Vous pouvez découvrir ci-dessous une chronique d'Éric Zemmour sur RTL, datée du 26 janvier 2017 et consacrée à l'entrée en fonction tumultueuse de Donald Trump à la Maison Blanche ...
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Vous pouvez découvrir ci-dessous une chronique d'Éric Zemmour sur RTL, datée du 26 janvier 2017 et consacrée à l'entrée en fonction tumultueuse de Donald Trump à la Maison Blanche ...
Les éditions Pierre-Guillaume de Roux publient demain un nouvel essai d'Alain de Benoist intitulé Le moment populiste - Droite-gauche, c'est fini !. Philosophe et essayiste, éditorialiste du magazine Éléments, Alain de Benoist dirige les revues Nouvelle Ecole et Krisis et anime l'émission Les idées à l'endroit sur TV Libertés. Il a récemment publié Les démons du Bien (Pierre-Guillaume de Roux, 2013), un essai consacré à l'idéologie du genre, ainsi que Survivre à la pensée unique (Krisis, 2015), un livre d'entretien avec le journaliste Nicolas Gauthier. Son essai Au-delà des droits de l'homme a fait l'objet d'une réédition en 2016 chez Pierre-Guillaume de Roux.

" L’extraordinaire défiance de couches de population toujours plus larges envers les « partis de gouvernement » et la classe politique en général, au profit de mouvements d’un type nouveau, qu’on appelle « populistes », est sans nul doute le fait le plus marquant des transformations du paysage politique intervenues depuis au moins deux décennies. Le phénomène tend même à s’accélérer, comme l’a montré l’élection de Donald Trump, survenant quelques mois après le « Brexit » britannique. Partout se confirme l’ampleur du fossé séparant le peuple de la Nouvelle Classe dominante. Partout émergent de nouveaux clivages qui rendent obsolète le vieux clivage droite-gauche.
Mais que faut-il exactement entendre par « populisme » ? S’agit-il d’un simple symptôme d’une crise générale de la représentation ? D’une idéologie ? D’un style ? Ou bien le populisme traduit-il une demande fondamentalement démocratique face à des élites accusées de ne plus faire de politique et de vouloir gouverner sans le peuple ? C’est à ces questions que répond ce livre, qui part de l’actualité la plus immédiate pour situer les enjeux politiques, sociologiques et philosophiques du débat.
A quelques mois d’une élection présidentielle où le thème du populisme ne va pas manquer d’être discuté avec vigueur, Alain de Benoist publie un véritable manuel de la question. "
Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Jean-Paul Brighelli, cueilli sur son blog Bonnet d'âne et consacré au discours sur la méritocratie porté par les représentants de l'oligarchie...

Méritocratie, Oligarchie et Populisme
Il y a quelques jours, le New York Times a publié un intelligent article sur « The rise and fall of European meritocraty ». Ivan Krastev y dresse un parallèle entre l’effondrement (si seulement c’était vrai !) des pseudo-élites auto-proclamées mondialisées et la montée des populismes, notant que « l’élite méritocratique est une élite mercenaire, qui n’est pas sans rapport avec la façon dont les clubs de foot les plus compétitifs s’échangent les meilleurs joueurs ». Et de préciser que « les banquiers hollandais heureux vont à Londres, pendant que les bureaucrates allemands compétents occupent Bruxelles ». Ces gens-là n’ont pas de frontières, ils n’ont plus de nation.
D’où l’incompréhension desdits banquiers londoniens d’adoption lorsque le peuple anglais a voté le Brexit. Not in my name ! se sont-ils exclamés ! D’où l’ahurissement des bureaucrates bruxellois devant les votes eurosceptiques, qu’ils ont contournés grâce à la complicité active d’autres bureaucrates associés à quelques politiques intéressés. D’où la sidération des médias à l’élection de Trump ! Ce tout petit monde, comme dirait David Lodge, va de stupéfaction en stupéfaction. Vite, s’inventer un pare-feu !
Un parti populiste pourrait briller aux prochaines élections ? Vite, inventez-moi un petit Macron, puisque Hollande ne peut plus fournir. Les fonds ne manquent pas à Emmanuel Macron pour monter des meetings. On y vend aux foules un bonheur parfaitement imaginaire. Parce que l’Europe telle qu’elle s’est construite, l’Europe de la finance, de la City et de Goldmann Sachs — parlez-en aux Grecs, de Goldmann Sachs —, cette Europe qui choisit de parler anglais — non pas la langue de Shakespeare, mais celle des épiciers du Stock Exchange —, cette Europe-là n’a rien à voir avec le bonheur. Au moins, pour européen qu’il soit, François Fillon ne promet que du sang, de la sueur et des larmes.
