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Métapo infos - Page 1024

  • Quand la justice crée l'insécurité...

    Les éditions Fayard viennent de rééditer dans leur collection de poche Pluriel l'essai de Xavier Bébin intitulé Quand la justice crée l'insécurité. Diplômé de Sciences Po Paris, Xavier Bébin est secrétaire général de l'Institut pour la justice.

     

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    " Le fonctionnement actuel de notre système judiciaire met en danger la sécurité des citoyens. Face à cette insécurité, il ne faut plus se demander : « Que fait la police ? », mais : « Que fait la Justice ? »

    Grâce à un travail approfondi avec tous les acteurs concernés (juges, avocats, psychiatres, policiers, victimes, responsables politiques) et à une riche documentation, Xavier Bébin dans ce livre vif et courageux décrit les dérives d’un système judiciaire qui favorise l’impunité et se désintéresse parfois trop souvent des victimes. Il nous donne ainsi une vision plus juste du crime et de la justice pénale en France.

    Ce livre démonte en effet toutes les idées reçues qui engendrent dérive de notre société et perte des valeurs, lesquelles fondent toute politique de lutte contre la délinquance. Parmi ces préjugés,  on entend que la prison est l’école du crime, ou que la pauvreté est LA cause de la criminalité. Ce « dogmatisme pénal » conduit à un « humanisme hémiplégique » et empêche nos dirigeants de prendre les mesures qui s’imposent.

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    Grâce à un travail approfondi avec tous les acteurs concernés (juges, avocats, psychiatres, policiers, victimes, responsables politiques) et à une riche documentation, Xavier Bébin dans ce livre vif et courageux décrit les dérives d’un système judiciaire qui favorise l’impunité et se désintéresse parfois trop souvent des victimes. Il nous donne ainsi une vision plus juste du crime et de la justice pénale en France.

    Ce livre démonte en effet toutes les idées reçues qui engendrent dérive de notre société et perte des valeurs, lesquelles fondent toute politique de lutte contre la délinquance. Parmi ces préjugés,  on entend que la prison est l’école du crime, ou que la pauvreté est LA cause de la criminalité. Ce « dogmatisme pénal » conduit à un « humanisme hémiplégique » et empêche nos dirigeants de prendre les mesures qui s’imposent.

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    Grâce à un travail approfondi avec tous les acteurs concernés (juges, avocats, psychiatres, policiers, victimes, responsables politiques) et à une riche documentation, Xavier Bébin dans ce livre vif et courageux décrit les dérives d’un système judiciaire qui favorise l’impunité et se désintéresse parfois trop souvent des victimes. Il nous donne ainsi une vision plus juste du crime et de la justice pénale en France.

    Ce livre démonte en effet toutes les idées reçues qui engendrent dérive de notre société et perte des valeurs, lesquelles fondent toute politique de lutte contre la délinquance. Parmi ces préjugés,  on entend que la prison est l’école du crime, ou que la pauvreté est LA cause de la criminalité. Ce « dogmatisme pénal » conduit à un « humanisme hémiplégique » et empêche nos dirigeants de prendre les mesures qui s’imposent.

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    « Quand la Justice crée l’insécurité »

    Quand la Justice crée l’insécurité. C’est le titre choc du dernier livre de Xavier Bébin, Secrétaire général de l’Institut pour la Justice. Cet ouvrage souligne que le fonctionnement actuel de notre système judiciaire peut mettre en danger la sécurité des citoyens. Face à cette insécurité, l’auteur invite à ne plus se demander : « que fait la police ? », mais : « que fait la Justice ? ».

    Grâce à un travail approfondi avec tous les acteurs concernés (juges, avocats, psychiatres, policiers, victimes, responsables politiques) et à une riche documentation, Xavier Bébin dans ce livre vif et courageux décrit les dérives d’un système judiciaire qui favorise l’impunité et se désintéresse parfois trop souvent des victimes. Il nous donne ainsi une vision plus juste du crime et de la justice pénale en France.

    Ce livre démonte en effet toutes les idées reçues qui engendrent dérive de notre société et perte des valeurs, lesquelles fondent toute politique de lutte contre la délinquance. Parmi ces préjugés,  on entend que la prison est l’école du crime, ou que la pauvreté est LA cause de la criminalité. Ce « dogmatisme pénal » conduit à un « humanisme hémiplégique » et empêche nos dirigeants de prendre les mesures qui s’imposent.

