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populisme - Page 26

  • Nous entrons dans l’ère des sécessions...

    Nous reproduisons ci-dessous entretien avec Alain de Benoist, cueilli sur Boulevard Voltaire et consacré au succès du Brexit...

    Directeur de la revue Krisis , dont le dernier numéro est consacré à la question de la modernité, et éditorialiste de la revue Éléments,  Alain de Benoist a récemment publié Survivre à la pensée unique (Krisis, 2015), un recueil de ses entretiens avec Nicolas Gauthier.

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    Brexit : vers un effet domino en Europe ?

    Le Brexit a retenti comme un coup de tonnerre, qui semble avoir surpris jusqu’à ses partisans. Comment en est-on arrivé là ? Et quel est le sens profond de cet événement ?

    Les Anglais se sont tirés les premiers : c’est en effet un événement historique. Mais d’abord une remarque : ils n’auraient, pour commencer, jamais dû y entrer. Comme le général de Gaulle l’avait bien compris en son temps, l’Angleterre s’est toujours sentie plus proche des États-Unis (le « grand large ») que de l’Europe, où elle n’a cessé de jouer le rôle d’un cheval de Troie atlantiste et dont elle n’a jamais pleinement accepté les règles. En ce sens, le divorce met fin à un mariage qui n’avait jamais été vraiment consommé.

    Les principales motivations de ce vote sont, comme on l’a déjà beaucoup dit, la question de l’immigration et surtout un sentiment d’abandon social, politique et culturel qui alimente un formidable ressentiment envers la classe politique traditionnelle et les élites mondialisées. Le vote britannique n’a, d’ailleurs, pas opposé les conservateurs et les travaillistes, mais des partisans et des adversaires du Brexit des deux camps, ce qui signifie qu’il a transcendé le clivage droite-gauche.

    Notons, enfin, que les milieux libéraux étaient eux-mêmes partagés. S’ils étaient en majorité favorables au maintien de la Grande-Bretagne dans l’Union européenne, certains d’entre eux militaient quand même pour le Brexit au seul motif que l’Union européenne n’est pas encore assez acquise à l’idéal d’une dérégulation généralisée (Nigel Farage, ne l’oublions pas, est un ultra-libéral en économie). C’est là une grande différence entre la France et l’Angleterre. Si, chez nous, la majorité des libéraux reste convaincue que le but essentiel des traités européens est d’imposer les principes libéraux, à commencer par la libre circulation des biens et des services, des personnes et des capitaux, beaucoup pensent en Angleterre que le marché ne nécessite ni institutions ni traités. D’où un souverainisme dont le moteur n’est pas tant le souci d’identité nationale, l’insécurité culturelle ou la souveraineté populaire que l’insularité, liée à l’idée que les valeurs commerciales de la mer doivent primer sur les valeurs politiques, telluriques et continentales de la terre – les mêmes rêvant d’une alliance fructueuse avec le Commonwealth et les États-Unis.

    Mais on ne peut comprendre le sens de ce vote qu’en le replaçant dans une perspective plus large, à savoir la révolte mondiale contre les élites autoproclamées, dont la montée des populismes ne constitue que la traduction politique la plus visible et dont le « non » au référendum de 2005 sur le projet de Constitution européenne représente le point de départ symbolique. Le Brexit est indissociable de la montée du Front national comme de celle du FPÖ en Autriche, de SYRIZA en Grèce ou Podemos en Espagne, de l’élection d’une représentante du Mouvement cinq étoiles à la mairie de Rome, des phénomènes Trump et Sanders aux États-Unis, etc. Partout, les peuples se révoltent contre une oligarchie transnationale qu’ils ne supportent plus. C’est en cela que le Brexit est essentiel : il confirme un mouvement de fond. Après des décennies d’« élargissement », nous entrons dans l’ère des sécessions.

    Que va-t-il se passer maintenant ?

    Contrairement à ce que l’on dit, les principales conséquences ne seront pas économiques ou financières, mais politiques. En Grande-Bretagne, où le vote a déjà ouvert une crise politique, le Brexit va provoquer une relance de l’indépendantisme écossais et ranimer le débat sur le statut de l’Ulster, voire sur celui de Gibraltar. La City de Londres va plus que jamais se recentrer sur son rôle de paradis fiscal. En Europe, où l’Union européenne reposait sur l’équilibre des trois Grands (France, Allemagne, Royaume-Uni), l’Allemagne devient la seule grande puissance dominante – elle pèse désormais presque un tiers du PIB et 40 % de l’industrie du nouvel ensemble –, mais elle perd les bénéfices qu’elle tirait de son alliance de fait avec l’Angleterre, souvent au détriment des intérêts français.

