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violence - Page 5

  • Le chant du bouc...

    Les éditions de la Reine Grenouille ont publié récemment un essai de Christophe Lavigne intitulé Le chant du bouc. Ancien membre du renseignement militaire français, Christophe Lavigne vit retiré dans le vignoble bordelais.

     

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    " La catastrophe s’est déjà produite. Le monde évolue. Est-ce bien ou mal? Peu importe. Quoi qu’il en soit, il faut s’adapter et faire face à de nouvelles contraintes et de nouveaux dangers.Pour affronter la médiocrité, Christophe Lavigne nous propose de revenir aux origines en interrogeant la civilisation grecque et sa définition de la tragédie. Inégalité, violence et mort, trois notions clés que nos contemporains cherchent, en vain, à écarter de leur chemin. Or plutôt que de fuir le tragique ne devrions pas plutôt faire corps avec lui? C'est sur ces pistes, affranchies de toute rhétorique pompeuse et intellectualisante, que nous mène l'auteur. Le Chant du bouc s’invite au milieu des considérations sur le monde contemporain, un monde devenu complexe et difficilement lisible, et nous propose des clés pour s'affranchir et, pourquoi pas, s'accomplir.Plus qu'un livre de réflexion, un manuel de vie."
     
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  • Toutes les violences ne sont pas destructrices !...

    Nous reproduisons ci-dessous entretien avec Alain de Benoist, cueilli sur Boulevard Voltaire, dans lequel il évoque la question de la violence, notamment politique. Philosophe et essayiste, directeur des revues Nouvelle École et Krisis, Alain de Benoist a récemment publié Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017), Ce que penser veut dire (Rocher, 2017) et Contre le libéralisme (Rocher, 2019).

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    Alain de Benoist : « La violence peut être parfois condamnable, mais je ne la condamne pas par principe ! »

    Aujourd’hui, toute action politique peut se trouver disqualifiée, en termes médiatiques s’entend, dès lors qu’elle en vient à s’exprimer de façon violente, que cette violence soit réelle ou supposée. C’est donc l’effet qui se trouve condamné, et non point la cause. Angélisme ou cynisme ?

    Je dirais plutôt : « mécompréhension ». La condamnation sans nuances de la violence est le fait, d’une part, des pacifistes, qui se retrouvent du même coup condamnés à « faire la guerre à la guerre », position inconfortable, d’autre part, de l’éternel parti bourgeois, acquis aux idées libérales, qui s’imagine que la discussion, la négociation, le compromis, voire le « doux commerce », peuvent toujours permettre d’éviter l’affrontement. Les maîtres de l’idéologie dominante capitalisent sur cette condamnation inconditionnelle de la violence pour se prémunir contre les insurrections qu’ils redoutent. Mais une telle attitude est irréaliste. La violence est un caméléon. Non seulement elle est omniprésente et protéiforme, mais elle n’apparaît pas toujours comme telle. Elle est partout, même là où on ne la voit pas.

    À la violence ouverte, explosive, s’ajoute la violence structurelle, systémique et virale. La dérégulation libérale est une violence, le conditionnement publicitaire, la propagande de la pensée unique, l’esclavage du salariat, les aliénations dont le monde moderne est le lieu, la mondialisation elle-même, sont autant de formes de violence. La politique s’apparente elle aussi à la guerre dans la mesure où son critère essentiel est la distinction de l’ami et de l’ennemi. En politique, seul est souverain celui qui décide, et la décision est également une façon de mettre un terme aux parlotes et aux palabres.

    « Une planète définitivement pacifiée », écrit Carl Schmitt, « serait un monde sans politique. » Le droit lui-même ne peut être instauré et garanti que par un rapport de force. Quant aux révolutions, inutile de rappeler qu’elles n’ont jamais été des promenades de santé. Il n’y a tout simplement pas de vie en société sans la possibilité d’une violence.

