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Métapo infos - Page 1207

  • La France sous les bombes alliées...

    Nous vous signalons la parution prochaine en DVD chez France Télévision du documentaire intitulé La France sous les bombes alliées et réalisé par Emmanuel Blanchard, Catherine Monfajon et Fabrice Salinié. Diffusé au printemps sur France 3, il est basé sur le livre de l'historien britannique Andrew Knapp, Les Français sous les bombes alliées (Tallandier, 2014).

     

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    " Entre 1940 et 1945, les bombardements alliés ont fait près de 60 000 morts en France. Des centaines de villes furent sinistrées, certaines littéralement rasées. Descentes aux abris, hurlements des sirènes, maisons en flammes : pour tous les Français qui vivaient près des sites stratégiques occupés par les nazis, la guerre fut d’abord l’expérience terrible du bombardement."

    Pour les impatients vous pouvez découvrir le documentaire ci-dessous :

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  • Machiavel contre le machiavélisme...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un article d'Olivier Pironet  cueilli sur Le Monde diplomatique et consacré à la pensée politique de Machiavel.

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    Machiavel contre le machiavélisme

    On ne compte plus les études, biographies, colloques qui ont célébré cette année le cinq centième anniversaire du Prince (1). Dans cet opuscule consacré à l’art de gouverner, Nicolas Machiavel (1469-1527) expose sans détour « ce qu’est la souveraineté, combien d’espèces il y en a, comment on l’acquiert, comment on la perd (2) ». Il dévoile ainsi les rouages du pouvoir et les fondements de l’autorité, ce qui lui a valu une réputation sulfureuse, des interprétations contradictoires, et a fait de son ouvrage « le livre de pensée politique le plus lu et commenté (3) » depuis un demi-millénaire.

    Ecrit en 1513, Le Prince est publié à titre posthume en 1532 — fait rare, c’est donc sa rédaction que l’on commémore — et mis à l’Index par l’Eglise catholique, comme tous les livres du Florentin, de 1559 jusqu’à la fin du XIXe siècle. En 1576, l’auteur huguenot Innocent Gentillet contribue à forger sa mauvaise réputation en inventant le terme de « machiavélisme », promis à un bel avenir. Du penseur Jean Bodin (1529-1596), qui l’accuse d’avoir « profané les mystères sacrés de la philosophie politique », au savant Bertrand Russell (1872-1970), pour qui Le Prince est un « manuel pour gangsters », Machiavel passe communément pour le théoricien cynique du pouvoir et des techniques de manipulation, celui qui murmure à l’oreille des tyrans.

    Pourtant, sa pensée se prête aussi à de tout autres interprétations (4). Le Prince est le « livre des républicains », selon Jean-Jacques Rousseau ; celui où « Machiavel lui-même se fait peuple », pour Antonio Gramsci. A vrai dire, des penseurs de la Contre-Réforme, au XVIe siècle, jusqu’aux libéraux du XXIe siècle, en passant par les auteurs des Lumières, les Jacobins, les marxistes, les fascistes ou les néorépublicains, tous y sont allés de leur lecture. Aujourd’hui, le Florentin inspire tout autant des romans policiers ou des jeux vidéo (5) que des bréviaires de « management entrepreneurial » ou même de « gouvernance familiale » — comme Machiavelli for Moms Machiavel pour les mamans »), de Suzanne Evans (Simon & Schuster - Touchstone, 2013)...

    Dans son autre œuvre majeure, les Discours sur la première décade de Tite-Live, publiés en 1531, Machiavel examine, en relisant l’histoire romaine, les principes du régime républicain, et démontre sa supériorité par rapport aux systèmes despotiques ou autoritaires (principati). Le Prince et les Discours s’articulent autour d’une même problématique : comment instaurer et maintenir un régime d’autonomie et d’égalité — la république — dans lequel les rapports de domination sont exclus ? Comment constituer un Etat libre fondé sur des lois communes, des règles de justice et de réciprocité et la réalisation du bien public ? Le Prince, théorie de la fondation de la république, ou de sa refondation en situation de crise, ainsi que des méthodes adéquates — parfois violentes — pour en construire les piliers, et les Discours, réflexion sur la forme qu’elle doit prendre — la démocratie — comme sur les moyens de la préserver, sont indissociables. Tous deux naissent du contexte historique où Machiavel les rédige et de la tradition intellectuelle dans laquelle il s’inscrit pour mieux s’en détacher.

