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populisme - Page 25

  • Ce sont les Blancs des classes populaires et des classes moyennes qui ont choisi Donald Trump...

    Nous reproduisons ci-dessous entretien avec Alain de Benoist, cueilli sur Boulevard Voltaire et consacré à la victoire de Donald Trump aux élections présidentielles américaines et à ses conséquences potentielles pour l'Europe...

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    Alain de Benoist : Évitons de « racialiser » la victoire de Donald Trump…

    Certains commentateurs jugent que l’élection de Donald Trump est une réaction de « l’Amérique blanche ». Certains s’en félicitent, d’autres la dénoncent, tandis que Marine Le Pen assure qu’« il ne faut pas “racialiser” ce scrutin ». Votre position ?

    Les États-Unis sont, de longue date, une nation multiraciale et, contrairement à ce qui se passe chez nous, les statistiques ethniques y sont d’usage courant. Concernant la dernière élection présidentielle, les choses sont claires : Hillary Clinton a obtenu 88 % du vote des Noirs et 65 % du vote des Latinos et des Asiatiques. Trump n’en a obtenu, respectivement, que 8 % et 29 % – ce qui n’est déjà pas si mal (c’est plus que n’en avait capté Romney en 2012). Ce clivage n’a rien de surprenant, les minorités ayant depuis longtemps l’habitude de voter massivement en faveur des démocrates : depuis 1952, seul Lyndon B. Johnson, en 1964, avait recueilli une majorité de votes chez les Blancs. On notera néanmoins qu’à cet égard, Obama avait fait mieux que Hillary, ayant remporté 93 % du suffrage noir en 2012 et 95 % en 2008.

    L’électorat blanc a été plus divisé. Trump a recueilli 58 % du vote des Blancs (64 % en Floride, 69 % au Texas), contre 37 % pour Clinton (50 % en Californie), qui fait mieux que Carter en 1980 (33 %) mais moins bien qu’Obama en 2012 (39 %). La majorité des Blancs a donc voté pour Trump, mais cela ne signifie nullement que sa victoire est uniquement due au facteur ethnique. La vérité est que ce sont les Blancs de la classe ouvrière, des classes populaires et des classes moyennes qui ont choisi Donald Trump (chez les Blancs non diplômés, il recueille 67 % des suffrages), tandis que les élites blanches, celles qui profitent de la mondialisation néolibérale, se sont en majorité reportées sur Hillary Clinton. De ce point de vue, le vote en faveur de Trump est aussi un vote de classe. S’en tenir à une analyse « raciale » du scrutin est donc une erreur (le « racialisme » est une forme classique d’impolitique). Hillary Clinton a joué, en fait, le rôle d’un véritable repoussoir pour la classe ouvrière. Il n’en aurait pas été de même si c’était Bernie Sanders qui avait représenté le Parti démocrate. À mon avis, en pareil cas, c’est Sanders qui l’aurait emporté.

    Dès le jour de sa victoire, le nouveau président paraît avoir « adouci » son discours. Le contraire aurait été étonnant, non ?

    Vous ne vous attendiez quand même pas à ce qu’il jette des pierres à Obama lorsque celui-ci l’a reçu à la Maison-Blanche ! Mais encore une fois, ne confondons pas le personnage Trump et le phénomène Trump, qui sont des choses bien différentes.

    Les commentateurs qui s’époumonent en ce moment à crier « Vive Trump ! » sont plutôt naïfs. À l’annonce du scrutin, l’ambassadeur de France à Washington, Gérard Araud, a déclaré qu’« un monde s’effondre sous nos yeux ». C’est aussi ce qu’a dit Marine Le Pen (mais elle, ce n’était pas pour s’en désoler !). Le problème est que l’on ignore tout du « nouveau monde » que laisse entrevoir la victoire du candidat populiste américain. Comme il n’a aucune expérience du pouvoir (il ne s’y connaît qu’en bâtiment et en télé-réalité), on ne peut se référer à son passé. On sait, aussi, que ce n’est pas un idéologue, mais un pragmatique. Déduire de ses tonitruantes déclarations de campagne l’annonce de ce qu’il fera effectivement à la Maison-Blanche serait pour le moins audacieux. Enfin, on ignore encore complètement qui seront ses conseillers et les principaux membres de son administration.

    C’est la raison pour laquelle la plupart des chefs d’État et de gouvernement, sortis de la cellule de dégrisement où le choc les avait conduits, se tiennent pour l’instant sur la réserve. Avant de se prononcer, chacun veut en savoir plus long sur les options en faveur desquelles Trump se prononcera. Dans l’immédiat, on en est réduit à de simples spéculations sur les nouvelles lignes de force qui vont émerger. On peut avoir d’excellentes surprises, mais on peut aussi en avoir de mauvaises. Comme l’a rappelé Jérôme Sainte-Marie, « les États-Unis n’ont ni la même culture ni les mêmes intérêts que la France ». Ce qui revient à dire que ce qui est bon pour l’Amérique ne l’est pas nécessairement pour nous.

    Sous les deux mandats de Barack Obama, les États-Unis ont commencé à se désintéresser de l’Europe. Donald Trump, lui, la menace de quitter l’OTAN si les Européens n’augmentent pas leur participation financière. En un sens, n’est-ce pas une bonne nouvelle pour l’Europe ?

    En théorie, c’est en effet une bonne nouvelle qui pourrait favoriser la mise au œuvre, jusqu’ici constamment reportée aux calendes grecques, d’une défense européenne autonome. Mais dans la pratique, qui veut aujourd’hui d’une Europe indépendante ? Regardez la brochette des sept candidats à la « primaire-de-la-droite-et-du-centre ». Tous bons élèves de Bruxelles derrière leur pupitre de chef d’orchestre sans orchestre. Tous libéraux (sauf un), tous experts en épicerie, tous incollables sur les chiffres, tous silencieux sur les vrais enjeux : la survie de la France et de l’Europe. Tous prêts à sauter dans les cerceaux que leur tendent des médias plus soucieux, comme l’a dit Slobodan Despot, de conjurer la réalité que de chercher à la comprendre. Sept nains, avec Ruth Elkrief dans le rôle de Blanche-Neige ! Qui peut les imaginer converser d’égal à égal avec Poutine ou Donald Trump ?

