Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Métapo infos - Page 686

  • La mort, l'au-delà et les autres mondes

    Les éditions Imago ont publié en début d'année une nouvelle étude de Claude Lecouteux intitulée La mort, l'au-delà et les autres mondes. Professeur de civilisation du Moyen-âge à la Sorbonne, Claude Lecouteux s'est spécialisé dans les mythes, les contes et les légendes et a publié de nombreux ouvrages comme Démons et Génies du terroir au Moyen Âge (Imago, 1995), Fées, Sorcières et Loups-garous au Moyen Âge (Imago, 2012) ou son Dictionnaire de mythologie germanique (Imago, 2014).

     

    Lecouteux_La mort, l'au-delà et les autres mondes.jpg

    " Squelette creusant une tombe, spectre aux yeux caves ou créature encapuchonnée dérobant son visage, la mort, armée d’une faux ou d’une lance, peut surgir à tout moment. Chacun le sait, tôt ou tard, il faut lui payer son tribut. Mors certa, hora incerta, disaient les Anciens.
    Depuis longtemps, Claude Lecouteux s’est attaché à étudier la mort et ses représentations dans les mentalités médiévales. Dans cet ouvrage, il nous entraîne cette fois dans une exploration de l’outre-tombe, et suit les défunts dans leurs différents périples. De l’Antiquité à nos jours, s’appuyant sur les mythologies, les contes, les traditions populaires et les romans de chevalerie, il met au jour la permanence d’antiques croyances sous une vision plus chrétienne de l’au-delà.
    Il souligne en outre — et nul ne l’avait établie jusqu’alors — l’étonnante proximité des images venues d’un lointain passé avec les témoignages de ceux qui, lors de comas ou de catalepsies, ont vécu des expériences de mort imminente (Near Death Experience), montrant ainsi que l’homme n’a jamais cessé d’imaginer son ultime voyage… "

    Lien permanent Catégories : Livres 0 commentaire Pin it!
  • Pour un transhumanisme de droite ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Romain d'Aspremont, cueilli sur le site de Rage et consacré au transhumanisme. Romain d'Aspremont est l'auteur d'un essai intitulé Penser l'homme nouveau - Pourquoi la droite perd la bataille des idées, disponible sur Amazon.

    romain d'aspremont

    Pour un transhumanisme de droite

    Le conservatisme standard est inefficace contre la gauche

    Le fait que la droite ignore la révolution technologique en gestation n’a rien de surprenant : qu’elle soit en retard sur l’avenir, voilà après tout sa marque de fabrique. 

    Néanmoins, manquer la révolution transhumaniste – l’ingénierie génétique et la cyborgisation – pourrait coûter à la droite bien plus que ses précédents échecs. Cette fois, les périls sont plus élevés qu’ils ne l’ont jamais été : c’est la nature humaine elle-même qui s’apprête à être transformée. Aussi est-il impératif que la droite trouve autre chose à rétorquer que « No pasarán ! »

    Car la révolution transhumaniste se produira, peu importe l’ardeur dont les conservateurs feront preuve pour l’endiguer.

    La droite est victime du paradigme conservateur : ralentir l’allure du « progrès de gauche » au lieu de proposer une nouvelle piste. Cette posture est politiquement suicidaire car elle implique d’abandonner l’écriture de l’histoire. Si l’histoire était un livre, les progressistes tiendraient la plume, les réactionnaires la gomme, et les conservateurs se battraient pour repousser l’écriture du prochain chapitre.

    Le philosophe, Luc Ferry, écrit que le transhumanisme découle en partie de la contre-culture des années 60 :« féministe, écologiste, égalitariste, libertarienne et déconstructionniste ».

    Les « progressistes » sont enclins à embrasser les nouveaux horizons ouverts par la science. Ils luttent constamment pour transformer la réalité – économique, sociale, biologique – tandis que les conservateurs rechignent à salir leurs mains, au point d’en perdre l’usage.

    Comme tout « progrès » passé, le Transhumain sera d’abord perturbé et ralenti par la mobilisation des conservateurs. Mais, comme avec le mariage homosexuel, la procréation médicalement assistée et la gestation pour autrui, il finira par voir le jour, façonné par les gauchistes et les libéraux.

