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propagande - Page 5

  • Seize thèses sur la société de propagande...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Jean-Yves Le Gallou, cueilli sur Polémia et consacré à la société de propagande. Ancien haut-fonctionnaire, président de la Fondation Polémia, Jean-Yves Le Gallou a, notamment, publié La tyrannie médiatique (Via Romana, 2013),  Immigration : la catastrophe - Que faire ? (Via Romana, 2016) et Européen d'abord - Essai sur la préférence de civilisation (Via Romana, 2018). 

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    Seize thèses sur la société de propagande

    Immigration de masse, « mariage gay », PMA/GPA, écriture inclusive, lutte contre « l’islamophobie », combat contre « l’homophobie » et la « transphobie », réformes sociétales libérales-libertaires et poursuites judiciaires contre les dissidents… Tous ces phénomènes s’ajoutent les unes aux autres dans un cortège sans fin grâce à une propagande incessante. La propagande est En Marche… et la propagande cela marche !

    1- La remise en cause des sociétés traditionnelles

    Depuis 40 ans la société française et les sociétés européennes subissent une quadruple remise en cause :

    • Bouleversement de leur économie par le libre-échange généralisé, aux conséquences économiques et environnementales souvent désastreuses.
    • Renversement de leurs règles sociales et de leurs équilibres territoriaux par l’arrivée d’une immigration massive et de l’islamisation qui l’accompagne.
    • Déconstruction de toutes les formes de transmission, débouchant notamment sur une catastrophe scolaire.
    • Ébranlement de l’image collective par la culpabilisation historique (Seconde guerre mondiale, colonisation, esclavage) et géologique (« dérèglement climatique »).

    2- Les Français perçoivent l’effet désastreux de ces politiques :

    • Montée du chômage et du mal emploi.
    • Explosion de l’insécurité et relégation dans les périphéries.
    • Effondrement du niveau de connaissances des élèves, notamment pour la maîtrise de la langue et des mathématiques.
    • Saccage des paysages et du patrimoine hérité du passé.

    3- Pourtant ces orientations politiques ne sont pas remises en cause

    Chaque année qui passe, elles sont même portées plus loin. La raison en est simple : ces choix idéologiques sont voulues par les oligarchies dominantes – groupes financiers, médiatiques, communautaires – et elles sont imposées par un appareil de propagande d’une puissance sans équivalent à aucune époque de l’histoire.

    4- Une propagande constante

    Au cours d’une seule journée un homme (ou une femme) se trouve exposé à des centaines de messages de propagande, directs ou plus subliminaux.
    Dès qu’il ouvre une radio ou consulte son téléphone, il reçoit des messages d’information orientés survalorisant ce qui va dans le sens du politiquement correct et occultant ce qui pourrait aller dans un sens contraire.

    Mais il encaisse aussi des centaines de messages publicitaires l’incitant à consommer plus et à « bien-penser ». Dès qu’il sort de chez lui, il est exposé aux messages de propagande publicitaire et de communications politique : sur les panneaux d’ « information » des mairies, des églises, des écoles, des entreprises et sur tous les supports publicitaires. Impossible par ailleurs d’échapper aux écrans, ces écrans qui captent le regard par le mouvement des images qu’ils montrent, et qui inoculent leurs messages partout : à la maison, dans la rue et les transports publics, dans les restaurants et les bars, dans les halls d’accueil des entreprises, des administrations, des salles de spectacles et de sport.

    5- L’enfant lui-même est exposé au formatage totalitaire

    Les totalitarismes du XXe siècle s’intéressaient principalement à l’embrigadement de la jeunesse, entendez les adolescents ou les enfants de plus de 10 ans. Le totalitarisme du XXIe siècle va plus loin. L’enfant est éduqué – rééduqué plutôt – dès l’école primaire, la maternelle, voire la crèche. A travers des livres et des exercices visant à nier les différences de sexe et d’origine par exemple.

    6- La propagande est massive

    Elle s’impose par la répétition. Le même message est ainsi appelé à s’imprimer un grand nombre de fois.

    L’orchestration : la même (fausse) évidence présentée comme une vérité émanera de lieux apparemment différents même si la source peut être unique.

    La transfusion : pour améliorer son image, une entreprise ou une association n’hésitera pas à relayer les mantras de la propagande ce qui renforcera leur rayonnement.

