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violence - Page 9

  • Immigration : «nos sociétés ont atteint un point de rupture»...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien avec Thierry Baudet, cueilli sur Figarovox et consacré à l'explosion de l'immigration illégale en Europe. Thierry Baudet est professeur de droit public à l'université de Leyde, aux Pays-Bas, et vient de publier un essai intitulé Indispensables frontières (Toucan, 2015).

     

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    Immigration : «nos sociétés ont atteint un point de rupture»

    Depuis jeudi, de 200 à 250 migrants souhaitant entrer en France en sont empêchés par un cordon de gendarmes français qui leur barre la route. Que révèlent l'afflux de clandestins et les difficultés des pouvoirs publics à faire face à cette situation?

     

    Cela montre que les frontières ouvertes ne sont plus tenables. Pour la seule année dernière, environ 170.000 personnes originaires d'Afrique du Nord sont arrivées illégalement sur les côtes de Lampedusa. Seules 70.000 d'entre elles ont demandé l'asile en Italie -les autres se déplaçant via Catane et Milan vers le reste de l'Europe. En l'absence de contrôles aux frontières, rien ne peut les arrêter. L'énorme flux d'immigrants illégaux et l'incapacité italienne à les retenir rendent impossible pour le reste de l'Europe l'absence des contrôles aux frontières.

    Nous devons réaliser que la seule solution soutenable est d'adopter le modèle australien: aucun statut de réfugié ne peut être accordé à ceux qui arrivent de façon illégale par la mer. Nous devrions adopter une politique d'asile sur la base de notre propre invitation, pas en fonction des entrées. Cela restaurera notre autonomie, fera cesser l'industrie de la “traite des réfugiés” et permettra d'éviter à ces nouveaux boat-people de perdre la vie dans des traversées hautement périlleuses. C'est seulement en adoptant une politique de ce type que nous pourrons arrêter le flot actuel.

    Dans votre livre, Indispensables frontières, vous incriminez l'Europe et l'espace Schengen. Mais étant donné l'ampleur du problème, l'Europe n'est-elle pas seule à pouvoir y répondre?

    Tout d'abord: il est essentiel de faire la distinction entre «l'Europe» et l'«UE». L'UE n'est pas «l'Europe» et se considérer comme «européen» ou même «pro-Europe» ne signifie pas être pro-UE. À mon avis, il est même impossible d'être à la fois pour l'Europe et pour l'UE qui est une organisation profondément anti-européenne, hostile à toutes les caractéristiques essentielles de notre continent que sont la démocratie, l'identité nationale, la libre entreprise, la transparence, la reddition de comptes. Confondre l'un (l'Europe ) avec l'autre (UE) est donc une grande erreur intellectuelle.

    Retour à votre question. Non, je ne pense pas que l'UE est «la seule» chose qui peut «répondre» au problème actuel. Au contraire, l'UE est même la cause du problème. Pour commencer, les accords de Schengen, on le voit, empêchent les États membres de prendre les mesures nécessaires pour faire face aux conséquences les plus immédiates de la situation actuelle et le nombre d'immigrants illégaux qui passent à travers nos frontières est de plus en plus massif. Deuxièmement, la Cour européenne des droits de l'homme, par le biais des règles de Dublin (et des décisions connexes), oblige les États membres à étudier toutes les demandes d'asile. Cela n'a pas manqué de créer un effet d'appel dans les pays d'émigration. Troisièmement, l'UE cherche jalousement à être le seul pilote de toutes les initiatives militaires visant à neutraliser les passeurs alors que, de toute évidence, elle manque à la fois de la capacité et de la légitimité pour une telle action. L'UE empêche ainsi les États de répondre de manière adéquate et résolue.

    Vous écrivez, «En raison de l'immigration de masse et des aspirations politiques naturelles des musulmans devenus très nombreux, nous prenons le risque d'un retour à l'état de guerre civile paneuropéenne». N'est-ce pas un peu exagéré?

    Non, le risque est réel. Il y a des limites à ce que les sociétés peuvent absorber. Assez tristement, l'«intégration» est en grande partie un mythe, une notion dont tout le monde parle, mais qui ne se produit plus dans la réalité, du moins pas en masse. Beaucoup d'immigrants de deuxième et de troisième génération se sentent encore moins attachés aux pays qui les ont accueillis et nourris que leurs parents ou grands-parents. Les taux de criminalité sont scandaleusement élevés parmi ces groupes, le succès scolaire très faible et la dépendance aux transferts sociaux disproportionnellement importante. L'islam est en progression, l'antisémitisme et l'anti-occidentalisme aussi.

