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  • Salafisme : du séparatisme au terrorisme...

    Le 12 janvier 2024, Pierre Bergerault recevait, sur TV libertés, Pierre Conesa pour évoquer la question du salafisme en France.

    Agrégé d'histoire et énarque, Pierre Conesa a fait partie dans les années 90 de la Délégation aux affaires stratégiques du Ministère de la défense. Il est l'auteur de plusieurs essais, dont, notamment, Dr. Saoud et Mr. Djihad - La diplomatie religieuse de l'Arabie saoudite (Robert Laffont, 2016), Hollywar - Hollywood, arme de propagande massive (Robert Laffont, 2018), Le lobby saoudien en France - Comment vendre un pays invendable (Denoël, 2021), Vendre la guerre - Le complexe militaro-intellectuel (L'aube, 2022) et État des lieux du salafisme en France (L'aube, 2023).

     

                                               

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  • Etat des lieux du salafisme en France...

    Les éditions de L'Aube viennent de publier une étude de Pierre Conesa intitulée État des lieux du salafisme en France.

    Agrégé d'histoire et énarque, Pierre Conesa a fait partie dans les années 90 de la Délégation aux affaires stratégiques du Ministère de la défense. Il est l'auteur de plusieurs essais, dont, notamment, Dr. Saoud et Mr. Djihad - La diplomatie religieuse de l'Arabie saoudite (Robert Laffont, 2016), Hollywar - Hollywood, arme de propagande massive (Robert Laffont, 2018), Le lobby saoudien en France - Comment vendre un pays invendable (Denoël, 2021) et Vendre la guerre - Le complexe militaro-intellectuel (L'aube, 2022).

     

    Conesa_Etat des lieux du salafisme en France.jpg

    " Du séparatisme au terrorisme : état des lieux, portraits et analyses. Pierre Conesa établit dans cet ouvrage le relevé des différentes manifestations sociales de rupture et de contestation des lois républicaines dans l’espace public – depuis les refus de minutes de silence aux menaces adressées à des représentants de l’État. Le parti pris de l’auteur est de nous dire qu’à ne s’intéresser qu’aux attentats commis ou aux actes les plus relayés par les médias, nous passons à côté de l’ampleur du phénomène : 1 547 cas de comportements séparatistes et de contestations de la loi républicaine en deux ans, 627 cas déclarés de contestation religieuse dans l’école publique pour la seule année 2021, 58 attentats déjoués depuis 2015… Pour Pierre Conesa, la question de l’islamisme ­radical dans notre pays est très loin d’être réglée, et elle ne le sera pas tant que nous n’aurons pas une vision claire de ce dont il s’agit. "

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  • L'idéologie droit-de-l'hommiste, un obstacle à la lutte contre le terrorisme ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien avec Guillaume Bigot, cueilli sur Figaro Vox et consacré aux blocages idéologiques qui empêchent de mener une lutte sérieuse contre le terrorisme islamiste. Guillaume Bigot est essayiste et chroniqueur.

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    L'idéologie droit-de-l'hommiste, un obstacle à la lutte contre le terrorisme ?

    FIGAROVOX.- Après les attentats de Carcassonne et de Trèbes, l'islamisme armé est de retour. Comment analysez-vous la réaction des autorités?

    Guillaume BIGOT.- Une réaction pavlovienne de la classe politique et des pseudo-experts consiste à s'indigner de ce que les djihadistes qui passent à l'acte sont déjà connus. Une telle indignation relève d'un pur contre-sens.

    Si les auteurs d'attaques sont fichés, c'est que le renseignement est efficace et non l'inverse. Le système de remontée et de classement d'informations est déjà perfectionné: on classe les individus de 1 à 16, en fonction de leur dangerosité, les proches peuvent être fichés et on fait tout pour éviter l'engorgement de la base. Ce système ne cesse de s'améliorer. Ainsi lorsque Yassin Sahli, par exemple, l'islamiste qui avait égorgé son patron à Saint-Quentin-Fallavier, dans la banlieue de Lyon, était sorti des fiches S (il avait été fiché une première fois en 2006), un nouveau fichier dit FSPRT (Fichier de signalement pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste) a été créé afin d'y verser les noms retirés du fichier principal. Nous gardons une avance indispensable sur l'ennemi. Contrairement à certaines allégations, les forces de l'ordre sont très bien renseignées de l'intérieur par nos compatriotes musulmans, fort heureusement d'ailleurs.

    Ce formidable travail de l'ombre réalisé par des informateurs de confession musulmane, par des fonctionnaires infiltrés et par les services permet d'éviter l'essentiel des actes qui, sans cela, ensanglanteraient la France. Chaque année, depuis 2015, ce sont entre 15 et 20 tentatives d'attentats qui sont en moyenne déjouées. Certaines de ces attaques auraient été dévastatrices.

    Donc, les attentats qui surviennent doivent être considérés comme inévitables? Si l'on vous suit, tout ce qui peut l'être serait donc entrepris pour protéger nos compatriotes?

    Loin s'en faut. Mais en critiquant le renseignement on se trompe de cible.

    Par ailleurs, on a beau redécouvrir la menace à chaque attentat, il faudra bien un jour admettre qu'éradiquer le djihadisme en France sera l'affaire d'une guerre de trente ans. L'islamisme est enraciné, avec un risque de séparatisme à la clé comme nous l'écrivions dès 2005, avec Stéphane Berthomet. Le risque zéro relève donc de l'illusion. Le reconnaître ne revient cependant pas à dire que l'on se protège aussi efficacement qu'on le devrait.

    Les services travaillent aussi bien qu'ils le peuvent, mais nous sommes confrontés à trois obstacles.

    Le premier est de taille si j'ose dire: le phénomène revêt des proportions telles qu'il ne peut plus être appréhendé à l'aune des moyens actuellement mis en œuvre.

    20 000 islamistes radicalisés dans le fichier «S» dont 7 000 très dangereux... pour moins de 8 000 fonctionnaires chargés de circonscrire la menace qu'ils représentent (4 300 de la DGSI, 2 500 fonctionnaires du Service central du renseignement territorial, plus des enquêteurs de la SDAT et des gendarmes de la sous-direction de l'anticipation opérationnelle).

    Surveiller une seule cible, 24h/24, même en ayant intensément recours à l'intelligence artificielle, mobilise toute une équipe agents. Il faut donc recruter et former.

