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oligarchie - Page 4

  • Maffesoli : « L’ère des soulèvements populaires arrive… »

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Maffesoli, cueilli sur Le Courrier des stratèges et consacré au changement d'ère que nous vivons. Penseur de la post-modernité, Michel Maffesoli a publié récemment  Les nouveaux bien-pensants (Editions du Moment, 2014) , Être postmoderne (Cerf, 2018), La force de l'imaginaire - Contre les bien-pensants (Liber, 2019) ou, dernièrement, La faillite des élites (Lexio, 2019).

     

     

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    Maffesoli : « L’ère des soulèvements populaires arrive… »

    Le familier des promenades en montagne ne manque pas de remarquer que les beaux lacs ponctuant les hautes vallées alpines sont on ne peut plus calmes en leur surface. Mais leurs bas-fonds sont animés par de constants grouillements. De temps à autre ces derniers apparaissent à l’extérieur sous formes de bulles géantes troublant la quiétude du lac. Bulles aussi soudaines qu’éphémères. Disparaissant, en effet, pour renaître plus tard quand le grouillement intérieur se fait à nouveau trop pressant !

    Voilà une image qui permet de comprendre les soulèvements qui, actuellement, troublent la vie de nos sociétés. Il s’agit bien, en effet, de bulles explosives, appelées à se renouveler, en ce qu’elles expriment le grouillement, à la fois profond et violent, animant une société officieuse ne se sentant plus du tout « représentée » par la société officielle ayant le pouvoir institutionnel. D’où l’ambiance insurrectionnelle caractéristique de toute fin d’époque.

    De l’ère des révolutions à l’ère des soulèvements populaires

    Dans notre progressisme natif nous avons du mal à accepter que les époques se suivent et ne se ressemblent pas. Des esprits aigus ont pu noter, à juste titre, la « fin de l’ère des révolutions » (E. Hobsbawm). Si nous savons voir, avec lucidité, l’architecture des sociétés contemporaines, nous pouvons dire, avec assurance, que nous assistons à la naissance de l’ère des soulèvements populaires.

    La multiplication de ces soulèvements, il y a un an le mouvement des gilets jaunes en fut une illustration emblématique, ne manque pas de mettre en exergue, au-delà d’un soi-disant individualisme, le développement d’un « nous communautaire ». « Nous » soulignant, par ses révoltes ou son abstention,  l’implosion d’une « société programmée » par une suradministration technocratique. Société programmée par un pouvoir surplombant de plus en plus factice et contesté.

    La secessio plebis, ou le peuple retiré sur l’Aventin

    D’antique mémoire, on voit, resurgir, régulièrement, ce qui fut à Rome la secessio plebis. Le peuple ne se reconnaissant plus dans le Sénat se retira sur l’Aventin. Il fit sécession. J’ai déjà indiqué que c’était ainsi que l’on pouvait comprendre le mouvement des « gilets jaunes » en France. Mais, afin d’élargir le problème, reconnaissons que c’est en de nombreux pays que l’on peut constater le désaccord profond existant entre les politiques et le peuple.

    Et ce, parce que ce peuple ne supporte plus le mensonge propre au discours officiel. Mensonge se masquant derrière les éternelles rabâchages de la bienpensance. Mensonge se revêtant de l’habit du moraliste propre à ce que Hegel nomme, justement, les « belles âmes ». Mensonge de ces « experts », journalistes et politiques, toutes tendances confondues, dont le dénominateur commun est le psittacisme. Ce sont, en effet, des perroquets, répétant à longueur de temps et d’antenne les mêmes lieux communs d’une affligeante et prétentieuse banalité ! Diafoirus est bien vivant.

    On se souvient de la formule de Platon, dans la République : « c’est donc à ceux qui gouvernent la cité, si vraiment on veut l’accorder à certains, que revient la possibilité de mentir ». Mais le philosophe, bon connaisseur de la politique, établit une distinction entre le « mensonge d’ignorance », acceptable parce qu’humain, et le « mensonge en parole », que le menteur professe consciemment.

    Les mensonges de l’oligarchie font la révolte populaire

    C’est ce dernier qui caractérise l’oligarchie actuelle ! Il suffit, à cet égard, de rappeler que pour celle-ci le « people » tend à remplacer le vrai peuple. C’est cela qui est la cause et l’effet du conformisme logique faisant qu’il existe une « pensée admissible », celle des pouvoirs établis, totalement étrangère à la réalité de la vie courante. Ce qui engendre un aveuglement dont on n’a pas encore mesuré tous les effets.

    C’est cet aveuglement qui est la cause et l’effet d’un entre-soi médiatiquement politique aux effets on ne peut plus pervers. Aveuglement qui suscite un mépris virulent vis-à-vis des peuples en révolte. Peuples dont les réactions sont qualifiées d’une manière on ne peut plus erronée de « populistes ». L’entre-soi,  caractéristique essentielle de cette élite est la négation même de l’idée de représentation sur laquelle, ne l’oublions pas, s’est fondé l’idéal démocratique moderne. 

    Mais de tout cela on peut sourire. En reprenant, cum grano salis la sentence de Bossuet, on peut même en rire, car « Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes ». Il est des mouvements inéluctables, la révolte des peuples est l’un d’eux. Faut-il le rappeler : rien n’arrête une idée dont le temps est venu !

    Pornographie de l’entre-soi élitaire

    N’est-ce pas l’automimétisme de l’entre-soi qui caractérise les diverses et (trop) nombreuses déclarations publiques que propose le pouvoir  politique ? Celles à propos de la crise sanitaire en cours sont, particulièrement, éclairantes ! Automimétisme que l’on retrouve, également, dans les ébats indécents, quasiment pornographiques dans lesquels ce pouvoir se donne en spectacle. Pour utiliser un terme de Platon, on est en pleine « théâtrocratie ». Spécificité des périodes de décadence. Moment où l’authentique démocratie, la puissance du peuple est totalement occultée.

