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  • Eric Rohmer : un catholique du Grand Siècle

    Nous reproduisons ici un entretien donné au blog de Monde & Vie par Michel Marmin, rédacteur en chef de la revue Eléments et cinéphile réputé, à l'occasion de la mort du cinaste Eric Rohmer.

     

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    M&V: La question piège tout d’abord: quels sont les films qu’il faut voir les premiers pour entrer dans l’univers de Rohmer?

    Michel Marmin : À quelqu’un qui n’aurait jamais vu de films d’Éric Rohmer, je conseillerais de commencer par ses contes des quatre saisons, quatre films lumineux qui dissèquent les mensonges du cœur et de l’esprit. Dans Conte de printemps (1990), Conte d’hiver (1992), Conte d’été (1996) et Conte d’automne (1998), il y a une sorte de jubilation shakespearienne à mettre au jour les jeux de l’amour et du hasard, mais aussi une sorte de férocité racinienne, mêlée à une perspective philosophique que l’on pourra qualifier de pascalienne. Ces références ne devraient pas rebuter l’honnête homme nourri de culture classique, bien au contraire! J’ajoute que tout cela, chez Rohmer, est exprimé le plus naturellement du monde, avec une fraîcheur et une sensibilité incroyables. Ces quatre films, et bien d’autres évidemment, nous disent les choses les plus profondes à travers un sourire ou un nuage qui passe dans le ciel.

    Ses films aux budgets modestes, mais toujours rentables, lui ont permis toutes les audaces, comme Perceval le Gallois, d’après Chrétien de Troyes, ou Les Amours d’Astrée et de Céladon, d’après Honoré d’Urfé. Homme de cinéma et de littérature, comment le définir?

    Il faut tout d’abord rappeler qu’Éric Rohmer a débuté comme romancier en publiant en 1946 La maison d’Élisabeth, chez Gallimard. Rappelons aussi qu’il est un musicologue très averti, auteur notamment d’un remarquable essai sur Mozart. Ses films ne sont certes jamais très loin de la littérature, et de la plus grande littérature. Ce ne sont pas pour autant des films « littéraires », en ce sens que leurs dialogues participent d’une vision cinématographique globale, au même titre que les décors, l’allure et le timbre des acteurs et actrices, les couleurs ou les sons. Rohmer n’enregistre pas les dialogues, il les « filme »… Dans Ma nuit chez Maud (1969), qui l’a rendu célèbre, il est aussi naturel de parler morale et métaphysique que cigarettes, whisky et p’tites pépées dans un film d’Eddie Constantine ! Les films de Rohmer délivrent un sentiment d’évidence que l’on n’a que devant les très grandes œuvres d’art : les choses, dirait-on, ne pourraient être filmées autrement…

    Par quel prodige le réalisateur de La Marquise d’O, qui a défrayé la chronique en son temps, peut-il être considéré comme l’un des derniers grands réalisateurs catholiques français ?

    En adaptant avec génie la nouvelle de Kleist, Éric Rohmer ne me paraît pas avoir le moins du monde dérogé à la stricte philosophie catholique qui est la sienne ! À ce compte, on pourrait soupçonner Robert Bresson d’hérésie! Mais je laisse à des théologiens plus qualifiés que moi le soin d’en débattre… Oui, Rohmer était incontestablement, avec Bresson, le plus grand cinéaste catholique que la France ait connu. On notera en passant, pour faire le lien avec ce que nous avons dit tout à l’heure, que ses obsèques ont été célébrées en l’église Saint-Étienne-du-Mont, où se trouvent les tombeaux de Pascal et de Racine. Il ne pouvait être mieux entouré. Tous ses films en témoignent, Rohmer était un catholique du Grand Siècle, avec ce que cela implique de hauteur de ton, d’exigence esthétique et de réalisme psychologique. Le vrai prodige, c’est qu’il ait réussi à conquérir et à conserver un public d’une importance non négligeable, à une époque qui cultive le contraire : la bassesse du ton, la négligence esthétique et l’imbécillité psychologique !

    Preuve de cette indépendance d’esprit, il réalise L’Anglaise et le duc, une incursion politiquement incorrecte au cœur de la Révolution française, conçu avec une technologie numérique!

