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Métapo infos - Page 731

  • Le chemin de la vassalité...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Caroline Galactéros, cueilli sur le site du Courrier de Russie et consacré à l'enfermement de la diplomatie française dans un vassalité sans issue vis-à-vis des États-Unis...

     

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    Le chemin de la vassalité

    Et voilà ! The cat is out of the bag. Impossible, désormais, de croire ou même de faire semblant de croire à nos propres mensonges ou aveuglements. La sauvagerie du monde, la froide détermination de certains régimes, les faux-semblants et le cynisme radical des donneurs de leçons les plus bruyants, tout cela est brutalement mis à mal et nous force à ouvrir les yeux. Et si l’on profitait enfin de cet effet de réalité pour prendre des décisions salutaires ?

    Entre le directeur chinois d’Interpol soudainement volatilisé, le journaliste saoudien peut-être découpé en rondelles par un commando dans son consulat d’Istanbul et la « révélation » opportune, par le ministère russe de la Défense (Fake news ! dira-t-on sans doute ; pas impossible, mais l’anathème ne suffit plus et l’affaire Skripal n’a clairement pas révélé tous ses secrets), de l’existence en Géorgie d’un laboratoire militaire américain spécialisé dans la production d’agents biologiques toxiques, on se pince pour sortir d’un cauchemar entêtant… alors qu’il faudrait juste arrêter de rêver.

    Rêver, par exemple, d’une Arabie saoudite devenue révolutionnaire sous la férule miraculeuse d’un despote éclairé de 30 ans et brusquement convertie à la modernité et au progressisme, pour justifier notre soutien militaire et politique à un régime bel et bien moyenâgeux. Un soutien empressé et cupide qui illustre un suivisme sidérant vis-à-vis de Washington. Or les motivations américaines pour appuyer Ryad ‒ accréditer contre toute évidence ce nouveau « phare de la démocratie » orientale et, par contraste, accuser de régression politique et sociale l’Iran, pays récalcitrant, concurrent pétrolier majeur et potentiel Game Changer moyen-oriental fort préjudiciable à Israël ‒ ne sont pas les nôtres. Pour quelques juteux contrats, nous y perdons notre âme, notre crédit diplomatique global et toute marge de manœuvre en Syrie et en Irak, sans même parler du marché iranien ou de celui de la reconstruction en Syrie… Le cynisme n’est pas le réalisme, c’est l’avatar d’un moralisme au petit pied, indéfendable pour une démocratie telle que la nôtre qui prétend se préoccuper des droits de l’homme… et de la femme… « Les États n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts » ‒ il est plus que temps de se souvenir de cette juste maxime gaullienne, car la préservation de notre ADN symbolique relève aussi de la défense de nos « intérêts » au sens où la puissance est faite d’influence.

    Pour revenir à l’affaire Khashoggi et la mettre en perspective, il est savoureux de voir combien la Turquie du président Erdoğan prend à cœur la disparition du journaliste saoudien et mène l’enquête… Il faut dire que la lutte est féroce entre Ankara et Ryad pour la tutelle du monde sunnite et la bienveillance ou la clémence américaine envers leurs agissements. Ankara reste à la manœuvre à Idlib, conserve de fortes ambitions en Syrie… et vient opportunément de libérer le pasteur américain qu’elle retenait il y a quelques jours.

    Cette affaire fait en tout cas désordre et révèle la schizophrénie structurelle du vaste dessein de la Dream Team moyen-orientale que constitue le trio américano-israélo-saoudien : promouvoir le royaume saoudien comme tête de pont sunnite occidentalo-compatible face à la montée en puissance de Téhéran. Or, quand on songe au martyre réservé à ce journaliste critique du régime, quelle crédibilité accorder au plan « vision 2030 » du Prince Salman ? Faire muter l’économie saoudienne d’une structure de rente pétrolière à une puissance touristique et technologique ? Peut-être. Faire converger la société civile saoudienne vers des canons occidentaux ? Jamais. De la poudre aux yeux et une impossible alchimie. Permettre aux Saoudiennes de conduire ne suffira pas à convaincre que le pouvoir saoudien goûte et pratique notre progressisme jugé à jamais décadent… sauf à Marbella ou Monte Carlo peut-être. Mais fi de ces détails ! L’Aramco ouvre son capital et il y a tant d’argent à la clef que les hurlements de Jamal Khashoggi, débité à la scie électrique, ne sauraient ternir longtemps la fama usurpée d’un tyran mégalomane, ni remettre en cause la tenue, dans moins de deux semaines, du « Davos du désert », sommet économique où vont se presser tous ces passionnés… de pétrodollars. Les protestations – très formelles ‒ de Washington et l’envoi, toutes affaires cessantes, du secrétaire d’État Pompeo à Ryad pour remettre au pas le supplétif local n’empêcheront pas les officiels américains et le gotha de la finance internationale, en dépit de quelques défections, de se retrouver pour monnayer l’alliance cardinale désormais explicite entre Israël et le Royaume, avec, en ligne de mire, la bascule du monde sunnite au profit de l’État hébreu et la diabolisation de l’axe chiite… et de Moscou. « Cachez ce sein que je ne saurais voir », semblent dire, agacées, ces personnalités prises la main dans le sac de leurs intérêts bien compris, contraintes de s’indigner pour la galerie. Encore quelques jours et l’on accréditera peut-être jusqu’à la thèse d’une provocation ou d’un piège tendu à l’impétueux prince du désert…

