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Métapo infos - Page 606

  • Bucard et le francisme...

    Les éditions Pardès viennent de publier dans leur collection Qui suis-je ? un Bucard sous la plume d'Yves Morel. Diplômé de l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS) et docteur en histoire, Yves Morel est l'auteur de divers ouvrages consacrés à l'étude du système éducatif français, d'une Histoire du parti radical (Via Romana, 2015) ainsi que, dans la même collection d'un Abel Bonnard.(2017) et un Codreanu (2019).

     

     

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    " Marcel Bucard prétendait avoir fondé, avec son Parti franciste, le seul parti français fasciste. Malgré son passé glorieux de combattant de la Grande Guerre et son nationalisme ancré dans les valeurs de la religion et de la famille, il ne parvint jamais à jouer un rôle majeur sous l'Occupation. Le fascisme italien et le national-socialisme étaient difficilement transposables en France, pays marqué par la rupture de la Révolution. Un fascisme français ne pouvait réussir qu'en se coulant dans le moule de 1789-1794 et en se présentant comme une refondation de la République, comme une synthèse de la France des Rois et celle de 1793, apparaissant alors comme un troisième âge de notre histoire nationale ; ce qu'avaient tenté de faire le bonapartisme, puis le nationalisme déroulédien et barrésien. C'est sur ce nationalisme suranné que Bucard, très français malgré son admiration pour Mussolini, prétendait greffer son fascisme. Le francisme était perçu comme passéiste et rétrograde, à la différence des partis de Doriot ou de Déat, dont les dimensions révolutionnaire et socialiste, l'ambition de créer un homme nouveau et de refaire la France, enthousiasmaient la jeunesse. La position médiane de Bucard entre le nationalisme de Vichy et le fascisme des collaborationnistes parisiens se révéla une faiblesse paralysante et fatale, qui l'empêcha de triompher de ses rivaux Doriot et Déat. Il sera fusillé le 19 mars 1946 dans les fossés du fort de Châtillon. "

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  • La guerre des races est-elle déclarée ?...

    Le 25 février 2020, Pierre Bergerot recevait, sur TV libertés, Anne-Sophie Nogaret et Sami Biasoni à l'occasion de la publication de leur ouvrage intitulé Français malgré eux - Racialistes, décolonialistes, indigénistes : ceux qui veulent déconstruire la France (Toucan, 2020). Normalien, Sami Biasoni est professeur à l'ESSEC. Anne-Sophie Nogaret, professeur de philosophie, a publié Du mammouth au Titanic (Toucan, 2017).

     

                                        

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  • La Ruine de la civilisation antique...

    Les éditions Les Belles Lettres viennent de publier un essai historique de Guglielmo Ferrero intitulé La Ruine de la civilisation antique. Historien italien de la première moitié du XXème siècle, spécialiste de la Rome antique, Guglielmo Ferrero s'est également fait connaître par un essai de philosophie politique Pouvoir - Les génies invisibles de la cité (Livre de poche, 1988) et par un ouvrage remarquable sur la Révolution, Les deux révolutions françaises (Livre de poche, 1993).

     

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    " Dans La Ruine de la civilisation antique, publié après la Première Guerre mondiale, le grand historien et intellectuel italien Guglielmo Ferrero conduit son lecteur à prendre du recul vis-à-vis de l’histoire contemporaine par une relecture en profondeur de la Rome antique, au moment de sa chute. Par ce détour, Ferrero analyse les mécanismes politiques et culturels à l’oeuvre dans le temps long d’une histoire politique occidentale qui est avant tout celle de la civilisation européenne.
    Cet usage de l’histoire comme d’une lanterne éclairant le temps présent n’a rien perdu de son actualité et de sa finesse. Relire Ferrero aujourd’hui dans la crise que nous traversons, c’est écouter un européen convaincu, qui écrivait déjà que l’Europe se sauverait ou périrait tout entière et que, dans la bascule entre ces deux avenirs, la question de la forme des régimes politiques et de leur sincérité au regard des principes européens n’est pas anecdotique mais centrale. "

                                   

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  • A propos des armes hypersoniques...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Alexis Feertchak, cueilli sur Geopragma et consacré aux armes hypersoniques développées par les grandes puissances. Alexis Feertchak est journaliste au Figaro et membre fondateur de Geopragma.

