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  • La désinformation en dictionnaire...

    Spécialiste des questions de stratégie, déjà auteur d'une étude sur les méthodes de guerre psychologique, La guerre psychologique (Economica, 1997), François Géré publie un Dictionnaire de la désinformation aux éditions Armand Colin, composé d'environ 300 entrées et précédé par un essai. 

     

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    Désinformation. Le mot sent le soufre, attisant tous les fantasmes, des plus archaïques aux plus contemporains.
    En une vingtaine d’années, l’usage de ce terme qui jusqu’alors se limitait aux spécialistes du renseignement et de la propagande a connu un développement exceptionnel lié aux médias de masse puis aux nouveaux vecteurs de communication (Internet, Facebook, etc.). Il est désormais courant d’invoquer la désinformation pour s’en déclarer victime et rejeter sur l’adversaire la responsabilité d’une manœuvre occulte, par définition invérifiable, sauf accident. Dans tous les domaines stratégiques (politiques, militaires, économiques) la désinformation s’est insinuée, troublant l’esprit public, sapant les bases de la démocratie qui, pour survivre, doit rapidement réaffirmer et consolider le rôle de l’information et la valeur du savoir.

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  • Obama, le Pakistan, Ben Laden : des manoeuvres tortueuses...

    Nous reproduisons ci-dessous une analyse de Jean-Paul Baquiast, publiée sur son site Europe solidaire, à propos de l'opération "Ben Laden" et de ses développements stratégico-médiatiques.

     

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    Obama, le Pakistan, Ben Laden

    Des nuages de fumées de plus en plus opaques continuent à être émis par les Etats-Unis pour camoufler aux yeux du monde les manoeuvres tortueuses impliquant les relations entre l'administration fédérale, le lobby militaro-industriel, le Pakistan, nombre d'autres protagonistes moins importants et dont l'affaire Ben Laden représente la partie émergée.

    Nous avons dans un article précédent parlé d'enfumage, principalement dirigé contre ceux qui dans le monde entier ont le tort de chercher à comprendre le dessous des cartes. L'enfumage continue plus que jamais mais on peut regretter que Barack Obama, présenté à l'intérieur et à l'extérieur comme un parangon de bonne foi, en soit l'instrument sinon l'instigateur principal.

    Il suffit de jeter un coup d'oeil sur les éditorialistes non alignés de la presse américaine pour se rendre compte que plus personne sauf les naïfs invétérés ne croit en Amérique au récit héroïque présenté par Obama lui-même en annonçant le coup de mains ayant permis de supprimer Ben Laden. Existait-il encore un personnage de ce nom doté du curriculum vitae que le renseignement américain lui avait inventé. Dans l'affirmative, à supposer qu'un Ben Laden très diminué ait survécu en se cachant à Abbottabad, près d'Islamabad, comment croire que tant le Pakistan que l'Amérique aient pu l'ignorer jusqu'à ces derniers jours. Mais s'ils ne l'ignoraient pas, pourquoi faisaient-ils comme s'ils l'ignoraient et pourquoi, subitement, manifestement de connivence, l'ont-ils fait disparaître un beau jour.

    L'hypothèse la plus répandue, dans les médias américains non conformistes, est que le Pentagone, la CIA et Obama, les trois grands protagonistes de cette aventure, ont eu besoin du « mythe Ben Laden » pour justifier ces dernières années, non seulement une mobilisation permanente de type sécuritaire qualifiée de « global war on terror » mais l'occupation de l'Afghanistan. Il s'est cependant trouvé que le coût de la guerre, comme ses résultats de plus en plus désastreux, obligent Obama à précipiter le retrait. Mais devant l'hostilité de la CIA représentée par son omniprésent directeur Léon Panetta, comme plus généralement de celle du lobby militaire représenté par le Pentagone, qui n'auraient pas accepté un départ pur et simple, le trio a été obligé d'inventer un éclatant fait d'armes qui rendra dans les semaines à venir ce retrait beaucoup plus acceptable. L'économie budgétaire en résultant, comme sa nouvelle aura de chef de guerre, permettra ainsi à Barack Obama d'aborder se réélection dans de bien meilleurs conditions qu'auparavant. Il saura en compensation mettre un frein aux propositions de réduction du budget militaire qui continuent à circuler dans certains cercles démocrates. 