    La censure – publique ou privée – protégera la propagande de la confrontation avec le réel.

    7- Une propagande triplement efficace

    La propagande est triplement efficace : par le gavage, par la sidération, par l’intimidation.
    Le conditionnement est quotidien. En certaines circonstances (guerre, attentat, émeutes, crise financière), la pression de propagande est telle qu’elle aboutit à la sidération des cibles (c’est-à-dire des citoyens), incapables de résister et de bouger.
    La propagande a aussi une fonction intimidante : celui qui tente de résister risque d’être balayé, ostracisé, frappé d’interdit scolaire ou professionnel ou de mort civique ou médiatique.

    8- La propagande dispose de moyens financiers considérables

    2 % du produit intérieur brut est consacré à la publicité et aux dépenses de communications. Celles-ci ne sont jamais neutres. Elles sont au service de puissants groupes d’intérêts financiers et idéologiques.

    Les dépenses de publicité et de communication sont d’ailleurs cadrées :

    • par les grandes centrales publicitaires,
    • par les grandes fondations d’entreprise,
    • par les associations politiquement correctes (immigrationnistes, « antiracistes », LGBTQ) subventionnées à tous les étages administratifs : Union européenne, État, régions, départements, intercommunalités, communes, fondations des grandes entreprises.

    9- Des relais considérables

    La propagande dispose de relais considérables dans l’entreprise, la culture, le divertissement, le sport, le monde de l’édition, etc.

    Avec une double amplification : de l’effet de masse et de répétition ; de l’effet de censure et de soumission. Comme si face au politiquement correct, il n’y avait pas d’alternative.

    10- Les entreprises soumises

    Longtemps l’entreprise a été neutre. Chacun de ses collaborateurs était libre de ses pensées. L’objectif d’une firme était de satisfaire des clients pour rémunérer son personnel et dégager des profits. Aujourd’hui, les entreprises – surtout les grandes – se piquent de « charte éthique » et de valeurs : entendez par là, la doxa politiquement correcte !
    De fait, les entreprises (surtout grandes) deviennent des organes de propagande et de soumission au conformisme à travers leurs actions de communication, leur « mécénat », leurs séminaires de « formation » et les pratiques de leurs directions des ressources humaines (RH).

    11- La culture, vecteur de propagande

    La culture est aussi enrégimentée au service du politiquement correct à travers le choix des thèmes des expositions, les présentations des musées, les cartels de présentation des œuvres, les discours des « artistes contemporains » autour de leurs « œuvres », la détermination des pièces de théâtre et des festivals subventionnées, l’élection des films susceptibles d’accéder aux avances sur recettes et aux aides régionales…
    Le monde de l’édition est aussi orienté par le souci de plaire aux médias.

    12- Divertir et subvertir

    Le divertissement a aussi fait l’objet d’un véritable arraisonnement idéologique : ainsi les séries imposent l’idée du « vivre ensemble », quitte à chambouler les rôles comme dans « Plus belle la vie » (France 3) où, à Marseille, de méchants jeunes Européens tabassent de gentils arabes pour leur taxer des clopes.

    Le concours de Miss France est lui doublement biaisé par le jury favorisant les jeunes filles d’origine non européennes et surtout exigeant des concurrentes des professions de foi politiquement correctes.

    Quant à l’Eurovision, de Conchita Wurst à Bilal Hassani, le spectacle est assuré par des femmes à barbe et des êtres hybrides sans considération pour le talent musical. Et Mouv – radio de service public – a assuré le remplacement de la chanson française et du rock par le rap de plus en plus violent

    13- Le sport au service de la propagande

    Promu par Pierre de Coubertin, l’esprit olympique écartait la politique et l’argent des stades et du sport. Nous en sommes bien loin désormais.

    Le football, qui fédère des supporteurs autour d’une équipe, est devenu un instrument de l’immigration et du métissage. La victoire de l’équipe de France, lors de la coupe du monde de 1998, fut présentée comme une réussite « black, blanc, beur ». Un modèle qui s’est exporté. Dans d’autres pays d’Europe et vers le rugby.
    C’est dans le même esprit que le « mondial de football féminin » a été médiatiquement promu en juin 2019 : dans le but, cette fois, de réaliser une double opération de propagande à la fois diversitaire et féministe. Une démarche parfaitement artificielle tant le football féminin est marginal. Alors que d’autres sports où les femmes sont très présentes comme la natation et l’équitation ne sont pas médiatisées.