    Automimétisme de l’entre-soi ou auto-représentation voilà ce qui est la négation ou la dénégation du processus de représentation. Voilà ce qui en appelle à une transfiguration du politique. On ne représente plus rien sinon, à courte vue, soi-même. Une Caste on ne peut plus isolée qui en ses diverses modulations, politique, journalistique, intellectuelle est surtout identique à elle-même et fidèle à son idéal « avant-gardiste » qui consiste, verticalité oblige, à penser et à agir pour un soi-disant bien du peuple.

    Cette orgueilleuse verticalité s’enracine dans un fantasme toujours et à nouveau actuel : « le peuple ignore ce qu’il veut, seul le Prince le sait » (Hegel). Le « Prince » peut revêtir bien des formes, de nos jours celle d’une intelligentsia qui, d’une manière prétentieuse, entend construire le bien commun en fonction d’une raison abstraite et quelque peu totalitaire, raison morbide on ne peut plus étrangère à la vie courante. C’est cela la « suradministration » technocratique.

    Musique profonde de la sagesse populaire

    À l’opposé de la prétention au savoir absolu de ce rationalisme morbide, rationalisme purement instrumental, les soulèvements contemporains ne font qu’exprimer, en majeur, la sagesse populaire, véritable conservatoire des « us et coutumes ». Sagesse de la tradition. Sagesse de la vertu, en son sens fort : « virtu », servant de ciment, c’est cela l’authentique éthique (ethos) à tout être-ensemble fondamental

    Ceux qui ont le pouvoir de faire ou de dire vitupèrent à loisir les violences ponctuant les soulèvements populaires, soulignant bien la saturation vis à vis du politique, de la politique, des politiques. Mais la vraie « violence totalitaire » n’est-elle pas celle de cette bureaucratie céleste qui d’une manière abstraite édicte mesures économiques, consignes sociales et autres incantations de la même eau en une série de « discours appris » n’étant plus en prise avec le réel propre à la socialité quotidienne ?

    Ceux-là même qui voyaient, en parlant des « gilets jaunes », une « vermine paradant chaque samedi », ceux-là peuvent-ils comprendre la musique profonde à l’œuvre dans la sagesse populaire ? Certainement pas. Ce sont, tout simplement, des pleureuses pressentant, confusément, qu’un monde s’achève. Ce sont des notables étant dans l’incapacité de comprendre la fin du monde qui est le leur. Et pourtant cette Caste s’éteint inexorablement. Extinction qui est fréquente dans les histoires humaines.

    Face à la faillite des élites déphasées

    Écoutons, à cet égard, la judicieuse remarque de Chateaubriand. « L’aristocratie a trois âge successifs : l’âge des supériorités, l’âge des privilèges, l’âge des vanités ;  sortie du premier, elle dégénère dans le second et s’éteint dans le dernier ».

    On ne saurait mieux dire la « faillite des élites » contemporaines : n’étant plus en phase avec la réalité sociale de base, car elles privilégient leurs droits au mépris de leurs devoirs. Le « tous pourris » de la conversation du Café du Commerce ne faisant que vitupérer la cupidité de cette élite en déshérence, préoccupée, essentiellement, de postes aguichants, de salaires confortables, de places acquises sur les fameux « plateaux » télévisuels. Toutes choses en appelant à ce que Vilfredo Pareto nommait, justement, la « circulation des élites » ayant fait leur temps.

    Le bienfait des soulèvements, des insurrections, des révoltes, c’est de rappeler, avec force, qu’à certains moments l’ubris, l’orgueil des sachants ne fait plus recette. Par là se manifeste l’importance de ce qui n’est pas apparent. Manifestation de l’indicible et de l’invisible. Le « Roi clandestin » (Georg Simmel) de l’époque retrouve alors une force et une vigueur que l’on ne peut plus nier.

    L’effervescence sociétale, bruyamment (manifestations) ou en silence (abstention) est une manière de dire qu’il est insupportable de continuer à entendre ces « étourdis-instruits », ayant le monopole légitime de la parole officielle, pousser des cris d’orfraie au moindre mot, à la moindre attitude qui dépasse leur savoir appris.

    Manière de rappeler, pour reprendre une formule de Joseph de Maistre, « les hommes qui ont le droit de parler en France ne sont point la Nation ».

    La Nation, le lieu, le lien

    Car qu’est-ce que la Nation ? En son sens étymologique, Natio, c’est ce qui fait que l’on nait (nascere) ensemble. Que l’on partage une âme commune, que l’on existe en fonction et grâce à un principe spirituel. Toutes choses échappant aux Jacobins dogmatiques, qui en fonction d’une conception abstraite du peuple ne comprennent en rien ce qu’est un peuple réel, un peuple vivant, un peuple concret. C’est-à-dire un peuple sachant que le lieu est un lien.

    Le lieu fait lien. C’est ce localisme qui est le cœur battant, animant en profondeur, les vrais débats, ceux faisant l’objet de rassemblements, ponctuant les manifestations ou les regroupements ayant eu lieu, en leur temps, sur les « ronds-points ». Mais que l’on retrouve, également, en période de confinement, dans les « balcons ». Lieux symboliques, par exemple en France où l’on frappe des mains ensemble pour célébrer le courage des « soignants » exposés en ce moment d’épidémie, parfois trop du fait de l’imprévoyance des gestionnaires de l’hôpital. En Italie, balcons où l’on chante des chants patriotiques ou populaires pour conforter le sentiment d’être-ensemble. Au Brésil où l’on s’emploie à conspuer un Président méprisé.

    Au-delà de l’obsession spécifique de la politique moderne, le projet lointain fondé sur une philosophie de l’Histoire assurée d’elle-même, ces rassemblements et ces « célébrations » collectives mettent l’accent sur le lieu que l’on partage, sur les us et coutumes  qui nous sont communs.

