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Métapo infos - Page 1594

  • Aux sources de la décroissance...

    Les éditions Parangon/Vs viennent de publier le dixième numéro d'Entropia, la revue d'étude théorique et politique de la décroissance. Cette revue semestrielle, animée par Serge Latouche, s'intéresse cette fois-ci aux sources intellectuelles de la décroissance.

     

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    L’intérêt croissant qui semble se manifester dans l’opinion pour l’idée de décroissance n’est pas dénué d’ambiguïtés, de contresens ou de mauvaise foi. C’est pourquoi il est nécessaire de revenir aux sources de cette idée dont les premiers germes parcourent les siècles, d’Épicure à François d’Assise et Thoreau. Toutefois, les textes rassemblés ici ne prétendent certainement pas à l’exhaustivité. Ils portent essentiellement sur un choix de dissidences, de dissonances et de ruptures advenues dans la pensée depuis la naissance de la civilisation thermo-industrielle. Par rapport aux diverses formes prises par l’idéologie dominante mythifiant le progrès et les bienfaits du « confort », une petite minorité de penseurs engagés contre une évolution suicidaire de la modernité n’a cessé de se manifester. Revisiter les sources de la décroissance, c’est aussi rendre hommage aux pionniers qui nous permettent aujourd’hui de poursuivre cette interminable quête du sens à donner à l’aventure humaine, décidément irréductible à l’extension sans limites de ses prédations.

     

    Sommaire

    Avis. Jean-Claude Besson-Girard ... 3 (lire en ligne)
    La métaphore des sources. Jean-Claude Besson-Girard ... 5

    Dissidences ... 13
    Le luddisme et ses avatars. François Jarrige ... 15
    William Morris,ou l’utopie réalisée. Serge Latouche ... 25
    Le droit à la paresse contre le droit au travail. Arnaud du Crest ... 37
    Socialismes et utopies, ressources de la décroissance. Michel Lepesant ... 45

    Dissonances ... 57
    Une subversion jubilatoire. Aurélien Cohen ... 59
    Tombeau de Ludwig Boltzmann. Michel Guet ... 69
    Le malentendu Giono. Édouard Schalchli ... 79
    Au sortir de l’asphyxie des Trente glorieuses. Simon Charbonneau ... 92

    Ruptures ... 99
    De Günther Anders à l’obsolescence de la décroissance. Philippe Gruca ... 101
    De Meadows à Mansholt : L’invention du « zégisme ». Timothée Duverger ... 114
    Survivre… et Vivre ! : une critique de la science aux origines de l’écologie. Céline Pessis ... 124
    Nicholas Georgescu-Roegen et le « message terrestre » de la décroissance. Jacques Grinevald ... 135

    Hors champ ... 155
    La précaution est-elle notre avenir ? Geneviève Decrop ... 157
    Une fausse solution. Frédéric Durand ... 172
    Réhabiliter la peur. Chantal Guillaume ... 188
    Relocalisation : non suffisante, mais nécessaire. Jean Monestier ... 199
    Une heure de plus dans le train. Yann Raison du Cleuziou ... 208

    Notes de lecture ... 217

      

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  • Pass contraception : just do it !...

    La mise en place d'un "pass contraception" à destination des lycéennes d'Ile-de-France nous permet de lire un excellent billet d'humeur, publié sur Causeur et signé par François Taillandier. On retrouve la plume acérée de l'auteur des Parents lâcheurs (Rocher, 2001).

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    Pass contraception : just do it !

    Le collectivisme totalitaire vient de faire un grand pas en avant dans ce pays, avec l’annonce triomphale, claironnée d’un commun accord par Jean-Paul Huchon, président de la région Ile-de-France, et Luc Chatel, ministre de l’Éducation (enfin, de ce qu’on croyait être l’Éducation), de l’instauration dans tous nos lycées du « pass contraception ».

    On ne s’étendra pas sur cette dénomination qui d’emblée assimile la vie affective et amoureuse de nos adolescent(e)s à l’utilisation du métro et du RER. On peut s’attarder un peu plus sur la parfaite entente qui s’est instaurée pour l’occasion entre deux responsables politiques qu’on croyait encore adversaires : le parti unique n’est pas pour demain, mais on y travaille. Et paix sur terre aux hommes de bonne volonté !

