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Métapo infos - Page 1490

  • Ne vous abstenez pas !...

    Nous vous signalons la parution du nouveau numéro du mensuel Causeur (n°46, avril 2012), dans lequel vous trouverez, notamment , les bonnes feuilles de Mémoire vive, le nouveau livre d'Alain de Benoist à paraître début mai aux éditions Bernard de Fallois.

    Le magazine Causeur est disponible par abonnement ou à l'achat au numéro sur le site Causeur.fr.

     

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    Ne vous abstenez pas !

    Quoique nous échappions fort heureusement aux normes de campagne tatillonnes du CSA, et que nous sortions volontiers nos griffes quand on nous parle de quotas, toute idée d’équité ne nous est pas étrangère. À preuve, après avoir mis François Hollande en couverture le mois dernier, il était légitime que nous offrions le même insigne privilège à Nicolas Sarkozy. N’ayez crainte, cependant, si le président sortant occupe la couverture, il ne la tirera pas à lui. Et si certains de nos auteurs et contributeurs, tel le primo-votant Charles Consigny, souhaitent de tout cœur sa réélection, d’autres font un autre choix ou plutôt d’autres choix. On ne sera qu’à moitié surpris que Jérôme Leroy vote Jean-Luc Mélenchon, on le sera plus que le chrétien moyennement progressiste Théophile le Méné, déçu par une droite qui a abandonné le sacré pour le marché, fasse son outing mélenchoniste.

    Laurent Bouvet souhaite pour sa part que François Hollande emporte la présidentielle. Mais pas n’importe comment. Si l’auteur inspiré de l’essai le plus réchauffant de cet hiver (Le sens du Peuple, Le Débat/Gallimard) a la dent dure avec les velléités ouvriéristes du président sortant, il ne donne pas quitus pour autant à son challenger socialiste, virilement tancé pour être plus attentif au babil des twittos qu’aux souffrances des prolos. Allez vous étonner, après ça que l’électorat populaire taraudé par un persistant sentiment de cocufiage risque de faire de l’abstention délibérée le vrai troisième homme de ce premier tour. Pour Elisabeth Lévy, cette désertion est compréhensible : « Ne voter pour personne, explique la cheffe, c’est la garantie de ne pas être trahi» avant de nuancer aussitôt son propre constat – on ne la refera pas- en rappelant que l’abstention, c’est aussi la garantie de ne pas être représenté. Ce qui n’empêchera pas Georges Kaplan de rester chez lui ce 22 avril, au nom du droit à se gouverner soi-même. On ne sera pas complet sans citer Antoine Menusier, qui verrait bien , quel que soit le président, François Bayrou à Matignon, Laurent Dandrieu, pour qui les promesses du candidat président sont aussi biodégradables que le papier sur lequel elles sont imprimées, et François Miclo, qui avec la complicité de Babouse, taille dix shorts biens ajustés. Pas de jaloux, le CSA sera enchanté.

    Last but not least, dans un registre, disons, métapolitique l’incorrigible Cyril Bennasar, dresse un parallèle aussi plaisant que peu complaisant entre vie érotique et vie politique et pour vous allécher, je vous en livre un extrait pour la route : « Les femmes à qui on ne la fait plus finissent par exiger des gages au prétexte qu’il n’y aurait pas d’amour sans preuves d’amour. Je pourrais en arriver là. Finirai-je par croire qu’il n’y a pas de politique, qu’il n’y a que des preuves de politique et par me ranger derrière un candidat solide, sincère et fiable, au programme réaliste mais aussi alléchant qu’un contrat de mariage ? J’en doute… »

    Sinon, comme à l’accoutumée, ce numéro 46 – publié sur 80 pages !- vous fera voyager : Agnès Poirier nous emmène en un Royaume désuni ou chaque classe sociale veut son école à elle, Jean-Robert Raviot nous explique que le “Printemps russe” annoncé à longueur de gazette se résume pour l’instant à la fronde des “moscobourgeois” qui rappellent furieusement nos élites mondialisées, tandis que Jean-Luc Gréau, Luc Rosenzweig et Philippe de Saint-Robert auscultent, chacun à leur façon, une Europe pas vraiment en top forme.