    Alain de Benoist, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 14 novembre 2016)

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  • Le mépris de classe de la caste politico-médiatique...

     Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Christophe Guilluy au Point et consacré à son analyse du phénomène populiste... Géographe, Christophe Guilluy est l'auteur de plusieurs essais marquants comme Fractures françaises (Bourin, 2010), La France périphérique (Flammarion, 2014) ou, dernièrement, Le crépuscule de la France d'en haut (Flammarion, 2016).

     

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    "Faire passer les classes populaires pour fascisées est très pratique"

    Le Point.fr : L'élection d'un populiste comme Donald Trump ne semble pas vous étonner. Un tel scénario pourrait-il advenir en France ?

    Christophe Guilluy : Étant donné l'état de fragilisation sociale de la classe moyenne majoritaire française, tout est possible. Sur les plans géographique, culturel et social, il existe bien des points communs entre les situations françaises et américaines, à commencer par le déclassement de la classe moyenne. C'est « l'Amérique périphérique » qui a voté Trump, celle des territoires désindustrialisés et ruraux qui est aussi celle des ouvriers, employés, travailleurs indépendants ou paysans. Ceux qui étaient hier au cœur de la machine économique en sont aujourd'hui bannis. Le parallèle avec la situation américaine existe aussi sur le plan culturel, nous avons adopté un modèle économique mondialisé. Fort logiquement, nous devons affronter les conséquences de ce modèle économique mondialisé : l'ouvrier – hier à gauche –, le paysan – hier à droite –, l'employé – à gauche et à droite – ont aujourd'hui une perception commune des effets de la mondialisation et rompent avec ceux qui n'ont pas su les protéger. La France est en train de devenir une société américaine, il n'y a aucune raison pour que l'on échappe aux effets indésirables du modèle.

    Vous considérez que personne n'a vu venir le phénomène Trump ou le Brexit, car les représentations des classes populaires sont erronées…

    Dans l'ensemble des pays développés, le modèle mondialisé produit la même contestation. Elle émane des mêmes territoires (Amérique périphérique, France périphérique, Angleterre périphérique… ) et de catégories qui constituaient hier la classe moyenne, largement perdue de vue par le monde d'en haut.

    Oui, la perception que des catégories dominantes – journalistes en tête – ont des classes populaires se réduit à leur champ de vision immédiat. Je m'explique : ce qui reste aujourd'hui de classes populaires dans les grandes métropoles sont les classes populaires immigrées qui vivent dans les banlieues c'est-à-dire les minorités : en France elles sont issues de l'immigration maghrébine et africaine, aux États-Unis plutôt blacks et latinos. Les classes supérieures, qui sont les seules à pouvoir vivre au cœur des grandes métropoles, là où se concentrent aussi les minorités, n'ont comme perception du pauvre que ces quartiers ethnicisés, les ghettos et banlieues... Tout le reste a disparu des représentations. Aujourd'hui, 59 % des ménages pauvres, 60 % des chômeurs et 66 % des classes populaires vivent dans la « France périphérique », celle des petites villes, des villes moyennes et des espaces ruraux.

    Pour expliquer l'élection de Trump, les médias américains évoquent « la vengeance du petit blanc ». Un même désir de vengeance pourrait-il peser dans la prochaine élection française ?

    Faire passer les classes moyennes et populaires pour « réactionnaires », « fascisées », « pétinisées » est très pratique. Cela permet d'éviter de se poser des questions cruciales. Lorsque l'on diagnostique quelqu'un comme fasciste, la priorité devient de le rééduquer, pas de s'interroger sur l'organisation économique du territoire où il vit. L'antifascisme est une arme de classe. Pasolini expliquait déjà dans ses Écrits corsaires que depuis que la gauche a adopté l'économie de marché, il ne lui reste qu'une chose à faire pour garder sa posture de gauche : lutter contre un fascisme qui n'existe pas. C'est exactement ce qui est en train de se passer.

    C'est-à-dire ?

    Il y a un mépris de classe presque inconscient véhiculé par les médias, le cinéma, les politiques, c'est énorme. On l'a vu pour l'élection de Trump comme pour le Brexit, seule une opinion est présentée comme bonne ou souhaitable. On disait que gagner une élection sans relais politique ou médiatique était impossible, Trump nous a prouvé qu'au contraire, c'était faux. Ce qui compte, c'est la réalité des gens depuis leur point de vue à eux. Nous sommes à un moment très particulier de désaffiliation politique et culturel des classes populaires, c'est vrai dans la France périphérique, mais aussi dans les banlieues où les milieux populaires cherchent à préserver ce qui leur reste : un capital social et culturel protecteur qui permet l'entraide et le lien social. Cette volonté explique les logiques séparatistes au sein même des milieux modestes. Une dynamique, qui n'interdit pas la cohabitation, et qui répond à la volonté de ne pas devenir minoritaire.

    Donc pour vous les élites essaieraient de « rééduquer le peuple » plutôt que de le régler ses problèmes ?

    La bourgeoisie d'aujourd'hui a bien compris qu'il était inutile de s'opposer frontalement au peuple. C'est là qu'intervient le « brouillage de classe », un phénomène, qui permet de ne pas avoir à assumer sa position. Entretenue du bobo à Steve Jobs, l'idéologie du cool encourage l'ouverture et la diversité, en apparence. Le discours de l'ouverture à l'autre permet de maintenir la bourgeoisie dans une posture de supériorité morale sans remettre en cause sa position de classe (ce qui permet au bobo qui contourne la carte scolaire, et qui a donc la même demande de mise à distance de l'autre que le prolétaire qui vote FN, de condamner le rejet de l'autre). Le discours de bienveillance avec les minorités offre ainsi une caution sociale à la nouvelle bourgeoisie qui n'est en réalité ni diverse ni ouverte : les milieux sociaux qui prônent le plus d'ouverture à l'autre font parallèlement preuve d'un grégarisme social et d'un entre-soi inégalé.

    Vous décrivez le modèle économique libéral comme « prédateur » du modèle républicain… Vous y allez un peu fort !

    Nous, terre des lumières et patrie des droits de l'homme, avons choisi le modèle libéral mondialisé sans ses effets sociétaux : multiculturalisme et renforcement des communautarismes. Or, en la matière, nous n'avons pas fait mieux que les autres pays.