    La bonne volonté est incontestablement au rendez-vous. On ne pouvait pas indéfiniment accepter d’un cœur léger que se perpétue une boucherie annuelle de plus de treize mille IVG pratiquées sur des jeunes filles mineures. C’est un droit, l’IVG, donc c’est beau, l’IVG, mais quand même, à quinze ou seize ans, on a vaguement l’intuition que ce n’est peut-être pas terrible. Il est vrai que nos adolescentes semblent plus modérées ou plus débrouillardes que les grandes, car avec ces dernières, on arrive à deux cent mille. Suggérons donc d’instaurer le « pass contraception » pour tous jusqu’à la ménopause ou l’andropause.

    Bref, il fallait réagir ; c’est chose faite. Nos gamines de seconde n’auront qu’à se rendre à l’infirmerie du lycée, pendant la récré, entre le cours de français et celui de maths, pour obtenir leur kit de non-procréation. (Encore qu’il n’en ait guère été question, je suppose et veux croire que la puissance publique n’a pas oublié les MST en chemin, la pilule étant, à ce qu’il me semble, assez peu efficace contre la contamination par le VIH.) Et tout ira pour le mieux, d’autant plus que les parents n’auront plus à s’en mêler. Ça les soulagera, ces pauvres parents, et de toute façon, on le savait déjà à Sparte, ce n’est pas aux parents de s’occuper d’élever leurs enfants, de veiller à leur santé, à leur équilibre, à leurs occupations et fréquentations. C’est à la collectivité sociale de prendre tout cela en charge. L’enjeu est trop grave. Il s’agit d’édicter des règles pour le parc humain. Nos responsables ont lu Peter Sloterdijk, et ils ont su faire la part entre ce qui relève, chez ce philosophe, d’une ironie tout à fait malséante, et ce que sa pensée pouvait offrir d’utile. La pensée de Sloterdijk a été en quelque sorte rééduquée et mise à profit dans l’intérêt de tous. Cet homme avait raison sans le savoir, peut-être. Nos politiques ont su remettre sa dialectique à l’endroit. Marchons d’un pas résolu vers la stabulation libre.

    Il faudra bien entendu combattre également, chez ces jeunes êtres en formation, ces garçons timides à qui l’amour fiche le trac, ces petites filles déjà jolies qui rêvent du Prince charmant, toute trace de romantisme, d’hésitation, de pudeur, de réserve. On n’allait pas leur parler indéfiniment de leur sensibilité, de leurs rêves, de leurs désirs, de leurs questionnements, de leurs émerveillements, de leurs cœurs qui battent, de tout ce vieux saint-frusquin hors d’usage dans une société pragmatique. On n’allait pas éternellement cultiver ces longues rêveries sur l’amour qui ne sont que la vitrine poétisée du vieux moralisme judéo-chrétien. On n’allait pas leur dire, à ces gosses, que peut-être, à leur âge, elles avaient le temps, et qu’il n’est pas mauvais, avec les garçons, de leur tenir un peu la dragée haute. Fini, tout ça ! La sexualité, c’est la sexualité, rien de plus. Ça ne se rêve pas, ça se réalise. Just do it ! Dans les règles de l’hygiène. Est-ce qu’on fait tant de manières avec les animaux d’élevage ?

    François Taillandier (Causeur, 11 mai 2011)

     

     

     

     

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  • Le son de la technopole...

    "Le lieu commun de la techno, née dans les cités industrielles désaffectées – Detroit, Manchester, Düsseldorf, Berlin ou Sheffield – a fait d’elle une réponse festive et subversive au silence des usines. « Dans cette ville sinistrée [NDA : Detroit], la techno va tenter de renverser la vapeur et de devenir la bande sonore d’un monde imaginaire où l’homme tirerait profit de la machine plutôt que de s’y aliéner. » En fait d’imaginaire, rien n’est plus réel, planifié et organisé que la relève post-industrielle, dont les technopoles sont à la fois le modèle et les têtes de pont. C’est au moment de leur expansion, en Europe notamment, qu’émerge la techno. Non seulement les beats électroniques ne suppriment en rien l’aliénation à la machine, mais ils accompagnent l’émergence du capitalisme high-tech, partageant sa soumission à la tyrannie technologique, son projet de monde hors-sol et sa fabrique de l’homme-machine post-moderne, qu’ils acclimatent à son nouveau statut sous la bannière publicitaire de la fête."