    Le Transhumain sera asexuel, herbivore et métissé (comme le prône la féministe transhumaniste Donna Haraway, auteur du Manifeste Cyborg, 1985).

    Comme si cela ne suffisait déjà pas, des transhumanistes tels Max Moore aspirent à modifier le caractère même de l’être humain : pacifiste, dépourvu de pulsions agressives, radicalement altruiste.

    Telle est l’étape finale de leur croisade : passer de la déconstruction des stéréotypes à la déconstruction biologique.

    Poursuivons notre diabolisation du transhumanisme et nous aurons et le Transhumain et l’Hermaphrodite, génétiquement programmé par la gauche.
    Plutôt que de s’échiner à tuer dans l’œuf ce qui est déjà virtuellement parmi nous, tâchons d’imposer notre marque à cet humain du futur : intellectuellement supérieur, plus rationnel mais toujours capable d’agressivité, physiquement et musculairement amélioré (plutôt que longiligne et androgyne).

    Physique et intellectuelle, l’amélioration doit être également de nature psychologique. La création du Surhomme nietzschéen n’est plus hors d’atteinte : un homme affirmatif, libéré du ressentiment et du pessimisme, capable d’engendrer des valeurs nouvelles.

    Nietzsche s’exprimait en ces termes :

    «L’homme est le prétexte à quelque chose qui n’est plus l’homme ! C’est la conservation de l’espèce que vous voulez ? Je dis : dépassement de l’espèce ! »

    S’il se refuse au Transhumanisme, l’Occident deviendra Tiers-Monde

    De plus, si l’Occident s’interdit au transhumanisme, les civilisations asiatiques, lesquelles embrassent déjà cette opportunité technologique, nous écraseront. Faisons en sorte de ne pas répéter nos erreurs d’antan : les transferts massifs de technologies au bénéfice de nations non-occidentales, désormais capables de nous menacer économiquement et militairement.

    Le secret d’une potentielle percée dans le domaine du transhumanisme devra être jalousement conservé. En Chine, des centres de recherche sont en train de séquencer le génome des génies en vue de générer une génération d’enfants surdoués.

    Vitupérer contre les « délires prométhéens » aboutissant à « la fin de l’humanité » est stérile.

    Ceux qui dansent au bord de l’abîme ne sont peut être pas ceux que l’on croît.

    D’abord, parce que les nations transhumanistes vont surpasser les peuples bioconservateurs dans tous les domaines (scientifique, économique, militaire et même artistique). Que l’Occident emprunte la mauvaise route et il dégénérera en un Tiers-Monde peuplé d’individus au QI obsolète.

    Le Transhumanisme comme alternative au dysgénisme induit par la modernité

    Car le transhumanisme est une urgence civilisationnelle, mais également éthique : la fin de la sélection naturelle (notamment du fait des progrès de la médecine) produit une dégénérescence de l’espèce humaine, qui ne pourra être corrigée que par la manipulation de notre génome.

    Le Prix Nobel de Médecine, Jacques Monod, écrit au sujet de nos sociétés modernes :

    « la sélection y a été supprimée [ou] du moins n’a-t-elle plus rien de « naturelle » au sens darwinien du terme [si bien qu’] aujourd’hui, beaucoup de ces infirmes génétiques survivent assez longtemps pour se reproduire [car] grâce aux progrès de la connaissance et de l’éthique sociale, le mécanisme qui défendait l’espèce contre la dégradation, inévitable lorsque la sélection naturelle est abolie, ne fonctionne plus guère que pour les tares les plus graves. »

    En d’autres termes, en l’absence d’ingénierie génétique, les mutations aléatoires – non-filtrées par la sélection naturelle – s’accumuleront. Soit la pire conséquence de l’Etat Providence : protéger les faibles et les malingres, leur permettant de propager leurs gènes défectueux.

    Monod s’alarme également du risque d’une dégénérescence intellectuelle, remarquant : « une corrélation négative entre le quotient intellectuel (ou le niveau de culture) et le nombre moyen d’enfants des couples ». Les couples au QI le plus bas faisant davantage d’enfants que ceux au QI élevé.

