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  • Maoïsme et tradition...

    Les éditions ars magna viennent de publier un long article de Claudio Mutti intitulé Maoïsme et tradition. Philologue, directeur de la revue Eurasia, Claudio Mutti a également été une des figures du traditionalisme révolutionnaire italien de la fin du vingtième siècle...

     

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    " La pensée de Mao Tse Tong ne fut-elle qu’une version chinoise du marxisme-léninisme ou fut-elle quelque chose de très différent issu de Marx mais aussi de bien d’autres sources ? Telle est la question que pose le traditionaliste italien Claudio Mutti.

    Et sa réponse a de quoi surprendre et déranger. En effet, pour lui, la pensée de Mao Tse Tong est étroitement redevable au taoïsme et à la Tradition propre du peuple Chinois. Ceci permet à Claudio Mutti de tresser des liens entre les écrits de Mao Tse Tong, de Corneliu Codreanu et de Ferenc Szalazi. "

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  • Qui était Yéschoua, le Jésus de l'histoire...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien avec Alain de Benoist, cueilli sur Breizh-Info, dans lequel il évoque sa monumentale synthèse sur Jésus intitulée L'homme qui n'avait pas de père - Le dossier Jésus (Krisis, 2021), qu'il vient de publier et qui représente plus de quarante année de travail.

    Philosophe et essayiste, directeur des revues Nouvelle École et Krisis, Alain de Benoist a récemment publié Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017), Contre le libéralisme (Rocher, 2019),  La chape de plomb (La Nouvelle Librairie, 2020),  La place de l'homme dans la nature (La Nouvelle Librairie, 2020) et La puissance et la foi - Essais de théologie politique (Pierre-Guillaume de Roux, 2021).

     

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    Alain de Benoist : « Mieux cerner la personne du Jésus de l’histoire et l’état actuel de la recherche »

    Breizh-info.com : Vous publiez « L’homme qui n’avait pas de père», fruit non pas de quelques mois d’écriture, mais bien de plusieurs décennies, c’est bien cela ? Comment est-ce qu’on mène un tel travail ?

    Alain de Benoist : N’oubliez pas le sous-titre : Le dossier Jésus, qui dit bien ce dont il s’agit. Comment réalise-t-on pareil travail ? Tout simplement en se tenant au courant. Il paraît chaque année d’innombrables travaux d’exégètes et d’historiens qui portent sur les origines chrétiennes. Les revues spécialisées sont également très nombreuses, certaines, comme le Journal for the Study of the Historical Jesus, étant entièrement consacrées à Jésus. Pour connaître le sujet, il faut lire régulièrement les uns et les autres, les annoter, les archiver, en évaluer le degré de cohérence et de sérieux. C’est effectivement un gros travail, d’autant que la majorité de ces travaux n’ont pas été traduits en français. Mais c’est aussi le but de mon livre : présenter l’état actuel de la question, sans rien masquer des divergences entre les différentes thèses en présence.

    Breizh-info.com : Alain de Benoist, dont la sensibilité est liée au paganisme, menant l’enquête sur Jésus… N’y a-t-il pas là matière à interrogation ?

    Alain de Benoist : Non, pourquoi ? Le fait de se sentir plus proche de l’esprit des anciennes religions européennes que du monothéisme chrétien n’interdit pas, que je sache, de s’intéresser aussi aux origines chrétiennes et à la personne de Jésus. Il y a aujourd’hui dans le monde plus de deux milliards d’hommes et de femmes qui croient en la divinité de Jésus, ce n’est pas rien. Notre calendrier trouve lui-même son point de départ dans la date de la naissance supposée de Jésus, bien qu’en route rigueur personne ne puisse dire avec certitude en quelle année il est né. Ce n’est pas rien non plus. On peut aussi être athée ou agnostique et désirer en savoir un peu plus sur Jésus. Je comprends très bien que le sujet n’intéresse pas tout le monde, mais moi je le trouve passionnant. J’ajoute que, dans mon livre, qui est tout le contraire d’un livre polémique, je ne porte aucun jugement sur la personne de Jésus ou sur la valeur de son enseignement. Ce n’est pas l’objet de l’ouvrage.

