Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Métapo infos - Page 1593

  • Maternelle, ton univers impitoyable !...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Natacha Polony, publié sur son blog Eloge de la transmission et consacré à l'instauration d'une évaluation en classe de grande section de maternelle. Une mesure qui ne fait qu'illustrer la crise de notre système éducatif dans sa globalité...

     

    maternelle 2.jpg

     

    Maternelle, ton univers impitoyable

    Le monde éducatif est en ébullition. Une fois de plus, sont convoquées les « heures les plus sombres de notre histoire », le « fichage » et le « tri », la « stigmatisation ». Le ton est dramatique, les fronts sont plissés, les voix altérées par l’émotion. D’autant plus qu’il s’agit cette fois d’enfants de maternelle. Ce que nous avons de plus cher. L’innocence même.

    Quel est donc ce texte ministériel porteur de noirs desseins ? Le protocole qui met en émoi syndicats et fédérations de parents fut présenté jeudi matin par la direction de l’enseignement scolaire à des inspecteurs de l’Education Nationale. Il préconise des évaluations pour les élèves de grande section de maternelle. Des évaluations destinées à repérer les élèves « à risque » ou « à haut risque » dans quatre domaines, comportement (joue-t-il avec les autres, exécute-t-il le travail prescrit … ?), langage (prononce-t-il correctement, sait-il construire des phrases complexes… ?), motricité (sait-il découper des formes… ?) et conscience phonologique (sait-il distinguer les sons, a-t-il conscience de la structuration de la langue en phonèmes ?). Bref, tout ce qui détermine la capacité de l’enfant à devenir un élève de CP, apprendre à lire et écrire, à se concentrer… L’idée est de repérer dès le mois de novembre les enfants en difficulté, pour utiliser les heures d’aide personnalisée afin de combler leur lacunes et de remédier à leurs problèmes.

    La crispation du milieu éducatif se focalise sur divers points : les uns accusent les exercices répétitifs proposés pour faire travailler les élèves en difficulté d’être « normatifs », ce qui vaut condamnation immédiate. Les autres font remarquer que l’évaluation du comportement apparaît en premier dans le document du ministère ; entendez que l’on veut repérer – et « ficher » - les élèves « déviants », dans la droite ligne du rapport de l’Inserm de septembre 2005 sur le repérage des « troubles de conduite » dès trois ans. A cet âge, répondent syndicats et psychologues, il peut s’agir d’un simple retard de maturité. Et le destin d’un enfant n’est pas scellé dès la maternelle.

    Les arguments sont recevables. Et le rapport de l’Inserm, fondé sur les outils de la psychologie behavioriste américaine semblaient réduire l’appréhension de l’humain à une dimension purement mécaniste. Pour autant, l’évaluation proposée par le ministère peut-elle être assimilée à ce genre de démarche ? La Direction générale de l’enseignement scolaire se défend de toute volonté « stigmatisante » et fait valoir que ce protocole s’appuie sur les travaux de Michel Zorman, du laboratoire de Sciences de l’Education de Grenoble, nouvelle référence éducative depuis que l’Institut Montaigne s’est chargé de mettre en avant ses expérimentations. Ajoutons à cela le « modèle québequois », en passe de remplacer le modèle finlandais dans le cœur des décideurs, et l’on comprend la filiation du projet.

    Le problème vient sans doute du fait que ces évaluations qui surgissent à tous les niveaux de l’Education Nationale emploient le vocabulaire de la « performance », des « scores » et des « items » chers au management. Les protocoles normalisés envahissent un domaine où, plus que partout ailleurs, l’humain devrait primer. L’humain, c’est-à-dire l’appréhension de la personne dans sa globalité, comme porteur d’une histoire à la fois collective et individuelle, loin de tout systématisme.

    Mais les belles âmes qui s’insurgent oublient trop souvent que cette évaluationnite aigüe qui saisit l’Education Nationale – comme chaque strate des sociétés occidentales – se nourrit de la destruction des savoir-faire anciens, en l’occurrence du métier d’instituteur (ah, la belle alliance objective des pédagos libertaires et des libéraux modernistes…). Il est de bon ton de couper court à toute discussion sur l’état de la maternelle d’un lapidaire : « le monde entier nous l’envie ! » Un peu succinct. D’autant que les difficultés que rencontrent les élèves dans l’apprentissage de la lecture, et qu’ils traineront tout au long de leur vie (des futurs illettrés à tous ceux, plus discrets, qui n’accèderont simplement jamais au statut de lecteur par plaisir), ces difficultés sont sans doute le résultat, non seulement des dérèglements sociaux importés dans l'école (précarité, omniprésence des écrans et absence de repères), mais aussi de méthodes défaillantes dans les petites classes. Activités qui échouent à cadrer dès le matin les enfants, à leur apprendre la concentration et le calme, privilège donné à l’« autonomie » des enfants plutôt qu’à la capacité à respecter des règles…