    Seul le FN semble trouver un écho dans cette France périphérique...

    Le FN n'est pas le bon indicateur, les gens n'attendent pas les discours politiques ou les analyses d'en haut pour se déterminer. Les classes populaires font un diagnostic des effets de plusieurs décennies d'adaptation aux normes de l'économie mondiale et utilisent des candidats ou des référendums, ce fut le cas en 2005, pour l'exprimer.

    Comment percevez-vous le phénomène Macron ?

    Il y a au moins une chose qu'on ne peut pas lui reprocher : il n'avance pas masqué ! Il ne cherche pas à faire semblant de tenir un discours « de gauche ». Il dit : « pour s'en sortir, il faut encore plus de libéralisme » ce qui est assez cohérent intellectuellement et assez représentatif de ce qu'est devenue la gauche.

    Christophe Guilluy, propos recueillis par Clément Pétreault (Le Point, 16 novembre 2016)

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  • Un syndicalisme impossible ?...

    Les éditions Vendémiaires viennent de publier un essai historique de Christophe Maillard intitulé Un syndicalisme impossible - L'aventure oubliée des Jaunes. Docteur en histoire, Christophe Maillard est l’auteur de Pierre Biétry (1872-1918), du socialisme au nationalisme, ou l’aventure du leader des Jaunes à la Belle Époque (Edition de l'université de technologie de Belfort-Montbéliard, 2013).

     

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    " Les Jaunes, c’est une aventure syndicale et politique qui rassembla jusqu’à 100 000 personnes entre 1899 et 1914 – soit autant que la CGT à la même période. Derrière ce mot, devenu une insulte, se cachent des destins oubliés : ceux d’ouvriers et d’artisans qui se définissaient eux-mêmes comme de « braves travailleurs » rejetant la lutte des classes, la grève et l’affrontement au profit d’une entente avec les patrons. Leur lutte contre les Rouges fut sans merci. Ils suivirent un leader charismatique, Pierre Biétry, qui, élu à la Chambre des députés, se posa en rival de Jaurès, se concilia l’Église et les grandes fortunes, prétendit enfin fonder un « socialisme national », avant de sombrer dans des errances idéologiques qui effrayèrent ses partisans les plus modérés. Les passions populistes, les rivalités internes et les arrière-pensées de ses bailleurs de fonds contribuèrent peu à peu à discréditer le mouvement. L’itinéraire atypique de ces hommes et de ces femmes n’avait jusqu’à présent jamais fait l’objet d’une étude minutieuse, au plus près des archives. "

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  • Trump : clown ou révolutionnaire ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Guillaume Faye, cueilli sur son blog J'ai tout compris et consacré à Donald Trump et à sa candidature à l'éléction présidentielle américaine...

     

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    Donald Trump : un clown ou un révolutionnaire ?

    Anti-immigration, pro-Poutine, très hostile à l’islamisation, durement critique envers l’Otan, protectionniste, partisan des valeurs traditionnelles, contre l’establishment, Trump a tout pour plaire en France à une frange grandissante de l’opinion populaire, qualifiée d’ ”extrême droite” par l’idéologie officielle mais qui gagne tous les jours du terrain. Il a tout pour déplaire, évidemment, à l’oligarchie bien pensante et politiquement correcte qui le traite de ”populiste”, ce terme qui diabolise ceux qui se réclament de l’avis de leur peuple, c’est-à-dire de la vraie démocratie. Et puis, son look et sa faconde populaire déplaisent fortement aux intelligentsias et aux classes politiques d’Amérique du Nord et d’Europe.

    Un homme neuf, un mystère américain

    Il brouille les pistes, par sa rupture complète avec la bienséance idéologique. Et pourtant il a 70 ans. C’est autre chose que le jeune Macron en France, qui n’est qu’un simulacre de rupture et de nouveauté. Homme neuf en politique, non professionnel, producteur et animateur d’émissions télévisées, promoteur immobilier milliardaire et donc indépendant d’un establishment de plus en plus détesté par la white middle class, Donald Trump est shocking pour le puritanisme politique bien pensant américain…et européen. Trump rejoint la tradition américaine de l’isolationnisme, qui a été abandonné au XXe siècle au profit de l’impérialisme – ce terme n’ayant aucun caractère péjoratif – sur le modèle français et britannique du XIXe siècle.

    Quelques gaffes et saillies au cours de ses discours de campagne du mois d’août 2016, exagérées et démultipliées par les médias américains et européens, l’ont sévèrement fait baisser dans les sondages. Alors qu’en août 2016, l’avance de Hillary Clinton se creusait à cause de déclarations très polémiques de Trump, amplifiées par les médias américains et européens partiaux, les présentant comme des signes de maladie mentale, cette avance a fondu début septembre et ils sont de nouveau au coude à coude. C’est sans doute à cause du discours de Phoenix, très dur sur l’immigration, qui a plu aux classes moyennes blanches.

    Les Blancs soutiennent Trump à 55% et Clinton à 34%, les minorités (Chicanos et Noirs) votent pour Clinton à 71% et pour Trump à 18%. Malheureusement, les jeunes préfèrent Clinton à Trump : 54% contre 29%. (Sondage de CNN, pas forcément crédible). Trump a eu raison de dire que les médias et les journalistes sont partiaux à son égard. Comme en France, la majorité des grands médias sont hostiles à tout ce qui est ”populiste”. Mais les ”indépendants”, plus nombreux que les partisans des deux grands partis, basculent en faveur de Trump (49% contre 29%). Ennuyeux, les Blancs diplômés d’université se rallient à Hillary Clinton : 49% contre 36% à Trump. On a donc la même configuration qu’en Europe : la bourgeoisie des grandes agglomérations vote plutôt à gauche et le vote de droite est principalement le fait des classes moyennes blanches modestes, rurales ou des petites villes périphériques. Bourgeoisie de gauche, prolétariat de droite.

