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mondialisme - Page 4

  • Le Grand Déversement...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Jure Georges Vujic, cueilli sur Polémia et consacré à la question de la crise migratoire en Europe. Avocat franco-croate, directeur de l’Institut de géopolitique et de recherches stratégiques de Zagreb, Jure Georges Vujic est l'auteur de plusieurs essais, dont Un ailleurs européen (Avatar, 2011) et  Nous n'attendrons plus les barbares - Culture et résistance au XXIème siècle (Kontre Kulture, 2015).

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    Immigration. Le Grand Déversement, révélateur de la crise totale de l’Europe

    Le grand mérite de l’immigration massive à laquelle on assiste sur le continent européen est de remettre les pendules à l’heure et de poser les vraies questions dont les dimensions sont économiques, sociales, mais aussi culturelles et civilisationnelles. En effet, les implications de ce phénomène « total »  peuvent se mesurer sur l’ensemble des sphères culturelles, identitaires, économiques, sociales et démographiques des communautés nationales.

    Une phénomène global

    Il y a plusieurs façon de déchiffrer et d’interpréter le phénomène migratoire, allant de l’eschatologie fantasmagorique en l’assimilant à un péril biblique, soit en le réduisant aux nombreuses grilles d’interprétations scientifiques réductrices de la sociologie, la démographie en passant par l’économie.
    Et pourtant, si l’on dépasse les seuls effets et conséquences visibles, exogènes, il convient de constater que ce grand mouvement migratoire qui est à l’œuvre actuellement en Europe est le résultat d’un long cycle endogène de déstructuration sociale, économique et démographique depuis la fin du XIXe siècle et que l’on peut, pour reprendre la thèses d’Alfred Sauvy, assimiler à un « grand déversement ». Le fameux « grand remplacement » n’étant que l’épiphénomène visible de ce même déversement au niveau global.

    En effet, selon cette théorie, il existe un transfert (ou déversement) de la population active du secteur primaire, l’agriculture, vers le secteur secondaire, l’industrie, puis vers le secteur tertiaire. Sous l’effet des gains de productivité dégagés par le progrès technique (par exemple, la mécanisation agricole ou la diffusion du fordisme dans l’industrie), les volumes produits augmentent, les prix baissent, la demande croît, ce qui permet de créer de nouveaux emplois. Dans les faits, ce mécanisme correspond bien à ce qu’a connu la France depuis le début de la révolution industrielle : la « fin des paysans », avec le départ des ouvriers agricoles vers l’industrie via un exode massif (50 % d’actifs dans l’agriculture en 1900, contre 3 % aujourd’hui), puis le déversement des emplois industriels vers les services à partir du milieu des années 1970, quand s’affirme la tertiarisation de l’économie. Ce mécanisme est à l’œuvre depuis le début de la Révolution industrielle.

    Transfert d’emplois et explosion démographique

    Sauvy montrait à raison que le progrès technique et l’automatisation croissante, par les gains de productivité qu’ils génèrent, entraînent un transfert des emplois de l’agricuture vers l’industrie, puis vers les services.
    A terme, la machine remplacerait l’homme, processus de robotisation-automatisation des emplois qui est à l’œuvre actuellement. Alors que cette phase de déversement de la population active restait jusque là dans les années 80 plus ou moins localisable et endogène, s’apparentant à une immigration socio-professionnelle interne, aujourd’hui avec la globalisation, la mobilité sociale, la dérégulation, et les délocalisations transnationales de l’économie, ce phénomène de déversement s’est lui aussi internationalisé et correspond très bien aujourd’hui au phénomène de disruption néolibérale et d’ubérisation de l’économie, qui pourrait très bien, à long terme, prendre les formes de la quaternisation de l’économie liée à l’externalisation de certains métiers – maintenance, paye, gestion du parc informatique… Le recours à l’immigration (parfois sous la forme  de main d’œuvre qualifiée mais le plus souvent sous la forme de main d’œuvre à bon marché) constituerait alors une des  armes géo-économiques redoutables de ce processus de déversement global.

    Une vague migratoire du tiers-monde vers le Nord

    En effet, ce cycle de déversement à l’heure de la globalisation néolibérale, reste inséparable comme le constate Sauvy, de l’explosion démographique dans les pays du Sud qui dans le sillon des décolonisations en Asie et en Afrique, et aujourd’hui avec la  destruction programmée manu militari de nombreux Etats du Moyen-Orient comme la Syrie, l’Irak, le La Libye etc., généreront la « prolifération des pauvres » du sud vers les pays plus riches et développés de l’hémisphère Nord, qui bien sûr en sont plus en mesure d’absorber de tels vagues migratoires massives.

