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  • La libération des moeurs, un piège à cons ?...

    Les éditions Albin Michel viennent de publier Décadanse un nouvel essai de Patrick Buisson, qui fait suite à La fin d'un monde (Albin Michel, 2021).

    Politologue et historien, Patrick Buisson est notamment l'auteur d'une étude historique originale et éclairante, 1940-1945, années érotiques (Albin Michel, 2008), et d'un essai politique important, La cause du peuple (Perrin, 2016).

     

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    " Ce fut un temps déraisonnable : Serge Gainsbourg inventait la «décadanse», Tony Duvert réclamait la majorité sexuelle pour les enfants de six ans et Ménie Grégoire s'obstinait à vouloir faire des ménagères des machines à produire des orgasmes en rafales. Longtemps pourtant, la révolution sexuelle des années soixante-dix a été présentée comme le temps des merveilles.

    Un nouveau marché a triomphé: celui du corps. Une nouvelle religion s'impose : l'hédonisme, soit le culte de l'ego qui impose une nouvelle échelle de valeurs, de nouveaux comportements, et remet en cause rien moins que des siècles de morale chrétienne puis laïque.

    La crise de la reproduction de la vie s'accompagne d'une crise de la reproduction des grands systèmes qui lui donnaient un sens.

    Et si les grandes lois soi-disant émancipatrices n'avaient été qu'un marché de dupes  marquant à la fois l'abolition du patriarcat et le triomphe de la phallocratie ?

    La révolte individualiste au nom de l'hédonisme aboutit à un monde délié, où les liaisons protectrices n'existent plus, où la prise en charge de la société par l'État va de pair avec la marchandisation des solidarités naturelles.

    Après La Fin d'un monde, Patrick Buisson poursuit son œuvre de déconstruction de la modernité et montre en quoi les peuples ont été trahis par les élites au nom d'une illusoire libération des mœurs. "

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  • Nashville : les progressistes en quête de Genre...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de l'Observatoire du journalisme qui revient sur les errances des médias après la fusillade meurtrière commise dans une école protestante de Nashville (Etats-Unis) par une transexuelle.

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    Nashville : les progressistes en quête de Genre

    Connue en France et dans le monde pour des raisons musicales, trop nombreuses pour être détaillées ici, Nashville a malheureusement fait la Une de l’actualité anglo-saxonne, et brièvement française, à partir du 27 mars 2023. Pour quelques jours.

    Les faits : d’après 20 Minutes, dans son édition mise à jour le 29 mars, essentiellement une copie de la dépêche de l’AFP, comme la plupart des articles parus à ce propos dans la presse française, « le tireur, un homme transgenre de 28 ans, a été abattu par les forces de l’ordre ». Le journal diffuse aussi une partie de la vidéo du tueur entrant dans l’école avec une arme de poing et surtout un fusil d’assaut. La tuerie a provoqué la mort de trois adultes et de trois enfants âgés de 8 à 9 ans. La presse française indique que la fusillade a eu lieu dans une école privée mais pas que cette école est chrétienne. À de rares exceptions, et en utilisant le vocable de « presbytérien », peu habituel en France, l’essentiel de la presse ne spécifie pas que les victimes sont chrétiennes. Chez nous, avec une vision peu compréhensible partout ailleurs de la laïcité, le christianisme est dans un camp particulier — celui du mal. Peu compréhensible ? Par exemple, dans la revue progressiste, littéraire et intellectuelle de Los Angeles The Sun, datée de mars 2023, un très long et passionnant entretien avec l’historienne américaine spécialiste des religions Molly Worthen évoque la France, le temps d’une ligne. Comme le mot « laïcité » est écrit, l’éditeur de la revue est obligé d’ouvrir une parenthèse afin d’expliquer ce que signifie cette particularité. La laïcité à la française, personne ne sait ce que c’est en réalité ailleurs dans le monde.

    Un quiproquo ?