    Quand il s’attelle au Prince, la République florentine, qu’il a servie pendant quatorze ans en tant que haut diplomate, minée par les divisions et la corruption, vient d’être renversée par les partisans des Médicis avec l’aide des Espagnols (septembre 1512). L’intermède républicain a duré dix-huit ans : une république théocratique, de 1494 à 1498, placée sous l’autorité du moine Jérôme Savonarole, puis une république laïque, de 1498 à 1512. Depuis des décennies, la Péninsule est soumise aux appétits des grandes monarchies qui s’allient au gré de leurs intérêts avec les nombreuses cités-Etats du pays, empêchant l’unification territoriale et nationale que Machiavel appelle de ses vœux. C’est cette situation qui explique l’objet du Prince : il s’agit pour son auteur de réfléchir aux moyens de rétablir la république dans la cité toscane et d’édifier un Etat suffisamment fort pour « prendre » (unifier) l’Italie et la « délivrer » des puissances étrangères. Le Prince s’adresse à celui qui sera capable de réaliser ce double objectif.

    C’est à la fois un manuel d’action pour répondre à l’urgence et une réflexion sur la nature du pouvoir, dans la lignée des ouvrages didactiques en vogue parmi les humanistes. Il rompt néanmoins avec les idéaux classiques. Et édicte les préceptes et méthodes que doit suivre le (re)fondateur d’un Etat, en inversant le rapport traditionnel de subordination de la politique à la morale au nom de la « vérité effective des choses » : l’art de gouverner obéit à des règles spécifiques liées à l’instabilité des relations humaines (les hommes suivent leurs intérêts et leurs passions, dont l’ambition) ainsi qu’à l’irrationalité de l’histoire. Tout dirigeant doit connaître ces règles s’il veut « se préserver » et « maintenir l’Etat ».

    En définissant la politique comme un champ d’action et de réflexion autonome sur lequel la morale n’a pas prise, Machiavel déclenche, pour citer Louis Althusser, une « véritable révolution dans le mode de penser (6) », qui débouchera plus tard sur la constitution de la science politique moderne. C’est cette innovation qui lui vaudra tant d’inimitiés. Les uns lui reprochent d’avoir mis au jour les mécanismes de la domination et enseigné aux gouvernés comment les gouvernants s’y prennent pour asseoir leur pouvoir ; les autres d’avoir détruit, au nom de l’efficacité de l’action, le lien intrinsèque existant selon eux entre la politique, la morale et la religion.

    Machiavel développe cependant une autre problématique essentielle. Selon lui, chaque régime repose sur l’opposition fondamentale entre deux grandes classes, ou « humeurs » (umori) sociales, qui en détermine la forme : le peuple, c’est-à-dire le commun des citoyens, et les grands, ceux qui constituent l’élite sociale, économique et politique. Les seconds, minoritaires, veulent la domination ; le premier, majoritaire, la conteste. « Et de ces deux appétits opposés naît dans les cités un de ces trois effets : ou monarchie, ou liberté, ou licence. »

    Aucun Etat ne peut faire l’économie de cette division sociale : le conflit entre les deux classes, qui recouvre des différences de rang, de richesse et d’aspirations, est universel, et sans résolution définitive possible. Pour diriger, il faut choisir un camp. Pour Machiavel, ce ne peut être que celui du peuple, « car ses buts (…) sont plus honnêtes que ceux des grands, les uns voulant opprimer, l’autre ne pas être opprimé ». La monarchie, ce principato autoritaire que Machiavel voit également dans l’oligarchie, est incapable de résoudre la question sociale. Il faut donc lui préférer un régime républicain, seul système à même de garantir l’égalité des citoyens, la réalisation du bien public et l’indépendance du pays.

    Mais cette république, comme le précisent les Discours, ne peut s’appuyer que sur l’institution de la discorde civile entre les élites et la plèbe, autrement dit sur la reconnaissance politique du conflit inhérent à la cité. L’idée d’une société pacifiée est un mythe, voire une aberration. Machiavel estime ainsi que la République romaine « n’arriva à [sa] perfection que par les dissentiments du Sénat et du peuple ».

