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mondialisme - Page 3

  • Black Lives Matter, indigénisme, décolonialisme… Bienvenue dans le XXIe siècle !

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Geoffroy, cueilli sur Polémia, dans lequel il analyse les nouveaux mots d'ordre mondialistes diffusés depuis les États-Unis. Ancien haut-fonctionnaire, Michel Geoffroy a publié le Dictionnaire de Novlangue (Via Romana, 2015), en collaboration avec Jean Yves Le Gallou, et deux essais, La Superclasse mondiale contre les Peuples (Via Romana, 2018) et tout dernièrement La nouvelle guerre des mondes (Via Romana, 2020).

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    Black Lives Matter, indigénisme, décolonialisme… Bienvenue dans le XXIe siècle !

    La diffusion des mots d’ordre et des manifestations du mouvement Black Lives Matter à partir des États-Unis, dans tout l’Occident, peut s’analyser dans trois registres.

    Un registre politicien

    Outre-Atlantique, l’affaire Floyd intervient en effet dans la perspective de l’élection présidentielle pour essayer de nuire à D. Trump, en le coupant de son électorat afro-américain. On trouve donc à la base de l’exploitation de l’affaire Floyd les protagonistes habituels de l’opposition à Trump : les groupes d’extrême gauche, les médias, l’État profond américain, et le parti démocrate.

    Car, des deux côtés de l’Atlantique, la gauche surfe sur les « minorités » pour compenser le fait qu’elle a abandonné, en se ralliant au néo-capitalisme, les classes populaires : en France cela a conduit d’abord à l’opération SOS Racisme lancée dans les années 80, puis à la stratégie Terra Nova, puis au positionnement indigéniste de La France insoumise. Mais les travaillistes en Grande-Bretagne et les démocrates aux États-Unis ont suivi la même démarche car, sans l’appoint électoral de ces « minorités », la gauche, malade de l’effondrement du communisme, aurait disparu.

    Au terme de cette évolution, la gauche a donc retrouvé son positionnement de la fin du XVIIIe siècle : une gauche du côté de la bourgeoisie, hostile au peuple, tout en prétendant parler en son nom.

    Le mouvement Black Lives Matter a bénéficié en France du soutien du pouvoir et des médias, pour une raison politicienne également évidente.

    La Macronie, minoritaire dans le corps électoral et impopulaire – comme l’ont démontré une nouvelle fois les dernières élections municipales –, ne peut survivre qu’en divisant en permanence les Français : écolos contre automobilistes, parti de l’ordre contre Gilets jaunes, femmes contre hommes, homosexuels contre hétérosexuels, ou Noirs contre Blancs. Et tout ce qui permet de mettre en accusation et de réduire au silence les Français autochtones – c’est-à-dire la majorité de la population – est bon pour le pouvoir ! Car la Macronie est une minorité qui s’appuie sur les minorités pour réduire la majorité au silence et lui imposer une politique dont elle ne veut pas.

    Un registre mondialiste

    Les mouvements indigénistes et communautaristes sont soutenus activement par les ONG mondialistes et la super-classe mondiale qui encouragent tout ce qui peut déstabiliser les nations (au profit de la gouvernance globale qu’elles préconisent). C’est pourquoi aussi les mêmes encouragent la dérégulation de l’immigration et le multiculturalisme sous toutes ses formes. Comme le déclarait significativement le capitaine allemand du navire de l’organisation immigrationniste Sea-Watch, Carola Rackete, « nous devons démolir la forteresse Europe » !

    Ces ONG et les fondations qui les financent veulent installer la société ouverte préconisée par Karl Popper en 1945, et ses émules (Soros notamment, mais aussi Hayek), comme prétendu remède au totalitarisme, alors que le mondialisme est un nouveau totalitarisme. Car la société ouverte programme la fin de toute société humaine.