    En effet, bien sûr la théorie du déversement énoncée par Sauvy applicable dans les pays développés à forte différenciation socio-profesionnelle, n’est pas transposable au tiers-monde où les grands contrastes et la stratification socio-économiques subsistent, mais pourtant les  stratégies géo-constructivistes néo-imperiales des Etats-Unis depuis 1990. avec l’application du « chaos constructif » au Moyen Orient ont favorisé les vagues d’immigration massive vers l’Ouest. Une immigration jeune extra-européenne qui devait compenser les « grands vides » du déversement socio-professionnel  et du vieillissement de population. A terme, cela équivaudrait avec les politiques suicidaires des élites mondialistes de transposer ce chaos constructif (que certains économistes rapprochent de la « déstruction créatrice » de Joseph Schumpeter) sur le continent européen en multipliant les fractures ethno-religieuses et une communautarisation accrue, l’immigration économique prenant la forme d’une immigration de peuplement étant alors au service de la dé-souverainisation nationale.

    La chute démographique, une crise en gestation

    Parallèlement à l’explosion démographique et la croissance de la population jeune du tiers monde, la population européenne de souche stagne et ne cesse de vieillir, de sorte que certains pays européens comme l’Allemagne font appel à l’immigration et à la main d’œuvre étrangère pour combler ce manque démographique.
    En effet, le taux de natalité de la population allemande a toujours été bas depuis les années 1970. Et, en 2015, le nombre de décès s’élevait à 187 625. La persistance de taux de natalité très bas, comme au cours des quatre dernières décennies, prédit de graves problèmes sociaux, économiques et géopolitiques pour l’Allemagne.
    On estime ainsi que d’ici à 2025, l’Allemagne aura besoin de 6 millions de travailleurs étrangers pour pouvoir payer les retraites des baby boomers qui partiront alors à la retraite. Le cas de figure Allemand est applicable aussi aux autres nombreux pays européens demandeurs et capteur et de main d’œuvre étrangère à bon marché, ces populations supplétives de remplacement le plus souvent extra-européennes  étant considérées comme des contingents palliatifs de compensation  face au phénomène de vieillissement de la population autochtone européenne.

    La boucle bouclée

    Ainsi, la boucle serait bouclée, après la déversement et la transfert du primaire (fin du monde paysan) et du secondaire (monde ouvrier-industrialisation) vers le tertiaire (services, précarisation et ubérisation), on assiste actuellement à un déversement démographique qui s’apparente à un transfert de population et de main d’œuvre jeunes du tiers monde vers les pays développés du Nord et de l’Ouest, qui devraient occuper les emplois dont les populations de souche ne veulent pas tout en remédiant au problème social et démographique du vieillissement de population.
    En effet, la plupart des pays européens se trouvent actuellement dans une situation de pénurie de main d’œuvre qualifiée et non qualifiée (bâtiment-construction, agriculture, ouvriers qualifiés, informatique, etc.) et en moyenne, 20 % des entreprises industrielles européennes estiment que leur production est limitée par les difficultés de recrutement de main d’œuvre.

    Le déclin démographique aggrave cette situation comme en Allemagne où le manque de  main d’œuvre généralisé s’aggravera jusqu’à “perdre” 6 millions de travailleurs d’ici 2030.
    L’Europe de l’Est sera également pénalisée par l’émigration d’une partie de ses travailleurs vers les pays de l’Ouest (Allemagne, Royaume-Uni).
    Il faut rappeler que l’ONU parle ouvertement de migrations de remplacement. C’est ainsi que la Division de la population du Département des affaires économiques et sociales a publié un rapport intitulé Migration de remplacement : est-ce une solution pour les populations en déclin et vieillissantes ? Le concept de migration de remplacement correspond à la migration internationale dont un pays aurait besoin pour éviter le déclin et le vieillissement de la population qui résultent des taux bas de fécondité et de mortalité. Dans chaque cas on considère différents scénarios pour la période 1995-2050, en mettant en relief l’impact que différents niveaux d’immigration auraient sur la taille et le vieillissement de la population.