    Quelques rares instituteurs se sont élevés contre les carences de formation des jeunes professeurs de maternelle, et contre la déperdition d’un savoir-faire essentiel. Les avoir traités d’affreux réactionnaires ne suffit pas à occulter les échecs d’une école qui médicalise progressivement son incapacité à éduquer, inventant des cohortes d’« hyperactifs », de « dyslexiques » et autres « dyscalculiques ». Car les carences d’apprentissage en maternelle ont ceci de formidable qu’elles ne se voient que plusieurs années plus tard, quand les difficultés s’accumulent. Ni responsables ni coupables (d'aucuns s'évertuent à s'en émouvoir dans l'indifférence générale). La démarche de la Direction générale de l’enseignement scolaire a du moins le mérite de s’inquiéter de ce qui se passe dès le début de la scolarité, là où – chaque professeur un tant soit peu honnête le sait – on pressent les difficultés de certains enfants. Il est déplorable qu’elle s’appuie sur un petit remplissage de cases, réduisant à néant ce qu’on appelait autrefois l’ « intelligence du métier ». Mais cette intelligence-là se porte mal depuis bien longtemps déjà. Et de ne pas s’en préoccuper, de le nier même farouchement, on ouvre la voie à des protocoles « scientifiques » contestables, mais qui ne sauraient être franchement pires que le néant actuel.

    Natacha Polony (Eloge de la transmission, 14 octobre 2011)

    Lien permanent Catégories : Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • Une renaissance mythologique à l'ère digitale ?...

    « L'animalité revient à pas de loup au fur et à mesure que la jungle digitale gagne du terrain. »

    Les éditions Bourin viennent de publier Ren@issance mythologique - L'imaginaire et les mythes à l'ère digitale, un essai de Thomas Jamet, préfacé par Michel Maffesoli. De la pop sociologie qui part dans tous les sens, mais beaucoup d'intuitions intéressantes et d'idées amusantes !

     

    Renaissance mythologique.jpg

    Internet, téléphone mobile, jeux vidéo, réseaux sociaux : la mutation digitale est aussi celle, radicale, de notre quotidien. Mais pas seulement : les nouvelles technologies nous incitent à retrouver instinctivement des réflexes archaïques qui ne nous ont jamais quittés. Notre quotidien est riche de résurgences des plus grands mythes : Lady Gaga recrée le personnage de la déesse-mère, Facebook le forum des civilisations antiques, les consoles de jeux Wii ou Kinect des moments de transe chamanique, tandis que l’iPad, les écrans tactiles ou encore l’étonnant réveil des vampires de Twilight nous renvoient à notre propre animalité.
    De manière savoureuse et perspicace, Thomas Jamet nous permet de mieux comprendre les tendances du moment grâce à un décryptage pop et post-moderne des nouvelles technologies. Grâce à lui, nous comprenons que nous vivons les prémices d’une réinvention du monde qui prend sa source dans l’imaginaire collectif.
     
    Table des matières :

    Préface de Michel Maffesoli : L’archaïsme revisité

    Avant-Propos : N’ayons pas peur
    Nouveaux médias, par-delà le bien et le mal / Le digital, une nouvelle réalité postmoderne / Ren@issance / Retour aux mythes / Storytellings mythologiques (Schwarzenegger et Star Wars) / Éternels retours

    Chapitre premier – Le retour aux autres
    L’universalité de la sociabilité humaine et les mythes / Le monde a toujours été virtuel / Le mythe de Tron / Google et l’économie relationnelle / Les médias digitaux, le rêve des mystiques / Facebook, le Léviathan / Twitter, la figure mythique du tragique / Foursquare, le retour du lieu mythologique

    Chapitre II – La fête archaïque
    Ambiance dionysiaque / Homo Ludens, la revanche du réel / Foules sentimentales / Transcendances postmodernes (le rock, la musique du Diable, Lady Gaga, la déesse-mère, les mèmes et le Diable, l‘anti-art et le digital)