    Il ne faut pas oublier en outre que l’indigénisme est aussi un marché que les grandes entreprises mondialisées – donc la super-classe mondiale – veulent maîtriser et encourager (GAFAM, L’Oréal, etc.). Les grandes entreprises mondialisées sont pour cette raison toujours en pointe dans la promotion de la diversité et des minorités… solvables !

    Un registre civilisationnel

    Le seul ciment du monde polycentrique et multiconflictuel dans lequel nous sommes entrés au XXIe siècle – c’est-à-dire du monde en voie de se libérer de la domination nord-américaine, dernier avatar de la domination occidentale – repose précisément sur la haine de la civilisation européenne et la haine des Blancs au sens large.

    Car le monde s’est « modernisé sans s’occidentaliser », pour reprendre l’analyse de Samuel Huntington. Les anciennes civilisations de l’Eurasie ont accédé à tout ce qui faisait hier la puissance de la civilisation occidentale, ce qui leur permet désormais de résister à sa prétention d’imposer un monde unipolaire, c’est-à-dire un monde façonné à son image.

    Bien entendu, la propagande mondialiste s’efforce de cacher cette réalité aux Européens en inversant les choses : ce seraient les Européens qui auraient la haine de l’autre (donc, par exemple, le racisme anti-Blanc n’existerait pas) !

    Cette haine des Blancs se développe d’autant plus que :

    • les Blancs représentent une part déclinante de la population mondiale et, affaiblis, ils n’inspirent plus le respect comme autrefois car ils sont entrés en décadence (dont l’ethnomasochisme – symbolisé par tous ces Occidentaux qui plient le genou sous prétexte d’antiracisme – est l’une des dernières manifestations en date) ;
    • les « valeurs » occidentales sont des valeurs de mort, des anti-valeurs que la majorité de la population mondiale rejette a fortiori lorsque les Occidentaux veulent les imposer par la force ou le chantage économique. Et que les « minorités » rejettent aussi en Occident même : comme aux États-Unis les Afro-Américains rejettent le gauchisme culturel et sociétal porté par les Blancs d’extrême gauche ; ou comme en France les familles musulmanes rejettent la propagande LGBT organisée par l’école publique ;
    • du fait de l’immigration de peuplement, les sociétés occidentales sont devenues des sociétés multiculturelles, multiethniques et par conséquent multiconflictuelles : elles importent désormais tous les conflits du monde (Tchétchènes contre Maghrébins, Turcs contre Kurdes, Kurdes contre Tchétchènes, Arabes contre Juifs, etc.) et les conflits politiques tendent à prendre la forme d’affrontements civils (comme cela s’est passé au Liban).

    Ces sociétés effectivement blanches ont donc importé la haine des Blancs chez elles.

    Bienvenue dans le XXIe siècle ! Un siècle qui promet d’être dur aux Européens s’ils ne sortent pas de leur dormition.

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  • Coronavirus : la faillite de trois idéologies...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Renaud Girard cueilli sur Geopragma et consacré au coronavirus comme révélateur des faillites du  communisme, de l’européisme et du mondialisme... Renaud Girard est correspondant de guerre et chroniqueur international du Figaro.

     

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    Coronavirus : La faillite de trois idéologies

    Géopolitiquement, la pandémie de maladie à coronavirus, née en Chine en 2019 (Covid-19), a mis en lumière la faillite de trois idéologies : le communisme, l’européisme, le mondialisme.

    Le parti communiste chinois (PCC) porte une très lourde responsabilité dans la naissance et la dissémination initiale de cette maladie très contagieuse. D’origine animale, le virus a été transmis à l’homme à Wuhan, grande ville du centre de la Chine. Cette transmission s’est faite sur le marché de Huanan, à la fin du mois de novembre 2019. C’était un marché où l’on vendait des animaux sauvages et domestiques vivants, dont les cages étaient entassées, dans des conditions d’insalubrité répugnantes. Le virus a été au départ transmis par une chauve-souris, qui l’a passé à un pangolin. Les riches Chinois sont friands d’animaux sauvages, consommation à laquelle ils prêtent quantité de qualités imaginaires (augmentation de la force physique, de la puissance sexuelle, etc.). Le virus Ebola provenait lui aussi d’une chauve-souris. Le virus du sida a été transmis à l’homme par un chimpanzé.