    Le déversement idéologique et ontologique

    Bien sûr, cette phase de déversement déstructurante et l’appel à l’immigration économique massive depuis 1945 – comme le remarque Gérard Noiriel – n’a pu se faire sans un discours de légitimation le plus souvent sansfrontièriste et pro-migrationiste, lequel s’apparentait à un changement de paradigme au sens Khunien du terme (sur le plan économique, paradigmes de l’Etat providence, paradigme de la croissance sans limites, paradigme de la globalisation, paradigme du développement durable etc…), qui coïncidait au passage d’un modèle de société organique traditionnelle correspondant à l’Etat nation souverain au modèle anarchique et atomisée mécaniciste individualiste et multiculturelle de la société de consommation de la mondialisation néolibérale, la croissance sans fin et la toute–puissance du marché. Le déversement progressif et déstructurant de la société et de l’économie s’accompagnait d’un déversement idéologique voire ontologique qui correspondait à l’économicisation de tous les autres sphères de la vie publique et au triomphe de l’inversion des valeurs sociales et culturelles.

    L’immigration : un nouveau Pharmakon ?

    Ce vaste mouvement d’inversion correspondait à l’ascension des forces abstraites et marchandes du marché qui symbolise cet « arrière-monde » nietzschéen au mépris du réel (la terre, le corps, les phénomènes, la culture), l’inversion idéelle sous-entendant un principe de dé-liaison et de dé-réalisation.

    Bien sur, l’idéologie mondialiste pro-migrationniste fondée sur la promotion de la culpabilisation colonial victimaire et le principe de repentance permettra de mieux faire avaler la pilule immigrationniste aux peuples, se dédoublant d’une vision économiciste des populations, les peuples étant interchangeables et réduits à leur seule dimension quantitative.

    Pourtant, nul ne sait si ce processus d’inversion sociétal et de déversement est irrémédiable et irréversible, en témoignent les résistances de l’opinion publique face à l’immigration massive, à l’Est comme à l’Ouest et le refus les pays du groupe de Visegrád de participer à la politique des quotas de l’UE.
    Tout poison étant en même temps un remède, l’immigration massive pourrait à terme jouer le rôle d’un pharmakon, puissant levier de conscientisation et de résistance qui préfigurerait alors l’aube d’un nouveau renversement, d’une réévaluation fondamentale des valeurs, d’une restauration d’un savoir-vivre en commun.

    Toutefois, il faut garder à l’esprit que toute possibilité de rémission, de renaissance, ne peut se fonder sur la seule stigmatisation de boucs émissaires et des seuls symptômes d’une maladie sociale, mais devra s’attaquer aux causes profondes de cette maladie que certains appellent  la « mondialisation heureuse  », qui – tout comme le déclare Bernard Stiegler sous sa forme ultra-libérale et marchande – aura fini par planétariser l’immonde…..

    Jure Georges Vujic (Polémia, 31 août 2018)

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  • Le libre-échange, une nouvelle forme de religion ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien avec Simon-Pierre Savard-Tremblay, cueilli sur Figaro Vox et consacré à l'idéologie du libre-échange. Professeur de sociologie à l'université de Montréal et essayiste, Simon-Pierre Savard-Tremblay a récemment publié Despotisme sans frontières (VLB, 2018).

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    Le libre-échange est-il une nouvelle forme de religion ?

    FIGAROVOX.- Vous décrivez la globalisation comme un phénomène de nature religieuse et dogmatique et insistez sur le fait que la force de cette idéologie est de prétendre ne pas en être une. Pouvez-vous nous en dire plus?

    Simon-Pierre SAVARD-TREMBLAY.- L'unanimisme de la classe politique en faveur du libre-échange est criant, et son niveau peut même paraître indécent au regard de l'exigence de ce qui doit être dans un contexte démocratique. Ainsi, le représentant du Québec pour les négociations du CETA, entre le Canada et l'Union européenne, comparait les adversaires du traité aux climatosceptiques et aux défenseurs de la cigarette. Le raccourci intellectuel est flagrant, assimilant la critique de certains aspects d'un traité précis au rejet du libre-échange dans son entièreté, lequel est présenté comme synonyme d'ouverture. Mais le choix des comparaisons est éloquent, démontrant la logique des thuriféraires d'un tel système: le refuser équivaut à nier l'évidence scientifique.