     

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    « Hypersonique », le dernier mot à la mode pour se faire peur

    Pour peser dans un dîner de chefs d’Etat, il est de bon ton de pouvoir dire que l’on possède des armes hypersoniques. Il y a deux ou trois ans, la mode était plutôt de mettre en avant son impénétrable bulle de protection A2/AD ( Anti Access Area Denial ). Mais, dans une dialectique bien connue des historiens militaires, c’est désormais l’épée qui a repris l’ascendant sur le bouclier. Avec son vocabulaire enfantin un peu simplet, Donald Trump a ainsi annoncé le développement de missiles hypersoniques « gros, puissants, mortels et rapides », histoire de pouvoir répondre virilement aux récents progrès des Russes et des Chinois en la matière.

    L’hypersonique, pourtant, n’est pas une nouveauté en soi. On assiste plutôt à la création d’un mot-valise qui, par son côté spectaculaire, répond aux impératifs politiques du moment dans un contexte de retour de la rivalité stratégique. Si une vitesse « supersonique » correspond à un phénomène bien réel, celui du franchissement de la vitesse du son (Mach 1 ou 1 235 km/h), rien de tel pour une vitesse « hypersonique ». Celle-ci fait partie du champ « supersonique » et, à l’intérieur de celui-ci, ne correspond à aucun phénomène physique particulier, même si les conditions de vol sont de plus en plus difficiles au fur et à mesure que la vitesse s’accroît. L’hypersonique correspond en réalité à une convention fixée à cinq fois la vitesse du son (Mach 5 ou 6 174 km/h). Cette frontière, aussi impressionnante qu’elle puisse paraître, n’a rien d’infranchissable, et ce depuis longtemps.

    Un missile balistique atteint durant sa course une vitesse maximale souvent très au-delà de la limite de l’hypersonique. C’est en particulier le cas des missiles balistiques intercontinentaux (ICBM en anglais). Mis en œuvre depuis 1985, disposant d’une portée de 11 000 km, un Topol russe (SS-25 en langage OTAN) atteint une vitesse de Mach 21, soit plus de 25 000 km/h, ou 7 km par… seconde, lors de sa phase terminale. Le Minuteman américain, dont les premières versions remontent à 1962, atteint même les Mach 23. En soi, l’hypersonique n’impressionne donc personne depuis longtemps… Mais il faut voir de quoi il est question. Ces deux exemples appartiennent à la catégorie des missiles dits « balistiques » car ils dessinent une trajectoire balistique, ayant peu ou prou une forme de courbe en cloche : la phase ascendante est assurée par un propulseur de type « fusée » tandis que la phase descendante est assurée par la seule force de la gravitation (néanmoins, au moment de la rentrée dans l’atmosphère, des moteurs peuvent entrer en action pour améliorer la visée ou pour décrire des trajectoires complexes, afin d’éviter des défenses Anti-Balistic-Missile – ABM). La vitesse maximale atteinte en descente est d’autant plus forte que le missile sera monté haut en altitude (avec néanmoins un maximum au-delà duquel le missile serait « satellisé »). Un missile balistique de courte portée comme le Scud, qui atteint une altitude beaucoup plus faible et frappe moins loin (quelques centaines de kilomètres selon les versions) ira beaucoup moins vite qu’un ICBM, mais en franchissant environ 2 km/second, il atteint néanmoins déjà les Mach 5. 