    Le problème est que les autorités chinoises n’ont tenu aucun compte d’une précédente alerte. En novembre 2002, une épidémie de SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère, dû à un coronavirus) était née dans la province du Guangdong (sud-est de la Chine), sur un marché vendant lui aussi des animaux sauvages et domestiques vivants. Tous les scientifiques connaissent le danger des zoonoses (maladies infectieuses des animaux vertébrés transmissibles à l’homme).

    Plus grave encore que cette imprudence, la deuxième faillite du PCC est venue de son addiction au mensonge d’Etat et à la dissimulation. Obsédé par son impératif de garantir à tout prix la « stabilité sociale », le PCC de la région de Hubei a préféré au départ fermer les yeux. Il a même sanctionné des médecins de l’hôpital central de Wuhan pour avoir sonné l’alerte. Le PCC n’a toujours pas expliqué au monde pourquoi il avait abruptement ordonné la fermeture du laboratoire de santé publique de l’Université Fudan (Shangaï) le 12 janvier 2020. La veille, ce laboratoire de pointe avait publié le séquençage du virus Covid-19 sur virological.org, un forum scientifique de discussion sur les virus, en libre accès. C’est la publication de ces données sur le génome qui a permis la mise au point d’un nouveau kit de test pour diagnostiquer le virus.

    Les cadres du PCC ont fait, pendant trois semaines, passer la logique d’un pouvoir prétendument infaillible avant la vérité médicale. Ces trois semaines perdues dans le combat initial contre le virus pèsent aujourd’hui très lourd. Si la maladie avait été traitée dès qu’elle a surgi, il n’y aurait pas aujourd’hui de pandémie.

    Comme si ce n’était pas suffisant, le PCC a ajouté le « fake news » au mensonge et à la dissimulation. Le 13 mars 2020, Zhao Lijian, le nouveau porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères a osé tweeter que « l’armée américaine pourrait avoir apporté l’épidémie à Wuhan ». En octobre 2019, des soldats américains avaient participé aux jeux militaires mondiaux, qui s’étaient déroulés à Wuhan. Les autorités communistes chinoises sont aujourd’hui très nerveuses car elles saisissent que leur peuple sait parfaitement qu’elles lui ont, au départ, menti, et qu’elles n’ont lancé que tardivement leur implacable – et apparemment réussie – offensive contre le virus.

    La deuxième faillite est celle de l’idéologie européiste, qui considère la construction européenne (et sa religion d’ouverture des frontières) comme un idéal en soi, au lieu de n’en faire qu’un usage pragmatique, dans l’intérêt concret des différentes nations de l’UE. Le 13 mars 2020, la présidente de la Commission européenne a critiqué la fermeture des frontières décidées par certains pays de l’UE pour lutter contre la pandémie. Le lendemain, le pays natal d’Ursula von der Leyen adoptait une telle mesure de bon sens… Les Chinois ont bien « fermé » les frontières du Hubei, province cinq fois plus étendue que la Hollande ! La décision de Trump de fermer dès la fin janvier ses frontières aux voyageurs en provenance de Chine, explique le retard de la maladie en Amérique par rapport à l’Europe.

    Enfin, est aussi en faillite l’idéologie du mondialisme, qui croit aux vertus d’une absolue division internationale du travail, n’obéissant qu’aux lois classiques du libéralisme économique. Il est inacceptable que nous dépendions aujourd’hui d’un pays aussi lointain et différent de nous que la Chine pour la fabrication de nos médicaments ; et que la Maison Blanche ait essayé de soudoyer le patron du laboratoire allemand CureVac, afin d’accaparer le vaccin qu’il est en train de mettre au point. Quand nous sortirons de cette pandémie, nous devrons établir d’urgence un réel souverainisme économique européen !