    À cela, on ajoutera pour faire bonne mesure une longue interview de François Cheng par Gérard de Cortanze, une autre de Patrice Gueniffey par Isabelle Marchandier sur Les Adieux à la reine, les bonnes pages, publiées en exclusivité par Causeur, de Mémoire vive, où Alain de Benoist raconte 40 ans d’aventure intellectuelle.

    Enfin, comme on élit pas son président de la République tous les jours, Causeur a décidé de faire une fleur à ses lecteurs : un supplément gratuit (à condition de payer le reste du journal, hein) mitonné par Basile de Koch et Les Jalons, son gang des pastiches, intitulé « Qui Choisir ». On y trouvera entre autres l’ultime crash test Sarkozy/Hollande, une interview de Laurence Parigot sur la nécessaire délocalisation en Inde dés élections présidentielle et législatives et un dossier exhaustif sur le vote hétéro, dont nous vous livrons (toujours gratuitement) les premières lignes : « La montée en puissance d’un fort sentiment identitaire hétérosexuel, avivé par les sarcasmes de la majorité morale gay et féministe au pouvoir, pourrait être une des clés de l’élection présidentielle. » Bref comme le dit Basile dans son édito « chacun trouvera, dans ce numéro spécial de Qui choisir, les éléments nécessaires pour procéder, en connaissance de cause, à son tri électif ».

    Marc Cohen (Causeur, 13 avril 2012)

    Pour pouvoir profiter de tout cela, vous avez comme chaque mois le choix entre l’achat au numéro (papier ou numérique), la souscription à l’offre Découverte (le dernier n° + les deux prochains pour seulement 12,90 €) ou l’abonnement 1 an (papier ou numérique). Dans ces conditions, ce serait vraiment trop bête de s’abstenir.

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  • C'est jeune et ça vote mal !...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Aimée Joubert, cueilli sur Causeur et consacré au succès que rencontre Marine Le Pen dans les sondages auprès des jeunes...

     

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    C'est jeune et ça vote mal

    C’était un temps ancien. Les étudiants arboraient des autocollants anti-fachos sur leurs sacs à dos. Ils reprenaient en chœur le refrain des Bérus expliquant que la « jeunesse emmerde le Front National » et ledit FN était rebaptisé F-Haine par des politologues en culottes courtes qui luttaient avec leurs mots à eux contre la bête immonde.

    En ce temps-là, vers 1993-1995, on combattait l’extrême droite en scandant des slogans et on avait honte d’avoir un tonton marseillais ou meusien qui votait Jean-Marie et ne manquait jamais une occasion de gâcher les réunions de famille en n’ayant même pas peur de le dire à table.

    L’étudiant, et par extension le jeune idéal, était le fer de lance de la lutte contre l’obscurantisme, la haine de l’étranger, le repli national. La mondialisation était son élément, l’Autre son ami. Le phénomène était planétaire : à l’époque, ce credo du « Tout ce qui est différent est forcément bon » fût férocement moqué par Tim Burton dans Mars Attacks !

    Mais nous voici en 2012, et ne voilà-t-il pas que le jeune est tenté par le vote Front National. Alors, le nouveau jeune serait-il raciste, xénophobe, frileux, nationaliste, bref déjà moisi ? En tout cas, un sondage CSA, publié dans Le Monde lundi 9, est venu foutre le bordel dans une image de la jeunesse cajolée par la gauche, qui en fait le fer de lance de la lutte contre le président sortant. 24% des 18-24 ans sont tentés par un vote pour Marine Le Pen à la présidentielle. Un score jamais atteint dans ces proportions par son père.