    Par là, il s’écarte radicalement du modèle classique, selon lequel l’Etat doit reposer sur des rapports de concorde. Pour lui, au contraire, l’institution de cette discorde civile est le fondement même de la liberté : « Dans toute république, il y a deux umori (…) et toutes les lois favorables à la liberté ne naissent que de leur opposition. » C’est pourquoi il est essentiel de mettre en place un dispositif légal par lequel le peuple puisse faire entendre ses revendications et ses droits.

    Une fois admise la participation commune du peuple et des grands au pouvoir par le biais de leur opposition, la question se pose de savoir à qui confier la « garde de la liberté » et le soin de veiller au bon fonctionnement des institutions. Ce problème est d’une importance capitale, car du contrôle de l’intérêt public par l’une ou l’autre de ces deux catégories dépendent la solidité et l’unité de l’Etat. Quelle forme la république doit-elle donc prendre : aristocratique ou démocratique ? Alors que la grande majorité des penseurs républicains de son époque prônent une oligarchie, le Florentin préconise l’instauration d’une république populaire (stato popolare) fondée sur l’autorité suprême d’une assemblée au sein de laquelle le peuple peut participer, au même titre que les grands, à la direction des affaires de la cité. Il qualifie ainsi, dans le Sommaire des choses de Lucques, de « bonne disposition » le fait qu’un « conseil général ait autorité sur les citoyens, parce que c’est un frein efficace contre les ambitions de certains. (…) Le grand nombre sert à sévir contre les grands et contre l’ambition des riches ». Est plus à même de protéger la liberté et l’égalité, celui qui a intérêt à les voir se maintenir : « Il faut toujours confier [le dépôt de la liberté] à ceux qui ont le moins le désir de la violer. »

    En revanche, quand ce ne sont pas « ceux qui [ont] le plus de mérite, mais ceux qui [ont] le plus de puissance » qui occupent les fonctions élevées de l’Etat, un autre conflit apparaît : la division entre groupes d’intérêts rattachés le plus souvent à des clans familiaux, à des systèmes clientélistes ou à des monopoles financiers — ce que Machiavel range sous le nom de sette (factions, lobbys). Dès lors que « les riches seuls et les puissants propos[ent] des lois, bien moins en faveur de la liberté que pour l’accroissement de leur pouvoir », l’Etat est miné à sa racine même, corrompu. C’est ainsi que la République romaine se perdit, comme la République florentine. Que faire alors ? Les citoyens « doivent examiner la force du mal, et, s’ils se sentent capables de le vaincre, l’attaquer sans considération ».

    Olivier Pironet (Le Monde diplomatique, octobre 2013)

     

    Notes :

    (1) Signalons l’étude d’Emmanuel Roux, Machiavel, la vie libre, Raisons d’agir, Paris, 2013, 267 pages, 20 euros. Filippo Del Lucchese, auteur de Tumultes et indignation. Conflit, droit et multitude chez Machiavel et Spinoza (éd. Amsterdam, Paris, 2010), a coordonné un site Internet autour du Prince, « Machiavelli : A multimedia project ». Cf. également John P. McCormick, Machiavellian Democracy, Cambridge University Press, 2011.

    (2) Lettre à Francesco Vettori, 10 décembre 1513.

    (3) Emmanuel Roux, op. cit.

    (4) Sur les différentes interprétations de la pensée du Florentin, cf. Claude Lefort, Le Travail de l’œuvre Machiavel, Gallimard, Paris, 1986 (1re éd. : 1972).

    (5) Cf. Ranieri Polese, « Machiavel mène l’enquête », Books, n° 46, Paris, septembre 2013.

    (6) Louis Althusser, L’avenir dure longtemps, Flammarion, coll. « Champs essais », Paris, 2013 (1re éd. : 1992).

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  • La bête sauvage...

    Les éditions Kontre Kulture viennent de rééditer La bête sauvage, un essai de Michel Clouscard. Philosophe fétiche d'Alain Soral, ce critique féroce du libéralisme libertaire, mort en 2009, est l'auteur de plusieurs essais comme Le capitalisme de la séduction (Delga, 2006).