    Renaud Girard (Geopragma, 17 mars 2020)

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  • La force de l’existence...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Patrice-Hans Perrier, cueilli sur son blog Carnets d'un promeneur et consacré au mondialisme libéral-libertaire. L'auteur est journaliste au Québec.

     

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    La force de l'existence

    Les temps sont difficiles pour les patriotes actifs des deux côtés de l’Atlantique. En effet, le rouleau compresseur des diverses chartes onusiennes et la pression des grandes multinationales font en sorte que les prérogatives des états nationaux se réduisent, chaque jour, en peau de chagrin. Il y a péril en la demeure et c’est le cas de le dire.

    L’historien Dominique Venner s’épanche longuement dans son essai, intitulé « Un samouraï d’Occident », sur les causes du déclin de l’Europe et de la civilisation helléno-chrétienne. D’après lui, l’inéluctable déclin de notre civilisation serait dû, d’entrée de jeu, à la perte de ce qui constituait la substantifique moelle de notre éthos collectif. La charpente de nos mœurs et de nos valeurs spirituelles aurait été endommagée par une sorte de suicide collectif : un phénomène s’appuyant, non seulement sur l’hubris débridée de nos élites, mais tout autant sur l’effondrement d’une sagesse populaire qui puisait à une tradition plurimillénaire. Nous aurions perdu les bornes qui contenaient les menaces qui s’appesantissent sur nos sociétés déboussolées au moment de composer ces quelques lignes.

    La perte des repères de la nature

    Reprenant les préceptes exposés dans L’Homme et la technique, d’Oswald Spengler, l’historien Venner fustige la fuite en avant d’une technicité automotrice, laissée à elle-même sans contrepartie humaine. Ainsi, selon Spengler, « la pensée faustienne commence à ressentir la nausée des machines ». Prenant appui sur les observations du grand philosophe Martin Heidegger, Dominique Venner dénonce cette « métaphysique de l’illimité » qui repousse toujours plus loin les bornes de la technique, mais aussi de l’éthique. Le délire techniciste qui déferle sur notre époque aura contribué à faire sauter les digues des antiques préceptes qui guidaient nos sociétés depuis la nuit des temps.

    Les anciens nous auraient légué, toujours selon Venner, « … l’idée de « cosmos », l’idée que l’univers n’est pas un chaos, mais qu’il est au contraire soumis à l’ordre et à l’harmonie ». Et, de résumer la pensée principielle d’Homère qui pose les préceptes d’une vie bonne : « la nature comme socle, l’excellence comme but, la beauté comme horizon ». L’hubris de nos dirigeants, la décadence des mœurs et l’univers concentrationnaire de nos cités délabrées seraient les conséquences de l’effritement de l’antique sagesse. De la perte des bornes qui fondaient nos rapports en société et la culture comme lit de la mémoire de la cité. Les digues de la sagesse ayant été rompues, nous errons à travers nos cités dévastées tels des ilotes privés d’un droit de cité qui n’est plus qu’une chimère en l’espèce.

    La métaphysique de l’illimité

    Dominique Venner n’est pas le seul à dénoncer cette « métaphysique de l’illimité » qui prend appui sur l’idée que l’homme serait, à l’instar des dieux, un démiurge capable de manipuler les propriétés de la nature. Charles Taylor, ancien professeur de philosophie à l’Université McGill de Montréal, dans un petit essai intitulé Grandeur et misère de la modernité, remet en cause cette « culture contemporaine de l’authenticité » qui dériverait d’un idéalisme pathologique. Ce dernier estime que nos élites s’enferment, de plus en plus, dans un véritable onanisme intellectuel et spirituel. Ainsi, la quête de « l’authenticité » procéderait d’un idéalisme qui s’enferme dans ses présupposés, refusant toute forme de dialogue au final. Tout cela le pousse à affirmer que « les modes les plus égocentriques et « narcissiques » de la culture contemporaine sont manifestement intenables ».