    Malgré le recours à la rhétorique scientifique, le rapport de la classe politique au libre-échange est devenu profondément religieux. Le libre-échange n'est plus promu comme un principe économique, mais comme un dogme à accepter dans son ensemble, et dans toutes les situations possibles. Il n'est plus un moyen d'améliorer la vie des sociétés, mais une finalité, un projet propre auquel les peuples doivent se subordonner.

    Pourquoi un tel tabou à l'idée de parler de protectionnisme?

    Le mot est de plus en plus englobant et sert désormais à désigner une multitude de politiques. Vous estimez qu'il faut soutenir les productions locales et qu'il faut fixer des quantités limitées pour les importations? La mise en place de normes sanitaires spécifiques pour les produits importés? Toutes les idées alternatives deviennent assimilables à ce «protectionnisme» repoussoir.

    Le protectionnisme a le dos large. On crie au loup alors que les droits de douane sont déjà extrêmement bas, voire inexistants dans plusieurs domaines, et que la libre circulation des marchandises est accomplie depuis longtemps. Le débat a beau ne plus porter là-dessus, agiter ce spectre permet de faire croire en une polarisation entre «protectionnisme» et «libre-échange». Cette catégorisation est artificielle et erronée. Le vrai enjeu est celui du contrôle démocratique des peuples sur leur avenir.

    Donald Trump représente l'épouvantail parfait. La contestation d'un accord précis de libre-échange mène immédiatement à être catégorisé comme trumpiste, comme si la guerre commerciale était la seule alternative au libre-échange généralisé. La pensée binaire devient très confortable.

    Vous rappelez le rôle déterminant des accords de l'OMC (1995). Qu'ont-ils changé dans les relations commerciales mondiales?

    Après la Seconde Guerre mondiale, les nations du monde entier se sont réunies à La Havane pour signer une charte qui aurait pu jeter les bases du système économique mondial. La charte de La Havane, qui plaçait l'être humain avant le commerce, est morte suite au refus du Congrès américain de la ratifier. L'accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT) prendra sa place en 1948, établissant la libre circulation des marchandises à l'échelle mondiale en fixant la disparition des droits de douane comme horizon.

    La naissance de l'Organisation mondiale du commerce en 1995 visait à créer une institution permanente pour piloter la conversion du monde au libre-échange. L'OMC est le résultat d'une série d'accords, qui lui permettent de s'ingérer dans les décisions monétaires des pays et menace les politiques de soutien à l'industrie nationale ; l'accord général sur le commerce des services pose par exemple les bases d'une marchandisation de la santé et de l'éducation tandis que l'accord sur l'agriculture a déséquilibré le rapport entre les pays en développement et les superpuissances agricoles, renforçant le pouvoir des secondes sur les premiers.

    L'Organe de règlement des différends de l'OMC sert quant à lui d'outil pour démanteler les politiques nationales. Par exemple, la province canadienne de l'Ontario a adopté un programme de développement des énergies renouvelables qui visait à encourager l'éolien et le solaire et devait inclure respectivement un minimum de travailleurs et d'entreprises locaux. En 2010, le Japon et l'Union européenne ont dénoncé le programme devant l'ORD. Dès lors, en mai 2013, l'ORD a finalement rendu sa décision finale: les règles de l'OMC avaient été violées et L'Ontario a alors dû abandonner son programme. La possibilité de localiser la production et de favoriser des acteurs au fait des particularités locales a été éliminée...

    Le versant culturel de la globalisation est, selon vous, vecteur d'uniformisation. Pensez-vous qu'il soit encore possible de défendre une «exception culturelle» dans l'état actuel du libre-échange?

    Pour que le capital puisse pleinement se déployer et être entièrement mobile, il ne suffit plus d'amoindrir les restrictions frontalières, pas plus que de stimuler le commerce entre les pays. Il ne s'agit donc plus, à proprement parler, de simple commerce entre les pays. Joseph Stiglitz disait justement que cette nouvelle génération de traités porte sur beaucoup de choses, mais pas sur le libre-échange. Pour cause, le libre-échange s'inscrit dans une dynamique d'expansion perpétuelle. En utilisant des formules incantatoires comme «croissance verte», nous aimons croire qu'il est possible de produire toujours plus, sans avoir à se soucier de la crise écologique.