    Mais, alors, pourquoi parle-t-on tant d’armes hypersoniques aujourd’hui ? C’est que les armes hypersoniques mises en avant par Moscou, Pékin ou Washington ne sont pas, sauf exceptions, de traditionnels missiles balistiques. Ce type d’arme a en effet un grand défaut : sa trajectoire balistique (d’où le nom du missile) est prévisible et peut donc être interceptée (dans la mesure du raisonnable néanmoins : un ICBM atteignant les Mach 20 ne l’est pas en l’état des technologies défensives actuelles, surtout avec le procédé du « mirvage », qui fait qu’un missile peut emporter plusieurs têtes nucléaires, qui se dispersent lors de la rentrée dans l’atmosphère). A côté des missiles balistiques proches d’une fusée dans leur conception, une autre grande catégorie de missiles est le missile de croisière, plus proche d’un avion. Volant à basse altitude (quelques dizaines à quelques centaines de mètres, à comparer avec les 800 km de l’atmosphère), il est en permanence propulsé par son moteur. La version la plus classique est le missile destiné à des frappes terrestres à longue portée comme le Tomahawk américain ou le Kalibr russe (de 1 000 à 2 500 km selon les versions). En volant à très basse altitude, le missile est difficilement détectable car il peut facilement passer sous la couverture des radars. Par ailleurs, sa signature radar est plus faible que celle d’un avion car il est de plus petite taille (1 200 kg pour un Tomahawk au lancement).

    Pour résumer, les missiles balistiques, notamment la sous-catégorie des ICBM (à partir de 5 500 km et souvent plus de 10 0000) à tête nucléaire, sont privilégiés pour acquérir des capacités de frappes stratégiques, essentielles dans le cadre de la dissuasion nucléaire. En parallèle, le missile balistique est aussi une technologie relativement « simple » et peu onéreuse, permettant à des pays disposant de peu de moyens d’acquérir une capacité de frappes régionale de plusieurs centaines de kilomètres de profondeur (les fameux Scud, appréciés pour cela par de nombreux pays, comme l’Irak dans les années 1990). A l’inverse, le missile de croisière est une arme coûteuse et complexe, idéale pour des frappes discrètes et précises. C’est aussi pour cela que l’attaque contre des installations pétrolières en Arabie Saoudite, attribuée par Washington à Téhéran, a représenté un choc au Moyen-Orient. Rares sont les pays, en dehors des traditionnelles grandes puissances, à disposer d’une telle capacité.

    Les missiles de croisière atteignent en revanche rarement des vitesses comparables à celles des missiles balistiques. La plupart du temps, ils sont subsoniques. C’est le cas du Tomahawk américain (900 km/h) ou des missiles anti-navires rasants comme l’Exocet français (quelques mètres au-dessus de la mer, 1 100 km/h) ou son équivalent américain (Harpoon) ou russe (Uran, parfois surnommé Harpoonsky).

    Que se passe-t-il alors pour que les grandes puissances soient ainsi en émoi ?

    Premier phénomène : les missiles de croisière, notamment leurs versions anti-navires, atteignent aujourd’hui des vitesses de plus en plus grandes. Depuis la Guerre froide, les Russes se sont par exemple fait une spécialité de tels missiles atteignant des vitesses supersoniques, et qui servaient de « carrier killers » (tueurs de porte-avions). Particulièrement imposants, les croiseurs soviétiques Slava et Kirov ou certains sous-marins à propulsion nucléaire comme les Oscar-II emportaient des P-500 Bazalt ou des P-700 Granit capables de voler jusqu’à Mach 2,5 sur plus de 500 km. Pour atteindre de telles performances, ces missiles prennent un peu d’altitude avant de fondre sur leur cible (leur altitude est variable, selon le résultat recherché). Des versions plus modernes de ces missiles existent aujourd’hui en Russie (l’Onyx ou la version supersonique et anti-navires du Kalibr, qui ont la particularité de pouvoir être tirés depuis des navires de très faible tonnage), mais aussi en Inde avec le projet russo-indien BrahMos. Les Chinois mettent également en œuvre des missiles similaires (YJ-18). Mais la course ne s’arrête pas là : les Russes travaillent sur des missiles de croisière qui atteignent des vitesses hypersoniques (entre Mach 5 et 8). On trouve en particulier le Zirkon tiré depuis des navires ou des sous-marins : il devrait entrer en service au milieu des années 2020, après un premier essai depuis un bâtiment de surface cette année. Les Russes ont par ailleurs d’ores-et-déjà mis en service le Kinzhal, tiré depuis des avions (des intercepteurs MiG-31, des bombardiers tactiques Tu-22M3, prochainement des bombardiers stratégiques Tu-160M voire de simple chasseurs multirôles Soukhoï). La vitesse (jusqu’à Mach 3 pour un MiG-31…) et l’altitude des lanceurs permettent au missile Kinzhal d’obtenir par entraînement une vitesse et une portée supérieures à celles d’un Tsirkon tiré depuis un navire. Les puissances occidentales, elles, n’ont pas, pour l’instant, investi ce secteur des missiles de croisière supersoniques voire hypersoniques.

