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Métapo infos - Page 907

  • L’idée européenne comme volonté de puissance...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Gérard Dussouy, cueilli sur Metamag et consacré à l'urgence de relancer l'édification d'une véritable Europe-puissance... Professeur émérite à l'Université de Bordeaux, Gérard Dussouy est l'auteur d'un essai intitulé Contre l'Europe de Bruxelles - Fonder un Etat européen (Tatamis, 2013).

     

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    L’européisme (l’idée européenne) comme volonté de puissance

    Tout le monde connaît l’aphorisme de Nietzsche « l’Europe se fera au bord du tombeau » !

    Hé bien, elle n’en est plus très loin, de ce bord ! De tous les points de vue, mais plus particulièrement de ceux de la démographie (la dimension qui conditionne toutes les autres) et de la culture. C’est, probablement, une affaire de trente à cinquante ans, compte tenu de la concomitance de la dénatalité européenne et de l’amplification continue de l’immigration (Cf. les dernières données de l’INED), pour que la civilisation européenne, engloutie ou ravagée, perde toute son authenticité !

    Or, rien ne dit que les Européens ne vont pas y aller sans réagir, dans le tombeau de l’Histoire, les uns après les autres, faute d’une prise de conscience rapide, et faute de s’être unis, car il n’existe aucune réponse nationale possible, sauf pour les Tartarins du souverainisme, aux défis du monde du XXI° siècle. Sans une volonté de puissance de leur part, leur destin, commun et funeste, est scellé.

    La revitalisation de l’idée européenne, qui a perdu tout son sens, dénaturée et dévaluée qu’elle a été, toutes ces dernières années, par l’idéologie libérale et mondialiste, est le dernier espoir. Après avoir permis l’instauration de la paix entre les Européens, l’européisme est désormais la condition de leur survie. Conçu sous la forme d’une volonté de puissance qui permet d’articuler prise de conscience et praxis.

    Nous entendons ici, par volonté de puissance, deux choses

    D’abord, la volonté d’être et de durer, de rester soi-même dans l’Histoire d’un monde devenu connexe et synchrone, en se donnant pour cela les moyens politiques adaptés, ceux de la puissance continentale.

    Ensuite, et cela va de pair, la volonté de déclencher, à l’échelle du continent, un processus de convergence. Celui par lequel des forces ou des configurations de forces donnent sens à une action, à une politique, en permettant de créer une autre configuration que celle que l’on subit. Pour tout dire, en rendant possible une métamorphose, celle  de l’Europe, bien entendu.

    C’est, autrement dit, la volonté de rassembler les forces vives du continent pour re-construire l’Europe sauvegarde (comme entité politique souveraine, protectrice de ses nations et de leur civilisation singulière) et pour réinventer l’Europe des esprits libres (ceux qui sont débarrassés de toute anxiété métaphysique ou moraliste) qu’elle a été.

    Ceci implique la réfutation du nationalisme, parce qu’il est source de repli et de dispersion et par conséquent d’affaiblissement, et qu’il ne permet pas de lutter contre le mondialisme, qu’il soit libéral et affairiste, tel qu’on le connaît aujourd’hui, dominant et arrogant, ou qu’il procède du vieil internationalisme marxiste qui aspire à une « autre mondialisation », mais qui reste un melting pot idéalisé. Car dans ces deux cas les intérêts et les identités des peuples européens sont sacrifiés au nom d’une vision millénariste du monde qui les invite à disparaître. Et puis, ce n’est pas l’heure de rouvrir des querelles entre Européens. Ce que pourraient être tentés de faire des partis populistes-nationalistes parvenus au pouvoir, dont les programmes économiques démagogiques auraient aggravé les problèmes qu’ils prétendaient résoudre.

    L’européisme est donc la volonté de penser le monde tel qu’il est, sans illusion, et de permettre aux Européens d’affronter ses défis en créant pour cela de nouvelles formes politiques, en donnant à l’Europe l’instrument étatique indispensable à sa continuité. Et dans ce but, la volonté d’organiser la configuration de forces qui permettra de forger cet instrument.

    Etre et durer en changeant l’Union européenne

    L’Europe politique, ou l’État européen, fédéral, régional et multinational, est une nécessité historique.