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    Grâce à un travail approfondi avec tous les acteurs concernés (juges, avocats, psychiatres, policiers, victimes, responsables politiques) et à une riche documentation, Xavier Bébin dans ce livre vif et courageux décrit les dérives d’un système judiciaire qui favorise l’impunité et se désintéresse parfois trop souvent des victimes. Il nous donne ainsi une vision plus juste du crime et de la justice pénale en France.
    Ce livre démonte en effet toutes les idées reçues qui engendrent dérive de notre société et perte des valeurs, lesquelles fondent toute politique de lutte contre la délinquance. Parmi ces préjugés,on entend que la prison est l’école du crime, ou que la pauvreté est LA cause de la criminalité. Ce « dogmatisme pénal » conduit à un humanisme hémiplégique et empêche nos dirigeants de prendre les mesures qui s’imposent.
    Xavier Bébin propose des solutions concrètes pour un système pénal crédible et efficace. "
     

    Grâce à un travail approfondi avec tous les acteurs concernés (juges, avocats, psychiatres, policiers, victimes, responsables politiques) et à une riche documentation, Xavier Bébin dans ce livre vif et courageux décrit les dérives d’un système judiciaire qui favorise l’impunité et se désintéresse parfois trop souvent des victimes. Il nous donne ainsi une vision plus juste du crime et de la justice pénale en France.

    Ce livre démonte en effet toutes les idées reçues qui engendrent dérive de notre société et perte des valeurs, lesquelles fondent toute politique de lutte contre la délinquance. Parmi ces préjugés,  on entend que la prison est l’école du crime, ou que la pauvreté est LA cause de la criminalité. Ce « dogmatisme pénal » conduit à un « humanisme hémiplégique » et empêche nos dirigeants de prendre les mesures qui s’imposent.

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  • Vers une Europe autoritaire et ghettoïsée?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Roland Hureaux, cueilli sur Causeur et consacré aux conséquences, déjà visibles, pour les Européens de l'invasion migratoire et de la menace du terrorisme islamique...

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    Vers une Europe autoritaire et ghettoïsée?

    Bienvenue dans le monde d’après

    La conjonction de vagues migratoires hors de contrôle, d’attentats terroristes de grande ampleur et d’une restriction des libertés (loi sur les écoutes, état d’urgence) allant jusqu’à une réforme de la Constitution qui va jusqu’à inquiéter le Conseil de l’Europe, pourrait bien dessiner les traits de l’Europe vers laquelle nous allons : ghettoïsée, conflictuelle et autoritaire.

    Les tenants de la société multiculturelle pensent que la diversité des communautés allogènes implantées dans les pays européens constituera un enrichissement pour le pays d’accueil par la multiplication des échanges et le croisement des cultures qu’elle suscitera, pouvant aller jusqu’au métissage. Cela est vrai, au moins en partie, quand les dites communautés ne sont qu’une petite minorité, trop réduite pour rester dans l’entre-soi et pour apparaître comme une menace. Chacun de ses membres a de fortes chances de rencontrer à l’école, sur les stades ou au travail des autochtones et de s’assimiler à leur  mode de vie. Les autochtones ne sentant pas leur primauté remis en cause, se montrent accueillants et ouverts aux échanges.

    Il n’en est plus de même quand les dites communautés se font nombreuses. Les nationaux ont moins envie d’échanger. Les immigrés ou fils d’immigrés ont moins de chances de les rencontrer notamment dans des classes devenues monocolores. En France, la reprise de la fécondité immigrée depuis quinze ans, laquelle s’était jusque-là plus ou moins normalisée, est un marqueur de la communautarisation, de pair avec la préférence des mâles pour des femmes qu’ils font venir du pays, plus dociles que leurs voisines de palier.

    Au terme : une société d’apartheid telle que l’Allemagne en montre l’exemple depuis longtemps. A Berlin, il n’y a pas d’Allemands dans les quartiers turcs et très peu de Turcs dans les quartiers allemands. Plus les populations immigrées seront importantes, plus la séparation sera grande.

    Des tensions prévisibles

    Les  relations de ces communautés seront, qu’on le veuille ou non, conflictuelles. Sans doute, le nombre de musulmans impliqués dans les actes terroristes est-il infime par rapport à leur nombre total : 1 sur 1 000 si on se réfère au fichier S, lui-même très extensif. Mais ces actes auront statistiquement et toutes choses égales par ailleurs deux fois plus de chances de se produire si la population allogène devient deux fois plus nombreuse. Ils contribuent et contribueront à durcir les relations intercommunautaires,  à entretenir la méfiance et l’hostilité dont les effets seront seulement tempérés par la  séparation des communautés. En outre, le terrorisme n’est pas la seule forme de l’agressivité réciproque des communautés : la délinquance ordinaire, les « incivilités » ou alors les réflexes d’autodéfense des autochtones y contribueront aussi.

    Malgré les exemples de pays comme le Liban, la Bosnie, le Sri Lanka qui montrent que des communautés religieuses  d’importance comparable1 ne peuvent coexister longtemps de manière pacifique, on peut penser que ce n’est pas ce genre de guerre ouverte qui menace immédiatement l’Europe. Mais, comme l’a montré Pierre Manent 2, la démocratie  ne peut prospérer que dans une communauté relativement homogène. On peut craindre que l’hétérogénéité au contraire lui soit fatale. C’est une loi historique que plus une société est hétérogène, plus il faut un pouvoir fort pour y maintenir la paix civile.