    De son côté, le cyclisme a fait l’objet de nombreuses campagnes de dénigrement et de ringardisation : logique car il s’agit d’un sport principalement pratiqué par des hommes européens (et quelques sud-américains) pédalant dans des paysages enracinés.

    14- De nouvelles fêtes politiquement correctes

    L’année a longtemps été rythmé par les fêtes catholiques, elles-mêmes calées sur les saisons, et trois grandes fêtes patriotiques : 8 mai, 14 juillet, 11 novembre.

    Désormais, l’islam impose son calendrier (ramadan, rupture du jeûne, Aïd el-Fitr, Aïd al-Kabir).

    Et les journées commémoratives à finalités culpabilisantes ou communautaristes ont été instituées et se sont multipliées : « shoah », Vel d’hiv, esclavage, « marche des fiertés », mois LGBT, journée de la femme, etc.
    Fournissant à chaque fois aux médias, aux institutions officielles, aux services publics (train, métro, avion)… matière à un conditionnement idéologique des populations.

    15- La publicité, instrument de propagande

    Par principe, les messages publicitaires ne peuvent être neutres. Ils ont pour fonction de pousser à l’acte d’achat. Tout en véhiculant un message de propagande politique : le plus souvent contre le réchauffement climatique, présumé d’origine anthropique, et pour la « diversité ». Avec fréquemment la mise en scène de couples ethniquement mixtes sachant que dans l’immense majorité des cas la femme est européenne et l’homme africain ou moyen oriental.

    16- Une propagande efficace

    Toute cette propagande est formidablement efficace. Il est possible de le mesurer de deux manières :

    – L’arrivée de mots nouveaux qui s’imposent dans le débat public comme des armes idéologiques visant à interdire toute opinion contradictoire…
    Dans les années 1970-1980 : « racisme », « xénophobie ».
    Dans les vingt dernières années : « islamophobie », « négrophobie », « homophobie », « transphobie », « négationnisme », « climato-scepticisme », « genré », « racisé », « grossophobie », « féminicide », « écriture inclusive »…

    C’est le triomphe de la novlangue !

    – Le déplacement de la fenêtre d’Overton qui classe les idées selon qu’elles sont jugées : impensables, radicales, acceptables, raisonnables, populaires, politiques. Et la fenêtre se déplace en fonction des campagnes d’opinion.
    Ainsi sur certains sujets – le mariage gay ou la GPA par exemple – on est passé, en moins de trente ans, de l’impensable au politique, sinon à l’obligatoire.

    Tout cela montre le succès d’une véritable ingénierie sociale.

    Une ingénierie sociale qu’un prochain article montrera comment démonter !

    Jean-Yves Le Gallou (Polémia, 15 juin 2019)

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  • Comment les lobbies empoisonnent nos vies et la démocratie...

    Les éditions La Découverte viennent de publier Lobbytomie - Comment les lobbies empoisonnent nos vies et la démocratie, une enquête de Stéphane Horel. Journaliste indépendante, Stéphane Horel est déjà l'auteur d'Intoxication (La Découverte, 2015) et de Les Médicamenteurs (Editions du Moment, 2010).

     

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    " Lobby des pesticides. Lobby du tabac. Lobbies de la chimie, de l’amiante, du sucre ou du soda. On évoque souvent les « lobbies » de façon abstraite, créatures fantastiques venues du mystérieux pays du Marché, douées de superpouvoirs corrupteurs et capables de modifier la loi à leur avantage. Pourtant, les firmes qui constituent ces lobbies ne sont pas anonymes et leur influence n’a rien de magique. Leurs dirigeants prennent en toute conscience des décisions qui vont à l’encontre de la santé publique et de la sauvegarde de l’environnement.
    C’est cet univers méconnu que Stéphane Horel, grâce à des années d’enquête, nous fait découvrir dans ce livre complet et accessible. Depuis des décennies, Monsanto, Philip Morris, Exxon, Coca-Cola et des centaines d’autres firmes usent de stratégies pernicieuses afin de continuer à diffuser leurs produits nocifs, parfois mortels, et de bloquer toute réglementation. Leurs responsables mènent ainsi une entreprise de destruction de la connaissance et de l’intelligence collective, instrumentalisant la science, créant des conflits d’intérêts, entretenant le doute, disséminant leur propagande.
    Dans les cercles du pouvoir, on fait peu de cas de ce détournement des politiques publiques. Mais les citoyens n’ont pas choisi d’être soumis aux projets politiques et économiques de multinationales du pétrole, du désherbant ou du biscuit. Une enquête au long cours, à lire impérativement pour savoir comment les lobbies ont capturé la démocratie et ont fait basculer notre système en « lobbytomie »."

