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russie - Page 10

  • Guerre en Ukraine et intérêts des puissances...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous l'entretien donné par Maurice Gourdault-Montagne à Régis Le Sommier sur Omerta, dans lequel il évoque les intérêts des différentes puissances dans le conflit ukrainien.

    Diplomate français, anciennement ambassadeur au Japon, au Royaume-Uni, en Allemagne et en Chine, Maurice Gourdault-Montagne a également été conseiller diplomatique de Jacques Chirac lors de son second mandat de président de la république (2002-2007).

     

                                                 

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  • Ukraine : les coulisses du désordre mondial...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous Le samedi politique de TV Libertés, diffusé le 11 février 2023 et présenté par Élise Blaise, qui recevait Alain Juillet pour évoquer le conflit en Ukraine et ses conséquences pour l'Europe...

    Alain Juillet a été Haut responsable chargé de l’intelligence économique auprès des premiers ministres de 2003 à 2009 (Jean-Pierre Raffarin, Dominique de Villepin et François Fillon), après avoir été, notamment, officier au service Action du SDECE, et directeur du renseignement à la DGSE.

     

                                               

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  • Au cœur de la guerre froide...

    Les éditions des Syrtes viennent de publier un essai historique de Nicolas Ross intitulé Au cœur de la guerre froide - Les combats de l'émigration russe de 1945 à 1960.

    Spécialiste de l'histoire russe et de celle des Russes blancs, Nicolas Ross est notamment l'auteur de La Crimée blanche du général Wrangel (Syrtes, 2014), de Koutiepov, le combat d'un général blanc : de la Russie à l'exil (Syrtes, 2016), de De Koutiepov à Miller - Le combat des Russes blancs 1930-1940 (Syrtes, 2017) et dernièrement de Entre Hitler et Staline - Russes blancs et Soviétiques en Europe durant la Seconde Guerre mondiale (Syrtes, 2021). 

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    " Si Entre Hitler et Staline évoquait le difficile choix des Russes blancs et des Soviétiques dans l’espace européen durant la Seconde Guerre mondiale, Au cœur de la guerre froide poursuit l’exploration de l’histoire de l’émigration russe à un moment d’extrême tension mondiale.

    Vie politique intense, activités sociales et culturelles variées, associations religieuses, organisations humanitaires, mouvements de jeunesse, publications, radios en langue russe : tout un ensemble d’éléments ont contribué à la survie de cette vie communautaire spécifique.

    Largement impliquée dans le processus de renaissance des valeurs traditionnelles de son pays perdu, l’émigration russe a contribué à la chute de l’URSS. "

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  • Russie-Ukraine : revenir aux principes ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Denis Collin cueilli sur le site La Sociale et consacré à la guerre en Ukraine.

    Agrégé de philosophie et docteur ès lettres, Denis Collin est l’auteur de nombreux ouvrages consacrés à la philosophie, à la morale et à la pensée politique, dont Introduction à la pensée de Marx (Seuil, 2018), Après la gauche (Perspective libres, 2018) et  Malaise dans la science (La Nouvelle Librairie, 2022).

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    Russie-Ukraine : revenir aux principes

    Il y a un débat public, pas toujours clair et généralement étouffé par la propagande de guerre, à propos du conflit en Russie et Ukraine, conflit qui remonte maintenant à près de 10 ans, les troupes russes ayant envahi la Crimée au mois de février 2014. Les accords de Minsk, signés en 2015 entre la Russie et l’Ukraine, avec l’intervention de Hollande et Merkel n’ont fait que reculer la guerre ouverte.

    Je ne veux pas m’engager dans la confrontation des récits de ces 10 dernières années, récits contradictoires : pour les uns, il s’agit d’une guerre défensive menée par la Russie menacée par l’Occident et, pour les autres, il s’agit d’une agression russe contre l’Ukraine, pour assouvir le dessein chauvin grand-russe d’un Poutine qui veut reconstituer la grande Russie, autant que possible dans les frontières de l’ex-Union soviétique. Les premiers font valoir les livres de Brzeziński, qui constitueraient le programme suivi par les États-Unis et permettraient ainsi d’éclairer le conflit, les seconds pourraient voir en Poutine celui qui accomplit le programme de Soljenitsyne de restauration de la « grande Russie », mais ils ne le font tant ils ont par le passé encensé le grand écrivain. On a vu ressurgir à cette occasion la vieille idéologie rance du « panslavisme » défendu par Alexandre Douguine, un philosophe dont la fille fut assassinée dans des conditions mystérieuses – le crime fut évidemment attribué aux services ukrainiens, mais il pourrait s’agir de règlement de comptes au sein de la caste dirigeante, le panslavisme n’étant pas, et de loin, l’idéologie dominante chez les oligarques.