    Immédiatement la machine à explications officielles s’est mise en route : les jeunes les plus pauvres, les moins diplômés, les plus menacés par la mondialisation sont désespérés et donc votent pour l’extrême droite dans un mouvement de rejet. Les partis traditionnels, qui pourtant sortent l’artillerie lourde (le permis quasi gratuit, l’allocation autonomie, et bientôt la semaine des quatre mercredis) n’arrivent pas à les fixer. François Hollande est d’ailleurs, selon ce sondage, celui qui a perdu le plus chez les 18-24 ans.

    Alors, où est le problème avec les jeunes ? Et bien le problème, une fois de plus, c’est ces salauds de pauvres. Ainsi le magazine l’Etudiant brandit son propre sondage qui montre que ceux qui vont à l’université, poursuivent leurs études longtemps, eux, votent Sarkozy, Bayrou et Hollande et ne sont pas « extrémistes », même s’ils sont à une courte majorité à droite. François Hollande rassemblerait 30% de leurs intentions de vote, Nicolas Sarkozy est à peine derrière, captant 28% de leurs voix. François Bayrou n’obtiendrait, lui, que 11%.L’étudiant peut donc être de droite, surtout dans les grandes écoles, et vote PS ou Mélenchon en fac de Lettres. Mais ne vote pas Marine Le Pen.

    La vitesse avec laquelle les organisations de jeunesse (sous-entendu de gauche) sont montées au créneau après la publication du sondage, montre bien l’idée que des jeunes puissent voter à l’extrême droite les terrifie, les dégoûte. La stupeur journalistique devant le titre du Monde montre aussi que le jeune reste un inconnu, sauf quand il use ses fonds de Levis 501 à Louis-le-Grand, Dauphine ou Sciences-Po. Un jour sur deux, le media convoquera l’autre figure obligée du 18-25 le djeun de banlieue, de préférence né dans une famille immigrée, lequel sera potentiellement délinquant pour la droite, et honteusement discriminé pour la gauche.

    Comme l’électeur moyen serait un quarantenaire bobo, cadre sup’ séduit par Mélenchon et Hollande, au pire Bayrou et s’informant sur Twitter. A l’instar de la Mémé de Vesoul, certains ont rêvé qu’on pourrait remonter le film électoral en virant du casting le cousin prolo de 22 ans chauffeur poids lourds en intérim, la cousine aide soignante qui travaille de nuit, ou celle qui, bac en poche, ne trouve pas de boulot ou alors comme saisonnière deux mois par an à Palavas-Les-Flots. Ceux-là n’existent pas. Ne sont même pas des vrais jeunes, en fait.

    Pourtant les chiffres sont têtus, beaucoup de 18-24 ans, sont déjà sortis de l’école, sont au chômage ou travaillent. Evidemment, sauf exception, des petits boulots, des CDD, la galère de début de vie professionnelle, l’impossibilité d’avoir un logement à soi, le permis qu’on ne peut pas se payer sans l’aide de papy ou mamie.

    Autant dire que pour ceux-là, la peur du déclassement n’est pas juste une phobie. Dans pas mal de cas c’est une réalité. Alors ils s’énervent et peuvent avoir envie de voter pour ceux qui promettent de rétablir un Etat protecteur, et d’inventer de nouvelles frontières. Il n’est même pas certain qu’ils croient que ça puisse se produire, ils veulent juste donner un peu plus qu’un signe.

    Ces intentions de vote gênent, parce qu’elles renvoient à des jeunes pas propres sur eux, sans carte Amex ni même une banale Gold de base, n’ayant confiance ni dans le marché, ni dans l’Europe. Surtout, ces jeunes malvotants sont le signe que l’opération dédiabolisation menée par Marine Le Pen est peut-être en train de réussir. Les quotidiens, friands de ces nouveaux monstres qui sont allés en interroger leur font dire que « voter Marine c’est plus facile que Jean-Marie » et que sa tolérance de l’homosexualité, son personnage de femme divorcée, son modernisme séduisent. Ces jeunes là sont insensibles au discours crétin (pour rester polie) de Thierry Marchal-Beck le nouveau patron du MJS, ou aux tentatives hilarantes (pour rester gentille) de politique 2.0 des Jeunes Pop de Benjamin Lancar. Somme toute c’est une bonne nouvelle.