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  • Feu sur la désinformation... (198)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un nouveau numéro de l'émission I-Média sur TV libertés, consacrée au décryptage des médias et dirigée cette semaine par Michel Geoffroy, essayiste et membre de la fondation Polémia, avec le concours d'Hervé Grandchamp.

    Au sommaire :

    • 1 : Les bobards d’été : la propagande ne prend pas de congés
      C’est la rentrée, mais la propagande n’a pas pris de congés, pendant l’été les médias ont propagé de nombreux bobards, exemple : Poutine aurait chassé le tigre, Mc Cain aurait été un fervent opposant à la guerre en Irak, et la France aurait été condamnée par l’ONU dans l’affaire Baby-Loup.
    • 2 : Le Zapping d’I-Média 
      Le militantisme pro euthanasie fait le tour des médias. Sur le canapé de Kombini, Jacquelin Jencquel explique à Hugo Clément (ex petit journal et Quotidien) qu’elle a décidé de recourir « au suicide assisté » en janvier 2022. L’interview a été très largement reprise dans la presse (le point RTL 20 min etc.). A aucun moment le journaliste n’a précisé que Jacqueline Jencquel était l’ex vice-présidente de l’ADMD, le plus actif lobby mitant en faveur de l’euthanasie.

    • 3: Homosexualité et psychiatrie, le pape est-vraiment il homophobe ?
      « A vomir Honteux », la presse se soulève contre les propos du Pape François qui a préconisé le recours à la psychiatrie pour les enfants ayant des penchants homosexuels. Un mot polémique sorti de son contexte, faisant du pape et de l’Eglise une institution homophobe. 
    • 4 : Les tweets de la semaine
      Absence de neutralité et censure sur les réseaux sociaux : Alors que la suppression de comptes et de publications est désormais monnaie courante. Les principaux réseaux sociaux sont aujourd’hui accusés de partialité, un employé de Facebook déclare « Nous affirmons que nous accueillons tous les points de vue, mais nous attaquons très vite souvent en groupe – toutes les personnes qui présentent une -opinion qui semble contraire aux idées de gauche ».

     

                                        

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  • Le cinéma d'Hollywood, arme de propagande massive...

    Le 3 juillet 2018, Élise Blaise recevait, sur TV libertés, Pierre Conesa pour évoquer avec lui son dernier essai, intitulé Hollywar - Hollywood, arme de propagande massive (Robert laffont, 2018). Chef d'entreprise, ancien haut-fonctionnaire spécialiste des questions de sécurité nationale, Pierre Conesa a publié ces dernières années La fabrication de l'ennemi (Robert Laffont, 2012) ou Dr. Saoud et Mr. Djihad - La diplomatie religieuse de l'Arabie saoudite (Robert Laffont, 2016).

     

                                      

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  • Loi contre les fake news : le dessous des cartes...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par François-Bernard Huyghe au Figaro Vox et consacré au projet de loi du gouvernement contre les fake news. Spécialiste de la guerre de l'information, François Bernard Huyghe, auteur de nombreux livres, a récemment publié La désinformation - Les armes du faux (Armand Colin, 2015) et Fake news - La grande peur (VA Press, 2018).

     

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    Loi contre les fake news : le dessous des cartes

    FIGAROVOX.- Emmanuel Macron a personnalisé fortement l'annonce de son projet de loi contre les fake news, lors de ses vœux à la presse en janvier. Quel intérêt le président défend-il à travers ce texte?