    Breizh-info.com : Qu’est-ce que trouveront dans votre ouvrage les catholiques, avec qui vous avez eu de vrais sujets de discordes, dures, notamment dans les années 1980 ?

    Alain de Benoist : Ils y trouveront ce qu’y trouveront tous ceux qui s’intéressent au sujet, en l’occurrence un dossier historique de la « quête » menée depuis deux siècles par les chercheurs pour mieux cerner la personne du Jésus de l’histoire et l’état actuel de la recherche. Encore faut-il, bien sûr, qu’ils aient le désir d’en savoir un peu plus que ce que disent les pieux récits évangéliques. Beaucoup de catholiques me paraissent aujourd’hui être d’une ignorance monumentale sur leur propre histoire et leurs propres dogmes. Des théologiens catholiques de premier plan, comme John P. Meier ou Raymond Brown, occupent pourtant une place très importante dans la recherche actuelle.

    Breizh-info.com : Pourquoi est-il nécessaire selon vous de distinguer le « Jésus de l’histoire » du « Jésus spirituel » ?

    Alain de Benoist : La distinction entre le « Jésus de l’histoire » (dont le nom véritable était Yéschoua) et le « Jésus de la foi » remonte à Martin Kähler, en 1892. Elle est aujourd’hui admise par pratiquement tous les chercheurs. Elle s’impose parce que seul le premier est susceptible de faire l’objet d’une recherche scientifique. Quand on dit que Jésus a été condamné à mort sous Tibère, dans les années 30 de notre ère, cela peut faire l’objet d’une recherche pour démontrer l’historicité de l’événement. Quand on dit, en revanche, qu’il est mort sur la croix en rémission de nos péchés, c’est une affaire de foi. L’historien n’a rien à dire là-dessus. Il peut tout au plus étudier la façon dont telle ou telle croyance est apparue et s’est ensuite répandue.

    Les théologiens chrétiens affirment que Jésus est à la fois « vrai homme et vrai Dieu ». Cette formulation canonique a été adoptée pour répondre à la fois aux adoptianistes et aux Juifs chrétiens qui voyaient en Jésus un Messie de lignée davidique, mais ne croyaient pas nécessairement en sa divinité, et aux docètes ou aux gnostiques pour qui, au contraire, Jésus, en tant que personne divine, n’était jamais « venu dans la chair » et ne pouvait avoir eu qu’un « apparence d’homme ». Mais l’expression est parlante. Quand les historiens et les exégètes parlent de Jésus comme d’un « vrai homme », ils ne sont pas loin de parler du « Jésus de l’histoire ».

    Breizh-info.com : Vous dites que l’on sait, historiquement, peu de choses sur Jésus – que l’on a peu de certitudes. Mais n’en a-t-on pas plus, historiquement, que sur bien des grands penseurs, ou sur les grands mythes de notre Antiquité, auxquels nous croyons par ailleurs ?

    Alain de Benoist : Laissons les mythes de côté, qui n’ont par définition pas de prétention à l’historicité. Nous sommes effectivement très mal renseignés sur bien des grands personnages de l’Antiquité, à commencer par ceux qui ont fondé des religions. Nous ne savons presque rien d’assuré sur Zoroastre, sur Mani, l’inventeur du manichéisme, sur les fondateurs des courants ébionite ou elkasaïte (deux importants courants judéo-chrétiens), etc. Mais sur Mahomet, on n’en sait pas beaucoup plus. Le cas de Jésus est différent. Nous disposons sur lui d’une foule d’informations, mais elles sont souvent contradictoires. Tout le travail des spécialistes est d’évaluer dans cet abondant matériau ce qui est certain et ce qui est impossible, ce qui est probable, improbable ou simplement possible.