    En août 2016, Trump, à la grande joie de l’oligarchie française bien-pensante, s’effondre dans les sondages d’intentions de vote avec 6% de moins que Hillary Clinton. On pronostique la défaite de Trump avec la même assurance qu’on pronostiquait la défaite du Brexit. Antoine Colonna écrit  (Valeurs actuelles, 1–7/09/2016) : « Pourquoi la surprise a–t–elle été si grande le matin du 24 juin à Londres ? Tout simplement parce que c’est l’électeur britannique profond, le petit Blanc déclassé, qui a voté, sur une analyse plus instinctive que rationnelle. Si ce scénario se reproduit du fait d’un phénomène aussi profond aux États–Unis, avec la démesure de ce pays, alors le matin des résultats de la présidentielle pourrait être dur pour ceux qui avaient des pronostics raisonnables… » Et puis, en septembre, Trump remonte dans les sondages…

    La diabolisation de Trump

    Jamais une campagne électorale américaine n’aura été si riche en insultes entre les candidats, ce qui prouve, outre-Atlantique comme en Europe, un durcissement des tensions et des enjeux idéologiques, signe avant–coureur de crises et d’affrontements majeurs. La candidate démocrate a traité son rival de « raciste, sexiste et islamophobe ». (1) Même en France, aucun socialiste n’oserait prononcer de tel propos contre des candidats FN.

    Les malaises de Hillary Clinton et les soupçons sur sa mauvaise santé peuvent compromettre son élection. De même ces insultes qu’elle a proférée à l’égard de son rival et, plus grave, envers son électorat (les électeurs de Trump sont des « gens déplorables, sexistes, homophobes, xénophobes, islamophobes, et j’en passe », propos proféré au cours d’un gala de charité à New–York le 9 septembre) la disqualifient dans une partie de l’opinion.

    Reagan, en 1980,  était traité par les esprits forts parisiens et washingtoniens de « cow-boy incompétent ». Il aura pourtant été un des présidents américains les plus performants. Les dirigeants européens, ainsi que Hillary Clinton, insistent sur l’inculture de Trump en politique étrangère et s’interrogent sur sa santé mentale, voulant le faire passer pour un demi fou. Sa sympathie envers Vladimir Poutine –  dix fois plus diabolisé que ne l’étaient les anciens dirigeants de l’URSS – scandalise et inquiète. Les dirigeants européens, en particulier britanniques, allemands et polonais – ces derniers ouvertement russophobes–, enfreignent la réserve diplomatique pour s’en prendre à Trump et s’immiscer dans la campagne présidentielle américaine.

    Il apparaît souvent et est décrit par une partie des médias américains comme un gaffeur frustre, vulgaire et ridicule, misogyne, voire raciste. Une fraction des cadres du Parti républicain a même essayé de le remplacer par un autre, bien qu’il ait été désigné par la convention !

    Le côté délirant du personnage n’est qu’une apparence. Car ce promoteur immobilier milliardaire n’a rien d’un « timbré », selon le terme employé par Robert De Niro. Les critiques polémiques contre Trump par l’establishment (notamment le New–York Times et le Washington Post) et l’équipe Clinton portent sur son incapacité à gouverner, son incompétence, son immaturité. CQFD

    Le problème mexicain

    Avec sa visite stupéfiante au président mexicain Enrique Pena Nieto, début septembre 2016, invité au palais présidentiel de Los Pinos, Donald Trump a donné l’impression de céder, de se renier, afin de promouvoir l’image d’un modéré, responsable et diplomate. Après avoir traité les Mexicains d’envahisseurs, de voleurs, de violeurs, après avoir promis d’en expulser la majorité et de construire un mur frontalier de 3.200 km, « un grand mur, haut, puissant, impénétrable, magnifique », équipé de senseurs souterrains anti-tunnels et de miradors, facturé de force au Mexique, il a paru s’excuser et oublier ses propos.

    Schizophrène à deux visages ? Pendant sa visite au Mexique, il ne fit aucune allusion à son programme d’expulsions massives parmi les 25 millions de Mexicains résidant aux États–Unis. Pour les démocrates de l’équipe Clinton, c’est un dégonflé, qui, devant le président Nieto, a opéré une reculade en exprimant officiellement son  « énorme affection pour les Mexicains –Américains ».

    Mais quelques heures après avoir quitté Mexico, il change son fusil d’épaule et prononce à Phénix dans l’Arizona un discours anti-immigration plus remonté que jamais où il dévoile son arsenal répressif contre les clandestins. Serait-ce un personnage versatile, peut-être aussi un faux dur peu courageux, une ”grande gueule” faible en actes ? Ce qui laisserait supposer, tout comme Sarkozy en France, s’il est élu, qu’il édulcorera son programme ou ne le réalisera pas. On n’est sûr de rien avec Donald Trump.

    Immigration : un remède de cheval

    Le candidat républicain prône la « déportation » (2) des 11 millions de clandestins estimés, en majorité Mexicains, le durcissement sans précédent des procédures d’octroi de visas, un renforcement considérable des moyens et prérogatives des garde– frontières, le refus de tout visa pour les ressortissants de tout pays jugé à risques, avec des « certifications idéologiques sévères » pour l’obtention de visas (il vise l’islam radical), une sélection des migrants « qui correspondent à nos intérêts nationaux », en fonction de leurs mérites, talents et aptitudes et surtout leur « capacité à subvenir à leurs besoins ». Ce qui implique : pas de réfugiés ni de demandeurs d’asile, pas d’allocations ni d’aides de l’État pour les nouveaux résidents.

    Dans ce programme également : aucune prestation sociale, aide au logement, ni tickets alimentaires pour les étrangers en situation irrégulière ; renforcement considérable de l’arsenal policier et législatif pour débarrasser le pays des délinquants étrangers, présentés par Trump comme la cause principale de la criminalité, du fait de « la politique de frontières ouvertes d’Obama et de Clinton ». Et Trump a de nouveau insisté dans son discours–programme de Phoenix sur la construction du mur frontalier contre les clandestins venant du Mexique ou d’Amérique latine : « le Mexique va payer à 100%. Ils ne le savent pas encore, mais ils vont le payer». Ce discours très dur de Phoenix sur l’immigration a autant choqué les ”minorités raciales” et la bourgeoisie urbaine de gauche que ravi les ”petits Blancs”. Trump fait là un choix électoral et politique racial, peut-être pour la première fois dans l’histoire des États-Unis, en prenant un risque énorme.