    La mondialité a sonné le glas des États-nations, tous aussi impuissants les uns que les autres. Leur cycle s’achève, et les peuples en ont bien conscience qui, au cours des dernières consultations électorales en Autriche, aux Pays-Bas et en France ont, finalement, refusé leurs suffrages aux partis séparatistes, à ceux qui préconisent la sécession, soit avec la zone euro, soit avec l’Union européenne.

    Le cycle moderne des États-nation est en train d’être remplacé par le cycle postmoderne des hégémonies. Celui des puissances qui ne se limitent pas à  contrôler de vastes territoires, comme au temps pré-moderne des empires, mais qui détiennent des positions dominantes dans les sphères économique, financière, technologique, et idéelle. Celles qui ont accès au pouvoir mondial et qui fixent les normes.

    Comme parler de pouvoir, c’est parler de domination, les nations européennes sont désormais face à un dilemme :

    – ou bien elles s’accrochent à leurs États nationaux respectifs, et alors, elles demeureront ou passeront sous l’influence de l’une des grandes hégémonies ;

    -ou bien, elles se sauveront ensemble en abandonnant l’État national pour se retrouver dans un autre Etat , un Etat de taille continentale, à la mesure de ceux qui mènent déjà le monde. Dans cette perspective, répétons le, les derniers échecs électoraux des populistes n’impliquent pas une adhésion ferme des Européens à l’UE telle qu’elle existe, et surtout pas à sa politique, mais ils révèlent un sentiment, même implicite, de solidarité européenne face aux périls et aux expansionnismes.

    Certes, l’hégémonie américaine qui a imposé le libre-échange et le règne de la finance sur toute la planète, semble sur le recul. Surtout que Donald Trump a promis à ses électeurs d’en finir avec les traités de libre-échange contractés par les États-Unis. Ce qui met un terme à la négociation du traité transatlantique, et ce qui est toujours cela de gagné. Mais, il faut rester méfiant, parce qu’il ne pourrait s’agir que de velléités du nouveau président qui, dans bien domaines, est déjà revenu sur ses positions électorales. Il faut s’attendre à d’autres volte-face de sa part. Et, de toutes les façons, un mandat de quatre ans, cela ne représente rien dans la longue durée, celle à laquelle appartient la politique interventionniste américaine, inchangée depuis Théodore Roosevelt.

    Cependant, la mondialisation est maintenant de plus en plus chinoise

    La montée en puissance de la Chine est irrésistible. Il faut avoir conscience que son niveau actuel correspond à la modernisation, d’à peine, oserait-on dire, 300 à 400 millions de Chinois. Et il en reste plus d’un milliard en réserve ! D’ailleurs le plan 2049 (en l’honneur du centenaire de la révolution) arrêté par Pékin ne cherche pas à dissimuler ses intentions de permettre à la Chine de prendre le leadership mondial. Les Européens n’ont pas encore compris que la réorganisation des affaires planétaires se fait à partir de l’Asie orientale.

    Non seulement le monde a basculé, du mauvais côté pour les Européens, mais il est aussi le champ des expansionnismes démographiques et culturels, issus du monde musulman et d’Afrique, dont l’Europe commence, seulement, à ressentir les premiers effets. Il est probable que la conjonction des crises politiques, économiques, climatiques et alimentaires, inéluctables, va les renforcer, de manière quasiment mécanique.

    Ni l’Union européenne, parce que ses dirigeants ne veulent pas connaître la nouvelle donne mondiale lourde d’adversités, ni les États-nation, parce qu’ils ne le peuvent pas, sont en mesure de faire face. Il faut dire qu’un grand nombre de ces derniers, parce qu’ils sont mal gérés depuis longtemps, et qu’ils se sont fortement endettés, sont passés sous le contrôle des oligopoles financiers et bancaires auprès desquels ils ont emprunté sans discernement. Les abus de l’État-providence (le laxisme social dans beaucoup de pays européens) ont abouti à l’épuisement et au démantèlement de la puissance publique.

    Comment, dans ces conditions, peut-on, renouer avec la souveraineté qui, en termes concrets, réalistes, signifie la levée des contraintes extérieures les plus lourdes, et se traduit par la possibilité de s’auto-organiser en fonction de ses propres valeurs, de ses identités, de ses préférences éthiques, sociales, et de ses traditions ? Sinon qu’en envisageant la chose dans un cadre politique autonome parce que puissant, suffisamment vaste et riche en ressources pour conduire des politiques de restructuration et des stratégies impossibles à mener à l’échelle nationale. La seule option réaliste est la prise du pouvoir dans l’Union Européenne, avec comme but sa transformation en un Grand Régulateur.