    L’évangile de Matthieu fait naître Jésus à Bethléem parce que ses parents y habitaient, et ne les fait s’installer à Nazareth que plus tard, après leur séjour en Egypte. Il place par ailleurs la naissance de Jésus avant la mort du roi Hérode le Grand, qui est mort en 4 avant notre ère. L’évangile de Luc affirme au contraire que les parents de Jésus résidaient à Nazareth et qu’ils ne se sont rendus à Bethléem que pour satisfaire aux exigences d’un recensement ordonné par Quirinius qui a eu lieu en l’an 6 de notre ère. Les deux thèses sont évidemment incompatibles – à moins qu’elles ne soient légendaires l’une et l’autre. Voilà le genre de problème auxquels sont affrontés les chercheurs.

    Breizh-info.com : Quelles sont, aujourd’hui encore, les grandes controverses autour de Jésus ? Et les mystères qui restent à percer ? Pensez-vous qu’il soit possible que de nouvelles découvertes soient encore faites sur le sujet ?

    Alain de Benoist : Les zones d’ombre sont innombrables. La prédication de Jésus était-elle surtout de type sapientiel ou de type eschatologique ? A-t-elle commencé quand Jean le Baptiste, dont Jésus semble avoir commencé par être le disciple, était encore vivant ou seulement après sa mort ? Marie la Magdaléenne (Marie Madeleine) est-elle ou non identique à la « pécheresse » dont parle l’évangile de Luc en 7, 36-50, et pourquoi joue-t-elle un rôle aussi important dans les évangiles apocryphes ? Quelle était la nature des différentes communautés se réclamant de Jésus qui ont donné naissance aux évangiles que l’on a canonisés (la seule sur laquelle on a quelques renseignements est la communauté de Jérusalem, dirigée par Jacques frère de Jésus) ? Pourquoi l’évangile de Jean, le plus tardif, est-il le seul à parler de la résurrection de Lazare, dont les synoptiques n’ont apparemment jamais entendu parler, alors qu’ils mentionnent les noms des sœurs de Lazare, Marthe et Marie ? Pourquoi les Actes des apôtres ne disent-ils rien de la mort de Pierre et de celle de Paul ? Je pourrais citer des centaines d’autres exemples.

    De nouvelles découvertes décisives sont assez peu probables, mais ne sont pas impossibles. La découverte en 1945 des documents gnostiques de Nag Hammâdi, qui nous a permis de retrouver le texte, que l’on croyait perdu, de l’Evangile de Thomas, de l’Evangile de Philippe, de l’Evangile des Egyptiens, etc., a révolutionné la recherche. Il serait évidemment merveilleux de retrouver aussi le texte de l’Evangile des Nazôréens, des Hypomnemata de Hégésippe, de l’Apostolicon de Marcion ou du Diatessaron de Tatien. Mais pour l’instant, on ne peut qu’en rêver !

     Alain de Benoist, propos recueillis par Yann Vallerie (Breizh-Info, 14 juin 2021)

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  • Le chevalier dans l'histoire...

    Les éditions Les Belles Lettres viennent de publier un essai de Frances Gies intitulé Le chevalier dans l'histoire. Historienne médiéviste américaine, Frances Gies a publié avec son mari, Joseph Gies, de nombreux ouvrages devenus des classiques comme La vie dans un château médiéval (Les Belles Lettres, 2018) ou La vie dans un village médiéval (Les Belles Lettres, 2020).