    Mais c’est surtout l’effet domino, c’est-à-dire de contagion, qui va se faire sentir. Le choix des Anglais montre qu’il peut y avoir une vie après l’Union européenne – et qu’on peut concevoir l’Europe autrement. Les Slovaques, qui vont prendre ces jours-ci la présidence de l’Union européenne, sont eux-mêmes des eurosceptiques. Les opinions défavorables à l’Union européenne l’emportent déjà sur les opinions favorables en France, en Espagne et en Grèce. Dans d’autres pays, comme les Pays-Bas, le Danemark, la Finlande, le Portugal, la Hongrie, voire la Pologne, d’autres référendums ne sont pas à exclure.

    Est-ce le début de la déconstruction européenne ou l’amorce d’un nouveau départ ?

    En théorie, le départ des Anglais pourrait permettre de relancer la construction européenne sur de meilleures bases. Mais en pratique, cela ne se produira pas. Pour « refonder l’Europe », comme certains n’hésitent pas à le dire, il faudrait déjà prendre la pleine mesure de ce qui s’est passé, c’est-à-dire comprendre ce que les citoyens ne veulent plus. Mais c’est l’inverse qui se passe, puisqu’on s’entête jour après jour à expliquer que ceux qui renâclent sont des ignorants, des ringards, des xénophobes, des vieux, etc., et que pour leur faire accepter la potion il va suffire de doubler la ration. Sidérés comme des lapins pris dans la lumière des phares, les dirigeants de l’Union européenne lèchent leurs plaies mais refusent de se remettre en question : la seule leçon qu’ils tireront de ce scrutin est qu’il faut décidément tout faire pour empêcher les peuples de s’exprimer. Qui disait que la folie consiste à refaire toujours la même chose en espérant à chaque fois obtenir des résultats différents ? Les mêmes causes provoquant les mêmes effets, on va continuer à jeter de l’essence sur un feu qui finira par tout embraser.

    Alain de Benoist, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 29 juin 2016)

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  • Avec Doriot !...

    Les éditions Ars Magna viennent de publier un essai de Pierre Drieu la Rochelle intitulé Avec Doriot. Il est précédé de Doriot ou la vie d'un ouvrier français. Drieu a écrit ces deux textes en 1936 et 1937 au cours de la période pendant laquelle il a fait partie du Parti populaire français de l'ancien cadre dirigeant communiste Jacques Doriot.

     

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    " Je vais vous raconter la vie d’un ouvrier français.

    C’est une vie pleine d’action et d’événements ; c’est une vie étonnante et émouvante ; c’est une expérience terrible et magnifique qui résume toute la destinée du peuple de France depuis la guerre.

    Quand on connaît bien cette vie-là, quand on la comprend bien, quand on en tire tout l’enseignement qu’elle comporte, on est un autre homme.

    On n’est plus un Français quelconque, hésitant, plein de doutes et de soucis, qui tantôt proteste, tantôt se soumet. On est un homme averti, qui sait tout ce qu’il a perdu et tout ce qu’il peut regagner, qui sait les causes de son mal et le remède pour guérir son mal ; on est un homme décidé qui sait où aller et qui est prêt à tout supporter et à tout oser pour y parvenir. "

     

     

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  • Le temps des gestionnaires et des technocrates est révolu !...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous une chronique d'Éric Zemmour sur RTL, datée du 24 mai 2016 et consacrée aux enseignements qu'il est possible de tirer du résultat des élections présidentielles autrichiennes. Une excellente analyse !...

     

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  • Le populisme à la croisée des chemins...

    Nous reproduisons ci-dessous une analyse impeccable de Michel Geoffroy, cueillie sur Polémia et consacrée à la nécessité pour le populisme, s'il veut triompher, d'articuler la question identitaire à la question sociale...