    C’est cela le localisme, une spatialisation du temps en espace. Ou encore, en laissant filer la métaphore scientifique, une « einsteinisation » du temps. Être – ensemble pour être-ensemble sans finalité ni emploi. D’où l’importance des affects, des émotions partagées, des vibrations communes. En bref, l’émotionnel.

    L’orgie émotionnelle du génie populaire

    Pour reprendre une figure mythologique, « l’Ombre de Dionysos » s’étend à nouveau sur nos sociétés. Chez les Grecs, l’orgie (Orgè) désignait le partage des passions, proche de ce que l’on nomme de nos jours, sans trop savoir ce que l’on met derrière ce mot : l’émotionnel. Sans le développer longuement puisque j’en ai déjà parlé dans « Courrier des stratèges », l’émotionnel rappelle une irréfragable énergie, d’essence un peu mystique, exprimant que la solidarité humaine prime toutes choses et en particulier l’économie qui est l’alpha et l’oméga de la bienpensance moderne.

    L’émotionnel et la solidarité de base sont là pour rappeler que le génie des peuples est avant tout spirituel. C’est cela que paradoxalement soulignent les révoltes ou soulèvements en cours. Et ce un peu partout de par le monde. Les uns et les autres actualisent (c’est à dire rendent présent) ce qui est substantiel (ou éternel) . Ce qui est caché au plus profond des consciences. Qu’il s’agisse de la conscience collective (Durkheim) ou de l’inconscient collectif (Jung). Voilà bien ce que le progressisme natif des élites ne veut pas voir. C’est par peur du « Nous » collectif qu’elles brandissent le spectre du populisme.

    Ce « spirituel » s’exprime bien dans cette remarque de Gustave Le Bon, grand connaisseur de la « psychologie des foules », on ne peut plus d’actualité. « Passer de la barbarie à la civilisation en poursuivant un rêve,  puis décliner et mourir dès que ce rêve a perdu sa force, tel est le cycle de la vie d’un peuple ». Je considère que les soulèvements actuels traduisent le désir, confus, diffus, certainement inconscient, la recherche, ou la régénération de ce rêve fondamental et structurel.

    Métapolitique de l’idéal communautaire

    On est, dès lors, dans la métapolitique. Une métapolitique faisant fond comme je l’ai indiqué sur les affects partagés, sur les instincts premiers, sur une puissance étant au-delà ou en-deçà du pouvoir et qui parfois refait surface. Et ce d’une manière irrésistible. Comme une impulsion quelque peu erratique, ce qui n’est pas sans inquiéter ceux qui parmi les observateurs sociaux restent obnubilés par la philosophie des Lumières (18e siècle) ou par les théories de l’émancipation, d’obédience socialisante ou marxisante propres au 19e siècle et largement répandues d’une manière plus ou moins consciente chez tous les « instruits » des pouvoirs et des savoirs établis.

    En son temps, contre la « violence totalitaire » des bureaucraties politiques, j’avais montré, en inversant les expressions de Durkheim que la solidarité mécanique était la caractéristique de la modernité et que la solidarité organique était le propre des sociétés primitives. C’est celle-ci qui renaît de nos jours dans les multiples insurrections populaires.

    Solidarités organiques qui, au-delà de l’individualisme, privilégient le « Nous » de l’organisme collectif. Celui de la « tribu », celui de l’idéal communautaire en gestation. Organicité traditionnelle, ne pouvant qu’offusquer le rationalisme du progressisme simplet dont se targuent tous les politiques contemporains.

    Dans le deuil du monde rationaliste : les instincts ancestraux

    La fin d’UN monde, celui de la modernité, permet d’accéder à un autre monde. Mais pour cela il convient de faire un « travail de deuil » conduisant à l’acceptation de ce qui émerge. En bref, la Renaissance induite par et dans les soulèvements populaires, soulèvements diffus, cette véritable « renaissance »  ne peut se comprendre  que si on se souvient de l’antique formule alchimique : « ordo ab chaos ». À quoi on peut rajouter : ordo ab origine ». Pas en amont vers la Tradition.

    Oui, contre ce progressisme tout à la fois benêt et destructeur, on voit renaître les « instincts ancestraux » tendant à privilégier la progressivité de la tradition. La philosophie progressive, c’est l’enracinement dynamique. La tradition ce sont les racines d’hier,  toujours porteuses de vitalité. L’authentique intelligence « progressive », spécificité de la sagesse populaire, c’est cela même comprenant que l’avenir est un présent offert par le passé.

    C’est cette conjonction propre à la triade temporelle (passé, présent, avenir) que pour reprendre les termes de Platon ces « montreurs de marionnettes » que sont les politiques obnubilés par la « théatrocratie » sont incapables de comprendre. La vanité creuse de leur savoir technocratique fait que les mots qu’ils emploient, les faux débats et les vrais spectacles dont ils sont les acteurs attitrés sont devenus de simples mécanismes langagiers, voire des incantations qui dissèquent et règlementent, mais qui n’apparaissent au plus grand nombre que comme de futiles divertissements. Les révoltes des peuples tentent de sortir de la grisaille des mots vides de sens, de ces coquilles creuses et inintelligibles. En rappelant les formes élémentaires de la solidarité, le phénomène multiforme des soulèvements est une tentative de réaménager le monde spirituel qu’est tout être-ensemble. Et ce à partir d’une souveraineté populaire n’entendant plus être dépossédée de ses droits.

    Le peuple, puissance maladroite mais instituante 

    Les révoltes des peuples rappellent que ne vaut que ce qui est raciné dans une tradition qui, sur la longue durée, sert de nappe phréatique à toute vie en société. Ces révoltes actualisent l’instinct ancestral de la puissance instituante, qui, de temps en temps, se rappelle au bon souvenir du pouvoir institué.