    Pendant ce temps en Syrie, les islamistes forcenés retranchés à Idlib jouent les prolongations pour mettre en échec l’accord de cessez-le-feu russo-turc conclu le 17 septembre. Tant que chacun croira pouvoir glaner encore un peu d’effet de levier sur le dos de ce pays dévasté, la paix n’arrangera personne. La bronca antirusse, elle, se poursuit, cette fois via la question religieuse, avec l’autocéphalie subite de l’église ukrainienne, aussi minoritaire dans le pays que fortement encouragée outre Atlantique.

    Au-delà de ces soubresauts tragiques, l’attitude américaine semble traduire à la fois une exaspération impériale et un emballement punitif devant la perte de contrôle sur certaines zones et certains États, mais aussi l’autonomisation intempestive d’acteurs régionaux qui, telle Ankara, vendent désormais cher leur allégeance au plus offrant. C’est inquiétant pour Washington. Pour nous aussi, Européens, orphelins de ce « grand frère » auquel nous accordions une confiance aveugle, par principe, par facilité, par paresse et faiblesse, et qui nous fait à présent ouvertement chanter, nous menace même du pire au cas où nous oserions désobéir, nous culpabilise comme de mauvais élèves devant porter le bonnet d’âne. Ainsi en va-t-il des Allemands, par exemple, auxquels les envoyés américains reprochent tout de go leur dépendance gazière envers Moscou. « Vous osez acheter du gaz russe ? C’est un scandale… ! Vous pactisez avec le Diable en personne ! Choisissez donc le gaz américain !! Et tant que vous y êtes, achetez aussi des armes américaines si vous voulez que l’OTAN ‒ donc l’Amérique ‒ vous protège de l’ogre russe ! »

    On peut évidemment considérer tout cela comme l’écume du réel et du souhaitable. On peut aussi, face à l’extension manifestement sans fin des sanctions américaines à tout État n’obéissant pas à Washington (cf. l’Inde, qui a le mauvais goût d’acheter des systèmes S-400 à Moscou), estimer qu’il n’y a d’autre issue que de se soumettre. À la moindre démonstration d’autonomie de décision ou esquisse de concurrence, l’extraterritorialité du droit américain, nouvelle arme fatale, s’abat sur le récalcitrant telle la vérole sur le bas clergé. Quant à l’Europe, sidérée, elle subit les clauses léonines de notre Grand Allié et se fragilise chaque jour davantage, acquiesçant à sa propre réduction au statut de proie économique pour le futur combat de Titans entre la Chine et l’Amérique. Les entreprises françaises font même du zèle pour savoir laquelle sera la plus rapide à quitter l’Iran (Italiens et Allemands, eux, sont toujours là et capitalisent sur notre empressement suicidaire…).

    Certes, dans les conférences et débats policés parisiens, on s’insurge bruyamment contre l’extraterritorialité du droit américain. Certes, on vote la « loi de blocage » à Bruxelles pour protéger les entreprises européennes des foudres de Washington et travailler en Iran. Mais il ne vient à l’idée de personne de sonner haut et fort la fin du délire, et d’oser répliquer brutalement sur tous les fronts, de la même façon que nous sommes agressés. Le courage est tout, sauf une vertu répandue. Il faut toujours un éclaireur pour montrer le chemin et entraîner la troupe. Il semble malheureusement que nous soyons prisonniers d’un « syndrome de Stockholm » aggravé, enchaînés volontaires, otages ravis de n’avoir pas le choix et de ne pas devoir penser par eux-mêmes, encore moins de prendre le risque d’agir en rupture. Lourde affliction que celle qui ronge les élites européennes et leurs relais face à une Amérique qui trace sa voie, croit son imperium bousculé mais intact, et méprise souverainement ses alliés les plus anciens.