     

    La croisée des chemins

     

    Le populisme à la croisée des chemins

    Pour l’emporter, le populisme doit être social et non pas libéral. Une proposition qui ne plairait pas à tout le monde …

    Le moteur du populisme en Europe – et en France du Front national – provient historiquement du refus de l’immigration de peuplement. Ce refus se justifie aujourd’hui plus que jamais alors que le Grand Remplacement et l’Islamisation de l’Europe progressent si rapidement qu’il faut désormais être aveugle ou complice pour ne pas le constater.

    L’erreur des mouvements et partis populistes serait évidemment d’abandonner cette ligne identitaire au moment même où une part croissante de nos concitoyens comprend que l’avenir de notre civilisation est en jeu.

    Mais une erreur symétrique consisterait aussi à n’en rester qu’à ce niveau, en oubliant l’autre versant de la dissidence identitaire : la société et le social, justement.

    Un refus fondateur

    Le populisme en Europe est la forme politique prise par le refus de la disparition de leur civilisation et de leur identité par les Européens qui se sentent abandonnés par les pouvoirs publics et trahis par les oligarchies remplacistes (1).

    Il s’agit d’un refus politiquement fondateur, comme toutes les grandes alternances politiques et intellectuelles se sont fondées de la sorte : qu’il s’agisse du refus d’une religion, du refus d’un régime, du refus d’une défaite, du refus d’une oppression ou du refus d’une injustice.

    Cependant il ne suffit pas de dénoncer le Grand Remplacement : pour le combattre efficacement il faut aussi s’interroger sur ses causes profondes, ce qui ouvre nécessairement d’autres perspectives.

    Le moteur du Grand Remplacement est d’abord idéologique

    Le Grand Remplacement n’est pas tombé du ciel en effet.

    Car il correspond au projet de l’oligarchie occidentale (2) qui a pris le pouvoir à la fin du XXe siècle en Occident et qui a mis en application son idéologie libérale/libertaire et cosmopolite. Même si ce projet a fini par lui échapper en partie sous la forme du djihadisme, l’oligarchie l’a initié, l’a encouragé et l’a entretenu.

    Le moteur du Grand Remplacement est donc d’abord idéologique, avant d’être civilisationnel, africain, musulman ou climatique.

    C’est au nom de l’idéologie libérale/libertaire que l’Occident croit que les hommes doivent circuler et s’installer librement partout, comme s’il s’agissait de marchandises. C’est pourquoi les oligarques ont détruit les frontières et les douanes qui permettaient de réguler la concurrence, ainsi que les mouvements de populations et de marchandises. Et ils ont fait cela pour le plus grand profit des entreprises mondiales. Car l’immigration permet de faire baisser les salaires et de réduire au silence les salariés autochtones.

    Au nom de cette même idéologie, tous les hommes sont désormais réputés avoir les mêmes « droits » politiques et sociaux, qu’ils soient étrangers ou citoyens d’un Etat : ce qui a permis de déconstruire la souveraineté et la démocratie en Europe occidentale et de faire exploser les régimes de protection sociale.

    Le Grand Remplacement, une dérégulation civilisationnelle

    Le Grand Remplacement n’est que l’effet le plus visible de la catastrophe culturelle, sociale et humaine provoquée partout par les oligarques occidentaux, qui depuis 30 ans exercent un pouvoir sans partage, notamment en Europe. Car le Grand Remplacement est une dérégulation civilisationnelle au même titre que la dérégulation financière, économique et sociale.

    La mondialisation n’est heureuse (3) que pour les oligarques, les bobos, les banquiers, les histrions médiatiques et les dirigeants des entreprises transnationales. Pour les autres, c’est-à-dire la majorité de la population, elle signifie désindustrialisation, chômage, précarité du travail, fin de l’ascenseur social, diminution des droits et des protections sociales, réduction des services publics, augmentation des impôts, des charges et des taxes, déflation, dépossession de son identité, inquiétude devant l’avenir.

    Car l’oligarchie n’a pas hésité à sacrifier la classe moyenne européenne sur l’autel du mondialisme, annulant en quelques années l’effet des Trente Glorieuses et un siècle de luttes sociales. Dans le même temps elle a cyniquement promu l’immigré/migrant au rang de prolétariat compassionnel de rechange : Big Other permettant de masquer l’étendue de la régression provoquée partout par les oligarques et pas seulement en Europe.

    On ne saurait oublier que le développement du mondialisme économique et financier se paye ailleurs aussi de drames sociaux et environnementaux : exode rural massif entraînant la perte de l’autonomie alimentaire, mouvements de populations dans des centres urbains surpeuplés et pollués, exploitation brutale des salariés dans les usines travaillant pour les grandes firmes mondialisées, saccage de l’environnement, etc.