    La violence, je la condamne personnellement souvent, je dirais même le plus souvent, surtout quand elle est gratuite, stupide et contre-productrice, mais je ne la condamnerai jamais par principe. Tout dépend des circonstances et du contexte. Dans les affaires humaines, il ne faut jamais se prononcer sur des abstractions, qu’il s’agisse de la violence (à quelle fin s’exerce-t-elle ? Par quels moyens ?), de l’immigration (qui immigre ?) ou de l’avortement (qui avorte ?). Toutes les violences ne sont pas destructrices. Elles peuvent aussi être fondatrices. Pendant la guerre, tous les mouvements de résistance ont fait usage de la violence. À l’époque de la décolonisation, tous les mouvements de libération en ont fait autant – et avec succès.

    Une formule canonique, attribuée à Max Weber, réserve à l’État le « monopole de la violence légitime ». Quand on voit l’état actuel des choses, ne peut-on pas dire que l’État a depuis longtemps perdu ce monopole ?

    Notons d’abord qu’on ne peut prétendre avoir le monopole de la violence légitime qu’aussi longtemps qu’on est soi-même légitime. La notion de légitimité est donc centrale, dans cette affaire. Un gouvernement, même régulièrement élu, peut perdre sa légitimité de bien des façons. Il n’est a priori légitime qu’à la condition de servir le bien commun en assurant la paix à l’extérieur et la concorde à l’intérieur. Face à une autorité devenue illégitime, à un État qui ne fait plus son travail, à des dirigeants qui ne se préoccupent plus que de leurs seuls intérêts, le contrat social est rompu et les citoyens doivent prendre leurs responsabilités car, comme l’observe Éric Werner (Légitimité de l’autodéfense), « il est bon en soi de se défendre ».

    Bien entendu, une déclaration d’illégitimité peut être tout à fait arbitraire et injustifiée, j’en suis bien conscient. Mais ce qu’il faut retenir est que, contrairement à ce que prétend le positivisme juridique, la légalité et la légitimité ne sont pas synonymes. D’où l’éternel combat d’Antigone contre Créon.

    Aujourd’hui, le « monopole » dont parlait Weber est effectivement partout battu en brèche. Nombre de guerres opposent désormais acteurs étatiques et non étatiques. Ce n’est pas nouveau : Clausewitz donnait déjà le nom de « petite guerre » à la guerre de partisans, à laquelle se rattache également le terrorisme. Violences sur la voie publique, violences sexuelles, violences conjugales, la violence brutale est partout : elle éclate dans la rue, dans les écoles, dans les hôpitaux, dans les transports. Dans certaines banlieues, elle est devenue un mode de vie. Cela signifie qu’aux yeux d’un nombre croissant d’individus, elle devient acceptable. Face à cette violence, les « appels à la raison » ne peuvent que tomber dans le vide. Seule la force peut briser la force.

    Quid de la violence que l’on a vue s’exprimer en marge du mouvement des gilets jaunes ?

    Il ne faut pas s’y tromper, la violence qui s’est révélée lors des manifestations des gilets jaunes a d’abord été la violence étatique. Les forces de police n’ont pas été chargées de maintenir l’ordre mais de faire de la répression. Elles l’ont fait avec une violence dont on n’avait pas vu l’équivalent depuis la guerre d’Algérie – et dont les pouvoirs publics n’ont jamais fait usage à l’encontre des racailles des banlieues. Bien des gilets jaunes ont subi de véritables blessures de guerre : mains arrachées, yeux crevés, visages défigurés. Au total, 2.200 blessés parmi les manifestants, dont plus de 200 blessures à la tête, sans oublier les procès devant les tribunaux, là encore beaucoup plus sévères qu’avec les voyous et les bandits : 1.800 condamnations, 1.300 comparutions immédiates, 300 incarcérations. À cela s’est ajoutée la violence provocatrice des Black Blocs qu’il était parfaitement possible d’enrayer, mais qu’on a objectivement encouragée pour discréditer le mouvement. Enfin, il y a eu des actes de violence de la part des gilets jaunes qui, eux, ont au moins servi à faire reculer le gouvernement. S’ils étaient allés plus loin, il aurait peut-être reculé plus encore. Ce n’est, en tout cas, pas moi qui vais pleurer sur l’incendie du Fouquet’s !

    Alain de Benoist, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 4 décembre 2019)

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  • Topologie de la violence...