    Menaces sur les libertés

    On ne voit que trop comment un pouvoir socialiste qui proclame à tout-va son attachement aux valeurs républicaines, conforte chaque jour sa légitimité par une gesticulation sécuritaire qui entretient la psychose de l’attentat et habitue insensiblement les esprits à un régime d’exception. S’il est vrai que des failles dans le dispositif policier ont fait obstacle à ce que les attentats de Charlie et du Bataclan aient été détecté à temps, personne n’a considéré que ces failles provenaient de lacunes juridiques, seulement de dysfonctionnements des services. Il est probable que leur vigilance ayant été aiguisée par les événements, ils mettront un point d’honneur à mieux prévenir les attentats et donc à diminuer les risques que court la population. Il reste qu’avec l’état d’urgence, tout citoyen français peut craindre de voir au milieu de la nuit débarquer la police chez lui pour y effectuer une perquisition sans mandat judicaire. Il est aussi vrai que depuis la loi du 24 juillet 2015  sur le renseignement, des gens font attention au contenu de leurs courriels craignant qu’ils ne soient interceptés et utilisés contre eux. Ces moyens juridiques d’exception ont été notoirement utilisés contre des personnes, écologistes, identitaires ou autres, qui n’avaient rien à  voir avec les réseaux terroristes. Sans aucune nécessité, on veut réformer la Constitution alors même qu’une démocratie forte devrait garder ses lois fondamentales sauves quelles que soient les  circonstances3.

    S’il est vrai, comme on le dit, que les événements que nous avons vécus ne sont rien à côté de ceux qui nous attendent (il faut espérer le contraire !), alors les restrictions de libertés que nous aurons à connaître dans le futur seront encore plus considérables.

    Cela ne concerne pas que la France. Une fois l’euphorie de la politique d’accueil de Merkel passée, qui sait ce que nous réserve ce pays dont les oscillations extrêmes ont déjà ébranlé l’Europe ?

    Il est des gens, en France et en Europe, qui imaginent qu’une politique d’accueil large et généreuse rendra les gens meilleurs et la société plus prospère et démocratique, qu’elle fera progresser les droits de tous à commencer par ceux des migrants. Certains sont même prêts à faire émerger cette société vertueuse par la force d’une loi impitoyable au moindre écart de langage. Ils devraient être refroidis par les perspectives qui se dessinent. Ce n’est pas la première fois dans l’histoire contemporaine que les bons sentiments amènent des catastrophes, c’est même plutôt là la règle que l’exception. Nos anticipations ne découlent de rien d’autre que d’une connaissance objective de la dynamique des sociétés de tous les temps et de l’extrapolation de ce qui se passe sur notre sol depuis quelques mois.

    Roland Hureaux (Causeur, 18 février 2016)

     

    1. Ce qui ne veut pas dire un poids démographique équivalent. Le nombre d’adeptes actifs de chaque groupe, ses appuis extérieurs, importent aussi.
    2. Pierre Manent , La Raison des nations : réflexions sur la démocratie en Europe. Gallimard, collection L’esprit de la cité, 2006.
    3. Ce qui fut le cas de la IIIe République en guerre de 1914 à 1918 ou des Etats-Unis jusqu’au 11 septembre 2001.
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  • Philosopher à l'arc...

    Les éditions Lignes viennent de publir un essai de Jean-Paul Curnier intitulé Philosopher à l'arc. Philosophe, écrivain, Jean-Paul Curnier est l'auteur d’essais et d’un grand nombre d’articles sur l’actualité, l’image, l’art, les médias.

     

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    " Chasser à l’arc, c’est apprendre à disparaître. La portée courte des flèches obligeant à s’approcher au plus près des bêtes, il faut impérativement connaître d’elles tout ce qui peut s’en apprendre et en tirer toutes les conclusions pour se rendre pratiquement inexistant à leurs yeux. Mais à cela il y a une conséquence : à force de se rendre insignifiant, de quitter toute apparence humaine, on cesse aussi d’être soi. On devient, pour partie au moins, ce que l’on traque. Se tenir au plus près des bêtes c’est aussi fréquenter au plus près l’animalité, sa propre animalité originelle ; enfouie et pourtant toujours si proche.

    Confondu avec l’arc, avec la cible et avec tout ce qui l’entoure, livré à la seule vision et à la seule sensation pour toute prise avec le monde, l’archer n’est plus seulement un individu qui pense, qui raisonne et tente de maîtriser ce qui advient, il devient le théâtre de combinaisons de sens et de significations jusqu’alors tenues pour étrangères les unes aux autres. Il se fait lui-même scène d’un collage, d’un rendez-vous imprévu de significations et de décisions qui semblent se prendre hors de lui et de sa volonté.

    « Philosopher à l’arc » c’est, en somme, laisser se développer les pensées qu’appelle et mobilise cette expérience à la fois physique et mentale, archaïque et actuelle, de la présence au monde. Expérience où défilent et se côtoient une succession de visions, de présences et de réminiscences, où rôde la sensation d’une origine retrouvée. "

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  • La laïcité : une idéologie au service du Grand Remplacement ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Geoffroy, cueilli sur Polémia et consacré à la question de la laïcité...

