Nous reproduisons ce point de vue sans concession de Marc Georges, publié sur Media Libre, à propos de l'affaire Strauss-Kahn. Un texte réaliste et modéré... Si on en doute, on peut prendre connaissance de la charge violente du député UMP de Paris, Bernard Debré, sur son blog...
Affaire Strauss-Kahn : des complices politiques et médiatiques
L’affaire de l’inculpation de Dominique Strauss Kahn, pour tentative de viol et séquestration, d’une jeune femme de trente deux ans dans un palace new-yorkais, a paraît-il « sidéré » bon nombre de Français. Pourtant, le fait que le Président du FMI soit un individu ayant un comportement pathologique avec les femmes est un fait connu de la classe politico-médiatique. Non seulement parce qu’il a fréquenté des endroits célèbres incompatibles avec ses responsabilités, mais également parce que ce n’est pas la première fois qu’il use de la violence pour assouvir son appétit sexuel.
Il y a tout juste trois semaines, Médialibre publiait une vidéo commentée de la jeune journaliste Tristane Banon, qui s’était exprimée très librement lors d’une émission de Thierry Ardisson sur Paris Première, intitulée « 93 faubourg Saint Honoré ». Elle y relatait la tentative de viol dont elle avait été victime par DSK, et ce en présence de plusieurs personnalités médiatiques, en l’occurrence Jacques Séguéla, Thierry Saussez (ancien conseiller en communication de Sarkozy) Jean-Michel Apathie (RTL et Le Grand Journal) Roger Hanin (beau frère de François Mitterrand), Claude Askolovitch (Europe 1) et Hedwige Chevrillon (BFM). Médialibre affirmait en commentaire qu’il était bien peu probable que le mari d’Anne Sinclair soit candidat à la présidentielle compte tenu des casseroles qui étaient les siennes.
Si aujourd’hui nombre de média parlent de cette vidéo -sans citer Médialibre- aucun ne l’a fait à l’époque, et aucune des personnalités présentes lors de l’émission n’en a jamais parlé en public. Mais en privé si. La quasi-totalité de la classe politico-médiatique savait, tout comme elle connaissait le passé de François Mitterrand sous l’occupation dans les année 80. Or si ces gens avaient fait leur travail, s’ils avaient fait leur devoir, non seulement Dominique Strauss Kahn aurait été sanctionné et éloigné de la vie politique depuis belle lurette, mais ils auraient sans doute évité à cette jeune américaine -et qui sait, à d’autres- cette agression. Ils auraient par la même occasion évité à la France l’humiliation et le déshonneur qui résulte de cette sordide affaire.
D’autant que dans cette émission, la jeune femme ne se contentait pas de raconter sa tentative de viol, mais expliquait aussi que les policiers qu’elle avait rencontrés avant de renoncer à porter plainte, l’avaient informée de ce que de nombreux autres cas mettant en cause le même maniaque sexuel existaient.
Aussi ce n’est pas seulement la responsabilité de l’ancien Ministre des Finances qu’il convient de dénoncer, mais également celle de ses complices, et donc de l’ensemble de la caste politico-médiatique, qui fonctionne comme une véritable mafia, avec sa loi du silence, l’omerta, conséquence d’un mélange de peur et de complicité. Même la mère de de la jeune femme, Anne Mansouret, candidate à la primaire socialiste (!) avait dissuadé sa fille de porter plainte, et tente aujourd’hui de nous émouvoir avec ses « regrets ».
Le retrait désormais inévitable de DSK, après celui de Besancenot et l’entrée en lice de Chevènement, s’il vient ridiculiser la classe médiatique, sa propagande sondagière, et quelques « dissidents utiles », n’est sans doute pas la dernière surprise de 2012. Mais cette heureuse nouvelle ne doit pas nous faire oublier que ce n’est pas seulement d’Al Capone dont nous devons nous débarasser, mais de toute la mafia.
Marc Georges (Media Libre, 16 mai 2011)