    Je préfère ici m’en tenir aux quelques faits indiscutables – en évitant les récits et les spéculations des politiciens et des stratèges internationaux qui ont tendance à présenter leurs propres spéculations et leurs propres interprétations comme des vérités indiscutables. Et des faits admis, je voudrais me contenter que rappeler quelques grands principes de droit.

    On le sait bien, la discussion sur les responsabilités d’une guerre est toujours une affaire fort polémique. Hannah Arendt rapporte une boutade de Clemenceau : « Durant les années vingt, Clemenceau, peu avant sa mort, se trouvait engagé dans une conversation amicale avec un représentant de la république de Weimar au sujet des responsabilités quant au déclenchement de la Première Guerre Mondiale. On demanda à Clemenceau : “À votre avis, qu’est-ce que les historiens du futur penseront de ce problème embarrassant et controversé ?” Il répondit : “Ça, je n’en sais rien, mais ce dont je suis sûr, c’est qu’ils ne diront pas que la Belgique a envahi l’Allemagne.” » L’histoire du mensonge au XXe siècle a montré que Clemenceau était exagérément optimiste. Si on revient au cas ukrainien, le fait est que le 25 février 2014, la Russie a envahi la Crimée et organisé un référendum qui a abouti au rattachement de la Crimée à la Russie. C’est le point de départ des événements qui vont se dérouler dans le Donbass et aboutiront en 2015 aux accords de Minsk. Il y a un autre fait non moins incontestable, c’est que c’est la Russie a envahi le quart du territorie ukrainien le 24 février 2022. Savoir si la Russie avait de bonnes ou de mauvaises raisons de le faire, savoir si les États-Unis avaient ou non entrepris de déstabiliser ce pays gigantesque qui n’a plus rien à voir avec l’URSS de jadis, c’est une autre affaire.

    Du point de vue du droit international tel qu’il a été inventé en 1648 par les traités de Westphalie qui ont mis fin à la guerre de Trente ans, la Russie a juridiquement tort. On pourra difficilement déclarer Poutine irresponsable. On peut lui chercher des circonstances atténuantes ou resituer tout cela dans le récit historique ou philosophico-historique, cela ne change rien aux faits, et, comme le disait Lénine, « les faits sont têtus ».

    Il y a une autre question de principe, la question du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, revers de la médaille de la souveraineté nationale. Nous ne pouvons pas défendre la souveraineté nationale de la France et dénier celle de l’Ukraine. Même si le gouvernement de ce pays n’est pas très reluisant et s’il est fort corrompu, nous devons reconnaître la souveraineté de l’Ukraine. De la même façon que les horreurs dont s’était rendu coupable Saddam Hussein ne pouvaient justifier l’invasion de l’Irak en 2003, pour ne citer qu’un exemple. Le « droit d’ingérence » est une minable tentative faite par une bande de politiciens d’extrême-gauche ralliés aux « néocons » américains pour donner un vernis « humanitaire » aux diverses opérations militaires depuis les bombardements « humanitaires » sur Belgrade, les opérations en Afghanistan, et d’autres encore. La situation en Ukraine n’autorisait pas plus la Russie à intervenir, même si les minorités russophones et russophiles (ce n’est pas la même chose) étaient en butte à la répression organisée par les dirigeants de Kiev.

    On ne peut pas avoir des principes à géométrie variable. Je sais bien qu’il y a une vieille russophilie française qui s’entretient de la nostalgie de l’Union soviétique, du regret de son effondrement, qui expliquent que les vieux staliniens et cryptostaliniens reportent aisément les sentiments qu’ils avaient envers l’URSS sur les nouveaux maîtres du Kremlin. Mais cela ne justifie pas qu’on change de principes quand il s’agit de faits qui mettent en cause Poutine et son régime dont l’orientation de plus en plus autoritaire n’a cessé de s’affirmer.