    La mauvaise c’est qu’après avoir voté Le Pen une première fois, ils risquent de remettre ça, y compris quand jeunes sera passée. Et finalement les hauts cris, des exégètes autorisés trahissent peut-être autre chose qu’une indignation face à une jeunesse statistiquement décevante. Comme une angoisse que ces futurs ex-jeunes fassent les bataillons puissants à venir du Front National en 2017 et pourquoi pas 2022, oubliant au passage de s’abstenir. Cette fois là, les promesses sur le permis de conduire à un euro ou l’allocation d’autonomie à deux balles ne serviront absolument à rien. On en vient presque à regretter qu’ils ne s’abstiennent pas comme ils le faisaient d’habitude, ces jeunes cons…

    Aimée Joubert (Causeur, 11 avril 2012)

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  • Management circus...

    Les éditions Acte Sud viennent de publier Management circus - Une critique du management à l'époque postmoderne, un essai de Jean-Philippe Desbordes. Journaliste, l'auteur a réalisé de nombreux documentaires pour la télévision.

     

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    "Si de récentes flambées de suicides au travail ont ému l’opinion publique et suscité des témoignages de toutes sorte, il reste à comprendre qu’elles sont le symptôme d’un dérèglement plus vaste, plus ancien, qui a commencé d’atteindre le métabolisme social dès le début de l’après-guerre pour ne cesser ensuite de se propager dans le contexte des mutations profondes de la postmodernité. Pour autant, on aurait tort de prêter à ce phénomène un caractère involontaire ou accidentel. Partant d’un terrain d’investigation qu’il a longuement étudié – le nucléaire –, Jean-Philippe Desbordes explore les volontés et stratégies managériales qui, depuis près de cinquante ans, ne cessent d’infiltrer le monde de l’entreprise pour mécaniser l’humain et plier ses “ressources” aux exigences d’un économisme de plus en plus prédateur, jusqu’au sein même de la fonction publique, c’est-à-dire de l’Etat. On trouvera donc ici, au-delà des drames singuliers ou des paroles alarmées, une analyse sur le long terme et des clefs essentielles pour comprendre le processus en cours."

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  • "Raymond Aubrac était un agent communiste"...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien du journaliste Jean-Dominique Merchet avec l'historien Stéphane Courtois, cueilli sur le blog Secret Défense et consacré à Raymond Aubrac. Stéphane Courtois, spécialiste du communisme, nous rappelle que ce personnage qu'on nous présente, à l'occasion de sa mort, comme un grand résistant patriote était avant tout un agent d'influence soviétique. Il rappelle aussi que les conditions de sa libération à la suite de son interpellation par la Gestapo à Caluires avec Jean Moulin sont pour le moins controversées...

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    "Raymond Aubrac était un agent communiste"

    Directeur de recherches au CNRS, l'historien Stéphane Courtois est un spécialiste du communisme. Elève d'Annie Kriegel, il a été le maître d'oeuvre du Livre noir du communisme. Ses derniers livres sont "le Bolchevisme à la française" (Fayard)  et, sous sa direction, "Sortir du communisme, changer d'époque" (PUF). Historien engagé, mais grand connaisseur des archives, il nous décrit la face cachée d'un personnage aujourd'hui encensé.

    Qui était vraiment Raymond Aubrac ?
    Un agent soviétique, mais pas au sens où il aurait travaillé pour les services d'espionnage de l'Union soviétique. Il était plutôt un membre important du réseau communiste international, un sous-marin communiste si l'on veut ; en tout cas, beaucoup plus qu'un agent d'influence. Un homme comme lui avait évidemment un correspondant à Moscou.

    En a-t-on des preuves ?
    Nous n'avons pas de documents, comme par exemple dans le cas de l'ancien ministre radical Pierre Cot. Toutefois, l'ancien dissident tchèque Karel Bartosek avait découvert dans les archives du PC à Prague des documents qui montrent qu'Aubrac y était reçu par Klement Gottwald, le chef historique du PC tchécoslovaque, qui fut aussi un agent du Komintern.