    Ce film d’une originalité extraordinaire a démontré deux choses. La première, c’est que Rohmer est resté jusqu’au bout un cinéaste nova teur, capable des expérimentations formelles les plus audacieuses. La seconde, c’est que c’était non seulement un homme fondamentalement de droite, ce que l’on savait depuis soixante ans, mais encore un fervent royaliste. Comme quoi, ce dont je suis personnellement convaincu, l’avant-garde artistique et la Tradition peuvent faire bon ménage et le font même souvent. On en a un autre exemple avec l’œuvre romanesque de Jean Parvulesco, que je ne cite d’ailleurs pas par hasard. Parvulesco aura été le compagnon de toujours d’Éric Rohmer, et on le voit apparaître personnellement dans Les Nuits de la pleine lune (1984). C’est d’ailleurs toute la Nouvelle Vague qu’il conviendrait de reconsidérer sous cet angle, y compris Jacques Rivette qui se croit de gauche! Rivette n’est-il pas l’auteur du très éminemment « rohmérien » Ne touchez pas à la hache (2007), adaptation de La Duchesse de Langeais de Balzac? Quant à Jean-Luc Godard, il se faisait traiter de fasciste dès son premier film…

    Autre curiosité, Triple Agent, son avant-dernier film est aussi le seul de sa longue filmographie qui soit lié à l’histoire du XXe siècle. C’est sans doute la seule fois où l’on entend parler de grèves, d’attentats et de communistes…

    Ce n’est pas à proprement parler un film politique, mais un film dont l’histoire politique de la France des années 1930 fournit la matière et le décor. Cela dit, Triple Agent ne laisse guère de doute sur les sympathies que le milieu de l’immigration tsariste inspire à son auteur, même si le couple d’enseignants communistes qui lui est opposé est dépeint avec délicatesse, sans jamais céder à la caricature. Finalement, le seul film véritablement politique d’Éric Rohmer reste L’Arbre, le maire et la médiathèque (1993), spirituelle satire de la France boboïste et mitterrandienne.

    Propos recueillis par Pascal Viscontini (Monde & Vie : le blog)

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  • Stéréotype

    Sur son Avant-blog, Eric Werner, l'auteur de L'avant-guerre civile poursuit son travail d'observation de notre société post-démocratique au travers de courts textes, des dialogues entre quelques personnages emblématiques, à la manière de ceux qu'il a publié dans Ne vous approchez pas des fenêtres - indiscrétions sur la nature réelle du régime (éditions Xénia, 2008).

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    Stéréotype

    Très-dans-le-vent était hier à l'Emission, dit l'Auditrice. Il a dit que parler de pensée unique était en soi déjà un stéréotype. Il n'y a pas en fait de pensée unique. Ou s'il en existe une, elle ne consiste en rien d'autre qu'en la dénonciation même de la pensée unique. La Sous-cheffe l'a félicité pour son courage. Il est rare, de nos jours, que les gens osent ainsi dire ce qu'ils pensent, et le dire comme ils le pensent. Lui l'osait. A l'Emission, a-t-elle souligné, on tient en particulière estime les non-conformistes. Ils seront toujours les bienvenus. Très-dans-la-ligne est ensuite intervenu pour dire qu'il ne pouvait qu'approuver les propos du pré-opinant. Il a tenu à préciser qu'il s'exprimait ici au nom des auteurs/autrices de ce pays. Justement parce qu'on est contre toute espèce de pensée unique, on se doit de dénoncer ceux qui dénoncent la pensée unique. La Sous-cheffe a dit qu'on reviendrait très prochainement sur le sujet, c'était un sujet important. On est ensuite passé à la météo.

    Eric Werner, 6 mars 2010

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  • Les animaux malades du consensus

    Les Nouvelles éditions lignes publient un recueil de textes et d'intervention de Gilles Châtelet, philosophe décédé en 1999, dont le livre Vivre et penser comme des porcs, réquisitoire impitoyable contre la société libérale, avait fait date lors de sa sortie en 1998.

     

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    "En 1998 paraissait un essai singulier et prophétique, au titre sans appel : 'Vivre et penser comme des porcs'. Celui-ci connut alors un retentissement considérable. L'année suivante, son auteur, Gilles Châtelet, se donnait la mort. L'un des premiers, le mathématicien et philosophe qu'il était avait su analyser avec rigueur le processus de domestication généralisée imposé par ce qu'il était alors convenu de nommer le 'nouvel ordre mondial'. Ordre de la 'démocratie-marché', qu'il qualifiait de 'cyber mercantile' et contre lequel il appelait à la constitution d'un front de refus. 'Vivre et penser comme des porcs' avait été précédé de nombreuses interventions, conférences et articles inédits ou devenus introuvables, sans lesquels il n'eût pas été possible. Ils sont réunis ici sous le titre de l'un d'entre eux : Les Animaux malades du consensus."