    Il semble que Panetta ait été convaincu d'accepter ce deal. En tant que sympathisant démocrate, il devrait en principe « rouler pour Obama », que ce soit aujourd'hui ou demain. Mais la CIA se garde des biscuits si l'on peut dire. Elle vient d'annoncer que Ben Laden, loin d'être un grand malade inoffensif comme le prétendaient les conspirationnistes, préparait de nouveaux attentats sur le sol américain. La CIA dispose surtout de l' « immense » réserve des documents saisis sur les ordinateurs et disques durs de Ben Laden, qu'elle sera la seule à déchiffrer. Elle pourra donc annoncer au monde exactement ce qu'elle voudra pour justifier les politiques futures du Pentagone – Pentagone dont assez normalement Panetta devrait prendre la tête en remplacement de Robert Gates apparemment disqualifié. Il s'ensuit que la liberté d'action future de Barack Obama sera nécessairement très contrainte par les révélations que les militaires et les gens du renseignement jugeront bon de faire (nous allions dire d'inventer) à partir de tous les documents qu'ils analyseront.


    Quant au Pakistan, bien malin, même à Washington, qui pourrait dire ce qu'il veut vraiment, compte tenu des diverses factions qui se disputent le gouvernement, dont l'ISI et l'armée ne sont pas les moindres. On peut penser que ces dernières années, il avait intérêt lui-aussi à encourager le mythe Ben Laden, peut-être en accord secret avec la CIA. Il ne pouvait pas cependant laisser supposer qu'en fonction de cet accord il protégeait directement ledit Ben Laden, aux yeux par exemple de l'Inde.

    Mais aujourd'hui, plus que les survivances d'El Qaida, aujourd'hui, ce sont les Talibans qui importent aux yeux du Pakistan. Il semble que le départ américain étant désormais programmé, il lui est devenu impératif de s'entendre avec eux pour que l'Afghanistan à ses frontières occidentales continue à lui assurer un potentiel back-up à l'égard de l'Inde. Or Ben Laden n'était en rien apprécié par les Talibans, qui y voyaient plutôt semble-t-il une émanation de l'Arabie saoudite.


    Certes, orchestrée par la classe politique unanime - et pas seulement par l'opposition -, la colère monte au Pakistan. Elle éclabousse à la fois les responsables du gouvernement civil et le tout puissant appareil militaire. On leur reproche indifféremment leur dissimulation ou leur aveuglement. Mais on peut penser qu'une fois sorti du guêpier que représentait la présence de Ben Laden, ces deux forces dirigeantes s'entendront à nouveau pour continuer à ménager l'Amérique tout en jouant divers double-jeux avec les gouvernements de la région.

    Ce que nous continuons pour notre compte à trouver affligeant, c'est la candeur avec laquelle les Européens admettent le récit héroïque présenté par Obama lui-même, alors que, comme nous l'avons indiqué, un nombre croissant de ses compatriotes refusent dorénavant de le laisser duper.

    Jean-Paul Baquiast (Europe solidaire, 9 mai 2011)

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  • France : où en est la liberté d'expression ?...

    Où en est la liberté d'expression en France ?

    C'est la question que se posera Arnaud Guyot-Jeannin ce soir dans son Libre Journal des enjeux actuels sur Radio Courtoisie, diffusé de 21 heures 30 à 23 heures, avec ses invités : Dieudonné (humoriste), Robert Ménard (journaliste, directeur de la revue Médias et co-auteur de l'ouvrage "Vive Le Pen  ! "), François Bousquet (directeur du Choc du mois) et Frédéric Pichon (avocat, président du Cercle des avocats libres).

    Une émission qui sera rediffusé le jeudi 12 mai aux mêmes horaires.

    C'est aussi la question à laquelle tenteront de répondre les intervenants du colloque organisé par le cercle des Avocats libres le jeudi 11 mai 2011 à Paris (Salle ASIEM, rue Albert de Lapparent, métro Ségur, à partir de 19 heures 30).