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    La laïcité : une idéologie désormais au service du Grand Remplacement

    La laïcité serait, selon l’oligarchie, la réponse « républicaine » à l’islamisme et un levier du fameux « vivre-ensemble ».

    Mais c’est une totale duperie, qui ne sert qu’à déconstruire toujours plus notre civilisation.

    La déesse Raison

     La laïcité est une invention des Lumières, reprise ensuite, en partie, par la Révolution française ; en partie seulement parce les républicains ne sont pas tous hostiles à la religion, loin de là : beaucoup sont d’ailleurs déistes, à commencer par Robespierre. Même si, au-delà de la lutte contre les ordres de la société d’Ancien Régime, pour les intellectuels des Lumières, la religion correspond à un stade dépassé et obscurantiste du développement humain, appelé à se voir remplacé par celui de la Raison et de la Science. On célèbre alors la déesse Raison dans des églises reconverties à cet effet, ce qui est quand même une légère contradiction…

    Cependant la laïcité telle qu’on l’invoque aujourd’hui est assez différente car reformulée à la sauce libérale/libertaire. Elle ne correspond plus vraiment, en outre, à la doctrine élaborée et mise en œuvre sous la Troisième République, avec notamment la loi de 1905 sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat.

    Une laïcité de combat

    La laïcité de la Troisième République était avant tout de nature politique, en effet : elle visait à réduire l’influence sociale de l’Eglise catholique, considérée comme hostile au nouveau régime. En particulier dans l’enseignement : les républicains de la Troisième République voyaient loin et se sont servis de la séparation de l’Eglise et de l’Etat pour briser l’enseignement catholique. Le formatage des futurs électeurs sera désormais accompli par l’enseignement public obligatoire et laïc et aussi par la conscription.

    Il s’agissait donc d’une laïcité de combat pour enraciner le républicanisme dans la France rurale d’alors – en arrachant la population à ses déterminants religieux, comme aurait pu dire Vincent Peillon, ancien ministre de l’Education nationale. Ce qui fut fait en partie et déboucha sur un relatif consensus patriotique.

    La laïcité contemporaine : une idéologie inconsistante

    L’idéologie laïque contemporaine est de nature différente car elle exprime avant tout un individualisme d’origine libérale/libertaire, qui repose sur l’idée paradoxale que la religion pourrait et devrait rester une affaire privée – en contradiction, pourtant, avec l’étymologie même du mot puisque religion vient d’un verbe latin signifiant « relier » : la religion par principe a donc au contraire toujours une dimension communautaire. Ce qui explique aussi que la religiosité soit aussi ancienne que la socialisation humaine.

    L’idée que la religion doive être reléguée dans l’espace privé est au surplus totalement marginale à l’échelle de l’histoire et de l’humanité incarnée. Seuls les adeptes de la doxa libérale/libertaire y croient, c’est-à-dire une partie extrêmement marginale et au surplus déclinante de l’humanité.

    L’utopie de la religion privée

    Affirmer qu’une croyance religieuse relève de la simple opinion personnelle aurait d’ailleurs fait hausser les épaules de nos ancêtres et ils auraient assimilé cette attitude à une forme d’athéisme. Comme cela ferait rire les Indiens, les Japonais, les Africains ou les musulmans : tous considèrent au contraire leur religion comme une composante de leur identité culturelle et sociale. D’ailleurs dans la civilisation européenne traditionnelle, la fonction souveraine recoupait bien une dimension à la fois temporelle et spirituelle : ce qui signifie que la religion avait nécessairement « droit de cité ».

    En d’autres termes, une société où la religion ne serait qu’une inclination personnelle, sans aucune dimension sociale, n’existe tout simplement pas. Mais cette utopie fait partie de la doxa libérale/libertaire et constitue par conséquent un dogme auquel on est prié de croire de nos jours.

    Le caractère inopérant de cette idéologie apparaît pourtant clairement aujourd’hui face à l’islam, religion qui repose sur l’observation de commandements de nature sociale et qui pour cette raison ne peut se cantonner à l’espace individuel. Ce qui explique d’ailleurs la grande fragilité des régimes « musulmans laïcs » dans l’histoire, car ils reposent sur des principes incompatibles. Tous finissent par être balayés par une pratique plus orthodoxe de l’islam, sauf à se transformer en dictatures militaires pour tenter de retarder le processus.

    Une idéologie trompeuse

    A quoi sert donc l’invocation de la « laïcité » de nos jours ? A tromper les Français.

    D’abord, il y a tromperie sur le contenu du mot « laïcité ». Car dorénavant la laïcité n’est plus la séparation de l’Eglise et de l’Etat, comme en 1905, mais serait au contraire l’encouragement donné par les collectivités publiques à l’exercice des « cultes » : en clair, l’encouragement à la construction de mosquées, même si on les baptise pour la circonstance sous l’euphémisme de « centre culturel », au motif qu’il faudrait traiter toutes « les religions » de la même façon.

    Cette évolution sémantique traduit le fait que l’Etat et les collectivités publiques ne cessent de céder devant la poussée de l’islam.