    Pourtant, il y aurait un moyen très simple de faire enfin « bouger les lignes » d’un rapport de force qui nous étrangle. Parlons sans ambages : que gagne l’Europe à maintenir des sanctions voulues par Washington contre Moscou ? Ne peut-on étendre le mécanisme de blocage à la Russie et en profiter pour suspendre les sanctions décrétées par l’UE, qui ne servent qu’à cristalliser stupidement l’hostilité croissante de Moscou sur fond de dépit ? La Crimée et le Donbass ne trouveront aucune issue tant que l’on prétendra tordre le bras à Moscou. Pas plus que Paris n’aura la moindre chance sérieuse de retrouver un rôle en Syrie. En revanche, la bascule de cet acteur global vers le pôle chinois s’en trouvera accélérée à notre plus grand détriment. C’est là une évidence stratégique, et notre aveuglement confine à la stupidité. L’Italie vient de faire savoir combien elle jugeait cet entêtement « absurde » sur le plan tant économique que social et culturel. Le refus d’un seul État de prolonger les sanctions suffit à les rendre caduques. Attendra-t-on que Rome prenne le lead de l’UE en la matière ? Ce serait là l’humiliation ultime pour Paris et une formidable occasion manquée.

    Caroline Galactéros (Le Courrier de Russie, 16 octobre 2018)

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  • Tour d'horizon... (153)

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    Au sommaire cette semaine :

    - sur le Grand continent, vous pourrez lire un entretien décapant avec le jeune philosophe Diego Fusaro, élève de Constanzo Preve et inspirateur du Mouvement 5 étoiles...

    Nous avons rencontré Diego Fusaro

     

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    - le site Automates intelligents revient sur le déclin de la lecture en occident...

    Livres : le déclin de leur lecture chez les adolescents américains... et partout ailleurs ?

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    - sur son blog Vu du droit, Régis de Castelnau analyse avec bio l'opération politico-judiciaire qui vise jean-Luc Mélenchon et la France insoumise...

    « Mélenchongate » : demandez le programme !

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     - sur Figaro Vox, Paul Sugy nous livre une bonne présentation de l'idéologie anti-spéciste et de ses délires...

    Derrière le militantisme végan, la puissante idéologie antispéciste

    régis de castelnau,mélenchon,lecture,diego fusaro, paul sugy, véganisme, antispécisme

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  • Feu sur la désinformation... (207)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un nouveau numéro de l'émission I-Média sur TV libertés, consacrée au décryptage des médias et dirigée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, avec le concours d'Hervé Grandchamp.

     

    Au sommaire :

    • 1 : Bolsonaro, allo les médias ? Rio ne répond plus !
      Dimanche 28 octobre, Jair Bolsonaro a remporté haut la main les élections présidentielles brésiliennes. Pour la plupart des médias français cette élection est une catastrophe, c’est la fin du monde, la « fin de l’humanité », Bolsonaro serait « raciste, fasciste, homophobe ». Bref c’est le diable incarné.
    • 2 : Le Zapping d’I-Média 
      Sur BFMTV, débat animé entre le journaliste Eric Zemmour et l’historien Patrick Weil. Le débat a abordé la question de l’immigration. Pour l’historien, la France est envahie par « les touriste », tandis que le journaliste soutient que la France est envahie par une immigration de masse : « jusqu’à 400 000 immigrés par année ».

    • 3: Créteil, du pistolet au hastag pas de vague
      Les professeurs dénoncent sur Twitter leur abandon et les violences qu’ils subissent au quotidien. A l’origine, la publication d’une vidéo sur les réseaux sociaux d’un élève braquant un enseignant.
    • 4 : Les tweets de la semaine
      Censure dans l’animation, censure dans la série les Simpson. La série réputée pour son humour noir et ses caricatures serait sur le point de supprimer le personnage récurent d’Apu. Le personnage serait « accusé de véhiculer des stéréotypes sur les indiens ».
    • 5 : Pittsburg, le coupable c’est la rhétorique
      Attentat antisémite à Pittsburgh samedi 27 octobre. Pour les médias, le coupable est tout désigné : Donald Trump, son langage et la violence de ses attaques serait un terreau fertile à l’antisémitisme. 