    Les tenants du national-libéralisme se trompent

    Cela signifie qu’on ne peut pas inverser le processus remplaciste en cours en Europe si on ne remet pas en cause l’idéologie libérale/libertaire qui le sous-tend.

    Un populisme conséquent ne peut faire l’impasse sur cette question. Car la question sociale prolonge la question identitaire : l’identité c’est la nation et la nation c’est le peuple. Et à l’âge du mondialisme seuls les peuples souffrent.

    C’est pourquoi les tenants d’une nouvelle gauche (4) qui ne se soucierait pas de la question identitaire n’ont aucun avenir.

    C’est pourquoi aussi ceux qui, au sein de la droite populiste, préconisent l’adoption d’une ligne libérale et nationale se trompent d’époque.

    Le cocktail libéral/national est en effet un oxymore ou, au mieux, un malentendu politique.

    Le libéralisme conséquent, comme agent du capitalisme, tend en effet à détruire la nation, en déconstruisant tout ce qui fait obstacle à la liberté du marché. Il ne faut donc pas confondre la liberté économique qui peut effectivement s’appliquer dans l’espace national sous certaines conditions (5) avec le libéralisme, qui est une idéologie de combat contre les identités et les nations.

    Le populisme s’affirme sur le registre de la souveraineté politique des nations, toutes choses que les libéraux ont toujours exécrées. Les libéraux ne croient qu’en l’individu et en la providence des marchés. Pour eux, comme le disait Mme Thatcher, « la société n’existe pas ». Alors pourquoi voudraient-ils la sauver ?

    On ne peut donc pas être sincèrement populiste et libéral en même temps.

    Les ravages du néo-libéralisme : un remake du XIXe siècle

    Elargissons la perspective.

    La mise en œuvre des préconisations libérales/libertaires a provoqué le chaos partout au XXIe siècle, dont ne profite qu’une infime minorité de la population occidentale. Cette situation n’est pas sans rappeler les ravages sociaux advenus au XIXe siècle lors de la mise en place de l’industrialisation capitaliste en Europe.

    Ces ravages ont provoqué par réaction l’apparition du socialisme, puis au XXe siècle, du communisme en Europe. C’est pourquoi on a pu écrire que le socialisme avait été le « cri de douleur » du prolétariat (6).

    Que le socialisme et le communisme n’aient pas réussi à abolir « l’exploitation de l’homme par l’homme » ou que le communisme ait été une utopie sanglante ne doit pas faire oublier que ces mouvements ont quand même réussi à forcer le capitalisme à se montrer plus social et à corriger ses excès en Occident (7).

    Mais de nos jours le communisme est mort, les syndicats sont marginalisés et la gauche a abandonné l’héritage du socialisme pour devenir l’idiot utile du néo-capitalisme mondialisé. Cela signifie que plus personne n’est en mesure d’obliger les oligarques mondialistes à faire preuve de retenue dans leur course au profit.

    On en voit le résultat : le chaos partout.

    Le populisme, un socialisme pour notre temps ?

    Si le populisme veut s’affirmer comme une véritable réponse aux interrogations de notre temps, il ne peut donc pas faire l’impasse sur la nouvelle question sociale.

    Pour le dire autrement, le populisme doit jouer, au plan métapolitique, vis-à-vis du néo-capitalisme mondialisé, le rôle dévolu hier au socialisme vis-à-vis du capitalisme national.

    Il doit à son tour devenir le « cri de douleur » des peuples européens et se présenter comme une force alternative aux ravages de la dérégulation néo-libérale, en Europe d’abord, au plan international ensuite.

    Le populisme doit pour ce faire promouvoir une nouvelle éthique du Bien Commun et de l’Etat, en réponse à la marchandisation du monde incarnée par les oligarques mondialistes ; en réponse aussi à l’idéologie de l’individualisme absolu, destructeur de tout lien social. Le populisme doit aussi porter le retour des vertus civiques et des bonnes mœurs, conformément aux traditions européennes, contre le laxisme et le cynisme qui sont une arme aux mains de l’oligarchie.