    L'exception culturelle fut le grand combat du Québec et de la France pour que la culture ne pas soit traitée comme un bien commercial à part entière, en permettant aux États de favoriser leur production sans craindre de représailles. Or les grands traités de libre-échange récents comme le CETA optent pour l'exception par chapitre plutôt qu'une exemption globale. Ainsi, la culture est exclue des dispositions du traité seulement lorsque cela est expressément mentionné, et non dans son entièreté.

    La culture n'est pas un élément en marge du système économique, étant au cœur de ce dernier, en tant que bien de consommation parmi les plus prisés. La seule culture acceptée par la mondialisation est celle qui se vend et s'achète. La consommation de biens culturels homogènes ne peut qu'encourager bien des gens à s'imaginer affranchis des réalités nationales en épousant une culture prétendument mondiale.

    On avance que la mondialisation permet aux cultures nationales de se faire valoir. Or si une culture nationale veut parvenir à s'exporter, il faut que ses produits soient pensés à travers le prisme de la standardisation culturelle d'inspiration américaine. C'est ainsi que le monde a découvert la cuisine mexicaine en mangeant du Taco Bell et qu'il a tendu l'oreille vers la Corée en écoutant le Gangnam Style de Psy.

    Vous insistez sur la dimension idéologique et politique de la mondialisation. Est-ce à dire que celle-ci n'était pas inéluctable?

    La mondialisation est une idéologie conçue pour servir les intérêts de ceux qui l'ont établie, lesquels composent une classe sociale à part entière et consciente de ses intérêts. Cette dernière est un réseau presque exclusivement occidental, et son projet est mondial, tant dans ses finalités que dans ses moyens. Rassemblant des protagonistes de tous horizons (grands noms de la banque et de la finance, PDG de corporations transnationales, responsables de think tanks... ), cette hyperclasse se structure par l'interconnexion que permet la mondialisation. Son rêve de globalisation, celui d'un monde d'abondance sans frontières et du village global, elle seule à la capacité de pouvoir le vivre, dans sa communauté coupée de la réalité des autres. Elle est ainsi bien placée pour assurer sa position privilégiée dans un système darwiniste.

    Tout un discours est mobilisé pour transformer la société par en haut, par et pour les intérêts de cette superclasse. Le culte de l'enrichissement individuel comme manière d'enrichir tout le monde et de l'affranchissement total de l'individu vis-à-vis du collectif, est assez ancien, remontant sans doute à La Fable des abeilles de Bernard Mandeville au XVIIIe siècle. En son temps, la Fable a pourtant été mise à l'index. Adam Smith lui-même condamnait l'œuvre de Mandeville, qu'il qualifiait d'«entièrement pernicieuse». Le mythe transcendantal d'une concurrence qui serait un véritable état de nature s'est transposé sur le terrain scientifique. Pourtant, elle a toujours été débattue, et rien n'indique qu'on puisse en faire une règle générale. Il en est de même pour ce qui est du libre-échange: le théorème Heckscher-Ohlin-Samuelson a lui aussi été largement remis en question, ce qui n'a pas empêché ses principes d'être érigés en absolus.

    L'essor de ce qu'on a appelé la mondialisation - à savoir la généralisation à la planète entière du modèle néolibéral - a plusieurs racines, mais il est évident qu'une autre politique aurait pu être envisagée. Prenons, par exemple, le cas de la Russie. Après l'effondrement du régime soviétique, les penseurs les plus lucides (à l'instar de John Kenneth Galbraith) proposaient une transition progressive vers une économie mixte. On a plutôt opté pour les recettes néolibérales les plus brutales (la «thérapie de choc»), avec des effets catastrophiques. Le peuple russe n'a d'ailleurs jamais été consulté et n'a jamais donné son assentiment à une telle politique.

    C'est précisément parce que d'autres politiques sont possibles que le néolibéralisme cherche autant à tuer le débat politique.

    Votre conclusion est plutôt pessimiste, mais non dénuée d'espoir. Comment voyez-vous l'avenir du libre-échange, et pensez-vous que les contestations électorales dites «populistes» puissent enrayer le processus de globalisation?

    Le «populisme» est aujourd'hui une des étiquettes les plus en vue pour éliminer du débat public un acteur politique, étant synonyme de néofascisme et d'autoritarisme. Le populisme, à la base, est pourtant un terme noble, signifiant la défense du peuple. Historiquement, le Parti populiste américain était une alliance entre les ouvriers industriels et les petits paysans, proposant de renverser «le gouvernement de Wall Street, par Wall Street et pour Wall Street» par le «gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple». Ce mouvement a eu un rôle marquant sur la mobilisation politique américaine, ayant notamment influencé un certain Martin Luther King.