Le bonheur, ce ne sont pas ces tomates standardisées, dépourvues de goût, mais conformes à un idéal européen décidé à Bruxelles, où d’ailleurs on n’en cultive pas. Ni ces normes alimentaires qui nous empêchent de manger des fromages non pasteurisés et du lait frais non UHT. Le bonheur, ce ne sont pas ces écoles où l’on enseigne le français tel qu’il se parle mal — baragouinez, mes enfants, Bruxelles s’occupe du reste. Un sabir dans lequel se dissolvent peu à peu les langues nationales, mais qui satisfait les « compétences » édictées par le Protocole de Lisbonne. La façon dont Emmanuel Macron a cru bon de parler anglais devant un parterre franco-allemand en dit long sur le globish commun à ces gens-là — et de Florian Philippot à Bruno Le Maire, je sais gré à quelques politiques d’avoir exprimé leur indignation devant la trahison linguistique de ce jeune homme pressé qui mérite amplement le grand prix de la Carpette anglaise.
Ces chroniques sont écrites en français — et celles et ceux qui les commentent veillent à s’exprimer aussi en (bon) français. C’est une politesse que nous nous devons les uns aux autres ; mais ce qui allait de soi il y a onze ans, quand j’ai commencé Bonnet d’âne, est devenu un acte de résistance. Parler français, c’est s’opposer à cette mondialisation qui après avoir détruit notre industrie et notre agriculture, prétend détruire les nations. Insensiblement, je suis passé d’analyses exclusivement consacrées à l’Ecole à des réflexions sur l’ensemble des faits culturels, parce que le combat, face à une menace tous azimuts, est désormais global.Comment ? Vous vous insurgez contre la méritocratie, vous qui ne cessez de prêcher l’élitisme bien compris ? Vous qui pestez contre l’égalitarisme instauré par un système pédagogique à la dérive ? Allons donc !
Il faut d’abord s’occuper de bien nommer les choses. Le mot méritocratie fut inventé en 1958 par le sociologue et homme politique anglais Michaël Young, dans une fiction dystopique intitulée The Rise of the meritocracy. L’auteur y stigmatisait un (futur) système où des élites auto-proclamées s’arrogeaient le droit de décréter qui était ou non méritant (en fait, elles-mêmes), et rejetaient dans l’ombre, la misère sociale et la culpabilité tous ceux qui n’avaient pu s’insérer dans leur corps, et qui le pouvaient d’autant moins que lesdites élites vivaient en système autarcique et en auto-reproduction. Et il prédisait une insurrection populaire contre la méritocratie en 2033 — alors que c’est en 2016-2017 que ça se passe.
Le fait d’avoir fabriqué le mot en combinant une racine grecque (kratos, le pouvoir) à une racine latine montrait assez, dans l’esprit de Young, à quel point le concept était monstrueux — en un mot, bureaucratique, un mot fabriqué selon la même linguistique frankensteinienne. Rien n’y a fait : la classe politique (à commencer par le parti travailliste, auquel Young avait appartenu) a revendiqué la méritocratie, et l’inventeur du terme a dû batailler ferme contre Tony Blair, objet de son exécration, qui s’auto-justifiait en se réclamant d’un système méritocratique qui pérennisait le pouvoir des mêmes. Lisez sa diatribe, elle est lumineuse.Il y a une sacrée différence entre méritocratie et élitisme. La méritocratie est une oligarchie qui feint d’être là par pur mérite, alors qu’elle n’y est que par reproduction. L’élitisme consiste au contraire à pousser chacun au plus haut de ses capacités — particulièrement les plus jeunes. Quelles que soient leurs origines. J’ai voué ma vie à cette tâche.
Les sociologues de l’éducation ont constamment joué, dans leurs écrits, sur l’ambiguïté de la méritocratie, qui à l’origine est très près de ce que Bourdieu appelait « reproduction », et dont ils font quand ça les arrange un synonyme d’élitisme. D’où la tentation égalitariste imposée à l’école par des politiques qui eux-mêmes s’accommodent fort bien d’une société méritocratique dans la mesure où elle les conforte dans leurs fonctions. En fait, la méritocratie tue le mérite. Elle installe une noblesse d’Etat pérennisée. Elle est une oligarchie — pas même une aristocratie. Ce n’est ni le gouvernement des meilleurs, ni a fortiori celui des plus méritants, c’est la confiscation du pouvoir par quelques tyranneaux camouflés en grands argentiers (Wolgang Schaüble par exemple), en ex-gauchistes réinfiltrés par la CIA (Manuel Barroso) ou en jeunes loups « en marche ». C’est 1788 : on se crispe sur ses privilèges, on fonce dans le mur.