    Avant de conclure :

    « le danger, pour l’espèce, des conditions de non-sélection, ou de sélection à rebours, qui règnent dans les sociétés avancées est certain ».

    Rappelons que Monod, loin d’être fasciste, était un sympathisant communiste.

    S’il ne s’est jamais prononcé en faveur du transhumanisme (qu’il considérait à tort comme relevant de la science fiction), son cri d’alarme devrait au moins nous conduire à réviser notre position vis-a-vis du transhumanisme : moins une lubie prométhéenne qu’un impératif moral et civilisationnel.

    Romain d'Aspremont (Rage, 10 mai 2019)

     

    Lien permanent Catégories : Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • Les écrits d'exil de Léon Daudet...

    Les éditions Séguier ont récemment publié un recueil de textes de Léon Daudet intitulé Écrits d'exil 1927-1928. Écrivain, polémiste et critique talentueux, Léon Daudet a été avant-guerre une des principales figures de l'Action française.

    Daudet_Ecrits d'exil.jpg

    " Lorsque Léon Daudet arrive à Bruxelles en juillet 1927 au terme d’une rocambolesque cavale, c’est un homme traqué et meurtri par la perte d’un fils. Mais plutôt que de subir la mélancolie de l’exil et la douleur du deuil, Daudet se donne tout entier à son travail, habité par ses obsessions, ne cédant rien aux modes, tenant parfois sa plume comme une lame bien droite : l’homme, jamais, ne se départit d’une passion intègre pour la littérature. En vingt-neuf mois, pas moins d’une vingtaine de livres voient le jour, dont quatre volumes – La Ronde de nuit, Les Horreurs de la guerre, Melancholia et Les Pèlerins d’Emmaüs – devenus quasiment introuvables. Ecrits d’exil réunit un florilège de ces textes, témoins d’un penseur aussi virtuose dans l’éloge que dans le contredit. Portraits d’auteurs – Rabelais, Nietzsche, Montaigne, Hugo ou Baudelaire -, vastes réflexions politiques sur l’Europe des années 1920, questionnements scientifiques ou littéraires, aphorismes : cet ouvrage aux formes éclatées est à l’image de son fracassant auteur. "

    Lien permanent Catégories : Livres 0 commentaire Pin it!
  • Lutter contre l'immigration, c'est possible !...

    Jean-Yves Le Gallou, président de la Fondation Polémia, était l'invité politique de l'Info avec Stéphanie De Muru, sur RT France, le 9 mai. Il a notamment réagi aux propos de la ministre de la Justice, Nicole Belloubet, qui a affirmé que l'immigration est «un phénomène mondial» qui ne peut pas être arrêté. Ancien haut-fonctionnaire, Jean-Yves Le Gallou a, notamment, publié La tyrannie médiatique (Via Romana, 2013),  Immigration : la catastrophe - Que faire ? (Via Romana, 2016) et Européen d'abord - Essai sur la préférence de civilisation (Via Romana, 2018). 

     

                                           

    Lien permanent Catégories : Entretiens, Multimédia 0 commentaire Pin it!
  • Théorie de la dictature...

    Les éditions Robert Laffont viennent de publier un essai de Michel Onfray intitulé Théorie de la dictature. Philosophe populaire, tenant d'un socialisme libertaire, Michel Onfray a publié de nombreux ouvrages, dont dernièrement sa trilogie  Cosmos (Flammarion, 2015), Décadence (Flammarion, 2017) et Sagesse (Flammarion, 2019).

    Onfray_Théorie de la dictature.jpg

    Il est admis que 1984 et La Ferme des animaux d'Orwell permettent de penser les dictatures du XXe siècle. Je pose l'hypothèse qu'ils permettent également de concevoir les dictatures de toujours.
    Comment instaurer aujourd'hui une dictature d'un type nouveau ?

