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Métapo infos - Page 1596

  • Nucléaire : un pari français...

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    Le numéro de mai 2011 de la revue Le spectacle du monde est en kiosque. 

    Le dossier est consacré à la question du nucléaire. On pourra y lire , notamment, un article d'Eric Branca ("La dictature de l'émotion"), de Olivier Zajec ("Aux origines du nucléaire civil français") et de Marie-Thérèse Ferracci ("La suprématie française").

    Hors dossier, on pourra lire un article de Bernard Lugan sur la Côte d'Ivoire ("Côte d'Ivoire : Nord contre Sud"), un article de François Bousquet sur Eric Werner et un article de Michel Marmin consacré au héros de Souvestre et Allain, Fantômas ! Et on retrouvera aussi  les chroniques de Patrice de Plunkett et d'Eric Zemmour.

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  • Pipis (et merdes) académiques...

    Nous reproduisons ci-dessous un article bien envoyé de l'écrivain Pierre Jourde, publié sur son blog Confitures de culture, à propos de l'affaire Piss Christ et de l'accadémisme de ma provocation dans l'art contemporain...

     

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    Pipis académiques

     

    Le monde artistique est régulièrement affecté par le même type d’événement, qui revient, cycliquement, avec la régularité d’un marronnier journalistique. A chaque fois, le rituel se déroule selon un immuable ordonnancement, jadis décrit avec précision par Philippe Muray. Un artiste présente une œuvre « provocatrice » quelconque. Diverses associations réagissent. Agitation médiatique de quelques semaines, qui oppose invariablement, à la liberté d’expression artistique, le respect dû aux croyants en ceci et aux sectateurs de cela. Après quoi on passe à autre chose, en attendant que ça recommence.

    En réalité, l’opposition de l’artiste libre et rebelle et des pauvres croyants atteints dans ce qui leur est le plus sacré est une pure escroquerie intellectuelle. Ils ont besoin l’un de l’autre, ils se nourrissent l’un de l’autre. Les croyants, parce que l’artiste leur fournit l’occasion de serrer les rangs et de se rassembler autour d’une foi qu’ils prétendent menacée, offensée, salie. L’artiste, parce que la réaction des offensés fait parler de lui, et lui confère le statut d’homme libre luttant par l’art contre l’obscurantisme.

    L’agitation récente autour du Piss Christ de Serrano n’a été qu’une nouvelle occurrence de ce gag à répétition. En elle-même, l’idée est pauvre. Compisser les idoles, c’est le degré zéro de la provocation artistique. Des catholiques bêtes réagissent bêtement et de manière prévisible, sur l’air connu : on n’a pas le droit de s’en prendre à la foi de millions de gens, respectons-la. Excellent pour eux : si on s’en prend au catholicisme, c’est bien la preuve qu’il est encore vivant. De son côté, voilà Serrano adoubé artiste critique, questionnant ceci, interrogeant cela, mettant en cause machin-chose. Le tour est joué. Rien n’a été dit, rien n’a été représenté, mais on a causé, chacun s’est conforté dans son image. Beaucoup d’imagerie, peu de sens.

    Serrano se construit une image d’artiste critique à bon compte. Ça ne fait jamais que trois siècles (au minimum) qu’en Occident on pratique l’exercice du blasphème envers Dieu, le Christ et les saints. Et, jusqu’en 1789, avec de vrais risques. Serrano n’est pas très original, le sujet est assez rebattu. Hara-Kiri a fait beaucoup  mieux et plus amusant sur le sujet. Et Serrano ne risque rien. Si : des pétitions et des tribunes dans Le Monde. Ouh là. C'est grave, certes, mais on en meurt rarement. C’est tout bénéfice : une bonne petite provoc sans risque, bien pépère, et hop, vous voilà par miracle peintre sulfureux, courageux, briseur d’idoles, rassemblant autour de lui les hérauts de la modernité et de la liberté.