     

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    "Un député (Vanneste) poursuivi pour des propos tenus dans l’enceinte du Parlement. Un journaliste (Zemmour) condamné en correctionnelle pour une phrase à l’emporte-pièce. Un essayiste (Laulan) condamné pour « racisme » simplement pour avoir évoqué la criminalité nomade. Un humoriste (Dieudonné) condamné au pénal pour un spectacle jugé de mauvais goût. Les affiches (représentant un minaret) d’un parti politique (FN) interdites lors d’une campagne électorale. Des intellectuels (Régis Debray) privés de prise de parole dans leur ancienne école (l’Ecole normale supérieure). Des lois successives – LOPPSI, HADOPI – visant à contrôler Internet et à le censurer hors du contrôle du juge. Un révisionniste, père de huit enfants (Reynouard) passant 9 mois en prison simplement pour avoir diffusé une brochure de 16 pages. Les rares éditorialistes de presse pensant différemment (Zemmour, Ivan Rioufol, Elisabeth Lévy, Robert Ménard) soumis au harcèlement de la meute médiatique.

    Il y a manifestement un problème de liberté d’expression en France ! Car la caste médiatique et politique dominante trouve très bien en France ce qu’elle dénonce dans le reste du monde. Si une opinion – quelle qu’elle soit – est décrétée « odieuse », tous les moyens sont bons pour empêcher son expression. Mao et Staline ne procédaient pas différemment : ils ne poursuivaient pas les idées qu’ils trouvaient sympathiques…

    C’est le mérite du Cercle des avocats libres d’organiser ce colloque sur la liberté d’expression avec la participation de :

    -Christian VANNESTE, député du Nord et professeur de philosophie ;
    -Philippe BILGER, avocat général ;
    -Gilbert COLLARD, avocat ;
    -Yves-Marie LAULAN, président de l’Institut de géopolitique des populations ;
    -Robert MENARD, journaliste et ancien président de Reporters sans frontières."

    Communiqué de la fondation Polémia (2 mai 2011)

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  • L'énigme Mitterrand...

    Le trentième anniversaire du 10 mai 1981 est une bonne occasion pour revenir avec ce texte de Dominique Venner, l'éditorial du dernier numéro de la Nouvelle Revue d'Histoire, sur le personnage complexe et énigmatique qu'était François Mitterrand... 

     

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    Mitterrand et le mystère français

    Au centre de toutes les interrogations que soulève l’itinéraire sinueux et contradictoire de François Mitterrand, sujet de notre dossier, figure en première place la photo devenue fameuse de l’entrevue accordée à un jeune inconnu, futur président socialiste de la République, par le maréchal Pétain, à Vichy, le 15 octobre 1942.

    Ce document était connu de quelques initiés, mais il n’a été cautionné par l’intéressé qu’en 1994, alors qu’il voyait venir la fin de sa vie. Trente ans plus tôt, à la veille de l’élection présidentielle de 1965, le ministre de l’Intérieur du moment, Roger Frey, en avait reçu un exemplaire. Il demanda une enquête qui remonta jusqu’à un ancien responsable local de l’association des prisonniers, dont faisait partie François Mitterrand. Présent lors de la fameuse entrevue, il en possédait plusieurs clichés. En accord avec le général De Gaulle, Roger Frey décida de ne pas les rendre publics.

    Un autre membre du même mouvement de prisonniers, Jean-Albert Roussel, en possédait également un tirage. C’est lui qui donna à Pierre Péan le cliché qui fit la couverture de son livre, Une jeunesse française, publié par Fayard en septembre 1994 avec l’aval du président.
    Pourquoi, Mitterrand a-t-il soudain décidé de rendre public son pétainisme fervent des années 1942-1943, qu’il avait nié et dissimulé jusque-là ? Ce n’est pas une question anodine.

    Sous la IVe République, en décembre 1954, à la tribune de l’Assemblée nationale, Raymond Dronne, ancien capitaine de la 2e DB, devenu député gaulliste, avait interpelé François Mitterrand, alors ministre de l’Intérieur : « Je ne vous reproche pas d’avoir arboré successivement la fleur de lys et la francisque d’honneur… » « Tout cela est faux », répliqua Mitterrand. Mais Dronne riposta sans obtenir de réponse : « Tout cela est vrai et vous le savez bien… »

    Le même sujet fut abordé de nouveau à l’Assemblée nationale, le 1er février 1984, en plein débat sur la liberté de la presse. On était maintenant sous la Ve République et François Mitterrand en était le président. Trois députés de l’opposition de l’époque posèrent une question. Puisque l’on parlait du passé de M. Hersant (propriétaire du Figaro) pendant la guerre, pourquoi ne parlerait-on pas de celui de M. Mitterrand ? La question fut jugée sacrilège. La majorité socialiste s’indigna et son président, Pierre Joxe, estima que le président de la République était insulté. Les trois députés furent sanctionnés, tandis que M. Joxe rappelait haut et fort le passé de résistant de M. Mitterrand.