    Et, c’est par un extraordinaire effet de retournement que les occidentaux nés après la Seconde Guerre mondiale se sont comportés telle une génération spontanée, faignant d’ignorer le legs de leurs prédécesseurs. Combattant les effets délétères d’une révolution industrielle métamorphosée en nécrose financière, les adeptes de la contre-culture ont fini par se réfugier dans une sorte de prostration mortifère. Les épigones de ce que certains nomment le « marxisme culturel » ont accaparé le temps de parole sur les ondes, sur Internet et partout sur la place publique des débats d’idées. De fait, il n’y a plus de débats possibles puisque l’hubris de ces nouvelles élites autoproclamées fait en sorte de transformer leurs contradicteurs en opposants politiques, voire en délinquants.

    Les idiots utiles du grand capital apatride

    L’idéalisme des pionniers de la contre-culture s’est transformé en fanatisme militant, capable de neutraliser toute forme de contestation au nom de la pureté de son combat apologétique. Manifestement incapables d’identifier le substratum de leurs luttes politiques, les nouveaux épigones de cette gauche de pacotille livrent une lutte sans merci à tous ceux qui osent s’opposer à la volonté de puissance des « forces du progrès » et de « l’esprit des lumières ». Sans même réaliser l’ironie de la chose, ces nouveaux guerriers de la rectitude politique mettent l’essentiel de leurs énergies au service des forces du grand capital apatride.

    On assiste à un arraisonnement de la contestation qui, l’instant d’un retournement symbolique, s’est métamorphosé en police de la raison d’État. Parce que la nouvelle raison d’État se pare des vertus des « droits de l’homme », de la « protection de l’environnement » ou des « miracles du progrès » pour que rien ne puisse se mettre en travers de sa marche inexorable. Tout doit aller plus vite, sans que l’on puisse se poser de question, afin que les sédiments de l’ancienne morale, des antiques traditions de nos aïeux ou de nos repères identitaires soient emportés par les flots d’un changement de paradigme qui ne se nomme pas. Véritable ventriloque, ce grand vent de changement souffle sur les fondations d’une cité prétendument concentrationnaire, tout cela en ayant la prétention de vouloir libérer l’humanité de ses chaînes. Voilà la supercherie en l’état des lieux.

    Une génération spontanée coupée de ses racines

    Charles Taylor pose un regard d’une grande acuité sur ce « nouveau conformisme » des générations de l’après-guerre. Cette génération spontanée, refusant d’assumer sa dette envers les ancêtres, s’imagine dans la peau d’un démiurge mû par une force automotrice. Rien ne doit entraver sa volonté de puissance, déguisée en désir de libération. Chacun se croit « original », unique en son genre et libre d’agir à sa guise dans un contexte où les forces du marché ont remplacé les antiques lois de la cité. Taylor se met dans la peau des nouveaux protagonistes de la contre-culture actuelle : « non seulement je ne dois pas modeler ma vie sur les exigences du conformisme extérieur, mais je ne peux même pas trouver de modèle de vie à l’extérieur. Je ne peux le trouver qu’en moi ».

    Véritable égocentrisme morbide, cet individualisme forcené se travestit à la manière d’un caméléon qui capte l’air du temps afin de se donner de la contenance et d’être en mesure de tromper ses adversaires. Parce que cette quête factice d’authenticité n’est qu’une parure qui cache l’appât du gain et la soif de reconnaissance de cette génération spontanée incapable d’arrimer ses désirs au socle de l’antique sagesse populaire. Conservateur lucide, tel un Jean-Claude Michéa, Charles Taylor n’hésite pas à faire référence aux intuitions géniales d’un Karl Marx mal compris en fin de compte. Les forces du marché, prises d’un emballement que rien ne semble capable d’arrêter actuellement, emportent toutes les digues, les bornes, qui fondaient nos cités pérennes.

