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Métapo infos - Page 1131

  • Libye : allons-nous être contraints de soutenir Al-Qaida contre Daesh ?...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un point de vue de l'africaniste et historien  Bernard Lugan, cueilli sur son blog et consacré à la montée en puissance de l'Etat islamique en Libye, à quelques centaines de kilomètres de nos côtes...

     

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    Libye : allons-nous être contraints de soutenir Al-Qaida contre Daesh ?

    En Libye, les interventions de l'Egypte, de l'Algérie et de la France, destinées à limiter les conséquences devenues incontrôlables de la guerre insensée déclenchée contre le colonel Kadhafi, deviennent de plus en plus problématiques. Pour cinq grandes raisons :
     
    1) Cette intervention était subordonnée à la constitution en Libye même d'une force "nationale" susceptible d'être appuyée. Or, le général Haftar a échoué dans sa guerre contre les islamistes.
     
    2) Plus que jamais, le principal objectif algérien en Libye est la fin du chaos en Tripolitaine afin d'assurer la sécurité de la frontière orientale. Englué en Cyrénaïque, le général Haftar n'a aucun pouvoir en Tripolitaine. Voilà pourquoi Alger traite actuellement avec les islamistes hostiles à Daesh qui contrôlent l'ouest de la Libye.
     
    3) L'Egypte se trouve prise au piège. Dans sa lutte à mort contre les islamistes et les Frères musulmans, elle dépend en effet du financement des monarchies sunnites du Golfe. Or, paniquées par le retour de l'Iran chiite sur la scène politique régionale, ces dernières ont décidé de se rapprocher de tous les mouvements sunnites, dont les Frères musulmans et Al Qaida, comme cela vient de se produire au Yémen. Nous sommes en présence d'une politique de simple survie dont le terme est imprévisible, mais qui bouscule l'échiquier régional. Pour deux raisons majeures :
    - Ce rapprochement a affaibli Al Qaida car plusieurs groupes sunnites qui y sont opposés viennent de se rallier à Daesh, notamment en Tunisie et en Algérie.
    - L'Arabie saoudite freine l'interventionnisme du général Sissi afin de ne pas affaiblir ses nouveaux alliés en Libye, ce qui favorise indirectement Daesh, nébuleuse sunnite qui ne la menace pas encore.
     
    4) Dans ce jeu d'échecs, la France est sur l'arrière-main, se limitant à éviter au Sahel une contagion venue de Libye. Or, tous les connaisseurs du dossier savent bien que sans une "pacification" de la Libye, l'opération Barkhane est bancale.
     
    5) La solution libyenne qui était tribale n'est plus d'actualité. Dans les zones conquises, Daesh, dont la force de frappe est composée de non Libyens, a en effet  renversé le paradigme tribal en liquidant physiquement les chefs qui ne voulaient pas lui faire allégeance afin de terroriser les autres. En conséquence de quoi, les ralliements se multiplient...
     
    Face à cette situation, l'Egypte et la Tunisie ont décidé de se retrancher derrière  deux lignes électrifiées. Cette illusoire défense va certes permettre à certaines firmes européennes de faire de fructueuses affaires, mais elle ne stoppera pas la gangrène.
    Alors, comme je ne cesse de le préconiser depuis des mois, il ne reste qu'une seule solution pour tenter, je dis bien tenter, d'empêcher la coagulation islamiste qui s'opère actuellement dans toute l'Afrique du Nord à partir du foyer libyen. Cette solution a un nom: Saif al-Islam, le fils du colonel Kadhafi actuellement détenu à Zenten. Lui seul est en effet en mesure de reconstituer les anciennes alliances tribales de Cyrénaïque, de Tripolitaine et du Fezzan détruites par l'intervention franco-otanienne.  Or, cette solution est impossible puisque, dans l'ignorance bétonnée du dossier et aveuglée par ses principes juridiques européocentrés déconnectés des réalités, la Cour pénale internationale l'a inculpé pour "crimes de guerre".
     
    Dans cette évolution vers le pire que connaît la Libye, poussés à la fois par l'Arabie saoudite et par l'Algérie, Frères musulmans, Al Qaida et diverses milices viennent de s' "allier" contre Daesh.
    Dans cette guerre entre islamistes qui menace notre flanc sud, allons-nous donc être contraints de considérer Al Qaida comme un nouvel "ami"... ? Voilà le scénario apocalyptique auquel le sémillant BHL et l'éclairé Nicolas Sarkozy n'avaient pas pensé...