    En effet il a choisi de perdre définitivement le vote des minorités ethniques qui représentent tout de même un tiers de l’électorat. Il lui faut donc impérativement mobiliser massivement chez les Américains blancs. Ce qui n’est pas évident. 

    Le candidat des Blancs

    Jared Taylor, directeur de la société de pensée (think tank) American Renaissance et du magazine en ligne éponyme en forte progression outre–Atlantique, a expliqué au Figaro (14/09/ 2016) : « Beaucoup de Blancs n’osent rien dire alors qu’ils voient leur pays leur glisser entre les mains. Donald Trump pourrait être notre dernière chance d’arrêter l’immigration illégale, qui transforme les États–Unis en un pays du tiers–monde ». Steve Bannon, le directeur de campagne de Trump, anime un site grand public Breitbart News (31 millions de visiteurs uniques) qui défend un « nationalisme blanc », selon lequel l’immigration et le multiculturalisme menacent l’identité américaine. Le rédacteur en chef, Alex Marlow, explique : « nous sommes ouvertement populistes, nationalistes et anti-politiquement corrects ». Trump a aussi le soutien de Richard Spencer, qui préside le National Policy Institute qui se consacre à promouvoir « l’héritage, l’identité et l’avenir des Américains d’origine européenne ». Jared Taylor estime néanmoins (dans Le Figaro cité) que « Trump n’a pas sérieusement réfléchi à la question raciale ».

    On a calculé que 90% des électeurs de Trump seront blancs, mais dans la population américaine le poids électoral des Blancs est passé de 89% en 1976 à 70% aujourd’hui. Rappelons que les Blancs qui représentaient 90% de la population en 1950 ne sont plus que 62,6%. À ce rythme, si rien ne change, ils seront minoritaires (moins de 50%) en 2045. Le problème pour Trump est donc de mobiliser au maximum cette majorité électorale blanche déclinante numériquement.

    Pour Trump, l’Europe est l’exemple à ne pas suivre.

    André Bercoff, qui a rencontré Donald Trump, explique qu’ « il ne reconnaît plus la France » (il veut parler de l’immigration invasive incontrôlée). Il se demande d’ailleurs comment cela a été possible. Au fond, il n’aime pas les perdants et ceux qui se laissent tirer dessus sans même se défendre ». (Valeurs actuelles, 8–14/09/2016). Trump a affirmé que la France se laissait envahir, notamment par son ancienne colonie, l’Algérie.

    Il a aussi déclaré : « la France n’est plus la France », par allusion à l’immigration et à l’islamisation. Constat avec lequel de plus en plus d’électeurs français sont d’accord au grand effroi des classes politique, journalistique, cultureuse et intellocrate, qui ne voient pas en quoi l’invasion et l’islamisation posent problème.

    « Certains quartiers de Londres et de Paris sont à ce point radicalisés (islamisme et criminalité agressive des immigrés) que les policiers, craignant pour leur vie, n’osent plus y pénétrer » a lancé Trump dans une interview. Cette assertion a suscité l’indignation d’Anne Hidalgo, maire de Paris, et de Boris Johnson, ancien maire de Londres (remplacé par un musulman pakistanais naturalisé) et chef du Foreign Office, qui a cru humoristique de répliquer que la seule raison pour laquelle il fuyait certains quartiers de New-York était « le risque réel de rencontrer Donald Trump ». Blague stupide. Car non seulement Trump a raison mais il est en dessous de la réalité. Des pans entiers du territoire français, banlieues et villes, sont dans cette situation où la police ne pénètre plus que pour les cas gravissimes et en force, où les services publics ne sont plus assurés, où l’islamisation (salafiste) est totale et intolérante, où la criminalité et le trafic de drogues prospèrent, où les derniers Français de souche sont victimes d’agressions et de persécutions racistes… Et ce, dans l’impunité la plus totale.

    « On peut être vraiment effrayé de ce que le monde pourrait devenir si Trump devenait vraiment président » a déclaré Frank–Walter Steinmeier, le chef de la diplomatie allemande. Ah bon ? Ça pourrait être pire que la catastrophe qu’a déclenchée l’irresponsable chancelière Merkel en ouvrant ses frontières à plus d’un million de migrants envahisseurs ? « Les propos mal informés de Donald Trump sont d’une absurdité totale » a dit Boris Johnson, ministre britannique des Affaires étrangères, ancien maire de Londres. Mais Nigel Farage, ancien président de l’Ukip (Parti indépendantiste du Royaume –Uni), nationaliste et l’un des artisans du Brexit, est venu soutenir Trump, ”The Donald”. Steinmeier et Johnson, ministres des Affaires étrangères d’Allemagne et de Grande Bretagne auront l’air malins, si Trump est élu président des Etats-Unis, après l’avoir ainsi injurié. Mais s’il ont agi ainsi c’est qu’ils devaient être persuadés que le candidat répulicain ne franchirait jamais le seuil de la Maison Blanche.

    Politique étrangère de Trump : la grande rupture

    Si Trump était élu et s’il mettait en œuvre son programme, ce serait un séisme international, car les Etats-Unis renoueraient avec l’isolationnisme des origines, abandonné au cours de la Première mondiale, qui a vu la défaite de l’Allemagne en partie grâce à l’intervention américaine en Europe.   

    En effet, dans le programme de Trump, il y a deux points absolument énormes, qui sont en telle rupture complète avec toute la politique étrangère américaine qu’on se demande s’il pourrait les mettre en œuvre face au Congrès, à la CIA, au Pentagone ou s’il ne finirait pas assassiné !

    Car enfin, les deux axes qu’il propose, le lâchage de l’Otan (qualifié d’ « obsolète ») et une alliance avec la Russie de Poutine, signeraient un abandon radical de tous les fondamentaux de la politique internationale américaine.

    En réalité le programme de Trump, qui est le symbole et le produit d’un bouleversement, d’un durcissement de l’opinion des classes moyennes blanches, renoue avec l’isolationnisme des mouvements nationalistes des années 30 – qui a été balayé par Roosevelt. Un de ses slogans, « L’Amérique d’abord ! » ressemble singulièrement au nom du mouvement America First de l’aviateur Charles Lindberg, soutenu par Joseph Kennedy (ambassadeur à Londres et père de JFK), Henry Ford et Walt Disney. Ce lobby isolationniste ne voulait pas que les États–Unis participent à un éventuel conflit en Europe contre l’Allemagne. Roosevelt en a décidé autrement après l’attaque du Japon, allié de l’Allemagne, à Pearl Harbor, mais aussi, auparavant en aidant la Grande Bretagne par des fournitures, brisant la neutralité américaine.