    Les laïcs, un peu gênés quand même, ont d’ailleurs inventé un nouveau concept pour ce faire : la « laïcité positive », comme la discrimination du même nom ! La laïcité positive est en effet censée solutionner la quadrature du cercle laïc vis-à-vis de l’islam : comment faire croire que l’on reste « laïc » tout en cautionnant les manifestations extérieures et donc sociales de l’islam ? That is the question !

    Désinformer les Français

    L’invocation du mot laïcité sert donc à désinformer les Français : elle vise à faire croire que l’oligarchie serait, face à l’islam, dans le même esprit que celui du petit père Combes vis-à-vis des catholiques.

    Alors que nous sommes exactement dans une situation inverse.

    Les laïcs de la Troisième République voulaient contrer l’influence de l’Eglise catholique. Les oligarques « laïcs » veulent au contraire engranger les avantages électoraux – et financiers via les pétromonarchies – de leur soutien ostensible à l’islam !

    Le mot laïcité est donc devenu typiquement novlangue de nos jours : car il désigne l’inverse désormais de ce que l’on rangeait habituellement sous ce terme.

    Face à l’islam l’oligarchie prend le contrepied de la laïcité

    L’invocation de la « laïcité » ne sert donc pas du tout à cantonner l’islam dans l’espace privé.

    Une véritable attitude « laïque » devrait pourtant consister à limiter les manifestations publiques de l’islam qui finissent par s’imposer aux non-musulmans, comme on a réglementé dans le passé, pour cette raison, les sonneries de cloches des églises. Mais cela est considéré par l’oligarchie, qui lorgne sur le vote musulman, comme de… l’islamophobie d’extrême droite !

    Elle devrait aussi consister à imposer aux musulmans le respect d’un concordat national, comme on l’a fait dans le passé pour le catholicisme ou le judaïsme. Mais en réalité on fait tout le contraire puisqu’on n’impose aux musulmans aucune contrepartie aux facilités qu’on leur accorde de façon croissante.

    La laïcité à géométrie variable

    L’invocation de la « laïcité » ne sert finalement qu’un seul objectif : combattre l’identité française en s’efforçant de gommer toujours

    plus ce qui reste des racines chrétiennes des Européens en général et des Français en particulier.

    Que font en effet nos « laïcs » aujourd’hui ? S’opposent-ils aux prières dans les rues, aux repas hallal dans la restauration collective, aux

    exigences des musulmans dans les hôpitaux ou au port du voile dans les lieux publics ? Pas du tout : ils font campagne contre… les crèches de Noël dans les mairies ! ou ils veulent supprimer les fêtes chrétiennes du calendrier (*), comme ils ont commencé de le faire avec le travail dominical ; ou ils ne chassent que l’islamophobie, réelle ou prétendue, en délaissant la christianophobie.

    En d’autres termes les « laïcs » newlook masquent leur impuissance et leur lâcheté face à l’islamisation derrière une mauvaise foi ostensible, présentée comme une « valeur républicaine » : pour une commune, aider à la construction d’une mosquée c’est laïc. Par contre, installer une crèche chrétienne dans une mairie n’est pas laïc.

    La laïcité est donc, comme désormais la justice, à géométrie variable dans notre pays : dure avec les autochtones, tolérante avec les autres. Il faut dire que ces autres savent faire respecter leurs convictions et leurs croyances, à la différence des autochtones !

    La « laïcité » vient ainsi en soutien du discours sur le « vivre-ensemble » : les autochtones sont priés, et eux seuls, de mettre en sourdine leurs traditions, leurs croyances, leurs fêtes ou leur façon de vivre. Pour vivre avec les autres, c’est-à-dire en réalité comme les autres.

    Une façon de préparer leur future soumission. Ou bien leur révolte.

     Michel Geoffroy (Polémia, 18 février 2016)

     

    (*) « Je suis pour la suppression intégrale de toutes les fêtes chrétiennes en France », Pierre Bergé le 26 septembre 2013.

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  • Chronique des années 30...

    Les éditions de Paris - Max Chaleil viennent de publier sous le titre Chroniques des années 30 un recueil d'articles de Pierre Drieu la Rochelle écrits au cours des années 30. L'ouvrage est présenté par Christian Dedet.

     

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    " « La Vénus de Milo », « Le Camping », « Le cas Violette Nozières », « La Parisienne », « L'Affaire Hanau », « La solitude de Buenos Aires », « Les Bords de la Seine », « Le corps des Français », « Goya », « Soutine », « Jorge-Luis Borges » ou « Lindbergh », voici, entre tant d'autres, quelques-unes des chroniques semées par Pierre Drieu la Rochelle dans les journaux et revues des années 30, au choix, dans Le Figaro, Marianne ou la NRF. Critiques littéraires ou artistiques, comptes rendus de procès, reportages en terre étrangère, papiers d'humeur, portraits souvenirs : les curiosités et les genres de Drieu sont multiples mais il garde ce regard unique, pénétrant et sensible, pour restituer vie et vérité de ce qu'il a vu, éprouvé et compris. Ces textes inédits ou oubliés dans les rééditions de l'auteur classique du Feu Follet, de Gilles méritaient pourtant d'être redécouverts, ils témoignent toujours du style et de la manière d'un écrivain grand format. "

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  • « La France a besoin de ses paysans pour vivre, pour être, pour durer »...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretiendonné par Périco Légasse au Figaro Vox pour évoquer la crise profonde qui secoue le monde agricole en France. Critique gastronomique de Marianne et défenseur sincère de l'enracinement et des identités régionales, Périco Légasse est l'auteur d'un savoureux Dictionnaire impertinent de la gastronomie (François Bourin, 2013).