    La volonté de réunir la configuration de forces favorable au changement

    La politique de la table rase, prônée par certains, comme le voie du repli, choisie par d’autres, sont des impasses. Il est toujours difficile de reconstruire sur des ruines, surtout quand la convergence des volontés est faible.

    Malgré l’euro-pessimisme écrasant, l’alternative reste « l’Europe ou la mort », comme le stipulait, dans un livre déjà ancien, Michel Poniatowski. En dépit de tout ce qui peut être dit et écrit, il n’en existe pas d’autres. C’est bien pourquoi, l’européisme se comprend comme la volonté d’organiser la configuration de forces capable d’obtenir le changement en Europe.

    Il ne faut pas détruire Bruxelles, mais s’en emparer. Et dans cet objectif, il convient de fédérer toutes les forces éclairées qui entendent sauvegarder les identités et les intérêts des peuples européens, à quel qu’échelon territorial que ce soit. La dispersion et la prétention à faire bande à part sont des faiblesses rédhibitoires. Au contraire, le regroupement des forces populaires dans un même faisceau et dans la même direction est la seule force qui, d’ores et déjà, ferait pâlir de peur la Commission européenne, et l’obligerait à revoir sa politique.

    Pour inspirer confiance aux électeurs européens, ces forces identitaires doivent montrer qu’elles sont responsables, qu’elles sont en prise avec le réel, celui du monde globalisé, sans nostalgie. Et qu’elles sont capables d’innover, de créer des formes politiques adaptées au monde d’aujourd’hui. C’est par l’agrégation de leurs moyens, par l’agglutination de leurs déterminations que les partisans européens pourront se réapproprier l’Union.

    Le mot d’ordre est à la convergence, au rassemblement

    Face à un environnement mondial plein de risques et de menaces, l’État communautaire est le seul cadre de survie des nations européennes. Cela les mouvements protestataires ne l’ont pas encore compris. Et s’ils ne le comprennent pas, Ils sont condamnés à n’être que les témoins d’une désespérance à laquelle ils n’ont pas les moyens de répondre. La solution n’est pas dans le retour aux frontières intérieures de l’Europe, mais dans le renforcement de la frontière extérieure de l’Europe.

    L’Histoire est une succession de contextes et tout reste possible

    L’Histoire n’a aucun sens obligatoire. Elle est une succession de configurations dont chacune est héritière de la précédente, sans jamais être une réplique de ce qui a déjà existé. Et chaque configuration n’est pas autre chose que le résultat de l’interaction des hommes. Autrement dit, ceux d’entre eux qui le veulent et qui s’en donnent les moyens, peuvent toujours recontextualiser leur monde, le refaire. Rien n’est jamais acquis, mais rien n’est jamais perdu. Rien n’est prescrit, et il n’y a pas de complot.

    Certes, la situation actuelle de l’Europe est déprimante, plus par la léthargie des Européens et par la résignation qui semble les avoir gagnés. La crise sociale qui frappe une partie des populations européennes épargne tous ceux que le système libéral mondialisé favorise et tous ceux qui vivent sur les acquis d’un système qui n’est plus finançable. Dès lors, les élites qui dirigent ce système fondent son maintien sur l’approfondissement du marché et la libération totale des flux humains, matériels et immatériels.

    Mais cette politique engendre une endogamie sociale de plus en plus aiguë, entre les élites mondialisées et leurs peuples originaires, et communautaire, de moins en moins lisse, entre les populations autochtones et les différents groupes ethnoculturels allogènes.

    Dans ces conditions, le contexte historique pourrait vite devenir un contexte de crises. A commencer par un nouvel accès de fièvre dans la crise migratoire non-stop, compte tenu des masses de migrants qui se pressent sur la rive sud de la Méditerranée. La France, plombée par ses déficits jumeaux(public et commerce extérieur), évitera-t-elle encore longtemps la faillite ? Et combien de temps le colosse économique allemand, où la précarisation sans fin de l’emploi pallie au drame du chômage, tiendra-t-il sur son pied d’argile démographique ? Selon les réponses apportées, ou pas, à ces questions cruciales et à bien d’autres encore résulteront, peut-être, des situations favorables au changement.