    Voilà ce qui en son sens fort constitue le génie du peuple, génie n’étant, ne l’oublions pas, que l’expression du gens, de la  gente, c’est-à-dire de ce qui assure l’éthos de toute vie collective. Cet être-ensemble que l’individualisme moderne avait cru dépassé et qui ressurgit de nos jours avec une force inégalée.

    Mais voilà, à l’encontre de l’a-priorisme des sachants, a-priorisme dogmatique étant le fourrier de tous les totalitarismes, ce génie s’exprime maladroitement, parfois même d’une manière incohérente en se laissant dominer par les passions violentes. L’effervescence fort souvent bégaie.

    Et comme le rappelle Ernest Renan : « Ce sont les bégaiements des gens du peuple qui sont devenus la deuxième bible du genre humain ». Remarque judicieuse, soulignant qu’à l’encontre du rationalisme morbide, à l’encontre de « l’esprit appris » des instruits, le bon sens prend toujours sa source dans l’intuition. Celle-ci est une vision de l’intérieur. L’intuition est une connaissance immédiate, n’ayant que faire des médias. C’est-à-dire n’ayant que faire de la médiation propre aux interprétations des divers observateurs ou commentateurs sociaux.

    C’est cette vision de l’intérieur qui permet de reconnaître ce qui est vrai, ce qui est bon dans ce qui est. Et qui du coup, n’accorde plus créance au moralisme reposant sur la rigide logique du « devoir-être ».

    C’est ainsi que le bon-sens intuitif saisit le réel à partir de l’expérience, à partir du corps social, qui dès lors, n’est plus une simple métaphore, mais une incontournable évidence. Et ce au-delà des lieux communs de la bienpensance, la sympathie ou l’empathie spirituelles redeviennent l’élément essentiel de toute vie en société.

    Incise sur la rudesse des soulèvements populaires

    Cette puissance sociétale ne va pas sans une certaine rudesse. Mais n’en est-il pas ainsi chaque fois qu’une mutation de fond se produit ? Et il est lassant d’entendre toutes les « belles âmes » tenant le haut du pavé médiatique, s’insurger en chœur, chœur des vierges effarouchées, contre la violence, injustifiable bien sûr, de ces soulèvements.

    Ont-ils oublié ce que ne manqua pas de souligner, à diverses reprises, Michel Bakounine : « la volupté de la destruction est en même temps une volupté créatrice ».

    Car, à l’encontre d’une réalité quelque peu rachitique, à l’opposé d’un « principe de réalité » essentiellement économiciste, dont le « pouvoir d’achat » est l’alpha et l’oméga, le point nodal des soulèvements populaires est, structurellement, une perpétuelle « quête du Graal », c’est-à-dire une recherche spirituelle.

    L’esprit du peuple a l’intelligence supérieure du cœur

    Voilà qui peut paraître quelque peu paradoxal. Faire référence à l’intelligence du cœur. Horresco referens ! Comment est-ce possible quand on ne conçoit l’intelligence que sous sa forme rationaliste. Ainsi que je l’avais nommé dans ma critique du « mythe du Progrès » dès 1979, la caste technocratique, sous ses modulations intellectuelles (on dit maintenant « experts »), politiques, journalistiques, cette Caste donc, est incapable de comprendre que le génie du peuple s’exprime mieux dans son souci spirituel que dans des préoccupations politiques.

    Tout simplement parce que cette caste, en son rationalisme morbide, tout en se disant démocratique, est rien moins que démophile. Les sempiternelles incantations à propos des valeurs républicaines et de leurs fondements démocratiques, cachent mal son « avant-gardisme » natif. Pour la Caste le peuple est sot, il faut l’éduquer et le conduire !

    Cette pseudo-intelligentsia, on ne peut plus déphasée, en son idéologie progressiste ne peut pas saisir l’atmosphère mentale de l’époque. Ce que le philosophe Ortega y Gasset, en son livre prémonitoire : La Révolte des masses, nommait « l’impératif atmosphérique » du moment. C’est parce qu’elle ne sait pas s’adapter au changement de climat spirituel en cours que la Caste subira le sort qui fut celui, en leur temps, des dinosaures : périr.

    La Modernité pourrissante est à l’agonie. Ses représentants caducs ne peuvent même pas envisager que toute mutation, car c’est bien de cela dont il s’agit, comporte une dose de mystère.

    Le droit divin du peuple reprend vigueur

    Dans cette mutation et, contre les divers « sachants » s’arrogeant le monopole de la parole publique, s’exprime ce que dans la tradition thomiste, Joseph de Maistre nommait le « droit divin du peuple ». Souveraineté de la puissance naturelle qui, régulièrement, se rappelle au bon souvenir des pouvoirs établis. Ceux-ci n’étant que délégués et devant rendre des comptes au peuple qui en est le légitime détenteur. Ainsi que le rappelle l’antique adage : Omnis autoritas a populo.

    C’est cette autorité qui reprend force et vigueur. Elle rappelle que, telle une vraie royauté, l’opinion est reine d’un monde. Le peuple reprend la parole contre ceux qui, avec l’arrogance, la suffisance et la jactance que l’on sait l’ont monopolisée. Les divers commentateurs parlent, avec componction, pour ne rien dire. Et de cela on commence à se rendre compte. Componction des discours technocratiques de la Caste au pouvoir. Elle a une conception purement oratoire de la politique. Elle tient ses discours pour des actes ! Pour elle le discours est action.

    Ce sont moins des réponses bien formatées qui sont attendues, que la capacité de savoir poser des questions. Ce que les soulèvements signifient c’est que n’est plus accepté un monde sans question et plein de réponses. Tout simplement parce que c’est à partir de l’insaisissable, ce qui est en devenir, ce qui est questionnant, que l’on peut saisir le saisissable. Celui de la vie Réelle.