    On n’oublie évidemment pas le double jeu et les manœuvres permanentes du gouvernement des États-Unis, qui serait fort heureux de déstabiliser complètement l’Europe pour pouvoir préparer le coup suivant : son règlement de comptes avec la Chine. Sachant tout de même que pour ce dernier enjeu, il est sûrement trop tard et que les rapports de forces internationaux sont complètement bouleversés. Les États-Unis entretiennent les conflits comme des moyens d’essayer de se maintenir à flot, alors qu’ils sont déjà entrés dans la spirale du déclin, comme l’Europe, d’ailleurs.

    Dans l’idéal, il faudrait exiger l’arrêt des hostilités, le retrait des troupes russes sur les frontières d’avant 2014 et l’organisation sous contrôle international de référendums dans les provinces du Donbass et de Crimée qui permettraient à ces peuples de choisir librement, sous la menace d’aucun fusil, ni russe, ni ukrainien, s’ils veulent rester ukrainiens – éventuellement avec un statut spécial – devenir indépendants ou rejoindre la république fédérative de Russie. Ce serait la seule solution conforme au droit international.

    Malheureusement, le droit international étant ce qu’il est, c’est-à-dire un droit sans force, cette hypothèse est fort improbable dans l’immédiat. Que pouvons-nous faire ? En vérité, peu de choses, sinon spéculer sur les intentions des uns ou des autres. Entre les exégètes de la pensée de feu Brzeziński et les kremlinologues qui lisent dans les pensées de Poutine, on ne sait plus où donner de la tête !

    Il me semble cependant qu’on peut se mettre d’accord sur des exigences minimales. La première étant celle d’un cessez-le-feu. Comme le dit Kant, il n’y aucun droit de guerre, la guerre est le contraire du droit et donc il faut l’arrêter. Pour qu’il y ait un cessez-le-feu, il faut cesser de nourrir la guerre et donc refuser de devenir « cobelligérants » en envoyant des armes, des armes dont tout le monde sait par ailleurs qu’elles ne font qu’entretenir la guerre. Si nous avions un gouvernement soucieux des intérêts du peuple, et de la paix, il ferait tout son possible pour favoriser les négociations entre les deux parties en guerre. Quitte à paraître naïf, il faut lever, au moins partiellement les sanctions contre la Russie, sanctions inefficaces qui ne favorisent que les Russes et les Américains et donc les nations d’Europe sont les premières victimes et même les seules victimes.

    L’attitude agressive à l’égard de la Russie ne sert que le régime de Poutine. Et tous les autres régimes, car l’entretien permanent de la menace guerrière est une des ressources essentielles de toutes les tyrannies. Nous aussi, nous subissons notre « quart d’heure de la haine », comme dans 1984. La guerre contre la Russie vient à point remplacer la guerre au COVID… Une politique d’ouverture, publiquement proclamée et adressée à l’opinion russe, par-delà ses gouvernants, pourrait être fort efficace pour faire reculer le pouvoir en place et ouvrir la marche vers la paix, dans le respect des principes de souveraineté nationale.

    Je lance une flèche. La ramasse qui peut.

    Denis Collin (La Sociale, 7 février 2023)

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  • Halte au Feu ! (et mort aux c.. !)

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Caroline Galactéros, cueilli sur Geopragma et consacré au durcissement du conflit russo-ukrainien.

    Docteur en science politique, Caroline Galactéros est l'auteur de  Manières du monde, manières de guerre (Nuvis, 2013) et de Vers un nouveau Yalta (Sigest, 2019). Elle a créé en 2017, avec Hervé Juvin, entre autres, Geopragma qui veut être un pôle français de géopolitique réaliste.

     

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    Halte au Feu ! (et mort aux c.. !)

    Il ne s’agit plus d’une « Opération militaire spéciale » mais d’une véritable guerre. Les objectifs en sont étendus et les moyens aussi. Considérablement. Moscou a pris le mors aux dents devant l’ampleur du soutien occidental au malheureux proxy ukrainien dont le Kremlin a aussi sous-estimé l’héroïsme des troupes et le nationalisme de la population au printemps dernier.