    François-Bernard HUYGHE.- Je vois trois motivations possibles. Il y a évidemment un facteur personnel: le chef de l'Etat a peut-être été sincèrement convaincu que les «forces du mal» (les Russes, les populistes…) essayaient de s'en prendre à lui par tous les moyens, et il a été choqué par ce qui lui est arrivé pendant la campagne. Pourtant, cela ne l'a pas empêché d'être élu! Cela lui a même rendu service: en étant la cible de nombreuses «fake news», Emmanuel Macron passe pour le candidat de la raison attaqué de toutes parts par les extrémismes. Il a d'ailleurs répondu assez finement à chacune de ces attaques personnelles, dont il faut bien dire qu'elles étaient surtout grotesques, comme cette rumeur sur une supposée relation entre lui et Mathieu Gallet.

    Au-delà de cet élément personnel, il y a également un intérêt idéologique. Emmanuel Macron est de toute évidence le président des élites, c'est-à-dire d'un camp ouvert, progressiste, qui est persuadé que le monde est globalement satisfaisant, et que ceux qui s'attaquent au système ne peuvent être que des extrémistes délirants. Les peurs de ces derniers ne s'expliquent que par leur démence, et tout doit être fait pour les empêcher de sévir. C'est là qu'est le paradoxe! Au temps du Printemps arabe, ces mêmes élites encensaient l'espace de liberté qu'est Internet, et y voyaient l'outil absolu pour renverser toutes les formes d'oppression. Aujourd'hui, ils s'en méfient beaucoup plus…

    Enfin, en troisième hypothèse, Emmanuel Macron voit peut-être là une occasion stratégique de disqualifier ses adversaires. La loi sur les fake news sera applicable au moment des élections européennes, et renforcera sans-doute l'idée d'un partage en deux de l'espace politique, entre d'un côté les pro-européens, raisonnables, et d'un autre les extrémistes de tout poil dont les idées mélenchono-lepénistes prospèrent sur les contre-vérités répandues sur Internet. Toute l'habileté est là: on assimile ainsi l'adversaire idéologique, anti-système, au camp de la folie et du mensonge.

    Dans cette dernière hypothèse, tout le problème ne tient-il pas dans l'ambiguïté de la définition? Qu'entend-on exactement derrière le terme de «fake news»?

    Ce n'est justement pas très clair, et on y mêle beaucoup de choses! Les contre-vérités ou les mensonges inventés de toutes pièces, mais aussi l'obscurantisme, les théories du complot… Encore qu'on puisse parfois être complotiste sans être nécessairement idiot. Mais le but est sans doute de confondre toutes ces opinions dans une sorte de grand fantasme, de mensonge odieux. La loi s'intitule «loi sur la manipulation», ce qui est en soi un nom critiquable. Elle définit les «fausses nouvelles» comme «une allégation ou imputation d'un fait, dépourvue d'éléments vérifiables permettant de le rendre vérifiable». S'agirait-il, en réalité, d'une loi anti-crétins? C'est en tout cas ce que je comprends: si je crois que les extra-terrestres ont débarqué dans mon champ, et que je l'écris sur Facebook, cela tombe théoriquement sous le coup de cette loi… Si j'affirme en revanche que nous sommes entièrement dirigés par des lobbies financiers, ce qui, après tout, n'est pas nécessairement dépourvu de bon sens, est-ce que cette loi va m'en empêcher aussi?

    Par ailleurs, comment va-t-on l'appliquer? Je souhaite bon courage au juge qui devra aller vérifier toutes les fake news potentielles.

    La plupart des fake news n'ont pas été relayées par la presse mais au contraire par des plateformes Internet, notamment les fameux GAFA, Google et Facebook en tête! Le projet de loi vise-t-il à responsabiliser davantage ces plateformes numériques?

    C'est vrai qu'il existe une inégalité juridique entre les journalistes, qui sont soumis en France à la loi de 1881 sur la liberté de la presse, et les plateformes qui ne sont pas responsables du contenu qu'ils hébergent. Le problème est en réalité beaucoup plus profond et grave que la question que pose le droit français: le véritable pouvoir se trouve entre les mains des plateformes numériques! Le Danemark vient d'ailleurs d'envoyer un ambassadeur… auprès des GAFA: c'est dire l'importance qu'ils ont, si on les hisse aujourd'hui quasiment au même rang que des États. Et on continue malgré tout de saluer leur pouvoir libérateur, on s'est réjoui des «Twitter revolutions», Emmanuel Macron vient encore de participer à un sommet dont le slogan n'était rien moins que «Tech for Good»… Mais il faut arrêter de dire que les GAFA sont le camp du Bien, soyons sérieux deux minutes!