    Deuxième phénomène : les Chinois ont quant à eux massivement investi le champ des missiles balistiques, délaissés par Washington et Moscou en raison du traité INF qui avait permis de mettre fin, en 1987, à la crise des « euromissiles ». Depuis cette date, tous les missiles terrestres d’une portée de 500 à 5 500 km étaient interdits pour les deux géants de la Guerre froide. Ils ont donc privilégié les missiles navals (non concernés par INF), qui sont (presque) toujours des missiles de croisière, laissant aux missiles balistiques de plus de 5 500 km (ICBM en version terrestre, SLBM en version sous-marine) le soin d’assurer la dissuasion nucléaire. Les Russes ont aussi gardé des missiles balistiques de courte portée (officiellement moins de 500 km) comme les Iskander (la subtilité étant que ce système peut tirer à la fois des missiles balistiques et des missiles de croisière), dont la version modernisée “M” est accusée par Washington d’avoir une portée supérieure à cette limite fixée par le traité INF, ce qui a justifié en 2018 la sortie unilatérale des Etats-Unis de ce texte, aujourd’hui caduque. Mais la principale raison était tout autre : les Américains ne veulent plus avoir les mains liées alors que les Chinois, non partie au traité, ont massivement investi le champ des missiles balistiques de portée intermédiaire, qu’ils soient destinés à des frappes terrestres ou à des frappes anti-navires, une spécificité pour l’instant chinoise. Pékin dispose ainsi théoriquement de la possibilité de frapper des porte-avions américains à 4 000 km de distance grâce à leurs DF-26, ce qui n’est pas loin d’être un cauchemar pour Washington.   

    Troisième phénomène : Américains, Russes, Chinois, mais aussi Britanniques et Français investissent le champ des « planeurs » hypersoniques et hypermanœuvrants (Hypersonic Boost-Glide Vehicule en anglais). Ces engins, très spécifiques dans leur principe, sont d’abord propulsés par un traditionnel missile balistique (ou par une fusée), puis sont capables de planer, grâce à un principe de portance, sur les couches hautes de l’atmosphère, pouvant ainsi dessiner des trajectoires beaucoup plus complexes qu’un missile balistique traditionnel. L’intuition du planeur hypersonique remonte à la Seconde Guerre mondiale lorsque Eugen Sänger et Irene Sänger-Bredt conçoivent le projet allemand de Silbervogel (oiseau d’argent), qui devait permettre d’atteindre l’Amérique en faisant des sortes de « bonds » sur la stratosphère. Lors de leur grande parade pour le 70e anniversaire de la République populaire, les Chinois ont révélé leur planeur hypersonique, le DF-ZF, dédié à des frappes conventionnelles de portée intermédiaire (entre 500 et 5 500 km) et qui devrait être (voire a déjà été) mis en service cette année sous le nom DF-17. Les Russes ont quant à eux mis en service en décembre leur planeur hypersonique Avangard tiré depuis un ICBM, et décrit par Vladimir Poutine comme une « arme absolue », qui frappe « comme une météorite, une boule de feu ». Les Etats-Unis avaient lancé au début des années 2000 leur vaste projet de Prompt Global Strike (avec l’objectif de pouvoir frapper conventionnellement n’importe quel point de la planète en une heure) et expérimentent depuis plusieurs années des planeurs hypersoniques, avec par exemple le X-51 ou le HTV-2 (premiers vols en 2010). Ils semblent néanmoins avoir perdu aujourd’hui l’avance qu’ils possédaient, même si le Pentagone a récemment lancé des projets tous azimuts. Le site internet de Lookheed Martin présente ainsi plusieurs « planeurs » pour l’armée de l’air (ARRW pour Air-Launched Rapid Response Weapon) ou l’armée de terre (de portée intermédiaire avec l’IRCPS pour Intermediate Range Conventional Prompt Strike et de longue portée avec le LRHW pour Long-Range Hypersonic Weapon). Le Royaume-Uni et la France ont aussi lancé leur projet de « planeur hypersonique », Paris souhaitant faire voler un premier démonstrateur de son V-MAX en 2021, pour une mise en service vers 2025. Cette nouvelle catégorie d’armements, qui devrait faire partie des arsenaux d’une poignée de pays d’ici 2030, représente une sorte de garantie pour quiconque voudrait franchir n’importe quelle défense ennemie, ceci étant vrai autant pour des frappes conventionnelles que nucléaires.  