    La leçon a été vite apprise, et l’armée russe a connu en quelques mois une véritable remontée en puissance et efficacité dans tous les domaines. Désormais, Vladimir Poutine, pragmatique fataliste exaspéré par les mensonges de « l’Occident collectif » n’a d’autre choix pour sauver la face que d’aller au bout de l’aventure. D’autant qu’il gagne sur le terrain. Les Américains le savent mais préfèrent sacrifier sans vergogne les Ukrainiens jusqu’au moment où ils pourront leur dire qu’ils ont tout essayé mais qu’il leur faut en rabattre et négocier. Plus on attend plus cette négociation sera douloureuse et l’amputation territoriale importante. On peut continuer à le nier, à s’en indigner, à trouver cela inadmissible, à préférer la fuite en avant mais c’est ainsi. Peut-être aurait-on dû, le 17 décembre 2021, lorsque Vladimir Poutine adressa à Washington, l’Otan et l’UE, des projets de traité sur la refondation de la sécurité en Europe, prendre la peine de les lire au lieu de les lui jeter à la figure.

    Dans cette affaire, un an plus tard, ce n’est pas l’ours russe qui est blessé mais l’aigle américain et les moineaux européens. L’Ukraine a perdu depuis des mois déjà ce conflit et, à moins d’engager l’OTAN (avec tous les aléas politiques et militaires que cela comporte) dans un affrontement ouvert avec la Russie, Kiev ne pourra, pour de multiples raisons et d’abord pour des questions d’effectifs et d’armements, renverser le rapport de force.

    Il faut donc sortir du mensonge irresponsable dans lequel nous entretenons, notamment en France, les peuples européens sur « la victoire ukrainienne » et « la débâcle russe » et commencer à traiter le drame à hauteur du réel et du possible. Les Mediaş Main Stream mais aussi des figures militaires il est vrai de second ordre, portent à cet égard dans notre pays une très lourde responsabilité. Ce n’est pas seulement de l’indigence informationnelle, c’est de la propagande pure et dure. Tout cela pour complaire, dans ce qu’ils s’imaginent être une unité nationale contre la barbarie russe, à des pouvoirs politiques eux-mêmes en plein déni de réalité et bien peu familiers de ce que signifie la guerre. Volontairement sourds et aveugles aussi, devant ce que la Russie et une bonne partie du monde pensent de l’impérialisme occidental à l’heure des nouveaux équilibres de puissance et d’influence : obsolète, illégitime et stupidement belliqueux face à la multipolarité du monde.

    Au lieu de crier à « l’esprit de Munich », aux « réseaux du Kremlin en Europe », à « la Cinquième colonne complotiste », et même carrément d’appeler à une chasse aux sorcières de l’Etat digne du pire maccarthysme, quand des voix de tous bords politiques s’élèvent pour appeler à enrayer au plus vite cette escalade mortifère et inutile (et à imaginer des pourparlers sérieux sans préconditions à partir de l’état des forces sur le terrain avant qu’il ne s’aggrave davantage pour Kiev), j’ose leur donner un conseil : qu’ils prennent donc des cours accélérés d’anglais et se donnent la peine de s’informer ailleurs qu’auprès de l’état-major ukrainien. Qu’ils aillent écouter non seulement les informations officielles de Kiev, mais celle de Moscou, qu’ils s’intéressent aussi au contexte global de ce conflit en Europe, à ce qui se dit et se décide à Pékin, New Dehli, Téhéran, Ryad, Ankara, Bakou, le Caire, et même à Berlin ou Rome ! Qu’ils fassent des liens et changent le petit bout de leur lorgnette pour un grand angle. Surtout, qu’ils prennent enfin le temps de suivre sur… Utube, la bonne demi-douzaine d’anciens militaires presque tous américains ou britanniques, tous anciens du renseignement, qui chaque jour expliquent par le menu ce qui se passe véritablement sur le terrain mais aussi au plan diplomatique mondial.

    La Russie a préféré la réprobation occidentale au risque de voir son existence même mise en danger par l’installation de base OTAN à sa frontière directe. Cela fait plus de 15 ans qu’elle a exprimé à d’innombrables reprises et dans toutes les enceintes, ses préoccupations sécuritaires. Les stratèges américains le savent parfaitement et s’en sont servi pour la poursuite de leurs objectifs propres que j’ai déjà à maintes reprises expliqués, bien moins bien qu’un H. Kissinger ou même qu’un G. Friedman.

    L’escalade en cours rend chaque jour moins improbable un ultime avertissement russe touchant directement un pays de l’OTAN et donnant le signal d’une curée généralisée à l’issue aléatoire ou apocalyptique, considérant la supériorité technologique russe en matière d’armes hypersoniques. Qu’attend -t-on pour se réveiller et dire stop ?