    Les éditions R&N viennent de publier un essai de Byung-Chul Han intitulé Topologie de la violence. Originaire de Corée, influencé notamment par l’œuvre de Heidegger, Byung-Chul Han est professeur de philosophie à l'Université des arts de Berlin. Plusieurs de ses ouvrages ont déjà été traduits en français dont Dans la nuée - Réflexions sur le numérique (Acte sud, 2015), Le parfum du temps (Circé, 2016), Psychopolitique (Circé, 2016), Sauvons le Beau - L'esthétique à l'ère numérique.(Actes sud, 2016) et La société de transparence (PUF, 2017).

     

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    " Byung-Chul Han poursuit dans ce livre capital son analyse alarmante d'une société sur le point de s'effondrer, débutée dans La Société de la fatigue. Se concentrant sur la relation entre violence et individualité, il montre que malgré la thèse répandue selon laquelle la violence aurait été éradiquée de nos sociétés modernes, elle a seulement changé de forme pour opérer plus subtilement. S'appuyant sur Freud, Benjamin, Schmitt, Sennett, Girard, Agamben, Deleuze, Foucault, Bourdieu ou encore Heidegger, Han étudie les formes classiques de la violence issues de la négativité - la violence archaïque du sacrifice et du sang, la violence virale du terrorisme, la violence verbale des paroles blessantes - avant d'analyser la violence nouvelle, issue de la positivité. "

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  • Légitimité de l'autodéfense...

    Les éditions Xénia viennent de publier un essai d'Eric Werner intitulé Légitimité de l'autodéfense. Philosophe politique, adepte d'une pensée claire et rigoureuse, Eric Werner est l'auteur de plusieurs essais essentiels comme L'avant-guerre civile (L'Age d'Homme, 1998 puis Xénia, 2015) ou De l'extermination (Thaël, 1993 puis Xénia, 2013). Il vient de publier dernièrement Un air de guerre (Xénia, 2017). Contributeur régulier d'Antipresse, il publie également de courtes chroniques sur l'Avant-blog.

     

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    " « Les pages qui suivent traitent d’une espèce particulière de guerre, celle dont le sujet est l’individu lui-même.
    Car, effectivement, il peut arriver que l’individu lui-même devienne le sujet de la guerre. Cela arrive. Traditionnellement, c’est l’État qui est le sujet de la guerre. C’est lui qui fait la guerre, et, avant même de la faire, qui la déclare. Qui désigne l’ennemi, comme le disait Carl Schmitt. On connaît toutes ces choses. C’est ce que dit la théorie. Or comme bien souvent, la pratique contredit ici la théorie. »

    Lorsque l’État perd son monopole de la violence physique légitime, ou qu’il n’est plus en mesure de l’assurer, tous les coups sont-ils permis? Puisant dans l’histoire et la pensée classiques, Eric Werner montre que tous les grands dilemmes de l’humanité ont déjà été vécus et médités. Cet essai de philosophie politique est en même temps un appel au réveil. Il nous aide à comprendre que l’État protecteur n’est plus là."

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  • Violence : la compétition symbolique...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de François-Bernard Huyghe, cueilli sur son blog Huyghe.fr et consacré aux enjeux symbolique que recèle la question de la violence dans la révolte des Gilets jaunes... Spécialiste de la guerre de l'information, François Bernard Huyghe, auteur de nombreux livres, a récemment publié La désinformation - Les armes du faux (Armand Colin, 2015) et Fake news - La grande peur (VA Press, 2018).

     

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    Qui a dit guerre civile ? (3) - Violence : la compétition symbolique

    Après les déclarations de Luc Ferry (1) (Et alors ? Écoutez franchement, quand on voit des types qui tabassent à coups de pied un malheureux policier qui est par terre. Qu’ils se servent de leurs armes une bonne fois… On a la quatrième armée du monde, elle est capable de mettre fin à ces saloperies), après des appels à la dénonciation (Madeleine Schiappa contre les gens qui contribuent à la cagnotte dite «du boxeur» que l’on devrait inculper comme complices, Aurore Bergé indiquant qu'elle allait signaler à la justice les propos de cadres de LFI incitant à la violence), après que l’on ait invoqué l’ultra-sécurité et l’ultra-fichage ultra-préventif contre l’ultra-violence… difficile de ne pas ressentir l’ultra-peur des dirigeants face aux classes dangereuses.