    C’est sous ces trois angles que l’« hypersonique » est à la mode. Cette course aux armements (plus qualitative que quantitative) participe à affaiblir fortement le contrôle des armements, les grandes catégories conceptuelles qui structurent les traités étant fortement fragilisées. Où, en effet, situer ces planeurs hypersoniques dans les arsenaux stratégiques réglementés par le traité russo-américain New Start qui arrive à expiration en 2021, et que Donald Trump souhaite visiblement ne pas renouveler ? Comment, désormais, pour un pays attaqué savoir distinguer avec suffisamment de clarté une frappe nucléaire stratégique d’une frappe conventionnelle à longue portée ? Comment tenir compte du nouvel intérêt des acteurs militaires pour les portées intermédiaires, qui permettent à certains Etats (comme la Chine) d’augmenter leurs capacités de déni d’accès ? L’instabilité augmentait déjà structurellement du fait que le jeu qui se jouait auparavant à deux (Washington et Moscou) se joue désormais à trois (avec Pékin en plus), alors que les traités de la Guerre froide ne prévoient pas cette extension. Mais on voit émerger ici une cause supplémentaire d’instabilité, que les politiques résument en cette notion d’« hypersonique », non sans quelque confusion sur l’étendue exacte du terme, mais avec l’intuition générale que cette accélération des armes et de leurs vecteurs va bousculer l’équilibre précaire né de la fin de la Guerre froide.

    Alexis Feertchak (Geopragma, 17 février 2020)

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  • La chevauchée des Celtes...

    Les éditions Yoran viennent de publier La Chevauchée des Celtes un recueil d'articles offerts à Venceslas Kruta. Directeur d’études à l’École pratique des Hautes études de Paris, Venceslas Kruta est spécialiste de la proto-histoire de l'Europe et a publié de nombreux ouvrages sur les Celtes , dont Les Celtes - Histoire et dictionnaire, des origines à la romanisation et au christianisme (Robert Laffont, 2000) ou Le monde des anciens Celtes (Yoran, 2015).

     

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    " Ce mélange rassemble des articles consacrés à Venceslas Kruta spécialiste reconnu pour ses travaux de recherche de l'histoire et de la culture des Celtes.

    Une quinzaine d'historiens (Français, Italiens, Allemands) spécialistes de la civilisation celtique de l'Antiquité présentent des articles sur l'art, la religion, la mythologie, l'archéologie du monde celte.
    Cet ouvrage traite aussi des découvertes faites dans les nécropoles : torques, parures annulaires, armes… "
    Enfin, une place importante est réservée au rôle du cheval dans la société celtique.