     

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    " Michel Clouscard (1928-2009) est un sociologue et philosophe français, proche du parti communiste. Professeur de sociologie à l’université de Poitiers, marxiste, auteur de nombreux ouvrages, il a fait une critique radicale du libéralisme en prenant en compte les changements de processus de production d’abord, l’évolution de l’objet même de la production ensuite.

    Second volet d’un triptyque comprenant par ailleurs Le Capitalisme de la séduction et Critique du libéralisme libertaire, Michel Clouscard se propose ici d’« étudier par quelle stratégie le capitalisme a produit la société civile, ce que Hegel appelait  la Bête Sauvage  : une société qui n’est plus qu’un marché ».

    Sous de Gaulle, le capitalisme d’État permet à la France de développer son infrastructure, et une politique de distribution des profits donne aux ménages la possibilité de s’équiper, créant « l’environnement qui permet aux vertus ménagères de se déchaîner, à l’enfant de bien travailler dans son coin, au père de se reposer ». Ceci fait, le capitalisme a besoin d’un nouveau marché. Le temps libéré par la mécanisation et par l’équipement des ménages deviendra sa cible : ce sera le tournant de la société des loisirs servie par l’idéologie du désir. Mais il faut pour cela passer du sérieux incarné par de Gaulle, au frivole : ce sera le rôle de Mai 68 qui mettra au pouvoir Pompidou le libéral et les idées de Cohn-Bendit, le libertaire. Dès lors, l’appareil d’État n’est plus l’émanation de l’État – qui de répressif devient permissif – mais du grand capital. La liquidation des valeurs traditionnelles devient nécessaire ; le gauchisme sera « l’instrument privilégié de cette opération : toute morale sera dite réactionnaire, ce qui permet de ridiculiser la résistance populaire, du travailleur chef de famille. » À ce stade, « la société civile tient les deux bouts : le macrosocial et le microsocial, l’État et la famille, l’instance suprême de la morale sociale et la cellule de base de sa diffusion ». C’est l’avènement de la social-démocratie qui, bien plus qu’un courant de pensée ou un parti politique, est « un concept opératoire : la gestion de la nouvelle société voulue par le capitalisme moderne ». La Bête Sauvage triomphe. "

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  • Sur l'euthanasie...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Alain de Benoist, cueilli sur Boulevard Voltaire et consacré au débat sur l'euthanasie...

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    Euthanasie : il vaudrait mieux abandonner le langage des droits…

    Le débat sur l’euthanasie fait rage. Mais il y a plusieurs manières de mettre fin à ses jours. Demander au corps médical d’abréger les souffrances d’une longue maladie, se suicider par désespoir (dépressif profond), par sacrifice (kamikaze japonais) ou aspiration héroïque (Dominique Venner)… Comment y voir plus clair ?

    La frontière est parfois mince également entre la mort voulue (le suicide) et la mort acceptée (le martyre)… Mais pour y voir plus clair, il faut d’abord ne pas confondre suicide et euthanasie, même si cette dernière peut parfois prendre la forme d’un suicide assisté. À l’instar des Vieux Romains, je respecte et admet parfaitement le suicide, y compris le suicidé assisté, mais le problème de l’euthanasie va très au-delà dans la mesure où l’on peut se donner la mort quand on est en bonne santé, tandis que l’euthanasie (étymologiquement la « bonne mort ») a nécessairement trait à une fin d’existence déjà programmée.

    C’est en tout cas un problème dont on ne peut sous-estimer l’importance, compte tenu de la finitude humaine. La seule chose dont chacun d’entre nous peut être sûr, c’est qu’il mourra : l’homme est cet être qui sait qu’il est « être-vers-la-mort » (Sein zum Tode), comme le dit dans Etre et temps Martin Heidegger, pour qui se savoir voué à la mort est la manière spécifiquement humaine d’assumer authentiquement ce que l’on possède en propre. La conscience de la mort ne relève en effet pas tant d’une anticipation prévisionnelle (puisque dès qu’un humain vient à la vie, il est déjà assez vieux pour mourir), mais d’une réflexion sur le sens même de l’existence stimulée par la possibilité toujours présente d’une mort indépassable. Cela dit, il n’y a pas besoin d’être philosophe pour s’en rendre compte ! D’après l’INED, il y aurait déjà en France près de trois mille euthanasies par an. La durée moyenne de la vie augmentant, on peut même s’attendre à une demande d’euthanasie de plus en plus forte.