    Nous sommes dans un conflit de basse intensité permanente. Les élites peuvent encore largement échapper aux conséquences de leurs politiques (des flux entrants massifs d'immigrés extra-européens au cœur des communautés qu'ils étaient censés de protéger) en vivant dans les quartiers huppés, en envoyant leurs enfants dans des écoles protégées tout en jouissant de leur retraite dans des résidences privées. Dans les années à venir, on observera inéluctablement plus de polarisation, plus de méfiance, plus d'animosité. Violence et terrorisme auront une incidence sur toutes les couches de la société. La stabilité est l'illusion de tous les âges, et pour des raisons évidentes, nous préférons tous être optimistes, croire qu'in fine le mode de vie libéral, chrétien (ou post-chrétien) prévaudra, que les nouveaux arrivants seront simplement assimilés et que tout ira bien. Mais en réalité, nos sociétés ont atteint un point de rupture.

    Nous vivons dans un apartheid de facto. Les populations autochtones prétendent ne pas voir, ou même apprécier, la dilution de leur culture nationale; elles font semblant de ne pas voir, ou d'apprécier, la transformation de leurs rues, les mosquées qui surgissent, les écoles, les hôpitaux et les systèmes sociaux qui s'effondrent. Mais, pour l'essentiel, cette «tolérance» indigène est un énorme mensonge comme l'est désormais l'«intégration» supposée des immigrants. Et en attendant , les gens votent avec leurs pieds.

    Nous assistons à un grand spectacle théâtral et plus vite qu'on ne le croit, le rideau va tomber. Quand cela arrivera, les choses deviendront très rudes et désagréables. Voilà ce que la gauche a favorisé dans nos pays, accéléré par l'UE et ses frontières grandes ouvertes. Cela doit cesser de toute urgence si nous voulons maintenir la paix sociale, la démocratie et la primauté du droit.

    Thierry Baudet, propos recueillis par Alexandre Devecchio (Figarovox, 17 juin 2015)

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  • Retour sur la France orange mécanique...

    Vous pouvez ci-dessous découvrir l'entretien avec Laurent Obertone réalisé le 24 avril 2015 par Élise Blaise pour TV Libertés à l'occasion de la sortie de la nouvelle édition de La France orange mécanique (Ring, 2015). L'auteur revient notamment sur la violente campagne de dénigrement médiatique que le livre a subi au moment de sa première sortie en 2013...

     

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  • Les amazones de la terreur...

    Les éditions Payot viennent de publier un essai de Fanny Bugnon intitulé Les « amazones de la terreur » - Sur la violence politique des femmes de la Fraction armée rouge à Action directe. Docteur en histoire, Fanny Bugnon enseigne à l'université de Rennes.

     

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    " Durant le dernier tiers du XXe siècle, de nombreuses femmes rejoignirent les rangs d’organisations politiques violentes comme la Fraction armée rouge allemande, les Brigades rouges italiennes ou Action directe en France. Certaines tuèrent. Les médias surpris de cette violence féminine les appelèrent "amazones de la terreur" et créèrent pour elles une nouvelle catégorie, celle de la "femme terroriste". Dans ce livre pionnier, croisant les mutations du militantisme de l’après-68 et l’essor de la deuxième vague féministe, Fanny Bugnon propose une réflexion de fond sur le sujet encore tabou de la violence politique des femmes et une étude sur les mouvements révolutionnaires radicaux qui offre des résonances très actuelles, en particulier avec l’engagement des femmes dans les attentats sur tous les fronts. "

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  • Massacres terroristes : genèse et horizon probable...

    Nous reproduisons ci-dessous une analyse de Xavier Raufer, cueillie dans Le nouvel Économiste et consacrée au terreau qui favorise l'éclosion du gangsterrorisme à la façon des Merah, Kouachi et autres Coulibaly...

     

     

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    Massacres terroristes : genèse et horizon probable

    D'emblée, ces évidences : la génération spontanée n'existe pas. Ni en criminologie, ni en en biologie. De ce fait, les Kouachi, Coulibaly & co ne tombent pas du ciel et forcément, les tragédies type Charlie hebdo et Hyper-casher ont une genèse. Et faute de remonter aux origines, aux racines d'un événement tragique, un risque majeur existe qu'il réitère, puisqu'incompris.

    L'autopsie de cette tragédie est d'autant plus cruciale qu'une opportune et émotive "unité nationale" fait qu'il n'y aura pas de commission d'enquête parlementaire sur le sujet précis des attaques du début janvier 2015, ayant pourtant coûté la vie à 17 personnes.