    Bernard Lugan (Blog de Bernard Lugan, 27 juillet 2015)
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  • Les Berserkir, les guerriers-fauves scandinaves...

    Les Presses universitaires du Septentrion ont publié en 2011 une étude de Vincent Samson intitulée Les Berserkir - Les guerriers-fauves dans la Scandinavie ancienne. Officier de cavalerie, Vincent Samson est docteur en histoire et consacre principalement ses recherches au compagnonnage guerrier dans le monde nordique ancien. Il a, à ce titre, apporté une large contribution au numéro de la revue Nouvelle École consacré au Germains (n°63-64, année 2014).

     

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    " Les berserkir comptent parmi les figures les plus fascinantes de la littérature scandinave médiévale. Ces combattants d'élite, « semblables à des ours ou des loups », manifestent leur « être second » lors de terrifiants accès de sauvagerie. Très appréciés des souverains de l'ancien Nord, les berserkir sont considérés comme les compagnons d'Odin - divinité furieuse, maîtrisant l'art de la métamorphose.

    Dépassant l'analyse des stéréotypes légendaires, cet ouvrage s’attache à démontrer l’historicité d’une tradition associée aux aspects sacrés de la fonction royale. Les berserkir incarnent un modèle de compagnonnage militaire attesté sous diverses formes dans les sociétés germaniques anciennes.

    Il s’agit de la première étude complète publiée en France sur le sujet. L’auteur soumet à un rigoureux examen critique l’ensemble des sources médiévales (poèmes, sagas, chroniques, documentation épigraphique, onomastique, archéologique) ainsi que les interprétations proposées depuis deux siècles par les spécialistes scandinaves, allemands ou anglo-saxons.

    L’approche retenue est résolument interdisciplinaire : elle associe la philologie et l’étude des témoignages iconographiques, la mythologie comparée, l’histoire des sociétés et des institutions.

    Ce livre ne s’adresse pas seulement aux spécialistes de la civilisation des Vikings - linguistes, historiens ou archéologues - mais également aux lecteurs intéressés par les pratiques martiales et les croyances religieuses de l’Europe pré-chrétienne. "

     

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  • Justice, la descente aux abîmes...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue du criminologue Xavier Raufer, cueilli sur Le nouvel Économiste et consacré aux dernières trouvailles de la politique d'"humanisme pénal" développée par la ministre de la justice Christiane Taubira...

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    Justice, la descente aux abîmes

    Majesté médiatique tenant l’Élysée d’une poigne de fer, la garde des Sceaux magnifie son “humanisme pénal”. Dernier avatar dudit “humanisme” : le tribunal de Bobigny “va proposer une thérapie aux délinquants souffrant d’addiction”. Traduisons en français la novlangue-Taubira : on soignera des criminels toxicomanes. Hors de prison bien sûr, car inlassablement, tout est fait pour les vider. Concernant des récidivistes qui “bénéficieront d’un programme thérapeutique intensif”, l’initiative visera à “éviter la récidive”.

     

    Un “projet pilote”, vraiment ? Pas du tout. Le fort libertaire entourage de la garde des Sceaux a même récupéré ce projet dans les poubelles du California Department of Corrections (CDC), institution du “Golden State” chargé des affaires pénitentiaires [www.cdcr.ca.gov.].

     

    Et pas dans des poubelles d’hier – plutôt dans leurs tréfonds des années 1950-60, période où le CDC professait un laxisme qu’il délaisse désormais. Quelle était alors sa doctrine ? Celle du projet pilote de Mme Taubira : victimes de la société, les malfaiteurs commettent des crimes parce qu’on ne soigne pas leur toxicomanie ; ou alors, pour le CDC des fifties, leurs troubles mentaux. Dès lors, l’État californien dépense des fortunes en travail social, programmes alternatifs à l’incarcération, etc. Objectif, déjà : éliminer la récidive. Toujours sensible aux modes bien “vendues”, l’Amérique embraye et bientôt, les programmes type CDC essaiment dans nombre des 50 États.

     

    Travelling avant, au début des seventies : la récidive s’est-elle effondrée aux États-Unis ? Non, au contraire ! Des criminologues et des économistes décident alors d’évaluer le résultat concret des fameux programmes “Care” du CDC.