    Vous-même, que pensez-vous de cette fameuse question de la « fin de vie » ?

    Tous les sondages montrent qu’une immense majorité de Français (92 %) sont favorables à l’euthanasie active pour les personnes qui en font la demande et qui souffrent de « maladies insupportables et incurables », à commencer par eux-mêmes, ce que l’on a également pu constater dans les débats engendrés par toute une série de faits-divers et de procès retentissants. Je fais partie de cette majorité. Je pense que mettre fin dans des conditions paisibles à une vie qui s’achève sous une forme végétative ou dans des souffrances indescriptibles relève de la simple humanité. Et je pense aussi qu’il n’y a pas de plus grande preuve d’amour (ou d’amitié) que d’aider à mourir un proche qui l’a demandé. Personnellement, je ne souhaiterais pas être prolongé artificiellement si ma fin de vie devait s’accompagner d’un état végétatif ou de souffrances insupportables. En matière d’acharnement thérapeutique, il faut fixer des limites. Des limites que veulent justement abolir les adversaires de l’euthanasie (il ne doit pas y avoir pour eux de limite à l’acharnement thérapeutique), alors qu’ils invoquent la nécessité d’en respecter lorsqu’il s’agit de la PMA ou de la GPA.

    L’idéal est bien entendu qu’il y ait accord entre l’intéressé, ses proches et les médecins. Quand cela n’est pas possible, il peut au moins y avoir, en général, concertation entre les médecins et les proches. Mais il faut évidemment être attentif aux risques de dérapage, qui sont réels. À l’inverse, il faut aussi en finir avec les fantasmes (du style « on veut tuer tous les vieillards », on va mettre en place une « extermination programmée », etc.) que l’on agite d’autant plus volontiers que l’on n’a jamais été confronté personnellement à des situation douloureuses de ce genre. C’est la raison pour laquelle il faut bien légiférer, alors même que dans le passé ces choses-là se passaient souvent dans le secret des familles et la bienheureuse opacité des sociétés traditionnelles. Seule une législation adaptée peut permettre d’éviter au maximum les dérives ou les abus. La loi Leonetti (2005) n’est pas une mauvaise loi. Elle pourrait cependant être encore améliorée.

    Chez les médecins, il y a ceux qui entendent « préserver la vie » à tout prix. Et d’autres qui estiment avoir quasiment droit de vie ou de mort sur leurs patients. N’existerait-il pas une voie médiane ?

    La voie la plus raisonnable est de ne pas raisonner dans l’absolu. On ne peut éluder un tel problème en s’abritant derrière de grands principes qui ne prennent pas en compte des situations concrètes qui sont toujours particulières, difficiles, tragiques, voire abominables. J’ai pour ma part le plus grand respect pour la vie, mais je ne la confonds pas avec ses formes les plus dégradées. Pour un être humain, « vivre » ce n’est pas seulement respirer ou avoir le cœur qui bat, c’est avoir conscience de son existence. Lorsqu’il n’y a plus de conscience (ou de possibilité de conscience), on ne « vit » déjà plus. Ce qui est remarquable, c’est que le débat autour de l’euthanasie montre clairement les limites du discours des droits, puisque ceux qui proclament le « droit à la vie » s’opposent à ceux qui en tiennent pour le « droit de mourir dans la dignité ». En ce domaine comme en beaucoup d’autres, il vaut décidément mieux abandonner le langage des droits.

    Alain de Benoist, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 19 juillet 2014)

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  • En Angleterre occupée...

    Nous vous signalons la parution récente en DVD, chez Doriane films, d'En Angleterre occupée, un film de Kevin Brownlow et Andrew Mollo, sur le thème uchronique d'une Grande-Bretagne vaincue par l'Allemagne nazie. Certains passage du film, tournés comme des bandes d'actualité d'époque créent un effet de réel vraiment étonnant. Vous pouvez découvrir ci-dessous la critique qu'en a fait Michel Marmin dans le mensuel Le Spectacle du monde de juin 2014.