    D’après 20Minutes, « Le chef de la police locale, John Drake, a d’abord identifié le tireur comme Audrey Hale (par ailleurs ancien élève ou ancienne élève de l’école), une femme de 28 ans, abattue lors de l’intervention des forces de l’ordre. En fin de journée, ses services ont précisé qu’il s’agissait d’un homme transgenre, né femme mais qui s’identifiait comme un homme sur Linkedin sous le prénom Aiden ». On s’y perd vite : un homme qui est une femme mais qui est un homme.

     Les médias américains ont perdu la boule

    Devant cette incertitude et face à ce qui est devenu une nécessité, réagir le plus vite possible à tout et n’importe quoi sans réfléchir ni se poser de questions, ni surtout s’informer, ce qui est un comble, les médias américains progressistes ont perdu la tête durant toute cette journée. Ils ont eu beaucoup de mal à indiquer le sexe du tireur de masse, décrivant la tueuse comme étant, un homme, une femme, puis se précipitant à la vitesse d’un progressiste lancé à toute vitesse pour affirmer que le tueur était un homme. Cela ne s’est pas fait en une fois, et il ne fut pas rare, sur le fil d’actualité du New York Times par exemple, que le passage d’un sexe à l’autre devienne une « information » plus importante que les faits eux-mêmes.

    Le tireur était-il une femme ? Un homme ? Un transgenre en tout cas. Or, comme tout transgenre, il s’identifie comme femme, comme homme ou comme sans genre spécifique. Pour les autorités, lors de la déclaration du début de l’après-midi, le tueur était une femme trans.

    Juste avant que la confirmation selon laquelle le tueur s’était identifié comme transgenre, le New York Times avait tweeté un article pour montrer que « les tueuses dans les fusillades de masse aux Etats-Unis — comme celle qui s’est produite à Nashville — sont extrêmement rares ». Il a bien fallu faire machine arrière plus tard dans la soirée : « Il y a eu une confusion au sujet de l’identité de genre de l’agresseur dans la fusillade de Nashville. Les auteurs de l’article ont employé “she” and “her” pour désigner le suspect qui semblait en fait s’identifier comme un homme sur les réseaux sociaux depuis plusieurs mois ». La même mésaventure est arrivée à USA TODAY qui a, lui aussi, dû rebrousser chemin. Cependant ce média a choisi de s’en prendre aux forces de l’ordre ayant mal identifié le coupable. Facile.

    Une question de pronom

    Même CNN a dû réagir. La chaîne de télévision, en perte de vitesse, a précisé qu’elle s’était trompée et que le tueur utilisait bien des pronoms masculins sur les réseaux sociaux. Pour information, car en France le débat est de faible intensité en comparaison, lors de l’inscription dans nombre d’universités, par exemple, il est demandé au futur étudiant quels « pronoms il préfère utiliser ». Et ces pronoms peuvent évidemment varier dans le temps pour une personne transgenre. Prudemment, CNN a décidé de ne pas mettre de pronoms sur ses bandeaux d’information en direct…

     Les vrais coupables ? Les conservateurs.

    Pour une partie des médias, la pensée conservatrice est coupable de la tuerie. Selon ABC News, une loi récente du Tennessee serait à l’origine de la tuerie. Il s’agit d’interdire les soins médicaux transgenres pour les mineurs. Sur NBC, la fusillade serait liée au journal conservateur The Daily Wire, journal de Nashville, qui aurait trop parlé des questions transgenres. La seule information factuelle, loin de ces allégations sans fondement ? Personne ne sait pourquoi cette tuerie a eu lieu. Par contre, chacun sait que le tueur était transgenre.

    Ojim (Observatoire du journalisme, 7 avril 2023)

     

    Connue en France et dans le monde pour des raisons musicales, trop nombreuses pour être détaillées ici, Nashville a malheureusement fait la Une de l’actualité anglo-saxonne, et brièvement française, à partir du 27 mars 2023. Pour quelques jours.
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  • Un drôle de chabanais !...

    « Le Bébert, c'était bel et bien l'oiseau de mauvais augure, le vrai danger public, le genre qui attire les emmerdes comme le colombin les mouches.»