    Trump entend aussi, en cessant de financer la protection des membres européens de l’Otan qui ne veulent pas faire d’efforts de défense, restaurer la puissance de l’armée des États–Unis qui, selon lui, n’a jamais été aussi faible et de format aussi réduit. D’autre part, il entend écraser l’État islamique Dae’ch par une intervention brutale, en coopération avec les Russes : ce qu’a demandé Poutine et ce qu’a toujours refusé Washington.

    Il ne cesse de faire des allusions à la politique de main tendue qu’il mettra en œuvre envers la Russie et à sa sympathie pour Poutine (« Poutine regarde Hillary et il se marre »), ce qui va à l’encontre de tous les codes de l’establishement, qui est russophobe et diabolise le président russe, alors que les milieux patriotes et isolationnistes sont plutôt russophiles et admirent Poutine.

    Des options stratégiques ”gaullistes” qui bouleversent les dogmes

    « Si on a des armes nucléaires, pourquoi ne pourrait-on pas s’en servir ? » Tout le monde a été choqué par ces propos supposés ”irresponsables” de Trump, surtout en France. S’il est élu, il risque, dit-on, de déclencher une guerre nucléaire en s’amusant à frapper n’importe quel pays jugé menaçant. En réalité la remarque de Trump est très sensée et réfléchie. Il bouleverse la théorie de la dissuasion et du non-emploi de l’arme atomique héritée de la guerre froide et d’un monde bipolaire Occident–URSS. Aujourd’hui dans un monde multipolaire aux menaces plurielles, une riposte nucléaire au cours d’une guerre classique ou bien une frappe préventive sont parfaitement envisageables. C’est la doctrine des généraux israéliens et celle de Poutine qui avait clairement menacé de frappes nucléaires tactiques quiconque empêcherait la Russie de récupérer la Crimée.

    Du fait de ses opinions critiques envers l’Otan et positives envers la Russie, Trump est accusé de fragiliser les grands principes qui régissent la sécurité européenne depuis la fin du communisme. Il est accusé par l’establishment américain de trahison, en fait. Mais il a raison : ces grands principes reposent sur l’irresponsabilité de l’Europe qui néglige ses budgets de défense et s’en remet à l’Otan, c’est-à-dire aux USA. Dans une interview au New York Times, le candidat républicain a créé le scandale : une intervention américaine pour aider un pays membre de l’Otan, en l’occurrence les pays Baltes, s’il était attaqué par la Russie, n’irait pas de soi… Position typiquement isolationniste et remise en cause explosive de l’article 5 du Traité de l’Atlantique Nord. C’est la première fois depuis 1949 qu’un prétendant à la Maison Blanche s’en prend aux fondements de l’Otan. (3)

    Trump signifie aux Européens : débrouillez-vous, faites un effort de défense, cessez de nous la faire payer. Mais ce choix isolationniste est aussi un renoncement à dominer l’Europe par le concours de l’Otan, une sortie de l’impérialisme. Ce qui horrifie Hillary Clinton. En fait, Donald Trump campe sur une position gaullienne, voire gaulliste ! Il incite les Européens à se créer une défense commune indépendante de l’Amérique ! La menace de ne pas utiliser l’article 5 du traité, obligeant à une riposte collective en cas d’agression d’un membre de l’Otan, ferait que, si Trump était élu, les Européens seraient amenés à créer une défense européenne commune, probablement autour de la France qui possède les forces armées les plus puissantes – plus exactement les moins faibles – d’Europe.

    Angela Merkel, atlantiste convaincue, offusquée, perd pied ; les Britanniques, viscéralement attachés à l’Otan, sont furieux : Trump élu, ils seraient orphelins d’un pays qui joue le rôle d’un père après avoir été leur fils. Les Pays de l’Est qui craignent une attaque de la Russie, sont extrêmement inquiets (crainte invraisemblable créée de toutes pièces par la propagande, alors que la seule menace est celle de l’invasion musulmane non militaire). Un grand quotidien polonais a titré : « Trump met en danger l’Otan ». Ce n’est pas qu’il la met en danger, c’est que, de manière révolutionnaire, il veut s’en débarrasser parce qu’elle ne correspond plus, selon lui, aux intérêts des États-Unis. Après avoir affirmé que l’Europe de l’Est n’était qu’un vaste « désordre » (« a mess ») il a, contredisant la doctrine occidentale sur le conflit ukrainien, affirmé que la Crimée ”annexée” était bel et bien russe, sous entendant que Poutine avait raison…

    Certains considèrent que ces propos ”révisionnistes” encouragent Poutine et amèneront de nouvelles tensions entre la Russie et l’Ukraine. En tous cas, si Donald Trump était élu et tenait parole, en s’alliant avec la Russie sur la question ukrainienne et d’Europe de l’Est et sur la question de la guerre au Moyen–Orient, cela constituerait un bouleversement géostratégique mondial.

    On parle de la légèreté géopolitique de Trump, alors que c’est l’inverse : sa stratégie ne provient nullement de l’improvisation d’un incompétent solitaire mais d’un courant de pensée néo-isolationniste et patriote américain, dynamique, qui est l’ennemi absolu des néo–conservateurs, soutiens et conseils d’Hillary Clinton comme jadis du catastrophique et belliciste G.W.Bush.

    Trump : la grande peur des bien–pensants

    En Europe, la grande peur du système et de l’oligarchie, droite et gauche confondues : que l’élection du ”populiste” Donald Trump n’entraîne une ”droitisation” très forte des opinions et des suffrages ; surtout avec la ”crise des migrants”, euphémisme pour invasion migratoire musulmane. Nos élites médiatiques et surtout politiques sont plus préoccupées et effrayées des succès des ”populistes” que de l’invasion migratoire elle-même. C’est normal, elles l’organisent et la provoquent, comme on l’a vu avec la chancelière Merkel – qui agit sur ordre. Une victoire de Trump à la tête de la première puissance mondiale serait une calamité, car un encouragement fort à ces partis ”populistes”.