    J'ai pour ce faire dégagé sept pistes : détruire la liberté ; appauvrir la langue ; abolir la vérité ; supprimer l'histoire ; nier la nature ; propager la haine ; aspirer à l'Empire. Chacun de ces temps est composé de moments particuliers.
    Pour détruire la liberté, il faut : assurer une surveillance perpétuelle ; ruiner la vie personnelle ; supprimer la solitude ; se réjouir des fêtes obligatoires ; uniformiser l'opinion ; dénoncer le crime par la pensée.
    Pour appauvrir la langue, il faut : pratiquer une langue nouvelle ; utiliser le double langage ; détruire des mots ; oraliser la langue ; parler une langue unique ; supprimer les classiques.
    Pour abolir la vérité, il faut : enseigner l'idéologie ; instrumentaliser la presse ; propager de fausses nouvelles ; produire le réel.
    Pour supprimer l'histoire, il faut : effacer le passé ; réécrire l'histoire ; inventer la mémoire ; détruire les livres ; industrialiser la littérature.
    Pour nier la nature, il faut : détruire la pulsion de vie ; organiser la frustration sexuelle ; hygiéniser la vie ; procréer médicalement.
    Pour propager la haine, il faut : se créer un ennemi ; fomenter des guerres ; psychiatriser la pensée critique ; achever le dernier homme.
    Pour aspirer à l'Empire, il faut : formater les enfants ; administrer l'opposition ; gouverner avec les élites ; asservir grâce au progrès ; dissimuler le pouvoir.
    Qui dira que nous n'y sommes pas ?
    M.O.

    Lien permanent Catégories : Livres 0 commentaire Pin it!
  • Progressisme...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de François-Bernard Huyghe, cueilli sur son site Huyghe.fr et consacré au progressisme macronien... Spécialiste de la stratégie et de la guerre de l'information, François-Bernard Huyghe enseigne à la Sorbonne et est l'auteur de nombreux essais sur le sujet, dont, récemment, La désinformation - Les armes du faux (Armand Colin, 2015) et Fake news - La grande peur (VA Press, 2018). Avec Xavier Desmaison et Damien Liccia, François-Bernard Huyghe vient de publier Dans la tête des Gilets jaunes (VA Press, 2019).

     

    Progressisme.jpg

    Progressisme

    Vers la fin du XIX° siècle, le progressisme est vaguement associé aux républicains les plus conservateurs (il existe un groupe « Républicain Progressiste » à l’Assemblée), Le mot connaît une nouvelle fortune après guerre, où il devient synonyme d’amis de l’URSS (voire de Staline « guide de l’humanité progressiste ») par opposition au camp atlantiste, colonialiste, impérialiste voire réactionnaire en matière d’arts et de mœurs. Progressisme signifie alors « dans le sens de l’Histoire » qui, à l’époque, ne pouvait être que le triomphe de l’internationalisme prolétarien.

    Perdant ses connotations de sympathie vague pour le progrès moral de l’humanité et de soutien moins vague au camp socialiste, le mot reprend un nouveau sens dans le vocabulaire macronien. Il y est opposé à populisme, ce qui est déjà douteux, puisque la caractéristique du populisme, la méfiance envers les représentations et les élites, n’implique ni « c’était mieux hier », ni refus que les choses soient « mieux » demain. Le populisme est une critique des représentations, basé sur l’idée que la volonté souveraine du peuple est mal traduite : pour lui le problème est la source du pouvoir. Le progressisme, tel que l’entendent les macroniens est orienté efficacité : plus d’innovation, davantage de transformations. Le changement étant a priori crédité d’apporter le plus donc le mieux, la question est celle de se fixer les bons objectifs. Avec les bonnes équipes.

    Pendant que le populisme mythifié - foules haineuses et gens qui ne sont rien - sert de repoussoir se dessine un progressisme « nouveau monde », élitiste sans complexe. Le progrès ainsi entendu n’a donc plus rien à voir avec sa version du temps de la Guerre froide : serait progressiste qui progresse le mieux dans le sens libéral-libertaire, donc les élites. Pour reprendre le titre du livre de I. Emelien et D. Amiel « Le progrès ne tombe pas du ciel ». Est-ce à dire que ce sont les premiers de cordée qui doivent monter le chercher ?