    Ne l’oublions pas. C’est quand on ne sait pas dire, avec justesse, ce qui est, c’est quand le moralisme, ce qui « devrait être », prend le dessus, que le peuple fait sécession.

    L’enjeu n’est donc pas négligeable. Il faut trouver les mots, les moins faux possible, pour dire la « volupté créatrice » qui, plus ou moins maladroitement, est en gestation dans notre postmodernité naissante. Les lieux communs et diverses bien-pensances ne suffisent plus, il faut avoir l’audace et le courage  d’une pensée de haute mer. Là encore, entièreté de l’être, le courage n’est-il pas, tout à la fois, « le cœur et la rage » ?

    La technocratie désemparée face à l’ère du « Nous »

    La technocratie politiste est incapable de comprendre l’émergence d’une « ère du Nous ». « Nous » s’employant à créer un monde harmonieux, à partir du monde tel qu’il est, et non plus à partir de ce que des théories abstraites auraient aimé qu’il soit. Au-delà de ceux qui, avec une mentalité de maître d’école, continuent de faire la leçon, de ceux qui sont enfermés dans les étroites limites d’un savoir appris dans les grandes écoles, au-delà des lieux communs dogmatiques, la révolte gronde et elle continuera à gronder.

    C’est dans les plateformes libertaires qu’il faut chercher la reviviscence de la vie. C’est dans la hardiesse de vues qui est y est proposée que s’élabore en son sens fort une éthique nouvelle. « Ethos » étant tout simplement, le ciment confortant la vie de toute société.  Ce ciment consistant à conforter les cœurs et les esprits dans un être-ensemble où ce qui est primordial, c’est être-avec. Réalisation effective d’un centre de l’union, préoccupation essentielle d’une dynamique sociétale digne de ce nom.

    Voilà ce que l’on n’ose pas dire. Le climat est à l’effervescence. Les divers soulèvements, un peu partout de par le monde en sont l’ expression on ne peut plus éloquente. Il s’agit d’un « impératif atmosphérique » auquel personne ne peut échapper. L’air du temps est à la révolte des masses. Et rien ni personne n’en sera indemne. Tout au plus faut-il savoir l’accompagner, savoir la dire, le plus justement possible afin qu’elle ne s’aigrisse pas en une forme perverse, immaîtrisable et sanguinaire à souhait !

    Nous visons une crise civilisationnelle

    Une mutation de fond, une crise civilisationnelle est en train de s’opérer sur les réseaux sociaux, les forums de discussion, les sites et autres plateformes du Netactivisme. C’est là qu’il faut suivre l’émergence de la socialité en cours de gestation. C’est cette presse alternative qui rend mieux compte des échanges, partages, entraides ayant fait des ronds-points un véritable Aventin postmoderne.

    On est loin là de la componction du discours officiel celui de la Caste dont le locataire de l’Elysée est le parfait représentant. Componction à laquelle s’appliquerait bien cette remarque de Jean Jacques Rousseau : « Quel style ! Qu’il est guindé ! Que d’exclamations ! Que d’apprêts ! Quelle emphase pour ne dire que choses communes ! Quels grands mots pour des petits raisonnements ! Rarement du sens, de la justesse ; jamais ni finesse, ni force, ni profondeur. Une diction toujours dans les nues, et des pensées qui rampent toujours. »

    Tout est dit.

    Michel Maffesoli (Le Courrier des stratèges, 4 avril 2020)

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  • Pour une boussole métapolitique...

    Les éditions de la Forêt viennent de publier un court essai de Jean-Patrick Arteault intitulé Pour une boussole métapolitique. Jean-Patrick Arteault collabore à la revue Terre & Peuple Magazine.

     

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    " En ces temps d’incertitude et de doute généralisés, Jean-Patrick Arteault propose aux Albo-Européens que nous sommes une boussole pour ces « missionnaires de la Gentilité » qu’il nous propose d’être, ayant pour vocation de tracer une route pour l’avenir de leurs frères de sang. La clé, c’est ce qu’il appelle le Triangle de la Puissance : puissance de l’Esprit, puissance de la Force, puissance de la Richesse. Trois axes indispensables pour combattre efficacement le Système oligarchique occidental en place. Par les formules percutantes qu’il utilise, l’auteur incite son lecteur à descendre en lui-même pour se poser les bonnes questions : celles qui conditionnent notre avenir et même, tout bonnement, notre survie. "

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  • La Police est-elle en train de devenir la milice du Système ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Xavier Eman, cueilli sur le site de la revue Éléments et consacré à la violence de la répression policière face à la contestation politico-sociale. Une violence qui tranche avec la prudence habituelle de la réponse policière face aux émeutes récurrentes dans les banlieues de l'immigration...

     

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    La Police est-elle la milice du Système ?

    Ces derniers mois, à coups de primes et de promesse de conservation de régime spécial, la police française semble clairement s’être transformée en garde rapprochée de cette oligarchie qui a fait sécession, qui a rompu avec son propre peuple.

    La dénonciation des violences policières et la lutte contre celles-ci sont très longtemps restées l’apanage de l’extrême gauche et des activistes libertaires. Pour la « droite », les « condés » incarnaient avant tout les gardiens de cet « ordre » qu’elle chérit tant, ils ne pouvaient donc en aucun cas être critiqués et lorsqu’un manifestant se retrouvait la gueule en sang sur le trottoir, c’est qu’il l’avait « bien cherché ».

    Les choses ont un peu évolué avec la Manif pour tous, lorsque les Versaillais découvrirent avec stupeur et horreur qu’il n’y avait pas que les prolos et les « crasseux » qui pouvaient prendre des coups de matraque et se faire gazer. Il y eut alors un moment de flottement, les slogans : « La Police avec nous ! » s’étranglèrent dans les gorges et on assista même à quelques gestes d’exaspération face au zèle des CRS et des gardes-mobiles. On continuait à penser qu’ils ne « faisaient que leur travail », mais on trouvait quand même qu’ils avaient la main un peu lourde, surtout vis-à-vis de la sociologie de population qui leur était ordinairement la plus favorable.