    Dans cette perspective, deux types d’acteurs existent, qui sont compatibles et qui pourraient converger dans leurs actions : certains des États existant et des mouvements de partisans européens. En effet, parmi les Etats, quelques uns comptent des gouvernants qui ont pris acte de toutes les dérives de l’Union européenne, de toutes ses orientations politiques nocives pour les peuples européens, de l’insignifiance ou de l’indifférence à la cause européenne de ceux qui la dirigent, et qui tentent déjà de changer le cours des choses. On pense ici aux États du groupe dit de Višegrad.

    Au plan des mouvements de partisans, tout reste à faire. Peut-être que les échecs répétés des populistes-nationalistes ouvriront bien des yeux ? Il n’est pas impossible, en tout cas risquons l’analogie, que ce qui s’est passé dans la Chine subjuguée et en partie démembrée de la fin du 19ème siècle, où la révolte des Boxers a abouti à la révolution nationaliste de 1911, se répète dans une Europe en crise et ouverte à toutes les pénétrations étrangères. Le souci, par rapport à cette expérience historique victorieuse, est l’absence, dans le Vieux continent, de générations conséquentes de jeunes adultes, homogènes parce qu’ouvrières et paysannes, comme il en existait au siècle dernier. La résignation guette les peuples vieillissants.

    Quoi qu’il en soit, le processus à engager est celui d’une agrégation  de tous les acteurs potentiels. Il faut inventer des organes politiques transnationaux dont l’objectif, à terme, est l’investissement coordonné du Parlement européen. Car le Parlement a les pouvoirs de changer l’Union européenne de l’intérieur, dès lors qu’existerait en son sein un bloc nettement majoritaire de députés solidaires dans leur vision d’une Europe émancipée de ses vieux tabous idéologiques, et conscients de la précarité de son avenir.

    Le changement est toujours possible, à la condition qu’il soit voulu, quand le contexte lui devient favorable. Et c’est l’organisation de la lutte qui permet de garder l’espoir.

    Gérard Dussouy (Metamag, 29 juin 2017)

     

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  • Les populismes : flux ou reflux ?...

    Le nouveau numéro de la revue Conflits (n°14, juillet-août-septembre 2017), dirigée par Pascal Gauchon, vient de sortir en kiosque. Le dossier central est consacré à la question du populisme.

     

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    Au sommaire de ce numéro :

    ÉCHOS

    ÉDITORIAL

    Le populisme. Flux, reflux, flux ?, par Pascal Gauchon

    ACTUALITÉ

    ENTRETIEN

    Jean-François Kahn. Le populisme jugé par un anticonformiste

    PORTRAIT

    Viktor Orban, l'éternelle rebelle, par Frédéric Pons

    ENJEUX

    Colombie, une guerre de cent ans, par Tigrane Yégavian

    ENJEUX

    Les conversions, un défi géopolitique, par Jean-Baptiste Noé

    ENJEUX

    Mais qui contrôle le ciel de la mondialisation ?, par Jean-Yves Bouffet

    ENJEUX

    Pour en finir avec le "gaullo-mitterrandisme", par Helena Voulkovski

    ENJEUX

    La série Trône de Fer, une leçon de géopolitique ?, par Jean-Marc Huissoud

    ENJEUX

    L'Allemagne à la veille des élections du 24 septembre, par Jean-Marc Holz

    IDÉES

    Penser le populisme, par Florian Louis

    GRANDE STRATÉGIE

    Les Royaumes combattants chinois, par Michel Nazet

    GRANDE BATAILLE

    Omduman (1898). La fin du romantisme militaire, par Pierre Royer

    GÉOPOLITIQUE ET ENTREPRISE

    Enjeux géopolitiques des métropoles européennes, par David Simmonet

    GÉOPOLITIQUE ET ENTREPRISE

    Entretien avec Claude Rochet. La mondialisation : un combat au couteau

    GÉOPOLITIQUE ET ENTREPRISE

    Entretien avec Jean-Pierre Sueur. Remettre l'entreprise au cœur de la ville

    LA LANGUE DES MÉDIAS

    Les médias contre les Trump, par Ingrid Riocreux

    BOULE DE CRISTAL DE MARC DE CAFÉ

    Brexit : un marché de dupes, mais pour qui ?, par Jean-Baptiste Noé

    ÉCHOS

    Les meilleurs livres de géopolitique

    BIBLIOTHÈQUE GÉOPOLITIQUE

    Les leçons d'Ibn Khaldoun, par Gérard Chaliand

    CHRONIQUES

    LIVRES/REVUES/INTERNET /CINÉMA

    GÉOPO-TOURISME

    Bueno Aires : militaires et populistes, par Thierry Buron

     