     

    Les éditions de l'Echappée viennent de publier un nouvel essai du collectif grenoblois Pièces et main d'oeuvre consacré à la musique techno et intitulé Techno - Le son de la technopole.

     

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    "Technopoles, habitat des nouvelles élites, ingénieurs, techniciens, chercheurs ; parcs des nouvelles technologies, robotique, biotech, informatique. Partout, depuis les années 1980, prolifèrent les colonies de la cyberville globale, postes avancés du techno-monde unifié. À cette époque triomphale de l'histoire du machinisme, et à ces hommes-machines si bien de leur temps, il fallait nécessairement une bande-son, expression et célébration de cette fierté machinale, du besoin de donner la cadence et d'y régler leurs organismes, et peut-être de celui de s'éclater, se défoncer, se déchirer, afin de fuir dans la possession leur mécanique condition post-moderne. Sans blague. Entre techno-musique et technopole, il y a bien davantage qu'un préfixe."


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  • Affaire Strauss-Kahn : des complices politiques et médiatiques ?...

    Nous reproduisons ce point de vue sans concession de Marc Georges, publié sur Media Libre, à propos de l'affaire Strauss-Kahn. Un texte réaliste et modéré... Si on en doute, on peut prendre connaissance de la charge violente du député UMP de Paris, Bernard Debré,  sur son blog...

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    Affaire Strauss-Kahn : des complices politiques et médiatiques

    L’affaire de l’inculpation de Dominique Strauss Kahn, pour tentative de viol et séquestration, d’une jeune femme de trente deux ans dans un palace new-yorkais, a paraît-il « sidéré » bon nombre de Français. Pourtant, le fait que le Président du FMI soit un individu ayant un comportement pathologique avec les femmes est un fait connu de la classe politico-médiatique. Non seulement parce qu’il a fréquenté des endroits célèbres incompatibles avec ses responsabilités, mais également parce que ce n’est pas la première fois qu’il use de la violence pour assouvir son appétit sexuel.

    Il y a tout juste trois semaines, Médialibre publiait une vidéo commentée de la jeune journaliste Tristane Banon, qui s’était exprimée très librement lors d’une émission de Thierry Ardisson sur Paris Première, intitulée « 93 faubourg Saint Honoré ». Elle y relatait la tentative de viol dont elle avait été victime par DSK, et ce en présence de plusieurs personnalités médiatiques, en l’occurrence Jacques Séguéla, Thierry Saussez (ancien conseiller en communication de Sarkozy) Jean-Michel Apathie (RTL et Le Grand Journal) Roger Hanin (beau frère de François Mitterrand), Claude Askolovitch (Europe 1) et Hedwige Chevrillon (BFM). Médialibre affirmait en commentaire qu’il était bien peu probable que le mari d’Anne Sinclair soit candidat à la présidentielle compte tenu des casseroles qui étaient les siennes.

    Si aujourd’hui nombre de média parlent de cette vidéo -sans citer Médialibre- aucun ne l’a fait à l’époque, et aucune des personnalités présentes lors de l’émission n’en a jamais parlé en public. Mais en privé si. La quasi-totalité de la classe politico-médiatique savait, tout comme elle connaissait le passé de François Mitterrand sous l’occupation dans les année 80. Or si ces gens avaient fait leur travail, s’ils avaient fait leur devoir, non seulement Dominique Strauss Kahn aurait été sanctionné et éloigné de la vie politique depuis belle lurette, mais ils auraient sans doute évité à cette jeune américaine -et qui sait, à d’autres- cette agression. Ils auraient par la même occasion évité à la France l’humiliation et le déshonneur qui résulte de cette sordide affaire.

    D’autant que dans cette émission, la jeune femme ne se contentait pas de raconter sa tentative de viol, mais expliquait aussi que les policiers qu’elle avait rencontrés avant de renoncer à porter plainte, l’avaient informée de ce que de nombreux autres cas mettant en cause le même maniaque sexuel existaient.