    Mais la défiance ne fut que de courte durée et, dès les gardes à vue terminées et les quelques bosses soignées, l’amour immodéré de la droite pour la maréchaussée reprit le dessus. Ce n’était qu’un malentendu, il était temps de pardonner et de passer à autre chose…

    Pourtant, la répression relativement « musclée » de LMPT n’était que les prémisses d’une dérive qui devait atteindre son paroxysme face aux Gilets jaunes : la transformation des forces de police en garde prétorienne gouvernementale faisant usage d’une violence jamais vue depuis des dizaines d’années.

    En effet, depuis le début du mouvement des Gilets jaunes, prolongé par l’actuelle agitation sociale, pas une journée ne passe sans que soient diffusées une ou des vidéos rapportant des actes indéfendables commis par des membres des forces de l’ordre : tabassage collectif, tirs de LBD à bout portant, coups gratuits, ripostes disproportionnées, insultes… Le tout en bénéficiant à la fois de la plus parfaite impunité (un seul policier condamné jusqu’à présent pour le jet d’un pavé sur des manifestants…) et d’un invraisemblable silence médiatique. Les médias, jadis si prompts à hurler au loup et à mobiliser les belles âmes à la moindre gifle reçue par un voyou de banlieue, se montrent aujourd’hui d’une extrême discrétion quant aux innombrables exactions commises par des membres des forces de sécurité. Pour un peu, ils les justifieraient, et les excuseraient même. Il est vrai que les victimes ne sont au final que des sales populistes, des sans-dents haineux et rétrogrades qui cherchent à entraver la glorieuse marche progressiste initiée par le président Macron.

    Pourtant, la radicalisation de la répression policière des mouvements sociaux n’a rien d’anodine ni d’anecdotique. D’une part, elle marque le raidissement du pouvoir, la dictature « soft » l’étant de moins en moins ; et de l’autre, elle entérine le divorce entre le peuple et les forces de l’ordre. Les policiers ne sont désormais plus des « gardiens de la paix », mais des fauteurs de guerre civile. Il faut avoir vu ce policier tirant en série au LBD en hurlant « a voté » à chaque fois qu’il touchait un manifestant, ou ces autres se masquant l’œil de la main, rigolards, en toisant les Gilets jaunes, pour en être convaincu.

    Ces derniers mois, à coups de primes et de promesse de conservation de régime spécial, la police française semble clairement s’être transformée en garde rapprochée de cette oligarchie qui a fait sécession, qui a rompu avec son propre peuple.

    Bien sûr, être policier est un métier « ingrat et difficile », nul ne le nie ; bien sûr, l’institution compte dans ses rangs des gens qui sont individuellement de « bonnes personnes », et, bien évidemment, aucun régime ne peut se passer d’une police. Mais ceci étant dit, rien ne peut expliquer – et encore moins légitimer – les comportements sadiques, les agissements de voyous, le zèle agressif et vindicatif que toute personne ayant participé à l’une ou l’autre des récentes manifestions a pu constater, si ce n’est par une rupture complète de la police avec son rôle premier, qui est la protection des « honnêtes gens », une rétractation sur-elle-même, sur un corporatisme étroit et calculateur, des considérations uniquement matérielles et carriéristes et un désintérêt total pour le reste de la population. Une situation particulièrement inquiétante et dangereuse pour ce qui reste de démocratie en France.

    Xavier Eman (Éléments, 14 janvier 2020)

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  • Analyse d’un désastre annoncé...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Geoffroy cueilli sur Polémia et dans lequel il dresse un bilan sans concession des 30 mois de présidence d'Emmanuel Macron. Ancien haut-fonctionnaire, Michel Geoffroy a récemment publié La Superclasse mondiale contre les peuples (Via Romana, 2018).

     

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    Bilan de 30 mois de macronie : analyse d’un désastre annoncé

    La super classe mondiale a promu en 2017 Emmanuel Macron pour qu’il conduise les changements qu’elle souhaitait imposer à la France.

    Hélas, sa présidence tourne au mauvais vaudeville. Et les oligarques commencent à se demander s’ils n’ont pas fait le mauvais choix.

    Macron n’est pas Thatcher

    Il ne faut pas oublier qu’Emmanuel Macron a été élu grâce à un coup d’état médiatique et judiciaire qui a éliminé François Fillon du second tour de l’élection présidentielle.

    Cette manœuvre a réussi mais elle a eu cependant deux lourdes conséquences pour l’avenir politique d’Emmanuel Macron :

    – D’abord, son élection de 2017 ne résulte d’aucun mouvement populaire en sa faveur. Le premier parti de France ce n’est pas LREM – qui n’a pas dépassé 16 % des inscrits en moyenne – mais… les abstentionnistes et le Rassemblement national !

    – Ensuite, le projet politique porté par Emmanuel Macron ne correspond nullement à l’attente majoritaire des Français, comme le montrent avec constance les différents sondages d’opinion, mais seulement aux demandes des différents lobbies qui l’ont porté au pouvoir

    Cela signifie que la coupure entre le pays légal – la macronie – et le pays réel – la France périphérique – atteint un niveau sans précédent sous la Ve république. Et aucune « grâce d’état » n’est venue la combler, bien au contraire.

    Car, circonstance aggravante, l’homme que l’oligarchie a choisi pour « réformer » – c’est-à-dire déconstruire – la France n’est manifestement pas à la hauteur de son mandat. A l’évidence, Macron n’est pas Thatcher.

    Homme de cabinets et de sérails, parachuté à 40 ans au sommet de l’Etat par la magie des médias et l’argent des lobbies, Emmanuel Macron manque cruellement d’expérience et donc de sagesse politique. Et l’on n’a pas tardé à s’en rendre compte, tant en France qu’à l’étranger.