    Il est une autre supercherie sur laquelle je souhaite revenir, car elle est gravissime du point de vue européen. Elle se situe au plan des valeurs de liberté de tolérance, de démocratie et d’égalité qui forment le socle de l’Europe d’après-guerre et de son surplomb « moral » revendiqué. Le chœur des bellicistes enragés qui vocifèrent leur haine de la Russie le font au nom de ces mêmes « valeurs » que l’on a peine à associer au pouvoir ukrainien actuel, qui a interdit partis politiques et Mediaş d’opposition sans parler de la langue russe. Pire, il a intégré depuis des années dans ses forces des milices ultranationalistes dont les discours, rituels et emblèmes témoignent de l’empreinte omniprésente d’une idéologie de sinistre mémoire aux filiations indicibles. Au nom des droits de l’homme et de la liberté, l’Europe qui se veut pacifiste et éclairée, arme et finance un pouvoir miné par un anti-slavisme forcené aux relents suprémacistes. Cette inversion des valeurs devient indéfendable mais est noyée par l’invasion du territoire ukrainien par les forces russes, aussi inexcusable qu’inévitable. De l’aveu même de plusieurs gouvernants occidentaux et ukrainiens, cette guerre a pourtant été voulue et préparée. Une guerre de l’Otan contre la Russie, de l’Occident contre une grande partie du reste du monde dont l’Ukraine n’est que le proxy volontaire et son peuple la victime sacrificielle.

    C’est une guerre existentielle, mais pas seulement pour la Russie. C’est l’avenir du monde et des lignes de forces planétaires qui se jouent sur le sol de ce pays charnière pour la sécurité en Europe. Une sécurité que chaque palier de l’escalade ruine un peu plus. Il s‘agissait de couper la Russie de l’Europe une fois pour toutes. C’est fait. Il s’agissait de placer l’Europe sous dépendance gazière américaine. C’est fait. Aucun dirigeant européen n’a trouvé à redire au sabotage des gazoducs NS 1 et 2. Le socle de la puissance industrielle allemande n’est plus mais Berlin se tait. Cette attitude suicidaire de l’Europe est proprement délirante. Notre dogmatisme et notre servilité n’ont plus de limites. Nous sommes désormais en première ligne d’un affrontement que Moscou ne peut plus éviter et on y va, la fleur au fusil, tout en expliquant que nous ne sommes pas cobelligérants. Voyage en Absurdie.

    Désormais, le pot aux roses vacille. Face à une réalité militaire trop longtemps tronquée défigurée par les nécessités de la propagande, les comploteurs qui dénoncent depuis un an avec aplomb le complotisme des trolls du Kremlin paniquent devant l’imminence du dévoilement de la vérité. Il faut faire retomber la pression. Retrouver un semblant de dialogue. Mais la confiance est totalement partie du côté russe et nous faisons tout pour que Moscou ne le souhaite pas, d’autant que la Russie est actuellement en position favorable et donc va poursuivre au moins jusqu’à la sécurisation de ses gains officiels (les 4 oblasts) et l’assurance que Kiev ne pourra soutenir dans le temps sa guerre d’attrition.

    L’Amérique ne peut l’emporter et a déjà perdu mais veut maintenir à tout prix l’illusion d’une victoire morale et politique possible. L’Europe suit en ordre dispersé et va tout perdre. La France n’a rien compris et encore moins rien voulu comprendre. Nous avons méprisé nos atouts relatifs, renoncé à faire un pas de côté. Comme d’habitude, c’est en suivant une route qui n’est pas la nôtre que nous avons perdu notre chemin.

    La haine domine l’intelligence (de situation mais pas seulement) par l’intolérance et le mensonge. C’est l’Ukraine qui est en morceaux qui sera probablement de fait divisée. C’est son peuple qui souffre de la folie d’un gouvernement qui lui avait promis la paix avec la Russie et n’a fait que fomenter la guerre. C’est la jeunesse Ukrainienne qui, quand elle n’a pu s’enfuir à temps, est sacrifiée et envoyée au front sans expérience dans des assauts désespérés qui veulent masquer au monde le rapport de force sans appel défavorable et pomper les milliards américains et européens pour remplir les poches d’une clique ultra corrompue aux relents d’idéologie fasciste. Ne comprenons-nous pas que c’est indéfendable, que l’anti-slavisme éructant et ultraviolent des milices versées dans les forces ukrainiennes entretenues depuis des décennies par les services occidentaux au cours de la guerre froide, puis réveillées, payées, formées armées depuis 2015 par l’OTAN elle-même, ne sont pas là pour sauver l’Ukraine mais pour la sacrifier à la volonté américaine d’affaiblir la Russie, de la couper à jamais de l’Europe et, dans les plus fous fantasmes, de parvenir enfin à la mettre en coupe réglée et à la piller comme cela avait été si magistralement commencé dans les années 90 ? C’est un éléphant dans la pièce que nous faisons mine d’ignorer. Il peut nous écraser.