    Faute de principe historique de référence (perfectibilité intrinsèque de l’esprit humain à la Condorcet ou dialectique marxiste des forces productives et modes de production), le concept devient un contenu vide. Donc difficile à contredire. Qui voudrait que la médecine guérisse moins, que les gens soient moins heureux, que l’on produise moins de bons films, que le climat se dégrade ou que l’on meure davantage de faim ?

    Le progressiste new style ne se donne pas une obligation de résultat mais de moyen : laisser s’épanouir des possibilités de chacun. Il se réfère à la construction d’une autonomie mythifiée : une sorte de tendance naturelle à accroître ses potentialités que chacun porterait en soi pourvu qu’il n’en soit pas empêché. Du coup la politique se réduit à des préceptes quasi entrepreneriaux : favoriser l’innovation, ne pas se laisser décourager, jouer collectif, vaincre l’inertie, etc. Le postulat de base est qu’il ne doit pas fixer des fins communes, mais créer les conditions de la réalisation.

    Reprenant les codes du vieil utilitarisme de Bentham ou Stuart Mill, le progressisme macroniense entend maximiser l’utilité collective, sur fond d’empirisme, d’individualisme et d’hédonisme. Ce n’est pas très convaincant philosophiquement que de réclamer une augmentation ou maximisation sans préciser de quoi (Du bonheur ? De la puissance collective ? Des ressources disponibles pour tous ? De la jouissance ? De la réalisation de soi, subjective par excellent ?...). Ce programme « il faut que ce soit mieux » réduit tout à la dialectique problème/solution, encore faut-il dire quel est le critère de la «bonne » solution.

    Ainsi dans le livre de deux conseillers du président, il est expliqué que la recette du progressisme tient en trois règles : la maximisation des possibles, l’impératif d’agir ensemble pour mieux y arriver et la priorité de commencer par la base (comprenez d’améliorer les administrations, les corps intermédiaires, la démocratie locale). Le programme inverse - pourrissons la vie des gens, que chacun se débrouille dans son coin et imposons tout cela par le haut sans consulter personne - aurait, évidemment, moins de succès. Bel exemple de la langue de coton dont le principe est d’énoncer des vérités si larges en des termes si flous qu’il soit impossible d’énoncer une assertion contraire sans être odieux ou absurde.
    Le programme irréfutable recouvre en réalité une soumission aux dogmes du temps. Ou plutôt l’accompagnement d’un mouvement présumé spontané (sélectionné par une sorte d’évolution ?) des sociétés occidentales sensées aller spontanément vers l’ouverture et le renouvellement. La gauche social-démocrate aurait imposé le principe d’émancipation et d’égalité qui va dans le sens de la demande sociale, la droite celui d’efficacité économique qui doit guider la gouvernance, le nationalisme montrerait le contre-modèle d’un autoritarisme fermé : avec cette triangulation, la direction s’impose toute seule, comme par équilibre des forces. À condition de ne pas se perdre dans le triangle des Bermudes.

    Tout ceci serait sans doute fort innocent - et rappellerait les dilemmes angoissants que proposait Édouard Balladur dans les années 90 « Voulons nous plus ou moins de croissance ? Plus ou moins de justice sociale ? » - si la rhétorique progressiste ne servait d’arme de dissuasion. Car qui est l’autre, le frustré, celui qui ne veut pas des possibles faute d’avoir pu atteindre ses désirs ? Il est forcément le populiste. Emelien et Amiel en distinguent trois versions : populiste de droite crispé sur l’identité, populiste de gauche crispé sur la vieille politique de redistribution, et intégristes crispés sur leur loi divine. Les opposants sont décrétés ennemis du possible par incapacité à admettre le nouveau. La question n’est pas qu’il y ait d’autres valeurs, la question est que ces gens ne veulent pas que les choses aillent mieux. Du coup, ils font des choses horribles : ils instrumentalisent les révoltes des frustrés (extrémisme), ils désignent des boucs émissaires (complotisme) et ils prétendent parler au nom du peuple (populisme). Le parti du désespoir volontaire, voulu comme tel, traduit ainsi une attitude devant la vie. La boucle est bouclée : on pense mal parce qu’on refuse le bien.

    François-Bernard Huyghe (Huyghe.fr, 5 mai 2019)

    Lien permanent Catégories : Points de vue 0 commentaire Pin it!