    Cette autopsie, c'est donc un criminologue qui l'entreprend - à juste titre car, on le verra, l'enchainement qui débute en 2012 à Toulouse et Montauban avec Mohamed Merah, et s'achève (pour l'instant) dans la région parisienne avec les Kouachi et Coulibaly, est clairement criminel.

    Car voici la commune caractéristique de Merah, Nemmouche, du"Bilal" de Joué-les-Tours, des Kouachi et de Coulibaly, plus essentielle encore que leur dérive salafiste-terroriste : tous sont des bandits endurcis. Non de "petits délinquants" comme le dit gentiment la presse, mais des criminels au sens judiciaire (malfaiteurs dont les infractions relèvent de la Cour d'assises) et d'abord l'initial et prototype des autres, Mohamed Merah, braqueur en série, 18 condamnations au casier judiciaire à sa mort. Idem pour Coulibaly au "lourd passé de braqueur", dit Libération. Les autres ne valent pas mieux.

    Or au delà même du profil des terroristes, ces tragédies n'adviennent pas par hasard. Il y a toujours un climat, une ambiance. Dans la France de 2015, ce climat est celui d'une dégradation de la sécurité publique. Aujourd'hui, les criminels et parmi eux, les bombes humaines ré-islamisées à la Kouachi-Coulibaly n'ont plus peur de la police - bien moins encore, de la justice. Ils se sentent à l'aise pour agir. Ils flairent l'enivrant fumet de l'impunité.

    Commençons donc par regarder la France criminelle d'aujourd'hui, d'où proviennent tous les vrais terroristes ayant vraiment tué de 2012 à 2015.

    • Dans la France de 2015, les armes de guerre abondent

    Un exemple, parmi d'autres. Fin 2014 à Créteil, un automobiliste échappe à un contrôle routier, blessant au passage deux policiers avec son véhicule. Au logis de ce petit dealer local, on trouve un pistolet-mitrailleur Uzi, deux pistolets automatiques 9mm, un Colt 357 magnum et des munitions en abondance. On comprend avec quelle aisance les gangsters-jihadis Kouachi-Coulibaly vont acquérir de mortelles armes de guerre auprès du premier "collègue" venu.

    • "Vivre ensemble", mais criminalité étrangère

    Nous abreuvant du "vivre ensemble", l'effusion médiatique élude - et ceci est un élément objectif de l'autopsie en cours - que tous les vrais terroristes ayant vraiment tué de 2012 à 2015, sont indéniablement issus de l'immigration, et que, de 2008 à 2013 :

    - 33% d'étrangers en plus, ont été mis en cause pour toutes les infractions non routières commises sur la sol français,

    - + 60% pour les atteintes aux biens (vols, etc.), par des étrangers, sur les mêmes années.

    Si bien entendu, on ajoutait à ces données les citoyens français récemment issus de l'immigration, la proportion des infractions commises en France par des étrangers d'origine, licites ou clandestins, serait écrasante, pour la criminalité "des rues", agressions, vols à main armée, cambriolages, vols divers, etc.

    • Une criminalité "stable" ? C'est faux

    Le ministère de l'Intérieur et les médias et agences proches disent que la "délinquance" est stable en France. Or c'est faux. La France des cités hors-contrôle et quartiers dangereux est bien plutôt prise dans une spirale criminelle - et là se trouvent le terreau et les repaires du jihadisme à la Merah & co. C'est dans ces "ghettos" qu'ils s'enhardissent et pas en Syrie ; là qu'ils s'aguerrissent et non en Irak ; là qu'ils se procurent des armes de guerre et non au Yémen.

    Ainsi, quelle est la réalité criminelle de cette France dangereuse ?

    Dès 2011, Stéphane Gatignon, maire Europe-Ecologie Les Verts de Sevran (93), décrivait (Le Monde 12/04/2011), des "affrontements violents entre bandes criminelles rivales... Nous vivons dans un état d'exception avec des bandes qui se tirent dessus pour le marché de la drogue". C'est dans de telles zones de guerre banlieusardes que les Merah & co apprennent à tirer et à cibler la police ; qu'ils acquièrent, pour de futurs attentats, le "calme des vieilles troupes".

    Dans cette France dangereuse (en "zone police", urbanisée), les séquestrations criminelles - accompagnées, de tortures, sévices et autres "actes de barbarie" - ont bondi de 33% en 2014. Or accomplir et gérer un enlèvement est une opération complexe, organisée. C'est déjà du proto-terrorisme - voir Ilan Halimi et la récente affaire de Créteil où une famille était attaquée à domicile car "Les Juifs, ça met pas l'argent à la banque".