     

                                      

     

     

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  • Nos ancêtres les Français...

    Le magazine Valeurs actuelles publie un numéro hors-série intitulé  Celtes, Gaulois, Francs : Nos ancêtres les Français. Un numéro agréable à consulter, qui pourra utilement  être mis dans des mains d'adolescents.

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    Gardiens de notre identité française, Celtes et Gaulois ont été la colonne vertébrale de notre instruction publique avant d'en être chassés. Leurs successeurs gallo-romains nous ont transmis une civilisation pétrie de romanité et furent, avec les Francs, les transmetteurs de la France chrétienne. Puis, tous subirent le rejet d'un enseignement "politiquement correct" coupeur de racines et soumis à l'idéologie immigrationniste. Ce que nous leur devons est pourtant essentiel. A travers mille faits de gloire et récits oubliés, c'est à cette formidable épopée de nos illustres ancêtres que notre hors-série Valeurs actuelles-collection le Spectacle du monde rend aujourd'hui hommage : 130 pages richement illustrées pour restituer les huit siècles fondateurs de notre pays.

    Au sommaire :

    Nos ancêtres les Gaulois par François d'Orcival

    Celtes, Gaulois, Francs:petite(s) histoire(s) de nos grands ancêtres par Arnaud Folch

    Astérix, l'esprit français par Laurent Dandrieu

    LES CELTES, NOS AÏEUX DES AGES FAROUCHES :

    Il était une fois les Celtes par Georges Langlois

    Portfolio : d'or et de bronze

    LES GAULOIS, FORGERONS DE L'ÂME FRANCAISE :

    Une journée dans la vie d'un Gaulois par Philippe Delorme

    A la table des Gaulois par Arnaud Folch

    Portfolio : des animaux et des hommes

    A la mode gauloise...

    Vercingétorix, "roi suprême des guerriers" par Dimitri Casali

    Guerriers gaulois contre soldats romains par Dimitri Casali

    L'autre bataille d'Alésia par Mickaël Fonton

    Les derniers feux gaulois par Marie Clément-Charon

    Secrets de druides par Arnaud Folch

    "Druide aujourd'hui : ni une secte, ni une religion" propos recueillis par Philippe Delorme

    Comment ils sont devenus nos "ancêtres"... par Jean Kappel

    Lavisse:"L'image vous montre une maison gauloise..."

    "Accusés Gaulois, cachez-vous !" par Maurice Lemoine

    L'historien qui nie les Celtes par Marie Clément-Charon

    LES GALLO-ROMAINS, TRANSMETTEURS DE LA FRANCE LATINE :

    Dans l'intimité des Gallo-Romains par Dimitri Casali

    Bainville:"Ce que nous devons aux Romains..."

    Portfolio:opulence gallo-romaine...

    César Imperator par Arnaud Folch

    Le saint, l'empereur et le poète... par Yves Kerhuon

    Portfolio:Le génie gallo-romain à l'oeuvre dans l'architecture

    Arles, "la petite Rome des Gaules" par Franck Chevallier

    A Nîmes, sur la trace des gladiateurs par Arnaud Folch

    Provocator, thrace, mirmillon...

    LES FRANCS, BATISSEURS DE LA FRANCE CHRETIENNE :

    Pharamond, Clodion le Chevelu, Childéric les Francs des origines par Philippe Delorme

    Portfolio:les barbares bijoutiers

    Clovis le magnifique par Arnaud Folch

    "Dépose tes colliers, fier Sicambre" par Arnaud Folch

    L'arianisme, cette hérésie vaincue par le baptême par Eric Letty

    Clotilde, la femme qui a converti Clovis par Eric Letty

    Rémi, l'évangélisateur par Yves Kerhuon

    L'Indiana Jones du baptistère perdu par Arnaud Folch

    "Quiconque aura coupé le nez, le pied ou la main d'un autre homme..." par Arnaud Folch

    Bibliographie.

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  • Les Young Leaders, des agents de l'influence américaine en France ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un article de l'Observatoire du journalisme consacré au programme Young Leaders de la French-American Foundation, et à l'influence des membres de ce programme dans les médias.