    Ce passé n’est pas contestable et pas contesté. Mais, au regard de la légende bétonnée imposée après 1945, ce passé de résistant était incompatible avec un passé pétainiste. Et voilà donc qu’à la fin de sa vie, M. Mitterrand décida soudain de rompre avec le mensonge officiel qu’il avait fait sien. Pourquoi ?
    Pour être précis, avant de devenir peu à peu résistant, M. Mitterrand avait d’abord été un pétainiste fervent comme des millions de Français. D’abord dans son camp de prisonnier, puis après son évasion, en 1942, à Vichy où il fut employé par la Légion des combattants, grand rassemblement mollasson d’anciens combattants. Comme il trouvait ce pétainisme-là beaucoup trop endormi, il se lia à quelques pétainistes « purs et durs » (et très anti-allemands), tel Gabriel Jeantet, ancien cagoulard, chargé de mission au cabinet du Maréchal, l’un de ses futurs parrains dans l’ordre de la Francisque.

    Le 22 avril 1942, il écrivait à l’un de ses correspondants : « Comment arriverons-nous à remettre la France sur pied ? Pour moi, je ne crois qu’à ceci : la réunion d’hommes unis par la même foi. C’est l’erreur de la Légion que d’avoir reçu des masses dont le seul lien était le hasard : le fait d’avoir combattu ne crée pas une solidarité. Je comprends davantage les SOL (1), soigneusement choisis et qu’un serment fondé sur les mêmes convictions du cœur lie. Il faudrait qu’en France on puisse organiser des milices qui nous permettraient d’attendre la fin de la lutte germano-russe sans crainte de ses conséquences… » C’est un bon résumé du pétainisme musclé de cette époque. Tout naturellement, au fil des événements, notamment après le débarquement américain en Afrique du Nord du 8 novembre 1942, ce pétainisme évolua vers la résistance.

    La fameuse photo publiée par Péan avec l’accord du président provoqua un ouragan politique et médiatique. Le 12 septembre 1994, le président, miné par son cancer, dut s’expliquer à la télévision sous l’œil noir de Jean-Pierre Elkabbach. Mais contre toute attente, sa solitude d’accusé, doublée d’une détresse physique évidente, parut injustes, provoquant un élan de sympathie. L’interrogatoire d’Elkabbach avait suscité une réaction : « Mais pour qui se prend-il, celui-là ? » Ce fut un élément capital du rapprochement des Français avec leur président. Non que le bilan politique du personnage ait été approuvé. Mais l’homme, soudain, était devenait intéressant. Il avait acquis une épaisseur inattendue, celle d’une histoire tragique qui éveillait un écho dans le secret du mystère français.

    Dominique Venner (La Nouvelle Revue d'Histoire, mai-juin 2011)

     

    Note

    (1). Le SOL (Service d’ordre légionnaire) fut constitué en 1941 par Joseph Darnand, ancien cagoulard et héros des deux guerres. Cette formation nullement collaborationniste fut officialisée le 12 janvier 1942. Dans le contexte nouveau de la guerre civile qui se déploie alors, le SOL sera transformé en Milice française le 31 janvier 1943. On se reportera à La NRH n° 47, p. 30 et à mon Histoire de la Collaboration, Pygmalion, 2002.

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  • La chute...

    Le numéro 65 de Flash, le journal gentil et intelligent, démonte la manipulation politico-médiatique autour de l'élimination de Ben Laden et revient aussi, avec Topoline et Alain de Benoist sur l'affaire Piss Christ et sur les faux rebelles de l'art contemporain. A lire ! ...