    Dans cette France dangereuse, s'agissant des faits de violence "la barre du demi-million de faits par an est franchie en mai 2014" (+ de 500 000 cas connus). Les "règlements de comptes entre malfaiteurs" bondissant, eux, de + 20% de juin 2013 à mai 2014. Pire encore (8e enquête de victimation de l'ONDRP, décembre 2014) les vols avec violence visant les femmes (arrachages de sacs, agression aux distributeurs de billets, vols de portables...) explosent de + 28%.

    Dans cette France dangereuse, les professionnels sont toujours plus victimes de sévices et d'agressions (dernières données disponibles, fin 2013) :

    Médecins : + 15 %

    Policiers : + 5,6 %

    Gendarmes : + 17 %

    Pompiers en exercice : + 27 %

    Douaniers : + 55 %

    Pour les agents de transports (conducteurs de bus, etc.), on atteint "un record en 2013".

    Souvent, les urgentistes visitant de nuit les cités hors-contrôle sont roués de coups et dépouillés. En décembre 2014 dans le Val de Marne, un médecin "venu secourir une vieille dame", subit sa 4e agression en deux ans.

    Comment les Kouachi-Coulibaly & co financent-ils leurs voyages, leur terrorisme ? De discrets donateurs de la péninsule arabe les inondent-ils de pétrodollars ? Non : leur argent provient de cambriolages et de braquages. Qu'en est-il aujourd'hui de ces deux types d'infractions ?

    En juin 2014, la Fédération française des sociétés d'assurances signale une "explosion du nombre des cambriolages depuis 2008" : + 50 % ! Indéniable, leur analyse repose sur 38 millions de contrats Multi Risque Habitation.

    Autre type d'agression permettant d'aguerrir de jeunes malfaiteurs : les vols à la portière, sorte de micro-opération commando. Dans la seule Seine Saint-Denis, on en recense "un millier, entre le 1e janvier et le 20 décembre 2014".

    Le pire maintenant : les "Vols à main armée", familièrement dits "braquages", car au delà du crime même, ils constituent de longue date, de l'Italie des Brigades rouges à l'Ulster de l'Ira en passant par l'ETA basque, l'entraînement-roi des commandos terroristes en formation. Double bénéfice ! Car en prime, ça permet de financer la cause.

    Bien entendu, il s'agit de "braquages de proximité", sans grands risques, plutôt que d'attaquer des banques, chambres fortes, etc. Tous les tueurs de 2012 à 2015, Merah, Nemmouche, "Bilal", les Kouachi, Coulibaly sont passés par cette cruciale case "braquage". Sans l'expérience alors acquise, leur passage à l'acte terroriste devenait problématique - voire impossible.

    Qu'en est-il de ces braquages de proximité dans la France d'aujourd'hui ? Le ministère de l'Intérieur dit qu'ils baissent - une affirmation ni sérieuse, ni crédible. Les outils scientifiques offerts par la criminologie permettent à l'auteur d'affirmer qu'au contraire, ces braquages sont plus nombreux, plus violents et touchent des cibles plus diverses que par le passé.

    Ajoutons que le braquage est indéniable, car forcément repéré de divers côtés : police ou gendarmerie locales, mairies, médias locaux, assurances, syndicats professionnels ou de salariés, etc. Donc, en matière de vols à mains armées, pas de "chiffre noir" (différence entre l'infraction vécue et l'infraction connue).
    Qu'en est-il donc de ces authentiques "centres d'apprentissages" pour bandits et terroristes ?

    Prenons d'abord les médias tu terrain. Les lire systématiquement (ce que nous faisons) révèle que les braquages persistent sur des cibles "classiques" : stations-services, pharmacies, supérettes et commerces (boulangeries, jouets, articles de sport...), bar-tabacs, restauration rapide, etc. Chacune de ces attaques rapporte quelques centaines d'euros, guère plus. En outre, toujours plus de camions sont braqués (fret, cigarettes, colis, cosmétiques, informatique, etc.).

    Or désormais, de nouvelles cibles sont touchées : rien qu'en novembre et décembre 2014, des braquages ont visé (un ou plusieurs) : poissonnerie, salon de coiffure, grossiste en volailles, caserne de pompiers (!), mercerie, camion à pizza, jardinerie, caviste, cinéma, centre de thalassothérapie et le plus beau... Le Tribunal de Grande Instance de Nancy !! - au passage, une preuve flagrante du respect qu'inspire aux racailles la justice façon Taubira.