    « Ce qu'on veut, c'est éviter un bain de sang, une nouvelle Saint Barthélémy, version Pigalle, si tu vois ce que je veux dire. »

     

    Les éditions Dargaud viennent de publier Un drôle de chabanais, le premier tome de la nouvelle série de Matz (scénario) et  Fred Simon (dessin) intitulée Le Grizzli. Les amateurs des romans de Simonin ou de Boudard, des films d'Audiard et de la bande-dessinée de Tillieux, Gil Jourdan, ne doivent pas s'abstenir !    

     

    Matz_Simon_Le grizzli 1.jpg

    " Ancien boxeur, le Grizzli doit son surnom autant à sa carrure qu'à sa pilosité ! Avec ses copains Toine et Jo, c'est à la vie et à la mort, leur passé tumultueux n'y est pas pour rien. Désormais rangés, ils semblent mener leur petite vie, peinards. Alors, quand un affreux surnommé Bébert-la-Gambille, fraichement sorti de prison, veut régler ses comptes avec Jo pour une sombre histoire d'argent, les trois amis s'entraident. "

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  • Russie-Ukraine : c’est l’industrie qui va gagner la guerre...

    Dans cette émission du Plus d’Éléments, diffusée par TV Libertés, l'équipe du magazine, autour d'Olivier François, à l’occasion de la sortie du nouveau numéro, se plonge dans le conflit Russie-Ukraine. Pourquoi les pays occidentaux ne parviennent-ils pas à fournir suffisamment d’armes et de munitions à l’Ukraine ? D’abord et avant tout, parce qu’une économie de guerre requiert une industrie de guerre et que l’industrie est le parent pauvre des politiques économiques occidentales.

    Au menu également : un reportage à Moscou, si près, si loin de la guerre ; un entartage de BHL qui veut sauver l’Ukraine et une visite des monts sacrés en Italie…
    On trouvera sur le plateau,
    François Bousquet, rédacteur en chef, Patrick Lusinchi, directeur artistique, Christophe A. Maxime et Christian Rol, écrivain et reporter de guerre...

     

                                              

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  • La gloire de Pagnol...

    Les éditions Pardès viennent de publier, dans leur collection Qui suis-je ?, un Pagnol, signé par Jacqueline Blancart-Cassou. L'auteur a déjà actif, dans la même collection, des biographies de, notamment, Jean Anouilh, Courteline, Sacha Guitry ou Edmond Rostand...

     

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    « Faire rire ceux qui rentrent des champs [...] ceux qui sortent des bureaux [...] ceux qui reviennent de l’usine [...] tous ceux qui mourront, tous ceux qui ont perdu leur mère, ou qui la perdront...[...] Celui qui leur fait oublier un instant les petites misères... la fatigue, l'inquiétude et la mort ; celui qui fait rire des êtres qui ont tant de raisons de pleurer, celui-là leur donne la force de vivre, et on l’aime comme un bienfaiteur...» (Le Schpountz.)

    Marcel Pagnol, né le 28 février 1895, est le fils d'un instituteur. Il grandit à Marseille et passe toutes ses vacances dans la campagne environnante. Il est encore lycéen quand il commence à écrire et fonde une revue, Fortunio. Il prépare ensuite une licence, tout en enseignant l'anglais comme répétiteur et en continuant à écrire. Ayant obtenu un poste à Paris, au lycée Condorcet, en 1922, il se tourne vers le théâtre et fait jouer avec succès Topaze et Marius en 1928 et 1929. Il découvre le cinéma parlant en 1930, et devient scénariste, puis réalisateur et producteur de films. Il fait surtout revivre, avec la participation d'interprètes tels que Raimu ou Fernandel, les milieux populaires de son pays ensoleillé, qu'il s’agisse du Vieux-Port de Marseille, dans Marius ou Fanny, ou de la campagne provençale dans ses adaptations de romans de Jean Giono, Angèle, Regain, La Femme du boulanger. Élu en 1944 président de la Société des auteurs, il accomplit à ce poste une tâche très utile. Il entre à l'Académie française en 1946, poursuivant sa carrière de cinéaste, avec notamment Manon des sources, en 1952. À partir de 1957, il publie ses Souvenirs d’enfance, dont on apprécie l'humour et la sensibilité, et le roman L’Eau des collines. Décédé le 18 avril 1974, il laisse le souvenir d'un homme jovial et chaleureux, très représentatif de ce Midi qu’il a célébré.