    DOSSIER : Flux et reflux des populismes

    Les trois moments du populisme, par Pascal Gauchon

    Le populisme : de la cause du peuple... au peuple en cause, par Serge Le Diraison

    Le populisme, omniprésent et presque insaisissable, par Guillaume Bernard

    Les mots du populisme

    Quel avenir pour le populisme ?, Entretien avec Alain de Benoist

    Les populismes européens, unité et diversité, par Hadrien Desuin

    Mao Zedong, un populisme singulier ?, par Michel Nazet

    Amérique latine : la fin du populisme ?, par Didier Giorgini

    Turquie. le peuple sous le croissant , par Tancrède Josseran

    Trump ou la victoire de l'insurrection populiste, par Matthieu Bock-Côté

    Post-vérité, la langue du populisme ?, par François-Bernard Huyghe

     

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  • Feu sur la désinformation... (144)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un nouveau numéro de l'émission I-Média sur TV libertés, consacrée au décryptage des médias et dirigée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, avec le concours d'Hervé.

    Au sommaire :

    • 1 : Macron Poutine : guerre des propagandes.
      Conversation avec Poutine, le documentaire d’Oliver Stone diffusé sur France 3 fait scandale dans la presse. Les médias ont dénoncé un "film de propagande" montrant un président à l’aise, souriant et blagueur. Pour les inquisiteurs de la pensée unique, ce documentaire « sert la soupe à Poutine » : Oliver Stone ne pose aucune question qui fâche, il apparait comme un fan inconditionnel du président russe.
      Hasard du calendrier ? Dans la même semaine, France info a diffusé une vidéo de propagande pro Macron exemplaire : voix off mielleuse, musique doucerette… pour France Info, à Bruxelles la macromania est en Marche.
      Un parfait « deux poids deux mesures ».
    • 2 : Le Zapping d’I-Média
      Le médiateur de France Culture se croit obligé de réagir après l’invitation de Renaud Camus. Samedi 24 juin, l’essayiste était l’invité d’Alain Finkielkraut. Le philosophe s’est expliqué en début d’émission : « Si j’ai invité Renaud Camus, ce n’était pas pour choquer les auditeurs. J’ai pris le risque de les choquer pour mettre fin à une anomalie. Renaud Camus, qu’on ne voit et n’entend nulle part, a forgé une expression qu’on entend tout le temps et partout : le “Grand Remplacement”. Il s’agissait de le mettre face à un contradicteur ».

    • 3 : « Street pooling », le Bronx en France.
      Ouverture sauvage de bornes à incendies, les médias tombent dans la complaisance paternaliste : « c’est une vilaine habitude » et « une mauvaise idée ». C’est l’aseptisation des délits banlieusards.

    • 4 : Les tweets de la semaine.
      Dérive totalitaire du gouvernement Macron. A l’occasion de la « gay pride », le gouvernement a appelé, sur Twitter, à manifester pour la « cause LGBT ». Un appel qui relève habituellement des syndicats, des partis politiques ou des lobbys. Un procédé rappelant les régimes totalitaires.
    • 5 : Ondes migratoires : journée internationale des réfugiés
      Nicolas Faure revient sur la journée internationale des réfugiés, relayée par les grands médias et les acteurs du net. Problème, les internautes ont massivement rejeté ce qui s’apparentait à une opération de propagande.

                                    

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  • A propos du dysgénisme...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous la présentation et l'analyse par Michel Drac de Dysgenics (Ulster Institute for Social Research, 2011), un livre du psychologue britannique Richard Lynn consacré à la détérioration génétique dans les populations modernes et à la question de l'eugénisme.

    Penseur non-conformiste, Michel Drac est l'auteur de plusieurs essais, dont dernièrement  Triangulation - Repères pour des temps incertains (Le Retour aux Sources, 2015) et est également le fondateur des éditions le Retour aux Sources, qui publient, notamment, Piero San Giorgio ou Howard Kunstler.

     

     

                                        

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  • Le ruisseau rouge...