    Le populisme : passer du refus à la révolution

    Cela implique d’annoncer et d’entreprendre une révolution culturelle et morale qui ébranle les dogmes et les oligarques dominants. Cela implique qu’une nouvelle élite politique, économique et sociale, s’avance. Cette élite existe mais elle est réduite au silence par les oligarques : il faut seulement qu’elle sorte de sa réserve.

    La menace de la révolution socialiste a imposé au capitalisme européen la conscience sociale qui lui manquait.

    La perspective d’une révolution populiste doit produire le même effet vis-à-vis du néo-capitalisme mondialisé.

    C’est à cette condition que le populisme deviendra vraiment populaire. C’est à cette condition qu’il deviendra majoritaire.

    Michel Geoffroy (Polémia, 10 mai 2016)

     

    Notes :

    1/ Selon l’expression de l’écrivain Renaud Camus.

    2/ Voir le livre de Jean-Yves Le Gallou : Immigration : la catastrophe/ Que faire ? Via Romana, 2016.

    3/ Selon l’expression de Dominique Strauss-Kahn.

    4/ Genre Mélenchon.

    5/ Comme cela a été le cas dans le passé européen.

    6/ Jaurès, Histoire socialiste.

    7/ Ce qui d’ailleurs explique l’envolée occidentale après la seconde guerre mondiale : la loi du profit étant associée à une politique sociale dynamique (social-démocratie ou sécurité sociale) ou par des salaires élevés (fordisme).

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  • Je suis la guerre...

    Le nouveau numéro de la revue Eléments (n°160, mai - juin 2016) est disponible en kiosque à compter de ce jour, 14 mai 2016.

    A côté du grand entretien avec Chantal Delsol et du dossier consacré à la guerre,  on trouvera les rubriques, toujours aussi riches, «Cartouches», «Le combat des idées» et «Panorama».

    Bonne lecture !

    Vous pouvez commander ce numéro ou vous abonner sur le site de la revue : http://www.revue-elements.com.

     

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    Au sommaire :

    Éditorial    
    Une société flottante par Alain de Benoist   
    Forum    

    L’entretien
    Chantal Delsol : empêcher que le monde se défasse    

    Cartouches
    Le regard de Michel Marmin

    La revue des revues : Les jeunes intellectuels à l'assaut du vieux monde par Paul Matillion   

    Chronique d’une fin du monde sans importance par Xavier Eman

    Relire les classiques de la BD par David L'Épée   

    Chronique cinéma par Ludovic Maubreuil

    Champs de bataille : musée royal de Bruxelles par Laurent Schang

    Sciences par Bastien O'Danieli

    Le combat des idées

    L'Amérique

    Donald Trump, anatomie d'un phénomène. Le plébiscite de la classe ouvrière blanche
    Par  James Littel, notre correspondant aux États-Unis

    Nicholas Spykman, le père de la géopolitique américaine
    Entretien avec Olivier Zajec

    Droits de l’homme : le livre capital d’Alain de Benoist
    Par François Bousquet

     

    Notre plaidoyer pour le populisme

    Entretien avec Vincent Coussedière 
    Propos recueillis par Alain de Benoist et François Bousquet
     
    L'énergumène Beppe Grillo. Un populisme du troisième type
    Par Marco Tarchi

    Ernesto Laclau : le seul et vrai théoricien du populisme de gauche
    Par Alain de Benoist


    Marcel Gauchet : bienvenue parmi les maudits !
    Par Thibaut Isabel
      
    Le douanier Rousseau. L'imbécile heureux sans frontières
    Par Christophe André Maxime
      
    Saison après saison, l'Europe sauvage
    Par Fabien Niezgoda

    Cap au Nord, Homère dans la Baltique
    Par Jean Haudry

    Thierry Marignac is back
    Par Pierric Guittaut
      
    Les affres de l'impuissance. Le Long cri de révolte de Léo Malet
    Par Michel Marmin

    Mon "ami" André Glucksmann
    Par Kostas Mavrakis

    Raphaël Glucksmann notre "ennemi"
    Par Pascal Eysseric 

    Dany-Robert Dufour. La généalogie sexuelle du capitalisme
    Par Thomas Hennetier   

    Dossier

    La "génération déni" face au spectre de la guerre
    Par Pascal Eysseric

    Entretien avec le général Desportes
    Propos recueillis par Pascal Eysseric

    Pourquoi l’armée française gagne-t-elle les batailles, mais pas les guerres ?
    Par Serge Gadal