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  • Léon Krier, chef de file de l’architecture néo-traditionaliste : « Ne vous contentez pas de critiquer, créez ! »

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Léon Krier à David Engels pour le site delibeRatio et consacré à l'architecture néo-traditionaliste. Chef de file de l'école néo-traditionaliste en architecture, Léon Krier est également un des meilleurs spécialistes de l’œuvre architecturale d'Albert Speer.

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    « Ne vous contentez pas de critiquer, créez ! » Interview avec Léon Krier, chef de file de l’architecture néo-traditionaliste

    David Engels : Cher Léon, vous êtes l’un des architectes traditionalistes les plus connus et prolifiques de notre époque, et beaucoup vous considèrent comme le chef de file actuel du refus de l’esthétique post-moderne et d’un retour à un bâti individuel et à un urbanisme prenant comme mesures prioritaires les proportions et les besoins de l’humain, non pas uniquement ceux de la machine. Pourriez-vous nous détailler en quelques mots les bases de votre philosophie architecturale ?

    Léon Krier: Dans les années soixante et soixante-dix, je fais partie de la première génération d’architectes prenant une position non seulement de critique mais de contre-projet vis-à-vis des théories et pratiques modernistes. Témoins des démolitions massives dans nos villes et des banalités scandaleuses qui les suivaient sans exception, on commençait à réévaluer les architectures et villes traditionnelles de l’Europe plus menacées par les utopies modernistes que par les bombardements guerriers. Avec Maurice Culot ou Pierluigi Cervelatti, on comprenait qu’il fallait reconstruire non seulement la ville européenne littéralement, mais aussi son discours jusqu’à la signification de termes clef kidnappés par le modernisme. « Tradition » et « Modernité » ne sont de toute évidence pas des notions contradictoires. Le dit « Mouvement Moderne » indique le seul « mouvement moderniste », alors que la modernité du XX siècle, en matière d’architecture, d’urbanisme et d’art, comprend des pratiques et idées traditionnelles importantes.  Nous ne nous considérons pas comme des traditionalistes, mais des traditionnels modernes. La construction et le succès de Port Grimaud par François Spoerry, la sauvegarde et restauration du Centre Historique de Bologna par Pier Luigi Cervelatti et la Reconstruction du Stare Miasto de Varsovie par Jan Zachwatowicz, universellement acclamées, ont été pour nous les preuves que non seulement des pratiques traditionnelles étaient possibles de notre vie, mais que leur produit était d’une qualité et d’un ordre supérieur à celles livrés par les divers modernismes. La modernité, nous ne cessions de répéter, n’est pas une affaire de style, mais un fait d’époque auquel personne n’échappe. En matière d’architecture et d’urbanisme, le traditionnel moderne est d’abord un choix de technologie et de vie. Dans la ligne de production de la ville traditionnelle qui engage des individus allant de la conception jusqu’à l’utilisation finale, en passant par la fabrication, tous les concernés, que ce soit l’architecte, l’artisan, le promoteur, l’habitant, le propriétaire, le locataire ou le visiteur, trouvent indépendant de leur âge, sexe, classe, religion, race, idéologie leur plaisir au quotidien ; par contre dans la chaine de production et d’utilisation d’un environnement moderniste, il n’y que que le démolisseur qui trouve brièvement son compte.

    Une question qui se trouve au centre de ce débat est sans doute celle de l’esthétique : est-elle purement relative ou plutôt absolue ; c.à.d. : y-a-t ’il un sens inné de la beauté qui (bien que décliné selon les particularités civilisationnelles) favoriserait certaines mesures, proportions et lois esthétiques plutôt que d’autres à travers le temps et l’espace ?