    Les éditions Auda Isarn viennent de publier un recueil de nouvelles d'Hermann Löns, intitulé Le Ruisseau rouge et préfacé par Jean Mabire. Écrivain  allemand enraciné, et écologiste avant l'heure, mort au combat comme volontaire, à 48 ans, en 1914, Hermann Löns est l'auteur d'une œuvre poétique et romanesque importante. Son roman le plus connu, qui se déroule pendant la guerre de trente ans , a été traduit en français sous le titre Le loup-garou (Art et Histoire d'Europe, 1986).

     

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    " Hermann Löns (1866-1914) fut l’un des écrivains allemands les plus populaires du début du XXe siècle. On le connaît mal en France, hormis pour son célèbre roman Le Loup-Garou (Der Wehrwolf), paru dans les années 80 chez Art et Histoire d’Europe. Ce récit de résistance paysanne se déroulait sur la Lande de Lunebourg, pendant la guerre de Trente Ans.
    C’est aussi une nouvelle de résistance à l’invasion qui ouvre le présent recueil. Le Ruisseau rouge raconte, en effet, la sourde rébellion des Saxons face au massacre des leurs à Verden par les troupes de Charlemagne, en 782.
    Les dix nouvelles, inédites en français, contenues dans ce recueil sont un bel aperçu des thèmes chers à l’auteur : l’esprit de résistance face à l’envahisseur, le lien charnel et völkisch pour son Heimat (la Lande de Lunebourg pour Löns), les traditions et les communautés villageoises plutôt que le progrès prométhéen destructeur et déshumanisé, un amour véritable pour la Nature et la chasse (que les faux écolos dénoncent alors qu’elle est une des activités humaines les plus anciennes et traditionnelles), mais aussi le rire et la poésie pour mieux souligner tout cela. "

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  • Les premières semaines d’Emmanuel Macron vues par Alain de Benoist...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Alain de Benoist à Breizh info et consacré aux premières semaines d'Emannuel Macron comme président de la République... Philosophe et essayiste, éditorialiste du magazine Éléments, Alain de Benoist dirige les revues Nouvelle Ecole et Krisis et anime l'émission Les idées à l'endroit sur TV Libertés. Il a récemment publié Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017) ainsi qu'un recueil d'articles intitulé Ce que penser veut dire (Rocher, 2017) et une étude sur L'écriture runique et les origines de l'écriture (Yoran, 2017).

     

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    Pour Alain de Benoist, la réforme du code du travail pourrait entrainer des réactions violentes

    Breizh-info.com : Quelle est votre analyse, quelques jours après les élections législatives ? Que vous inspirent la nomination du nouveau gouvernement et les premières semaines d’Emmanuel Macron à la tête du pays ?

    Alain de Benoist : En refusant de se situer par rapport au clivage droite-gauche, afin de rassembler les « progressistes » et les libéraux de tous bords, Emmanuel Macron a accompli un double exploit : se faire élire président de la République dans les conditions que l’on sait et faire disparaître du paysage politique l’essentiel de l’ancienne classe dirigeante. Au-delà de l’ampleur de sa victoire aux élections législatives, ce qui frappe le plus, c’est l’ampleur du renouvellement qu’elle a provoqué. Le gouvernement est pour l’essentiel constitué de personnes inconnues du grand public (le plus souvent des énarques et des hauts fonctionnaires), et la vaste majorité des nouveaux députés, inconnus eux aussi, n’ont aucune expérience de la vie politique.

    Un pareil renouvellement, avec ce qu’il comporte de rajeunissement et de féminisation de la représentation nationale, ne s’était jamais vu dans toute l’histoire de la Ve République. Les deux anciens grands partis de gouvernement en sont les principales victimes : les socialistes sont réduits à l’état de groupuscule, les républicains sont en passe de se casser en deux, sinon en trois. C’est en cela, comme j’ai déjà eu l’occasion de le dire, que l’élection de Macron représente un événement véritablement historique.

    Deuxième observation : le style Macron se précise, et tout donne à penser que l’homme est fondamentalement un autocrate. Le départ des ministres MoDem du gouvernement montre qu’il n’est pas homme à tergiverser. Il a fait accéder à la députation des hommes et des femmes qui n’ont pas été désignés par la base, mais sélectionnés d’en haut, selon des procédures d’embauche commerciale, par une commission à ses ordres. Ces nouveaux députés, plus inexpérimentés les uns que les autres, voteront comme un seul homme tout ce qu’on leur demandera de voter, à commencer par le recours aux ordonnances. Avec un Parlement transformé en simple chambre d’enregistrement, le renouvellement dont se réjouissent tant les médias se traduira donc par la neutralisation du pouvoir législatif.