    Aussi ce n’est pas seulement la responsabilité de l’ancien Ministre des Finances qu’il convient de dénoncer, mais également celle de ses complices, et donc de l’ensemble de la caste politico-médiatique, qui fonctionne comme une véritable mafia, avec sa loi du silence, l’omerta, conséquence d’un mélange de peur et de complicité. Même la mère de de la jeune femme, Anne Mansouret, candidate à la primaire socialiste (!) avait dissuadé sa fille de porter plainte, et tente aujourd’hui de nous émouvoir avec ses « regrets ».

    Le retrait désormais inévitable de DSK, après celui de Besancenot et l’entrée en lice de Chevènement, s’il vient ridiculiser la classe médiatique, sa propagande sondagière, et quelques « dissidents utiles », n’est sans doute pas la dernière surprise de 2012. Mais cette heureuse nouvelle ne doit pas nous faire oublier que ce n’est pas seulement d’Al Capone dont nous devons nous débarasser, mais de toute la mafia.

    Marc Georges (Media Libre, 16 mai 2011)
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  • Un brûlot de Richard Millet...

    "Il ne s'agit donc ici que de savoir ce qu'il advient du sens de la nation et de mon identité devant une immigration extra-européenne qui la conteste comme valeur et qui, disons-le tout de go, ne peut que la détruire, non pas avec l'intention de le faire mais parce que l'illimitation de son nombre et son assentiment aux diktats du libéralisme international rencontrent cette terrible fatigue du sens qui affecte les Européens de souche."

    "Comment être le citoyen d'un pays dont Yannick Noah est la "personnalité préférée" ? Comment expliquer l'immense dégoût qui m'envahit devant cet histrion du Bien, miroir de l'insignifiance française, symbole de l'idéologie mondialiste : sportif, métis, chanteur de variétés, bienfaiteur de l'humanité, donneur de leçon, parfaite expression de la niaiserie perverse du Culturel. Comment se sentir européen ou occidental ou même citoyen d'un monde ou les autres personnalités exemplaires sont Lady Diana, Michael Jackson, Usain Bolt, Obama, le président-gadget de l'idéologie mondialiste ?"

     

    Les éditions Pierre-Guillaume de Roux viennent de publier un essai particulièrement incisif de Richard Millet intitulé Fatigue du sens. Avec Désenchantement dans la littérature (Gallimard, 2007) et L'opprobre (Gallimard, 2008), l'auteur avait déjà déclenché une violente polémique dans le milieu littéraire. A suivre...

     

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    "Comment peut-on encore être Français , quand l’immigration de masse ne permet plus l’assimilation des nouveaux venus, quand les Français de souche renient eux-mêmes leurs traditions pour épouser le conformisme du consumérisme mondialisé, quand le droit à être Français et la tentation du communautarisme l’emportent sur l’aspiration à un destin national, quand enfin la France n’est plus qu’un nom que nous froissons au fond de notre mémoire, pressés de sacrifier notre héritage chrétien et notre langue au relativisme culturel ?

             Derrière cette fatigue, derrière cette faillite à être soi-même, c’est bien l’effondrement des valeurs  les plus hautes qui est à l’œuvre. Une dignité trahie qu’achève de terrasser l’immigration extra-européenne sous un flux grandissant et hostile à tout enracinement.

    Comment dès lors savoir ce que nous sommes et où nous allons, si nous persistons à nier d’où nous venons ?"

     

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  • Vote ouvrier et crise criminelle...

    Nous reproduisons ci-dessous ce point de vue de Xavier Raufer paru dans l'hebdomadaire Valeurs actuelles. Un point de vue intéressant car l'auteur, criminologue de son état, s'adresse à ses "bons amis" les dirigeants de la droite et leur livre une analyse qui souligne cruellement leur échec patent dans la lutte contre la criminalité...

     

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    Vote ouvrier et crise criminelle

    Dans la culture chinoise, la notion de “bon ami” est cruciale car elle permet la vie sociale : entre “bons amis”, on se dit tout, la franchise est de rigueur. Adoptons donc cette culture millénaire et parlons franc, entre bons amis, aux dirigeants de la droite. Qu’à la future élection présidentielle, 36 % des ouvriers disent vouloir voter pour Marine Le Pen – la presse parle même de “plébiscite ouvrier” – n’est pas étonnant.

    Que ces ouvriers voulant voter Le Pen aient plus que doublé depuis la présidentielle de 2007, ne surprend pas davantage.