    Un populisme intelligent, visant à renverser l'oligarchie en place, comme le théorise aujourd'hui Chantal Mouffe, me semble être la voie la plus prometteuse pour porter la nécessaire démondialisation. Les catégories de «gauche» et de «droite» sont aujourd'hui complètement dépassées, si bien que ces familles partisanes, sans être intégralement interchangeables, sont de plus en plus identiques. Des équipes de «gouvernance» qui ne chercheraient qu'à aménager les États au sein de la dynamique de la mondialisation néolibérale sont vouées à l'échec. Elles ne feront que gérer des sous-intendances en appliquant les recettes décidées par des organisations sans légitimité démocratique. Il faudra assumer clairement la rupture vis-à-vis de ce système.

    Simon-Pierre SAVARD-TREMBLAY, propos recueillis par Etienne Campion (Figaro Vox, 31 août 2018)

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  • Les salauds...

    Nous reproduisons ci-dessous un texte court et incisif de Xavier Eman qui nous rappelle, sur son site A moy que chault !, qui sont les vrais salauds...

     

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    Les salauds

    Au nom de la « tolérance », du « vivre ensemble » et de l'utopie mondialiste du « village global » :

    Ils ont nié les maux liés à la submersion migratoire et la souffrance des autochtones face à celle-ci, ils récoltent le communautarisme social des riches et les ratonnades des pauvres acculés par la peur et le désespoir...

    Ils ont insulté les patriotes et les nationalistes politiques, ils récoltent des générations de pleutres frustrés, dévorés d'aigreur et de ressentiment, prêts à la haine la plus aveugle à la première occasion « légitimée » et sans risque...

    Ils ont nié les peuples, ils récoltent le sous-tribalisme des quartiers, des cités, des bandes et des ghettos...

    Ils ont nié le mot race, ils récoltent les prémisses de la guerre ethnique...

    Ils ont nié l'attachement à la terre, à l'histoire, à la culture, ils récoltent les exilés fiscaux et les migrants économiques...

    Ils ont nié a transcendance, ils récoltent les drogués de la consommation, les toxicos de l'avoir, les shootés au pognon...

    Ils ont nié la transmission et la recherche de la vérité historique, ils récoltent des troupeaux d'incultes et d'illettrés, de crétins diplômés, d'ignares prétentieux exposés à n'importe quelle manipulation plus ou moins habile (aujourd'hui la leur, mais demain?)...

    Ils ont nié l'intimité et la sacralité d'éros, ils récoltent des hordes de clébards qui ne jouissent que sur écran et baisent moins que leurs grand-parents...

    Ils ont nié la différence et la complémentarité des sexes, ils récoltent des armadas de célibataires névrosés, de familles décomposées et d'ados « Drag Queen » défilant une plume dans le cul sous les applaudissements de vieilles salopes libidineuses...

    Ils ont nié l'inégalité des talents et des mérites, ils récoltent le népotisme bourgeois, le copinage et l'endogamie des privilégiés..

     

    Ce sont des destructeurs, Des semeurs de haine. Des faiseurs de guerres.

     

    Xavier Eman (A moy que chault !, 27 août 2018)

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  • A qui profitent les crises ?...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous Le samedi politique de TV Libertés, présenté par Élise Blaise, qui recevait Michel Drac, pour évoquer la rencontre Trump - Macron et les frappes aériennes sur la Syrie. Essayiste non-conformiste et éditeur, mais aussi observateur et analyste rigoureux et mesuré de la situation politique, qui a notamment publié Triangulation - Repères pour des temps incertains (Le Retour aux sources, 2015),  Michel Drac vient de publier un livre intitulé Voir Macron - 8 scénarios pour un quinquennat (Le Retour aux sources, 2017)...

     

                                        

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  • L’indispensable radicalisation de la Nation française ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue (radical !) de Bernard Plouvier, cueilli sur EuroLibertés et consacré à la nécessité vitale pour pour les Français et les européens de redresser la tête. Médecin, Bernard Plouvier est l'auteur de plusieurs essais et d'études historiques, comme Faux et usage de faux en histoire (Dualpha, 2012) ou Le dérangement du monde (Dualpha, 2016).