    Breizh-info.com : L’abstention équivaut au fait que dix régions administratives sur treize ne seraient pas allées voter. La France est-elle en état de sécession avancée ?

    Alain de Benoist : L’abstention a effectivement battu tous les records (51 % au premier tour, 57,4 % au second). Mais, comme l’a dit Mélenchon, une vague d’une telle importance a un sens. Elle n’exprime pas seulement une lassitude bien compréhensible à l’issue d’une séquence électorale à six tours, voire le fatalisme et le sentiment que les jeux étaient faits d’avance (« après tout, on verra bien comment il va s’y prendre »). Elle ne touche pas indistinctement tous les milieux. Ce qui importe est donc de savoir qui s’est abstenu. Or, la réponse est claire : ce sont essentiellement les classes populaires qui se sont abstenues, et les classes supérieures qui ont le plus voté.

    On a pu dire qu’avec les nouveaux députés LREM, c’est la « société civile » qui entre au Parlement. C’est un leurre – qui traduit d’ailleurs bien ce que la classe dominante entend par « société civile ». Presque tous les nouveaux impétrants appartiennent aux professions libérales et aux classes supérieures (CSP +). Les classes populaires, pour ne rien dire des ouvriers, ne sont tout simplement pas représentées. Le bloc libéral macronien, pour reprendre l’expression des économistes Bruno Amable et Stefano Palombari, c’est le « bloc bourgeois ».

    La base sociale de LREM reste de ce fait très fragile. Les députés macroniens peuvent bien détenir la majorité absolue à l’Assemblée nationale (306 sièges sur 577), ils ne représentent que 13 ou 15 % de l’électorat. Cela signifie que le « bloc bourgeois », quoique politiquement majoritaire, reste socialement minoritaire. Si l’on additionne les abstentions, les votes blancs et les votes nuls, il n’est pas exagéré de dire qu’une majorité de Français se trouvent aujourd’hui en état de sécession. Et que la ligne de fracture recoupe largement les frontières de classe.

    Breizh-info.com : La réforme du Code du travail ?

    Alain de Benoist : Elle vise, comme on le sait, à renverser la hiérarchie des normes existantes. Alors que jusqu’à présent le principe du droit du travail était que toute norme inférieure devait être conforme ou compatible avec la norme supérieure (ce qui signifiait qu’on ne pouvait pas accorder aux salariés moins que ce que prévoyait la norme supérieure), Emmanuel Macron veut faire en sorte que les accords d’entreprise priment désormais sur le contrat de travail défini par les normes nationales, les accords de branche ou les négociations collectives, ce qui permettra de déroger à la loi grâce à des accords d’entreprise que les salariés, n’étant plus en position de force, devront souvent approuver sous menace de licenciements ou de délocalisation.

    Sous prétexte de baisser le « coût du travail », l’objectif est de généraliser la « flexibilité », c’est-à-dire la précarité, de faire disparaître un certain nombre de protections sociales, d’aboutir à une baisse générale des rémunérations, et subsidiairement de plafonner les indemnités en cas de licenciement abusif. Avec ces « réformes structurelles », il s’agit donc de démanteler les fondements mêmes du droit du travail afin de soumettre les salariés aux exigences du capitalisme actionnarial, conformément aux vœux de la Commission européenne et du patronat. On favorisera ainsi le dumping social et l’on multipliera les « travailleurs pauvres » à l’exemple de ce qui s’est passé en Angleterre et en Allemagne. Mais on ne résoudra pas pour autant le problème du chômage, car la baisse ou la stagnation du pouvoir d’achat pèsera sur la demande, et la baisse de la demande fera que les entreprises n’auront pas de motif d’embaucher.

    Il est peu probable que cela ne suscite pas des réactions qui pourraient être violentes. On peut d’ailleurs se demander si le projet macronien d’intégration dans le droit pénal ordinaire de mesures d’exception destinées à lutter contre le terrorisme ne vise pas surtout à donner au gouvernement des moyens supplémentaires de faire face aux remous sociaux.

    Breizh-info.com : Un mot sur le Front national, qui a obtenu huit députés. Le système n’a-t-il pas intérêt, de fait, à favoriser l’immobilisme avec un FN maintenu en vie, grâce à des subventions financières, et l’impossibilité de l’émergence de toute autre force d’opposition pendant cinq ans ?