    Alors pour le moment, que fait l'État lorsqu'il veut retirer une fake news de Facebook? Il va voir poliment Mark Zuckerberg, et lui demande «s'il vous plaît, vous seriez bien gentil de…». On ne peut pas dire que ce soit la contrainte légale qui étouffe les plateformes. Ce sont elles qui détiennent le vrai pouvoir, il n'y a qu'à voir comment elles se moquent des contraintes fiscales par exemple. Les seuls qui peuvent vraiment censurer le web, ce sont les GAFA eux-mêmes: c'est l'exemple récent du compte de Génération Identitaire, fermé de façon arbitraire par Facebook.

    Justement, comment les GAFA décident-ils des règles de censure?

    Il est probable que pour une très large part, ils le fassent par conviction idéologique sincère. Mais l'idéologie au sens de Marx, c'est-à-dire faire ce qui est dans son intérêt tout en étant convaincu que cela sert la condition humaine dans son universalité. Et de fait, tous les dirigeants des principales entreprises d'Internet baignent dans un terreau idéologique complètement uniforme, celui de la Silicon Valley et de ses idéaux progressistes. Il est probable que pas un seul d'entre eux n'ait voté pour Donald Trump! Quelqu'un comme Mark Zuckerberg est entièrement convaincu qu'il rend le monde meilleur.

    Il y a aussi un intérêt politique: les GAFA n'échappent pas encore complètement aux États, ne serait-ce que parce qu'il faut bien que leurs serveurs soient localisés quelque part. Et donc, en donnant des gages de bonne conduite comme par exemple en supprimant certains contenus licencieux, ils s'assurent des bonnes grâces des États.

    Enfin, et il ne faut pas le négliger, ils y ont un intérêt économique réel, dans la mesure où le business de ces plateformes, ce sont des secondes de cerveau humain vendues à des annonceurs. Tout doit être fait pour faire rester l'utilisateur le plus longtemps possible devant Facebook. Or pourquoi tout le monde aime Facebook? Pour son image «cool»: c'est une icône pop, humaniste et ouverte sur le monde. Donc le réseau social a tout intérêt à bannir les contenus haineux ou violents.

    Est-ce que la loi contre les fake news va imposer un contrôle plus étroit sur le contenu hébergé par les plateformes et les réseaux sociaux?

    La difficulté tient dans ce que les journalistes appartiennent à une rédaction, ne publient rien sans se concerter, et sont facilement identifiables si certains des propos publiés sont passibles de poursuites! Tandis que les plateformes, qui ne produisent pas de contenu mais qui prospèrent sur le contenu que leurs utilisateurs y partagent, se réfugient derrière une irresponsabilité brandie sans discontinuer depuis les toutes premières polémiques lorsque des objets nazis se sont retrouvés en vente sur Amazon. À l'heure actuelle, la seule responsabilité des GAFA est de faire preuve d'une diligence raisonnable lorsque le juge leur demande de retirer certains contenus, comme des commentaires insultants ou haineux, le tout parfois dans un flou assez complet. Cela donne parfois lieu à des gags: on a censuré des œuvres d'art pour un malheureux téton qui dépasse… En outre, ces plateformes sont présentes partout dans le monde: la censure sur les réseaux sociaux turcs n'est, bizarrement, pas la même qu'en Suisse!

    Selon vous, la diffusion de fake news sur ces plateformes est-elle un réel danger pour la vie démocratique?

    Je n'en suis pas convaincu! Les GAFA ont leurs algorithmes, ils engagent aussi des modérateurs et même maintenant des journalistes pour traquer ces fake news, et fact-checker le contenu qu'ils hébergent. Je ne me souviens pas que l'on ait vraiment accordé beaucoup de crédit aux grandes fake news qui ont marqué les dernières campagnes électorales! Moi-même, je n'ai appris la rumeur selon laquelle le pape soutenait Trump, que sur un site d'information qui signalait l'intox et rappelait que cette information était mensongère et grotesque. Je pense tout de même que les gens savent garder un esprit critique.