     

     

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    Au sommaire :

    La chute

    C.I.A'l Quaida ? le montage politico-médiatique est démonté... On fait le point en page 6 et 7

    Jusqu'à quand va-t-on persécuter les catholiques ? Autour de l'affaire du Piss Christ, le retour d'une autre inquisition ? Topoline s'indigne et Alain de Benoist s'interroge : "Etre pour une totale liberté d'expression n'implique pas de sympathiser avec toutes les façons d'en user...". Dossier sulfureux pages 3 à 6.

    Le Parti des Vrais Finnois : un Front national finlandais ? Une progression suivie par Christian Bouchet en page 8.

    Il était un héros à Zagreb, mais opposé à l'adhésion de la Croatie à l'europe, il est devenu l'homme à abattre. Portrait d'Ante Gotovina en page 9.

    Quand BHL se prend pour Rommel, Topoline dézingue en page 12...

    Patrick Goffman prend la défense des hommes battus par les femmes en page 13.

    Laurent Blanc contre les Noirs , carton rouge en page 16

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  • Le CRIF, un lobby ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un article que Pascal Boniface a consacré au CRIF et à son rôle de lobby à l'occasion de la sortie du livre de Samuel Gilhes-Meilhac, Le CRIF - De la résistance à la tentation du lobby.

     

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    Le CRIF, un lobby?

    Le CRIF est devenu un acteur central de la vie politique française. Son diner annuel est devenu l’un des évènements politico-médiatiques les plus courus, auquel assiste une très grande partie de la classe politique et qui réunit presque autant, voire plus, de ministres que le défilé du 14 juillet. Malgré cela, il fait l’objet de peu d’enquêtes, y compris dans les journaux, avides de révéler les dessous du et des pouvoirs. (cf. le nombre de couvertures que les news magazines consacrent chaque année aux francs-maçons !)

    Samuel Ghiles-Meilhac a réalisé sa thèse, sous la direction de Michel Wieviorka, sur l’histoire du CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France). Il a eu accès aux archives du CRIF, à ses dirigeants. Il évite cependant le plaidoyer pro-domo et se montre parfois critique sans dépasser les limites de l’inacceptable pour l’institution qui l’a d’ailleurs invité à présenter son travail (Le CRIF, éditions Robert Laffont, janvier 2011, 356p).

    Ghiles-Meilhac retrace la création du CRIF pendant la résistance, ses débuts timides et fragiles, sa volonté initiale de montrer que le judaïsme français était déterminé à ne pas se laisser « entrainer à trop d’intimité avec Israël » (pour éviter les accusations de double allégeance). La rupture de 1967 ou la crainte de voir disparaître Israël, a conduit les juifs français à affirmer leur solidarité avec l’Etat Hébreu, affirmation renforcée par la rupture de De Gaulle avec Israël et la fierté d’une victoire militaire éclatante. Le CRIF cependant reste discret (le livre d’Harris et Sedouy « Juifs et Français » publié en 1979 ne le cite qu’une fois) et veut toujours éviter une confrontation publique avec les autorités françaises sur le Proche Orient.

    En 1976, pour bousculer les institutions, Henri Hadjenberg organise « les 12 heures pour Israël » où se pressent 100 000 personnes. Il attaque directement Giscard sur sa politique Proche Orientale et demande aux juifs de le sanctionner dans les urnes. Theo Klein prend la présidence du CRIF et veut le dynamiser Il crée le diner annuel en 1985 qui réunit 50 personnes. Le CRIF a de meilleurs rapports avec l’Elysée, Mitterrand est considéré comme judéophile, mais les efforts du CRIF pour empêcher la venue de Yasser Arafat en France en 1989 seront vains. Dans les années 90, le CRIF se fait l’artisan d’un rapprochement israélo arabe, soutient les accords d’Oslo, invite Leïla Shahid à son diner annuel et se sent soutenu nationalement dans son combat contre l’antisémitisme après l’affaire de la profanation du cimetière de Carpentras. Il ira même jusqu’à être en froid avec Netanyahou après l’arrivée au pouvoir de ce dernier en 1976. La reprise du conflit, les attentats du 11 septembre, l’augmentation des actes antisémites en France et l’élection d’un homme de droite décomplexé, Roger Cukierman, à la tête du CRIF vont changer la donne. Nicolas Sarkozy devient le héros du CRIF et ce dernier entend faire valoir ses vues publiquement et être entendu par les pouvoirs publics.