    La gauche et l’armée, pour une révolution des mentalités
    Par Laurent Henninger
     
    OTAN : retour sur un anniversaire oublié
    Par Pascal Eysseric et Thibault Isabel

    Le bel avenir de la guerre urbaine
    Par Laurent Schang
      
    Nouvelles menaces
    Comment la police se militarise et l'armée se "policiarise"
    Par Pierre Martin      

    Panorama

    L’œil de Slobodan Despot

    Séries télés & politique : Game of Thrones
    Par Frédéric Dufoing

    Philosophie : la conscience de l'individu
    Par Jean-François Gautier

    L’esprit des lieux : mise au vert à Dublin
    Par Michel Thibault

    C’était dans Éléments : l’esprit militaire
    Par Dominique Venner

    Éphéméride : juin

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  • Les deux visages du somnambulisme politique français...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Vincent Coussedière, cueilli sur Causeur et consacré à Nuit Debout et aux primaires, deux symptômes de la perte de sens du réel dont souffre la politique...

    Agrégé de philosophie et élu local, Vincent Coussedière est l'auteur d'un essai intitulé Le retour du peuple - An I (Cerf, 2016).

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    Les deux visages du somnambulisme politique français

    Tout oppose, en apparence, le phénomène de Nuit debout et celui de l’inflation des candidatures à la présidentielle de 2017. D’un côté se manifeste la revendication d’une politique sans candidat ni représentant attitrés, d’une démocratie directe refusant toute délégation de pouvoir. De l’autre s’exprime l’attachement aux institutions de la Vème République, l’idée que rien ne peut se faire sans accéder à la fonction suprême de président. On se regarde d’ailleurs des deux côtés avec méfiance et hostilité, chacun pensant mieux représenter l’essence de la politique que l’autre. Les partis et les candidats n’ont pas de mots assez durs pour dénoncer le caractère utopique et uniquement contestataire de Nuit debout. Les partisans de Nuit debout n’ont pas de mots assez durs pour dénoncer la confiscation du pouvoir par les puissants et la trahison de leurs engagements, affichant un mépris souverain pour l’échéance présidentielle.

    Une telle interprétation a pour elle le charme rassurant de donner une certaine réalité à une opposition permettant à chaque « camp » de se persuader de sa propre consistance, opposition qui serait celle de l’éthique de la conviction et de l’éthique de la responsabilité selon Max Weber. En réalité, l’hystérie présidentielle des primaires et l’hystérie participative de Nuit debout sont un seul et même phénomène, témoignant de l’effondrement d’une offre politique, incapable de se mettre au niveau de la demande des Français. On appelle « populisme » le résultat de l’inadéquation entre cette offre et cette demande…

    Depuis quatre ans, le bavardage est incessant

    La Nuit debout de la politique a commencé depuis longtemps, et c’est pourquoi le peuple est épuisé, et se détourne de celle-ci, parfois définitivement.  L’existence des Français ne se confond pas avec celle d’Homo festivus, ni même avec celle de ses variantes : Homo mediaticus, Homo politicus, Homo intellectus, qui, restant debout toute la nuit, se couche trop souvent le jour…  Les Français ont très peu de curiosité pour ces deux visages du somnambulisme politique que sont Nuit debout et la campagne pour la présidentielle de 2017, dont ils ont d’ailleurs le sentiment qu’elle a commencé depuis fin 2012. On aurait donc tort de croire que le bavardage, les assemblées générales permanentes, la circularité des débats, sont l’apanage de Nuit debout, et apportent quoi que ce soit de nouveau à la situation que vit le pays. Il y a longtemps qu’on ne cesse de parler de ce qu’il faudrait faire pour que le pays aille mieux. Mais depuis quatre ans, ce bavardage est devenu incessant. La France est entrée en campagne permanente. Elle ne cesse de débattre sur ce qu’il faudrait faire et qu’on ne fait pas. Elle vit sa Nuit debout presque 24 heures sur 24, par l’intermédiaire de l’agora médiatique et intellectuelle. Elle semble ainsi être devenue toute entière spectatrice et commentatrice d’elle-même. L’indifférence de plus en plus profonde que le peuple français éprouve face à une parole politique devenue autoréférentielle est un symptôme de saturation.