    Chapitre III – La pulsion digitale
    Pulsion digitale, animalité et mythe / Tactile, vision et concupiscence / L’érotique du net (Pornographie et sacrifice, Extimité et nudité, Apple, le péché originel, Wikipédia, l’arbre de la connaissance, Wikileaks, le strip-tease et la mort du secret, Publicité, marques, mythes et désirs)

    Chapitre IV – L’attrait du sauvage
    La sauvagerie à l’ère digitale / Retour à l’animal / Les monstres antiques et modernes : de la Bête du Gévaudan à Ben Laden / Rites initiatiques et « digital natives » / Trois miroirs mythologiques du monstrueux : le vampire, le zombie et l’OVNI

    Conclusion : Quel avenir pour les mythes ?
    Technologie et risques / L’homme prévaudra, malgré tout / Cinq paris pour l’avenir

    Petite Bibliographie Mythologique

    Lien permanent Catégories : Livres 0 commentaire Pin it!
  • L'essor du séparatisme culturel...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue du géographe Christophe Guilluy, publié dans le quotidien Le Monde à la suite de la parution du rapport de l'Institut Montaigne sur les banlieux. Christophe Guilluy est l'auteur d'un essai percutant intitulé Fractures françaises (Bourin, 2010)  et consacré  à la crise profonde du "vivre ensemble" dans la France d'aujourd'hui.

     

    CRAN.jpg

     

    La fable de la mixité culturelle

    Plus que son contenu, c'est d'abord la surmédiatisation du rapport de l'Institut Montaigne qui est frappante. Le constat, celui d'une forme d'islamisation de certains territoires, n'est pas véritablement une découverte. On rappellera à ce titre que le rapport Obin de l'éducation nationale montrait déjà, en 2004, le débordement dans l'espace public des pratiques communautaires dans les établissements scolaires situés dans des communes à forte population musulmane.

    Rien de bien nouveau donc, le problème est en réalité sur la table depuis au moins dix ans. Cette question culturelle et identitaire est d'abord le fruit d'une dynamique démographique. La question de l'islam ne serait pas aussi présente si elle ne s'inscrivait pas dans un contexte démographique, celui de la croissance forte et récente du nombre des musulmans en France et en Europe.

    Rappelons ici que les communes ciblées par l'Institut Montaigne se caractérisent d'abord par une transformation démographique sans précédent. Entre 1968 et 2005, la part des jeunes d'origine étrangère (dont au moins un parent est né à l'étranger) est passée de 22 % à 76 % à Clichy-sous-bois et de 29 % à 55 % à Montfermeil. Ce basculement démographique est un point fondamental. Une majorité de ces jeunes est musulmane ou d'origine musulmane.

    La visibilité de l'islam et de ses pratiques est ainsi directement liée à l'importance de la dynamique démographique : flux migratoires et accroissement naturel. La question est d'autant plus sensible qu'elle s'inscrit dans un contexte démographique instable où les "minorités" peuvent devenir majoritaires et inversement. Sur certains territoires, les populations d'origine musulmane sont donc devenues majoritaires. C'est le cas à Clichy et Montfermeil. La passion qui entoure les débats sur l'islam est directement liée à la croissance du nombre de musulmans. La question du débordement des pratiques religieuses interroge l'ensemble des Français musulmans ou non.

    Au-delà, ce débat interroge aussi la question du multiculturalisme. Ainsi, si l'on remplaçait demain les 6 millions de musulmans par 6 millions de sikhs, les controverses sur le port du kirpan (comme cela a été le cas au Québec), poignard mais aussi symbole religieux pour la communauté sikh, se multiplieraient.

    L'importance des réactions suscitées par le rapport Kepel révèle en filigrane le malaise de la société française face au surgissement d'une société multiculturelle encore impensée. Il faut dire que, en la matière, nous nous sommes beaucoup menti. Convaincus de la supériorité du modèle républicain, en comparaison du modèle communautariste anglo-saxon, nous nous sommes longtemps bercés d'illusions sur la capacité de la République à poursuivre, comme c'était le cas par le passé, "l'assimilation républicaine".

    La réalité est que, depuis la fin des années 1970, ce modèle assimilationniste a été abandonné quand l'immigration a changé de nature en devenant familiale et extra-européenne (pour beaucoup originaire de pays musulmans). Alors que l'on continuait à s'enorgueillir du niveau des mariages mixtes, les pratiques d'évitement explosaient.