    Ou de ne pas penser à la marquise de Sévigné écrivant en 1675 lors de la répression de la révolte dite « du papier timbré » : On a pris soixante bourgeois ; on commence demain à pendre. Cette province est un bel exemple pour les autres, et surtout de respecter les gouverneurs et les gouvernantes, de ne leur point dire d’injures, et de ne point jeter des pierres dans leur jardin.

    La question de la violence, sur fond de dramatisation et de culpabilisation, est devenue décisive pour au moins deux raisons.

    — Cette violence autour des Gilets jaunes ne ressemble pas à celle des vieilles manifs ou émeutes qui répondaient à un schéma territorial connu. Soit on se bagarrait avec la police ou les soldats dans son quartier, devant son université, son usine etc, éventuellement avec occupation illégale des lieux familiers comme l’atelier, le quartier ou la fac. Soit le peuple, ou ceux qui luttaient en son nom, marchait vers la Bastille, le Palais d’Hiver, etc. pour en finir.
    Or dans les affrontements actuels, on voit bien des «territorialisés» se rassembler près de chez eux, aux carrefours (mais le carrefour n’est pas le lieu où l’on habite mais le lieu où ça circule et où l’on peut ralentir métaphoriquement un processus qui vous broie). Il y a aussi les mobiles pendulaires. Ceux qui, neuf semaines de suite, ont fait un long trajet pour affirmer : 1) nous sommes le peuple, nous allons où nous voulons, devant vos boutiques de luxe ou dans vos ministères. Après tout, c’est le peuple le patron 2) Nous voulons être entendus, nous réunir pour nous sentir bien et faire plus de bruit, nous voulons vous défier et vous dire notre colère en face.

    Car qui dit violence dit humiliation et affirmation, lutte de statut et de territoire, compétition symbolique avec l’autre.

    — Cette violence structure complètement le front idéologique.
    La dimension de surenchère symbolique a enclenché un cycle infernal : pas de manif, elle est interdite - mais nous avons bien le droit…- fachos subversifs - mais vous nous gazez - vous être manipulés par des extrémistes, vous allez monter à Paris pour détruire et pour tuer - mais nous sommes pacifiques, nous sommes tout, nous voulons tout - vous menacez la République - mais c’est nous, la République, et maintenant, nous voulons la démocratie directe - vous êtes d’une violence inouïe, il faut vous répondre par une ultra-fermeté, foule haineuse - ben oui, maintenant, on vous déteste, vous et la presse à votre botte qui fait du deux poids deux mesures - vous attaquez la liberté de la presse qui, par ailleurs, vous invite trop à vous exprimer - mais il y a des violences policières, des yeux crevés, des passages à tabac - de pire en prie vous vous radicalisez et maintenant, vous glorifiez Robin des Boxes, au mépris de la République, alors que nous vous proposons un Grand Débat, etc.

    La question de la violence a été traitée en termes de responsabilité :

    Extrême-droite ? les preuves sont peu concluantes quand on en est réduit à prendre le drapeau picard ou celui de l’Organisation Révolutionnaire Anarchiste comme indices d’une infiltration brune.
    Extrême-gauche ? Un dimanche aux Champs-Elysées, certainement. Pour le reste, guère En tout cas, pas mille black blocs comme le 1° mai dernier.
    Racaille ? Pilleurs? Il y en eût certainement et qui n’avaient aucune intention politique.
    Mais il est devenu évident, au fil des semaines, que de « vrais » Gilets jaunes réagissaient fortement souvent en se justifiant : vous nous gazez et nous ne sommes pas des délinquants.

    Du coup la représentation de la violence est devenu déterminante dans le discours.
    Impossible de passer sur un plateau de télévision sans se voir poser la question cruciale de la condamnation : vous condamnez bien les violences ? Vous n’allez pas les justifier ? Vous ne niez pas que cette manifestation était interdite ? Et cette violence inouïe ? Vous êtes bien pour les gentils contre les méchants ? Vous n’allez pas relativiser et mettre sur le même plan maintien de l’ordre et insurrection ? Vous n’avez pas de double discours ? Pas de casier, pas d’objet contondant ? Vous êtes sûr que vous êtes sincèrement indigné ? Vous êtes bien contre Hitler, contre Staline et contre la torture des chatons queers de moins de 50 ans ?