    Mais Aubrac a toujours expliqué qu'il n'avait jamais été membre du PCF ?
    (Rire). C'est exact, formellement, mais tout cela est cousu de fil rouge. Il faisait partie de ce qu'on appelle les "hors-cadres", des gens de haut niveau dont le PCF n'avait pas besoin qu'ils prennent leur carte. Ils leur étaient plus utile à l'extérieur. Aubrac était un ingénieur, sorti de l'Ecole des Ponts et Chaussées, et le PCF ne voulait pas le mettre en avant. Ce qui ne l'empêchait pas de participer à des réunions de cellules comme "observateur". Avant guerre, sa future épouse Lucie était elle-même communiste, proche d'André Marty - qui fut représentant du PCF au Komintern.

    Ses biographes le présentent comme une sorte d'industriel à la tête d'une entreprise d'urbanisme. Qu'en est-il ?
    La société qu'il dirigeait était le Berim - le Bureau d'études et de recherches pour l'industrie moderne. Placé sous la responsabilité de Jean Jérôme, l'und es hommes les plus importants et les plus secrets du PCF - cette société servait aussi de pompe à finances au Parti. C'est, par elle, que passait une partie des financements en provenance de l'Est - sous la forme de contrats plus ou moins bidons. Même chose avec les maires communistes.

    On apprend qu'il était à Saïgon lors de l'arrivée des chars du Nord-Vietnam en 1975. Qu'y faisait-il ?
    Aubrac a joué un rôle très particulier dans l'affaire du Vietnam. Lorsque le dirigeant communiste Hô Chi Minh vint en France en 1946, il fut hébergé par les Aubrac à la demande de Jacques Duclos. Puis il servit de contact entre l'appareil communiste international et Henry Kissinger lui-même. Du sérieux, on le voit.

    Son rôle durant la Résistance a fait l'objet de polémiques. On se souvient d'un procès contre l'historien Gérard Chauvy et d'une table ronde organisée en 1997 par Libération. Qu'en pensez-vous ?
    Pendant longtemps, Aubrac et son épouse Lucie ont raconté qu'il s'était évadé à la suite d'une opération de la Résistance. Or, Arthur Kriegel - qui a participé à cette action commando - assurait qu'Aubrac n'était pas là quand elle eut lieu. Puis Aubrac a reconnu dans la biographie "autorisée" que Pascal Convert lui a récemment consacrée qu'il ne s'était pas évadé, mais qu'il avait été libéré.
    Un autre épisode pose problème. A la Libération, il est commissaire régional de la République à Marseille. Or De Gaulle va le virer sans ménagement et sans explication.  A Marseille, il avait créé des CRS (Compagnies républicaines de sécurité) dont on découvrit plus tard qu'elles étaient entièrement infiltrées par le PCF.
    Quant à la table ronde de Libération, une anecdote est significative : Aubrac s'est mis en colère au moment même où Daniel Cordier lui a demandé d'avouer enfin qu'il était communiste. Jusqu'au bout, il l'aura nié. C'était un gros poisson de l'appareil, très bien camouflé, en particulier derrière l'image de son épouse Lucie.

    Stéphane Courtois, propos recueillis par Jean-Dominique Merchet (Secret défense, 11 avril 2012)

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  • Le demi-siècle du Spectacle du Monde...

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    Le numéro d'avril 2012 de la revue Le Spectacle du Monde est en kiosque. 

    Le mensuel fête son cinquantième anniversaire et on découvrira donc dans le dossier un florilège d'articles marquants publiés au fil des ans. On retrouvera, notamment, les signatures de Raymond Bourgine, fondateur de la revue,  d'Alexandre Vialatte, de Pierre Gaxotte ou de Paul Sérant.