    Résultat : après 30 mois de pleins pouvoirs macroniens, la France s’enfonce dans le chaos social et politique.

    La France qui tombe

    La propagande gouvernementale omniprésente a bien du mal à cacher, en effet, que l’arrogant Emmanuel Macron se montre incapable de faire mieux que ses prédécesseurs, bien qu’il dispose d’une Assemblée nationale et de médias à sa dévotion. Et qu’il bénéficie du soutien du patronat et de toute l’oligarchie française.

    En 30 mois, la France est devenue le premier pays de l’OCDE pour le poids des impôts. Les dépenses publiques ne cessent d’augmenter (55,6 % en 2019), comme la dette publique (elle a atteint 100 % du PIB en 2019).

    A l’exception de la Finlande, la France est désormais le seul pays européen à présenter son budget en déficit primaire, c’est-à-dire hors dette. La balance commerciale ne s’améliore pas non plus.

    L’insécurité explose et pas seulement à Paris. Enfin, le taux de pauvreté a grimpé de 0,2 point à 14,3 % en 2018. 9,1 millions de personnes vivaient ainsi sous le seuil de pauvreté en France.
    L’indice de Gini, qui mesure les inégalités, a connu sa plus forte progression depuis 2010. Et les usines continuent de fermer et l’immigration de continuer de plus belle : la France devient en 2019 le premier pays pour l’accueil des « demandeurs d’asile » !

    Mais il est vrai que les profits des entreprises du CAC 40 se portent bien.

    La risée du monde entier

    A l’étranger, le bilan n’est pas meilleur car tout le monde a fini par se lasser des palinodies françaises. Dans le domaine des relations internationales, l’« en-même-temps » macronien et la com ne marchent plus. En effet, seuls comptent les rapports de force.

    On se lasse en Europe des déclarations à l’emporte-pièce de ce président français, jamais suivies d’effet concret. L’Otan est en état de « mort cérébrale » ? Mais pourquoi alors la France continue-t-elle d’y adhérer ?  La Russie n’est « pas une ennemie » ? Mais alors pourquoi la France s’associe-t-elle aux « sanctions » contre elle ? L’Union européenne est en crise ? Mais quelles initiatives la France prend-elle ? Aucune !

    Emmanuel Macron aime bien embrasser ou tripoter les chefs d’Etats étrangers sous l’œil attendri des caméras de BFM TV. Mais dès qu’il leur tourne le dos, ceux-ci se moquent de lui et il n’obtient jamais rien ! Sans compter les nombreux dirigeants avec lesquels Emmanuel Macron s’est fâché, là encore sans aucun résultat positif pour notre pays.

    La « start-up » macronienne devient la risée du monde entier et la France l’homme malade de l’Europe.

    La macronie sombre dans la crise sociale

    Personne n’ignore à l’étranger que la macronie s’enfonce dans la contestation sociale et que la crédibilité politique d’Emmanuel Macron suit une tendance baissière, comme on dit sur les marchés financiers.

    Personne n’ignore dans les chancelleries que ce président donneur de leçons de démocratie… à l’étranger, ne peut plus aller nulle part en France sans susciter des manifestations d’hostilité.

    Personne n’ignore que cela fera… 59 semaines que les Gilets Jaunes manifestent chaque samedi en France contre sa politique et contre sa personne !

    Comme cela fait maintenant 10 mois que le personnel hospitalier manifeste et fait grève, tout en assurant son service d’urgence. Les sapeurs-pompiers sont, eux, en grève reconductible depuis le mois de juin 2019. Du jamais vu en France !

    En octobre dernier, 27 000 manifestants ont défilé à l’appel des syndicats de policiers, pour une « marche de la colère ». Les agriculteurs manifestent aussi.

    En vérité, on ne connaît pas un secteur professionnel qui n’exprime pas en France un mécontentement contre la politique du pouvoir. Comme on ne sait plus ce qui marche encore normalement dans notre pays, paralysé par les réformes brouillonnes. Désormais en France quand il neige, il n’y a plus d’électricité, les routes sont bloquées et les trains ne circulent plus.

    La retraite du macronisme

    La réforme des retraites devait être, avec la déconstruction du droit social et les privatisations, le grand œuvre de la macronie, conformément au mandat que lui ont donné la super classe mondiale et la commission européenne. Les fonds de pension et les banques se positionnaient déjà pour rafler de juteux profits.

    Las, l’opposition à la réforme des retraites rassemble de nouveau une majorité des Français contre le gouvernement. Et plus encore si on ne s’intéresse qu’à ceux que concerne vraiment la réforme : pas les retraités aisés qui répondent aux sondages !

    Avec cette réforme, au surplus mal gérée, la macronie a réussi la performance de redonner vie aux organisations syndicales et de fournir un nouveau souffle à la contestation populaire. Déjà plus de 25 jours que la grève contre le projet gouvernemental dure, soit plus qu’en 1995 ! Le gouvernement escomptait un essoufflement de la contestation avec les fêtes de Noël, mais cette stratégie de la « trêve » a fait long feu.

    En outre, le projet de réforme « universelle » prend l’eau de partout. Anxieux d’éteindre une grogne sociale croissante, le gouvernement ne cesse de reculer : au profit des policiers, des militaires, des routiers ou des… sénateurs. Et chaque entorse au projet « universel », renforce la détermination de ses opposants. Car si la réforme était si avantageuse que le dit le gouvernement, pourquoi donc en préserver certaines professions ? Poser la question revient à y répondre. Tout le monde a compris en effet qu’il ne s’agissait pas d’un progrès mais d’une nouvelle régression – d’une nouvelle agression – sociale.

    Macron s’empêtre dans la contestation

    En un mois, De Gaulle avait mis fin aux évènements de mai 1968 et remis la France au travail, avec la dissolution de l’Assemblée Nationale, de nouvelles élections et des accords sociaux. En 1984, François Mitterrand, politique avisé, avait eu la sagesse de mettre fin à la guerre scolaire pourtant déclarée par sa propre majorité parlementaire, avec le projet Savary.