    C’est la compétition au plus moralement légaliste pacifique respectueux des valeurs de la République, sans oublier l’inévitable : vous n’avez pas peur que cela favorise les extrémistes ? Mais évidemment, plus le discours joue dans le registre incapacitant (la haine à laquelle il ne faut pas inciter comme facteur explicatif général), plus la réalité obéit à une autre logique. Les forces de l’imaginaire se sont mises en branle : épopée, batailles, résistance (on ne lâchera pas, voire héroïsation (le boxeur du peuple…).

    Une vision de la violence est en train d’émerger qui n’est pas sans rappeler Sorel côté Gilets jaunes : facteur d’unité de classe, productrice de mythes mobilisateurs, grande révélatrice des fronts. En face, le discours macronien contre la chienlit et pour l’ordre semble (s’il faut en croire le dernier sondage IFOP) l’aider à rassembler une partie de la droit bourgeoise souvent fillonienne autour du parti de l’ordre. Cela peut-il tenir jusqu’à l’irruption du tragique dans le conflit (un mort tué de main d’homme d’un côté ou de l’autre par exemple) ?
     
    François-Bernard Huyghe (Huyghe.fr, 9 janvier 2019)
    Note :
    (1) Par la suite, Luc Ferry a rectifié en précisant qu’il songeait à des armes non létales.
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  • Quand les digues se brisent...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Paul Fortune, cueilli sur son blog et consacré à la révolte des Gilets jaunes. Paul Fortune est l'auteur d'un excellent récit initulé Poids Lourd... 

     

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    Quand les digues se brisent

    Il se passe enfin quelque chose. Nous l’avons tant attendu, ce moment. Certains pendant plus de 40 ans, à rêver de révolution et d’un grand mouvement qui emporterait tout sur son passage, noyant ce système et tous ses tenants. Après toutes ces années passées à nous voir humilier toujours un peu plus, il semble que le souffle libérateur se fasse sentir. Comme à son habitude, l’histoire nous prend au dépourvu. Personne, il n’y a encore quelques semaines, n’aurait seulement pu imaginer que ce serait un gilet jaune qui servirait d’oriflamme à une révolution naissante. Le peuple français qui nous désespérait tant par son apathie, sa bêtise et ses renoncements se révèle fidèle à lui-même : brutal dans sa colère, capable des pires débordements, dont nous ne voyons que le début. Ce peuple qui ne semble rien tant aimer que sa tranquillité bougonne et un peu lâche est aussi celui que la violence fascine. Il n’y a qu’à voir tous ces gilets jaunes qui observent avec une relative bienveillance la violence de l’extrême-gauche et de la racaille. La vérité est que les Français aiment cela. Sous couvert de déplorer ces débordements, ils savent au fond d’eux que c’est le seul moyen de se faire entendre et quelque chose au fond de leurs tripes leur rappelle que leurs aïeux ont commis de bien terribles massacres.

    Les exactions, les destructions et les vandalismes sont à la fois déplorables et nécessaires. Tout cela fait partie du triste cortège qui accompagne le réveil d’un peuple en colère : certains se croient tout permis. C’est le jour des fous. Qu’ils prennent garde cependant, tous ces destructeurs : la foule qui aujourd’hui les laisse faire peut se retourner contre eux en un rien de temps. Une fois lancé, un tel mouvement est incontrôlable.

    Peut-être que demain sera le jour de la gueule de bois et que le peuple de France retombera dans son apathie coutumière. La bête n’aura fait que se retourner dans son sommeil. Les jours à venir nous le diront vite. Soyons réalistes : tout dépend maintenant des forces de l’ordre. Si elles décident de rester fidèles au pouvoir, elles seront obligées d’aller vers une répression efficace mais potentiellement meurtrière, et nous pourrions bien voir tout cet élan noyé comme lors d’un soir de février. Si au contraire elles se retournent contre leurs maîtres, alors il ne restera comme solution à ces derniers que la fuite.

    Nous vivons enfin quelque chose d’intéressant. C’est avec un mélange de crainte et d’enthousiasme que j’espère voir advenir le changement.

    Paul Fortune (Blog de Paul Fortune, 3 décembre 2018)

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