    Hors dossier, outre les chroniques de Patrice de Plunkett et d'Eric Zemmour, qu'on retrouvera, par ailleurs, dans un grand entretien ("La France traite sa souveraineté comme un vieux meuble poussiéreux"), on pourra aussi lire des articles de Pierre-Alexandre Bouclay ("Russie, le nouveau chantier de Vladimir Poutine"), de Michel Marmin ("Pierre Schoendorffer, l'honneur comme tragédie"), d'Arnaud Guyot-Jeannin ("Charles Maurras, l'ordre et l'harmonie") ou de Christopher Gérard ("Félicien Marceau, Français par l'encre versée").

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  • Un homme à abattre ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un article consacré à la crise syrienne, traduit par les soins du site Euro-synergies et publié à l'origine par la revue autrichienne de tendance nationale-libérale Zur Zeit.

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    Les Américains veulent absolument imposer un “changement de régime” en Syrie. Leurs principales motivations? Des intérêts économiques et un soutien à Israël!

    Le sol devient de plus en plus brûlant sous les pieds du leader syrien Bachar El-Assad. Fin mars, un sénateur américain très influent, John McCain, a demandé que les Etats-Unis et l’Europe soutiennent militairement les rebelles syriens: “Ils méritent notre soutien et le soutien de la communauté internationale pour pouvoir riposter aux attaques du régime”, a affirmé le candidat républicain à la présidence lors des élections de 2008.

    Le gouvernement d’Obama songe aussi à intervenir militairement. Jusqu’à présent, on mise encore et toujours sur la pression diplomatique et politique à exercer contre Damas. Mais, comme l’a laissé entendre le ministre américain de la défense, Leon Panetta, lors d’une audience au Sénat, “on songe à de possibles démarches complémentaires (...), y compris d’éventuelles interventions militaires, si nécessaire”. C’est clair: les Américains refusent, en ultime instance, de tenir compte de la déclaration du conseil de sécurité de l’ONU, appuyée par la Russie et par la Chine. Cette déclaration demande au gouvernement syrien et aux rebelles de réaliser sans délais le plan de paix de l’envoyé spécial Kofi Annan. Ce plan de paix prévoit un armistice, l’envoi d’aide humanitaire et l’ouverture d’un dialogue entre le gouvernement et les adversaires du régime.

    Washington, en revanche, ne veut pas abandonner l’objectif que les Etats-Unis se sont fixé une fois pour toutes; ils veulent tout bonnement un “changement de régime” à Damas, comme le confirme par ailleurs les nombreuses opérations spéciales que mènent depuis des mois les services spéciaux occidentaux. “Le MI6 et la CIA ont infiltré la Syrie pour connaître la vérité”, expliquait en date du 1 janvier le quotidien “Daily Star”, en  se référant à une source non citée mais considérée comme “bien informée”. Ensuite, les contacts sont étroits entre les rebelles libyens et l’”armée syrienne libre”, comme le signalait le 27 novembre 2011 le journal britannique “The Telegraph”. D’après cette information, Abdulhakim Belhadj, chef du conseil militaire de Tripoli et ancien commandant du “Groupe de Combat Libyen-Islamique”, aurait rencontré à Istanbul et le long de la frontière turco-syrienne des chefs de l’”armée syrienne libre”, pour que celle-ci soit entraînée par des “combattants libyens”. Toujours selon le “Telegraph”, Belhadj aurait été envoyé en Turquie par Moustafa Abdoul Djalil, qui n’est rien moins que le président de transition en Libye.

    Or il est tout de même peu vraisemblable que les Libyens aient agi de leur propre chef. Il est plus plausible de dire qu’ils ont reçu cette mission de Washington, pour camoufler l’immixtion américaine. On peut clairement émettre cette hypothèse si on analyse les déclarations du ministre américain de la défense, Panetta: “le soutien aux réformes politiques et économiques, lesquelles correspondent aux aspirations légitimes des citoyens de la région”, relève des mêmes principes fondamentaux qui ont défini les réponses que nous avons apportées aux événements de Tunisie, d’Egypte, de Libye et, dorénavant, de la Syrie”.