    Là où Serrano serait vraiment courageux, ce serait d’exposer un « fuck Mahomet », par exemple. Mais  rien à espérer : il ne le fera pas. D’abord parce que ce serait vraiment risqué, pour le coup. Et puis parce qu’il serait immanquablement accusé de racisme, d'islamophobie, rangé avec  les identitaires, les marinistes, les pasteurs américains brûleurs de Coran. Or, l’artiste avisé se doit de se conformer au discours dominant dans son milieu, c’est-à-dire d’être progressiste, antiraciste, pour le métissage, etc. Il n’y a donc pour lui qu’une seule voie dans la provocation : s’en prendre au christianisme. Là, il sera dans son rôle. Il s’agit moins de conviction que d’assurer sa place dans le champ artistique, en se conformant à ce qui peut légitimement s’y faire. C'est ce que Muray appelait la rébellion de confort.

    Au fait, la conformité à une doxa dominante, la prévisibilité, la continuation d’une tradition, l’absence de contenu réel, ce ne serait pas un peu la définition de l’académisme ? Serrano est l’incarnation de l’académisme moderne.

    Pierre Jourde (Confitures de culture, 10 mai 2011)

     
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  • La désinformation en dictionnaire...

    Spécialiste des questions de stratégie, déjà auteur d'une étude sur les méthodes de guerre psychologique, La guerre psychologique (Economica, 1997), François Géré publie un Dictionnaire de la désinformation aux éditions Armand Colin, composé d'environ 300 entrées et précédé par un essai. 

     

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    Désinformation. Le mot sent le soufre, attisant tous les fantasmes, des plus archaïques aux plus contemporains.
    En une vingtaine d’années, l’usage de ce terme qui jusqu’alors se limitait aux spécialistes du renseignement et de la propagande a connu un développement exceptionnel lié aux médias de masse puis aux nouveaux vecteurs de communication (Internet, Facebook, etc.). Il est désormais courant d’invoquer la désinformation pour s’en déclarer victime et rejeter sur l’adversaire la responsabilité d’une manœuvre occulte, par définition invérifiable, sauf accident. Dans tous les domaines stratégiques (politiques, militaires, économiques) la désinformation s’est insinuée, troublant l’esprit public, sapant les bases de la démocratie qui, pour survivre, doit rapidement réaffirmer et consolider le rôle de l’information et la valeur du savoir.

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  • Obama, le Pakistan, Ben Laden : des manoeuvres tortueuses...

    Nous reproduisons ci-dessous une analyse de Jean-Paul Baquiast, publiée sur son site Europe solidaire, à propos de l'opération "Ben Laden" et de ses développements stratégico-médiatiques.

     

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    Obama, le Pakistan, Ben Laden

    Des nuages de fumées de plus en plus opaques continuent à être émis par les Etats-Unis pour camoufler aux yeux du monde les manoeuvres tortueuses impliquant les relations entre l'administration fédérale, le lobby militaro-industriel, le Pakistan, nombre d'autres protagonistes moins importants et dont l'affaire Ben Laden représente la partie émergée.

    Nous avons dans un article précédent parlé d'enfumage, principalement dirigé contre ceux qui dans le monde entier ont le tort de chercher à comprendre le dessous des cartes. L'enfumage continue plus que jamais mais on peut regretter que Barack Obama, présenté à l'intérieur et à l'extérieur comme un parangon de bonne foi, en soit l'instrument sinon l'instigateur principal.

    Il suffit de jeter un coup d'oeil sur les éditorialistes non alignés de la presse américaine pour se rendre compte que plus personne sauf les naïfs invétérés ne croit en Amérique au récit héroïque présenté par Obama lui-même en annonçant le coup de mains ayant permis de supprimer Ben Laden. Existait-il encore un personnage de ce nom doté du curriculum vitae que le renseignement américain lui avait inventé. Dans l'affirmative, à supposer qu'un Ben Laden très diminué ait survécu en se cachant à Abbottabad, près d'Islamabad, comment croire que tant le Pakistan que l'Amérique aient pu l'ignorer jusqu'à ces derniers jours. Mais s'ils ne l'ignoraient pas, pourquoi faisaient-ils comme s'ils l'ignoraient et pourquoi, subitement, manifestement de connivence, l'ont-ils fait disparaître un beau jour.