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    Périco Légasse : «Notre pays importe les cordes avec lesquelles nos agriculteurs se pendent»

    LE FIGARO. - La crise agricole est en train de prendre une tournure inquiétante. Est-on arrivé à ce fameux point de rupture dont certains experts pensent qu'il pourrait générer des chaos encore plus tragiques?

    Périco LEGASSE. - Tout porte à le croire, car les mesures décidées par le gouvernement et présentées par le Premier ministre devant l'Assemblée nationale prouvent qu'il y a, cette fois-ci, une grande inquiétude au sommet de l'Etat. Et s'il s'est décidé à passer à l'acte aussi rapidement, c'est qu'il y a urgence. Que faut-il, après les incidents de ces derniers mois, pour qu'enfin l'on comprenne à Paris comme à Bruxelles que cette crise-là n'est pas comme les précédentes? Elle est celle de ceux qui n'ont plus rien à perdre. On sait depuis trop longtemps que certains secteurs au bord du désespoir vont basculer dans l'irréparable. Violences, suicides, affrontements.

    N'empêche, des situations aussi extrêmes auraient pu être évitées bien plus tôt puisque nos dirigeants trouvent soudain les moyens de prendre la crise par les cornes. N'empêche, la méthode reste la même: on continue, à coups de millions d'euros, trouvés dieu sait où, finalement payés par le contribuable, à colmater les brèches, à panser les plaies, à mettre des rustines sur les fuites, pour repousser le problème au prochain déluge. Cette stratégie est irresponsable car elle ne résout rien sur le fond. Elle est surtout l'aveu que le gouvernement français ne dispose plus des leviers nécessaires à une réforme structurelle du mode de fonctionnement de notre agriculture. Ces leviers, c'est la Commission européenne qui les détient et nous savons de quelle agriculture rêve la Commission. Son modèle? Les usines à cochon allemandes, avec main d'œuvre bulgare payée à la roumaine, dont la viande de porc agglomérée a donné le coup de grâce aux éleveurs intensifs bretons auxquels on avait assuré que leurs tarifs étaient imbattables. C'est ça l'Europe libérale libre et non faussée?

    Personne n'a donc vu venir le danger? C'est étonnant...

    Nous avons accepté d'être dépossédés de prérogatives souveraines qui font défaut aujourd'hui à la République française pour sauver sa paysannerie. J'espère qu'il y aura un jour un tribunal de l'histoire pour juger les coupables qui ont accepté ces reniements successifs. L'éleveur laitier au bord du gouffre, qui voit son voisin revenir du super marché avec dix packs de lait UHT importés de Pologne, et auquel on demande son trentième certificat vétérinaire, a peut être des raisons de désespérer de cette Europe portée aux nues par son maire, son député, son sénateur, son président de chambre d'agriculture, son gouvernement, son chef d'Etat, souvent son journal, sa télé ou sa radio.

    Et s'il pose trop des questions, ou manifeste trop sa colère, c'est que, non content d'être assisté, il succombe aux sirènes du Front national.

    La pression exercée par les services de l'Etat, la banque, l'Europe et les aléas du marché sur nos agriculteurs atteint-elle ses limites?

    De normes sanitaires en règles communautaires, de contraintes financières en directives administratives, d'emprunts asphyxiants auxquels on les a poussés en leur tenant le stylo, aux pratiques commerciales imposées par le lobby agro industriel et par la grande distribution, les agriculteurs de France sont à bout. Pas les gros céréaliers nantis, liés à certaines coopératives et gavés de subsides européens, mais ceux qui nourrissent directement la population. Promenés et balancés de promesses électorales en programmes gouvernementaux jamais tenus, sous prétexte que nous sommes 12, puis 15, puis 18, puis 28 Etats à décider ensemble, ils ont contenu leur colère durant des décennies. «Mais rassurez vous, nous défendons bec et ongles vos intérêts à Bruxelles. Faites nous confiance, nous vous soutenons» … comme la corde soutient le pendu. Les chambres d'agriculture ont poussé les exploitants à devenir exploités, les incitant à s'agrandir en surface, à concentrer la ressource, à augmenter les rendements, à acheter des machines chaque fois plus grosses et coûteuses pour s'installer dans un productivisme global et compétitif. Ces paysans sont aujourd'hui floués, ruinés, abandonnés. On ne peut pas demander à un homme qui est à terre d'obtempérer sous peine de sanction, ni à un homme pris à la gorge, et qui ne sait plus comment nourrir sa famille, de s'acquitter des ses échéances bancaires ou sociales. Alors, épouvantable réalité, ceux qui sont acculés, à bouts de nerfs, sans lendemain, basculent parfois dans l'irréparable. La colère des agriculteurs est à l'image des désordres qui menacent la planète.