     

    Coup de tonnerre au printemps 1974 : le N° 35 la revue de politiques publiques ‘National Affairs’ publie une étude de l’économiste Robert Martinson intitulée “What Works ? Questions and answers about prison reform”.

     

    Allons à l’essentiel : la plupart des programmes visant à “soigner” des criminels n’ont pas d’effet mesurable et durable. Pourquoi ? Le plus souvent, le bandit est à la fois toxicomane et braqueur ; ou bien schizophrène et cambrioleur ; et non braqueur ou cambrioleur du fait de sa toxicomanie ou de sa pathologie mentale, comme l’imaginait l’idéologie CDC. À la fin de ces thérapies, on retrouve donc une majorité de cambrioleurs ou de braqueurs toujours aussi actifs ; libres bien sûr, et désormais en pleine santé.

     

    Message pour ‘Les Décodeurs’, ‘Le vrai du faux’ et ‘Décryptage’ : l’auteur a écrit sur ce sujet (1985, Éditions Suger) un ouvrage intitulé ‘Le cimetière des utopies’. Il leur fournira sur demande l’original de l’étude “What Works ?” et maints autres documents criminologiques.

     

    Tel est donc le dernier “projet pilote” de Mme Taubira & co. Chronologiquement, le premier d’entre eux consistait à équiper de bracelets électroniques un maximum de condamnés à de courtes peines. En France, ils sont plus de 11 000 individus à en bénéficier aujourd’hui. Or voilà qu’un brouilleur d’ondes chinois, en vente libre sur Internet, permet de bloquer la transmission du signal d’alarme du bracelet vers le centre de contrôle. Depuis mai dernier, cette nouvelle ravit la “France sauvage”, mais laisse la pourtant fort médiatique Chancellerie murée dans un lourd silence.

     

    Xavier Raufer (Le nouvel Économiste, 23 juillet 2015)

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  • Dans les laboratoire du dieu de la guerre...

    Le magazine Sciences et Avenir vient de publier un numéro hors-série (n°182, juillet-août) sur le thème « Science et guerre, nouveaux conflits, nouvelles technologies. Cyberguerre, Drones, Soldat du futur, Propagande, Nucléaire, Robots...

     

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    Au sommaire :

    Édito

    Une paix traversée de guerres 

    Rencontre

     « Le champ de bataille classique disparaît »

    Propagande

     Internet, arme de persuasion massive

    Drones

    L'envol de l'avion sans pilote

    Tuer n’est pas jouer

    Cyberguerre

    L’armée des nombres

    Le cyberespace sur écoute

    La France a son Pentagone 

    Armée high tech

    Le pari du soldat augmenté

    La tenue de combat du futur

    Les robots montent au front

    La guerre à la vitesse de la lumière 

    Espace

    L’œil infaillible des satellites espions

    Guerre froide sur orbite 

    Nucléaire

    Simuler ... pour mieux dissuader

    Trente ans d’hiver ... 

    Agents toxiques

    Le spectre de l'attaque biologique

    Quarante-huit heures pour administrer un antidote

    « Le risque: qu’une forme virale dangereuse échappe au contrôle »

    Un héritage empoisonné

    De l’eau qui vaut de l’or

    Le ciel nous tombera-t-il sur la tête ?

    « Les modifications climatiques vont exacerber les conflits » 

    Cinéma

    La guerre dans le viseur des cinéastes

     

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  • Feu sur la désinformation... (54)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un nouveau numéro de l'émission I-Média sur TV libertés, consacrée au décryptage des médias et dirigée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, avec le concours d'Hervé.

    Au sommaire :

    • 1 :  Fort Béar – Y a-t-il une cinquième colonne ?.
    • 2 : Le zapping d’I-Média.

    • 3 : La nuit du Ramadan, France 2 promeut un artiste raciste.
    • 4 : Tweets d’I-Média.
    • 5 : Immigration, le retour du mariage forcé.
    • 6 : Le bobard de la semaine.

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  • Après le « Moment grec » : dernier inventaire avant recomposition ?...

    Nous reproduisons ci-dessous une analyse intéressante de David Desgouilles, cueillie sur son blog Antidote et consacrée à la crise grecque et à ses répercussions sur le paysage politique français. L'auteur est un collaborateur régulier de Causeur.