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  • L'homme numérique : un dossier de Spectacle du Monde

    Le numéro de mars de la revue Le Spectacle du Monde, en kiosque depuis deux jours, comprend un  dossier sur le thème de l'homme numérique avec, notamment, un article d'Alain de Benoist intitulé "Internet, l'avènement de l'Homo numericus". On y trouve aussi un article de Michel Marmin, "Thrillers, le nouveau printemps du film politique" ainsi que  la chronique politique d'Eric Zemmour et les rubriques habituelles.

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  • Thierry Marignac vide son sac !

    La dernière tartufferie de Didier Daeninckx continue à secouer le petit milieu du polar. Après Gérard Delteil, voué aux gémonies pour avoir osé adresser un message de réponse à notre site (parmi d'autres...), c'est Thierry Marignac, l'inclassable auteur de Fasciste, A quai ou Renegade Boxing Club, qui vide son sac sur le site Article 11. Nous publions ici quelques extraits de sa réaction qui s'étale sur plusieurs messages.

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    "Vous nous gonflez avec l’antifascisme, que ça donne envie de se joindre tout de suite à la division Charlemagne pour vous voir vous trémousser. La plupart de ces mecs qui la ramènent, les Pourry les Ray-des-fesses, les Marc Groslar, les Fourneaux et consorts ils ont passé leur vie du côté du manche comme tous les gauchistes ,et leur petit prurit antifasciste disparaitrait bien vite, comme celui de papa, s’ils risquaient ne serait-ce que de se manger une beigne. Bidon, bidon, bidon. L’autre sort Brigneau, (qui doit être bien content, depuis le temps que tout le monde l’avait oublié) pour faire du bruit pasque la bande Gauche Caviar Groslard et Fourneaux vient de réaliser une opé avec Rivages qui a curieusement le look Baleine. Comme d’hab’ chez la vermine antisfasciste de 68 qui pisse dans son froc à l’idée qu’on lui déplace ses pantoufles — c’est une histoire d’épicemard, un différent de la caisse-enregistreuse et DD la Donneuse, cette ordure de stal mouchard et frustré avec qui je ne comprends même pas que quelqu’un d’estimable comme SQ ait pu avoir d’autres rapports que le coup de boule — DD la Donneuse avec Pourry et l’autre sont les rois du petit commerce. Vos présupposés idéologiques sont bidons, ceux qui veulent donner une couleur à la forme de sous-culture du polar, la part maudite de la société en principe, sauf si on en fait une église de gauche à l’usage des filles de ministre suivez mon regard vers Fourneaux à Télérama — ceux disais-je qui veulent mettre leur saloperie de politique dans une forme de culture, sont des fumiers, et des fumiers qu’on oubliera pas. Un facho a le droit d’écrire s’il écrit bien. Et Manchette était un petit prof d’anglais refoulé et médiocre, plus connu pour ses chroniques et sa politicaillerie camoufée en "critique sociale" (théorie qui nous a donné la vermine citée plus haut), et plus vite on aura fini, avec les théories bidons de ce puceau —dont le seul titre de gloire est d’avoir donné du foin à bouffer à la vermine gauchiste — plus vite on pourra écrire et lire de bons polars,au lieu de lire des missels pour la messe de gauche suivi de la quète et même du rat-quète, non je parlais de rat mais c’était pas DD la Balance,pour une fois. Largue les amarres Serge. On écrit là. On est pas en train de faire le milliardièmeme sermon enfonçage de porte ouverte sur le capitalisme."
     
                                                                                                                                                                                                                                      
                                                                                                                                        