    Caroline Galactéros (Geopragma, 30 janvier 2023)

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  • Guerre en Ukraine : c’est reparti comme en 1939 !...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Geoffroy, cueilli sur Polémia et consacré aux nouveaux risques d'escalade dans le conflit russo-ukrainien...

    Ancien haut-fonctionnaire, Michel Geoffroy a publié le Dictionnaire de Novlangue (Via Romana, 2015), en collaboration avec Jean-Yves Le Gallou, et deux essais, La Superclasse mondiale contre les Peuples (Via Romana, 2018), La nouvelle guerre des mondes (Via Romana, 2020), Immigration de masse - L'assimilation impossible (La Nouvelle Librairie, 2021) et dernièrement Le crépuscule des Lumières (Via Romana, 2021).

     

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    Chars Leopard 2 polonais susceptibles d'être fournis à l'Ukraine

     

    Guerre en Ukraine : c’est reparti comme en 1939 !

    La guerre russo-ukrainienne est une catastrophe. On l’a assez dit dans ces colonnes. Pour cette raison, tous ceux qui la font se prolonger prennent devant l’histoire une responsabilité écrasante. Comme ceux qui nous ont menés à la guerre mondiale en 1939.

    Une catastrophe

    Cette guerre est une catastrophe car on voit bien, au bout d’un an, qu’aux destructions et aux pertes civiles et militaires croissantes s’ajoute le torpillage durable de l’économie européenne.

    En effet, les sanctions prétendument antirusses nous frappent au premier chef en nous privant de sources d’énergie bon marché. Et en nous rendant dépendants du gaz de schiste que les États-Unis, dont l’économie se porte au contraire très bien, nous vendront cher.

    La guerre russo-ukrainienne consacre aussi l’américanisation de la diplomatie européenne. Et aussi, bien sûr, elle confirme la soumission de la France à l’OTAN. Une France qui a perdu toute « autonomie stratégique », qui était pourtant déjà un pâle succédané de l’indépendance nationale gaullienne.

    Car cette guerre est bien une guerre de l’OTAN contre la Russie et, plus fondamentalement, une guerre de l’État profond nord-américain contre l’avènement du monde multipolaire. C’est donc une guerre contre la majorité de la population mondiale et les civilisations qui l’incarnent.

    C’est dire qu’on nous embarque dans une guerre perdue d’avance.

    Prolonger la guerre, mais au profit de qui ?

    Si on pouvait à la rigueur admettre, au début du conflit, qu’il était légitime d’apporter une assistance à l’Ukraine « agressée » – bien que ce pays ne soit ni membre de l’OTAN ni membre de l’UE –, après bientôt un an de conflit cette attitude apparaît non seulement absurde mais suicidaire.

    A fortiori lorsque Mme Merkel affirme maintenant que les accords de Minsk – qu’elle a pourtant contresignés avec la France – avaient pour seul objet de permettre à l’Ukraine de gagner du temps pour se préparer à affronter militairement la Russie…

    Livrer toujours plus d’armes contribue évidemment à alimenter le parti de la guerre ukrainien en lui faisant croire que cette assistance otanienne lui permettra de vaincre la Russie sur le champ de bataille. Ce qui ne s’est jamais vérifié jusque-là, et pour cause, puisque l’armée ukrainienne a pour l’essentiel été écrasée mi-2022.

    Pourquoi en irait-il autrement demain, alors que toutes les affirmations des généraux de plateau télévision ont jusqu’à présent été démenties par les faits ?

    Et qui peut donc avoir intérêt à prolonger un conflit que l’Ukraine n’est manifestement plus en mesure de gagner ? Certainement pas nous.

    Un scénario sud-vietnamien

    En Ukraine, l’OTAN se trouve en réalité engagée dans un scénario sud-vietnamien, ce qui n’a rien de fortuit puisque cette organisation est dirigée par les États-Unis, qui commettent toujours les mêmes erreurs, sur le dos des autres.