     

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    " Né du chaos européen du début du Moyen Âge, le chevalier monté et en armure a révolutionné la guerre et est très vite devenu une figure mythique dans l’histoire.
    Des conquérants normands de l’Angleterre aux croisés de la Terre sainte, du héros de la chanson de geste au preux du roman arthurien, des amateurs de tournoi aux chevaliers-troubadours, Le Chevalier dans l’Histoire, de la grande médiéviste Frances Gies, brosse un tableau remarquablement vivant et complet de la chevalerie, de sa naissance à son déclin.
    Le chevalier apparaît d’abord en Europe comme un mercenaire sans foi ni loi avant de devenir l’étendard de la chrétienté puis un soldat de métier au service des rois. Frances Gies nous fait partager sa vie quotidienne, faite de joutes et de batailles, de pillages et de rançons, mais aussi de dévotion et de pèlerinage, et souvent sanctionnée par l’errance et une mort précoce.
    Elle nous fait revivre l’aventure des héros du Moyen Âge qui ont joué un rôle historique, comme Bertrand du Guesclin, Bayard et Sir John Fastolf, qui inspira le Falstaff de Shakespeare, ou les grands maîtres des Ordres militaires qu’étaient les Templiers, les Hospitaliers et les chevaliers teutoniques. "

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  • " Immigration : l'assimilation est impossible ! "...

    Le 14 juin 2021, Martial Bild recevait, sur TV libertés, Michel Geoffroy, à l'occasion de la publication de son court essai Immigration de masse - L'assimilation impossible (La Nouvelle Librairie, 2021). Ancien haut-fonctionnaire, Michel Geoffroy a publié le Dictionnaire de Novlangue (Via Romana, 2015), en collaboration avec Jean Yves Le Gallou, et deux essais, La Superclasse mondiale contre les Peuples (Via Romana, 2018) et  La nouvelle guerre des mondes (Via Romana, 2020).

     

     

                                                      

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  • Yukio Mishima et ses masques...

    Les éditions L'Harmattan viennent de publier un essai de Stéphane Giocanti intitulé Yukio Mishima et ses masques.

    Ecrivain et historien de la littérature, Stéphane Giocanti est notamment l'auteur, d'une biographie de Maurras, intitulée Maurras - Le chaos et l'ordre (Flammarion, 2006), d'Une histoire politique de la littérature disponible en collection de poche (Champs Flammarion, 2011) d'une biographie de Pierre Boutang (Flammarion, 2016) ainsi que d'un roman, Kamikaze d'été (Rocher, 2008).

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    " Pour le monde entier, Yukio Mishima (1925-1970) n'est pas seulement un visage symbolique du Japon : il est avant tout l'un des plus grands écrivains du XXe siècle. L'auteur de Confession d'un masque, du Pavillon d'Or et de La mer de la fertilité. Cependant, depuis sa mort spectaculaire, les erreurs, les clichés et les récupérations ont foisonné, alors que de nombreuses pages (notamment théâtrales) demeurent non traduites. Il est temps d'apporter au public francophone un éclairage suffisamment synthétique et renouvelé, qui tienne compte des sources japonaises et internationales. Vu de loin (et de près), aucun écrivain n'a autant baigné dans un tel fleuve de contradictions. Ivre d'Eros et travaillé par Thanatos, fidèle et infidèle aux samouraïs, classique et romantique à la fois, « impérialiste » et « gay », malade du nihilisme finalement en prise avec la plus grande source spirituelle du Japon (le bouddhisme), Mishima n'a cessé de multiplier les masques. Les uns, pour se cacher, les autres, pour se révéler. Autant de chemins qui nous font accéder à ses romans, à son théâtre, à sa critique et à sa troublante personnalité artistique. "

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  • La droite au bout de la gauche...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Pierre Moriamé, cueilli sur le site de la revue Éléments et consacré à l'absence, à ce stade de la campagne des élections présidentielles, d'un candidat susceptible de représenter des idées et un programme de droite...

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    La droite au bout de la gauche

    Une place à occuper

    Confrontée à une crise protéiforme, identitaire, sécuritaire et culturelle, dont elle continue à nier l’existence même, la gauche française a rarement été aussi faible dans les cœurs. L’adhésion à ses valeurs et à sa religion du prétendu progrès compte chaque jour de moins en moins d’adeptes1. Elle doit désormais lutter pour conserver son hégémonie culturelle : ce que Jean-Pierre Le Goff nomme le « gauchisme culturel », ce sempiternel déni du réel, cette moraline au rabais que le camp du Bien nous serine du matin au soir sur les ondes.