    Le capitalisme sauvage annonce la société liquide

    Écoutons Charles Taylor : « On a parlé d’une perte de résonance, de profondeur, ou de richesse dans l’environnement humain. Il y a près de cent cinquante ans, Marx faisait observer dans le Manifeste du parti communiste que le développement capitaliste avait pour conséquence « de dissoudre dans l’air tout ce qui est solide » : cela veut dire que les objets solides, durables et souvent significatifs qui nous servaient par le passé, sont mis de côté au profit des marchandises de pacotille et des objets jetables dont nous nous entourons maintenant. Albert Borgman parle du « paradigme de l’instrument », par lequel nous nous retirons de plus en plus d’une relation complexe à l’égard de notre environnement et exigeons plutôt des produits conçus pour un usage limité ».

    Et, nous pourrions poursuivre le raisonnement de Taylor en observant les effets négatifs de cette « raison instrumentale » qui se déploie à travers le nouveau militantisme des zélotes de l’intégrisme libéral-libertaire. Rien ne doit entraver la liberté des marchés puisque tout s’équivaut dans l’espace libertaire du « chacun pour soi ». Le multiculturalisme, véritable doctrine d’état déployée au sein des anciennes colonies du Dominion britannique, représente une matrice anti-citoyenne qui favorise l’érection d’une multitude de ghettos ethno-confessionnels, sortes de nations artificielles qui minent la paix sociale de l’intérieur.

    Les patriotes cloués au pilori

    La cité, qui fondait sa légitimité sur la mémoire des ancêtres et la Geste du Héros, est détricotée au gré d’une sorte de guerre civile larvée mettant en scène la lutte de tous contre tous. Tributaire de la logique de marché, cette guerre civile en devenir prend une ampleur difficile à contenir puisque les héritiers du génos, ou legs des pères fondateurs sont privés du « droit de cité ». Ainsi, les protagonistes d’un conservatisme qui se réclame de la mémoire collective, du respect d’un patrimoine national ou d’une tradition immémoriale sont-ils accusés de faire corps avec un vil fascisme, sorte de maladie de l’âme qui contaminerait tous ceux qui refusent de se conformer au libéralisme ambiant.

    Du haut de leurs chaires universitaires et médiatiques, les censeurs de la rectitude politique, déguisés en intellectuels, lancent des fatwas contre les patriotes qui récusent la nouvelle doxa et refusent d’adopter la nouvelle Magna Carta mondialiste. De puissants réseaux d’« influenceurs » se déploient sur Internet et ailleurs afin de stigmatiser, diffamer et menacer les quelques téméraires qui osent sortir des clous et poussent le culot jusqu’à remettre en question les canons de l’heure. In fine, les milices antifas et d’autres escadrons punitifs vont se mettre en marche afin de repérer et d’agresser les contrevenants. C’est l’annihilation qui est visée en fin de compte : pour que la pureté de la pensée unique soit préservée. Comble de la folie humaine, cette nouvelle inquisition libérale-libertaire ne réalise pas que ses propres procédés pourraient bien être utilisés contre elle-même. Parce que la « main invisible du marché » finira, tôt ou tard, par liquider ses idiots utiles. La « marche du progrès » va ainsi : nulle mémoire ne saurait être tolérée dans le cadre du process de la marchandise, véritable Léviathan qui se mord la queue.

    Patrice-Hans Perrier (Carnets d'un promeneur, 4 mai 2019)

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  • Le mondialisme dans ses oeuvres...

    Les éditions de Renaissance Catholique viennent de publier un ouvrage collectif dirigé par Michel De Jaeghere et intitulé Le Mondialisme dans ses œuvres. On trouve parmi les contributeurs Jean-Yves Le Gallou, Philippe Conrad et Claude Rousseau.