D’où la tentation populiste. Celle du coup de balai. Du « plus jamais ça, plus jamais ceux-là ». Du présent faisons table rase. Ce que les méritocrates appellent populisme dans les feuilles de choux qu’ils se sont achetées (le Monde par exemple) n’est jamais que l’exaspération du peuple.
Les partis qui prêchent la grande lessive n’ont pas forcément les cadres de substitution ? Sans doute. Mais il peut en être en 2017 comme en 1789 : en quelques semaines ont surgi les hommes qui firent la révolution. Qui avait entendu parler de Danton, de Saint-Just ou de Robespierre (ou de Bonaparte, ou de la plupart des généraux de la Révolution, tous issus du peuple), avant que le peuple n’envoie les aristos à la lanterne et le roi — nous arrivons tout doucement au 21 janvier — à l’échafaud ? En 1940, qui connaissait De Gaulle avant le 18 juin, en dehors de quelques cercles militaires restreints ? Il en est des grands esprits comme de la foudre — l’instant d’avant, ils n’étaient pas là. L’instant d’après…Jean-Paul Brighelli (Bonnet d'âne, 20 janvier 2017)
Le nouveau numéro de la revue Eléments (n°164, janvier - février 2017) est disponible en kiosque à compter de ce jour, 21 janvier 2017.
A côté du grand entretien avec Marcel Gauchet et du dossier consacré à la fin du clivage droite/gauche, on trouvera les rubriques «Cartouches», «Le combat des idées» et «Panorama» et les jeunes plumes talentueuses qui font le succès, mérité, de la nouvelle formule de notre revue préférée.
Bonne lecture !
Vous pouvez commander ce numéro ou vous abonner sur le site de la revue : http://www.revue-elements.com.

Au sommaire de ce numéro :
L'éditorial d'Alain de Benoist : Deux dynamiques et une question
Forum
L’entretien
Marcel Gauchet sans tabous
Cartouches
Le regard d’Olivier François : L’AF et ses dissidents
Une fin du monde sans importance par Xavier Eman
Cinéma : Un coup de tonnerre (de Brest) pour rien
Champs de bataille : La dernière charge des cuirassés
Musique : Grand Blanc, avis de tempête
Sciences
Le combat des idées
Les nouvelles têtes à claques du libéralisme
Éric Brunet, le Père Ubu du libéralisme
Guy Verhofstadt, alias « Baby Thatcher »
La France buissonnière de Sylvain Tesson
Vivre et penser comme des loups
Littérature : entretien avec Louis Jeanne
La leçon de Gabriel Matzneff
Tintin : retour au pays des Soviets
Or noir : la guerre du Chaco
À la redécouverte de Thomas Sankara
Entretien avec Ludovic Maubreuil
Après nous le déluge ? La réponse de Sloterdijk
Dossier
Droite-gauche, c’est fini !
Fiction : Le Pen-Mélenchon au second tour ?
L’obsolescence programmée du clivage droite-gauche
Droite + gauche, et vice versa
Le moment populiste
Permanence du clivage droite-gauche
Pourquoi les vrais socialistes font la guerre à la gauche
Entretien avec Charles Robin
Rencontre avec Bernard Langlois
Panorama
L’œil de Slobodan Despot
Série télé : Black Sails
Philosophie : L’esprit dépend-il de la matière ?
L’esprit des lieux : Venise
C’était dans Éléments : Pourquoi le terrorisme ?
Éphémérides
Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Mathieu Bock-Côté, cueilli sur son blogue du Journal de Montréal et consacré au mépris croissant des élites à l'encontre du peuple. Québécois, l'auteur est sociologue et chroniqueur à Radio-Canada et est déjà l'auteur de plusieurs essais. Il a récemment publié Le multiculturalisme comme religion politique aux éditions du Cerf.

Le nouveau chic : mépriser le peuple
À lire les chroniques des figures bien cotées du système médiatique, on comprend que 2016 a été une année terrible: elles ont vu le multiculturalisme qu’ils chérissent tant remis en question de bien des manières. Elles ont vu la mondialisation heureuse désavouée par ceux qui ne veulent plus faire semblant d’y voir une fête. Tout cela parce qu’on a donné la parole au peuple et qu’il n’a pas répété les comptines officielles du progressisme mondain. Rien n’est plus chic, à la veille de cette nouvelle année, que de mépriser l’homme ordinaire en le présentant comme un gueux en haillons. On se met une pince sur le nez et on damne le populisme à gros grain!