    Les candidats sont en effet sur la ligne de départ depuis l’élection même de François Hollande, comme si celle-ci n’avait pas eu lieu. Ils poursuivent une campagne présidentielle continuelle à l’intérieur de laquelle le mandat effectif disparaît. Ils ne profitent pas de leur passage dans l’opposition pour un retrait méditatif et salvateur. Ils ne s’opposent pas véritablement. Ils commentent. Et, au même titre que les journalistes et autres médiatiques, participent au débat, puis au débat sur le débat, et ainsi de suite… Pour échapper à l’impression de vanité que pourrait produire cette parole permanente, les candidats écrivent des programmes, puis des livres sur leurs programmes, puis réalisent des entretiens sur ces programmes… On a fini par croire qu’il fallait dire avec le plus de précision possible ce qu’il faudrait faire pour que ce soit fait. D’où l’inflation programmatique de nos candidats qui n’a rien à envier à l’inflation de paroles dont s’enivre Nuit debout. D’où l’hyper-volontarisme dont chacun veut faire preuve dans une surenchère permanente : ce qu’on veut faire on le fera dans les six mois, on le fera par ordonnance, etc. On poursuit le fantasme d’une politique qui serait la transmutation la plus directe possible de la parole en acte, en transformation de la réalité, par la médiation de la toute-puissance de la loi. Les technocrates eux-mêmes s’y mettent et pondent, grâce à une prétendue démocratie participative, un hyper-programme, sous l’orientation bienveillante de Jacques Attali, lequel voit d’un regard attendri le phénomène Nuit debout. Ne vient-il pas aussi d’organiser sa propre Nuit debout techno-participative ? Et que dire de l’organisation d’une primaire citoyenne, grâce à l’inimitable Alexandre Jardin, qui rencontre un engouement tel que le serveur Internet explose sous l’abondance des contributions ?

    Le réveil sera brutal

    Nous sommes entrés dans l’ère, non plus du langage performatif, mais de la politique performative, non plus dans la croyance que dire c’est faire, mais que faire c’est dire… Et chose remarquable, le président lui-même, comme son Premier ministre, sont entrés dans cette Nuit debout permanente. Ils se comportent comme des candidats qui continuent de dire ce qu’il faudrait faire alors qu’ils sont au pouvoir ! Ce n’est pas le président normal que François Hollande incarne mais le candidat permanent, devenu tellement incertain de son pouvoir que l’exercice de sa présidence apparaît comme un contretemps entre deux candidatures. Que c’est ennuyeux, quand même, le pouvoir : il ne suffit plus de dire ce qu’il faudrait faire mais le faire effectivement… Vive la prochaine candidature permettant de faire de nouvelles promesses ! Inversement, l’ancien président et sans doute futur candidat, Nicolas Sarkozy, se comporte comme s’il était toujours président, et son statut de candidat lui semble insupportable entre deux présidences ! Il occupe sa non-présidence actuelle en revenant sur sa présidence passée pour la justifier, et préparer sa présidence à venir ; comme Hollande ne cesse d’occuper sa présidence actuelle en revenant sur sa candidature passée pour la justifier, et préparer sa candidature à venir ! L’un se comporte comme candidat quand il est président et l’autre comme président quand il est candidat…

    C’est que nos politiques, candidats précaires de l’opposition ou installés au gouvernement, comme nos intellectuels, précaires de Nuit debout ou installés à l’université, partagent une situation commune : ils sont les spectateurs d’une réalité qui leur échappe parce qu’ils ne la produisent plus et qu’ils tentent de rejoindre par une forme de volontarisme désespéré. Autour d’eux, le peuple français, seul à même de donner une âme et de soutenir par son action un projet politique, s’est dérobé. Ne reste plus qu’une poignée de « militants » devenus « supporters » dans les écuries des « présidentiables », d’étudiants devenus somnambules de la place de la République, d’individus devenus Internautes participatifs à la primaire citoyenne d’Alexandre Jardin ou au techno-programme de Jacques Attali, d’intellectuels continuant à croire que l’Idée républicaine descendra bientôt du ciel pour nous tirer du marasme avec la venue du printemps.

    Non, décidément, nous ne sommes pas près de sortir d’un somnambulisme politique qui présage de nouveaux réveils brutaux. Les Français semblent l’avoir compris, qui se couchent la nuit pour tenter de tenir debout le jour !

    Vincent Coussedière (Causeur, 27 avril 2016)

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