    À plusieurs reprises dans son ouvrage, Ghiles-Meilhac reproche au CRIF une attitude désormais trop suiviste à l’égard du gouvernement israélien et craint que cela l’isole et lui fasse perdre son influence. Il cite d’ailleurs les propos prémonitoires de Raymond Aron qui déclarait en1980, devant le Congrès Juif Mondial « Quel que soit le parti israélien (ou la coalition) au pouvoir, les représentants officiels des communautés soutiennent la politique du gouvernement israélien. Cette situation ne me paraît pas saine. Les juifs de la diaspora doivent avoir sur la diplomatie du gouvernement d’Israël, la même liberté de jugement que les citoyens d’Israël. »

    Il conclue son étude en se demandant si le CRIF est devenu un puissant lobby juif français. Il reconnaît que le terme « lobby juif » provoque des relations passionnées, rappelant les diatribes de l’extrême droite des années 30. Cependant Roger Cukierman lui déclarait lors d’un entretien en 2008 « le mot lobby ne me choque pas s’il s’agit d’utiliser des moyens légaux pour faire entendre notre voix, nous pouvons être un lobby. » Le terme, il est vrai, ne choque pas quand on l’emploie pour les fonctionnaires de l’industrie pharmaceutique, ou les agriculteurs. Peut-être serait-il temps de débattre de façon dépassionnée sur ce terme, ce que veut faire l’auteur. L’inverse n’est pas sain et loin de faire rempart contre l’antisémitisme, il peut au contraire le développer en accréditant la thèse d’un pouvoir tellement fort qu’on ne peut même pas l’évoquer.

    Ghiles –Meilhac, pour répondre à la question de la puissance du CRIF comme lobby, le compare aux institutions juives américaines (où le terme ne choque personne). Évidemment en terme de poids sur la détermination de la politique étrangère ou de moyens humains ou financiers, il n’y a pas de comparaison possible. Mais est-ce bien le bon paramètre, ou faut-il comparer le CRIF à d’autres institutions, non pas américaines mais françaises ? À ce titre, les 500 000 euros qui lui sont fournis chaque année par la Fondation pour la mémoire de la Shoah, pour réaliser des études, constitue un budget conséquent. Ghiles–Meilhac estime que le CRIF a su se placer au centre des dispositifs de lutte contre l’antisémitisme. Il ne s’interroge pas sur ce que peut impliquer, à terme, cette sorte de délégation de pouvoir, ni sur la réalité du phénomène. Il ne cite d’ailleurs pas le livre très critique sur ce point de Guillaume Weil-Raynal, Une haine imaginaire, qui avait fortement déplu au CRIF.

    On aurait aimé plus de développement sur l’influence du CRIF sur la politique intérieure française. Pour l’auteur, le CRIF n’a pas réussi à peser sur la détermination de la politique extérieure française. Il cite pour exemple, le refus de satisfaire deux demandes du CRIF : faire entrer Israël dans la francophonie et accepter le transfert de la capitale à Jérusalem. On peut lui faire remarquer que même les États Unis ne reconnaissent pas un tel transfert. Si on peut lui accorder le fait que le rapprochement avec la Syrie et la réception de Kadhafi à Paris montrent les limites de l’influence du CRIF sur la politique étrangère française, on peut lui rappeler que Bernard Kouchner a publiquement reconnu que le changement de politique à l’égard de l’Iran était motivé par le désir de se rapprocher. Et si en effet le fait que Védrine ne prenne pas le Quai d’Orsay en 2007 n’était pas dû au veto que le CRIF y avait mis, cette intervention reste hors norme. Imagine-t-on quelle institution aurait pu émettre une telle demande sans déclencher un scandale ?

    De même, on peut regretter qu’il ne parle pas du trouble qu’a créé l’appel du ministère public dans l’affaire Halimi, ou les décisions de poursuivre en justice les militants qui préconisent le boycott de certains produits israéliens, deux décisions prises a la demande du CRIF. S’il évoque le cas du soldat Shalit, il ne parle pas de la différence de traitement avec le franco palestinien Salah Hamouri, moins soutenu par la France.

    Pascal Boniface (Le blog de Pascal Boniface, 21 avril 2011)

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