    Pourtant, une étude de l'IFOP montre que 79 % des Français croient à au moins une théorie du complot, et même, pour 9 %, que la Terre est plate!

    Cette étude a tout de même été très contestée, notamment parce qu'elle mélange tout sous le vocable de «théories du complot». On ne peut tout de même par mettre sur le même plan des erreurs scientifiques qui tiennent de l'obscurantisme (comme le fait de penser que la Terre est plate, ou d'adhérer au créationnisme), et des soupçons sur certains événements historiques pas toujours clairs. Il y a une époque, si vous doutiez de la présence d'armes de destruction massive en Irak, vous auriez pu être rangé parmi les complotistes… Une telle étude a par ailleurs l'inconvénient de s'apparenter fortement à du mépris de classe: elle signifie clairement «le peuple est bête», les couches inférieures, ceux qui ne vivent pas en centre-ville et n'ont pas fait les bonnes études seraient des idiots finis prêts à avaler n'importe quoi…

    N'y a-t-il pas aussi une réflexion à mener sur les pratiques d'accès à l'information? Aujourd'hui, la majorité des jeunes ne s'informent plus que sur les réseaux sociaux…

    Il est certain que la lecture du journal n'est plus la prière du matin de la plupart des gens. Il y a eu un transfert de la quête d'information vers des supports qui n'ont que des avantages: sur les réseaux sociaux, c'est gratuit, c'est rigolo, on a l'impression d'être plus informé que tout le monde, et la sincérité de l'information est garantie par des pairs. C'est tout de même hallucinant de voir le nombre de personnes qui ne croient pas leur médecin lorsqu'il leur dit que l'homéopathie n'a aucun effet sur la maladie, mais qui sont prêts à croire n'importe quel inconnu sur Internet qui prétendra que certains vaccins renforcent les maladies…

    Mais enfin, je ne vois pas en quoi la réceptivité à certaines de ces théories serait directement corrélée à tel vote plus qu'un autre. Puisque c'est tout de même de cela dont il s'agit: la crainte d'une potentielle déstabilisation électorale. L'effet principal peut surtout être de renforcer les convictions de personnes qui sont déjà largement acquises à des idées politiques fortes. Ainsi, selon moi, il n'y a pas de lien clairement établi entre la propagation de fausses nouvelles, même délibérées, et la manipulation politique.

    Alors qu'est-ce que ce projet de loi va permettre de changer, concrètement?

    Il va d'abord permettre au juge de s'adresser plus facilement à la plateforme, pour qu'elle retire plus vite les contenus incriminés. C'est un processus qui fonctionnerait en cas de diffamation ou de propos insultants par exemple. Le responsable de la plateforme dispose d'un délai restreint pour retirer le contenu. Mais enfin, non seulement les GAFA le font déjà, mais ensuite, certains propos sont hébergés en-dehors du pays où s'applique la loi.

    Ensuite, il s'agit d'établir plus de transparence sur le financement des contenus sponsorisés sur les plateformes. Cela me semble, pour le coup, une excellente idée.

    Le projet de loi vise également à donner plus de pouvoir au CSA pour empêcher des médias d'opinion étrangers, qualifiés de «propagande», de diffuser du contenu en France. Là encore, il faut être honnête un instant: ce n'est pas Radio Vatican, ni même Al Jazeera, qui sont visés! Dans le collimateur, ce sont Russia Today et Sputnik. Et on ne peut pas dire que ces deux médias sont ceux qui ont l'audience la plus large en France. Si l'effet recherché est seulement de protéger les esprits faibles des affreux mensonges de médias d'influence russe, je crois qu'il est assez ridicule de créer une loi de toutes pièces pour cela.

    Ne jugez-vous pas qu'il faille aller plus loin et réglementer les GAFA de la même façon que la presse? C'est-à-dire en les responsabilisant davantage sur le contenu qu'ils publient?

    Je suis plutôt libéral, et je juge que les gens doivent avoir aussi le droit d'écrire des erreurs, voire des bêtises…

    Oui, mais ces «bêtises» peuvent détruire une réputation en quelques clics: une dénonciation calomnieuse sur Internet peut ruiner une vie en un rien de temps...