    Si Trump était élu, et, respectant ses engagements, construisait son Mur le long de la frontière mexicaine, procédait à des expulsions massives de clandestins, limitait la présence d’un islam hostile en refusant les visas aux musulmans, il donnerait des idées aux ”populistes ”européens, en Hongrie et ailleurs : il renforcerait encore le Front national en France et AfD en Allemagne.   

    Voilà pourquoi les oligarchies européennes ont une grande peur de Trump. Les gouvernements européens, surtout allemands et polonais, ainsi que l’opaque administration de l’UE dirigée par le non moins opaque M. Junker, s’emploient à aider secrètement Hillary Clinton par tous les moyens, financiers et médiatiques, pour qu’elle soit élue.

    Un programme économique de rupture

    Les options économiques de Trump sont, elles aussi, en rupture sévère avec la politique américaine actuelle. Dans un de ses discours, il déclare : « Quand vous pensez que l’Amérique en est à 15 trillions de dollars de dettes et que personne ne fait rien sauf la léguer aux Chinois, il y a de quoi enrager. Le gouvernement n’a pas à taxer la classe moyenne pour exempter les copains du président. Les enseignants, les infirmières, les policiers, les pompiers n’ont pas à effacer avec leurs salaires et leurs économies les traders de Wall Street et les grosses entreprises qui délocalisent et fuient dans les paradis fiscaux ». Le candidat républicain s’attaque donc au mercantilisme américain comme au libre-échangisme international – sans tomber pour autant dans un modèle économique socialo-étatiste étouffant comme dans la France socialiste actuelle. Ce bouleversement est tout à fait étonnant dans le contexte américain.

    Hillary Clinton, le vrai danger

    Hillary Clinton serait une catastrophe, G.W. Bush en pire. Paradoxalement, elle représente l’impérialisme américain dans ce qu’il a de plus obtus et destructeur, mais aussi un danger pour l’Amérique historique puisqu’elle ne fera rien contre l’immigration clandestine et accentuera les discriminations positives (affirmative actions) ethniques. 

    Trump n’est donc nullement un clown irresponsable, incompétent et dangereux. Celle qui est dangereuse, c’est Hillary Clinton, qui mêle les positions les plus décadentistes et gauchistes sur le plan sociétal et les plus irresponsables en matière de politique extérieure. Elle s’inscrit en effet dans la droite ligne de l’impérialisme belliciste des néo-conservateurs qui sont à l’origine de l’agression contre la Serbie en 1999 et contre l’Irak en 2003, cause directe du chaos actuel et de Daech. Si elle est élue, elle risque de provoquer dangereusement Moscou. C’est elle, la fanatique, pas Trump. Fausse patriote américaine mais vraie cosmopolite, tout comme M. Hollande est un faux patriote français, Mme Clinton a pour ennemie l’Amérique historique profonde et ses racines. Elle ressemble comme deux gouttes d’eau aux socialistes français et à Mme Merkel. Si elle est élue, l’immigration, légale et illégale, explosera.   

    Trump au contraire, bien qu’il veuille renforcer la puissance américaine, n’est pas un impérialiste. Il est un néo-isolationniste qui veut relativiser l’Otan, mettre les Européens en face de leurs responsabilités de défense. Il a entrevu que l’ennemi principal n’était pas la Russie mais l’islam, et qu’il fallait un partenariat avec Moscou, que l’immigration incontrôlée est mortelle à terme pour les États–Unis et l’Europe. Tout son programme est en rupture complète avec la doxa, l’idéologie dominante des deux côtés de l’Atlantique.

    Bref, Donald Trump n’est pas un clown mais un révolutionnaire approximatif. Il rebat les cartes. C’est mieux que rien. Jared Taylor et Richard Spencer, bien qu’un peu distants et sceptiques sur le personnage, ont raison de le soutenir. Il faut souhaiter qu’il soit élu à la Maison Blanche. Si Mme Clinton occupait le bureau ovale après son mari, tous les maux dont nous souffrons s’aggraveraient. Donald Trump est l’espoir d’une renaissance américaine qui pourra entrainer une renaissance européenne.

    Guillaume Faye (J'ai tout compris, 15 septembre 2016)

     

    1- Si elle le traite d’islamophobe, c’est donc qu’elle est islamophile. Les proches des victimes d’attentats islamiques aux États–Unis depuis 2001 apprécieront.

    2- Malhonnêtement, les médias français ont repris le terme américain « deportation », qui signifie ”expulsion” en français en le traduisant par le français ”déportation” qui n’a pas le même sens et a une connotation liée à la Seconde guerre mondiale. Tout cela pour nazifier Trump, on l’a bien compris.

    3- En réalité, l’ ”outil Otan” n’a servi qu’une seule fois, en 1999, pour bombarder la Serbie, au prix d’une double illégalité : pas de mandat de l’Onu et guerre d’agression violant la charte de l’Otan purement défensive. L’armée de l’air française et l’USAF, principaux intervenants, n’ont pas joué un rôle très reluisant.

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  • Alain de Benoist : « il faut aborder frontalement la question de l'immigration ! »...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Alain de Benoist au site de réflexion Katehon à propos de la polémique autour du port du burkini sur les plages françaises.

     

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    Alain de Benoist / Burkini : « il faut aborder frontalement la question de l'immigration ! »

    La polémique autour du burkini, ce vêtement de plage porté par des femmes musulmanes par souci de pudeur, est une nouvelle démonstration des tensions entre les communautés en France. Interprété comme un signe de radicalisation, le burkini fait grincer des dents avec le contexte tendu de menaces terroristes. Nous avons interrogé Alain de Benoist, philosophe et politologue, à propos de cette polémique.

    Katehon : Selon vous, le Burkini doit-il être perçu comme une liberté individuelle ou comme une provocation au service d’un islam politique ?