    Le second obstacle qui nous empêche de lutter plus efficacement contre le terrorisme islamique, ce sont les magistrats eux-mêmes qui le dressent. À côté de juges d'élite telles que Jean-Louis Bruguière, Gilbert Thiel ou Marc Trévidic et d'autres encore moins médiatisés mais tout aussi remarquables, certains magistrats restent très imprégnés de ce que Jean-Pierre Le Goff appelle le gauchisme culturel. La magistrature a souvent les yeux de Chimène pour les caïds des cités qui forment la base du recrutement des futurs terroristes. Pourquoi? Un substrat de préjugés se mêle et explique cette coupable indulgence: culture de l'excuse, culte de la repentance néocoloniale, admiration pour un islamisme anticapitaliste. On n'est parfois pas très loin de la France rance et vichyste des porteurs de valise de Ramadan qui font semblant de ne pas entendre les délinquants de banlieues aduler Radouane Lakdim.

    Le troisième obstacle est donc idéologique. Ce qui paralyse les dirigeants français, c'est ce qu'il est convenu d'appeler le droit de l'hommisme. Ce dernier n'a rien à voir avec la défense concrète des droits de l'homme, ni même avec un attachement sincère aux valeurs qui forment le socle de notre pacte social. Le droit-de-l'hommisme est un culte des formes juridiques, sacralisées et placées au-dessus de la souveraineté populaire. L'apologie des droits de l'individu considérés comme l'alpha et l'oméga des valeurs morales cadenasse juridiquement la volonté de la majorité et fait le jeu de nos ennemis qui s'abritent derrière des procédures.

    En quoi ce que vous appelez le droit-de-l'hommisme empêche-t-il de lutter contre l'islamisme radical?

    L'expulsion des étrangers fichés S, l'éloignement des Français radicalisés ou le rétablissement des frontières forment trois mesures-clé qui feraient reculer l'ennemi. Mais en l'état actuel du droit, qui inclut les traités et l'interprétation du bloc de constitutionnalité par le Conseil d'État, par le Conseil Constitutionnel, par la Cour de Cassation et par la Cour Européenne des Droits de l'Homme, de telles mesures sont inenvisageables. On serait tenté de répondre: mais alors que l'on change le droit! À ce stade, les choses se corsent car notre système juridique installe ces juridictions suprêmes et ces traités au-dessus de la loi, c'est-à-dire de l'expression de la volonté générale. Il faudrait agir par référendum pour défaire ce que le peuple a fait sous la forme de traités ratifiés ou d'articles de la constitution autorisant des recours devant la Cour constitutionnelle par exemple.

    La main de l'État est donc paralysée par deux facteurs: un facteur dur, juridique, la règle de droit (expulser un étranger, c'est s'exposer à un recours que l'on anticipe comme perdu d'avance) et un facteur mou, symbolique et culturel (les résidus de l'idéologie soixante-huitarde qui placent l'État de droit au-dessus de la démocratie). L'anticipation de la règle de droit et cette mentalité qui considère comme sacrilège de vouloir la changer se combinent pour forger cet état d'esprit capitulard face à l'islamisme. Nous sommes face à des gouvernants qui croient faire leur devoir en résistant au populisme, c'est-à-dire à la demande d'une majorité de l'opinion qui attend des mesures énergiques pour neutraliser les apôtres de la guerre sainte.

    Le gouvernement se trompe dans sa communication à l'égard des attentats?

    La communication officielle verse dans le contre-sens absolu et fait le jeu de l'ennemi. Cette communication se décline suivant trois axes: premièrement, chercher à édulcorer les actes (mais à l'ère des réseaux sociaux, les informations finissent par sortir et c'est alors l'empire de la théorie du complot). On a vu ce mécanisme à l'œuvre: ce fut le cas avec certaines attaques à la voiture bélier ou avec l'égorgement du colonel Beltrame.

    Le deuxième axe de communication consiste à dédouaner préventivement l'Islam. C'est le grand mantra du «pasdamalgame». Il s'agit de parler à la place des musulmans pour les désolidariser à leur place d'avec l'islamisme. Nos compatriotes musulmans n'en demandent pas tant! Et puis un tel empressement à affirmer que les attentats islamistes n'ont rien à voir avec la religion mahométane est un peu louche. Les Français savent faire la différence entre leurs compatriotes d'origine musulmane qui veulent qu'on leur fiche la paix avec cette religion qu'ils ne pratiquent ni ne revendiquent, des concitoyens qui ont une pratique paisible de leur culte compatible avec les valeurs de la République. L'opinion ne confond pas ces deux catégories avec des islamistes provocateurs et vindicatifs qui placent la charia au-dessus des lois françaises ni avec les djihadistes assassins. Mais les Français, y compris de confession musulmane, sont exaspérés par ce qu'ils considèrent comme une manifestation de malaise de la part des autorités.

    Le troisième axe de communication, c'est de viser l'effet compassionnel. C'est la séquence «émotion». Les officiels se rendent sur place. On sort alors les bougies, on observe une minute de silence et on verse une larme.

    Or, ces trois réflexes sont totalement inappropriés.

    L'Islam, pas seulement le djihadisme mais toute la culture arabo-musulmane, est traversé par un culte de la virilité et de l'esprit chevaleresque. Montrer sa force, c'est gagner le respect. Passer pour une victime, c'est attiser la haine et le mépris.

    La fameuse taqîya, l'art de la dissimulation tactique prôné par le Coran consiste à tenir compte du rapport de forces pour s'adapter à un environnement non musulman. En nous montrant intraitables sur le respect de la laïcité, nous n'allons nullement encourager la révolte ou nourrir le sentiment d'injustice. Au contraire: nous obtiendrons que l'Islam s'adapte à la France et non l'inverse.

    Ainsi, le gouvernement devrait, au contraire, convoquer des caméras et mettre en scène l'expulsion de 300 imams salafistes. Il aura alors gagné sur tous les tableaux: sa cote de popularité bondira, les gamins qui hurlent de joie après des attentats ou certains sympathisants du djihad rentreront la tête dans leurs épaules.

    Guillaume Bigot, propos recueillis par Alexandre Devecchio (Figaro Vox, 29 mars 2018)

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  • Radouane Lakdim, le quartier Ozanam et la politique de la ville...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Xavier Raufer, cueilli sur Atlantico et consacré au quartier Ozanam de Carcassonne, dont le terroriste islamiste Radouane Lakdim est un pur produit...

     Criminologue et auteurs de nombreux essais, Xavier Raufer a publié ces dernières années Les nouveaux dangers planétaires (CNRS, 2012) et Criminologie - La dimension stratégique et géopolitique (Eska, 2014) et a également coordonné l'ouvrage collectif intitulé La première cyber-guerre mondiale ? (Eska, 2015).