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    A qui profitera le « Moment grec » ? - Dernier inventaire avant recomposition

    Maintenant que l’actualité grecque a perdu de la vitesse et en attendant que les prochains épisodes débarquent sur nos écrans, il est utile de faire un point sur les bouleversements que cette séquence à produit sur notre échiquier politique et les enseignements qu’on peut en tirer. Le « Moment grec » est l’un de ceux qui permettent d’établir un état des lieux politique et idéologique.

    Puisque le Premier ministre grec Alexis Tsipras en a été l’acteur principal, voyons d’abord du côté de ceux qui se considèrent comme ses partenaires politiques privilégiés en France. On y trouvait le Front de gauche, les frondeurs du PS et une partie des écologistes. Comme l’a expliqué notamment Frédéric Lordon, cette séquence permet à tous, et notamment à ceux qui se réclament de la gauche radicale, de comprendre qu’il ne peut y avoir, de son point de vue, « d’euro sympa ». L’intransigeance du gouvernement allemand, du CDU au SPD, ôte les dernières illusions quant à la possibilité de mettre la monnaie européenne au service de leurs idées. Pire, il est même l’outil privilégié utilisé contre leurs idées. Comme aurait dit un humoriste très apprécié à gauche,  s’ils ne le voient pas maintenant, « ce n’est pas des lunettes qu’il leur faut mais un chien ». Jean-Luc Mélenchon a toujours dit que si, arrivé au pouvoir, il se heurtait au refus allemand, il opterait pour la fin de l’euro. Aujourd’hui, il sait que le refus est définitif. Il faudra suivre ses prochaines déclarations avec attention sur ce thème. Quant aux frondeurs, on a pu observer qu’ils avaient tous voté l’accord signé la semaine dernière, alors même qu’ils savent – et parfois disent – que cet accord a été extorqué à Tsipras. Croient-ils encore à la possibilité d’un « euro sympa » ?  Il nous est difficile de sonder les reins et les cœurs, mais leur foi doit être sacrément ébranlée. En tout cas, Arnaud Montebourg a décidé de convier Yanis Varoufakis à sa traditionnelle Fête de la Rose de Frangy-en-Bresse, fin août. L’ancien ministre grec des finances a conseillé à Tsipras, la nuit du référendum, de réquisitionner la Banque de Grèce et de mettre en place un système de monnaie parallèle, ce qui aurait permis de montrer la détermination du gouvernement et d’anticiper un éventuel Grexit. Tsipras n’a pas souhaité l’écouter. Varoufakis a ensuite voté contre l’accord à la Vouli. Inviter celui qui incarne aujourd’hui le Non grec n’est pas anodin pour Montebourg. Va-t-il prendre un virage sur l’euro en ses terres bressanes dans quelques semaines ? On attend son discours avec impatience. De ce point de vue, nous ne croyons pas à une évolution de Cécile Duflot sur la question. Entre deux maux, l’austérité et l’adhésion à tout ce qui pourrait ressembler à du chevènementisme, l’ancienne ministre du logement a sans doute fait son choix ad vitam aeternam. Jean-Luc Mélenchon l’a appris à ses dépens lors de la sortie de son dernier pamphlet contre l’Allemagne.

    Du côté de la gauche hollando-vallsaise, la question de l’euro est aujourd’hui complètement religieuse. On doit sauver l’euro « à tout prix », parce que l’euro, c’est l’Europe, et l’Europe, c’est la Paix. A partir de ce constat, aucune négociation n’est possible avec l’Allemagne dans la mesure où cette dernière est certaine que ses interlocuteurs ne sacrifieront jamais l’euro et qu’ils feront tout pour le sauver. Ils sont ainsi prêts à tous les sacrifices et tous les renoncements programmatiques. Schaüble peut tout demander à un gouvernement dirigé par cette frange de la gauche. Il gagnera. Pour l’instant, il joue avec la France et l’Italie comme un gros matou avec des souris. Si « l’euro sympa » c’est fini, « l’euro-religion » n’est pas mort.