    Comme au Viet Nam, on achemine donc toujours plus de matériel et d’hommes (ici des mercenaires et des « instructeurs ») en Ukraine, comme si la solution était technique et logistique, alors qu’elle est, comme toujours, politique et civilisationnelle. On adopte donc une logique impolitique de fuite en avant, qui ne peut conduire qu’au désastre.

    Les dirigeants de l’OTAN tiennent d’ailleurs, selon cette ligne absurde, des propos ahurissants. Comme M. Stoltenberg lorsqu’il affirme que, quelle que soit l’issue du conflit (tiens, il se pourrait donc que l’Ukraine ne gagne pas ?), on ne pourrait plus avoir de relations normales avec la Russie[1]. Mais il est vrai que, pour les États-Unis, on ne discute pas avec un adversaire : on le diabolise, on le détruit ou on exige sa reddition inconditionnelle, c’est l’esprit du puritanisme.

    Cette logique vietnamienne a cependant toutes les chances de se terminer ici comme là-bas, demain comme hier. C’est-à-dire par un enlisement militaire, et l’abandon final des Ukrainiens à leur sort, comme autrefois les Sud-Vietnamiens. Ou les Afghans.

    Pousser la Russie à bout

    La décision de contribuer de plus en plus à l’équipement militaire et financier de l’Ukraine nous conduit en outre fatalement à la cobelligérance de fait, donc à affronter militairement la Russie.

    Ce dont les Russes n’ont pas manqué d’avertir les Européens. Mais ceux-ci font la sourde oreille, habitués qu’ils sont aux mensonges et rodomontades de leurs propres politiciens : ils croient qu’il en va de même de tous les autres !

    Pourtant, les responsables russes, en général, parlent sérieusement, comme ils l’ont démontré depuis février 2022.

    Dès lors, qui peut sérieusement croire qu’affronter la Russie nous serait profitable ? Qui peut croire que fermer toutes les voies de discussion avec la Russie va nous apporter la paix ? Qui peut croire que nous ayons le moindre intérêt à pousser la Russie dans ses dernières extrémités ?

    Comme en 1939

    Pour la France, l’histoire recommence malheureusement, les mêmes causes produisant les mêmes effets. Nous voici en effet revenus en 1939.

    Comme en 1939, la France ne maîtrise plus sa politique. Hier, elle était à la remorque d’une Grande-Bretagne qui décidait brusquement d’arrêter l’expansionnisme allemand à Dantzig, après l’avoir laissé faire partout depuis 1936[2]. Aujourd’hui, la France est à la remorque de l’OTAN et de Bruxelles, c’est-à-dire des États-Unis et de l’Allemagne, dans une logique d’affrontement avec la Russie, une nation en pleine expansion, sûre d’elle-même et de son bon droit, comme autrefois le Reich.

    Comme en 1939, une classe politique incapable et cynique nous conduit à la guerre, sans nous avoir donné les moyens de gagner : qu’il s’agisse de guerre économique, sanitaire ou militaire. Et évidemment sans consulter le peuple français, une fois encore.

    Comme en 1939, on veut nous faire mourir pour un pays instable, avec lequel nous n’avons aucun intérêt vital en jeu et pour des frontières artificielles. Au nom de prétendues « valeurs » que l’on se garde pourtant d’invoquer dans d’autres conflits.

    Comme en 1939, on nous abreuve de bobards hallucinants qui empêchent toute appréciation raisonnable de la situation.

    Et comme en 1939, la gauche bourgeoise – c’est un pléonasme politique français – est d’autant plus va-t-en-guerre qu’elle a placé ses économies et ses enfants bien en sécurité, à l’étranger.

    Celui qui ignore les leçons de l’histoire se condamne à la revivre, dit-on.

    C’est le sort qui nous attend dans les plaines d’Ukraine, si on ne se réveille pas à temps.

    Michel Geoffroy (Polémia, 22 janvier 2023)

     

    Notes :

    [1] « Rien ne sera plus comme avant. Même si les armes se taisent en Ukraine, il ne faut pas attendre que nos relations se normalisent avec la Russie. »

    [2] Techniquement, en 1939, c’est la Grande-Bretagne qui annonce que la France déclare la guerre à l’Allemagne, avant même le gouvernement français ! Le Premier ministre Paul Reynaud va même signer un accord secret avec la Grande-Bretagne, à l’insu du cabinet, aux termes duquel la France subordonne les conditions dans lesquelles elle fait la guerre à l’accord du gouvernement britannique…

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