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    Opération de police dans le quartier Ozanam après l'attaque terroriste de Trèbes

     

    Le lieutenant-colonel Beltrame égorgé par Radouane Ladkim ET victime de la "Politique de la Ville"

    On entend d'ici les pleureuses, "flocons de neige" et indignés à répétition, trépigner et attiser une de leurs fameuses tornades morales. Qu'ils prennent plutôt le temps de lire et méditer ce qui suit - dans l'intérêt même de leur propre sécurité, argument qui devrait les séduire.

    24 mars matinée : l'hybride racaille-salafiste Radouane Lakdim vient d'assassiner quatre innocents et d'en blesser 15 autres. Des journalistes affluent à la cité Ozanam de Carcassonne, dont Lakdim est un pur produit. Réaction de la milice narco-islamiste locale "Casse-toi, je vais t'éclater"... "Barre-toi d'ici ou je te casse les jambes". Regards haineux ; des journalistes sont molestés, leur matériel, volé. Milice vraiment ? Oui : "Toutes les issues sont contrôlées... Les journalistes fuient... des jeunes les poursuivent à bord d'un véhicule"...

    Une "retraitée" [décodeur : l'ultime Française du coin] : "Une minorité pourrit le quartier... Ils ont pris le pouvoir". Notons que tout ceci provient de la notoirement bienséante France-Info.

    Ozanam, cloaque en sécession, coup de tonnerre dans un ciel bleu ? Non : le 30 juillet 2012, une association d'habitants du lieu écrit au président de la République (les pauvres, c'était Hollande...), au ministre de l'Intérieur, etc. (La Dépêche, 12/08/2012) Ces habitants veulent juste "vivre en paix". Or au quotidien, disent-ils, agressions de citoyens et de policiers... cambriolages... rodéos... vols dans les véhicules... trafics multiples... Le programme de réhabilitation urbaine d'Ozanam et autres coupe-gorge devait apaiser le climat ? A Ozanam en tout cas "le résultat est moins probant" [Décodeur : total échec]. Précision : ces habitants avaient déjà appelé au secours en 2008 - ce qui fait bientôt dix ans.

    Accélérateur avant. Que fait-on aujourd'hui pour nettoyer ces repaires de trafiquants, d'islamistes et d'assassins-terroristes ? (Coulibaly N°1, de l'Hyper-Cacher, venait de la Grande-Borne, célèbre cité hors-contrôle de l'Essonne). Lisons (décembre 2017) le "Contrat de ville de Carcassonne, appel à projets 2018" (il figure sur Internet).

    Bienvenue dans le gentil petit monde de la Politique de la Ville. Pas d'islamistes ! Nuls trafiquants de drogue ! Ni bandes, ni racailles.

    Mais procédons par ordre :

    1 - La Conte-Ozanam est bien un "Quartier prioritaire de la politique de la ville". Le confirme, le décret N°2014-1750 du 30/12/2014.

    2 - L'assassin et terroriste Redouane Lakdim est bien un pur produit d'Ozanam.

    3 - "Contrat de ville" : 16 bonnes fées se sont penchées sur son berceau : Carcassonne-Agglo - L'Etat (CGET) - Ville de Carcassonne - Conseil départemental de l'Aude - Conseil régional d'Occitanie - Ministère de la Justice - Pôle-Emploi - Caisse d'allocations familiales de l'Aude - Direction académique de l'Aude - Agence régionale de la santé - Caisse primaire d'assurance-maladie - Caisse des dépôts et consignations - Chambre des métiers de d'artisanat de l'Aude - Chambre de commerce et d'industrie - Mission locale ouest-audois - 3 bailleurs sociaux.

    Alors qu'ils ignoraient le coupe-gorge et repaire salafiste, voici ce que ces nobles organismes et brillants sujets ont pondu : "lutte contre les discriminations et le racisme...vivre ensemble... travail de mémoire... Construction d'une image positive du quartier (!!)...prises en charge individualisées des jeunes les plus fragiles (bonjour la culture de l'excuse)... Valeurs de la République... Conseils citoyens". 24 "critères de discrimination" aimablement étalés (si un racketteur venait à en oublier un...).

    Bref, l'usuelle ratatouille, boy-scouts attardés, Abbé-Pierre-gaga-terminal et néo-dames patronnesses.

    Résultat : l'aveuglement. Une invisible zone de guérilla où l'on expédie les gendarmes, comme dans la bonne vieille banlieue d'antan. Pourquoi se méfieraient-ils ? "Vivre ensemble... valeurs de la République" ? Face à eux bien plutôt, un fauve. Ainsi périssent quatre innocents ; ainsi souffrent quinze autres malheureux, victimes d'une collective impuissance à regarder en face le réel criminel et terroriste.

    Ne pas régler une fois pour tous le sévère problème des Ozanam & co. ; ne pas y rétablir cet "ordre républicain" promis depuis TRENTE-SEPT ans, c'est l'assurance d'autres attentats, d'autres victimes.

    C'est la certitude d'autres Beltrame. Gloire à lui et honte à ceux qui, par lâcheté ou bienséance, ont laissé pourrir la situation, à Ozanam et ailleurs.

    Xavier Raufer (Atlantico, 26 mars 2018)



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  • Arnaud Beltrame et Redouane Lakmid : la France et l’anti-France...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Gabriel Robin, cueilli sur le site de la revue L'Incorrect et consacré à l'attaque terroriste qui s'est déroulée le vendredi 23 mars 2018 Trèbes, dans l'Aude.

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    Arnaud Beltrame et Redouane Lakmid : la France et l’anti-France

    Khaled Kelkal. Mohamed Merah. Salah Abdeslam. Chérif et Saïd Kouachi. Sid Ahmed Ghlam. Abdelhamid Abaaoud. Samy Amimour. Amedy Coulibaly. Ismaël Omar MostefaÏ. Mehdi Nemmouche. Ahmed Hanachi. Une liste non exhaustive de terroristes islamistes qui ont frappé sur le sol français. Vendredi 23 mars, le binational franco-marocain Redouane Lakdim s’est ajouté à la cohorte des zombies d’Allah voulant « venger la Syrie », faisant des blessés graves et quatre morts, dont l’héroïque lieutenant-colonel de gendarmerie Arnaud Beltrame, qui a fait le choix de prendre la place des otages retenus dans le supermarché attaqué. Nul besoin de s’appeler Sherlock Holmes pour comprendre ce qui réunit ces terroristes islamistes qu’on dit « Français », car ce qui les rassemble est qu’ils se ressemblent.