    L'importance du mouvement, la pugnacité des agriculteurs révoltés et l'extension du phénomène à toute la France révèlent-elles une souffrance plus profonde que ce que l'on peut imaginer?

    Nous sommes au delà de la tragédie humaine. Le désespoir agricole nous conduit à une tragédie nationale de grande ampleur. Et les effets aggravants vont exacerber les exaspérations déjà explosives. Car ce ne sont plus seulement les éleveurs bovins et les producteurs laitiers qui durcissent leurs actions. A l'Assemblée Nationale, ce jeudi 17 février, Manuel Valls déclarait que le gouvernement et l'Europe ont pris leurs responsabilités (baisse de 7 points pour les cotisations sociales des agriculteurs en difficulté et année blanche fiscale pour ceux à faibles revenus), et qu'il a appartient désormais aux agriculteurs de prendre les leurs. C'est le comble.

    Qui a conduit l'agriculture française dans cette impasse, toutes majorités confondues, depuis trente ans, en partenariat politique étroit avec le syndicat majoritaire? Qui, jusqu'au vote de la loi d'avenir, et de son programme d'agro-écologie porté par Stéphane Le Foll, en septembre 2014, par le parlement, a validé toutes les dispositions inféodant davantage l'agriculture française aux desiderata des lobbies bruxellois? Qui a validé la dérégulation du marché et la suppression des quotas laitiers sans contreparties? Qui refuse d'imposer la traçabilité des viandes entrant dans la composition des produits transformés? Qui laisse pénétrer chaque année sur notre territoire des millions de tonnes de tourteau de soja destinées à gaver nos élevages intensifs? Qui favorise l'importation déloyale et faussée de millions de litres de lait en provenance d'autres continents pour satisfaire aux oukases tarifaires de la grande distribution? Les cours mondiaux! Toujours les cours, mais alors qu'on le dise clairement, la France est soumise aux aléas d'une corbeille boursière qui décide de la survie ou non de nos exploitations agricoles. Quelle nation souveraine digne de ce nom peut accepter de sacrifier une partie de son peuple aux ambitions de patrons de casinos où le blé, la viande et le lait sont des jetons sur un tapis vert? La seule vraie question qui vaille est: ça nous rapporte quoi? La mort de nos campagnes, de ceux qui les entretiennent et une dépendance accrue aux systèmes agro industriels qui abîment la Terre, l'homme et l'animal.

    Alors qu'on recense environ un suicide d'agriculteur tous les trois jours, les pouvoirs publics prennent-ils la mesure du drame?

    Les agriculteurs étranglés, aux abois, meurtris, voient leur pays importer les cordes auxquelles ils se pendent. Un paysan qui se suicide n'est finalement que le dégât collatéral de la modernisation de l'agriculture et de l'adaptation au marché globalisé. Le bœuf que l'on jette aux piranhas pour que le reste du troupeau puisse passer. Le seul problème est que, finalement, tout le troupeau y passe. Qui sont ces agriculteurs qui se suicident? Précisément ceux qui appliquent à la lettre depuis 10 ans, 20 ans, 30 ans pour certains, les instructions et les recommandations du syndicat majoritaire, cette FNSEA qui a beau jeu aujourd'hui de barrer les routes et de bloquer les villes après avoir encouragé et accompagné toutes les politiques ayant conduit à ce massacre. Précisément ceux qui ont cru, en toute bonne foi (on leur avait si bien expliqué qu'il n'y a pas d'autres solutions possibles) que les programmes officiels, de gestion des cultures et des élevages pour se conformer aux lois du marché, les conduiraient à la richesse. Ceux-là sont ceux qui se pendent les premiers sous le regard compassé de ceux qui ont tressé la corde fatidique. Certes, il y a bien eu la PAC, avec des centaines de milliards reversés aux agriculteurs les plus riches qui s'alignaient doctement sur les critères du productivisme alors que les autres étaient obligés de tendre la main à Bruxelles pour obtenir une obole. Comment une puissance au patrimoine agricole si glorieux et si performant a-t-elle pu laisser ce trésor se détériorer aussi vite et aussi tragiquement. Quelqu'un a forcément menti à un moment donné de l'histoire.

    Le Salon de l'Agriculture s'ouvre dans dix jours. Que faut-il en attendre?