    Et les professionnels ? Que constatent les magistrats, policiers et gendarmes de terrain ? L'auteur en compte beaucoup dans ses anciens étudiants (trente ans entre l'Institut de criminologie et le département MCC...). Tous confirment ce qu'écrit l'un d'eux, début 2015 : "Les braquages de proximité se multiplient au préjudice des supérettes, bureaux de poste, pharmacies et autres boulangeries, c'est incontestable. Dans mon ressort, pas une semaine sans un ou plusieurs faits de ce type".

    Deux points importants maintenant : toujours plus, ces braquages de proximité sont violents et toujours plus, ils adviennent en série, voire par rafales.

    • Les braquages violents

    Là aussi, les témoignages abondent. Les recueillir demande juste de savoir lire. Novembre et décembre 2014, toujours : "Uckange, braquage d'une rare violence... Commerçants "braqués à domicile et violemment frappés"... A Margnac-sur-Touvre "Le braqueur frappe le vendeuse à coups de pieds et de poing"... A Issy-les-Moulineaux, un distributeur de billets attaqué à l'explosif "A 8h30 du matin, quand la fréquentation des lieux est intense"... Les bandits "ont lancé le véhicule en feu sur l'atelier"... Lyon "Braquage à la kalachnikov dans une rue pleine de monde"... Metz "Commerçant blessé par balles lors d'un braquage"... A Courcelles-les-Lens "la caissière est gravement blessées par balles". Ainsi de suite, parmi cent cas traumatisants. A l'œuvre bien sûr, des voyous - demain, des émules de Kouachi-Coulibaly ?

    • Les braquages en série

    L'énumération est incessante : Lyon "Le supermarché Aldi est braqué une nouvelle fois (la 4e depuis 2012)... "Les vols à main armée se multiplient en Seine-Maritime"... Val-de-Marne "Une soirée, trois braquages"... Angers "La série des braquages de boulangerie continue"... Fouquière-les-Lens "Enième braquage chez Aldi (un autre)... Toulouse "Cinq vols à main armée en cinq jours"... Le responsable sécurité des Carrefour de Nantes et sa région "Le nombre de VMA constatés dans nos magasins a doublé sur l'an dernier"... Presqu'île de Guérande "La vague de braquages ne faiblit pas"... Marseille "trois braquages en une nuit"... Second braquage récent à la Poste de Compiègne, dans une boulangerie et un tabac de Torcy. Nantes-Rézé "Tous les débits de tabac y ont eu droit"... Antibes-Vallauris "Braquages en série"... Saint Nazaire "Rythme inquiétant... Le 14e braquage depuis le début de l'année"... Essonne "deux commerces braqués coup sur coup"... Ainsi de suite, par dizaines de cas, chaque semaine.

    • Des braqueurs toujours plus jeunes

    "Essonne, RER D "six ados de quinze ans interpellés pour un vol violent"... Région toulousaine "trois ados braqueurs de 12, 15 et 16 ans". 12 ans, vous avez bien lu. Les chouchous Mme Taubira, "victimes de l'exclusion et du racisme" à ne surtout pas contrarier - dans les faits, de potentiels émules de Kouachi-Coulibaly après dérive dans l'islam fanatique.

    D'où provient alors la baisse de 15% des braquages annoncée par l'Intérieur et ses séides ? De subtiles manipulations sur la qualification pénale des faits. Le journal local constate un braquage, car c'en est un, mais ensuite, le "vol avec arme" ou "vol en réunion" s'édulcore en "vol avec violence". Le crime devient un délit. Niveau justice, le braquage arrive au Parquet, selon sa "nature d'affaire" (NATAF). Mais au sortir du Parquet, "maquillage" aidant, la "nature d'infraction" (NATIF) gomme le braquage. A quel rythme ce bonneteau judiciaire opère-t-il ? Assez, en fin de compte, pour que baissent statistiquement des crimes qui en fait, augmentent.

    • Quelles populations souffrent le plus de cette criminalité proto-terroriste ?

    Cette criminalité ravage d'abord la France périphérique, les faubourgs, le domaine périurbain, les villes satellites des métropoles et les campagnes proches. Là, vit 60% de la population métropolitaine et 80% des catégories populaires : ouvriers, employés, petits paysans ou artisans, patrons de TPE.

    Cette France-là souffre d'une triple insécurité :

    - Physique (la criminalité),

    - Économique (la crise),

    - Culturelle (l'immigration).

    Cette population là se sent reléguée et oubliée par les bourgeois officiels - seule face aux prédateurs aujourd'hui et peut-être, face aux terroristes, demain.