    Le diagnostic est même enfantin à poser : les ouvriers vivent, et sont condamnés à vivre, dans des quartiers toujours plus ravagés par une criminalité sans cesse plus grave – et ils ne le supportent plus. Pour l’essentiel, leur vote est ainsi un pur appel de détresse. Que des socialistes de salon et autres bobos gauche caviar osent ici parler de “repli” est carrément infâme – car il ne s’agit pas d’états d’âme ou de tourments fictifs – mais de peur, pour sa vie et celle des siens.

    Que se passe-t-il en effet dans les fameux “quartiers populaires” ? Ceci : début avril, « quatre hommes cagoulés, habillés de noir et portant des gilets pare-balles investissent un pavillon de Villepinte (Seine-Saint-Denis). Ils forcent Bilal, 20 ans, à s’agenouiller dans le salon familial, et – devant ses parents – lui tirent deux balles de 9 mm dans la tête ». Dans le même département, les braquages s’enchaînent au quotidien – trois bijouteries en trois jours à la fin avril.

    Le 9-3 n’a pas le monopole des homicides. À la fin avril encore, Nordine (23 ans) est abattu à Chelles (Seine-et-Marne) par un “proche”, pour un motif “toujours inconnu”. Paris n’est pas épargné. Encore à la fin avril, des “gens du voyage”, certes “sédentarisés” mais pas apaisés pour autant, s’entretuent à la Kalachnikov, en plein jour, en pleine rue, dans le populaire XIVe arrondissement : 2 morts, un blessé grave. Dans le même temps, un incendie criminel et prémédité fait 5 morts et 6 blessés graves dans le non moins populaire XIXe arrondissement.

    Cela tous les jours, à longueur d’année, et sans répit, dans ces mêmes “quartiers populaires”. Pourquoi ce déchaînement criminel, qui terrorise les populations ouvrières de toutes origines ? Parce que – quelles qu’en soient les causes et les responsabilités réelles – la justice ne fait plus son travail : de l’aveu même du ministère de la Justice, « 100 000 peines de prison ne sont pas exécutées », les peines prononcées étant « en attente d’exécution ». Traduisons : par dizaines de milliers, des bandits sont dans les rues, libres de voler, voire de tuer. Où cette situation est-elle le pire ? Dans les ressorts de justice de Bobigny, Évry, Pontoise, Marseille, Lille, etc.

    Parce qu’aussi, une partie de la police peine à s’adapter. D’abord, ces propos médiatiques un peu troublants, car montrant un net déficit d’expertise entre enquêteurs « ne négligeant aucune hypothèse » et porte-parole ne tenant pas pour « spécialement privilégiée » la piste d’un règlement de comptes. Certes, la police réagit du mieux qu’elle peut – mais cela suffit-il ? Elle attrape les malfaiteurs qu’elle voit – , mais alors c’est trop tard, le crime est commis. Pour preuve, observons la Seine-Saint-Denis, l’oeil du cyclone criminel. Le préfet court d’une scène de crime à l’autre – il remporte même “le tableau d’honneur en termes de réactivité”. Réagir – réactivité : c’est bien sûr là où le bât blesse. Qui a jamais gagné une bataille en laissant l’initiative à l’ennemi ? En se bornant à réagir ?

    Faute de renseignement criminel pointu et précoce, la situation ne peut qu’empirer. Il faut ici un effort massif – l’État doit en savoir le plus possible et le plus tôt possible sur l’action, les effectifs et les préparatifs des gangs commettant l’essentiel des crimes inquiétant la population. Et ce, pour les surprendre en flagrant délit, les démanteler, les mettre pour de bon hors d’état de nuire. Telle devrait être la mission reine de la Direction centrale du renseignement intérieur. Or on sent cette belle machine policière plutôt absente du combat, pourtant décisif, du renseignement criminel.

    Tel est l’engrenage crucial : pas de renseignement intérieur efficace en matière criminelle, pas de progrès possible dans la lutte contre les gangs – donc reflux toujours plus massif des votes populaires vers ce qui est, à l’instant, la seule posture politique anticriminelle déterminée. Ce problème est d’évidence politique. C’est au sommet de l’État que doit se décider et se conduire la grande bataille préventive anticrime, vouée à pacifier les quartiers populaires. Avec des généraux qui veulent se battre. 

    Xavier Raufer (Valeurs actuelles, 12 mai 2011)

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