    L'hypothèse la plus répandue, dans les médias américains non conformistes, est que le Pentagone, la CIA et Obama, les trois grands protagonistes de cette aventure, ont eu besoin du « mythe Ben Laden » pour justifier ces dernières années, non seulement une mobilisation permanente de type sécuritaire qualifiée de « global war on terror » mais l'occupation de l'Afghanistan. Il s'est cependant trouvé que le coût de la guerre, comme ses résultats de plus en plus désastreux, obligent Obama à précipiter le retrait. Mais devant l'hostilité de la CIA représentée par son omniprésent directeur Léon Panetta, comme plus généralement de celle du lobby militaire représenté par le Pentagone, qui n'auraient pas accepté un départ pur et simple, le trio a été obligé d'inventer un éclatant fait d'armes qui rendra dans les semaines à venir ce retrait beaucoup plus acceptable. L'économie budgétaire en résultant, comme sa nouvelle aura de chef de guerre, permettra ainsi à Barack Obama d'aborder se réélection dans de bien meilleurs conditions qu'auparavant. Il saura en compensation mettre un frein aux propositions de réduction du budget militaire qui continuent à circuler dans certains cercles démocrates. 

    Il semble que Panetta ait été convaincu d'accepter ce deal. En tant que sympathisant démocrate, il devrait en principe « rouler pour Obama », que ce soit aujourd'hui ou demain. Mais la CIA se garde des biscuits si l'on peut dire. Elle vient d'annoncer que Ben Laden, loin d'être un grand malade inoffensif comme le prétendaient les conspirationnistes, préparait de nouveaux attentats sur le sol américain. La CIA dispose surtout de l' « immense » réserve des documents saisis sur les ordinateurs et disques durs de Ben Laden, qu'elle sera la seule à déchiffrer. Elle pourra donc annoncer au monde exactement ce qu'elle voudra pour justifier les politiques futures du Pentagone – Pentagone dont assez normalement Panetta devrait prendre la tête en remplacement de Robert Gates apparemment disqualifié. Il s'ensuit que la liberté d'action future de Barack Obama sera nécessairement très contrainte par les révélations que les militaires et les gens du renseignement jugeront bon de faire (nous allions dire d'inventer) à partir de tous les documents qu'ils analyseront.


    Quant au Pakistan, bien malin, même à Washington, qui pourrait dire ce qu'il veut vraiment, compte tenu des diverses factions qui se disputent le gouvernement, dont l'ISI et l'armée ne sont pas les moindres. On peut penser que ces dernières années, il avait intérêt lui-aussi à encourager le mythe Ben Laden, peut-être en accord secret avec la CIA. Il ne pouvait pas cependant laisser supposer qu'en fonction de cet accord il protégeait directement ledit Ben Laden, aux yeux par exemple de l'Inde.

    Mais aujourd'hui, plus que les survivances d'El Qaida, aujourd'hui, ce sont les Talibans qui importent aux yeux du Pakistan. Il semble que le départ américain étant désormais programmé, il lui est devenu impératif de s'entendre avec eux pour que l'Afghanistan à ses frontières occidentales continue à lui assurer un potentiel back-up à l'égard de l'Inde. Or Ben Laden n'était en rien apprécié par les Talibans, qui y voyaient plutôt semble-t-il une émanation de l'Arabie saoudite.


    Certes, orchestrée par la classe politique unanime - et pas seulement par l'opposition -, la colère monte au Pakistan. Elle éclabousse à la fois les responsables du gouvernement civil et le tout puissant appareil militaire. On leur reproche indifféremment leur dissimulation ou leur aveuglement. Mais on peut penser qu'une fois sorti du guêpier que représentait la présence de Ben Laden, ces deux forces dirigeantes s'entendront à nouveau pour continuer à ménager l'Amérique tout en jouant divers double-jeux avec les gouvernements de la région.

    Ce que nous continuons pour notre compte à trouver affligeant, c'est la candeur avec laquelle les Européens admettent le récit héroïque présenté par Obama lui-même, alors que, comme nous l'avons indiqué, un nombre croissant de ses compatriotes refusent dorénavant de le laisser duper.

    Jean-Paul Baquiast (Europe solidaire, 9 mai 2011)

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  • France : où en est la liberté d'expression ?...

    Où en est la liberté d'expression en France ?

    C'est la question que se posera Arnaud Guyot-Jeannin ce soir dans son Libre Journal des enjeux actuels sur Radio Courtoisie, diffusé de 21 heures 30 à 23 heures, avec ses invités : Dieudonné (humoriste), Robert Ménard (journaliste, directeur de la revue Médias et co-auteur de l'ouvrage "Vive Le Pen  ! "), François Bousquet (directeur du Choc du mois) et Frédéric Pichon (avocat, président du Cercle des avocats libres).