    En effet, c'est d'ailleurs tout le risque d'un mouvement comme #BalanceTonPorc. La présomption d'innocence n'est pas respectée sur Internet, et on a pu assister à des lynchages parfois très durs, dans un laps de temps bien plus court que celui qu'il faut à la justice pour établir rigoureusement la preuve d'une culpabilité. On ne peut en effet pas tout dire, et il faut bien qu'une loi s'applique. Mais je pense malgré tout qu'il faut être très prudent avant de restreindre un espace de liberté.

    François-Bernard Huyghe, propos recueillis par Paul Sugy (Figaro Vox, 25 mai 2018)

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  • Les sept piliers de la crétinisation...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Maxime Tandonnet, cueilli sur son blog personnel et consacré au fonctionnement de notre société médiatique... Ancien haut-fonctionnaire, spécialiste des questions d'immigration, et désormais enseignant, Maxime Tandonnet a été conseiller à l'Elysée sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Il a donné un témoignage lucide et éclairant de cette expérience dans Au cœur du volcan (Flammarion, 2014).

     

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    Les sept piliers de la crétinisation

    Sept piliers de la crétinisation globale dans la société médiatique:

    • L’instinct grégaire: de temps à autre surgissent de grandes vagues d’hystérie conformiste auxquelles il faut se confondre sous peine de passer pour le pire des salauds, et qui emportent les consciences comme des brins de paille: par exemple, « Charlie » en 2015, « les migrants »,  le « Fillongate », l’euphorie des JO de 2024, le « balancetonporc » en ce moment.
    • Le mythe du chef : un matraquage permanent autour de l’idée que l’avenir collectif dépend d’une seule personne, d’un visage, d’une silhouette, alors que les ressorts de la décision, dans une société moderne et ouverte sont d’une infinie complexité. Le matraquage permanent autour de « l’homme providentiel », construction médiatique fondée sur la posture et la communication, est là pour nous faire oublier la disparition de l’homme d’Etat au service du seul l’intérêt général.
    • Le mépris des gens: nous revivons l’ère de la « vile multitude », le peuple est supposé stupide et irresponsable: les sans dents, les fainéants, les jaloux… Ses valeurs, ses objectifs, ses ambitions, sont nuls et non avenus. Il doit être éclairé et non écouté.
    • La diabolisation positive: la société médiatique a besoin  d’épouvantails pour imposer ses codes et ses valeurs, de contre-modèle auxquels assimiler abusivement toute pensée ou ressenti divergeant de la norme: tel est le secret du lepénisme et de l’acharnement phénoménal des médias à assurer sa promotion tout en préservant son caractère infréquentable, et le secourir dès qu’il vacille, par une spectaculaire surreprésentation.
    •  La propagande idéologique assumée: l’impartialité, l’honnêteté intellectuelle, le pluralisme et le débat d’idées sont des principes surannés. Toute présentation des choses est forcément partiale ou « engagée », (sur l’immigration, l’Europe, la France, la sécurité, l’économie, l’éducation) la mission du monde médiatique n’est pas de fournir des éléments de réflexion, mais de forger et forcer l’opinion, la mettre sur le chemin du supposé « bien ». Les faits s’effacent devant le message idéologique.
    •   La « table rase« : la manipulation est d’autant plus forte, massive et efficace que les individus sont privés d’un socle de connaissance et de références personnelles. La mémoire est profondément subversive, donc il faut l’éradiquer. La conscience des drames de l’histoire dus au conformisme bêlant (les accords de Munich par exemple), les désastres résultant du culte de la personnalité, doivent être ensevelis et oubliés pour le pas perturber l’ordre nouveau.
    • Les œillères: il ne faut surtout pas se préoccuper pour l’avenir et chacun doit avancer les yeux fermés. Le futur est comme un grand soleil que nul n’a le droit de regarder sauf à se brûler les yeux et celui qui s’y intéresse, s’interrogeant sur l’avenir de la planète au regard des enjeux démographique ou de l’islamisme radical, notamment, qui sont explosifs, est étiqueté pessimiste, c’est-à-dire ringard, maudit, pestiféré.

    Il est étrange de songer à quel point les caractéristiques des régimes totalitaires du XXe siècle, que l’on croyait définitivement abattus, ressuscitent  et se perpétuent au point de constituer les piliers de nos sociétés modernes.

    Maxime Tandonnet (Le Blog de Maxime Tandonnet, 6 novembre 2017)

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