    Pourtant, Gérard Collomb se montrait surpris à l’heure de commenter l’ignoble série de meurtres de Carcassonne et Trèbes dans l’Aude :« Nous l’avons suivi et nous pensions qu’il n’y avait pas de radicalisation, mais il est passé à l’acte brusquement. Il était connu pour possession et deal de stupéfiants. On ne pouvait pas dire qu’il allait être un radical passant à l’acte dans les temps qui venaient ». François Molins, procureur de la République de Paris, lui a d’ailleurs emboité le pas, estimant lui aussi que « rien ne pouvait laisser présager un passage à l’acte ». Un salafiste d’origine marocaine défavorablement connu des services de renseignement, et même fiché S depuis 2014, voyou multirécidiviste condamné pour outrage à agent, violences et détention d’armes, ayant cherché à plusieurs reprises à se rendre en Syrie n’a vraiment pas la gueule de l’emploi. Non ? 

    Depuis septembre 2017, mois où ont été tuées deux jeunes femmes en gare de Marseille par un islamiste clandestin relâché peu de temps auparavant, la France a connu une relative accalmie sur le front terroriste. Rien ou si peu à signaler. Mais l’ennemi est ici, sur le sol français. Comme Emmanuel Macron l’a rappelé lors de sa conférence de presse, la menace est « endogène ». Malheureusement, il a oublié de préciser que ses racines étaient exogènes, les terroristes islamistes n’étant que les fruits pourris de l’immigration de masse proprement insupportable qui s’abat sur la France depuis des décennies, sans que personne ne semble pouvoir en enrayer la marche.

    « On ne pouvait pas savoir, les profils sont trop différents », nous dit-on après chaque attentat. Parce qu’on ne veut pas nous avouer la cruelle vérité, celle qui saute aux yeux de tous les Français normalement constitués. On sait très bien qui est potentiellement dangereux, mais les profils correspondants sont beaucoup trop nombreux pour que l’on puisse tous les tenir à l’œil, encore moins les mettre hors d’état de nuire. Les voyous islamisés biberonnés à l’infra-culture télévisuelle et à une lecture littérale du Coran, agrémentée de superstitions maghrébines, se comptent par dizaines, sinon par centaines de milliers dans l’hexagone.

    Que faire, donc, pour limiter la casse ? Le premier volet est technique. Une tâche que remplit correctement l’Etat qui a modernisé ses outils de renseignement, formé ses effectifs d’enquêteurs et ses brigades d’intervention. Emmanuel Macron montre d’ailleurs la volonté sincère de travailler ces sujets. Du reste, François Hollande essayait aussi. Il serait faux d’imaginer que nos dirigeants se moquent de la situation. Au contraire, ils la prennent au sérieux et la déplorent. Toutefois, leurs actions sont entravées par divers facteurs, parmi lesquels l’inaptitude à prendre au sérieux la question migratoire. C’est peut-être même le point le plus important. Sans immigration, pas d’islamisation de la France. Sans islamisation, nous ne serions pas victimes d’une telle folie terroriste. Est-ce si difficile à comprendre ?

    Puisque certains islamistes ne possèdent que la nationalité française, la lutte contre l’immigration ne suffira pas. Qui pourrait cependant contredire que l’inversion des flux migratoires ne serait pas une bonne mesure à adopter en urgence ? Ce n’est pas si compliqué à mettre en place avec un peu de bonne volonté politique. Il faudrait, en toute simplicité, se doter des moyens légaux et logistiques nécessaires pour expulser tous les étrangers coupables de délits et de crimes au terme de leur peine de prison, en réinstaurant la double peine, sans oublier les étrangers en situation irrégulière qui s’échappent dans la nature. Et pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Ajoutons à ce lot les étrangers connus pour leurs sympathies islamistes. Expulsons-les tous : une bonne base de travail.

    Bien sûr, dans un même ordre d’idées, éviter de donner la nationalité française à des voyous qui haïssent la France ne serait pas du luxe. Nous avions enquêté sur les pratiques de la préfecture de la Seine-Saint-Denis, où les candidats à la naturalisation se présentent parfois en complet salafiste. Des faits choquants qui ne nous avaient pas laissés insensibles. Mais le cas de Redouane Lakdim semble beaucoup plus édifiant. Redouane Ladkim aurait été naturalisé en 2004 à l’âge de douze ans, du fait de ses cinq ans de résidence sur le territoire national, juste après son père devenu lui aussi Français peu de temps auparavant. Trèbes est donc aussi le procès de l’immigration. La France est trop généreuse, adoptant des milliers de « français de papier » tous les ans. Parmi ces néo Français, censés l’être autant que vous et moi, supposément les héritiers de Jeanne d’Arc et Charlemagne, une forte proportion de naturalisés qui haïssent la France ou la nient.

    Natacha Polony a évoqué l’urgence du « combat idéologique », lequel se doublerait d’un « réarmement moral du pays ». Soit, mais soyons clairs, il est strictement impossible d’amener ou de ramener ces milliers d’individus vers la France ou vers la République. Dans l’immédiat, l’essentiel est donc de les chasser, de les emprisonner et de les éliminer. Les candidats potentiels seront peut-être découragés. Dans L’Art de la Guerre, Sun Tzu dit que « Lorsqu’un chat se tient à l’entrée du trou du rat, dix mille rats ne se hasardent pas à en sortir ; lorsqu’un tigre garde le gué, dix mille cerfs ne peuvent le traverser ». La peur doit changer de camp. Or, les anti-Français ne craignent pas plus la France, que les Français ou leur Etat. Ils les savent faibles. Aussi ne ploient-ils pas le genou, comme l’auront encore illustré les insultes lancées aux fonctionnaires de police venus visiter le domicile de Redouane Lakdim. La séparation est un phénomène naturel. Le développement séparé un fait que quelques exceptions heureuses ne démentent pas. Nous ne pouvons rien exiger d’autre d’une communauté que le respect des lois.

    Un Français aura sauvé l’honneur ce triste jour. En se sacrifiant pour ses compatriotes, Arnaud Beltrame a montré que l’esprit de résistance, celui des grognards de l’Empereur ou des Poilus de Verdun, était toujours bien vivant. Ironie de l’histoire, le lieutenant colonel Beltrame a été formé à l’école de préparation militaire de Saint-Cyr, fondée par Napoléon Bonaparte, dont le fonctionnement du lycée préparant son concours d’entrée a été violemment critiqué au matin de l’assaut islamiste par le journal Libération… Il a succombé à ses blessures dans la nuit, tel un héros des chansons de geste de naguère. La France ne l’oubliera jamais, ainsi que toutes les victimes françaises innocentes des meurtriers de l’islam de combat. Puisse aussi son sacrifice réveiller les consciences assoupies. S’il est évident que de nouvelles attaques se produiront durant les prochaines années, nous ne devrons jamais nous y résoudre.