    Une émission qui sera rediffusé le jeudi 12 mai aux mêmes horaires.

    C'est aussi la question à laquelle tenteront de répondre les intervenants du colloque organisé par le cercle des Avocats libres le jeudi 11 mai 2011 à Paris (Salle ASIEM, rue Albert de Lapparent, métro Ségur, à partir de 19 heures 30).

     

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    "Un député (Vanneste) poursuivi pour des propos tenus dans l’enceinte du Parlement. Un journaliste (Zemmour) condamné en correctionnelle pour une phrase à l’emporte-pièce. Un essayiste (Laulan) condamné pour « racisme » simplement pour avoir évoqué la criminalité nomade. Un humoriste (Dieudonné) condamné au pénal pour un spectacle jugé de mauvais goût. Les affiches (représentant un minaret) d’un parti politique (FN) interdites lors d’une campagne électorale. Des intellectuels (Régis Debray) privés de prise de parole dans leur ancienne école (l’Ecole normale supérieure). Des lois successives – LOPPSI, HADOPI – visant à contrôler Internet et à le censurer hors du contrôle du juge. Un révisionniste, père de huit enfants (Reynouard) passant 9 mois en prison simplement pour avoir diffusé une brochure de 16 pages. Les rares éditorialistes de presse pensant différemment (Zemmour, Ivan Rioufol, Elisabeth Lévy, Robert Ménard) soumis au harcèlement de la meute médiatique.

    Il y a manifestement un problème de liberté d’expression en France ! Car la caste médiatique et politique dominante trouve très bien en France ce qu’elle dénonce dans le reste du monde. Si une opinion – quelle qu’elle soit – est décrétée « odieuse », tous les moyens sont bons pour empêcher son expression. Mao et Staline ne procédaient pas différemment : ils ne poursuivaient pas les idées qu’ils trouvaient sympathiques…

    C’est le mérite du Cercle des avocats libres d’organiser ce colloque sur la liberté d’expression avec la participation de :

    -Christian VANNESTE, député du Nord et professeur de philosophie ;
    -Philippe BILGER, avocat général ;
    -Gilbert COLLARD, avocat ;
    -Yves-Marie LAULAN, président de l’Institut de géopolitique des populations ;
    -Robert MENARD, journaliste et ancien président de Reporters sans frontières."

    Communiqué de la fondation Polémia (2 mai 2011)

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  • L'énigme Mitterrand...

    Le trentième anniversaire du 10 mai 1981 est une bonne occasion pour revenir avec ce texte de Dominique Venner, l'éditorial du dernier numéro de la Nouvelle Revue d'Histoire, sur le personnage complexe et énigmatique qu'était François Mitterrand... 

     

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    Mitterrand et le mystère français

    Au centre de toutes les interrogations que soulève l’itinéraire sinueux et contradictoire de François Mitterrand, sujet de notre dossier, figure en première place la photo devenue fameuse de l’entrevue accordée à un jeune inconnu, futur président socialiste de la République, par le maréchal Pétain, à Vichy, le 15 octobre 1942.

    Ce document était connu de quelques initiés, mais il n’a été cautionné par l’intéressé qu’en 1994, alors qu’il voyait venir la fin de sa vie. Trente ans plus tôt, à la veille de l’élection présidentielle de 1965, le ministre de l’Intérieur du moment, Roger Frey, en avait reçu un exemplaire. Il demanda une enquête qui remonta jusqu’à un ancien responsable local de l’association des prisonniers, dont faisait partie François Mitterrand. Présent lors de la fameuse entrevue, il en possédait plusieurs clichés. En accord avec le général De Gaulle, Roger Frey décida de ne pas les rendre publics.

    Un autre membre du même mouvement de prisonniers, Jean-Albert Roussel, en possédait également un tirage. C’est lui qui donna à Pierre Péan le cliché qui fit la couverture de son livre, Une jeunesse française, publié par Fayard en septembre 1994 avec l’aval du président.
    Pourquoi, Mitterrand a-t-il soudain décidé de rendre public son pétainisme fervent des années 1942-1943, qu’il avait nié et dissimulé jusque-là ? Ce n’est pas une question anodine.