    Alain de Benoist : Le système a surtout besoin de contenir les « extrêmes » en gonflant au maximum le groupe central qui vient de s’installer au pouvoir, même si la base sociale de celui-ci est extrêmement réduite. Cela dit, la recomposition en cours n’épargnera la famille politique qui se reconnaît aujourd’hui dans le Front national. A certains égards, le FN apparaît désormais, à l’instar des ex-grands partis aujourd’hui en déclin, comme un héritage du passé. C’est un parti de l’ancien monde. Cela vaut pour tous les partis et tous les mouvements de type classique, avec leur système d’adhésion vieillot, leurs congrès annuels, leurs motions de synthèse, etc. Cette forme politique-là est aujourd’hui épuisée.

    Beaucoup de voix appellent actuellement à la refondation d’un « grand parti de droite ». C’est assez paradoxal à un moment où chacun peut constater que la victoire de Macron tient avant tout au fait qu’il a su dépasser le clivage gauche-droite en se situant d’emblée dans une perspective contre-populiste. Macron a su surfer sur ce qui constitue aujourd’hui le nouveau clivage majeur, « perdants versus gagnants de la mondialisation », comme le dit Jérôme Fourquet, qui ajoute que ce nouveau clivage, qui travaille aujourd’hui en profondeur tous les pays européens, « a désormais pris suffisamment de force pour supplanter la traditionnelle opposition gauche-droite ». Cela n’interdit pas, bien sûr, de rêver à une future alliance de Marion Maréchal-Le Pen, Laurent Wauquiez et quelques autres. On verra ce qui en sortira.

    Breizh-info.com : Daech vient de détruire à l’explosif la mosquée Al Nouri de Mossoul, pourtant l’un des joyaux de l’islam. Comment expliquez-vous cette propension à faire table rase du passé, y compris de leurs symboles, chez les islamistes ?

    Alain de Benoist : La destruction de la mosquée Al Nouri s’explique en fait par des raisons de circonstances : les gens de Daesh ne voulaient tout simplement pas que les forces irakiennes régulières s’en emparent. La destruction de Palmyre était plus significative. La propension à faire table rase du passé, en détruisant tout ce qui en maintient le souvenir, tout ce qui témoigne d’un avant, est une attitude classique chez ceux qui s’imaginent pouvoir inaugurer de manière absolue une nouvelle page d’histoire. L’avenir est radieux, le passé est haïssable ou honteux. Les témoignages du passé, à commencer par les monuments, doivent disparaître parce qu’ils rappellent qu’il existait auparavant une autre façon de vivre, de voir et d’habiter le monde.

    Aux premiers siècles de notre ère, les chrétiens ont systématiquement détruit des milliers de statues et de temples antiques. La Révolution française s’est pareillement attaquée aux « symboles de la tyrannie ». L’idéologie du progrès, même si elle n’a pas entraîné les mêmes ravages, repose elle aussi sur la dévaluation de principe de l’hier. Dans le cas de certains monothéismes, la prescription iconoclaste aggrave encore les choses. Au bout de la chaîne, on en arrive à ces jeunes qui disent : « Ca ne m’intéresse pas, puisque quand ça a eu lieu je n’étais pas né ». Vieux désir maladif de vouloir tout (re)construire, y compris soi-même, à partir de rien.

    Breizh-info.com : Un homme a récemment attaqué une mosquée à Londres. L’Angleterre, et plus globalement l’Europe de l’Ouest, sont-elles en voie de guerre civile ?

    Alain de Benoist : Des incidents de ce genre sont appelés à se multiplier. Ils sont éminemment contre-productifs, puisque cela permet aux pouvoirs publics de vanter encore un peu plus les vertus du « vivre ensemble » et aux islamistes radicaux de faire monter une pression dont ils espèrent tirer profit. De là à y voir le signe avant-coureur d’une guerre civile il y a de la marge. La première condition de possibilité d’une véritable guerre civile, opposant des factions opposées d’une même population (si ce n’est pas la même population, ce n’est pas une guerre civile), c’est l’effondrement de fait de tous les pouvoirs institués. Nous n’en sommes pas encore là.

    Alain de Benoist, propos recueillis par Yann Vallerie (Breizh info, 28 juin 2017)

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