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  • Le mystère Macron...

    Nous reproduisons ci-dessous entretien avec Alain de Benoist, cueilli sur Boulevard Voltaire, dans lequel il fait le point sur la présidence Macron à mi-parcours de son mandat. Philosophe et essayiste, directeur des revues Nouvelle École et Krisis, Alain de Benoist a récemment publié Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017), Ce que penser veut dire (Rocher, 2017) et Contre le libéralisme (Rocher, 2019).

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    Alain de Benoist : « La descente aux enfers d’Emmanuel Macron est-elle forcément une bonne nouvelle pour Marine Le Pen? »

    Nicolas Gauthier : Le quinquennat Macron n’avait pas trop mal commencé avec l’épisode du Louvre. Mais l’état de grâce n’a pas duré très longtemps et la situation ne cesse de se dégrader, alors même qu’Emmanuel Macron avait affirmé que s’il ne réussissait pas, un ou une populiste lui succéderait à l’Élysée. Cela en prend-il le chemin ?

    Alain de Benoist : En matière d’élection présidentielle, vous le savez bien, toute prédiction faite plus de trois mois avant le scrutin n’a aucune valeur. On peut, en revanche, dresser un rapport d’étape. Tout le monde a longtemps répété qu’en 2022, on allait assister à la répétition de ce qui s’est passé en 2017 : un duel Macron-Marine Le Pen au second tour, avec le résultat qu’on sait. Inutile de s’interroger : c’était plié d’avance. Mais deux nouvelles questions se posent : Macron sera-t-il à nouveau candidat en 2022 ? Et s’il se représente, sera-t-il présent au second tour ? Nous n’en savons rien, bien sûr, mais le simple fait qu’on puisse se poser ces questions montre que beaucoup de choses ont changé. Les gilets jaunes sont passés par là, les grèves aussi. Pour faire adopter ses réformes, Macron a été obligé de passer en force. Après avoir voulu séduire tout le monde, il a déçu partout. On parle régulièrement de sa « baisse de popularité », mais on n’en est même plus là. Nous avons un Président qui ne peut plus mettre un pied en dehors de l’Élysée sans se heurter à des manifestants qui exigent sa démission en brandissant, en effigie pour l’instant, sa tête au bout d’une pique ! Chirac, Giscard, Hollande, Sarkozy ont pu être impopulaires. Macron n’est pas seulement impopulaire, il est détesté, exécré, haï des Français à un degré rarement vu. Il n’est donc pas certain qu’il veuille (ou puisse) se représenter, ni qu’il soit présent au second tour s’il le faisait. Ajoutons, puisqu’il a été mis en place pour adapter la France aux exigences de la mondialisation libérale, que ceux qui l’ont patronné se disent peut-être aussi qu’ils n’ont pas misé sur le bon cheval et qu’il serait peut-être temps d’en trouver un autre.

    Est-ce une bonne nouvelle pour Marine Le Pen ? Je ne le pense pas. Elle a tout intérêt, en effet, à avoir face à elle, au second tour, un homme discrédité et détesté par le peuple plutôt qu’un concurrent qui, n’ayant jamais accédé à la charge suprême, aura toujours la possibilité de multiplier les promesses et de ratisser large entre les deux tours. Un Xavier Bertrand, une Ségolène Royal, un Yannick Jadot, une Rachida Dati, un François Baroin ou n’importe quel(le) autre candidat(e) de ce calibre l’emporterait sans doute plus facilement contre Marine Le Pen que ne le ferait Macron, même si le « plafond de verre » auquel elle s’est longtemps heurtée a déjà commencé à se lézarder. D’où une troisième question : du point de vue de Marine Le Pen, quelle est la personnalité, mis à part Macron, face à laquelle elle pourrait avoir le plus de chances de l’emporter ?

    Emmanuel Macron prétendait aussi être le candidat du « nouveau monde ». Maintenant qu’il a dépassé son mi-mandat, qu’avons-nous appris sur ce monde-là et sur lui-même ?