    Gabriel Robin (L'Incorrect, 24 mars 2018)

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  • Terrorisme : « le doigt et la Lune »...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Caroline Galactéros, cueilli sur son site Bouger les lignes et consacré à la façon dont l'Europe refuse de faire face à la menace islamiste. Docteur en science politique et dirigeante d'une société de conseil, Caroline Galactéros est l'auteur de  Manières du monde, manières de guerre (Nuvis, 2013) et publie régulièrement ses analyses sur le site du Point et sur celui du Figaro Vox.

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    Terrorisme : « le doigt et la Lune »

    La terreur ne prend pas de vacances. Levallois-Perret, Marseille, Barcelone, Cambrils, Turku, jusqu'à Surgut en Sibérie… Les plages se vident, les enfants font leurs cartables et taillent leurs mines pour apprendre, grandir, aimer la vie et les autres…, tandis que les islamistes affûtent leurs poignards, bourrent leurs sacs à dos d'explosifs, se ceinturent de Semtex ou de pâte à modeler, louent des camionnettes ou empruntent des voitures pour les détruire. Chacun va donc faire ses devoirs et les services de police et de renseignement feront ce qu'ils peuvent – ce qui n'est pas rien mais ne peut tout –, modernes Sisyphes d'un monde occidental qui s'étourdit dans le déni. Combien d'attentats déjoués en vérité ? Combien à venir ? Doit-on s'y habituer, comme certains responsables politiques osent nous y inviter, comme on accepte sans broncher qu'un cambriolage ait lieu en France toutes les deux minutes ?

    Le terrorisme « fait-il partie de notre vie », chacun devant vaquer à ses affaires dans une indifférence désabusée, espérant échapper aux prochaines rafales par des calculs de probabilité rassurants ? Croit-on sérieusement qu'en ignorant le défi qui nous est lancé, en le minorant, en réduisant la menace à des passages à l'acte d'individus psychiatriquement atteints – dans un tiers de cas nous répète-t-on désormais à l'envi –, on va faire disparaître la menace et lasser l'adversaire qui nous laissera en paix ? L'accent mis sur la maladie mentale est une inquiétante défausse. Cette tentation du politique grandit à mesure que se manifeste l'ampleur du phénomène et que monte le sentiment d'impuissance des pouvoirs publics.

    Que des individus fragiles ou même malades agissent de manière mimétique par rapport au modus operandi des terroristes, certes, mais 120 bonbonnes de gaz ont été retrouvées en Espagne pour faire exploser la Sagrada Familia et d'autres monuments ! Ce sont désormais les symboles les plus éclatants de la chrétienté en déroute qui sont ciblés en Europe même, et non plus seulement dans le lointain Orient. Ce sont les dirigeants européens qui « sont dans le gaz » ! À moins que leur calcul implicite ne soit plus cynique encore : notre mode de vie, le choix de nier les problèmes pour ne pas devoir les traiter, suppose un certain ratio de pertes humaines, en quelque sorte incompressible, qu'il faut accepter et faire admettre d'une manière ou d'une autre à nos concitoyens, « parce que nous le valons bien » et qu'on s'en sortira... Fermez le ban.


    Une guerre que nous ne voulons pas voir

    Refusons cette coupable inhibition. Prenons nos responsabilités. La première d'entre elles est la lucidité : chaque attentat n'est pas l'expression d'une violence exceptionnelle, incompréhensible voire inévitable, mais scande une étape sanglante supplémentaire dans une guerre qui nous a été déclarée et que nous ne voulons pas voir.

    On ne fait d'ailleurs pas davantage le lien – sans être taxé de racisme ou d'islamophobie primitive – entre cette « problématique sécuritaire », qui rythme désormais tragiquement notre quotidien, et la vague migratoire qui inonde l'Europe, gonfle en silence, charriant dans son écume d'innombrables malheureux, mais aussi moult individus dangereux, et des centaines de milliers d'autres dont on sait très bien qu'ils sont en train de faire changer notre continent de nature… et de culture. Réfugiés économiques ou politiques, migrants, demandeurs d'asile, légitimement fondés à venir en Europe ou pas, est-ce finalement la question ? Évidemment non.

    Cet exode massif programmé n'est pas le fruit d'un odieux « complot » mais celui d'un enchaînement de circonstances, d'intérêts, et aussi de (nos) décisions politiques folles. Il est surtout une calamité que chacun pressent, mais que nul n'ose dénoncer sans honte et surtout sans s'exposer à la vindicte « d'élites » confites dans l'aveuglement et la repentance délirante… Nos politiques, pour la plupart complaisants et démagogues, pratiquent l'omerta trans-partisane et refusent de traiter sérieusement cet immense péril. Eux aussi espèrent passer entre les gouttes jusqu'au prochain scrutin… Et puis, s'ils devenaient courageux, il leur faudrait encourir l'opprobre du chœur des vierges aux yeux crevés et l'impopularité immédiate, se montrer durs, forcément injustes, oser traiter des nombres et non plus des destins particuliers, imposer des devoirs et restreindre des « droits », traiter « le local » avant « le global », le national avant l'universel. Pas très valorisant ni valorisable électoralement parlant. Il leur faudrait surtout cesser d'invoquer l'Europe, dont chacun sait qu'elle ne peut rien, car elle n'est que la somme des volontés de ses États membres… et donc de leur absence. Aussi préfèrent-ils maquiller le danger manifeste en aubaine pour l'emploi ou la diversité…
    En plein délire, en plein déni

    On nage donc en plein délire et surtout en plein déni. Même Angela Merkel, maîtresse de l'Europe au grand cœur, réalise désormais amèrement le prix de sa naïveté. R. T. Erdogan vient de lui donner une cinglante leçon d'ingérence et poursuit son chantage à l'ouverture des vannes migratoires. Cela lui a rapporté beaucoup déjà. Désormais, il va plus loin encore. La chancelière critique l'évolution autocratique de son pouvoir et renvoie l'intégration de la Turquie dans l'UE aux calendes grecques ? Il appelle publiquement contre elle les Turcs d'Allemagne à ne pas voter pour la CDU ou ses alliés dans quelques semaines. Cela ne changera probablement pas sensiblement l'issue du vote. Certes, mais il y a plus de trois millions de Turcs en Allemagne et c'est là encore voir la paille et non la poutre. Car le signal est limpide : les communautés musulmanes d'Europe sont devenues, bon gré mal gré, les vecteurs d'une entreprise de déstabilisation progressive du Vieux Continent aux fins de sa submersion politico-culturelle et de sa subversion idéologico-religieuse. Ces chevaux de Troie, activés par d'habiles leaders d'influence locaux ou lointains, peuvent à tout moment prendre le mors aux dents et jeter à terre leurs piètres cavaliers sans éperons ni étriers.