    "Je ne suis pas d’accord pour que la politique, fut-elle ultra-gauche ait quoi que ce soit à faire, Nom de Dieu, dans une création littéraire. La seule possibilité d’écrire est obligatoirement dans une indépendance absolue. Tous les gens qui ont le cadre de vue, désolé très discutable, hégéliano-marxiste font chier avec leurs jugements sur une forme de culture. Qu’ils s’occupent des rapports de production, puisque ça les intéresse. Qu’ils laissent les auteurs écrire des livres, marrants, beaux,distrayants. D’autre part et ces ordures de la gauche en sont la preuve, il existe des fascistes humainement formidables et des gauches et même ultra-gauche humainement complètement pourris.Alors foutez-nous la paix avec vos histoires de sectes. On s’en tape. On veut faire de bons bouquins, des histoires racontées dans un bon style rapide et dur. Que les politiciens s’entrepoliticaillent le fion puisqu’ils aiment ça. Lachez nous la grappe on est des saltimbanques pas des révolutionnaires professionnels bordel de merde, j’en ai marre de votre idéologie de nazes de l’extrême-droite à l’extrême-gauche et ultra si tu veux, vous êtes tous aussi cons et religieux vis à vis des étiquettes. Vous êtes tous des curés. Si tu es pour la liberté d’expression intégrale, la question ne se pose même pas. Oui DD [Censuré par A.11, voir ci-dessous.] fait un boulot de flic. Et un boulot de flic pour établir la domination proto-stal mou puisqu’on est en France sur le petit commerce, de même que son frère ennemi l’épicemard Pourry, l’anarcho-poujadiste. Ras-le-bol de votre dégueulis de politique. Y’en a marre. On parle de bouquins, bandes de matamores, rien d’autre ! Putain de bordel de petits français qui se la racontent. Jusqu’àl’ultra-gauche, il connaissent rien, mais ils savent tout. Jusqu’à l’ultra-gauche c’est des stals."
                                                                                                                                                                                                              
                                                                                                                                                                                     
     
     
     
    "Je ne suis pas historien et ne vais pas comparer communisme et fascisme, tarte à la crème. Mais on doit prononcer le mot stalinien (et c’est ce que sont ces gens) avec autant de répugnance que le mot nazi, parce que ces deux idéologies partagent, un total mépris de la vie humaine, un absolu cynisme de gangsters. En tout cas je remercie votre publication de m’avoir fourni l’occase de dire, que le polar doit revenir à ce qu’il est : une sous-culture vivante, libre de toute idéologie, de toute couleur politique. Que le meilleur gagne, et non pas le plus "vertueux" —aux yeux de quel Guide Suprême ?"
     
     
    DD est, évidemment, Didier Daeninckx, SQ, Serge Quadruppani et Pourry, probablement Jean-Bernard Pouy ! Sur la même page, il faut aussi lire l'excellent texte de Serge Quadruppani sur le milieu du polar. Edifiant et réjouissant !
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  • Dead cities

    Après Le stade Dubaï du capitalisme, en 2007, les éditions Les Prairies ordinaires ont publié fin 2009 Dead cities, un nouvel ouvrage de l'ethnologue américain Mike Davis. Ce personnage atypique, qui a débuté sa vie professionnelle comme ouvrier dans des abattoirs, est aussi l'auteur, notamment, d'une remarquable Petite histoire de la voiture piégée, aux éditions Zone en 2007. Observateur des folies urbaines du capitalisme mondialisé, il mérite particulièrement d'être lu !

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    "Une Terre où la nature recouvre peu à peu ses droits sur la ville après la disparition de l'espèce humaine. Une architecture bunkerisée dédiée à la sécurité et au contrôle comme réponse à l'effondrement des Twin Towers. Des répliques d'immeubles allemands et japonais érigées dans le désert de l'Utah pour servir de laboratoire au dernier grand projet du New Deal : la destruction par le feu des villes ennemies. Dévastée par les bombes ou les stylos rouges des spéculateurs immobiliers, la Grande Ville capitaliste s'est révélée particulièrement apte à réaliser certaines prophéties catastrophistes. Dans ce livre, Mike Davis nous montre que, depuis son émergence, elle n'a cessé d'être associée dans l'esprit des hommes au spectre apocalyptique de sa propre destruction. S'inscrivant dans la tradition marxiste d'Ernst Bloch, il affirme que l'aliénation cognitive produite par la mise au ban de la nature dans l'expérience collective a suscité une angoisse constante tout au long du xxe siècle. Dans une veine à la fois mélancolique et optimiste (le système capitaliste n'est qu'un stade de l'histoire humaine appelé à être dépassé), Mike Davis invite donc à une nouvelle science urbaine qui s'appuierait sur la " dialectique ville-nature ". Celle-ci permettrait d'envisager la ville dans la totalité des interactions qu'elle entretient avec son " dehors naturel ", et de déjouer les limites actuelles des études urbaines. Cela passe ici par un travail spéculatif s'appuyant sur une hypothèse - la disparition de l'homme - et sur un extraordinaire corpus littéraire et scientifique, où les espèces végétales et animales dansent sur les cendres de nos villes mortes."

     

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