    Sous la IVe République, en décembre 1954, à la tribune de l’Assemblée nationale, Raymond Dronne, ancien capitaine de la 2e DB, devenu député gaulliste, avait interpelé François Mitterrand, alors ministre de l’Intérieur : « Je ne vous reproche pas d’avoir arboré successivement la fleur de lys et la francisque d’honneur… » « Tout cela est faux », répliqua Mitterrand. Mais Dronne riposta sans obtenir de réponse : « Tout cela est vrai et vous le savez bien… »

    Le même sujet fut abordé de nouveau à l’Assemblée nationale, le 1er février 1984, en plein débat sur la liberté de la presse. On était maintenant sous la Ve République et François Mitterrand en était le président. Trois députés de l’opposition de l’époque posèrent une question. Puisque l’on parlait du passé de M. Hersant (propriétaire du Figaro) pendant la guerre, pourquoi ne parlerait-on pas de celui de M. Mitterrand ? La question fut jugée sacrilège. La majorité socialiste s’indigna et son président, Pierre Joxe, estima que le président de la République était insulté. Les trois députés furent sanctionnés, tandis que M. Joxe rappelait haut et fort le passé de résistant de M. Mitterrand.

    Ce passé n’est pas contestable et pas contesté. Mais, au regard de la légende bétonnée imposée après 1945, ce passé de résistant était incompatible avec un passé pétainiste. Et voilà donc qu’à la fin de sa vie, M. Mitterrand décida soudain de rompre avec le mensonge officiel qu’il avait fait sien. Pourquoi ?
    Pour être précis, avant de devenir peu à peu résistant, M. Mitterrand avait d’abord été un pétainiste fervent comme des millions de Français. D’abord dans son camp de prisonnier, puis après son évasion, en 1942, à Vichy où il fut employé par la Légion des combattants, grand rassemblement mollasson d’anciens combattants. Comme il trouvait ce pétainisme-là beaucoup trop endormi, il se lia à quelques pétainistes « purs et durs » (et très anti-allemands), tel Gabriel Jeantet, ancien cagoulard, chargé de mission au cabinet du Maréchal, l’un de ses futurs parrains dans l’ordre de la Francisque.

    Le 22 avril 1942, il écrivait à l’un de ses correspondants : « Comment arriverons-nous à remettre la France sur pied ? Pour moi, je ne crois qu’à ceci : la réunion d’hommes unis par la même foi. C’est l’erreur de la Légion que d’avoir reçu des masses dont le seul lien était le hasard : le fait d’avoir combattu ne crée pas une solidarité. Je comprends davantage les SOL (1), soigneusement choisis et qu’un serment fondé sur les mêmes convictions du cœur lie. Il faudrait qu’en France on puisse organiser des milices qui nous permettraient d’attendre la fin de la lutte germano-russe sans crainte de ses conséquences… » C’est un bon résumé du pétainisme musclé de cette époque. Tout naturellement, au fil des événements, notamment après le débarquement américain en Afrique du Nord du 8 novembre 1942, ce pétainisme évolua vers la résistance.

    La fameuse photo publiée par Péan avec l’accord du président provoqua un ouragan politique et médiatique. Le 12 septembre 1994, le président, miné par son cancer, dut s’expliquer à la télévision sous l’œil noir de Jean-Pierre Elkabbach. Mais contre toute attente, sa solitude d’accusé, doublée d’une détresse physique évidente, parut injustes, provoquant un élan de sympathie. L’interrogatoire d’Elkabbach avait suscité une réaction : « Mais pour qui se prend-il, celui-là ? » Ce fut un élément capital du rapprochement des Français avec leur président. Non que le bilan politique du personnage ait été approuvé. Mais l’homme, soudain, était devenait intéressant. Il avait acquis une épaisseur inattendue, celle d’une histoire tragique qui éveillait un écho dans le secret du mystère français.

    Dominique Venner (La Nouvelle Revue d'Histoire, mai-juin 2011)

     

    Note

    (1). Le SOL (Service d’ordre légionnaire) fut constitué en 1941 par Joseph Darnand, ancien cagoulard et héros des deux guerres. Cette formation nullement collaborationniste fut officialisée le 12 janvier 1942. Dans le contexte nouveau de la guerre civile qui se déploie alors, le SOL sera transformé en Milice française le 31 janvier 1943. On se reportera à La NRH n° 47, p. 30 et à mon Histoire de la Collaboration, Pygmalion, 2002.

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