    Face à l’incapacité de la gauche à concevoir le monde autrement que par ses préjugés et ses schémas vermoulus (antiracisme, droit-de-l’hommisme, féminisme, mépris de la Nation…), il y a un immense espace politique à occuper. En outre, après un quinquennat de François Hollande marqué par une impuissance et une vacuité politique rares, celui d’Emmanuel Macron, dans une relative continuité, s’avère loin de susciter l’enthousiasme en dehors de son électorat de 2017.

    Mais où est donc la droite ? Elle aurait le champ libre, une voie royale pour apporter aux Français des réponses à des questions éludées par une gauche dont la crédibilité s’étiole de jour en jour. De fait, les études d’opinion, depuis des années, mettent en exergue une demande croissante d’autorité de l’État et de renforcement du pouvoir régalien ; ne serait-ce pas l’un des marqueurs constitutifs de la droite ? Encore faudrait-il définir ce que l’on entend par là…

    Des histoires contrastées

    L’historien René Rémond a publié dans les années 1950 un ouvrage de référence sur les droites françaises dans lequel il répertoria trois grandes familles. Cette tripartition, quoique réductrice et ayant depuis longtemps volée en éclats, reste néanmoins intéressant à étudier, à tout le moins elle fournit un cadre réflexif.

    Première droite : la légitimiste, née en réaction à la Révolution bourgeoise de 1789, elle a d’abord été incarnée par les partisans du veto royal, puis par des penseurs aussi divers que Joseph de Maistre, Taine ou encore Maurras. Conservatrice, fondée sur le respect des traditions, du catholicisme, le rejet du libéralisme et le maintien des sociabilités anciennes, elle a quitté le pouvoir avec Charles X en 1830. Politiquement, elle a disparu en 1945, nombre de ses membres ayant été partie prenante ou assimilés au régime de Vichy.

    Deuxième famille : la bonapartiste, originellement une synthèse entre les excès des jacobins de 1793 et les réactionnaires, partisans de l’Ancien Régime. Caractérisée par un pouvoir exécutif fort et un interventionnisme d’État important rappelant le colbertisme, elle a longtemps occupé une place centrale dans la vie politique française et recueilli les suffrages d’une partie des classes populaires. De Gaulle peut apparaître comme un de ses derniers représentants.

    Enfin, la droite orléaniste : montée sur le trône avec Louis-Philippe, elle constituait un centrisme entre les bourgeoisies légitimistes modérées et les républicaines. Fortement imprégnée de l’idéologie des Lumières, elle a fait du primat de l’individu et des libertés bourgeoises (commerce, presse…) ses valeurs centrales. Libérale, partisane d’un État réduit, elle est portée par la classe dominante de la société : ce qu’on appelle aujourd’hui la classe moyenne supérieure. Politiquement, elle a conquis le pouvoir en 1974 avec Giscard d’Estaing et possède depuis lors une influence notable à droite. Une partie des siens a une forte connivence avec la gauche libérale.

    Être ou faire mine d’être

    Être de droite se révèle donc polysémique même si sur certaines thématiques, on devrait aujourd’hui encore retrouver des marqueurs propres à ces familles. Ce n’est pourtant pas le cas. Prenons la liberté d’expression, a priori chère aux libéraux, elle a dans un premier temps été rabotée par la droite au début des années 702. Et que dire de l’ambition d’un État fort, souverain et indépendant propre aux gaullistes ? La droite, avec le traité de Lisbonne de 2008, déni de démocratie sans précédent, a suivi et amplifié le grand mouvement de transfert de compétences à l’Union européenne, initié par la gauche dans les années 1980.