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    L’indispensable radicalisation de la Nation française

    On ne cesse de nous parler d’islamistes « radicalisés », alors qu’ils ne sont que des fanatiques prêts à tuer n’importe qui dans le cadre de leur Djihâd moyenâgeux et oriental. Une fois encore, les fabricants d’opinion publique jouent sur les mots (en termes nobles : ils usent et abusent des confusions sémantiques) pour tromper les nations européennes.

    Le terme « radical » implique le refus de transiger avec ses principes d’ordre éthique et les nôtres sont simples et démocratiques : travail, famille, patrie européenne, égalité de tous devant la Loi, strict respect des libertés d’opinion et d’expression, laïcité de l’État (ce qui implique de combattre tout fanatisme religieux), enfin respect de la logique géographique – ce qui signifie que pour devenir membre de la Nation française, il faut, par définition, appartenir à la race européenne.

    Toute mixité raciale ne peut que créer une société multiraciste. De même, les cultures exotiques ne sont que des curiosités pour esthètes, à la façon des pièces de musée ethnographique. L’Europe est riche de sa race civilisatrice et d’une culture plurimillénaire ; elle n’a nullement besoin d’importer du fatras exotique, sauf à titre de curiosités (comme l’on disait au XVIIIe siècle).

    Les partisans des sociétés multiraciales et multiculturelles peuvent s’expatrier là où l’on aime le genre pot-pourri, par exemple dans les Amériques. Mais nous autres, Européens, n’avons pas à subir les effets pervers d’un afflux monstrueux – par le nombre, la brutalité et l’insociabilité – d’immigrés inadaptés à nos conditions de vie, parce qu’étant issus de pays sous-développés, aux mentalités opposées à la véritable modernité.

    La vie moderne est faite d’un travail où l’intelligence et l’adaptation ont remplacé la force physique, nettement moins efficace et contrôlable que l’énergie matérielle. Elle est faite aussi de respect absolu de la vie privée, des sentiments d’autrui, de la liberté de penser et de s’exprimer pour tout citoyen honnête. La vie publique moderne est donc laïque, le phénomène religieux étant d’ordre strictement privé.

    Notre conception de la vie est en tout point opposée au fanatisme mahométan. Dans la société islamique, totalitaire comme toute société à dogme unique – qu’il soit de nature religieuse ou politique ne fait rien à l’affaire –, le moindre crétin fanatique peut dénoncer son « frère » en Allah, comme autrefois le communiste dénonçait au Parti ou à la police politique le « camarade déviant » ou « l’ennemi de classe ».

    Envahies, appauvries, meurtries, les nations européennes doivent contre-attaquer. Le milieu politico-médiatique étant, sinon entièrement pourri, du moins assez faisandé et largement pénétré par la propagande globalo-mondialiste, métisseuse de races et de cultures, les Nations ne peuvent espérer de salut que par le populisme.

    Un mouvement populiste efficace doit diffuser quotidiennement sur les réseaux sociaux un bilan des pillages, incendies, scènes de vandalisme, rackets et viols perpétrés par la racaille (autochtone et immigrée), de façon à ce que même le bobo le plus larvaire comprenne, grâce aux images et au discours, simple et véridique, que notre pays est délabré par l’effet d’un mauvais usage de l’argent public, dévasté de façon pluri-hebdomadaire par des individus hautement indésirables et que des citoyens français y sont molestés de façon pluriquotidienne.

    L’on n’a pas besoin du discours néolibéral des mollassons du « Front National nouvelle vague ». L’on a besoin d’images du désastre français et de l’invasion exotique. L’on a besoin d’un avatar de Jean-Marie Le Pen, jeune et charismatique, qui ne dise pas de sottise par goût immodéré de la provocation : les faits réels sont suffisamment graves pour qu’on n’y adjoigne pas de polémique stupide sur le passé. Seuls comptent le présent et l’avenir.

    Il est absurde de discuter de problèmes économiques, financiers, sociaux, etc. tant que l’on n’a pas défini une attitude générale de défense vigoureuse – ce qui implique une action dure – de nos valeurs et tant que l’on n’a pas pris la ferme décision de rejeter l’envahisseur inassimilable.

    La globalisation de l’économie fait de l’Europe (à l’exception de l’Allemagne, pour l’instant) un désert industriel. C’est le seul problème économique et social à régler d’urgence… alors que les démagogues parlent de réduire la quantité de travail à fournir par ceux qui ont (encore) un emploi !