    Emmanuel Macron, lui, n’arrive pas à se dépêtrer d’une crise politique et sociale qui dure depuis bientôt 18 mois.

    Pour répondre à une contestation qui prend une ampleur jamais vue dans notre pays, Emmanuel Macron a en effet choisi le mépris, l’enfumage, la censure et la répression. C’est-à-dire qu’il a choisi l’affrontement avec la France réelle.

    Mais, alors que le mécontentement enfle, cette stratégie autiste trouve désormais ses limites. La répression a certes dans un premier temps brisé l’élan des Gilets Jaunes ; mais au fil du temps, elle a renforcé la conviction des opposants à la macronie en donnant un contenu palpable à la nouvelle lutte des classes qui s’installe dans notre pays.

    Une nouvelle lutte des classes dont Emmanuel Macron apparaît désormais à la fois comme le symbole et l’artisan, honni par une France qui commence à se réveiller de sa torpeur.

    Emmanuel Macbeth

    Car pour un nombre croissant de Français, Emmanuel Macron incarne l’oligarque xénocrate qui préfère les métropoles boboïsées et les banlieues de l’immigration à la France rurale ou périphérique.

    L’oligarque qui préfère les racailles, les immigrants et les étrangers aux autochtones, « gens qui ne sont rien[1] » que l’on rencontre dans les gares ou qui « boivent de la bière et mangent avec les doigts » comme le dit si bien son ministre de l’action (sic) et des comptes publics [2] et que l’on peut matraquer et gazer en toute impunité.

    Le président qui a toujours une pensée pour les musulmans, mais jamais pour les catholiques, ces fachos qui ne comprennent rien à la révolution arc-en-ciel [3] ni à la laïcité.

    L’homme qui a force de dire tout et son contraire a perdu toute crédibilité.

    Retranché dans son palais de l’Elysée que protègent encore les robocops du ministère de l’intérieur, Emmanuel Macron se croit à l’abri de la révolte qui gronde. Mais pour les prochaines municipales, on conseille déjà aux candidats LREM de mettre leur sigle en veilleuse. Mauvais présage.

    Emmanuel Macron fait de plus en plus penser à l’usurpateur Macbeth de la tragédie de Shakespeare. Lui qui aime tant parler anglais, devrait pourtant méditer cette prédiction que les sorcières avaient fait à Macbeth : « Birnamwood shall come to Dunsinane ». Sa forteresse finira par être prise et il perdra tout.

    Mais comme Macbeth, Emmanuel Macron ne semble pas avoir compris l’avertissement. Brigitte, qui fut professeur de lettres, pourrait-t-elle lui en expliquer le sens ?

    Michel Geoffroy (Polémia, 6 janvier 2020)

     

    Notes :

    [1] Allocution lors de l’inauguration de la station F ; Le figaro.fr du 3 juillet 2017

    [2] Interview de Gérald Darmanin à Paris Match du 19 décembre 2019

    [3] On se rapportera avec profit au livre de Martin Peltier « la Révolution Arc-En-Ciel en Marche » , DIE éditeur, 2019

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  • L'OJIM attaqué !...

    Le 4 décembre 2019, Martial Bild recevait, sur TV libertés, Claude Chollet, président de l'OJIM, l'Observatoire du Journalisme, qui vient d'être attaqué en justice par Ramzi Khiroun, un ex-conseiller de l'ineffable Dominique Strauss-Kahn, qui poursuit de discrètes, et sans doute juteuses, activités de conseil et d'influence dans le petit monde de l'oligarchie. Ce personnage n'a manifestement pas aimé que l'OJIM s'intéresse à  son action aux côtés du patron du groupe Lagardère... Claude Chollet s'explique.

     

     

                                   

     

     

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  • Les Arrogants...

    Les éditions du Toucan viennent de publier dans leur collection L'Artilleur une enquête politique de Gilles Gaetner intitulée Les Arrogants - Ambitions, affaires, aveuglements. Journaliste à L’Express pendant 25 ans, après être passé par Les Echos et Le Point, Gilles Gaetner est un spécialiste des affaires politico-financières.

     

    Gaetner_Les arrogants.jpg

    " Des municipales loin d’être gagnées, une centaine de députés qui ne se représenteront pas, un parti dirigé à la soviétique où l’on n’aime guère les rebelles, une ancienne ministre
    « jetée comme un kleenex », des copains promus à des postes de choix, des intimes de Macron plein de certitudes et un symbole, l’ISF, abandonné. Est-ce cela, le Nouveau Monde, apaisé, bienveillant, promis par Macron ? Gilles Gaetner, qui a recueilli les témoignages d’élus de tous bords, pointe les fautes et aveuglements d’un régime vertical, secoué par les affaires. Comme au temps de la gauche en 1981.
    En deux ans et demi de mandat présidentiel, qu’ont vu les Français ? Des ministres (Bayrou, Collomb, Hulot) qui démissionnent. Un autre, (Rugy) qui aime les festins. Un très
    proche de Macron, Alexandre Benalla, qui joue les Rambo. Et un président désemparé face à l’explosion des Gilets jaunes.
    Aujourd’hui, Macron-Jupiter joue gros avec sa réforme des retraites aux contours incertains et sa volonté de diminuer le nombre de parlementaires. Des soubresauts en perspective au
    sein de la majorité ? Le président décide seul. Le Peuple ne sait pas. Ceux qui savent, ce sont Emmanuel Macron et ses amis diplômés. Les maires ? On ne s’en soucie guère. Les syndicats ? On s’en méfie. Les Gilets jaunes ? Ils se calmeront bien un jour.
    Les Arrogants sont au pouvoir. Jusqu’à quand ? "

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