    La géographie, les langues, les races, les classes, les coutumes, les religions et les idéologies représentent, expriment et entretiennent les divisions entre sociétés et individus depuis toujours. Par contre, la beauté de la nature et des produits de l’homme unifie l’humanité. Le Chrétien admire la beauté des mosquées, et le Musulman celle des églises, le prince admire la beauté de l’étable, le paysan celle du château, le libertaire celle du Kremlin, l’enfant celle de l’avion. La beauté s’impose aux sens avec immédiateté.  Nous sommes sans défense contre les flèches de l’amour qui frappent le cœur sans explication et sans examen. L’amour pour la beauté commande et ne se commande pas. La laideur par contre empoisonne le cœur et nourrit le ressentiment.

    Notre monde actuel est devenu, avouons-le, très laid, et l’architecture moderne en fait grandement partie. Quel est l’impact de cet environnement toxique sur l’individu ?

    L’individu frappé et humilié régulièrement finit par s’habituer aux coups, à développer la peau dure et l’insensibilité. On sait aussi que l’enfant battu cherchera un jour son plaisir en battant et en humiliant. La vulgarité, la brutalité, la laideur sont une culture toxique et jalouse. Incapable de réveiller l’amour, elle cherche à posséder par le viol et la dégradation. La croyance aveugle au progrès infini se paye par un prix terrible qui dégrade et voue à l’oublie en quelques générations les valeurs et le savoir-faire qui, accumulés au cours des siècles, ont réussi à construire des demeures et des villes qui embellissent la nature et la vie d’un chacun. Imaginons les conséquences pour la beauté du monde si, soit, tout ce qui était construit avant 1950 disparaissait, ou si tout ce qui était construit après 1950 disparaissait… 

    L’on vous connait surtout pour avoir dessiné la ville modèle de « Poundbury » au Royaume-Uni. Initialement, l’on lui a reproché ce qui a été perçu comme son « anachronisme » et son « artificialité », assurant que le projet était inviable et impraticable, au mieux une fantaisie pour quelques riches nostalgiques. Aujourd’hui, l’on voit au contraire une ville en pleine expansion et aimée de ses habitants venant des couches sociales les plus diverses. Pouvez-vous nous décrire l’histoire de ce succès – et ses raisons ?

    Effectivement, la réception du projet de Poundbury par les « experts » des grands médias était mensongère pendant les premières dix années. On tonnait qu’il s’agissait d’un fantasme du Prince, irréalisable dans l’Angleterre du XXe siècle pour des raisons philosophiques, techniques, politiques, sociales, financières, éthiques et j’en passe. Les critiques architecturaux des grands journaux se ont avérés, sauf exception, être des missionnaires modernistes. Ils ne pouvaient applaudir un projet traditionnel pour des raisons de principe, quelles que soient ses qualités ou son succès. Leur propagande répète depuis un siècle qu’il n’y a pas d’alternative au modernisme, c’est-à-dire qu’il n’y a pas de liberté de choix ou de démocratie en la matière.

    On le sait : vous avez travaillé pendant beaucoup d’années intensément avec le Prince Charles, commanditaire de Poundbury. Comment voyez-vous les possibilités qui pourraient s’offrir à la tradition sous son nouveau règne ?

    King Charles III reste la personne que je connaissais comme Prince de Galles. Je l’ai vu récemment « for Tea and Scones » à Windsor Castle, et il me semble être plus à l’aise dans sa peau que jamais. Comme ses projets ont énormément de succès de marché, la formule se répand. On reçoit régulièrement la visite de ministres, de hauts fonctionnaires et de puissants du Royaume, du Commonwealth et d’au-delà. Ce qui m’inquiète, c’est que l’idée de la ville polycentrique faite de « quartiers indépendant de 10 minutes », dont je me suis fait champion depuis 45 ans, est en train d’être reprogrammée par le clan du WEF, de l’UN et du WHO en « ville de 15 minutes », qui, à l’aide du contrôle digital et du CBDC, se transformera en archipel du goulag pour mâter toute dissidence aux narratifs du moment, (One Health, Climate Change, Domestic Terrorism…). Le temps dira…

    Quel est, selon vous, le futur de l’architecture traditionnaliste – restera-t-elle toujours en marge de l’écrasante majoritaire du bâti, ou y-a-t ‘il vraiment des chances de la voir retourner au premier plan ?