    Rappelons, pour éviter tout malentendu ou procès d'intention, que les Français de confession musulmane sont dans leur immense majorité les cibles, les otages, les victimes d'une instrumentalisation politique extérieure, exactement comme les populations civiles d'un pays en guerre. Ils sont la matière première semi-consciente d'une entreprise globale de subversion d'un ordre ancien qui se structure dans l'indifférence générale. Le gros de ces populations est pacifique, travaille, et pratique (ou pas) un islam modéré, c'est-à-dire compatible avec les lois de notre République. Car la question n'est pas, rappelons-le aussi, d'adapter la République aux religions et communautés présentes sur le sol français, mais de définir la marge possible d'expression et de pratique de ces religions dans la seule mesure où elles ne remettent pas en péril les lois, pratiques et équilibres de la République ni la cohésion nationale, et cela dans le respect du cadre historico-politique d'un pays d'histoire et de culture chrétiennes multiséculaires. En toute rigueur, cela suppose, très spécifiquement pour l'islam, qui est par essence un système politico-religieux holistique et ne reconnaît pas la primauté de la loi des hommes sur celle de Dieu, une réforme intellectuelle sérieuse (sur le plan de l'exégèse même du Coran) et en tout cas une constriction, une compression du domaine légitime et légal d'expression et d'observance de la foi musulmane en France.

    Plus immédiatement encore, cela impose aux autorités françaises d'exiger des représentants des Français musulmans (et non des « musulmans de France » !) un grand « ménage » dans les mosquées et les associations et de les appuyer dans cette œuvre de salut public, afin de nous débarrasser de tous les imams salafistes et agents prosélytes prêcheurs de haine et de régression. Car c'est en ces lieux, où se mêlent ignorance, ingérences et pressions extérieures, que s'exprime le rapport de force politico-religieux et que l'on sent la volonté de faire progressivement plier la République devant le poids démographique et électoral croissant d'une communauté de plus en plus réduite à son identité confessionnelle. Or, là est le drame. Car la confessionnalisation de la violence politique, que l'Occident a sciemment encouragée notamment depuis le tournant du siècle, gangrène désormais le monde entier et a transformé, en France, des parents inoffensifs et travailleurs, des enfants revendicatifs et des petits-enfants remplis de haine envers leurs pays nourriciers en une arme à double détente par destination.


    Confessionnalisation

    Pour en revenir à l'attitude de la Turquie, l'appel du néo-Sultan à la désobéissance civique et surtout à l'obéissance à une appartenance communautaire politico-religieuse supérieure transcende l'autorité du pays d'installation et la méprise ouvertement. Cela se passe aujourd'hui en Allemagne. Mais il y aura d'autres appels. Car il sera de plus en plus facile d'activer ces masses humaines globalement insérées, mais en fait désincarnées de la chair nationale d'États en décomposition, et de les mobiliser contre leurs pays d'accueil au service d'un dessein plus vaste. Dans les mosquées ou sur les réseaux sociaux. Question d'opportunité, de mûrissement communautaire et d'affadissement perçu de la volonté d'appareils d'États déliquescents et craintifs.

    Cela rappelle fortement une autre situation, celle de la Bosnie-Herzégovine en 1991, avec l'instrumentalisation tragique de la nationalité confessionnelle des « Musulmans de Bosnie » (avec un grand M), invention de Tito en 1968 pour mieux dominer Serbes et Croates en introduisant un troisième larron dans leur face à face conflictuel. Rebaptisés « Bosniaques », majoritaires en nombre par rapport aux catholiques croates et orthodoxes serbes, les Musulmans de Bosnie (« ethniquement » serbes ou croates !) virent dans l'implosion de l'ancienne Fédération yougoslave – après celle de l'URSS et la réunification allemande – l'occasion inespérée d'une émancipation politique et d'une domination communautaire sous le couvert de conquête démocratique. On connaît la suite…

    La confessionnalisation de la revendication politique, économique et sociale est un engrenage extrêmement dangereux. Le jour venu, en France, en Allemagne ou ailleurs en Europe, ceux qui n'ont pas même encore conscience de cette part de leur identité, quand on leur intimera l'ordre de choisir, pourraient adopter tout naturellement cette forme de « nationalité sans nation », conforme à ce qu'est l'Islam, un système politico-religieux total. Des voisins vivant jusque-là en bonne intelligence autour d'un socle national laïque commun se définiraient alors tout à coup autrement, comme des ennemis prêts à se déchirer. Impossible, improbable ? Délirant ? À voir. Ou plutôt à ne pas voir. Nous devons conjurer ce péril terrifiant, cette dynamique destructrice et faire en sorte que ceci n'arrive pas.

    Que faire alors ? Au moment crucial de poser un diagnostic, il faut prendre garde à un leurre redoutable : le « discours d'expert » sur le terrorisme. Il a évidemment ses vertus : il cherche des explications - souvent des excuses -, décompose les modus operandi, fait des liens, remet en perspective, essaie d'anticiper. Il permet aussi d'expurger une frayeur et un dégoût qui nous saisissent devant le caractère apparemment irrationnel, indiscriminé, injustifiable des cibles de ces « voyous barbares », brebis égarées de la mondialisation transformées en « loups solitaires » ou en meutes morbides. Mais ce discours coupe aussi artificiellement le symptôme du mal. Il fait comme si le terrorisme était un phénomène en soi, qu'il suffisait de bien analyser et de combattre pour le circonscrire et l'éradiquer. Comme dans un jeu vidéo.