    J’ai déjà eu l’occasion de le dire : il y a un mystère Macron. Chirac, Sarkozy, Hollande, chacun dans son style, n’avaient rien de mystérieux. Il suffisait de les observer un peu pour savoir à quoi s’en tenir sur leur compte. Avec Macron, c’est autre chose. Ses ressorts intimes sont cachés, et l’on ne sait pas, au fond, ce qui le meut. Même ses relations avec sa maternelle épouse sont un mystère. Sous la surface lisse comme une image de synthèse, on ignore tout de sa machinerie intérieure et de ses évidents troubles de la personnalité. On peut lui trouver une tête de gendre idéal, lui reconnaître une bonne mémoire et une excellente connaissance technique des dossiers, voire un certain talent oratoire, on ne parvient pas à trouver qu’il était taillé pour le poste, alors qu’il serait parfait derrière un guichet de banque ou dans le rôle d’un DRH chargé d’annoncer au personnel un nouveau plan de licenciements. L’impression qui domine est que la politique, au fond, lui est tout aussi étrangère que la culture du pays qu’il est censé diriger. Que ce soit en France ou dans le monde, cet homme à la fois hautain, méprisant et bavard ne comprend pas ce qui se passe. Il gère (mal), il communique (mal), il réprime (brutalement), il supprime la liberté d’expression (efficacement) mais il ne gouverne pas.

    C’est un Président narcissique qui n’a ni ami ni homme de confiance – puisqu’il ne fait confiance à personne. Qui a de l’influence sur lui ? Brigitte peut-être, personne d’autre. Entouré de députés inconsistants et de ministres de circonstance, il ne sait pas choisir ses collaborateurs, comme en témoignent l’affaire Benalla et la multiplication des départs au sein de son entourage. Mieux encore, c’est le premier président de la République qui n’a pas su attirer à lui la moindre personnalité dotée d’une carrure d’homme d’État. Il s’est entouré d’une majorité de transparents anonymes condamnés à le rester (Cédric O, Franck Riester), parmi lesquels bon nombre de médiocres et d’incultes, de ridicules ou de grotesques, de François de Rugy (« Homard m’a tué ») à Benjamin Griveaux (« Paris m’habite ») en passant par Agnès Buzyn (coronavirée), le Castaner de l’Intérieur ou la Belloubet de la Justice, sans oublier Sibeth. Qui peut prendre au sérieux pareille équipe de Branquignols ?

    Peut-on néanmoins mettre à son crédit une esquisse d’ambition politique européenne, que ce soit avec l’Allemagne ou la Russie, l’Iran ou les États-Unis ?

    Il en est resté, précisément, au stade de l’esquisse, qui chez lui prend la forme d’une série d’hésitations et se traduit par des inconséquences. C’est la marque d’une absence totale de vision des choses. En Europe, où il s’est brouillé avec la moitié des gouvernements, après avoir cherché à associer Angela Merkel à ses projets de « refondation » européenne, il n’a cessé de se heurter aux rebuffades de la chancelière, qui a vite évalué le personnage, mais il n’en a pas tiré les leçons. Il a fait sensation en déclarant l’OTAN en état de « mort cérébrale » sans comprendre que l’OTAN pèse toujours de tout son poids et que c’est bien, plutôt, l’Union européenne qui est en état de mort cérébrale. Il a paru comprendre qu’il était de l’intérêt de la France de se rapprocher de l’axe Moscou-Damas-Téhéran, mais il n’a pas fait le moindre geste pour s’opposer aux sanctions absurdes qui frappent ces trois pays. Tout récemment, il est encore allé en Allemagne pour dénoncer les entreprises de « déstabilisation » qu’il attribue à la Russie, montrant par là qu’en dépit de ses divergences avec Trump, il reste plus que jamais le fidèle vassal des Américains. Comment s’étonner, là encore, qu’on ne le prenne au sérieux ni à Moscou ni à Washington ni à Pékin ?

    Alain de Benoist, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 23 février 2020)

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