    Cette population sait ce qu'elle vit et voit ce qu'elle voit. Les contes de fée sur le "vivre ensemble", les "maquillages" sur la sécurité, soulagent sans doute aujourd'hui les gouvernants - mais à terme, tout cela est ravageur. Car la réalité existe. Notamment, la réalité criminelle. Or comme le dit si bien le philosophe Clément Rosset, cette dernière "est insupportable, mais irrémédiable".

    Dans la population périurbaine, enfle donc chaque jour le sentiment - toujours explosif en France - d'un énorme et croissant déni de justice. Sentiment qui, dans les siècles écoulés, a provoqué jusqu'à des révolutions.

    Il y a certes le double drame de Charlie-Hebdo et de l'Hyper-Casher. Mais en dessous et en profondeur, grandit le trouble à propos de "gangsterroristes" à la Merah qu'à cinq reprises déjà, le Renseignement intérieur n'a su ni cibler, ni neutraliser à temps. Cette inquiétude, les actuels gouvernants feraient bien de la prendre sérieusement en compte, au lieu d'uniquement gérer l'effusion et le théâtre politicien.

    Xavier Raufer (Nouvel Économiste, 26 janvier 2015)

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  • « Tous les mouvements de résistance ont fait appel à la violence ! » ...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Alain de Benoist, cueilli sur Boulevard Voltaire et consacré à la question de la violence...

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    « Tous les mouvements de résistance ont fait appel à la violence ! »

    Violence des rues (faits divers de plus en plus sordides), mais aussi violence institutionnelle (le terrorisme d’État est autrement plus mortifère que son homologue « privé »), ou encore violence sociale (licenciements de masse afin de satisfaire les intérêts de l’actionnariat). Peut-on dire que notre société devient de plus en plus violente ?

    C’est très difficile à dire. La violence est de tous les temps, parce qu’elle s’enracine dans la nature humaine. L’homme n’est ni naturellement bon (il serait « corrompu par la société »), ni naturellement mauvais (théorie du péché originel), mais capable à la fois du meilleur et du pire. C’est ce qui le rend à la fois imprévisible et dangereux – les institutions ayant pour raison d’être de le prémunir contre lui-même. En ce sens, la violence est consubstantielle à la dynamique de toute société, qui se doit de la canaliser d’une manière ou d’une autre. Mais il y a bien entendu des périodes plus violentes que d’autres, et aussi des facteurs aggravants. L’urbanisation, par exemple, favorise la violence criminelle parce qu’elle généralise le déracinement et l’anonymat, et qu’elle diminue le sens de l’appartenance et du commun. Mais ce qui augmente aujourd’hui le plus, c’est la sensibilité à la violence. Cela fait partie de la schizophrénie de l’époque : de même qu’on n’a jamais fait autant la guerre que depuis que l’on a proclamé la valeur absolue de la paix, on n’a jamais autant refusé la violence que depuis qu’elle ressurgit partout.

    La violence est fondamentalement polymorphe. C’est pourquoi en parler dans l’abstrait n’a guère de sens. Tout est affaire de contexte. Il ne faut pas oublier non plus que l’agressivité peut se révéler utile dans certaines circonstances, ne serait-ce que pour faire face à un ennemi. C’est ce que Konrad Lorenz avait rappelé dans un livre resté célèbre. Julien Freund et après lui Michel Maffesoli ont eux aussi beaucoup insisté sur l’ambiguïté fondamentale de la violence, qui peut aussi bien être créatrice que destructrice. Schumpeter a également employé l’expression de « destruction créatrice » pour caractériser le processus d’innovation à l’œuvre dans l’activité économique et industrielle (il y voyait même la « donnée fondamentale » du capitalisme). On l’a oublié, parce que nous avons tendance à nous aligner sur la langue anglaise, qui n’a pas de mot pour désigner le sens positif de la violence. Cela n’a pas toujours été le cas. Pascal, dans ses Pensées (n° 498), parle de la « violence amoureuse et légitime ». Maurice Bellet, plus récemment, évoquait la « bienheureuse violence » qui caractérise les fortes personnalités. Le mot latin violentia dérive d’ailleurs de vis, qui signifie tout simplement « vigueur ».

    Pour Georges Sorel, la violence n’est pas à confondre avec la force. Pour Éric Zemmour, il y a aussi une violence légitime, puisqu’il affirme, à propos de la peine de mort, qu’une société incapable de tuer pour se protéger est une société qui meurt. Y a-t-il contradiction entre ces différents points de vue ?

