pas tordre la Constitution de 1958, il pourrait cependant soumettre aux électeurs le changement du mode de scrutin législatif en privilégiant la proportionnelle à l’échelle départementale ou régionale.

    Un universitaire, juriste de formation, Roger Pinto (1910 – 2005), soutenait que le président pouvait user de l’article 16 pour réviser la Constitution par la voie référendaire. Il reconnaissait volontiers que cette procédure engagerait la responsabilité directe du chef de l’État. Le constitutionnaliste faisait valoir à raison que le texte fondamental ne précise pas si l’ordre constitutionnel à rétablir doit être nécessairement le même qu’avant. Ce référendum de révision constitutionnelle porterait sur trois questions posées simultanément (ou pas): le droit de dissoudre dans l’immédiat la législature élue le soir du 7 juillet 2024, l’instauration d’un mandat présidentiel de six ans avec des élections nationales tous les trois ans, voire la suppression immédiate de la limite à deux mandats présidentiels consécutifs dans la perspective d’une nouvelle candidature en 2027 d’Emmanuel Macron si ce dernier n’entend pas démissionner sous peu.

    Dans le cadre de l’article 16, le régime pourrait volontiers entraver la campagne des partisans du non qui subiraient en plus un déluge médiatique de propagande favorable au oui. Cependant, en cas de victoire du non à l’une des deux consultations populaires, voire aux deux, le président de la République aurait-il l’audace de démissionner ou bien se maintiendrait-il en fonction jusqu’en 2027 avec la bénédiction de l’OTAN et de la Commission pseudo-européenne ? L’hypothèse semble bien pessimiste, mais avec Emmanuel Macron, il faut s’attendre à tout, y compris au pire.     

    Georges Feltin-Tracol (Euro-Synergies, 22 septembre 2024)

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