    Alain de Benoist : Il peut être perçu comme l’un et comme l’autre (par celles qui le portent et par ceux qui le voient), et encore comme bien d’autres choses. Mais on ne fait pas de vérité objective en additionnant des perceptions subjectives. Vous l’aurez compris, je trouve pour ma part absolument grotesque cette polémique, et le déluge de commentaires hystériques auquel elle a donné lieu. Il n’y a encore pas si longtemps, avoir une « tenue décente » à la plage, c’était ne pas être trop dénudé. Aujourd’hui, c’est ne pas être trop habillé ! Il reste à préciser le nombre de centimètres carrés de tissu que l’on a le droit de porter ou le devoir d’enlever ! Au passage, on oublie de dire que l’Etat islamique condamne totalement le burkini, et que les femmes juives orthodoxes se baignent elles aussi dans une tenue du même genre. En fin de compte, cette polémique, démagogiquement instrumentalisée par les hommes politiques, ne sert qu’à détourner l’attention. On se focalise sur le subalterne pour ne pas aller à l’essentiel, c’est-à-dire pour ne pas aborder frontalement la question de l’immigration, laquelle ne saurait être réglée par la police des costumes et la surveillance des maillots de bain.

    Katehon : Les médias évoquent l'affaire en boucle, les hommes politiques font dans la surenchère, l’élection présidentielle est dans moins d'un an : le thème de l’identité sera-t-il le sujet principal de la prochaine élection présidentielle ?

    Alain de Benoist : C’est très probable en effet, à un moment où une fraction croissante de la population, à commencer par les classes populaires et une partie des classes moyennes, se retrouve privée de repères et fait l’objet d’une triple exclusion : politique, sociale et culturelle. L’élection présidentielle va en grande partie se jouer autour de la question de l’identité, mais aussi de la question sociale, qui lui est directement associée : ceux qui souffrent le plus sur le plan social sont aussi ceux qui souffrent le plus de l’immigration. Les deux logiques dominantes sont aujourd’hui la logique identitaire et la logique populiste. Il ne faut pas les confondre (on peut être identitaire sans être populiste et populiste sans être identitaire), mais on peut souhaiter qu’elles se rejoignent.

    Katehon : Débat politique houleux, crispation populaire : la France est elle islamophobe au sens étymologique du terme : a-t-elle peur de l’Islam ?

    Alain de Benoist : Je ne suis pas de ceux qui voient de l’islamophobie partout, mais pas non plus du côté de ceux qui n’en voient nulle part. Oui, une grande partie de l’opinion publique devient actuellement islamophobe – et pas seulement au sens étymologique ! Plus le discours officiel dénonce l’« amalgame » et les « stéréotypes », plus il prône le « vivre ensemble », et plus l’islamophobie se répand, à la grande joie des djihadistes qui espèrent en tirer argument pour rallier les musulmans à leur cause. Les djihadistes adorent les islamophobes ! Les extrêmes s’attirent.

    Katehon : Quelle est l'origine de cette peur ?

    Alain de Benoist : Les causes sont bien connues : l’immigration d’abord, avec toutes les pathologies sociales qu’elle engendre, l’expansion d’un terrorisme islamiste engendré par trente années de politique occidentale aberrante dans le monde arabo-musulman ensuite. Au cours des dernières années, la critique de l’immigration s’est progressivement muée en critique de l’« islamisation », changeant ainsi de nature, et non pas de degré : on peut critiquer l’immigration sans s’en prendre aux immigrés, tandis que dénoncer l’« islamisation » implique de s’en prendre directement à l’islam. La laïcité se mue du même coup en laïcisme. Le problème devient dès lors insoluble.

    Katehon : Manuel Valls souhaite réactiver la Fondation des œuvres de l’islam de France, Jean-Pierre Chevènement est pressenti à la diriger, et l’une de ses principales missions sera la lutte contre le financement étranger de l’islam en France. La France est-elle en train de reprendre la main sur l’islam présent sur son sol ? Ou est-ce trop tard ?

    Alain de Benoist : Là encore, la question est subalterne. Réactiver la Fondation des œuvres de l’islam de France n’est sans doute pas une mauvaise chose, mais il faut être naïf pour croire que l’on va ainsi « reprendre la main sur l’islam présent sur notre sol ».

    Katehon : Que pensez-vous de la probable nomination de Jean-Pierre Chevènement à la tête de cette fondation ?

    Alain de Benoist : Jean-Pierre Chevènement est un homme estimable. Il aurait pu y avoir plus mauvais choix.

     

    Alain de Benoist (Katehon, 26 août 2016)

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  • Une histoire des idées et des valeurs non conformistes...

    Les éditions Pierre-Guillaume de Roux publient cette semaine un essai important d'Arnaud Imatz intitulé Droite - Gauche : pour sortir de l'équivoque. Fonctionnaire international à l’O.C.D.E. puis administrateur d’entreprise, spécialiste de l'Espagne, Arnaud Imatz a notamment publié  La Guerre d’Espagne revisitée (Economica, 1993), Par delà droite et gauche (Godefroy de Bouillon, 1996) et José Antonio et la Phalange Espagnole (Godefroy de Bouillon, 2000).

     

    " Qui aurait prophétisé, il y a moins de trente ans, la « droitisation » économique des gauches et la « gauchisation » culturelle des droites ? Qui aurait prédit le collapsus du « Nouvel ordre mondial » et le développement de courants transversaux, anti-oligarchiques et populistes ?

    Devant cette évolution rapide et inattendue, activée par la crise financière, les vagues migratoires et les attentats islamistes, la plupart des acteurs et observateurs politiques réagissent en gardiens jaloux de la pensée unique. Mais le mur se lézarde : l’homme moderne se révolte contre l’uniformisation qui l’enchaîne. La division droite / gauche, présentée comme « l’horizon indépassable de la pensée démocratique », apparaît pour ce qu’elle est : un mythe incapacitant destiné à brider la résistance populaire, une mystification antidémocratique dont l’effet est de perpétuer la rupture peuple / élite. Un nouveau clivage politique, désormais tangible, oppose les partisans de l’enracinement aux adeptes du mondialisme.

    Cette Histoire des idées et des valeurs non conformistes du xixe au xxie siècle est une introduction aux courants de pensée qui luttent contre l’homogénéisation consumériste, le multiculturalisme et la gouvernance globale au nom de la diversité culturelle, de la souveraineté populaire et du bien commun. Elle dévoile une histoire méconnue, caricaturée et refoulée. "

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