C’est la doxa de notre temps qui éclate sous nos yeux. Le meilleur des mondes vanté par la propagande médiatique pousse en fait le monde occidental à une forme de suicide politique et culturel. Ce qui s’est exprimé en 2016, c’est une révolte populaire et conservatrice contre la dissolution d’une certaine idée de la civilisation occidentale. Derrière la critique de l’immigration massive ou le refus d’une souveraineté nationale décomposée, c’est une certaine idée du monde commun qu’on veut défendre, où l’enracinement a ses droits, où la continuité historique d’un peuple les a aussi. Une vieille vérité remonte à la surface : une nation sans frontières et obligée de dissoudre son identité est condamné à la disparition. Tout simplement.
Le peuple s’est révolté. Ce n’est pas toujours de la plus belle manière qui soit, naturellement, mais il nous faudra tôt ou tard sortir de l’illusion gestionnaire qui neutralise le politique en l’aseptisant. Qu’on le veuille ou non, la querelle politique est une querelle et elle est politique. Il faut la civiliser, évidemment, mais on l’étouffe si on veut la calquer sur un séminaire universitaire où deux théoriciens ralliés au progressisme mondain discutent ensemble en se faisant des peurs à l’idée que la société se déprenne du cadre idéologique étroit où ils voudraient la circonscrire tout en assimilant tout ce qui en sort à la «post-vérité». Ce concept devra être examiné finalement dans l'année à venir, pour voir ce qu'il désigne et ce qu'il déforme dans la réalité.
Ajoutons une chose: nos élites médiatiques, qui ne cessent de voir partout des phobies à combattre et qui assimilent le désir d’enracinement à une forme plus ou moins avouée de racisme ou de xénophobie font preuve d’une immense violence idéologique. Depuis plusieurs décennies, maintenant, ce sont des aspirations existentielles essentielles qu’on étouffe pour que naisse un citoyen du monde qu’on disait libéré de tout, et qu’on découvre terriblement décharné et dépossédé. Il n’est pas très beau, le paradis mondialisé. Il propose l’errance identitaire, la perte de repères, il abat les cadres protecteurs de l’existence humaine. En un mot, il nous propose une conception appauvrie et aliénante de l'être humain.
L’heure est au procès de l’homme ordinaire et à celui du démagogue qui le bernerait. On vise aussi les intellectuels qui ne se soumettent pas aux idées dominantes dans la profession. Nos bons esprits lèvent les yeux au ciel, maudissent le commun des mortels, dénoncent ce qu’ils appellent la droite identitaire, invoquent les grandeurs d’une mondialisation sophistiquée et prient pour que 2017 ne ressemble en rien à 2016. D’ailleurs, ils le disent comme tel, sans gêne: le peuple est un mot trompeur. Ils n’en parlent plus qu’avec un soupçon moqueur. Ce n’est pas sans avantage: une fois qu’on a décrété que le peuple n’existe pas, on peut bien plus aisément se ficher de ce qu’il dit et ne pas tenir compte de son vote.
Non au repli sur soi! Non à la peur de l’autre! Vive la diversité ! Vive la différence! Vive l’harmonie! Le programme multiculturaliste est tellement habitué à répéter ses slogans qu’il les prend pour autant de belles et vraies réflexions. Mais ces slogans sonnent creux. Un paradoxe apparaît: le progressisme multiculturaliste insulte brutalement ses contradicteurs qu’il présente comme des chantres de l’intolérance et ne se rend pas compte qu’il hystérise le débat public au même moment où il appelle à un débat apaisé. En 2016, c’est l’imposture d’une démocratie vidée de sa substance qui a commencé à se dévoiler. Il se pourrait bien que ce dévoilement se poursuive en 2017.
Mathieu Bock-Côté (Journal de Montréal, 31 décembre 2016)
A l'occasion de la sortie de son essai Notre ennemi le capital (Flammarion, 2017), Jean-Claude Michéa était l'invité, le 11 janvier 2017, de Guillaume Erner sur France Culture pour évoquer la coupure entre la gauche et le peuple...

Entretien avec Jean-Claude Michéa (1ère partie)
Entretien avec Jean-Claude Michéa (2ème partie)