     

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    " Si l'unité du genre humain est une réalité, justifie-t-elle, à l'échelle de la planète, une unité politique ? Le débat est ancien. Aujourd'hui plus qu'hier la mise en place d'un gouvernement mondial, est présentée comme la panacée pour répondre aux défis de notre temps. Par nature ignorants des frontières, les défis écologiques qui menacent la planète rendraient nécessaires l'établissement d'instances internationales de régulation, seules en mesure de la sauver de la pollution, du réchauffement climatique, de la surpopulation.
    Et puisque " le nationalisme c'est la guerre " selon les mots de François Mitterrand, paix et gouvernance mondiale seraient inséparablement liés. La destruction des nations serait, dans cette optique, un préalable indispensable à la paix universelle. Créant des liens indestructibles et éternels entre les hommes et les civilisations, " le doux commerce " rendrait, à l'avenir, tout affrontement impossible.
    L'uniformisation des cultures et des civilisations dans un universalisme marchand alliant consumérisme hédoniste et de démocratie participative serait ainsi l'horizon insurpassable d'une humanité enfin pacifiée. A contre-courant de ces pétitions de principe, les intervenants rassemblés ici : philosophes, historiens, essayistes ou témoins qualifiés déconstruisent une utopie destructrice des communautés naturelles, et fondatrice d'un ordre marchand qui fait l'impasse sur nos enracinements, comme sur nos aspirations spirituelles.
    Ils nous rappellent qu'il n'existe pas de sens inéluctable de l'histoire mais que l'avenir est toujours écrit par des hommes qui trouvant, dans leur histoire et leurs traditions, la volonté et la force de résister aux vents dominants de l'instant présent, qui sont souvent ceux de la facilité, de la décadence et de la mort."

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  • Radiographie de George Soros...

    Le 8 janvier 2018, Martial Bild recevait, sur TV libertés, Pierre-Antoine Plaquevent, à l'occasion de la sortie de son essai intitulé Soros et la société ouverte - Métapolitique du globalisme (Le Retour aux Sources, 2018)Journaliste indépendant, Pierre-Antoine Plaquevent anime le site Les Non-Alignés.

     

     

                                       

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  • Racination...

    Les éditions Pierre-Guillaume de Roux viennent de publier un recueil de méditations sur l'enracinement de Rémi Soulié, intitulé Racination. Critique littéraire, Rémi Soulié est l'auteur, notamment, d'un ouvrage intitulé Les châteaux de glace de Dominique de Roux (Les Provinciales, 2002), et d'un essai intitulé Nietzsche ou la sagesse dionysiaque (Seuil, 2014).

     

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    " « Je suis un insulaire qui a le goût sage de l'autarcie et, à la lettre, de l'autonomie, comme le peuple de la nation du Rouergue, pour reprendre la formule inscrite sur la pierre tombale d'un Rouergat venu mourir en Languedoc : Ci-gît maître Antoine Pressec, maçon de la nation du Rouergue, qui décéda le 29 août 1520. »

    « Enracinement » dit le poète, là où le politicien parle simplement d'« identité ». Or, c'est tout un pays que l'on perd en troquant l'enracinement contre l'identité. C'est une réalité vivante, quasi charnelle, qui s'efface alors au profit de la coquille vide du concept glacé tant martelé, dont le contenu est, par essence, soumis aux aléas de la volonté. Loin de la tentation universaliste qui marque notre époque, il est donc temps de retourner au cœur de ces racines secrètes mais si fécondes, d'en retrouver le pouvoir symbolique et régénérateur en explorant leur cheminement tantôt obscur, tantôt éclatant. L'auteur inaugure cette salutaire mission de reconnaissance sur le sol de son propre « pays ». En embuscade, nous assistons au surgissement du « mystère » quasi sacré des figures venues du grand fonds ancestral qui parfois reviennent lors des changements de règne retentissants, comme pour mieux conjurer l'ère de la tabula rasa qu'appellent de leurs vœux les mondialistes actuels. Rémi Soulié, en compagnie de Hölderlin, de Heidegger, de Novalis, de Shelley, de Boutang et des poètes occitans éclaire avec grâce l'inspiration unique que nous laisse la racination, cette « poussée» initiatique sans laquelle nous ne pourrions être au monde. Un voyage vers l'intérieur en forme de splendides méditations métaphysiques qui débouchent à la fois sur l'enquête, l'Histoire et le mythe. "

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