    Or, il faut s'interroger : ces brebis sont-elles égarées ou, au contraire, se sentent-elles (re)mises sur La Voie ? C'est la vraie question. Celle qui nous gêne tant, nous terrifie même, car elle met en échec tout notre référentiel. On leur a, dit-on, « lavé le cerveau », pour les lancer, décérébrées et désespérées, contre d'innocents civils ou des représentants de l'autorité, pour faire trembler dans les chaumières et provoquer la sidération progressive d'une nation qui se défait et sa paralysie avant sa reddition ultime. Est-ce si sûr ? N'est-ce que cela ? Ne peut-on penser que ces individus, pour la plupart, s'engagent en toute connaissance de cause dans un combat en fait très cohérent à leurs yeux, qui leur paraît absolument valable et louable ? Ils échappent, par leur sacrifice (le don de leur vie biologique), à la confusion que nos démocraties hyper-individualistes ont opérée entre vie et existence. La vie, tout à la fois souffle et commandement divin, traverse les corps et les justifie, inscrit l'individu dans un dessein transcendant, appelle comme un salut sa mort terrestre au service d'une cause, d'un sens, et le démarque ainsi des « infidèles » prisonniers d'une « existence » réduite à leur pure matérialité biologique et surtout à un matérialisme déspiritualisé… C'est là, on en conviendra, une puissante réponse à la perte de repères spirituels et moraux que fait subir la modernité occidentale à ses enfants les moins aptes à la mobilité mentale et sociale.

    Mais en Occident, nous confondons depuis longtemps déjà vie et vivant. C'est précisément ce que l'on appelle la modernité. Nous sommes de ce fait quasi incapables de reconnaître une quelconque validité à un tel « délire ». Car il défie notre idole absolue : « le progrès », essentiellement technique et technologique, entré désormais en complète symbiose avec le marché. Admettre que ce que nous considérons comme un « égarement » régressif et pathologique dans l'acte terroriste est, aux yeux des acteurs de cette terreur, l'aboutissement d'une quête spirituelle que le monde d'ici-bas ne peut assouvir nous est proprement impensable. Car cela revient à admettre que certains individus, élevés au bon lait de la modernité occidentale et souvent loin de toute misère sociale ou intellectuelle, rejetteraient en toute connaissance de cause et en bloc les étalons lumineux de l'Occident consumériste. Un Occident qui se prétend toujours référent ultime du progrès humain, veut éradiquer toute idée même de mystère ou de destinée, et vogue désormais béatement vers les rivages prometteurs du transhumanisme, sa nouvelle idole, bien décidé à remettre Dieu à sa place pour offrir tout seul l'immortalité et l'omniscience à l'homme…

    Attention ! Que l'on me comprenne bien ! Je ne justifie évidemment rien. C'est exactement l'inverse. Tout combat commence par l'évaluation froide et la plus ouverte possible de l'adversaire. Notre difficulté est que nous sommes incapables d'une grille de lecture lucide sans autocomplaisance. La « conversion du regard » indispensable pour comprendre le fonctionnement de l'autre (non pour l'excuser) nous est inaccessible. Car nous confondons les deux et nous nous fermons intellectuellement de peur d'excuser l'inexcusable en comprenant. Or, le fait de considérer comme de simples fous déséquilibrés ou délirants les auteurs d'attentats nous prive d'un regard à la mesure de la menace que leur élan destructeur fait peser sur notre monde développé.

    Ces individus ne versent pas dans le salafisme parce qu'ils sont mal insérés socialement ou économiquement dans nos sociétés. On peut être pauvre, marginalisé ou inculte sans prendre les armes pour égorger son prochain. La source de l'islamisme violent et de son expression terroriste n'est donc pas sociale (chômage, désinsertion, etc.), pas plus qu'elle ne relève du dérèglement mental ou de « l'égarement » religieux. Elle est PO-LI-TIQUE ! Le religieux est ici massivement instrumentalisé, avec un franc succès, auprès de ses cibles (les masses musulmanes) comme auprès de ses victimes (les populations non musulmanes et les systèmes politiques des États ciblés). Il sert de leurre à une offensive géante qui essaime de manière virale dans des esprits fragiles ou structurés. Une offensive politique donc, mais appuyée, justifiée par la radicalité structurelle d'une Foi qui opère la symbiose totale entre le terrestre et le spirituel et offre donc une cohérence. Le moteur du « sacrifice » consenti et de l'action destructrice des agents de la terreur est infiniment puissant car il est cohérent. C'est en conséquence non une désorientation, mais une réorientation radicale qui les meut.

    Refuser de concevoir cette cohérence intime retrouvée, et nier la globalité du défi qui nous est lancé appauvrit notre analyse et notre capacité de riposte. Réduire la lutte antiterroriste à une « guerre asymétrique » est séduisant mais indigent. « Tuer des terroristes », comme vient de le dire modestement Donald Trump à propos de la nouvelle « stratégie américaine » en Afghanistan, n'a aucune chance, jamais, de mettre fin au terrorisme. On peut faire cela jusqu'à la fin des temps. Car le véritable théâtre de cette guerre globale est sans frontières. Ce sont le communautarisme et le confessionnalisme présents au cœur même de nos propres Nations qui sont nos véritables ennemis. Et personne ne veut les voir ni les combattre autrement qu'à mots couverts. On les laisse prospérer, quand on ne les encourage pas.

    Dès lors, la concentration de l'attention politique sur la dimension militaire de ce qui n'est qu'un pan, un mode d'action d'une stratégie globale, nous fait manquer l'essentiel. Le terrorisme n'est que l'autre nom de la guérilla, technique de combat vieille comme le monde. Ce n'est pas une fin en soi ni une absurdité, c'est l'un des moyens mis au service d'une entreprise d'ordre révolutionnaire, au long cours, tous azimuts, qui se joue simultanément au loin et chez nous. Une entreprise qui rassemble de nombreux acteurs qui jouent sur les faiblesses et la pusillanimité des démocraties modernes, sur leur renoncement à l'autorité, à la sélection, à la punition. Une entreprise qui vise le renversement de l'ordre politique occidental et son remplacement par un ordre politico-religieux dont le référent unique serait l'islam sunnite dans sa pureté originelle, pour lequel la Foi, la Loi et le Droit ne font qu'un, et qui tient les catégories occidentales de la modernité politique et sociale, sa rationalité et les concepts de liberté ou d'égalité pour des pêchés mortels contre Allah lui-même.