    Du côté des Républicains et de l’UDI, il y a certes une part « d’euro-religion » mais pas seulement. On a pu observer lors du « Moment grec » une manifestation de fascination quasi-unanime devant le duo Merkel-Schaüble. C’est bien de ce parti qu’on a entendu le plus conspuer Alexis Tsipras. L’ordo-libéralisme de type allemand constitue un objectif à lui seul. L’euro n’est pas une religion comme au PS hollandais, et a justement l’objectif de ne pas être « sympa » comme le souhaitait la gauche radicale. Il est un outil au service d’un modèle qu’on vénère. Pas une feuille de papier à cigarette sur cet objectif entre Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, Xavier Bertrand et François Fillon. Une seule grande voix discordante par rapport à cette ligne, celle d’Henri Guaino. Entre son discours et celui des différents candidats possibles à la primaire, il n’y a plus un fossé mais le Grand Canyon. Toutefois, l’ancien candidat spécial ne préconise pas comme Jean-Pierre Chevènement un démontage de la monnaie unique. S’il souhaite préserver l’existence de cette dernière, c’est par prudence et par crainte qu’une telle opération ne provoque une crise financière mondiale, suscitant davantage de malheurs encore que le statu quo. Si Nicolas Sarkozy et Alain Juppé sont cohérents en soutenant l’idée d’un euro obligeant mécaniquement la France à effectuer les réformes dont ils rêvent, souhaitant une législation fiscale et sociale équivalente à celle de notre voisin d’outre-Rhin, qu’en est-il de François Fillon et de Xavier Bertrand ? Souvenons-nous qu’ils défendirent quant à eux le Non avec Philippe Séguin, ce dernier ayant prophétiquement annoncé les écueils d’une monnaie unique non assise sur un gouvernement vraiment fédéral. On ne comprend pas vraiment, à vrai dire, la fascination de ces deux-là pour l’ordo-libéralisme allemand alors que leur attachement ancien à la souveraineté, tout en revendiquant des idées libérales, devrait leur suggérer de regarder ce qui se passe de l’autre côté… de la Manche. Bertrand et Fillon pourraient en effet assumer un souverainisme libéral à l’anglaise, mais ce n’est pas le cas.

    Qui pourrait bien emprunter ce modèle dans les prochaines  années ? Ce ne sera pas Nicolas Dupont-Aignan, dont le noyau des troupes provient de la frange gaulliste sociale qui militait naguère pour Séguin et Pasqua. Il tente bien, parfois, d’apparaître plus « libéral » que Marine Le Pen, empruntant une sémantique destinée aux petits patrons, aux commerçants et aux artisans, mais ce n’est visiblement pas son ADN. D’ailleurs, si Jean-Pierre Chevènement lui fait des avances et sera présent aux universités de DLF à la rentrée, ce n’est pas pour faire du Cameron. Finalement, celle qui pourrait incarner à l’avenir ce souverainisme libéral, combinant hostilité à l’euro et à l’intégration européenne, mais dans un esprit plus britannique, c’est sans doute Marion Maréchal Le Pen, en menant cette bataille à l’intérieur du FN contre sa tante et Florian Philippot. Ces deux derniers, même s’ils essuient pour le moment la tempête provoquée par le vieux patriarche, demeurent les grands bénéficiaires du « Moment grec ». L’idée qu’il n’y a pas « d’euro sympa » leur permet de gagner la bataille face au Front de gauche, qui les accusait d’être défaitistes en promouvant directement la sortie de l’euro. De surcroît, aux yeux des ouvriers et des employés, ils apportent une cohérence d’ensemble contre les différentes facettes du libéralisme mondialisé. Non seulement ils s’opposent à l’euro depuis plus longtemps, mais ils sont opposés à la libre circulation des marchandises, des capitaux… et des hommes. Pour séduire les classes populaires, le sans-frontiérisme de la gauche radicale constitue en effet un handicap et le demeurera, même si elle fait son aggiornamento sur l’euro.

    Si les crises à répétition de l’euro vont certainement revenir, la prochaine bataille, le prochain « Moment » devrait survenir au moment des votes du traité transatlantique. La gauche radicale sera-t-elle plus à l’offensive que le FN et surtout plus audible ? Le PS cèdera-t-il encore sur ce dossier à l’intransigeance allemande par foi dans la construction européenne, malgré son ministre euro-critique Matthias Fekl, au centre des négociations ? La droite classique LR-UDI demeurera-t-elle la meilleure élève d’Angela Merkel ? Des recompositions auront-elles enfin lieu à cette occasion ?

    Ces enjeux pèseront davantage que le résultat des élections régionales, à n’en pas douter.

    David Desgouilles (Antidote, 21 juillet 2015)

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