    Pour le régalien, c’est la droite qui a supprimé le service militaire sous Chirac, diminué les crédits de l’armée, de la police et ouvert les vannes de l’immigration sous Sarkozy3. C’est aussi la droite française qui vitupère contre l’assistanat ou le care, et qui vote des budgets où 45 % du PIB national est alloué aux dépenses sociales. Quant au conservatisme, évitons même ce terme, personne à droite n’oserait s’en réclamer, trop ringard. La gauche a depuis longtemps gagné la bataille lexicale.

    Néanmoins, force est de constater que la droite sait être conservatrice dans un domaine : les mesures de gauche. Jamais, au grand jamais, elle ne revient sur une réforme votée par son adversaire, que ce soit dans le domaine social, économique ou sociétal. C’est un peu comme si être de droite aujourd’hui revenait à enchaîner les défaites, les capitulations et les lâches ralliements. À la remorque de la gauche, la droite avalise ses idées et les fait siennes. Dès lors, on comprend mieux pourquoi Jean-Claude Michéa évoque une alternance « d’apparence », quand droite et gauche échangent leur rôle, entre le pouvoir et l’opposition.

    Partir du peuple

    Les débats au sein de la primaire de la droite, en 2016, du moins pour ceux qui avaient pris la peine de les suivre, s’étaient concentrés sur des questions aussi essentielles que le taux de la CSG et la réduction du nombre de fonctionnaires, 50 000 pour l’un, 100 000 pour l’autre… Les élections régionales de juin, prologue lénifiant aux prochaines présidentielles, ne laissent augurer, elles non plus, rien de bon. Partout, ce sont les marottes d’une certaine gauche que l’on reprend : l’écologie (celle des parcs éoliens…), le vélo (dire « mobilités douces »), les véhicules électriques, le bio dans les cantines des lycées, le pass culturel pour les jeunes…

    Ainsi, on a peine à imaginer en quoi une région dirigée par un socialiste, un écologiste ou un candidat de droite porterait une politique différente. Les gens l’ont bien compris et beaucoup dédaigneront donc les urnes. Le cas du RN est peut-être singulier, nous y reviendrons.

    La droite, si elle veut continuer à exister, se doit de sortir de l’ornière idéologique de la gauche, représentante des intérêts des urbains favorisés, et de répondre aux attentes des classes populaires. Parler au peuple, partir de ses angoisses et de ses souffrances, défendre les questions qui lui sont chères : identité, civilisation, liberté, sécurité.

    Les hommes politiques de droite l’ont oublié, mais en puisant dans l’héritage de leurs trois familles historiques et de leurs penseurs, aux visions parfois divergentes, ils peuvent trouver des réponses aux problématiques que traverse aujourd’hui le pays et offrir autre chose que le nihilisme crasse de la gauche et son libéralisme culturel. La victoire politique passera nécessairement par une bataille intellectuelle et culturelle.

    Patrick Buisson écrivit non sans malice4 qu’il y a en France deux formations de gauche, dont l’une s’appelle la droite. L’enjeu pour la droite l’an prochain ne sera pas tant de remporter l’élection présidentielle que de proposer quelque chose de différent de la gauche. Existe-t-il aujourd’hui en France un homme ou une femme capable de franchir ce Rubicon ?

    Pierre Moriamé (Site de la revue Éléments, 11 juin 2021)

     

    Notes :

    1. Lire l’étude de l’IFOP en date du 23 juillet 2020, intitulée « le positionnement des français sur un axe droite-gauche », 13 % des sondés se disent de gauche.

    2. La loi Pleven de 1972 est la première d’une longue série de lois qui ont réduit le champ de la liberté d’expression. On peut aussi citer la loi Gayssot de 1990 et la loi Taubira de 2001.

    3. Deux fois plus d’immigrés sous le gouvernement de François Fillon que sous celui de Lionel Jospin. On rappellera aussi que c’est à la droite que l’on doit le regroupement familial, décrété en 1974.

    4. La cause du peuple, 2016.

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