    On l'appelait autrefois la Foire agricole. C'était une fête. La vitrine des fiertés paysannes de la France. L'engagement fervent de ceux qui montaient à la capitale pour témoigner qu'une majeure partie du pays continuait à travailler la terre pour nourrir la nation. L'édition 2016 sera marquée par les drames et les détresses ayant marqué les douze derniers mois. Mais rien n'y fera. La Foire restera celle des grandes enseignes industrielles et commerciales dont les bénéfices se sont faits sur l'éradication d'une société qu'ils ont contribué à ruiner. Qu'un vainqueur vienne planter ses aigles sur le territoire du vaincu est une chose, mais qu'un marchand de produits toxiques vienne édifier un mausolée au milieu du cimetière de ses victimes en arborant un grand panneau sur lequel on peut lire «Voici mon œuvre» est pour le moins original. Car les grandes enseignes mercantiles qui fleurissent le long des allées du salon, entre les vaches et les cochons, les sacs de grain et les bidons de lait, les vergers reconstitués et les prairies artificielles, pour faire croire qu'elles sont les bienfaitrices de ce qui n'est plus qu'un musée de la honte agricole, n'auront pas le courage de financer un grand mur sur lequel on pourrait afficher les trois mille photos des paysans qui se sont suicidés depuis 2007. Et si l'on demandait aux grandes marques dont les panneaux colorent à perte de vue les halls de la porte de Versailles d'indiquer combien de tonnes de lait en poudre néo-zélandais, de fruits et légumes saturés de pesticides, de viandes infâmes, de produits cuisinés nocifs, etc, etc, elles ont importés, puis déversés, à prix écrasés, sur les rayons des grandes surfaces, tout en creusant la tombe des agriculteurs français n'ayant pu s'aligner sur les tarifs de cette merde… Que faut-il en attendre? Plus de larmes et plus de sang pour les agriculteurs pris au piège et plus de profits et de bonne conscience pour ceux qui les exploitent.

    Existe-t-il une perspective pour sortir de cette impasse?

    Oui, et même plusieurs: un gouvernement de combat et non un casting pour meeting électoral du PS avec supplétifs d'occasion. Exemple, dans la configuration politique actuelle, c'est Stéphane Le Foll qu'il aurait fallu nommer Premier ministre, afin de faire du programme d'agro-écologie, tout juste initié mais bientôt amplifié, une priorité nationale qui soit l'objectif premier du gouvernement de la République. Face à la détresse agricole, ce grand projet couvre toutes les problématiques et ouvre des perspectives au-delà même des enjeux agricoles. Il s'agit d'une redéfinition des logiques ayant prévalu jusqu'à aujourd'hui afin que l'agriculteur ne soit plus tributaire des spéculations et des OPA que la finance internationale lance sur les ressources alimentaires. Une seule réalité s'impose à toutes les autres: l'agriculture n'est pas faite pour produire, elle est faite pour nourrir. Nous avons la formule, nous avons le processus, nous avons des expériences. Un tel défi ne peut que susciter un vaste consensus populaire. De toutes les façons, seule une baisse générale de la production compensée par une redistribution qualitative de notre agriculture vers des formes de cultures et d'élevages répondant à la fois aux besoins et aux attentes de la population et aux impératifs d'un monde durable permettront de sortir de cette impasse. L'exacte contraire de ce que prône la FNSEA, toujours persuadée que le salut ne peut venir que d'une augmentation ultra modernisée de la taille des exploitations et des volumes, c'est-à-dire l'aggravation de tout ce qui a conduit l'agriculture française dans le mur. Cette redéfinition est une question de survie. Et plus l'on attendra avant de la décider, moins nous aurons de chance de voir nos agriculteurs redevenir des paysans. La clé du problème est là: rendez nous nos paysans!

    Et en projetant un peu plus loin?

    De même, il est fondamental de mettre en place un programme scolaire d'éducation citoyenne du consommateur concerté avec le ministère de l'Agriculture. Les bases existent sous le projet «classes du goût», créées par Jacques Puisais en 1975 puis expérimentées un temps dans certains collèges. Le client de demain doit apprendre à consommer pour se faire du bien, pour soutenir une agriculture qui le nourrisse sainement tout en préservant l'environnement, pour soutenir une industrie agroalimentaire créatrice de richesse et d'emploi dans le respect d'une agriculture porteuse d'avenir, pour soutenir un artisanat employeur garantissant la pérennité de savoirs faire et d'activités. Consommer moins mais mieux. Chaque année, chaque Français jette 7 kilos d'aliments frais emballés. Des millions de tonnes de nourriture à bas prix que l'on pourrait reconvertir en profit pour les agriculteurs qui produiraient donc un peu moins mais mieux payés. Sur le terrain de la compétitivité internationale, nous serons toujours battus par des systèmes qui peuvent produire encore plus infâme et moins cher. Cela passe par une émancipation des diktats bruxellois et le retour à la subsidiarité française en matière de normes agricoles. Enfin, repeupler nos campagnes et remettre en culture des terres abandonnées ou abîmées tout en créant une activité agricole conformes aux enjeux contemporains, non dans la surproduction surconsommée, mais dans une juste productivité qui permette de satisfaire 99% de la demande intérieure et d'en exporter l'excellence vers des marchés demandeurs. La France a besoin de ses paysans pour vivre, pour être, pour durer.

    Périco Légasse, propos recueillis par Alexandre Devecchio (Figaro Vox, 19 février 2016)

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