     

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    " Voici quelques mois, nous vantions ici même (Le Spectacle du monde n°605, novembre 2013) les qualités vraiment exceptionnelles de Winstanley, le second film de Kevin Brownlow et Andrew Mollo, et nous soulignions l'intelligence avec laquelle les deux cinéastes avaient ressuscité à l'écran, de façon quasi documentaire, l'Angleterre du XVIIe siècle. Deux cinéastes de rencontre en réalité, qu'unissaient leurs passions respectives -l'art cinématographique pour Brownlow, les uniformes et les armes pour Mollo - et que la sortie des sentiers battus de la profession n'effrayait pas. Leur association était née une dizaine d'années auparavant, avec un projet complètement fou de Brownlow: un film situé dans une Angleterre que les Allemands auraient envahie après la débâcle de Dunkerque, en 1940, et où aurait été instauré un gime national-socialiste. Brownlow était alors un tout jeune homme qui n'avait pas froid aux yeux, qui ne doutait de rien et n'avait pratiquement pas un penny devant lui. L'aventure aurait autrefois tourné court si Mollo, encore plus jeune que lui, ntait venu lui proposer de reprendre le projet pratiquement à zéro, sur des bases plus solides et crédibles. Le tournage, étalé sur plusieurs années faute de moyens, n'en fut pas facilité, mais la sortie du film, en 1966, fut un événement d'autant plus inattendu qu' En Angleterre occupée n'avait pas coûté plus cher, selon les calculs de Brownlow, que le générique d'un James Bond.

    Jamais uchronie n'aura été aussi saisissante que l'histoire de cette infirmière plongée dans le chaos national, et qui, après avoir assisté à la mort de femmes et d'enfants tués « collatéralement » par des résistants antinazis, rallie le parti collaborationniste au pouvoir à Londres. Voir la Wehrmacht parader à Trafalgar Square comme aux actualités n'est pas quelque chose que l'on risque d'oublier, pour ne prendre que cet exemple! Mais le plus important n'est pas là. Il est dans le discours que délivre le film. Que disent en effet Brownlow et Mollo? Qu'il y aurait sans doute eu, en Angleterre comme ailleurs, des gens de bonne foi et de bonne volonté parmi les collaborateurs des Allemands (c'est le cas de l'héroïne), que les engagements politiques sont souvent déterminés par le hasard des circonstances et que, dans une guerre civile, les horreurs sont toujours de tous les camps. Significativement, le film s'achève, après la victoire de la Résistance appue par un débarquement américain, par le massacre des Waffen SS anglais qui ont fait leur reddition drapeau blanc en tête ... Il n'y a là absolument aucune complaisance morbide de la pan des auteurs, mais un souci d'objectivité « historique » et d'honnêteté dramatique qui, s'il allait de soi il y a cinquante ans, serait peut-être moins bien compris aujourd'hui.

    D'ailleurs, la réalisation du film n'a pas manqué de susciter des débats parfois violents entre Brownlow et Mollo, et pas seulement sur des questions de forme. Brownlow, notamment, était tout à fait conscient du risque de donner prise à la fascination du nazisme, et il n'est pas sûr que le film y ait totalement échappé. Exploit cinématographique sans précédent et enjeu idéologique majeur, En Angleterre occupée ne doit pas seulement être vu et revu. Il doit aussi être lu: En Angleterre occupée est également le titre du livre que Kevin Brownlow a consacré en 1968 à la production et à la réalisation du film, et dont une traduction française vient enfin de paraître, dans une édition très soignée et dotée d'une iconographie captivante, parfaitement accordée au texte.

    Ce livre, nous le disons très sincèrement, est l'un des plus beaux témoignages qu'il nous ait été donné de lire dans notre vie de cinéphile.

    Michel Marmin (Le Spectacle du monde, juin 2014) "

     

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    En Angleterre occupée - Journal d'un tournage, de Kevin Brownlow (La Tour verte, 2014)

     

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  • A propos de la question palestinienne et de quelques autres...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un entretien particulièrement décapant avec Jean Bricmont avec comme point de départ la question palestinienne...

     

     

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