    Politiquement parlant, il est généralement admis que la violence devient légitime lorsqu’il n’existe plus d’autre moyen de s’exprimer. C’est le fondement du « droit à l’insurrection », qui justifie le recours à la violence quand elle est mise au service du tyrannicide ou de la résistance à l’oppression. Mais cela pose le problème de l’attitude que l’on peut adopter face à la tyrannie fondée sur une violence systémique, structurelle ou symbolique. Tous les mouvements de résistance ont fait appel à la violence, tous les mouvements de décolonisation aussi, et ils l’ont souvent fait avec succès. Georges Sorel exaltait la « violence prolétarienne » qui « nie la force organisée par la bourgeoisie et prétend supprimer l’État qui en forme le noyau central » (Réflexions sur la violence). Cet éloge de la violence contre la force peut surprendre, car nous sommes plutôt portés à entendre l’inverse : l’éloge de la force et la critique de la violence. Mais le point de vue de Sorel s’éclaire dès qu’on le met en rapport avec l’opposition entre légalité et légitimité. L’État prétend détenir le « monopole de la violence légitime » (Max Weber), mais il n’est jamais que titulaire d’une légalité qui n’est pas synonyme de légitimité. Face au pouvoir légal, la violence peut devenir légitime.

    « On aurait tort, écrit Michel Onfray, de braquer le projecteur sur les seules violences individuelles alors que tous les jours, la violence des acteurs du système libéral fabrique les situations délétères dans lesquelles s’engouffrent ceux qui, perdus, sacrifiés, sans foi ni loi, sans éthique, sans valeurs, exposés aux rudesses d’une machine sociale qui les broie, se contentent de reproduire à leur degré, dans leur monde, les exactions de ceux qui les gouvernent et demeurent dans l’impunité. Si les violences dites légitimes cessaient, on pourrait enfin envisager la réduction des violences dites illégitimes. »

    Même si le phénomène demeure encore marginal, de plus en plus de Français sont tentés par l’autodéfense. Cette « violence » vous paraît-elle légitime ?

    Tout à fait légitime, mais seulement jusqu’à un certain degré, car l’autodéfense peut aussi déboucher sur la vendetta, qui est le contraire de la justice. En France, les lois qui définissent l’autodéfense me paraissent trop restrictives. Aux États-Unis, elles ne le sont pas assez. La culture américaine est depuis toujours une culture de la violence. Savez-vous qu’entre 1968 et 2012, on a compté aux États-Unis 1,3 million d’homicides par armes à feu, soit plus de victimes qu’il n’y a jamais eu de morts au combat durant toutes les guerres auxquelles ce pays a participé ?

    Alain de Benoist, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 3 janvier 2015)

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  • La France redécouvre la violence politique...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Valentin Moret, cueilli sur le site de Philitt et consacré au retour de la violence politique en France.

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    Charlie Hebdo : quand la France redécouvre la violence politique

    L’histoire de France est violente. Assassinats, émeutes et coups d’État la jalonnent. Depuis les attentats anarchistes de 1910 jusqu’aux mouvements skinheads des années 1980 et 1990 en passant pas la mort de Jean Jaurès, la crise du 6 février 1934, les agissements du FLN et de l’OAS, la France s’est faite dans le sang. Aujourd’hui, beaucoup s’obstinent à expliquer l’attentat de Charlie Hebdo par la folie. Cet acte relève pourtant de la stricte violence politique.    

    Nul besoin d’avoir lu Hobbes pour enfoncer cette porte ouverte : « L’homme est un loup pour l’homme ». La violence est inscrite au patrimoine de l’humanité depuis le péché originel. Mais le Vieux Continent, plus encore que le reste du monde occidental, a voulu bannir toute violence de son territoire, en la rangeant systématiquement du côté du mal. Une mentalité qui marque jusqu’à notre façon d’être et de faire la guerre : peu de morts, peu de dommages collatéraux. Aujourd’hui, une bonne guerre est une guerre où tous nos soldats rentrent vivants. Nous sommes loin de 1914 et de la valorisation du combattant tombé sous le feu ennemi. La modernité se veut pacifiste et pacifiée, elle méconnaît le phénomène de la violence comme instance de régulation des conflits. Pour l’anecdote, le dernier duel en France s’est déroulé en 1967.