     

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    Le programme Young Leaders, agent de l’influence américaine dans les médias français

    Le programme, Young Leaders (Jeunes leaders) dérive d’un accord entre Gerald Ford président des Etats-Unis et le président français Giscard d’Estaing en 1976, établissant une fondation dédiée à l’amitié entre les deux pays, avec un siège à Paris et un siège à New-York. La fondation a permis l’émergence du programme Jeunes Leaders à partir de 1981.

    400 Young Leaders formés

    Depuis cette date plus de 400 Jeunes leaders ont été  formés, dont la moitié de français. Le verbatim du programme : « Chaque année (avec parfois des années blanches 85/88, 90/93, 97, le programme est ensuite continu depuis 1998, soit 29 promotions au total) vingt français et américains, âgés de 30 à 40 ans appelés à jouer un rôle important dans les relations entre les deux pays sont sélectionnés par un jury en France et aux États-Unis. Les candidats retenus participent à deux séminaires de cinq jours, chacun sur deux années consécutives, alternativement en France et en Amérique, afin d’échanger sur des sujets d’intérêts communs aux deux pays et tisser des liens d’amitié durable ». Parmi les sponsors on trouve les groupes américains Boston Consulting et Egon Zehnder. Chacun comprendra comment cette « formation » peut devenir un moyen incomparable d’influence pour l’Amérique. Nous ne détaillerons que les Young Leaders  agissant dans les médias français sans nous intéresser aux politiques et dirigeants économiques (nombreux) passés par le programme depuis 1981. Nous mettons entre parenthèses (1981) l’année de promotion.

    La télévision et les Young Leaders

    Quelques jeunes leaders ont eu une jolie carrière à la télévision : Jérôme Clément (1982), fondateur d’Arte puis de la Cinq, également longtemps président du CNC (Centre national du cinéma). Bernard Faivre d’Arcier (1983) a présidé plus de dix ans le festival d’Avignon et aussi La Sept, branche française d’Arte. Emmanuel Chain (2000) a animé plus de quinze ans l’émission à succès Capital sur M6 puis est devenu producteur de télévision. Plus jeune, Estelle Youssoufa (2011) est journaliste à France2/TV5Monde. D’autres plus multi-cartes se retrouvent aussi dans les radios ou la presse écrite (voir infra)

    La radio et les Young Leaders

    Le service public est très bien servi en Jeunes leaders. David Kessler (1999) a été comme Jérôme Clément (1982) directeur du CNC mais aussi du CSA, directeur de France Culture et directeur général chargé des programmes de Radio France. Bernard Guetta (1981) a animé plus de 25 ans une émission de géopolitique à France Inter. Jean-Noël Jeanneney (1983) a été PDG de Radio France et de Radio France International, il anime depuis 20 ans une émission à caractère historique Concordance des temps sur France Inter (il a été également président de la chaîne de télévision thématique Histoire). Catherine Sueur (2007) après un passage au Monde a été directrice déléguée de Radio France.

    Mais le secteur privé, s’il est moins bien loti, n’est pas oublié. Nicolas Escoulan (2014) est passé de Canal+ à Europe1 où il est directeur de la rédaction. Son camarade de la promotion d’avant Jérôme Chapuis (2013) est responsable du service politique de la radio concurrente RTL.

    La galaxie Le Monde/L’Obs

    Ce n’est plus une galaxie c’est une véritable constellation de Jeunes leaders. Sur les 19 promotions, 13 comportent au moins un membre de ces rédactions.Thierry Pfister (1981, première promotion) a œuvré dans les deux rédactions (plus de nombreuses en province). Jean-Claude Guillebaud (1982) a écrit aussi pour les deux journaux. Jean-Marie Colombani (1983) a été directeur du Monde pendant treize ans. Denis Olivennes (1996) a été directeur de la rédaction du Nouvel Obs (et aussi à Canal+, Europe1 et Lagardère active). Dominique Nora (1995) est responsable de la rédaction de L’Obs. Elle avait succédé à Mathieu Croissandeau (2002) qui a collaboré aussi à Arte. A tous seigneurs tous honneurs Matthieu Pigasse (2005) et Louis Dreyfus (2005) ont dû être de très bons élèves du programme. Le premier est co-propriétaire du groupe Le Monde (et actionnaire à titre personnel des Inrocks et de radios), le second préside le directoire du groupe depuis 2010. Nabil Wakim (2012) au Monde a été créateur des Décodeurs, chef du service politique, rédacteur en chef et responsable de l’innovation. Plus récemment Élise Vincent (2015) y est responsable du service Justice. Sylvie Kaufmann (1998) est directrice éditoriale au même quotidien du soir. Pascal Riché (1999), ancien de Libération, fondateur de Rue89 est directeur adjoint de L’Obs. Erik Izraelewicz (1994) après être passé par Les Échos et La Tribune a été directeur des rédactions du Monde de 2011 à sa mort en 2012.