     L’architecture et l’urbanisme traditionnels sont le produit d’une technologie mettant en œuvre des matériaux de constructions naturels locaux pour construire des villes et villages dimensionnés selon les capacités de locomotion musculaire horizontale ou verticale. L’étalement monstrueux des agglomérations, l’explosion du nombres d’étages, les acrobaties formelles et structurelles, les pertes d’échelle humaine et de beauté de l’architecture machiniste ne sont possible que grâce aux matériaux de construction synthétiques et au clonage industriel, produits des énergies fossiles et nucléaires. Les pays qui, par des actions armées de conquête et de domination, réussiront à sécuriser ces ressources, pourront continuer le projet moderniste jusqu’à l’épuisement définitif. Le reste du monde retournera fatalement à des pratiques de construction traditionnelle. 

    Je pensais pendant très longtemps que, une fois notre théorie générale pour une architecture et un urbanisme traditionnel moderne était formulée et publiée, il y aurait rapidement un ralliement général poussé par des initiatives démocratiques. Maintenant, je sais que ce changement ne se fera pas par choix, mais par fatalité.

    Souvent, on a l’impression que l’architecture traditionnaliste reste un privilège de quelques riches mécènes – comme voyez-vous les chances de son retour dans le domaine de l’immobilier plus humble, à la portée de tous ?

     Peut être sous le prisme de la durabilité, il y a une chance. L’architecture moderniste s’est imposée par la violence de ses promesses. Aujourd’hui, leur fausseté est prouvée, révélant une lutte titanique entre les corporations et institutions financières de grande échelle, en collusion avec les technocraties étatiques, et ce qui reste des lumières, des entreprises individuelles et de la pensée indépendante. Nous allons vers un dénouement apocalyptique qui, pour le moment, me semble inévitable. L’intelligence humaine ne réussira pas à contrôler les effets autodestructeurs de ses inventions et projets. Cela dit, l’urbanisme et l'architecture néo-traditionnels basés sur une économie artisanale, soutenus par une expérience millénaire, sont à ce jour la seule théorie et pratique cohérente de l'action environnementale. Ils sont le seul contre-modèle sérieux à la banlieue et à la motopia. Ils sont une partie essentielle d'un projet de reconstruction d'une démocratie, d'une économie et d'un cadre bâti à taille humaine. Les nombreux architectes et artisans qui les pratiquent à travers le monde, malgré leur formation moderniste, contre la pression écrasante des pairs, contre le sabotage bureaucratique et académique, sont portés par un large soutien public et par la demande du marché. Les architectes et les urbanistes sont confrontés à un choix existentiel : soit servir une dystopie totalitaire, soit planifier et construire le bien commun.

    Cette série d’interviews est placée sous la devise : « Ne vous contentez pas de critiquer, créez ! » Pouvez-vous nous décrire les projets sur lesquels vous travaillez actuellement ?

    La construction du quatrième et dernier quartier de Poundbury est initiée et en bonne main. Cayala au Guatemala initie son deuxième quartier. On finit à l’instant le pont, modelé sur les Cents Marches de Versailles, qui relie le Paseo de Cayala avec Nogales de Cayala en construction.

    Au Mexique, sur un dos de colline près de San Miguel de Allende, on a commencé la construction du premier quartier de Herencia de Allende avec une magnifique église.

    D’autres grands projets urbains en Virginie et au Colorado font leur marche à travers les institutions. Le projet le plus prometteur est au Texas pour la nouvelle University of Austin Texas (UATX), conçue non comme un campus, mais comme une véritable « univercité » qui s’érigera dans une anse de la Colorado River à quelques miles des GIGA fabriques de Tesla et Boring Co.

    Léon Krier, propos recueillis par David Engels (delibeRatio, 20 mars 2023)

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