    La réalité est pourtant toute autre : la violence n’a pas disparu du territoire. L’analyse du sociologue de la guerre Gaston Bouthoul permet de dresser le portrait des deux France qui s’expriment à travers les évènements récents. Du fait d’un grand écart démographique et culturel, le pays est clivé : d’un côté, une France des quartiers où la forte natalité et la figure patriarcale rendent la mise en péril de la vie acceptable – c’est le mythe d’Abraham – et, de l’autre, une France bourgeoise où la faible natalité aboutit à la domination des valeurs féminines et hédonistes qui, selon Bouthoul, sont plus enclines à la préservation de la vie. Une fracture qui trace la frontière entre ceux qui comprennent et usent de la violence et ceux qui en rejettent l’idée même. C’est parce qu’une grande partie de la population ignore la violence qu’elle n’admet pas qu’elle puisse être politique.

    Violence et politique

    « Il faut être intellectuel et violent », disait Charles Maurras. Aujourd’hui l’un exclut l’autre de facto, comme si la violence appartenait nécessairement au domaine de la passion, de la réaction. Comme si la novlangue s’était emparée des concepts de violence et d’intelligence pour les rendre incompatibles. On ne conçoit pas qu’on puisse être intellectuellement violent sans être un « idéologue dangereux », un « manipulateur », un « agitateur de la haine ». On ne conçoit pas non plus qu’on puisse être violent dans ses actes en les ayant pensés, réfléchis, prémédités et menés en conscience. C’est pourtant ce qui arrive.

    À déplorer la violence comme on déplore la folie, on tombe dans la petite réaction émue, hystérique et inutile. Aveu d’impuissance : l’émotivité comme seule façon de penser et d’agir est la méthode des professionnels de l’indignation qui s’insurgent contre les idées violentes. Pleurer ne sauve pas. Un paradoxe que le criminologue Xavier Raufer appelle « aveuglement ». Aveuglement face à des menaces omniprésentes sur les réseaux sociaux et jusque dans les gestes réalisés par certains devant les caméras de télévision. L’aveuglement empêche de déceler le moment du passage à l’acte. Car on ne peut prévoir le passage à l’acte d’un fou. Celui d’un idéologue, si.

    « La guerre est la poursuite de la politique par d’autres moyens. » Carl von Clausewitz

    Tout le monde s’accorde sur le terme de terrorisme pour décrire l’attentat de Charlie Hebdo. Et pourtant, beaucoup veulent réduire cet acte à un délire. C’est méconnaître la définition même du terrorisme : une violence politique en temps de paix, sporadique et isolée, certes, mais néanmoins politique.

    Au vu des revendications des auteurs, nous aurions tort de ne pas accepter cette conception clausewitzienne, politique, de la violence. L’un des deux terroristes a fait, à plusieurs reprises, entendre ses revendications : « On a vengé le prophète ». Le discours est clair, et calmement déroulé. L’auteur défend sa cause en affirmant qu’il n’a pas été « assoiffé de sang » durant les deux jours de traque qui ont suivi l’attentat. Il avait un objectif, il l’a rempli, et n’avait alors plus qu’à mourir en martyr. Cet objectif est éminemment politique : contraindre au silence les auteurs, les dessinateurs et les journalistes qui s’attaquent à l’Islam. Le discours était celui d’un « extrémiste », pas d’un fou.

    Pourtant,  la France ne découvre pas la violence politique en 2015. Et nul n’avait pensé qualifier de fous les terroristes du GIA, du FLN ou d’Action directe. Les réactions d’aujourd’hui sont le signe de cette fracture entre deux France qui ne se connaissent et ne se comprennent plus. La rencontre d’un pays sécularisé en guerre permanente contre le Moyen-Orient et d’une violence politique exercée au nom de l’Islam.

    L’insoumission appelle une réponse politique

    Le fait qu’il n’y ait plus d’équilibre, plus d’autre réponse que l’instantanée réaction émue, est problématique. Dans d’autres circonstances, dans une France moins vieillissante, nous aurions probablement vu se multiplier des réactions concrètes et rationnelles. Le surplus d’émotion télévisée semble faire l’effet d’une catharsis collective qui vient inhiber le réflexe sensé qu’a été celui du résistant sous l’Occupation. L’immense majorité des réactions, qu’elles viennent des médias ou de la population sont silencieuses, à l’image des « marches républicaines » affectées.

    Le gouvernement convainc peu également. Lorsqu’il parle d’une « guerre contre le terrorisme » sur notre territoire, il formule une ineptie juridique puisque la guerre appelle l’usage d’une violence proactive alors que l’État a seulement fait usage d’une violence réactive dans le cadre d’opérations de police. La violence, qu’elle soit politique ou non, terrorise. La France en a pourtant vu d’autres tout au long de son histoire et ne devrait pas jouer la vierge effarouchée qu’elle n’est pas.

    Valentin Moret (Philitt, 13 janvier 2015)

     

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