    L’ouverture des frontières aux êtres et aux biens, fondement de la société globalo-mondialiste, fait de l’Europe un caravansérail pour inadaptés, tout en créant les conditions optimales pour une fin de civilisation.

    L’Europe ne sera de nouveau forte que lorsqu’elle ne contiendra que des Européens de souche et n’englobera que des terres européennes. Les territoires extra-européens doivent être abandonnés, sauf s’ils sont peuplés quasi-exclusivement d’Européens (tels le Groenland et les îles Saint-Pierre-et-Miquelon, qui appartiennent à la plaque tectonique nord-américaine). Les DOM-TOM ne font en aucun cas partie intégrante de la France : la décolonisation doit être complétée, tant pis pour les nostalgiques du XIXe siècle conquérant.

    A contrario, il faut organiser sans faiblesse le retour intégral en leurs terres d’origine des Extra-Européens. La preuve est faite, et largement, du caractère inassimilable des populations exotiques demeurées primitives, même si les rares élites d’origine extra-européenne s’assimilent assez aisément… mais que font ces personnes en Occident ? Leur devoir, envers leur race et leur continent, est de retourner dans leurs contrées d’origine pour les civiliser.

    Pour défendre nos valeurs, nous devons radicaliser notre discours, mais surtout nos actes. La seule radicalisation efficace, c’est d’organiser des manifestations de grande ampleur, soit témoigner de notre force. Les arguments logiques sont manifestement inopérants auprès des pantins qui se sont hissés aux apparences du Pouvoir pour servir des maîtres non-européens. La preuve est faite que l’expression de la volonté populaire est biaisée par le matraquage médiatique au service du pouvoir économique, ce qui revient à dire : la Finance.

    Le discours populiste n’est en aucun cas suffisant. Un mouvement populiste doit être orienté vers un militantisme politique pour reconquérir les rues et les places publiques, de façon à permettre la libre expression de tous – et plus seulement celle des pseudo-gauchistes, nervis de la finance cosmopolite, et des forts en gueule exotiques – et pour assurer la libre déambulation, ce qui implique d’aider les forces de l’ordre, totalement dépassées, à lutter contre les bandes de sauvages qui pillent, violent, incendient, rackettent, molestent.

    L’organisation de milices non-armées d’autodéfense, constituées de deux ou trois dizaines d’hommes rompus aux sports de combat, est la seule véritable démarche citoyenne, dans le contexte de la France urbaine actuelle.

    L’époque du bobo consommateur béat, tiers-mondiste et féministe, est révolue – aux USA comme en Europe, d’ailleurs, mais la décrépitude de la classe moyenne d’Outre-Atlantique est dépourvue d’intérêt pour les Européens, qui n’ont pires ennemis que les financiers installés en Amérique du Nord qui façonnent l’opinion mondialiste.

    Finies les années de jouissance molle et de bêtise crasse. Commencent les années rudes de la guerre des races et des religions en notre Europe. Ou nous nous battrons, ou nos descendants seront esclaves… comme les Européens de l’Est le furent des Mongols, puis des assassins marxistes.

    L’avenir de notre continent dépend de notre action.

    Bernard Plouvier (EuroLibertés, 21 avril 2018)

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  • Le Délire occidental...

    Les éditions de poche Pocket viennent de rééditer un essai de Dany-Robert Dufour intitulé Le Délire occidental. Philosophe critique, Dany-Robert Dufour a notamment écrit  Le divin marché (Denoël, 2007).

     

    Dufour_Le Délire occidental.jpg

    " Et si la raison occidentale était devenue délirante ? Pourquoi sommes-nous à ce point désenchantés ? Et si le délire occidental a gagné le monde entier, était appelé, comme tout délire, à se fracasser contre le réel ? D'une part, parce que la toute-puissance et l'illimitation des prétentions humaines qu'il contient mettent toujours plus en péril les fragiles équilibres de la nature, nécessaires à la vie sur Terre. D'autre part, parce que ce délire altère considérablement la culture en vidant de tout sens créatif ses sphères fondamentales : le travail, le loisir et l'amour.
    C'est en définitive à une raison délivrée qu'en appelle Dany-Robert Dufour en esquissant les possibles contours d'une refondation de la civilisation occidentale. "

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