    En conséquence, la focalisation sur les modus operandi de la terreur comme le discours actuel sur le recul (réel) du groupe État islamique ou de ses avatars, effectivement engagé dans une phase de déterritorialisation en Syrie et en Irak, qui tirerait pathétiquement ses dernières cartouches en inspirant encore quelques consciences troublées réduites à des modes d'action primitifs (le camion ou la voiture lancée dans la foule, les attaques au couteau, etc.) sont donc séduisants, rassurants…, mais parfaitement insuffisants. Ce récit transpire la peur et le renoncement. Un story telling complaisant qui laisse penser, à l'ennemi notamment, que c'est gagné, que l'on est incapable de lui opposer ne serait-ce qu'une claire conscience de ce qu'il est et veut véritablement. Il faut dire que le renoncement est dans l'air du temps : il y a quelques jours, il s'est bien trouvé une « experte » pour expliquer doctement à la radio que l'empoisonnement des œufs au fipronil était comparable à l'effet d'un café où nagerait une mouche : désagréable mais toujours buvable ! De la même façon que nous devons nous débarrasser de tous ces poisons qui posent un problème de santé publique colossal, mais ne font parler d'eux que lorsqu'il y a quelques « blessés » ou morts non camouflables, nous devons éradiquer sans pitié l'engeance islamiste qui empoisonne graduellement le corps de la nation mais dont on ne réalise la nocivité que lorsqu'elle nous frappe spectaculairement. Mais nos démocraties sont fortes nous dit-on, pleines de « résilience ». « Nous n'avons pas peur » et ne changerons pas d'un iota notre attitude collective ni individuelle. C'est là que le bât blesse. Car il faut tout changer.

    En premier lieu, il faut cesser de sous-estimer l'ennemi et comprendre la nature et l'ampleur de la guerre qui nous est menée. Le terrorisme n'est, nous l'avons dit, que l'un des modes d'action d'une guerre de nature révolutionnaire à finalité idéologico-religieuse qui nous est faite à très grande échelle en profitant du lent dépérissement des États depuis 1990, de l'hyper-mondialisation et de l'idéologie ultra-individualiste qui l'accompagne. La question du « complot » et de la folie américaine initiale du financement massif de l'islamisme contre l'URSS, celle de « la vengeance » du monde arabo-musulman sont sans intérêt. Stupidité stratégique, complot ou pas, une dynamique imperturbable s'accélère et accule progressivement les régimes démocratiques pris au piège de leurs propres « valeurs » et utopies et surtout de l'effet boomerang de leur égalitarisme tant porté aux nues qu'il a fini par dissoudre la cohésion nationale.

    En second lieu, il faut en finir avec cette culture de l'excuse implicite dans nos démocraties schizophrènes, qui ont intégré la repentance à un point tel qu'elles se sentent coupables d'être et d'offrir le gîte, le couvert, le savoir, la sécurité à ceux qui les méprisent, les haïssent et les frappent.

    En troisième lieu, il faut rompre le pacte avec le Diable conclu par complaisance et surtout ignorance par des politiques de tous bords. J'explique depuis longtemps, et reste convaincue, que l'incohérence entêtée d'une ligne diplomatique qui nous fait, contre quelques contrats ou prébendes, soutenir des États suppôts directs ou indirects du salafisme et mécènes d'un prosélytisme religieux qui déstructure nos nations entretient un cercle vicieux redoutable et nous asservit en profondeur. Comment ne pas voir non plus l'absurdité, l'irresponsabilité d'une politique au petit pied, sans vision, qui nous a conduits à abattre des États autoritaires mais laïcs au nom de la démocratie et de la protection des populations, alors que nous tenons un discours permanent sur la vertu de la laïcité pour la coexistence paisible des diverses croyances autour d'un socle national partagé ? Il est vrai que notre antienne est de plus en plus formelle, car dans les faits, nous laissons dépérir ce socle et confortons le communautarisme dans nos villes et banlieues au nom même d'une liberté qui masque un autorenoncement à l'autorité de l'État et à l'imposition d'un référentiel commun. Nos politiques avalent depuis des lustres, le nez bouché et en mettant un cierge, la potion amère des associations musulmanes d'obédiences diverses qui leur promettent paix sociale, soutien électoral ou financements en échange de l'acceptation de leur implantation locale « au service des habitants ». Il est urgent de redécouvrir les vertus de la verticalité. L'horizontalité noie les responsabilités, accentue les réflexes de défausse, transforme les libertés offertes en violence et finalement creuse les disparités. C'est un paradoxe qu'il faut enfin regarder en face.

    La guerre qui nous est faite est certes asymétrique, évidemment, puisque nos armées constituées et formatées pour le combat de haute intensité font face à des commandos, des individus, des milices qui les harcèlent au long cours avec des ruptures de rythme incessantes. Mais il faut bien comprendre que la négation obtuse du lien entre ce qui se passe au loin et ce qui se passe sur le territoire national nous affaiblit. Engager une contre-offensive crédible requiert une détermination et une vision globales et déjà une remise au diapason républicain de communautés entières, elles-mêmes « travaillées » au corps et au cœur comme la pâte à modeler de la domination future.

    J'entends déjà les cris d'orfraie ! Catastrophisme ! Raisonnement fasciste, islamophobe ! Il est impossible, illégal, illégitime, antirépublicain d'engager une telle résistance ! À nous la méthode Coué, l'incantation extatique sur « le vivre ensemble », la danse de la pluie ! Mais « le vivre ensemble » ne se décrète pas. Il se fait respecter. Mais notre République se meurt à force de s'offrir repentante, à ceux qui veulent l'abattre. Mais la résilience ne suffit pas. Mais les fleurs et les bougies sont indécentes. Mais voir les familles des victimes elles-mêmes dénoncer les photos terrifiantes de leurs proches en morceaux signe un inquiétant déni de réalité. Plus de corps, plus de mort ? Plus de danger ? L'euphémisation du réel est impardonnable. On peut le comprendre d'un parent perdu par le chagrin de la perte d'un être aimé, pas d'un État qui doit protéger ses concitoyens.

    Car c'est une guerre globale mais soigneusement « perlée » qui nous est faite. Le rythme des attentats, leur occurrence en salves sporadiques et étendues géographiquement en témoignent. Un rythme suffisamment régulier pour maintenir la pression et faire grandir la peur dans la population, mais insuffisamment massif encore pour déclencher la fureur populaire et contraindre les pouvoirs publics à l'action martiale. Le risque est pourtant grand, à moyen terme, de la procrastination régalienne. C'est donc l'ennemi qui donne le tempo. Il peut décider d'en changer et monter en intensité subitement. Sommes-nous prêts ? Et puis, les moutons pourraient cesser d'accepter leur sacrifice aléatoire et se rebeller ; sans berger, décider de se défendre seuls, en dressant quelques chiens. Et là, ce serait la fin de la République et de l'État de droit. Et l'irruption de la guerre civile.

    Caroline Galactéros (Bouger les lignes, 29 août 2017)

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