    En déclarant cela, Panetta nous révèle clairement que les Etats-Unis n’entendent pas seulement apporter à la Syrie les bienfaits de la démocratie de facture occidentale mais veulent également imposer à ce pays du Levant le système économique esquissé à Wall Street et qui doit s’étendre à la planète entière par l’effet de la globalisation. Ensuite, d’après un livre récemment publié par la CIA, avant que n’éclatent les troubles en Syrie, il y a environ un an, il n’y aurait eu que de “timides réformes”, tant et si bien que l’économie, y “est encore largement régulée par les milieux gouvernementaux”. Dans l’Egypte de Moubarak et dans la Libye de Kadhafi aussi l’économie, surtout les secteurs clés, était sous le contrôle des gouvernements, ce qui rendait l’accès aux marchés locaux difficile pour les entreprises occidentales.

    Quant à l’imposition, partout dans le monde, de réformes libérales, visant à instaurer en tous points du globe l’économie de marché, Michel Chossudovsky, critique canadien du processus de globalisation, pointe du doigt un aspect important, tu en Occident. On dit et on écrit généralement que les causes premières de ces protestations de masse en Syrie sont l’augmentation du chômage et la détérioration du niveau de vie; or ceux-ci découlent tout bonnement de l’adoption d’un programme de réformes exigé par le FMI et que les autorités syriennes ont tenté d’appliquer à partir de 2006. Les mesures réclamées par le FMI comprenaient des privatisations, des dérégulations dans le système financier et un gel des salaires.

    Au-delà de ces réformes exigées par le FMI, la “libération” de la Syrie, assortie de la disparition du régime d’El-Assad, va bien entendu dans le sens des intérêts stratégiques des Etats-Unis en tant que puissance hégémonique globale, comme s’est plu à le souligner Panetta lors d’une audience au Sénat: “La Syrie constitue un pays-clef pour l’Iran. La Syrie est le seul pays allié à l’Iran dans la région et elle représente un facteur décisif dans tous les efforts qu’entreprend l’Iran pour soutenir les militants de la région qui mettent en danger Israël et la stabilité régionale. Les désordres en Syrie ont donc contribué à affaiblir considérablement l’Iran et il est clair que, plus El-Assad est affaibli, plus l’Iran sera perdant”.

    Israël espère ardemment que se construira bientôt une Syrie post-Assad. Car, alors, d’une part, la milice libanaise du Hizbollah, soutenue par Damas et par Teheran, sera affaiblie; d’autre part, l’Etat sioniste espère aussi que se constituera, sur son flanc nord-est, un Etat-tampon, qui servira pour toutes éventuelles opérations contre l’Iran. Un tel Etat-tampon pourrait s’avérer fort utile en cas d’attaque israélienne contre l’Iran car il y a peu de chances que des pays comme la Jordanie ou l’Arabie Saoudite ouvrent leurs espaces aériens aux appareils de Tsahal. Avec une Syrie neutralisée, l’aviation israélienne pourrait se servir du territoire syrien et de l’Irak, dépendant des Etats-Unis, pour aller frapper des cibles en Iran. Il faut voir, toutefois, si ce calcul et ces espérances se concrétiseront vraiment. L’expérience libyenne récente, où une nouvelle guerre civile menace après la fin de l’union sacrée des contestataires contre Kadhafi, et les événements d’Egypte, où les islamistes sont désormais la principale force politique du pays, semblent indiquer que le pari sur les “révolutions arabes” n’a pas été le bon. En plus, il faut savoir que l’armée syrienne libre, qui lutte contre Bachar El-Assad, parce qu’il est alaouite, est soutenue par l’Arabie Saoudite, finalement plus anti-chiite ou anti-alaouite qu’anti-sioniste. L’Arabie Saoudite, d’inspiration wahhabite, vise à diffuser un islam particulièrement rétrograde dans le monde arabe. Un islam rétrograde, wahhabite ou salafiste, qui reçoit de grosses quantités d’armes, souvent achetées en Occident, de la pétro-monarchie saoudienne.

    Bernhard TOMASCHITZ (Zur Zeit, n°13/2012)

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