    Les autres quotidiens et les Jeunes leaders

    Laurent Joffrin (1994) aurait pu figurer dans la rubrique Le Monde/L'Obs étant passé dans un tournis incessant de L’Obs à Libération et retour. Il est directeur de la rédaction du quotidien de Patrick Drahi depuis 2014 et participe à de nombreux autres médias (France Inter, France Info, France5 etc). Laurance N’kaoua (2003) officie au quotidien économique Les Échos, tout comme David Barroux (2011). Dans un registre différent François Dufour (2005) est spécialiste de l’information des jeunes à Mon Quotidien, sa création.

    Les magazines

    Yves de Kerdrel (2005) a été longtemps directeur de Valeurs Actuelles tout en collaborant au Figaro. Christine Ockrent (1983) surnommée la reine Christine aurait pu être classée dans la rubrique télévision (NBC, CBS, Antenne2,TF1, France3, TV5, France 24, BFM) ou radio (Europe1, RTL,RFI, France Inter). Elle a été directrice de la rédaction de L’Express de 1994 à 1996. Guy Sorman (1982) a lui aussi été à L’Express, Le Figaro Magazine et est intervenu auprès de nombreux autres hebdomadaires ou quotidiens. Philippe Le Corre (2004) intervient dans de nombreux médias et au Point. Il est difficile de classer Philippe Manière (1995) qui a été un peu partout, Le Point, L’Expansion, Europe1, Institut Montaigne, Le Nouvel Economiste, Les Echos. Le plus jeune Gaspard Koenig (2017) collabore aux Échos et au Point.

    Autres jeunes leaders du programme

    Michel Combes (1994) a longtemps dirigé Altice, la holding Europe du groupe multi-médias de Patrick Drahi. Béatrice de Clermont Tonnerre (2011) a travaillé chez Google et à Lagardère Active où elle aurait pu croiser la plus jeune Claire Le Ost (2016). Eric Fassin (1994) sans être journaliste intervient régulièrement dans les médias en particulier sur les questions touchant le genre et la défense des migrants. Sophie de Closets (2017), toute récente Jeune leader, préside les éditions Fayard depuis 2014. Stéphane Fouks (2001) par sa position chez EuroRSCG a conseillé et conseille de nombreux médias et patrons de rédaction. Pour la curiosité Julien Vaïsse (2007) n’est pas une personnalité médiatique mais le directeur du CAPS le Centre d’analyse, de prévision et de stratégie du Ministère des Affaires Etrangères. Une nomination curieuse pour une personnalité qui semble liée d’aussi près à un Etat étranger.

    Cousinage atlantiste et plus si affinités

    Une participation au programme n’indique pas nécessairement un alignement complet sur les thèses américaines (Arnaud Montebourg et Dupont-Aignan sont d’anciens Jeunes leaders) mais marque, pour la très grande majorité des lauréats, une inclination atlantiste et une très grande proximité culturelle/économique (et plus si affinités) avec le grand frère américain. En-dehors des médias il est surprenant de constater que notre président actuel comme le précédent ont été Young Leaders, mais aussi de nombreux militaires français de haut rang. Imaginons un instant que les russes aient entrepris le quart de la moitié de ce programme, le tollé serait immédiat et surpuissant. Ce programme qui n’a rien de secret n’est jamais évoqué par les médias dominants. Et pour cause les Young Leaders y pullulent, la solidarité par le silence en quelque sorte. Ils ont retenu la leçon du Maître, Speech is silver, silence is golden (La parole est d’argent mais le silence est d’or).

    Observatoire du journalisme (OJIM, 16 octobre 2018)

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  • De l'hécatombe aux illusions de la victoire...