    Aujourd'hui, le séparatisme culturel est la norme. Il ne s'agit pas seulement d'un séparatisme social mais d'abord d'un séparatisme culturel. Pire, il frappe au coeur des classes populaires. Désormais, les classes populaires d'origine étrangère et d'origine française et d'immigration ancienne ne vivent plus sur les mêmes territoires. Les stratégies résidentielles ou scolaires concernent une majorité de Français, tous cherchent à ériger des frontières culturelles invisibles. Dans ce contexte, la fable des mariages mixtes ne convainc plus grand monde et ce d'autant plus que les chiffres les plus récents indiquent un renforcement de l'endogamie et singulièrement de l'homogamie religieuse.

    La promesse républicaine qui voulait que "l'autre", avec le temps, se fondît dans un même ensemble culturel, a vécu. Dans une société multiculturelle, "l'autre" reste "l'autre". Cela ne veut pas dire "l'ennemi" ou "l'étranger", cela signifie que sur un territoire donné l'environnement culturel des gens peut changer et que l'on peut devenir culturellement minoritaire. C'est ce constat, pour partie occulté, qui explique la montée des partis populistes dans l'ensemble des pays européens.

    Si le rapport Kepel est "dérangeant", c'est d'abord parce qu'il nous parle d'un malaise identitaire qui touche désormais une majorité de Français. A ce titre, il faut relever l'importance de cette question pour l'ensemble des classes populaires d'origine française ou étrangère. C'est dans ce contexte qu'il faut lire la montée de l'abstention et de la défiance pour les grands partis aussi bien en banlieue que dans les espaces périurbains, ruraux et industriels.

    Si un islam identitaire travaille les banlieues, l'adhésion pour les thèses frontistes d'une part majoritaire des classes populaires de la France périphérique souligne que la question sociale est désormais inséparable de la question culturelle.

    Christophe Guilluy (Le Monde, 14 octobre 2011)

    Lien permanent Catégories : Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • Tour d'horizon... (15)

    tora-tora-tora.jpg

    Au sommaire :

    - sur le site du quotidien Le Monde, la démographe Michèle Tribalat souligne le poids croissant de l'islam dans notre pays...

    L'islam reste une menace

    Prières de rue.jpg

     - sur Metamag, Julien Peyrie s'interroge sur le phénomène "Arnaud Montebourg"...

    Le mousquetaire Montebourg

    Montebourg.jpg

    Lien permanent Catégories : Tour d'horizon 0 commentaire Pin it!
  • Mettre au pas les marchés financiers !...

    Dans cette chronique, mise en ligne sur Realpolitik.tv,  Hervé Juvin revient sur la crise qui secoue les marchés financiers et souligne la necessité urgente de leur redonner une place subordonnée à l'économie réelle...

     


    L'organisation des marchés au service de la... par realpolitiktv

    Lien permanent Catégories : Economie, Multimédia 0 commentaire Pin it!
  • Mort pour l'Irlande !...

    Les éditions Gallimard viennent de publier Le rêve du Celte, le dernier roman de Mario Vargas Llosa, prix Nobel de littérature 2010, qui est consacré à Sir Roger Casement, ancien diplomate britannique devenu célèbre pour son combat contre le colonialisme et sa  conversion à la cause du nationalisme irlandais. Arrêté quelques jours avant le déclenchement du soulèvement de Pâques 1916, alors qu'il avait établi des contacts avec le gouvernement allemand, il a été condamné à mort pour haute trahison et pendu le 3 août de la même année à la prison de Pentonville, à Londres.

     

    Rêve du celte.jpg

    "Le thème central de ce roman, conduit au rythme haletant des expéditions et des rencontres du protagoniste, est la dénonciation de la monstrueuse exploitation de l’homme par l’homme dans les forêts du Congo, alors propriété privée du roi Léopold II de Belgique, et dans l’Amazonie péruvienne, chasse gardée des comptoirs britanniques jusqu’au début du XXe siècle. Personnage controversé, intransigeant, peu commode, auteur d’un célèbre rapport sur l’Afrique qui porte son nom, l’aventurier et révolutionnaire irlandais Roger Casement (1864-1916) découvre au fil de ses voyages l’injustice sociale mais également les méfaits du colonialisme qu’il saura voir aussi dans son propre pays. Au rêve d’un monde sans colonies qui guidera son combat, viendra ainsi s’ajouter, comme son prolongement nécessaire, celui d’une Irlande indépendante. Tous les deux vont marquer la trajectoire de cet homme intègre et passionné dont l’action humanitaire deviendra vite une référence incontournable mais dont l’action politique le conduira à mourir tragiquement dans la disgrâce et l’oubli."

    Lien permanent Catégories : Livres 0 commentaire Pin it!