    Les éditions Dualpha viennent de publier une étude de Bernard Plouvier en deux tomes, L'hécatombe (septembre 1914 - mai 2017) et Les illusions de la victoire (juin 1917 - novembre 1919), consacrée à la première guerre mondiale. Médecin, Bernard Plouvier est, notamment, l'auteur de plusieurs études historiques décapantes, comme La ténébreuse affaire Dreyfus (Dualpha, 2010) et Faux et usage de faux en histoire (Dualpha, 2012), et d'une imposante Biographie médicale et politique d'Adolf Hitler (Dualpha, 2007).

     

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    " Les combats de l’été 14 ont clos le XIXe siècle. La guerre de position, qui débute à l’Ouest durant l’automne, marque l’entrée dans le XXe, celui de la propagande mensongère et des guerres de matériel, où l’abnégation et la résignation tiennent davantage de place chez le combattant que l’héroïsme, une vertu qui passe du domaine individuel au collectif, hors circonstances exceptionnelles.

    Partis se battre, en une glorieuse parenthèse de quelques mois qui devait être un ilot d’aventures émergeant d’une vie morne et conventionnelle, les hommes de toutes les armées – du moins pour le front Ouest, puis l’italien – sont confrontés à des conditions de survie médiévales, voire préhistoriques. Ils s’aperçoivent bientôt qu’ils ne sont qu’un matériau de plus de cette guerre, et le moins onéreux, celui que des généraux inexperts, voire franchement criminels, sacrifient allègrement.

    La guerre crée de profondes injustices sociales : l’on épargne de la tuerie et l’on surpaye ceux que l’on juge indispensables à l’effort industriel, en exposant la vie des paysans et des intellectuels. Le milieu des « affectés spéciaux en ateliers », petits mais authentiques profiteurs de guerre, se transforme dès 1917 en un groupe de perpétuels revendicateurs, adeptes de cette lutte des classes que les marxistes vont transformer en guérilla civile permanente.

    Au mois d’août 1916, Erich Ludendorff devient le quasi-dictateur en matière d’opérations militaires, de propagande et d’économie de guerre, dans le Reich, où il ne parvient guère à calmer l’agitation des politiciens ambitieux ni à réduire les profits scandaleux des fournisseurs aux armées. Ces deux plaies se rencontrent d’ailleurs chez tous les belligérants.

    Au printemps de 1917, Philippe Pétain devient enfin le chef des armées françaises de métropole. Avec ces deux stratèges, la guerre va changer de style. "

     

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    " De cette guerre qui se fait désormais avec du « million d’hommes », deux noms émergent : Erich Ludendorff, le dernier grand stratège traditionnel ; Philippe Pétain, le tacticien qui, le premier, a compris que le matériel utilisé en abondance épargne des vies, et le stratège visionnaire qui emploie simultanément, lors des attaques, l’aviation, les chars et l’artillerie mobile en soutien de l’infanterie.

    Le coût en vies (1,4 million pour les Français) est à la fois immense et d’effet retardé : ce sont surtout des hommes jeunes qui sont morts et cela fait autant de géniteurs en moins. Le coût en argent est jugé prohibitif : 7 années de revenu national pour la France et un endettement équivalant à 5 autres années. De créditeur général de la planète, l’Europe devient débitrice des USA, le grand gagnant économique du premier épisode de la « guerre civile européenne. »

    Les Traités de paix, concoctés à Paris et signés dans les châteaux de la région parisienne, sont gros de tant de conflits, petits et grands, qu’on doutera toujours des motivations de leurs concepteurs. La sottise et l’ignorance expliquent-elles seules l’abjection profonde de ces traités ou, chez ces hommes manipulés en coulisses par des conseillers intimement liés aux industriels et aux financiers, a-t-il existé la volonté sournoise et cynique de préparer une prochaine guerre, si utile au Big Business ?

    Dans l’immédiat après-guerre, et dans chaque pays belligérant ou nouveau-né, débutent un chômage massif, la croissance accélérée de la Dette publique et la course-poursuite des salaires et des prix, puis la valse des dévaluations monétaires. Les valeurs morales sont ridiculisées par les théoriciens de l’amour libre et de la subversion, par les canailleries des affairistes et par les revendications permanentes. La quête du beau disparait des motivations du milieu de l’art. Il devient de bon ton de tourner en dérision les notions d’honneur, de travail, de famille et de patrie.

    La Grande Guerre accumula morts, ruines et déréliction, mais elle accoucha aussi d’un demi-siècle d’explosions techniques et de grandes expériences politiques. C’est l’histoire de cette mutation qu’on a voulu exposer de façon aussi complète que possible et d’une manière résolument non conventionnelle. "

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